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Relation banque-entreprise et croissance économique au Cameroun.

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par Pascal Alain DZOU OMGBA
Université Yaoundé II-Soa - Master 2 en Gestion Bancaire et des Etablissements Financiers 2014
  

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Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

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INTRODUCTION GENERALE

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Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

I. CONTEXTE DE L'ETUDE

Le problème de financement bancaire des entreprises a toujours été l'objet de controverses et de discussions entre les banquiers, les investisseurs et les universitaires. Aussi bien dans les pays développés que dans ceux en voie de développement. Certes, de par la nature des structures économiques de ces derniers, ce problème revêt ici une coloration toute particulière. Dans un monde de plus en plus mis à contribution par la mondialisation, l'accès au financement bancaire des entreprises est une préoccupation permanente pour leur compétitivité.

Il reste cependant que, si la relation banque-entreprise pose moins de problèmes dans les pays développés, c'est parce qu'une certaine relation de confiance s'est établie entre-elles. Il n'en va pas de même dans les pays en voie de développement. En effet, dans ces pays, cette relation se caractérise par une défiance des banques vis-à-vis des entreprises.

En général, les entreprises attendent des banques deux types de financement : les cré dits à moyen et long terme pour le financement des investissements, et les crédits à court terme pour le financement du cycle d'exploitation.

Au Cameroun par exemple, où 90% des entreprises sont des PME, les banques ont financé avec plus ou moins de réussite les entreprises, depuis 1960 qui est l'année d'accession du pays à l'indépendance. On peut donc distinguer dans cette optique quatre grandes périodes.

La première période est celle qui court de 1960 à 1972 ; le système bancaire pendant cette période est dominé par les filiales des banques françaises à savoir : le CL, la BIAO, la SGB et la BNP. Celles-ci vont à travers leurs politiques de crédit soutenir prioritairement les entreprises françaises alors installées au Cameroun et de façon marginale, les entreprises camerounaises.

Il n'y a rien de surprenant dans ce comportement car, comme le note ATTOUH(1980)1 ; le secteur privé camerounais naissant à l'époque ne pouvait pas encore bénéficier de la confiance de ces filiales des banques françaises.

1 ATTOUH M : Appareil Financier et Structure Economique en Afrique noire. Thèse de doctorat III ème cycle, Université de Paris X-Nanterre, janvier 1980.

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La BCD créée en 1960 n'a pas dès le démarrage de ses activités orienté ses financements en direction des entreprises camerounaises pendant les quinze premières années de son existence. Tout en intervenant de façon marginale dans le financement de l'agriculture, la BCD a prioritairement financé la consommation (acquisition de l'électroménager, du mobilier de maison... etc) et l'immobilier (acquisition des terrains et logements, construction de logements). Cette première période se caractérise donc par une politique du système bancaire pas du tout favorable aux entreprises camerounaises, qui par ailleurs étaient presque inexistantes (ATTOUH, 1980).

La deuxième période va de 1972 à 1988 ; elle se caractérise par une réforme du système monétaire lancée par les pouvoirs publics de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale) dès novembre 1972. Il existe donc deux étapes dans cette réforme : d'abord au niveau sous régional ; les accords de Brazzaville des 22 et 23 novembre 1972 avaient pour objectif de faire jouer à la politique monétaire de la BEAC (Banque des Etats d'Afrique Centrale) un important rôle dans le financement du développement des pays membres. Cela s'est traduit d'une part par la distinction qui a été faite entre les plafonds de reinscompte des opérations privilégiées et les plafonds de reinscompte des opérations ordinaires.

Les opérations privilégiées étaient celles que les gouvernements de la CEMAC devaient encourager et qui pouvaient avoir un impact positif sur le développement économique (les PME et l'artisanat, l'agriculture vivrière, les sociétés coopératives, les campagnes agricoles, les marchés publics, certaines opérations spéciales comme par exemple l'importation des denrées alimentaires pour résoudre les problèmes liés aux mauvaises récoltes du fait soit de la sécheresse, soit des inondations). Les opérations ordinaires concernaient toutes celles qui n'étaient pas dans la catégorie d'opérations privilégiées. A la suite des mesures prises au niveau du refinancement, on a pu noter que les crédits à l'économie de la banque centrale sont passés de 17,776 millions de FCFA en décembre 1972 à 47,821 millions de FCFA en 1978 ; soit un coefficient de multiplication de 2,690. Les taux de reinscompte privilégiés s'appliquaient aux opérations privilégiées tandis que les taux de reinscompte ordinaires s'appliquaient aux opérations ordinaires. En décembre 1989, ces taux étaient respectivement de 5,25% et 8,50%. 2 Au niveau des banques, à la suite des accords de

2 Bulletins mensuels de la BEAC : Etudes Statistique, de 1986 à1988

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Brazzaville, chaque pays de la CEMAC a entrepris une réforme de son système monétaire. Il s'agissait pour les gouvernements de l'époque de maitriser la politique de crédit des banques et de la canaliser prioritairement vers le financement du secteur privé national. Pour atteindre ces objectifs, deux mesures importantes ont été prises par le gouvernement camerounais : la détention dans le capital des banques installées sur le territoire d'au moins 51% des parts sociales par les intérêts publics et privés nationaux d'une part, et d'autres parts ; la nomination des cadres nationaux aux postes de décision dont notamment la présidence du conseil d'administration, la direction générale, la direction du crédit et la direction d'exploitation.

Ces deux mesures ont eu un impact positif sur la distribution des crédits. A cet effet, on a pu noter pendant cette période, une rapide évolution à la hausse des crédits au secteur privé3. Ceux-ci ont été multipliés par 20,8 passant ainsi de 49,146 millions de FCFA en 1971 à 1023,928 millions en 1988. Une telle évolution est la preuve que les banques alors installées au Cameroun ont effectivement financé le secteur privé. Mais dans cette évolution, le financement plus accru des entreprises n'a été possible que parce que, dès 1978, à la suite de sa restructuration, les interventions de la BCD privilégiaient désormais le financement des entreprises industrielles, commerciales et de services. C'est ce qui explique que les banques camerounaises créatrices de monnaie ont pu ainsi participer activement au financement des entreprises telles que : NOBRA, CAMLAIT, UCE, SITABAC, AUX BONNE COURSES (supermarché), HOTEL ARCADE, HOTEL IBIS, SOCAPALM, HEVECAM, ZAPI-EST, SODECOTON, UCCAO. On peut également noter plusieurs immeubles à usage de commerces ou de bureaux et/ou d'habitations, des cliniques, des établissements scolaires... etc.

D'autres part, pendant longtemps, la BCD a été emmenée à financer seule les PME et les TPE, la création du FOGAPE en 1975 a incité les banques créatrices de monnaie à s'intéresser à ce type d'entreprises. C'est pourquoi, grâce à la contre garantie du FOGAPE, plusieurs PME et TPE dans tous les secteurs de l'économie furent financés par la SCB, la BIAOC et la BICIC.

Même si les crédits au secteur privé ont enregistré une hausse continue pendant la période ; l'analyse par termes montre une prépondérance de crédits à court terme (99,95% en

3 Les crédits au secteur privé selon la BEAC regroupent les crédits aux particuliers et aux entreprises. Les statistiques de la BEAC sur la question sont agrégées. C'est-à-dire qu'il n'est pas possible de distinguer la part des crédits aux particuliers de la part des crédits aux entreprises. Ceci est d'autant plus vrai que les particuliers ont la possibilité de créer des entreprises individuelles

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1972, 89,69% en 1978 et 82,3% en 1988) au détriment des crédits à moyen terme (0,05% en 1972, 10,31% en 1978 et 17,7% en 1988) et à long terme (0% en 1972, 0% en 1978 et 0.03% en 1988).

Le faible pourcentage des crédits à moyen terme et la quasi-inexistence des crédits à long terme n'ont pas véritablement milité en faveur de la création et/ou de l'extension des entreprises. Au total, on peut dire que les accords de Brazzaville des 22 et 23 novembre 1972 ont eu un impact positif sur le financement des entreprises. La politique de crédit qualifiée de rigide (ATTOUH, 1980) de la période 1960-1972 a donc fait place à une politique souple de crédit entre 1972 et 1988 et caractérisée par des taux bon marché. Mais cette politique de crédit souple a conduit les banques à prendre des risques démesurés, ce qui a contribué à mettre en difficulté l'équilibre financier des banques, ceci à cause des créances compromises et irrécouvrables. Il en a résulté une crise du système bancaire camerounais, laquelle a compromis le financement des entreprises entre 1989 et 1998.

La troisième période s'étend de 1989 à 1998. En 1987, le Cameroun connaît sa première grande crise économique4 ; pour faire face à celle-ci, le gouvernement camerounais va négocier avec le FMI et la Banque Mondiale, la mise en place d'un plan d'ajustement structurel. Dans ce plan, la nécessité de restructurer le système monétaire déjà sinistré est mise en évidence. Cette restructuration au niveau des banques passait par trois volets : la liquidation, la scission-liquidation et la recapitalisation.

A la fin de la restructuration, quatre banques furent liquidées (la BCD, la BCCC, la CAMBANK et PARIS-BAS) ; trois furent soumises à la scission-liquidation (la SCB, la BICIC et la MERIDIAN BIAO) et enfin deux furent recapitalisées à savoir la SGBC et la STANDARD CHARTERED BANK.

Au niveau de la Banque Centrale, la mise en oeuvre de la programmation monétaire s'est traduite par un contrôle beaucoup plus strict de la politique de crédit au niveau des banques.

4 Cette crise s'est traduite par des difficultés à trois niveaux : finances publiques (où l'Etat ne pouvait plus honorer ses engagements). Les entreprises publiques et privées (un certain nombre d'entreprises publiques et privées on dû être liquidées), et au niveau du système bancaire qui a été complètement sinistré.

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Au regard de ce qui précède, il vient que la fermeture de quelque entreprises publiques et privées conjuguée le long de la restructuration bancaire (environs 10 ans) aura eu un impact négatif sur le financement des PME. Les crédits au secteur privé ont à cet effet enregistré une baisse sensible de 54% entre 1988 et 1998, passant ainsi de 1023,928 millions de FCFA à 474,426 millions de FCA pendant cette période.

La quatrième période (1999 à nos jours) est celle où le Cameroun renoue avec la croissance. Le secteur bancaire ayant été assaini, on peut noter que le crédit au secteur privé enregistre une croissance régulière. Par contre, du fait de la programmation monétaire, la Banque Centrale (BEAC) a plus axé son intervention sur la régulation monétaire et non sur le financement de l'économie. Les banques, malgré la surliquidité hésitent à se lancer à nouveau à corps perdu dans le financement des entreprises5, ce qui pose quand même un problème aux opérateurs économiques qui ont des opportunités d'investissements.

La question de financement de l'économie par le système bancaire camerounais se pose de ce fait avec acuité au moment où le pays se veut émergent à l'horizon 2035. Le gouvernement camerounais a d'ailleurs entrepris dans le DSCE (Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi à l'horizon 2035) un ensemble de mesures incitatives fortement axées sur le secteur bancaire. Ces mesures sont destinées à favoriser ou à faciliter l'accès au crédit pour la création de richesses. La présente étude vise examiner les raisons ou les motivations qui rendent les banques méfiantes lorsqu'il s'agit de financer les PME malgré les nombreuses mesures qui sont entreprises par l'Etat en vue d'accroître la concurrence bancaire et l'efficience de l'intermédiation financière pour faciliter l'accès au crédit bancaire6.

D'où la problématique suivante :

II. PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE

Au Cameroun, les PME ont toujours bénéficié d'un certain nombre de programme de développement mis en place par le gouvernement et appuyés parfois par la banque mondiale, la BAD, l'AFD pour ne citer que ceux là. La politique de promotion des PME en vigueur au

5 WANDA R : La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n°228, p. 93 - Finance, fiscalité et comptabilité FOUDA OWOUND J.P. : « surliquidité des banques en zone franc : comment expliquer le paradoxe de la CEMAC ? ».

6 DSCE, chapitre 3 : Stratégie de Croissance ; 3.4.2 : Système bancaire

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Cameroun avant les réformes monétaires et bancaires de 1990 s'est traduite par la mise en place des structures d'appui (CAPME) et de financement (BCD et FOGAPE). Cependant, ces structures ont montré leurs limites à travers la politique d'appui et de financement des PME. Ce problème reste encore d'actualité malgré la crise systémique de 1986 qui a entrainé en 1989, la restructuration des banques qui se retrouvent présentement en situation de surliquidité comme l'ont montré ATTOUH(2006) et FOUDA OWOUNDI Jean P. (2009).

Le présent travail porte sur le décryptage de la complexité de la relation banque - PME et ses conséquences sur le financement de l'économie. D'où la question de savoir : Quels sont les facteurs susceptibles d'influencer le financement des entreprises, et quel est l'influence du secteur privé sur la croissance ?

De cette question principale ressortent deux questions spécifiques à savoir :

y' Quels sont les facteurs qui influencent le financement des entreprises au Cameroun ? y' Quelle est l'influence du secteur privé sur la croissance au Cameroun ?

III. LES OBJECTIFS

La présente étude a pour objectif d'identifier les facteurs susceptibles d'influencer le comportement des banques vis-à-vis des entreprises et l'influence des crédits qui découlent de la relation banque-entreprise sur la croissance au Cameroun.

De manière spécifiques, il est question de:

.

a) D'identifier et d'analyser les facteurs susceptibles d'influencer la demande de
financement bancaire des PME.

b) sur le plan pratique, il s'agit d'analyser la relation entre le secteur privé et la
croissance économique.

Comme tout travail scientifique ; cette recherche ne saurait s'effectuer sans hypothèses d'analyse, d'où les suivantes.

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IV LES HYPOTHESE D'ANALYSE

Notre travail de recherche sera basé sur trois hypothèses :

Hypothèse 1 : Les conditions d'accès au financement bancaire peuvent constituer un frein à l'éclosion du secteur privé

Le comportement que les banques affichent vis-à-vis des PME n'est pas toujours de nature à encourager ces dernières à recourir à l'emprunt bancaire. Autant les taux d'intérêts sont élevés, autant les garanties exigées et les délais de récupération sont contraignants.

Hypothèse 2 : le secteur privé peut influencer positivement la croissance économique.

Au vue de l'importance que les entreprises constituent dans le tissu économique, il serait fort probable que le taux de croissance moyen annuel de 5,5%(7) attendu d'ici à 2020 s'avère utopique.

V. METHODOLOGIE

La méthodologie choisie pour cette étude est la fois théorique et empirique. Sur le plan théorique ; il s'agira de démontrer fondamentalement que la relation banque-entreprises est dominée par un ensemble de critères propres aux banques camerounaises telle qu'elle est perçue dans la littérature économique. On montrera particulièrement le lien qui devrait en théorie unir établissements bancaire et petites et moyennes entreprises tout comme les raisons du rationnement des crédits pratiqué par les établissements financiers camerounais à l'égard des petites entreprises.

Pour analyser les facteurs qui expliquent les difficultés d'accès des PME au financement bancaire, ainsi que pour mesurer l'impact du comportement des banques sur le PIB, nous nous appuyerons pratiquement sur les données secondaires des bulletins mensuels de la BEAC, CNC de l'INS, FMI et de la Banque Mondiale. Comme modèle de reference, nous aurons les travaux de McKinnon (1988), Bencivenga et Smith (1991), Roubini et Sala-I-Martin (1992,1995), Levine (1997) qui se sont imprégnés du paradigme théorique de la relation entre libéralisation financière, développement financier et croissance économique.

7 DSCE : Résumé exécutif ; 2. Vision et objectifs ; 2.2. Objectifs de la stratégie de la croissance et de l'emploi

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Nous adopterons donc pour se faire une méthode économétrique basée sur un modèle linéaire qui nous permettra d'analyser la part des banques dans l'évolution économique du pays. Cela à partir d'indicateur tels que les crédits au secteur privé à court, moyen et long terme (CCMLT) ; la masse monétaire (M2) ; le taux d'intérêts (TIR) ainsi que le produit intérieur brut réel (PIBR). Ces données proviennent de la BEAC et de la Banque Mondiale (WDI), et l'étude est menée sur la période allant de 1980 à 2011.

VI. L'INTERET DE L'ETUDE

Le présent travail de recherche revêt un double intérêt : il s'agit de l'intérêt théorique et pratique.

? Intérêt théorique

Cette étude est d'un apport certain à la communauté scientifique et universitaire dans la mesure, où elle met en lumière l'importance de la relation banque-entreprise en portant une attention soutenue sur les motifs qui limitent les banques dans leur mission vis à vis des PME, ainsi que sur les difficultés d'éligibilité des ces dernières au financement bancaire et leurs implications sur l'émergence du pays. Certes, des études ont déjà été faites à propos comme on le verra plus loin, mais notre travail ne viendra que s'ajouter à celles qui existent déjà.

? Intérêt pratique

- Pour les banques, l'étude apportera une contribution particulière à une meilleure connaissance des entreprises locales, ce qui conduira à une amélioration de la relation qui existe déjà entre celles-ci. L'étude mettra également en évidence le fait que les financements bancaires restent la condition à l'expansion de nos PME et par conséquent un levier assez important de la croissance économique.

- Aux promoteurs de la zone CEMAC en général et à ceux du Cameroun en particulier, cette étude permettra de comprendre qu'ils doivent changer leur façon de gérer ainsi que leurs mentalités, s'ils veulent entièrement et efficacement se faire accompagner par les banques. Ceci passe impérativement par la soumission aux techniques modernes de gestion, ce qui requiert la participation des experts en la matière.

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- Aux pouvoirs publics et particulièrement au Ministère en charge des PME et de l'artisanat8, au Ministère de l'économie et de la planification, au Ministère des Finances et à la COBAC. Cette étude apporte un éclairage sur une relation banque-entreprise qui n'a jamais été aisée et en toute ignorance des conséquences que cela peu avoir sur l'économie.

VII. PLAN DE L'ETUDE

Le présent travail comporte deux grandes parties : dans la première partie, il sera exposé le cadre théorique et explicatif de la relation banque-entreprise au Cameroun. La seconde partie s'articulera à démontrer les difficultés liées au financement des PME et à vérifier le model empirique qui caractérise la relation, et ses effets sur la croissance économique du à l'aube de l'émergence.

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8 Ministère des petites et Moyennes Entreprises, de l'Artisanat et de l'Economie Sociale et Familiale

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LE CADRE THEORIQUE DE LA

RELATION BANQUE-PME

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L'analyse économique de la banque s'est longtemps limitée à des considérations purement descriptives ou au seul rôle qu'elle assume dans la transmission des politiques monétaires mises en oeuvre par les pouvoirs publics au travers de l'institut d'émission. Il faut attendre GURLEY ET SHAW (1960) pour voir se dégager les bases d'une étude indépendante de la firme bancaire en temps qu'intermédiaire financier. Dans leur contribution, ces auteurs prennent en considération l'existence au sein de l'économie de deux modes d'interaction destinés à assurer la jonction entre agents économiques ayant besoin de financement et ceux qui ont les capacités de leur fournir ce financement : la finance directe et la finance indirecte ou intermédiée. La finance intermédiée va finalement supplanter la finance directe suite à l'accroissement des besoins des entreprises qui ne s'adressent plus directement aux ménages qui sont les agents à excédents de financement par excellence ; les investisseurs désormais, vont faire appel à un intermédiaire qui est la banque dont le rôle est de collecter l'épargne auprès des agents à excédent de financement. La finance intermédié suppose par conséquent deux choses : d'abord une relation d'endettement de l'entreprise auprès de l'intermédiaire qui est la banque, et ensuite la capacité de lintermédiaire à libérer les fonds pour financer l'entreprise.

L'objet de cette première partie est de montrer dans un premier temps que la relation banque-PME repose sur le nécessaire endettement bancaire des PME. Parce que celles-ci sont des agents à déficit de financement par excellence, l'endettement auprès des banques reste leur principale source de financement (chapitre 1). Dans une deuxième articulation, la littérature sur la question s'agissant du Cameroun, met l'accent sur la structure voire l'organisation du marché bancaire aussi bien avant qu'après les réfomes bancaires de 1990 lorsqu'on veut cerner la relation banque- PME (chapitre 2).

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CHAPITRE I : L'ENDETTEMENT BANCAIRE DES ENTREPRISES : UN ELEMENT EXPLICATIF DE LA RELATION BANQUE-ENTREPRISE

La relation banque-entreprise peut revêtir plusieurs significations. BERGER (1999) pose trois conditions pour la mise en place de cette relation : premièrement, l'intermédiaire financier doit recueillir des informations qui ne sont pas à priori disponible dans le public ; ensuite, les informations ainsi recueillies doivent s'inscrire dans le temps, au travers de mulutiples interactions avec l'emprunteur, le plus souvent au travers de la fourniture de différents services financiers ; enfin, les informations obtenues doivent rester confdentielles dans la mesure où elles ne sont pas publiques et peuvent être considérées comme la propriété de l'intermédiaire. Pour ONGENA et SMITH (2000) par exemple, cette relation désigne « la connexion entre une banque et un client qui va au-delà de la simple exécution de transactions financières anonymes » De son coté, BOOT (2000) appréhende cette relation comme la fourniture de services financiers par un intermédiaire qui investit d'abord afin d'obtenir des informations spécifiques sur son client, le plus souvent de manière prioritaire ; et qui ensuite évalue la rentabilité de cet investissement à la fois au travers de multiples interactions étalées dans le temps avec le même client et par le biais de plusieurs produits.

Ces différentes définitions mettent en évidence le fait que la relation banque-entreprise est soutenue par le concept d'endettement bancaire qui constitue la véritable motivation d'une entrée en relation de l'entrepreneur avec la banque (I). Mais cette entrée en relation est elle-même soumise à de nombreux aléas en locurrence, l'asymétrie de l'information (II).

I.1. LE CONCEPT DE L'ENDETTEMENT BANCAIRE DES ENTREPRISES

Pour mieux cerner le concept d'endettement bancaire des entreprises, il faut le placer dans le contexte général d'une économie d'endettement.

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I.1.1 - L'ECONOMIE D'ENDETTEMENT : UN CADRE TOUT INDIQUE DE

L'ANALYSE DE L'ENDETTEMENT BANCAIRE DES ENTREPRISES

L'économie d'endettement se caractérise par trois traits essentiels : l'endettement des entreprises auprès des banques, l'endettement des banques auprès de la Banque Centrale et le faible endettement public.

I.1.1.1 - L'ENDETTEMENT DES ENTREPRISES AUPRES DES BANQUES

Selon RENVERSEZ (1986), l'économie d'endettement est celle où les entreprises ne trouvent pas auprès des marché financiers les financements dont elles ont besoin et se financent par le biais du crédit bancaire. Toutefois, pour qu'une économie d'endettement soit considérée comme telle, il faut que l'appel au crédit soit quelque chose de permanent.

Cette permanence suppose elle-même que le taux de croissance désiré et donc le taux d'investissement excèdent la capacité de financement de l'épargne locale. Mais cela ne veut pas dire que dans une économie d'endettement, le taux d'épargne est faible ; mais, le taux d'investissement est si élevé que les entreprises doivent nécessairement faire appel aux banques. C'est donc l'écart qui existe entre le taux d'épargne, la capacité d'investissement qui en résulte et le taux d'investissement souhaité qui justifie l'endettement des entreprises auprès des banques. L'endettement bancaire des entreprises apparaît alors comme la solution inévitable au maintien d'un taux d'investissement élevé. L'origine de cet écart diffère selon les pays, dans les pays développés, il se situe généralement au niveau du partage social de la valeur ajoutée entre les salaires et les profits. RENVERSEZ (1986) souligne à cet effet qu'un concensus social peut s'organiser autour d'une stabilité des parts relatives de salaires et des profits au détriment de l'épargne des entreprises et partant de la capacité d'autofinancement de celles-ci. C'est ce qui s'est passé par exemple en France entre entre 1978 et 1981, période au cours de laquelle le partage social s'est fait au détriment de profits des entreprises. La conséquence en a été une baisse de l'uatofinancement des entreprises. Dans les PVD c'est l'état même du sous-développement de ces pays qui est à l'origine de cet écart.

De ce qui précède, il ressort que c'est la faiblesse de l'autofinancement des entreprises et le souci de rentabilité de leurs activités ainsi que le désir de maintenir un taux d'investisement élevé qui justifient le recours au crédit bancaire, qui est la forme dominante de moyens de financeent dans une économie d'endettement. En effet, les entreprises, ne trouvant pas sur les marchés financiers les ressources nécessaires pour financer leurs

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investissements, vont s'adresser aux banques et l'appel à ces dernières est avant tout un un appel au crédit. Dans ces conditions, l'intermédiation financière au sens de GURLEY et SHAW qu'assurent les banques, apparaît dès lors comme la création des moyens de financement anticipant la croissance, laquelle se réalise à son tour par le biais d'une opération : le crédit. Il vient donc que la pression relative à la demande de financement, vient des entreprises et dans une économie où le taux d'investissement des entreprises est élevé, celles-ci exercent un certain harcèlement sur les banques.

L'analyse telle qu'elle vient d'être faite, peut conduire à assimiler l'économie d'endettement à une économie de crédit. La question qui se pose est celle de savoir si l'endettement des entreprises seul suffit à faire une économie donnée une économie d'endettement ? On peut répondre à cette question par la négative, car pour qu'une économie de crédit soit une économie d'endettement, il faut que la permanence de l'appel au crédit contraigne les banques à se refinancer auprès de la Banque Centrale.

I.1.1.2 - L'ENDETTEMENT DES BANQUES AUPRES DE LA BANQUE CENTRALE

Le marché monétaire est l'une des pièces maîtresses dans une économie d'endettement. Ce marché est le lieu où se négocient l'offre et la demande des ressources à court terme. Dans le cas camerounais par exemple, l'offre provient des banques structurellement excédentaires, tandis que la demande provient des banques structurellement déficitaires. Ce marché comprend deux compartiments : un compartiment interbancaire et un compartiment Banque Centrale. Le premier répond à la fonction de compensation entre les banques ; il correspond tout simplement à l'un des copartiments du marché de refinancement. Le second est celui où l'on procède à des périodes irrégulières à l'adjudication de la monnaie centrale. Le compartiment interbancaire du marché assure moyennant un certain coût le transfert de ressources au sein des banques et il est en équilibre si l'offre des ressources est égale à la demande de refinancement.

Cependant, l'existence du compartiment interbancaire ne suffit pas à transformer une économie en une économie d'endettement dans la mesure où déficits et ecédents se compensent sur le marché monétaire. Pour qu'une économie soit considérée comme une économie d'endettement, les banques doivent pouvoir se refinancer auprès de la Banque Centrale. Dès lors, le problème de refinancement se pose ici en terme de contrainte qui pèse sur la Banque Centrale. En effet, face à une forte pression de la demande de crédit des

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entreprises, les banque qui dans un premier temps vont se refinancer sur le compartiment interbancaire, feront appel en dernier ressort au au refinancement de la Banque centrale. Celle-ci assure ainsi dans son intervention, le bouclage du système et donc, l'équilibre des bilans des banques. Autrement dit, une économie d'endettement ne peut être considérée comme telle que si la demande de refinancement des banques structurellement déficitaires n'est pas couverte par l'offre émanant des banques structurellement excédentaires sur le marché interbancaire. Les banques structurellement déficitaires doivent alors s'adresser à la Banque Centrale qui bouclera le système entant que prêteur en dernier ressort contraint.

Le sytème tel qu'il fonctionne, fait donc de la Banque Centrale la clé de voûte du sytème. Cependant, comme le souligne RENVERSEZ, « ce n'est pas la pratique de bouclage en dernier ressort par la Banque Centrale qui détermine l'appartenance à l'économie d'endettement ; toute Banque Centrale possède cette possibilté qui est l'un des fondements de son statut. Ce qui est en cause (....) en cause, c'est le déséquilibre du côté de l'offre du côté du marché interbancaire ». L'intervention de la Banque Centrale est importante car sans elle, les banques structurellement déficitaires ne pourront pas satisfaire la demande de crédit émanant des entreprises. De plus cette structure de financement devraient répondre à l'endettement des entreprises parce qu'elles sont à la base du système d'économie d'endettement.

Comme le refinancement de la Banque Centrale est la clé de voute d'une économie d'endettement, ici, l'offre de crédit est alors, pour un taux d'intérêt donné, parfaitement élastique à la demende. Mais le fait que l'offre de crédit dans une éconmie d'endettement soit parfaitement élastique à la demande ne signifie pas que tous les projets d'investissement compatibles avec le taux d'intérêt en vigueur par les banques seront financés par les banques et il y a deux raisons à cela : premièrement, les banques ont une gestion prudente du risque, ce qui les amène à exiger de leur clientèle des garanties sur leurs fonds propres on reviendra plus loin sur cet aspect du problème; deuxièmement, étant donné que la banque la Banque Centrale ne peut refuser de boucler le système, elle va par conséquent assurer la régulation du crédit par l'encadrement du crédit, lequel peut influencer négativement l'endettement bancaire des entreprises, surtout lorques les opportunités d'investissement existent. Il apparaît donc que dans une économie d'edettement, la politique monétaire de la Banque Centrale a un caractère ambivalent car d'un côté, elle se préoccupe de la nécessité d'une augmentation régulière du

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

volume du crédit pour permettre le financement des investissements des entreprises, de l'autre, elle essaie de maintenir ce volume de crédit en fixant le taux de progression.

Le schéma ci-dessus présente les différentes articulations de l'endettement bancaire dans une économie d'endettement tel qu'elles viennent d'être analysées

Graphique 1 : Articulations de l'endettement bancaire dans une économie d'endettement

REFINANCEMENT DES BANQUES
AUPRES DE LA BANQUE
CENTRALE

BANQUES

STRUCTURELLEMENT EXCEDENTAIRES

REFINANCEMENT DES BANQUES
SUR LE MARCHE
INTERBANCAIRE

BANQUES

STRUCTURELLEMENT DEFICITAIRES

DEMANDE DE CREDIT DES
ENTREPRISES

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Au regard de ce schéma, on voit que les banques structurellement excédentaires peuvent non seulement satisfaire la demande régulière de crédit des entreprises, mais surtout, sont en mesure d'alimenter le marché interbancaire en liquidité. Du côté des banques structurellement déficitaires, elles ont deux niveaux de refinancement :

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? Il y a d'abord le marché interbancaire ; si les banques structurellement

déficitaires trouvent la liquidité nécessaire pour satisfaire la demande de crédit des entreprises, elles ne feront pas appel au refinancement de la Banque Centrale ;

? Il y a ensuite la Banque Centrale ; si les banques structurellement déficitaires

ne trouvent pas sur le marché interbancaire la liquidité nécessaire pour satisfaire la demande de crédit des entreprises, elles s'adresseront à la Banque Centrale pour boucler leurs enveloppes de financement des entreprises

Il reste maintenant à présenter un aspect non moins important de l'économie d'endettement et qui concerne l'endettement public. En général, celui-ci dans une économie d'endettement est faible.

I.1.1.3 - LE FAIBLE NIVEAU DE L'ENDETTEMENTPUBLIC

Dans une economie de marchés financiers, l'endettement à court et à moyen terme de l'Etat est généralement très élevé et les titres de la dette pubilques constituent l'élément essentiel du marché financier ; en d'autres termes, dans une économie de marchés financiers, l'Etat est souvent très endetté. A l'opposé, dans une économie d'endettement, l'Etat n'est pas forcément endetté et un auteur comme C. TOULLEC (1979), justifie d'ailleurs l'existence d'une économie d'endettement par le faible niveau de l'endettement public, c'est-à-dire l'insuffisance de l'émission des titres publics. Celle-ci est alors compensée par une intermédiation financière publique très développée. En effet, lorsque l'Etat prend la décision de financer le déficit public par l'émission des titres publics, la dette publique permet de désserrer la contrainte de refinancement qui pèse sur la Banque Centrale. Mais il peut arriver que l'émission des titres, ne soit pas d'un montant suffisant pour combler l'écart entre les demandes des banques structurellement déficitaires, et l'offre des banques structurellement excédentaires ; la Banque Centrale interviendra en dernier ressort pour boucler le système.

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I.2 - L'ASYMETRIE DE L'INFORMATION : UN OBSTACLE MAJEUR DANS L'ENDETTEMENT BANCAIRE DES ENTREPRISES

Dans la relation banque-entreprise, en général, les emprunteurs (les entreprises) maîtrisent toutes les informations relatives à leurs entreprises voire à leurs projets, les prêteurs (les banques) quant à eux, ne peuvent prétendre avoir une connaissance parfaite des emprunteurs. Ce problème de difference informationnelle est particulièrement important lorsque les banques analysent les demandes de crédit qu'elles reçoivent. L'information imparfaite rend en effet difficile pour la banque, l'évaluation du risque de l'emprunteur parce que les prêteurs ne peuvent identifier parfaitement ledit risque. Chaque opération de crédit étant unique, il en résulte une très grande variabilité du risque crédit. Aussi convient-il de mettre en relief le problème de financement bancaire propre à travers le concept de risque de crédit d'une part, et les asymétries d'information relatives aux opérations de financement bancaire d'autre part.

I.2.1 - LE RISQUE DE CREDIT

Une information imparfaite sur les entreprises fait courir aux banques un risque dit de crédit. Ce risque revêt une coloration toute particulière lorsqu'il porte sur les PME et devient de ce fait un risque majeur.

Le mot vient du terme italien « riscare » qui signifie oser (BERNSTEIN, 1996). Le risque désigne un choix plutôt qu'un destin. Il peut aussi être défini comme un danger éventuel plus ou moins prévisible. La caractéristique propre voire essentielle du risque est donc l'incertitude temporelle d'un évènement ayant une certaine probabilité de survenance. Pour SMYSKY (1995), on parle alors de risque lorsque l'univers dans lequel se déroulent les transactions économiques est probabilisable.9

Les banques, tout comme d'autres entreprises sont soumises à plusieurs variétés de risques, comparativement aux autres institutions. La maîtrise de ces risques est un enjeu capital pour les banques. Parmi les risques qui peuvent affecter leurs activités, on peut citer entre outre, le risque de liquidité, le risque de marché, le taux d'intérêt, le taux de change

9 C'est-à-dire qu'on admet de façon globale comme hypothèse de départ que le comportement stochastique est gouverné par des distributions de probabilité stable, que ces distributions de probabilité sont observables par les agents, que la distribution est indépendante des actions des agents.

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opérationnel, le risque systémique, le risque administratif...etc. Mais celui qui nous préoccupe dans le cadre de notre travail est le risque de crédit aussi appelé risque de contrepartie. En effet, s'il existe plusieurs types de risque, celui de contrepartie est un risque majeur (MANCHON, 2001).

Le risque de crédit, est le risque que court la banque de ne pas rentrer dans ses fonds engagés pour le financement d'un client à l'échéance fixée. HEEM (2000) définit le risque de contrepartie pour le banquier comme « le risque de voir son client ne pas respecter son engagement financier, qui dans la plupart des cas est un remboursement de prêt ». Il existe donc de l'incertitude quant à la possibilité ou à la volonté de la clientèle d'une banque, de remplir ses obligations. Par conséquent, la banque court un risque lorsqu'elle se met en situation d'attente dans une entrée de fonds provenant de sa clientèle ou d'une contrepartie de marché. Elle doit alors intégrer ce risque dans sa gestion afin de le minimiser.

Bien plus, les banques cherchent à identifier les risques en mettant en place une gestion de l'information. Dans cette optique, on pourrait avoir une approche du risque bancaire qui porte sur l'indentification informationnelle et sur la prise de décision. Tout compte fait, le risque ne paut s'apprecier uniquement à travers des variables quantitatives (production de ratios), il mérite également la prise encompte des variables qualitatives. Cependant, la recherche de l'information relative au risque de crédit est très coûteuse car les banques doivent collecter et analyser des informations externes sur leurs débiteurs (cash flow, examen des bilans) pour éviter le problème des asymétries informationnelles (D.W. DIAMOND, 1984). Le risque de crédit des entreprises résulte en majeur partie des riques liés à certaine catégorie d'entreprise (PME).

I.2.2- LE RISQUE DE CREDIT DES ENTREPRISES : UN RISQUE MAJEUR

La théorie financière stipule que tout rendement exigé d'un actif est fonction du niveau de risque qu'il présente. Le risque total d'une entreprise peut être décomposé en deux types de risque à savoir : le risque d'affaires et le risque financier.

Le risque d'affaires est le risque que présente une entreprise dans l'expoitation des ses activités. Il peut être scindé en risque commerciale et en risque de gestion. Le risque commercial concerne la dimension du marché potentiel, à la réaction des concurrents actuels ou futurs, aux fluctuations de la demande et aux difficultés recontrées dans les canaux de

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distribution. Chez les PME, ce risque se manifeste de la façon suivante : une dépendance très forte envers un certain type de client et une diversification des produits pas assez grande.

En raison de ces éléments, la PME peut éprouver certaines difficultés à acceder au financement bancaire qui préfèrent prêter aux grandes entreprises. Le risque de gestion de son côté est relatif au rôle prépondérant du propriétaire-dirigeant. Ce rique se rapporte entre autre au manque de connaissance en gestion, à l'absence d'outils de gestion appropriés tels que la plannification financière, un système comptable convenablement développé et un système informatique adéquat. Le propriétaire-dirigeant est souvent spécialisé dans une fonction particulière et accorde moins d'importance et/ou fait preuve d'inaptitude en ce qui concerne les autres aspects de l'organisation qui peuvent s'avérer critiques (SCHERR et al, 1993).

Le risque financier quant à lui, résulte directement de la structure financière d'une entreprise et fait référence aux problèmes de capitalisation, de liquidité et de rentabilité des entreprises. La PME présente ainsi les caractéristiques d'une structure sous capitalisée et en manque de liquidités.

I.2.3- L'ASYMETRIE DE L'INFORMATION ET LE RISQUE DES EMPRUNTEURS

Le problème de l'asymétrie de l'information est particulièrement important. Les banques traitent les demandes de financement des entreprises. L'asymétrie de l'information sur le risque des emprunteurs conduit aux phénomènes d'antisélection et d'hasard moral ou encore d'aléa moral qui ont été examinés dans le cadre des marchés de crédit et dont les principales contributions sont celles de STIGLIZT et WEISS (1981, 1983), DIAMOND (1989, 1991).

En effet, l'antiselection encore appelée selection adverse dans le secteur bancaire se manifeste par le fait que, l'emprunteur conserve, même après un examen minutieux par le créancier des informations privilégiées ou avantageuses que son partenaire. Le partage inéquitable du savoir10 sur le risque de défaillance attaché aux crédits rend problématique l'identification des bons emprunteurs (STIGLIZT et WEISS (1981)), les mauvais emprunteurs cherchant à cacher leurs caractéristiques. Raison pour laquelle, à défaut de pouvoir fixer des taux d'intérêt à des niveaux correspondant au risque effectif, au risque du projet à financer, les banques appliquent des taux réflétant la qualité moyenne des emprunteurs. Cette pratique

10 Les dirigeants d'entreprises sont en effet mieux informés sur les projets à financer que les investisseurs.

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pénalise les « bons » risques (les promoteurs aux projets peu risqués), qui paient des primes de risque trop fortes. Cependant, cette pratique avantage les « mauvais » risques (promoteurs aux projets risqués) qui paient des primes trop faibles. Cela incite les « bons » risques à quitter le marché bancaire : il y a donc « antiselection » ou « selection adverse » qui apparaît alors comme une tendance à la fuite des bons risques, notamment lorsque la banque augmente son taux d'intérêt.

Quant au risque moral, encore appelé alea moral11, il s'agit d'une situation où l'incomplétude de l'information provient des actions et comportements non observables, mais suceptibles d'être entrepris par les agents après la signature du contrat. C'est dont l'attitude ex-post d'un opportuniste de tromper ou de se détourner de ses engagements contractuels du fait qu'il est conscient que le contrôle de cette attitude par l'autre partie est difficile, imparfait et onéreux. La notion de risque moral ou encore d'aléa moral conduit à mettre l'accent sur les comportements stratégiques issus de la non constatation de certaines actions se traduisant par le non respect des engagements (ARROW 1963).

Dans le secteur financier, l'aléa moral se refère à toute situation dans laquelle les resultats de la relation de crédit dépendent des actions engagées par l'emprunteur après la signature du contrat. Cet aléa moal n'est généralement pas facile à cerner par le créancier. Dans cette optique, une PME qui contracte un crédit peut s'engager de façon plus ou moins considérable dans la réussite du projet. Les dirigeants peuvent alors effectuer des dépenses superflues au développement de l'entreprise en déviant à leur profit une part des résultats du projet sous forme d'avantages en nature ou de rémunérations excessives. Ce sont donc les difficultés, les coûts de détection et de contrôle du comportement approprié des parties contractantes qui génèrent le phénomène d'aléa moral qui demeure un problème d`information asymétrique.

Cependant, il reste que, pour résoudre les problèmes d'antisélection et d'aléa moral, les banques utilisent deux moyens essentiels à savoir : la sélection de la clientèle et l'exclusion bancaire.

11 Ce terme provient du jargon des asureurs, il désigne la tendance des assurés à modifier leur comportement de telle manière quéils doivent recourir plus fréquemment aux prestations offertes par la compagnie d'assurance.

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I.2.4- LA SELECTION DE LA CLIENTELE ET L'EXCLUSION BANCAIRE : UNE SOLUTION AU PROBLEME D'ASYMETRIE DE L'INFORMATION

La sélection de la clientèle en pratique bancaire, devrait techniquement intervenir avant l'exclusion bancaire. C'est pour cette raison qu'on l'exposera d'abord avant de s'attarder ensuite sur l'exclusion bancaire.

I.2.4.1- LA SELECTION DE LA CLIENTELE

La sélection de la clientèle permet aux banques d'identifier les bons des mauvais des emprunteurs. En général, les emprunteurs connaissent leur risque (bon ou mauvais), alors que les banques ne connaissent que la répartition globale des emprunteurs entre ces deux classes de risque. Pour résoudre ce problème de sélection de la clientèle (financements des projets ne présentant que de bons risques), la banque utilise plusieurs techniques pour évaluer le risque de défaut des emprunteurs, surtout en ce qui concerne les petits emprunteurs (PME)12 ; en premier lieu, la banque utilise un menu de contrats de crédit afin d'affiner leur sélection et séparer les bons risques des mauvais. En second lieu, la banque tient compte des facteurs spécifiques à l'emprunteur pour se faire une idée précise sur le risque de ce dernier, et par la suite, pour prendre sa décision concernant la demande du client en question. Enfin, d'un point de vue plus pratique, la banque utilise de plus en plus des techniques statistiques de « scoring » (crédit scoring) qui lui permettent d'évaluer les risques liés aux clients. Parmi ces techniques utilisées, on peut citer :

? L'autosélection à partir d'un « menu de contrats » de crédit comme première technique. BESTER (1985 et 1987) distingue deux types de contrat que la banque peut proposer à sa clientèle ;

? un contrat stipulant un taux d'intérêt relativement faible, mais exigeant des garanties relativement élévées ;

? un contrat stipulant un taux d'intérêt élevé, mais exigeant peu de

garanties.

12 Les avancé récentes en technologie de l'information bancaire et financière incluent le service de base des données et les logiciels de scoring proposés aux banques par les organismes spécialisés dans l'information et l'évaluation financière (DUN et BRADSTREET).

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La mise en place de ce « menu de contrat » peut amener les emprunteurs à relever la nature de leurs risques. Les bons risques ayant tendance à opter pour le premier contrat, les mauvais pour le second.13 On parle alors d'autosélection puisque ce sont les clients eux-même qui se sélectionnent en choisissant l'un ou l'autre des contrats proposés. Ce mécanisme de sélection est dénommé « screening ».

y' la sélection à prtir des facteurs spécifiques à l'emprunteur. Il s'agit des caractéristiques propres à chaque emprunteur pris individuellement. Parmi celles-ci on peut retenir entre autre :

? la surface financière de l'emprunteur ; la richesse est le premier critère de sélection de la clientèle. La banque a tendance à sélectionner priotairement les promoteurs riches dans la mesure où ces derniers peuvent apporter un certain nombre de garanties (matérielles) qui viennent limiter le risque de la banque. Plus précisément, la valeur des actifs dont le promoteur est propriétaire est un critère de sélection fondamental. Etre propriétaire de son logement constituerait un avantage évident. Par ailleurs, les flux de revenus constituent également un critère important. La banque a souvent une bonne information sur cet élément par simple observation des mouvements sur le compte du client (pour ceux ayant un compte bancaire). De plus, le niveau d'endettement est également pris en compte. Il est clair à cet égard qu'un promoteur déjà fortement endetté risque de se voir refuser un prêt supplémentaire en raison des risques de surendettement.

? La situation professionnelle ; elle peut également être considérée comme un critère de sélection, même si elle est en grande partie, déjà prise en compte dans le critère de revenu et de richesse. Cela dit, les préférences des banques vont clairement en faveur des promoteurs exerçant déjà une activité et présentant une certaine stabilité professionnelle.

y' La réputation de l'emprunteur ; en général, la relation entre la banque et sa clientèle s'inscrivent dans la durée. On parle alors de « relation de long terme » ou encore de « relation de clientèle », la relation de long terme permettent aux bons clients de se forger une bonne réputation, ce qui peut favoriser laur accès aux divers services bancaires, mais aussi de réduire les coûts des services bancaires. A l'opposé les problèmes de remboursement passés constituent évidemment le fondement d'une mauvaise réputation et par conséquent, d'un

13 Les observations empiriques tendent plutôt à infirmer ce résulmtat théorique ; en général, de fortes garanties sont plutôt associées aux emprunteurs plus risqués.

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accès plus difficile aux services bancaires. La théorie bancaire a d'ailleurs clairement montré que l'existence de relations de long terme est un facteur de réduction des phénomènes de rationnement de crédits à l'endroit des PME. Ce sont en effet, les entreprises ayant engagé des relations de long terme avec leurs banques qui sont le moins contraintes en termes d'accès au crédit bancaire (PETERSON et RAJAN, 1994).

? La sélection par le « crédit scoring » ; le crédit scoring peut se définir comme une méthode statistique d'évaluation du risque de crédit des demandeurs de prêts. En utilisant des données sur le passé des emprunteurs et des techniques statistiques, cette méthode produit un « score » que la banque utilise pour classer en terme de risque ses emprunteurs ou les demandes de financement qui lui sont adressées. Un « score » plus élevé indique un risque moins élevé. Le banquier définit un score seuil, basé sur le niveau de risque qu'il est prêt à accepter. S'il s'en tient rigoureusement au modèle, la banque accorde le prêt lorsque le score du demandeur est supérieur au seuil et refuse le prêt lorsque le score du demandeur est inférieur au seuil.14

En définitive, quelque soit le moyen utilisé, la banque cherche des informations précises afin de prendre une décision d'accepter ou de rejeter une demande de services bancaires (ouverture de compte, demande de crédit etc..). Une fois ces informations analysées, la banque décide d'exclure un certain nombre de clients.

I.2.4.2- L'EXCLUSION BANCAIRE

L'exclusion ici renvoie au fait que la banque ôte à l'entreprise toute possibilité d'accès à ses différents services. S'agissant particulièrement du crédit bancaire, la banque peut refuser d'accorder un crédit à une entreprise ; mais, elle peut tout aussi bien lui accorder un crédit inférieur au montant demandé. On parle alors de rationnement au sens de STIGLITZ et WEISS (1981). Le terme rationnement est fréquemment utilisé dans la littérature économique. Il signifie que la banque refuse de prêter à un seul emprunteur potentiel aux conditions demandées (de quantité et de taux). Dans cette optique, le marché de crédit peut être schématisé comme suit :

14 Il faut cependant noter que dans la pratique, l'application des modèles de score n'est pas aussi « implacable ». En effet lorsque le score du demandeur n'est pas aussi éloigné du seuil, la banque va souvent réexaminer l'ensemble des caractéristiques du demandeur à travers une méthode plus qualitative avant de prendre la décision finale.

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Graphique 2: Le rationnement de crédit

Volume de crédits

Rationnement de crédit à l'équilibre

Demande 2

offre

Demande 1

Taux d'intérêt nominal

i *

Source : EBER, N. (2004)

Le graphique ci-dessus appelle le commentaire suivant : lorsque la courbe de la demande coupe celle de l'offre, il n'y a pas de rationnement. Si par contre, la courbe de demande ne coupe pas celle de l'offre, il y a rationnemnt du crédit et à l'équilibre, le taux d'intérêt d'équilibre est fixé à i*. Les emprunteurs qui ont été rationnés (c'est-à-dire exclus) ne peuvent pas emprunter, même s'ils manifestent leur volonté de payer plus que le taux d'intérêt du marché. Dans ce cas, le taux d'intérêt qu'un entrepreneur accepte de payer agit comme moyen de discrimination car seules les entreprises dont les projets sont à haut risque accepteraient d'emprunter à de telles conditions. De plus, le rationnement, lorsqu'il s'établit touche de manière aléatoire, les emprunteurs ayant exactement les mêmes caractéristiques du point de vue de la banque.

Mais d'une façon générale, ce sont les petits emprunteurs (les PME par exemple) qui sont exposés à la pratique de l'exclusion bancaire parce que justement, leurs caractéristiques s'y prêtent. JAPPELLI (1990) a mis en évidence les raisons qui poussent les banques à rejeter les demandes de financement des PME. Il montre à cet effet que les PME exclues sont celles qui ont soit une mauvaise réputation (endettement élevé ou non remboursé dans le passé, soit une mauvaise situation financière (revenu insuffisant, richesse insuffisante) et / ou professionnelle (absence d'emplois stables ...etc). il précise en outre que, parmi les demandes de crédit rejetées, on retrouve une forte proportion de chômeurs et de femmes. De plus, il démontre que l'âge est un critère fondamental puisque l'estimation statistique qu'être agé d'un an de plus réduit, en moyenne la probabilité d'être rationné de 0.5%. Par ailleurs, le

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statut matrimonial du promoteur joue également un rôle important puisque les célibataires ont une probabilité de rationnement supérieur à 3.4% par rapport aux promoteurs mariés. JAPPELLI montre également qu'il existe une certaine discrimination raciale sur les marchés de crédit dans la mesure où, être blanc réduit la probabilité d'être rationné d'environ 5.4% (toute chose égale par ailleurs). Ces résultats de JAPPELLI sont conformes à ceux obtenus antérieurement par d'autres auteurs comme HAYASHIP (1985) et ZELDES (1989). Ces deux auteurs ont trouvé que les promoteurs d'entreprises les plus rationnés sont les individus jeunes, qui épargnent peu et qui disposent de peu de richesse. Bien plus, CROOK (1999) a confirmé la diffulté pour certaines minorités à acceder au crédit bancaire.

L'analyse ci-dessus montre clairement que les problèmes d'asymétrie de l'information (antisélection ; aléa moral) peuvent être résolus à travers la pratique de la sélection de la clientèle et l'exclusion bancaire (le rationnement).

Toutefois, les économies d'échelle peuvent être évoquées ici comme une solution relativement importante.

I.2.4.3. LES ECONOMIES D'ECHELLE ET D'ENVERGURE

Selon Emmanuelle GABILLON et Jean-Charles ROCHET (2007) ; dans tous les secteurs d'activité, et pas seulement celui des services financiers, le rôle des intermédiaires consiste à exploiter des économies d'échelle ou d'envergure. On parle d'économies d'échelle lorsqu'une entreprise est plus efficace quand le volume de ses activités s'accroît. On parle d'économies d'envergure lorsqu'une entreprise est plus efficace quand le nombre de ses activités s'accroît. L'exemple le plus simple est celui d'un supermarché, qui achète en gros auprès de ses fournisseurs à un prix bas (économies d'échelle) et offre à ses clients toute une gamme de produits en un endroit unique (économies d'envergure).

Ainsi, les banques se servent de leurs réseaux pour exploiter les économies d'envergure entre différentes activités (collecte d'épargne, gestion des moyens de paiement, change, offre de produits d'assurance, de services de placement de titres, de services de conseil en gestion de patrimoine, etc.). De plus, la relation prêteur-emprunteur est fondamentalement perturbée par des problèmes d'asymétrie d'information: l'emprunteur a plus d'informations que le prêteur sur ses propres possibilités de remboursement, sur la qualité des projets qu'il cherche à financer et sur sa capacité à les mener à bien. Par conséquent,

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l'obtention d'informations sur sa clientèle représente un enjeu considérable pour la banque. Or les clients qui souhaitent emprunter sont souvent aussi les déposants de la banque. Cette dernière obtient donc de l'information sur la situation financière de ses clients dans le cadre de sa gestion des comptes de dépôts. Cela engendre des économies d'envergure entre la gestion des dépôts et l'activité de crédit. En raison des coûts fixes élevés des agences bancaires (coûts d'installation et de fonctionnement des guichets, frais de personnel...), la collecte d'épargne présente également des économies d'échelle, tout au moins jusqu'à un certain niveau d'activité. On comprend dès lors le rôle important qu'ont eu jusqu'à présent les grands réseaux bancaires.

Mais ce rôle n'aurait pas été aussi parfait si les banques n'avaient pas dans leur politique de financement diversifié les risques.

I.2.4.4. LA DIVERSIFICATION DES RISQUES ET LE FINANCEMENT DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES

I.2.4.2.A. LA DIVERSIFICATION DES RISQUES

La diversification des risques réalisée par les banques est aussi un facteur important d'économies d'échelle. En effet, un investisseur prudent cherche typiquement à diversifier ses placements, conformément au vieil adage selon lequel on ne met pas tous ses oeufs dans le même panier. Du fait des indivisibilités (on ne peut pas acheter une demi-action ou une demi-obligation), les possibilités de diversification sont d'autant meilleures que le montant à investir est élevé. Un intermédiaire financier qui collecte des fonds auprès d'une multitude d'épargnants aura donc des possibilités de diversification du risque autrement plus importantes qu'un investisseur individuel. De la même façon, une banque qui a un grand nombre de déposants peut se permettre de ne garder en réserve (afin de faire face aux retraits de ces déposants) qu'une fraction limitée des dépôts, le reste étant investi dans des actifs de long terme plus rémunérateurs.

Dans ce système dit de réserves fractionnaires, le montant des réserves nécessaires pour couvrir les besoins de liquidités des déposants avec une probabilité donnée croît moins vite que le volume total des dépôts. La fraction des dépôts que la banque devra garder en réserve (pour limiter son risque d'illiquidité à un certain seuil) est donc plus faible pour les

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banques de taille importante. Comme ces réserves de liquidité ont un coût d'opportunité pour la banque (car elles sont moins bien rémunérées que les placements à long terme), la banque sera d'autant plus efficace qu'elle peut attirer un volume important de dépôts. Cette diversification, liée à la loi des grands nombres, est en fait exploitée par l'ensemble des intermédiaires financiers: banques, mais aussi compagnies d'assurance et organismes de placement collectif en Bourse.

I.2.4.2.B. LE FINANCEMENT DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES

Un autre type de diversification joue un rôle important dans une activité qui est cette fois spécifique aux banques: le financement des petites et moyennes entreprises (et des ménages) qui n'ont pas la possibilité d'emprunter directement sur les marchés, en particulier parce qu'il leur est plus difficile qu'aux grandes entreprises dont la réputation est déjà acquise de se signaler aux marchés (problèmes d'asymétrie d'information que nous avons vu plus en profondeur en section ii). Ce financement comporte quatre étapes importantes: la collecte des fonds (auprès de déposants ou de petits investisseurs); la sélection des emprunteurs (afin d'écarter ceux qui sont trop risqués); la surveillance de leurs activités (pour éviter un mauvais choix d'investissement ou même un détournement des fonds par les emprunteurs); enfin, le recouvrement des créances (avec éventuellement une procédure de contentieux en cas de défaut de paiement).

Dans la mesure où une part très importante de leur financement est à court terme, les banques sont à la merci d'un retrait massif de leurs déposants en cas de mauvaise performance de leurs actifs. Comme l'a montré Douglas DIAMOND (1984), c'est la source d'un autre type d'économies d'échelle. En effet, une grande banque aura la possibilité de diversifier suffisamment ses actifs pour que leur rentabilité globale soit peu liée aux aléas subis par ses emprunteurs individuels.

La performance de la banque sera alors le reflet de la qualité de sa gestion. Par contre, même si une petite banque est efficace dans sa politique d'investissement, elle reste tributaire du défaut toujours possible d'un ou plusieurs gros emprunteurs, qui entraîne la sanction immédiate du retrait massif de ses déposants. Apparaît toujours le problème d'asymétrie d'information entre les prêteurs (ici les déposants) et l'emprunteur (ici la banque). Les déposants n'observent pas les détails de la gestion bancaire et se fondent sur le résultat des

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investissements pour se forger une opinion. Une mauvaise performance transitoire, même si elle n'est pas le reflet de la qualité fondamentale des actifs de la banque, peut entraîner un retrait massif qui met en péril la viabilité de l'établissement bancaire.

En Définitive, l'endettement bancaire des entreprises qui est aujourd'hui au centre des préoccupations des chercheurs, des banques et des entreprises est soutenu au Cameroun par le concept d'une économie de l'endettement. Les banques ne pouvant faire face au volume de demandes de financement qui leur parviennent, elles sont parfois contraintes de se refinancer sur le marché interbancaire ou alors au niveau de la Banque Centrale vu le faible niveau de l'endettement public. Et même, lorsque les banques s'avèrent suffisament liquides, elles se retrouvent confrontées à un problème d'asymétrie de l'information qui débouche le plus souvent sur la selection et l'exclusion bancaire. Certes, des intérrogations subsistent à propos du comportement fastidieux que les banques ont affiché avant les réformes monétaires et financières de 1990 bien qu'ayant toujours été en situation d'oligopole sur le marché bancaire camerounais. Situation que nous allons approfondir dans le chapitre II de cette première parties.

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CHAPITRE II : LE MARCHE BANCAIRE CAMEROUNAIS : UN MARCHE OLIGOPOLISTIQUE

Selon J. LECAILLON et C. PONDAVEN (1998), « l'oligopole se définit comme une situation dans laquelle, la branche de production se compose d'un nombre d'offreurs suffisamment faible, pour que la politique adoptée par chacun d'eux exerce une influence sur le marché et, par conséquent, sur le profit des autres vendeurs ».

Cette définition cadre avec la situation des établissements bancaires installés au Cameroun, où une dizaine voire, une douzaine d'établissements financiers se partagent le marché bancaire camerounais sans que la politique de l'un puisse influencer l'action de l'autre.

Ce caractère oligopolistique du marché bancaire camerounais qu'on a pu noter depuis la période coloniale a continué de prévaloir après l'indépendance du pays en 1960 et après les réformes monétaires et financières de 1990. La présentation de ce marché se fera donc en distinguant deux périodes : celle qui part de l'indépendance jusqu'à la fin des années 80, et celle qui commence aux moments où ont lieu les réformes de 1990 jusqu'à nos jours.

II.I - LE MARCHE BANCAIRE CAMEROUNAIS AVANT LES REFORMES MONETAIRES ET FINANCIERES DE 1990 : UN MARCHE CONCENTRE MALGRE UNE RELATIVE DIVERSIFICATION DES INTERMEDIAIRES FINANCIERS

A l'accession du Cameroun à l'indépndance en 1960, son marché bancaire est dominé par les filiales des banques françaises (BNP, Société Générale et Crédit Lyonnais, BIAO) et anglaises (Barclays Bank et Lloyd bank) jusqu'aux Accords monétaires et financières de Brazzaville des 22 et 23 novembre 1972. L'objectif général de ces Accords de Brazzaville était d'amener le système monétaire et financier à se mettre effectivement au servce du développement.

Les Accords de Brazzaville visaient trois objectifs spécifiques :

? faire de la BEAC, la Banque Centrale une institution qui devait appuyer financièrement le développement économique du Cameroun et des autres pays membres ;

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V' le capital social des banques devait être détenu par au moins 51 % des intérêts publics et privés ;

V' Toutes les banques devaient être dirigées par des cadres nationaux aux postes de responsabilité les plus élevés.

Au regard de ce qui précède, on peut dire que trois éléments ont caractérisé le système monétaire et financier camerounais de novembre 1972 à août 1989 : le poids de l'Etat, le non respect des normes prudentielles et enfin, la mise en place d'une politique de crédit laxiste.

II.I.1 - LA POLITIQUE DE CREDIT GENEREUSE DES BANQUES ENTRE 1972 ET

1985

Entre 1972 et 1985, la politique de crédit des banques peut être qualifié de généreuse ; celle-ci a été favorisée par deux facteurs : l'importance prise par les pouvoirs publics dans le système bancaire et financier depuis les Accords de Brazzaville d'une part, et l'implication effective des banques dans le financement de la croissance d'autre part.

II.I.1.1 - L'IMPORTANCE PRISE PAR LES POUVOIRS PUBLICS AU SEIN DU SYSTEME BANCAIRE

Après l'indépendance du Cameroun, le développement économique, conçu sous le signe du dirigisme économique et de l'endettement extérieur a beaucoup influencé le mode de financement économique établi dans le pays (BEKOLO-EBE, 1990 ; MATHIS, 1992 ; et EZE EZE, 2001). Le financement du développement était tel que les crédits que les banques locales consentaient devaient compléter le prêt extérieur. En plus, ces banques pouvaient redistribuer les fonds que l'Etat obtenait des prêteurs extérieurs et qui leur étaient rétrocédées, à charge pour ces banques de gérer les crédits. Dans un cas comme dans l'autre, l'influence de l'Etat était patente. L'Etat s'engageait ainsi dans la consolidation du secteur financier privé, en y prenant des parts de capital et en mettant en place des organes de contrôle. En ce qui concerne l'émission de la monnaie, la BCEAEC (Banque Centrale des Etats de l'Afrique Equatoriale et du Cameroun) devient la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC). Cette transformation s'est faite dans le sens d'un rééquilibrage des pouvoirs entre les pays africains et la France15

15. Les conventions signées entre les différents partenaires prévoyaient la mise en place d'un organe de concertation (le comité mixte).

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En fait, en 1960, le secteur bancaire camerounais était très embryonnaire. Plus précisément, il se caractérisait par une forte concentration (ABEGA, 1995). Jusqu'en 1970, seules quatre banques filiales des banques françaises étaient répertoriées par le Conseil National du Crédit (CNC) et auxquelles il convient d'ajouter la Banque Camerounaise de Développement. En 1984, l'effectif s'élevait à 11 banques. Le système bancaire était composé majoritairement de banques privées étrangères16 au rang desquelles on peut citer : la Société Générale de Banque au Cameroun (SGBC), la Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Cameroun (BICIC), la Société Camerounaise de Banque (SCB) et la Banque Internationale pour l'Afrique Occidentale au Cameroun (BIAOC). Ces quatre banques représentaient plus de 75 % des actifs du système bancaire, collectaient plus de 80 % des dépôts et distribuaient près de 90 % des crédits. En réalité, toutes ces banques n'auront véritablement leurs agréments qu'après « l'ambitieuse réforme » du système bancaire camerounais de 1973.

Dès 1970, une nouvelle banque est venue s'ajouter au paysage bancaire camerounais, la Cameroon Bank Limited (CAMBANK) dont le capital était entièrement détenu par les intérêts publics camerounais. En 1971, le Cameroun comptait 05 banques commerciales17 parmi lesquelles les 4/5 étaient détenues par les intérêts français et 47 agences dont 8 pour la CAMBANK. Le 30 août 1973, une réforme est venue bouleverser le paysage bancaire camerounais. Cette réforme, au-delà de l'implication des nationaux dans le domaine financier, prévoyait la possibilité d'une ouverture des banques étrangères non françaises dans le système bancaire. Pourtant, jusqu'en 1978 le paysage bancaire n'a pas beaucoup évolué, hormis la multiplication d'agences commerciales des banques existantes sur le territoire national qui sont passées de 47 à 103. En 1978, la Banque Camerounaise de Développement (BCD) a été restructurée dans le sens de la suppression du crédit à la consommtion et à l'habitat ; désormais, cette banque dite de développement, devait s'occuper de la distribution du crédit aux PME et à l'Artisanat, aux campagnes agricoles, à la création et/ou l'extension des sociétés de développement et enfin au secteur indutriel.

Au début des années 80, le paysage bancaire a connu une entrée des banques anglo-saxonnes pour la plupart américaines. Il s'agit de la Chase Bank Cameroon (CBC) créée en

16 La quasi-totalité de ces banques n'étaient que des émanations des banques françaises à savoir : la Société Générale, la BIAO de Paris, la Banque Nationale de Paris (BNP) et du Crédit Lyonnais (CL).

17 La SCB était la plus importante au regard du montant du capital [5 milliards de FCFA), et la BICIC la plus importante en terme de crédits distribués (plus de 180 milliards de FCFA)] et de dépôts collectés (125 milliards de FCFA).

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

1979, la Boston Bank Cameroon (BBC) en 1980, la Bank of America Cameroon (BAC) et la Standard Chartered Bank Cameroon (SCBC) en 1981, et la Bank of Credit and Commerce (BCC) en 1983. L'installation de ces banques a entraîné un accroissement rapide des agences bancaires. Le nombre d'agences est passé de 103 à 145 en 1984. A cette période, le Cameroun comptait alors 11 banques commerciales et deux institutions de financement de développement.18

En dehors de la CAMBANK et la Banque Unie de Crédit (BUC) dont le capital était entièrement détenu par des camerounais, la participation de l'Etat au capital sociale des autres banques atteignait les 67 % en moyenne. Dans cette optique et dans la plupart des cas, l'Etat était l'actionnaire principal. Le gouvernement était omniprésent dans les processus de prise de décision au sein des banques, directement ou par le biais des entreprises publiques alors actionnaire dans ces banques. Indépendamment de la présence du financement extérieur, le gouvernement a souhaité contrôler la distribution du crédit interne dans le but de mieux planifier les investissements dans des secteurs ciblés et inscrits dans les plans quinquennaux du pays. Cette politique d'encadrement de crédit s'est malheureusement traduite par le non-respect des normes de prudence.

II.I.1.2- L'IMPLICATION EFFECTIVE DES BANQUES DANS LE FINANCEMENT DE LA CROISSANCE

La politique de crédit généreuse des banques apparaît dans une certaine mesure comme le résultat direct de la forte implication des pouvoirs publics en qualité de tutelle (à travers le Ministère des Finances) des établissements de crédit. A l'époque, le premier souci des pouvoirs publics était la recherche d'une plus grande participation des nationaux au capital des banques et l'allocation sectorielle des crédits vers les secteurs «jugés prioritaires»19 à des taux d'intérêts administrativement fixés à des niveaux inférieurs à leur niveau d'équilibre. Dès lors, ceux-ci n'ont pas perçu la nécessité d'une régulation stricte.

Durant les années 70, l'exploitation pétrolière a doté le pays de ressources importantes Et a engendré un gonflement des ressources bancaires. Les établissements de crédit se sont alors lancés vers une distribution généreuse et incontrôlée des crédits à l'économie pour le financement des projets jugés « rentables pour les locaux». Par exemple, le volume des

18 La BCD et le Fonds National de Développement Rural (FONADER).

19 Les dirigeants des banques devaient satisfaire le plus largement possible les demandes de crédits des entreprises nationales.

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

financements accordés aux projets s'est accru d'environ 37,13 % entre 1976 et 1977. Durant la même période, le montant des garanties s'est accru de 35,4 %.20 Les Accords de Brazzaville de novembre 1972 ont favorisé cette nouvelle attitude des banques ; en effet, en l'absence d'un marché financier, les entreprises ont largement fait appel aux banques pour financer leurs investissements et leurs cycles d'exploitation. De plus les banques structurellement défitaires pouvaient se refinancer directement auprès de la Banque Centrale sans passer d'abord par un marché monétaire, alors inexistant pendant cette période. Ce refinancement des banques structurellement déficitaires auprès de la Banque Centrale, leur permettait de répondre favorablement et en permanence aux demandes de crédit des entreprises. Le graphique 3 montre en éffet, un accroissement régulier des crédits au secteur privé en pourcentage du PIB entre 1972 et 1982. Du fait des facilités d'obtention de financements, la progression des crédits au secteur privé (en pourcentage du PIB) est passée de 14,20 % en 1970 à 24,53 % en 1977, pour se situer à 31,24 % en 1982. Cependant, cette évolution favorable des crédits au secteur privé, aurait pu être satisfaisante si la structure des crédits montrait une prépondérance des crédits à moyen et long terme. En effet, sans que des études sérieuses visant à mesurer le degré d'élasticité de l'investissement par rapport au taux d'intérêt des prêts bancaires aient été menées au préalable, les banques ont orienté leur intervention vers des financements à court terme au détriment des financements à moyen et long terme. Cette préférence marquée pour des financements à court terme s'explique par le fait que premièrement, lors des campagnes agricoles, il fallait assuer la commercialisation des produits de base, et deuxièmement, pour les commerçants locaux, le financement de leur commerce de distribution et de leurs activités d'import-export, à cause de leur faible autofinancement, ne pouvait se faire sans l'intervention des banques. C'est ce qui explique qu'on assistera alors à un renouvellement continu des prêts courts pour financer des investissements longs, un choix qui s'est avéré nocif pour la trésorerie des banques. Or le financement du développement d'un pays exige aussi et surtout des crédits à moyen et long terme.

20 Il s'agit des éléménts corporels et incorporels évalués par les banques et devant abrîter les concours financiers accordés par les banques aux entreprises.

36

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Graphique 3 : Rythme de progression des crédits au secteur privé de 1960 à 2005

II.I.2 - LA CRISE BANCAIRE DU MILIEU DES ANNEES 80 : UNE CONSEQUENCE DE LA POLITIQUE DE CREDIT GENEREUSE DES BANQUES ENTRE 1972 ET 1985

Les causes de la crise bancaires du milieu des années 80 sont de deux types : il y a d'abord celles qui dans une large mesure sont inhérentes au système bancaire lui-même, il y a ensuite des causes d'ordre macroéconomique.

II.I.2.1 - LES CAUSES INHERENTES AU SYSTEME BANCAIRE LUI-MEME

Dès le milieu des années 80, le système bancaire camerounais est entré dans une zone de turbulence. Les facteurs qui expliquent cette situation ont déjà été analysés par plusieurs auteurs dont notamment : BROWNBRIDGE, (1998) ; JOSEPH, (2002) ; DETRAGIACHE, GUPTA et TRESSEL, (2005); et GULDE ET AL. (2006) et les organismes financiers multiilatéraux à savoir le FMI (1999) et la Banque Mondiale (BM). D'une façon générale, tous retiennent comme principales causes de la crise inhérentes au système bancaire les facteurs ci-après : le non-respect de la réglémentation prudentielle, la sous capitalisation des banques, la mauvaise gouvernance des banques, le carctère laxiste de la politique monétaire de la BEAC et enfin, l'existence d'importantes créances irrécouvrables.

37

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

II.I.2.1.1 - LE NON-RESPECT DE LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE

On a vu plus haut que la réforme du sytème bancaire camerounais issue des Accords de Brazzaville en novembre 1972 devait faire jouer à celui-ci un rôle de premier plan dans le financement du dévéveloppement. Il en a résulté une politique de crédit facile qui a installé au Cameroun un climat d'affairisme non contrôlé. Dans un tel climat, les ressources financières ont été orientées logiquement vers les activités à rendement très risqués et à très faible durée d'immobilisation. Symétriquement, cette logique de la rentabilité à court terme positionnait ces activités spéculatives au premier rang en matière d'octroi de crédit. C'est ainsi que les banques n'hésitaient pas à accorder d'importants crédits documentaires pour le commerce général, voire pour des projets fictifs21. Alors que la rentabilité des investissements avait toujours été positive et supérieure à 20%22, atteignant parfois 60 % comme en 1981, et même 100 % en 1985, elle est devenue négative à partir de 1986. Elle est même restée négative jusqu'à la moitié des années 90, traduisant ainsi le caractère risquant et la légèreté en matière de suivi des projets financés. Tout ceci s'est fait sans aucun respect de la réglémentation prudentielle qui pourtant était disponible.

Certes, il existait bien un mécanisme de surveillance et de sanction des banques dépendant du Ministère de l'Economie et des Finances (MINEFI). Cependant, comme l'Etat avait des intérêts dans la plupart des banques, la réglementation prudentielle était peu appliquée et aucune règle juridique sérieuse permettant de poursuivre les débiteurs indélicats n'avait cours. De ce fait, l'action de la politique (monétaire) n'a pas été d'un grand apport pour assainir le climat financier et bancaire.

II.I.2.1.2 - LA POLITIQUE MONETAIRE LAXISTE DE LA BEAC

La politique monétaire de la Banque Centrale commune aux Etats d'Afrique centrale et issue des Accords de Brazzaville avait pour objectif final, le développement économique du pays et les instruments de politique monétaire de l'époque à savoir, les plafonds de réescompte et le taux d'intérêt de réescompte (taux prvilégiés et taux ordinaires) étaient utilisés à cette fin. Les mécanismes de financement en faveur des secteurs dits prioritaires (Trésors nationaux, PME et artisanat, unités de commercialisation agricoles et particuliers nationaux pour leurs opérations de constructions immobilières) étaient prévus par les textes.

21 Notamment, la distraction de certains projets ou financement des projets autres que ceux présentés au banquier.

22 Cf. Documents de la Direction de Recherche et de la Prévision (devenue Direction des Etudes) de la BEAC, 1997.

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Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

II.I.2.1.3 - L'IMPORTANCE DES CREANCES IRRECOUVRABLES

Dans le climat de facilité de la distribution du crédit et «d'affairisme», précédemment décrit, les crédits octroyés par les banques n'étaient pas toujours remboursés. Evalué à 5,6 milliards de FCFA en 1980, le montant des créances douteuses et irrécouvrables a atteint 38 milliards de FCFA au plus fort de la crise bancaire dès 1987, soit un coefficient de multiplication de 7,6 en 8 ans. Certes, il est vrai qu'à partir de 1982, les banques accumulaient déjà des pertes dues à la mauvaise gestion et à la fraude. Toutefois, il convient de noter que si à ce moment là les difficultés des banques n'étaient pas visibles, cela s'explique tout simplement par le fait que l'Etat les soutenait financièrement à partir d'importants dépôts à terme qui y étaient ouverts. Ceux-ci étaient alors régulièrement alimentés par les ressources que l'Etat tirait essentiellement de l'exploitation du pétrole.

II.I.2.2- LES CAUSES D'ORDRE MACROECONOMIQUE DE LA CRISE BANCAIRE

Les difficultés macroéconomiques du cameroun vers le milieu des années 80 sont également un élément explicatif de la crise bancaire. En effet, à partir de 1985, le pays a subit de plein fouet les conséquences de la crise économique. La chute drastique des cours des produits agricoles d'exportation et du pétrole d'où le pays tirait l'essentiel des ressourcs en devises. Cette baisse des cours des matières premières s'est traduite par une réduction des ressources alimentant les finances publiques de l'Etat ; on va alors parler d'une crise de liquidité qui va se traduire sur le plan bancaire, par le retrait des avoirs de l'Etat dans les banques sous forme de dépôts à terme. Le retrait des dépôts à terme de l'Etat, a été un élément très destabilisateur de l'équilibre financier des banques.

II.I.2.3- LES CONSEQUENCES DE LA CRISE BANCAIRE

La crise bancaire du milieu des années 80 a eu des conséquences négatives comme la faillite du système bancaire dans son ensemble. Celle-ci s'est traduite essentiellement par des défauts de paiement, des créances douteuses et irrécouvrables du fait de l'insolvabilité de la clientèle (les opérateurs économiques notamment) des banques, la suspension des découverts, les pertes financières des agents économiques du fait de l'illiquidité des banques, les fermetures d'agences. A la fin des années 80, la situation du secteur bancaire camerounais était donc très critique. Par exemple en 1988, la plupart des banques affichaient un résultat négatif et une situation de fonds propres tout aussi négative (Tableau1). La Société

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Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Camerounaise de Banque (SCB), la Cameroon Bank Limited (CAMBANK) et la BCD ont été les premières banques à tomber en faillite en 1988 (tableau 2). Elles ont été suivies respectivement par la Banque Meridien BIAO Cameroun (BMBC) et la Bank of Credit and Commerce (BCC) en 1991, puis la Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Cameroun (BICIC) en 1995.

Mais, l'un des faits majeurs a été le retrait rapide des succursales des banques américaines dès 1985 (Chase Bank Cameroon, Boston Bank Cameroon, Bank of America). De nombreuses autres banques ont aussi connu des difficultés ; il s'agit de la First Investement Bank (FIB), du Crédit Agricole du Cameroun (CAC), pour ne citer que quelques cas. Pour la seule année 1989, quatre établissements bancaires (SCB, BIAO, BCD CAMBANK et banque PARIBAS) parmi les plus importants du pays ont déposé leur bilan.

La perte pour l'ensemble du secteur se chiffrait à près de 700 millions de FCFA en bilan cumulé, soit un peu plus de 40 % du total des bilans bancaires qui était estimé à l'époque à 1 520 milliards de FCFA23. Par la suite, la perte atteindra le chiffre record de 52,884 milliards en 1990 et 50 milliards au cours de la première moitié de 1995. Cette situation traduit à elle seule la profondeur du mal, dans un pays qui comptait à l'époque moins de 15 banques.

Tableau1 : L'état de quelques banques commerciales en 1988 (en milliards de FCFA)

Groupe de banques

Résultat

1987/1988

Situation nette
des fonds propres
au 30 juin 1988

I-Groupe de banques déficitaires :

 
 

- SCBC

-11

-130,3

- BCD

-4

-37,9

- Cameroun Bank

-4

-56,3

- Paribas Cameroon

-4,2

-39,0

Total

-23,2

-264

II- Groupe de banques préoccupantes :

 
 

- BIAOC

-1,7

-10,2

- SGBC

-1,8

-13,2

- CBC

-0,4

-3,5

- IBAC

-0,4

-0,9

23 Cf: Rentabilité consolidé du secteur bancaire dans les différents Rapports du Conseil National du Crédit et les Documents de la BEAC (Direction de la Recherche et la Prévision).

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Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

- Méridien Bank

-0,4

+0,7

III- Groupe de banques « saines » :

 
 

- BICIC

1,8

-6,9

- BCCC

2,7

-

Source : Rapport de la Société d'Ingénierie Bancaire Internationale Tableau 2 : Situation des banques au cours des années 80 et 90

Banques

Situation à la fin des années 80

Situation dans lesannées 90

SCB

En faillite en 1988 et liquidée en 1989

Est devenue la SCB-Crédit Lyonnais

BICIC

En restructuration

Est devenue la BICEC en 1997 avec la Banque Populaire

SGBC

En restructuration

En restructuration

BIAOC

En faillite et reprise en 1991 Encore en faillite en 1995

Reprise par la Meridian Bank Cameroon en 1991

Cameroon Bank

En faillite en 1988 et liquidée

-

Chase Bank

Fermée en 1985

-

Boston Bank

Fermée en 1985

-

Paribas Cameroun

En faillite en 1989

-

BCCC

Fermée en 1991

Reprise par la Standard Chartered Bank en 1991

Bank of America

Fermée en 1985

Est devenue l'IBAC avec des intérêts camerounais

BCD

En faillite et liquidée en 1989

-

Source : Rapports annuels du Conseil National du Crédit du Cameroun.

L'examen des données relatives au secteur bancaire laisse croire que la crise bancaire de la fin des années 80 était une crise financière au sens des monétaristes car, celle-ci était caractérisée par la contraction de l'offre de monnaie. Après avoir subi une augmentation régulière de 1970 à 1985, la masse monétaire a connu une baisse de 1986 à 1987 et la situation monétaire a commencé à fluctuer à partir de 1988 jusqu'en 1992. La contraction

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Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

monétaire de 1987 s'est traduite par une nette diminution des billets en circulation et des monnaies divisionnaires. Avec l'avènement de la crise bancaire, les crédits alloués au secteur privé ont commencé à baisser au début des années 80. Cette baisse va même s'accentuer au courant des années 1990 (voir graphique 3).

En fait, en 1984, on a observé une substitution entre billets et dépôts. Cette substitution a donné lieu à une hausse sensible du ratio billets / dépôts à vue entre 1984 et 1990. La crise de confiance des clients met en relief le début du retrait progressif de leurs avoirs des banques et l'accentuation de la baisse observée des dépôts (Tableau 3). La réduction des dépôts s'est faite sans distinction, aussi bien dans les banques solvables que dans les banques insolvables. Face à l'ampleur du marasme, l'Etat a essayé de camoufler la baisse des dépôts privés des banques en augmentant substantiellement ses propres dépôts. La situation dégradante et progressive caractérisée par une sortie massive des capitaux a annulé l'effet de camouflage des difficultés financières du pays.

Tableau 3 : Evolution des dépôts (en milliards de francs CFA) dans les banques en difficulté entre 1984 et 1990

Banques

1984 /85

1985 /86

1986 /87

1987/ 88

1988/ 89

1989/ 90

BIAOC

15,54

-

-5,93

-4,83

-26,15

-20,11

BCCC

15,18

13,89

36,62

24,18

-19,24

5,09

BICIC

-2,88

-

-

30,71

6,52

-40,97

CAMBANK

7,57

10,45

11,05

-

-

-

IBAC

-9,99

35,95

1,69

-12,93

53,24

-26,77

MBC

30,13

-2,69

-

4,03

-1,97

-9,57

SCB

-

70,74

20,54

-10,86

1,46

22,06

SGBC

26,20

-

0,26

-12,54

-5,34

-7,14

Source : Etudes et Statistiques de la BEAC

L'ensemble des reformes ainsi entreprises avait pour but d'améliorer la santé du système bancaire camerounais et de relancer la finance intermédiée. Mais la question qui reste posé est de savoir si le marché bancaire camerounais après ces réformes a connu des changements majeurs ?

C'est à cette question que nous tenterons d'apporter des éléments de reponse.

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Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

II.II - LE MARCHE BANCAIRE CAMEROUNAIS APRES LES REFORMES MONETAIRES ET FINANCIERES DE 1990 : UN MARCHE CONCENTRE NE COMPRENANT QUE LES BANQUES CREATRICES DE MONNAIE

En 1990, les pouvoirs publics ont engagé des réformes économiques et financières. Sur le plan financier, ces réformes ont concerné aussi bien les banques pour lesquelles un vaste programme de restructuration a été mis en place, que la politique monétaire de la BEAC qui est devenue plus rigoureuse, du fait de l'orientation monétariste prise par elle.

II.II.1 - LA RESTRUCTURATION DU SYTEME BANCAIRE : UNE NECESSITE

Dès 1989, les pouvoirs publics camerounais ont entrepris de restructurer le système bancaire du pays, complètement sinistré. La restructuration bancaire est une opération qui a pour but non seulement de résoudre les difficultés présentes du système bancaire, mais aussi de prévenir les risques de fragilisation ultérieures (TAMBA et TCHAMANBE, 1995 ; ADAM MADJI, 1997 ; BEKOLO-EBE, 1998). Elle se traduit concrètement aussi bien par la liquidation des banques insolvables et irrémédiablement compromises pour assainir le système que par la restauration durable de la solvabilité, la liquidité et la rentabilité des banques restant en activité, seul gage d'un système bancaire sain et solide (SERVANT, 1993).

Au Cameroun, la restructuration bancaire24 a été menée entre 89 et 90 (LENOIR, 1989). Les banques solvables en difficulté ont été recapitalisées et les banques insolvables ont été fermées (Tableau 2 pour les détails). Les plans d'assainissement élaborés avaient deux objectifs majeurs : tout d'abord, rembourser intégralement, dans les structures de liquidation, les créanciers privés. La solution retenue a consisté à privilégier les petits déposants et à les dédommager dans un délai court. Ensuite, restaurer durablement la solvabilité, la rentabilité et la liquidité des banques encore en activité.

Dans un premier temps, les experts en charge de la restructuration bancaire ont reécrit, conformément aux règles d'usage, les bilans bancaires qui étaient le plus souvent falsifiés pour ne pas dire « habillés ». Et dans un second temps, la régulation bancaire a consisté en l'assainissement du secteur. Ainsi sur les 12 banques en activité en 1989, seules deux banques

24 Des missions d'évaluation des systèmes bancaires dans tous les pays de la zone avaient été diligentées par la Banque Centrale. La redéfinition de la carte bancaire était la ligne directrice des conclusions de ces missions : liquidation des banques irrémédiablement compromises, restauration de la solvabilité et de la rentabilité des banques pouvant être restructurées.

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étaient saines et n'avaient dès lors pas besoin d'intervention. Trois banques ont été liquidées en 1989, quatre ont été restructurées, trois ont fusionné même si celles ayant fusionné ont encore fait faillite (cas de la BMBC). Les trois banques liquidées sont respectivement : la Banque Camerounaise de Développement (BCD), la Cameroon Bank Limited (CAMBANK) et la Banque de Paris et des Pays Bas (Paribas Cameroun).

Au milieu des années 90, plus de 15 milliards de francs CFA ont été nécessaires pour la restructuration des banques en faillite.

La restructuration bancaire s'est traduite par la disparition des banques de développement. Bien que depuis 2011 les pouvoirs publics aient annoncé à plusieurs reprises la création d'une banque de développement des PME et une banque de développement agricole, il reste que pour l'instant, le marché bancaire camerounais est dominé par les banques créatrices de monnaie à savoir : Afriland First Bank, la BICEC, la Banque Atlantique Cameroun, la BGFI, la Citi Bank, Commercial Bank Cameroon, ECOBANK, National Financial Credit, la Société Commerciale de Banque, la SGBC, Standard Chatered Bank, Union Bank of Africa ; soit un total de 12 banques créatrices de monnaie. Les implications sur les entreprises de ce marché bancaire dominé par les banques commerciales seront analysées ultérieurement.

Pour ne pas se retrouver dans le laxisme et les erreurs du passé, des réformes visant à mieux réguler le système bancaire ont été mises en oeuvre (Groupe ESF, 1990). Par exemple, sur le plan institutionnel, la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) a été créée en 1992 et s'est substituée aux organes nationaux de régulation. L'entrée en fonction de cette commission sous-régionale de contrôle et de surveillance de l'activité des banques a été complétée quelques mois plus tard par l'Harmonisation de la Réglementation Bancaire en Afrique Centrale (HRBAC). Avant la mise en place de ces conventions de régulation institutionnelle, l'Etat à travers la Société de Recouvrement des Créances (SRC) a absorbé une grande partie du passif des banques et a assuré le coût administratif de leur liquidation et/ou de leur restructuration.

Toutes ces mesures ont conforté les banques dans leur attitude et modifier la relation avec la clientèle qui existait avant les réformes de 1990, les rendant encore plus méfiantes vis-à-vis des PME.

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II.II.2 - LA POLITIQUE MONETAIRE ISSUE DES REFORMES DE 1990 : UNE POLITIQUE MONETAIRE TOURNEE VERS LE MONETARISME

Dans les textes de 1972 qui régissaient jusqu'alors le fonctionnement de la Banque Centrale sous-régionale, la BEAC (Banque des Etats de l'Afrique Centrale), l'objectif final de la politique monétaire n'est pas explicitement énoncé. Élaborées au début des années 70, les dispositions statutaires de la BEAC reflètent « l'air du temps » et ont une orientation administrative et dirigiste très marquée. A cette époque, les pouvoirs publics appliquaient une pensée économique de type dirigiste, croyaient aux vertus du plan (et moins à celles du marché), et semblaient être à l'aise pour financer le développement par la création monétaire. Les instruments utilisés dans la conduite de la politique monétaire comprenaient les taux d'intérêt, les plafonds de réescompte, les réserves libres et surtout le contrôle qualitatif ou sélectif du crédit.

Le système d'intervention de la BEAC, basé principalement sur les plafonds de réescompte et les taux d'intérêt fixés par le Conseil d'Administration, a fonctionné sans trop de difficultés de 1972 à 1986 grâce, entre autres, à un environnement international favorable. Cette stratégie de politique monétaire de la BEAC va être mise à rude épreuve à partir de 1986, faisant ressortir les défaillances importantes. En effet, à partir de cette date, la situation monétaire de la Zone d'Emission de la BEAC s'est considérablement dégradée, pour trois raisons :

y' l'effondrement des cours mondiaux des produits de base,

y' l'expansion rapide du crédit intérieur pendant les années fastes,

y' les mécanismes de gestion monétaire défaillants.

Les auteurs de la réforme de la politique monétaire de 1990, ont repensé les objectifs et les instruments de cette politique monétaire. Dans cette optique, non seulement les objectifs intermédiaires et finaux ont été définis, mais également, les instruments de cete nouvelle politique monétaire ont été précisés.

II.II.2 .1- LES OBJECTIFS ET CIBLES INTERMEDIAIRES ET LES OBJECTIFS FINALS

Les objectifs intermédiaires sont des variables monétaires dont le contrôle et la régulation permettent d'atteindre les objectifs finals de la politique monétaire. Les objectifs intermédiaires doivent pouvoir répondre à un certain nombre de conditions : ils doivent être le

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reflet de l'objectif final recherché ; ensuite, leurs évolutions doivent être contrôlables par la Banque Centrale ; enfin, ils doivent être clairs, simple à comprendre par le public. Dans cette perspective, trois types d'objectifs intermédiaires essentiels sont alors possibles : le niveau des principaux taux d'intérêt, le taux de change et les différents agrégats de monnaie.

Conformément à l'article 1er de ses Statuts, l'objectif final de la politique monétaire de la BEAC est de garantir la stabilité monétaire. Sans préjudice de cet objectif, la BEAC apporte son soutien aux politiques économiques générales élaborées par les Etats membres. Pour la BEAC, dont la monnaie est rattachée à l'euro par une parité fixe, l'objectif de stabilité monétaire signifie un taux d'inflation faible et un taux de couverture de la monnaie suffisant (le seuil minimal est de 20 %) ;

Pour évaluer les risques pesant sur la stabilité monétaire et décider d'une action, la BEAC a adopté une approche pragmatique basée sur les analyses des évolutions des agrégats monétaires, de l'environnement économique international, des conditions d'offre et de demande sur les marchés des biens et des facteurs de production.

II.II.2 .2 - LES INSTRUMENTS DE POLITIQUE MONETAIRE

Depuis l'instauration du marché monétaire le 1er juillet 1994, la BEAC utilise divers instruments indirects pour ses interventions. Le mode d'action repose sur le contrôle de la liquidité bancaire qui s'exerce à travers la politique du refinancement (une action sur l'offre de monnaie centrale) complétée par l'imposition des réserves obligatoires (une action sur la demande de monnaie centrale).

II.II.2.2.1 - LA NOUVELLE POLITIQUE DE REFINANCEMENT

La politique de refinancement, principal mode d'intervention de la BEAC, s'exécute via le marché monétaire. Cette politique est mise en oeuvre sous forme d'avance sur titres, et revêt deux formes :

? une action par les quantités (objectif de refinancement). Ici, la BEAC s'appuie sur l'exercice de programmation monétaire pour arrêter les objectifs de croissance des agrégats monétaires et de refinancement compatibles avec la réalisation des objectifs finals de la politique monétaire. En effet, dans le cadre des accords de mobilisation, la BEAC distingue parmi les titres de créances inscrits à l'actif des établissements de crédit, ceux qui

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peuvent servir de supports à ses concours. Elle arrête ainsi, de façon trimestrielle, un objectif de refinancement qui représente la limite maximale des avances qu'elle est disposée à accorder aux établissements éligibles au niveau 2 du marché monétaire. Cet objectif peut être dépassé par Etat si le taux de couverture extérieure de la monnaie est globalement satisfaisant pour la Zone et s'il existe des facultés d'avances disponibles recensées au niveau des établissements de crédit éligibles. A cet effet, il est prévu un mécanisme d'interventions ponctuelles assorti de conditions de taux spéciales. En revanche, cet objectif devient un plafond rigide si le pays est en programme avec le FMI ou si le taux de couverture extérieure se dégrade profondément en se situant en deçà de 20 %.

? une action par les prix (taux d'intérêt) qui s'inscrit dans le cadre de la nouvelle politique des taux de la Banque. Les avances sont accordées à un taux d'intérêt (TIAO, soit le Taux d'Intérêt des Appels d'Offres) fixé par le Comité de Politique Monétaire, suivant les objectifs de la politique monétaire. De plus, la BEAC ponctionne de la liquidité par le biais des appels d'offres négatifs, à un taux d'intérêt fixé par le Comité de Politique Monétaire (Taux d'intérêt sur les placements ou TISP).

II.II.2.2.2. - LA POLITIQUE DES RESERVES OBLIGATOIRES

L'article 20 des Statuts de la BEAC prévoit que le Comité de Politique Monétaire peut prendre toutes les dispositions pour imposer aux établissements de crédit la constitution de réserves obligatoires. Le recours aux réserves obligatoires vise à « mettre en banque » le système bancaire, c'est-à-dire, à le contraindre au refinancement lorsque les facteurs autonomes de la liquidité bancaire engendrent un excédent de monnaie centrale pour les établissements de crédit. Ainsi, les réserves obligatoires, par leur action structurelle, sont un complément à la politique du refinancement.

Au vue de ce qui précède, force nous est donnée de conclure que la politique de crédit généreuse d'avant 1990 que les entrepreneurs regrètent tant aujourd'hui relevait de la forte implication de l'Etat dans le système bancaire camerounais ; notamment avec le rôle non important que jouait le MINEFI en lieu et place des organes de régulation indépendants. Ce qui a débouché sur une crise bancaire dont les conséquences n'ont pas été négligeables. D'où la restructuration dudit système qui a suivi cette crise et qui était axée sur la nouvelle politique monétaire, traduite par une intervention accrue de la BEAC sur le marché monétaire via les instruments de la politique monétaire tels que le refinancement des banques et la politique des reserves obligatoires.

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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

En somme, la relation banque-entreprise telle que présentée dans le cadre de cette partie, a necessité que nous passions d'abord en revue le concept de l'endettement bancaire de entreprises dans un contexte d'économie d'endettement telle qu'elle existe au Cameroun. Car, la problématique de financement des entreprises dans le monde et au cameroun en particulier trouve en partie son explication dans cet argumentaire. Bien que l'asymétrie informationnelle entre entrepreneurs et banquiers reste un motif non négligeable qui expliquerait aussi le comportement actuel des banques camerounaises.

Cette situation est d'autant plus renforcée vue le nombre d'offreurs de services bancaires qui existe sur le marché bancaire camerounais et la réglémentation bancaire dont les organes indépendants de la sous région sont aujourd'hui les garants.

Mais, bien que les banques et les entreprises se rejètent mutuellement la faute, il serait nécessaire de faire une analyse approfondie dans la suite de ce travail. Notamment en nous appuyant sur les difficultés rencontrées par les promoteurs au niveau de l'analyse de demandes de crédit par les gestionaires de fonds de commerce, et plus loin, nous réaliserons une étude empirique pour essayer de ressortir l'impact de ce phénomène sur la croissance économique du pays.

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DEUXIEME PARTIE

LES DIFFICULTES D'ACCES

DES PME AUX FINANCEMENTS

BANCAIRES ET IMPACT SUR

LA CROISSANCE

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A l'échelle mondiale, les Petites et Moyennes Entreprises (PME) représentent plus de 95% d'entreprises et génèrent plus de la moitié des emplois et du PIB non agricole. Le rôle que peuvent jouer les PME est par conséquent décisif pour assurer une croissance dynamique du pays dans le cadre de l'économie de marché, occuper une population active de plus en plus nombreuse, réduire la pauvreté et favoriser le progrès.

Au Cameroun, suivant les dispositions de la loi n° 2010/001 du 13 avril 2010 portant promotion des PME, l'ensemble des entités économiques regroupées sous les termes PME regroupe toutes les entreprises qui emploient au plus 10 personnes et dont le chiffre d'affaire n'excède pas un milliards de FCFA. Mais ce secteur reste mal connu, car les outils statistiques mis en place pour le « monitoring » de l'économie n'intègrent pas toujours les données de ce secteur.

Toutefois certaines études spécifiques réalisées ont permis d'avoir une idée du rôle de ce secteur dans l'économie camerounaise et de son potentiel, c'est-à-dire l'ensemble des ressources que possède en puissance cette catégorie d'entreprises et qui sont susceptibles de permettre aux PME de jouer un rôle majeur dans l'économie en vue de l'atteinte des objectifs de croissance et de création d'emplois visés par le Cameroun.

Pourtant le financement bancaire de ces PME ne s'avère pas toujours aisé, car les promoteurs d'entreprise de façon générale et particulèrement au Cameroun, font face à de nombreuses difficultés. Ce qui entraine des implications remarquables sur la croissance vue l'importance du nombre de PME dans le tissu économique camerounais.

L'objet de cette deuxième partie consistera donc à démontrer l'impact socio-économique des difficultés d'accès de cette catégorie d'entreprise au financement bancaire. Mais avant, nous nous atèlerons à démontrer dans notre chapitre troisième les difficultés rencontrées, et dans le quatrième, nous tenterons d'analyser cette situation à travers une étude empirique.

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CHAPITRE III : LE FINANCEMENT BANCAIRE DES ENTREPRISES AU CAMEROUN

Les PME tiennent une place essentielle dans les économies des PVD. Elles créent des emplois à la mesure des compétences locales et permettent la satisfaction à moindre coût des besoins élémentaires. Le secteur des PME fait preuve de plus de dynamisme que le secteur public dont la plupart des entreprises restent à la recherche d'un véritable équilibre. Il présente aussi un avantage d'autonomie par rapport à certaines grosses entreprises privées trop dépendantes de l'extérieur pour leurs approvisionnements ou pour leurs ventes. Une enquête menée par le CRETES (Centre de Recherche et d'Etudes en Economie et Sondage) montre que seulement 31% du financement des PME camerounaises est d'origine bancaire, le reste étant fourni par les tontines, l'épargne personnelle et accessoirement par la famille, les fournisseurs et les autres sources étrangères. Ce résultat de l'enquête de CRETES est la preuve que la relation banque-entreprise est emprunte d'une certaine méfiance ; les deux parties se rejettent mutuellement les causes de cette méfiance et s'accusent également de manquer de professionnalisme.

Le présent chapitre a pour objet de présenter la perception que chaque partie a de l'autre. Les deux parties on vient de le souligner, entretiennent la méfiance dans leur rapport réciproque et celle-ci peut être dévastatrice pour la croissance. Dans cette optique, il s'agira dans un premier temps d'exposer les contours de cette méfiance (I) avant d'analyser par la suite, ses implications sur la croissance (II).

III.I - LA RELATION BANQUE-PME AU CAMEROUN : UNE RELATION EMPRUNTE D'UNE MEFIANCE MUTUELLE

Quelles sont les raisons qui poussent les banques à afficher une attitude réservée lorsqu'il s'agit de financer les PME ? Quels sont les reproches que les PME adressent aux banques en rapport avec leurs besoins de financement ? C'est à ces deux questions qu'on tentera de donner une réponse dans les lignes qui vont suivre.

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III.I.1 - LES RAISONS D'UN ENGAGEMENT RESERVE DES BANQUES CAMEROUNAISES DANS LE FINANCEMENT DES PME

L'enquête menée par DIAL et DSCN (1993)25 a montré que pour l'exercice 1990/91, 85 % des industries de 20 employés et plus ont eu besoin d'un crédit pour financer leurs investissements. Parmi celle-ci, 70 % ont eu des difficultés à l'obtenir. Le coût du crédit est évoqué par 28 % des PME et le fait que les banques prêtent difficilement par 42 %. Bien que l'échantillon d'entreprises interrogées soit trop faible pour être représentatif (18 cas), des entretiens effectués en mars 1996 avec les directeurs financiers de certaines industries confirment cette tendance (l'annexe n° 4 présente la liste de ces entreprises) : les petites et moyennes entreprises (étrangères ou camerounaises) n'arrivent pas à se procurer du crédit, que ce soit pour le financement de l'exploitation ou des investissements. L'enquête a également révélée deux autres réalités : premièrement, si les grandes entreprises camerounaises n'ont pas de problèmes pour financer leur exploitation, par contre, le financement des investissements est moins évident ; deuxièmement les grandes entreprises étrangères n'ont pas à proprement parler, de problème de financement justement parce qu'elles disposent de sources de financement variées.

L'enquête de DIAL et de la DSCN a mis en évidence une vérité : au Cameroun, les entreprises, qu'elles soient petite, moyennes ou grandes, éprouvent beaucoup de difficultés pour accéder au financement bancaire. Les raisons qui poussent les banques installées au Cameroun à la méfiance dans le financement des entreprises sont nombreuses et multiples. Mais dans le cadre de ce travail, on se limitera à quelques raisons non moins évocatrices à savoir : le caractère apparent de la surliquidité bancaire, la contrainte des normes prudentielles, les risques encourus par la banque dans le financement des PME, l'importance des créances douteuses,

III.I.1.1 - LA SURLIQUIDITE APPARENTE DES BANQUES

Pour accorder un crédit26, de manière générale, les banques ont les possibilités suivantes :

? octroyer une partie de l'épargne qu'elles viennent de collecter,

25 Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale du Cameroun

26 Cette approche correspond à celles des banquiers (les dépôts font les crédits), elle s'oppose à l'approche macroéconomique (les crédits font les dépôts).

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? réorienter l'épargne préalablement allouée qui leur est remboursée,

? récupérer des liquidités auprès de la Banque Centrale en refinançant certains crédits non encore arrivés à échéance,

? emprunter aux autres banques (via le marché interbancaire), à la Banque Centrale, ou à l'étranger (notamment auprès des maisons-mères)

La mobilisation des ressources par ces différents canaux constitue la capacité d'offre de crédit. Au Cameroun, cette capacité a été renforcée après la restructuration des banques dans les années 90. En effet, à la suite des réformes bancaires et monétaires de 1990, le vrai défi était de favoriser la mobilisation par les banques de l'épargne nationale, préalable indispensable à l'investissement. Les dépôts à vue ont progressé de 30 % entre 1988 et 1990 et les dépôts à terme de 17 % entre 1988 et 1991 (JOSEPH, 1998). On peut légitimement attribuer ce regain de confiance vis-à-vis du secteur bancaire à l'aboutissement des réformes, et particulièrement à la mise en place du marché monétaire au sein de la zone BEAC à partir de juillet 1994. Toutefois, au cours de 1992 et 1993, l'anticipation de la dévaluation a incité beaucoup de déposants à placer leurs avoirs à l'étranger et notamment en France : entre le 31 décembre 1991 et le 31 décembre 1993, les dépôts à vue ont chuté de 42 % et les dépôts à terme de 18 %. Afin de stopper la fuite des liquidités, la fin de la convertibilité extérieure du FCFA a été déclarée en août 1993. Cette mesure fut complétée en septembre 1993 par la fin de la convertibilité des billets entre les deux zones UMOA (Union Monétaire Ouest Africaine) et CEMAC. Certes, la fuite des dépôts a été ralentie27 mais elle n'a pas été stoppée car, de manière détournée, de nombreux agents ont pu continuer à sortir des billets. Par exemple, En 1995, les dépôts à vue ont chuté de 16 % (en réel) et les dépôts à terme de 12 % car les agents manquaient de confiance dans le système bancaire. En effet, depuis le second semestre 1995, il était déjà question de nouvelles restructurations qui ne pouvaient pas rassurer les épargnants. Ainsi, pour éviter que leurs dépôts soient bloqués, les agents ont retiré leurs liquidités du système bancaire engendrant une situation proche de paniques bancaires (AGLIETTA et MOUTOT, 1995). Entre décembre 1995 et avril 1997, les dépôts à vue ont progressé de 3 % et les dépôts à terme ont chuté de 21 % (en nominal). En revanche, au cours de l'année 1997, la liquidité bancaire s'est nettement améliorée dans son ensemble. Comme il apparaît au graphique d'annexe 1, cette amélioration s'est poursuivie de manière satisfaisante, car les variations ont été par exemple de +53 % de 1997 à 2000, de +27 % de 2000 à 2003, et enfin plus de 100 % de 2003 à 2006.

27 La chute des dépôts bancaires est beaucoup moins importante en 1993 qu'en 1992

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Une autre réalité de cette évolution est que la capacité d'offre de crédit n'est qu'apparente, dans la mesure où les dépôts collectés sont essentiellement à court terme qui ne peuvent être utiles qu'à la distribution des crédits à court terme. Or, ces crédits financent généralement les opérations de court terme à rentabilité immédiate comme le commerce général de distribution et l'import-export; ils ne peuvent donc pas financer les investissements à moyen et long terme, parce que les banques camerounaises à cause de la faible transformation des dépôts à court terme en emplois en moyen et long terme. En fait, la capacité de transformation par les banques de leurs dépôts à cour terme en emplois longs étant très limitée, les banques ne peuvent jouer qu'un rôle marginal0 dans le financement des investissements des entreprises. Or dans la structure passée et actuelle des ressources des banques, les dépôts à court terme sont les plus importantes.

Il vient donc que constituée pour l'essentiel des dépôts à court terme, la liquidité bancaire au Cameroun n'est qu'apparente. D'ailleurs, certains dirigeants des banques ne se privent pas des déclarations du genre « les banques camerounaises se trouvent dans une situation de surliquidité en trompe oeil »

III.I.1.2 - LA CONTRAINTE DES RATIOS PRUDENTIELS

Pour éviter les errements d'avant les réformes monétaires et financières de 1990, il a été créée comme cela a été souligné plus haut, la COBAC, qui est un organisme de surveillance et de contrôle de l'activité bancaire. La COBAC a mis en place des ratios prudentiels qui s'imposent aux banques et qu'elles sont tenues e respecter à titre indicatif, on peut citer :

Le but de ces ratios est de limiter la prise de risques inconsidérés par les banques (ratios de solvabilité) et de garantir aux déposants de pouvoir récupérer leurs placements dès qu'ils le désirent (ratios de liquidité). Selon le rapport d'activité de la COBAC de 1992/93, "la solvabilité s'entend comme l'aptitude d'un établissement de crédit à faire face en toutes circonstances à ses engagements au moyen de ses ressources propres". Selon le même rapport, "la liquidité d'un établissement de crédit est sa capacité à honorer ses engagements à vue ou à très court terme". Du fait de ces ratios, les banques ne peuvent transformer toutes les ressources qu'elles ont collectées.

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III.I.1.3 - L'IMPORTANCE DES CREANCES DOUTEUSES ET IRRECOUVRABLES

Bien que les banques camerounaises aient été restructurées, leurs bilans étaient en 1995 encore encombrés par les créances douteuses qui représentaient en moyenne 32 % des portefeuilles. Cette situation a même empiré, les créances douteuses ayant atteint 36 % des portefeuilles à la date du 28 février 1997, soit un montant de plus de 110 milliards. De 1997 à 1999, leur progression a été de 34 %. Bien que, entre 2000 et 2001, la tendance soit plutôt à la baisse, le niveau des créances douteuses reste préoccupant ; on a même enregistré une légère progression depuis 2003. Les ressources collectées dans le passé étaient immobilisées et ne pouvaient être dirigées vers de nouveaux investissements. Si toutes les catégories d'agents économiques sont responsables des créances douteuses, beaucoup d'entre elles proviennent de l'Etat28 et des organismes publics : selon la Banque Mondiale, en 1995, les arriérés du secteur public (Etat plus entreprises publiques) envers les banques commerciales se chiffraient à 246 milliards de FCFA129. La part des crédits accordés à l'Etat a considérablement progressé depuis les premières restructurations de 1989, passant de 10 % à 31 % des crédits totaux accordés par les banques et ce malgré l'exclusion à partir de 1991 des bilans des banques liquidées. Du point de vue des banquiers, les mesures accompagnant la dévaluation ont permis d'alléger la dette extérieure mais n'ont pas concerné la dette de l'Etat et ce sont les banques qui continuent de la financer de manière indirecte. Certes, il est vrai, le problème du financement de l'Etat est en fait beaucoup plus large que les créances douteuses qu'il a directement suscitées. Dans cette optique, PEYRARD (1992) estime en effet que l'Etat et le secteur public sont à l'origine d'une bonne part des créances douteuses du secteur privé. Les entreprises privées n'ont pu honorer leurs engagements car le secteur public n'a pas payé ses commandes. Cet aspect est fondamental même aujourd'hui, pour comprendre la frilosité actuelle des banques à l'endroit des entreprises. Il est vrai, l'Etat a certes respecté certaines des conditionnalités imposées par le FMI, mais il a masqué le déficit public en le transférant dans le système bancaire.

Il reste que malgré la restructuration, la vulnérabilité du secteur bancaire camerounais

28 Les crédits destinés à l'Etat posent également un problème d'efficacité. Selon King et Levine (1992), les pays au sein desquels le ratio "crédits destinés à l'Etat / crédits totaux " est le plus important sont ceux pour lesquels le secteur financier a peu d'effet sur la croissance économique via l'efficacité des investissements.

29 Les sources de calcul de la Banque Mondiale et du bulletin des Etudes et Statistiques de la BEAC sont différentes car selon les données BEAC, la totalité des créances (saines et douteuses) accordées à l'Etat et aux entreprises publiques n'est que de 217 milliards de FCFA au 31/12/1995.

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S'est sensiblement accrue depuis bientôt une dizaine d'année. En effet, il y a maintenant quatre banques menacées d'insolvabilité et une cinquième serait elle aussi en difficulté (contre trois à fin 2010) pour trois raisons :

y' ces banques sont confrontés à des problèmes de mauvaise gestion, dus en particulier à leurs prêts à des parties liées;

y' il demeure impossible de mettre sur pied des plans de restructuration viables pour les banques qui sont déjà en difficulté;

y' les ressources humaines de certaines banques sont mal équipées pour faire face aux exigences des conditions changeantes du marché.

Les fonds propres nets négatifs liés aux pertes sur prêts non productifs (PNP) de l'une des plus grandes banques intérieures ont été estimés à 60 milliards de francs CFA (contre des actifs évalués à 113 milliards de francs CFA), outre le montant estimé à 20 milliards de francs CFA pour les autres banques en difficulté. Le nombre des banques en difficulté et la part importante du marché de détail sous leur contrôle constituent un risque. Il est vrai que la quasi-inexistence de prêts interbancaires réduit le risque de contagion, mais la faillite d'une banque pourrait toutefois précipiter une perte de confiance dans d'autres banques sous-capitalisées. Le principal risque lié aux éventuelles fermetures bancaires serait donc de nuire à la réputation des banques en ébranlant la confiance du public dans le système bancaire et le pouvoir des instances de contrôle.

La situation ci-dessus décrite conduit à se poser la question de savoir si le système bancaire camerounais est en crise permanente et sa restructuration également permanente.

Il est clair qu'un climat bancaire et financier non assaini conduit évidemment les banques à être plus regardantes par rapport aux risques qu'elles prennent et donc à rendre plus difficile l'accès des entreprises aux différents crédits bancaires.

III.I.1.4 - LES DIFFICULTES DE DETERMINATION DES RISQUES DES PROJETS A PARTIR DES SITUATIONS COMPTABLES DES PME

Selon CAPRIO et HONOHAN (1991), en raison de l'asymétrie d'informations, les banques sont parfois incapables d'évaluer la probabilité de défaut des projets pour lesquels elles sont sollicitées et préfèrent rejeter les demandes au lieu de prendre le risque de s'engager dans des projets trop risqués. Le fait qu'une entreprise produise des éléments comptables n'est pas toujours suffisant pour réduire l'asymétrie d'informations, car ces documents,

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quand on se réfère aux manipulations qui les entourent lors de leur confection, ne sont pas fiables. En effet, les entreprises établissent souvent trois déclarations statistiques et fiscales (DSF) : la première a un usage interne, la deuxième est destinée aux impôts et à la Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale et la troisième à la banque. L'audit de ces documents par des commissaires aux comptes assermentés n'est pas un critère de fiabilité en raison des problèmes de corruption. Bien que les banques aient des logiciels pour retraiter les bilans et déceler les incohérences, il n'en demeure pas moins qu'elles ont toujours du mal à évaluer le risque des entreprises.

III.I.1.5 - LA MISE A L'ECART DES PROJETS A PROBABILITE D'ECHEC TROP ELEVE

Pour prendre la décision de mettre à l'écart de sa politique de crédit les projets à probabilité d'échec trop élevé, les banques évaluent tour à tour le comportement de l'investisseur, la probabilité de réalisation de l'état défavorable de la nature, avant de prendre par la suite la décision.

III.I.1.5.1 - L'EVALUATION DU COMPORTEMENT DE L'INVESTISSEUR

Avant d'étudier le risque spécifique du projet, les banques s'intéressent d'abord à la personnalité et à la surface financière de l'investisseur. Autant les banques camerounaises manquent d'informations comptables fiables, autant il leur est relativement facile d'obtenir des renseignements sur les emprunteurs potentiels en raison de la taille relativement faible du marché et de la densité du tissu social. Lorsqu'un entrepreneur les sollicite, elles cherchent à savoir s'il connaît le secteur du projet, si c'est un homme de terrain, s'il maîtrise la technique du projet. Elles évaluent s'il va respecter ses engagements, autrement dit s'il les préviendra dès que l'entreprise aura des problèmes. Les banques cherchent surtout à savoir si l'entrepreneur ne confondra pas les bénéfices de l'entreprise avec ses revenus.

III.I.1.5.2 - L'EVALUATION DE LA PROBABILITE DE REALISATION DE « L'ETAT DEFAVORABLE » DE LA NATURE

L»état défavorable de la nature est lié à la réalisation de trois risques : le risque spécifique du projet, une mauvaise anticipation de la demande en raison d'une méconnaissance du secteur, et la réalisation d'une variable purement aléatoire que ni la banque ni l'entreprise ne peuvent anticiper.

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Pour déterminer le risque spécifique du projet, la banque s'appuie sur des critères techniques (recours à des ingénieurs spécialisés) et sur des données comptables (bilans antérieurs et états prévisionnels). Pour ce qui est du risque du projet ; les banques établissent un équilibre entre les différents secteurs envers lesquels elles s'engagent et décident, selon chaque secteur, d'intervenir plutôt en amont ou plutôt en aval. Elles étudient ses débouchés, sa structure (concurrentielle, oligopolistique ou monopolistique), et les principaux opérateurs présents. Quant au risque purement aléatoire, les banques savent qu'au Cameroun, la probabilité de réalisation de "l'état défavorable" de la nature est très importante. Elles demeurent très prudentes pour s'engager même si l'entrepreneur paraît "solide", même si le risque spécifique du projet est relativement faible et même si le marché semble présenter des débouchés conséquents. L'importance du risque au niveau macroéconomique conduit les banques à adopter un comportement attentiste.

III.I.1.5.2 - LA DECISION DE FINANCEMENT DE LA BANQUE

En général, la décision finale d'accorder un crédit par une banque, est prise de deux manières. Soit le responsable du suivi du dossier établit l'analyse du risque, soit ce travail est confié à une cellule spécialisée. Dans le premier cas, le personnel rencontre le client, analyse le risque et prend la décision d'accorder ou de refuser le crédit. Dans ce type d'organisation, le responsable du suivi du dossier connaît le comportement de l'entrepreneur et tous les aspects du projet. Les banques qui fonctionnent de cette manière mettent en avant la relation de clientèle.

Dans le deuxième cas, les spécialistes de l'analyse du risque ont plus de recul que les responsables du suivi du dossier. De plus, grâce à ce mode de fonctionnement, les banques centralisent l'information. Cependant, les analystes sont moins aptes à apprécier le degré de confiance dans le comportement de l'emprunteur.

III.I.1.6 - L'IMPOSIBILITE D'EVITER LES PERTES A LA BANQUE EN CAS DE DEFAILLANCE DE L'ENTREPRISE

Il apparaît de plus en plus qu'en cas de défaillance de l'entreprise emprunteuse, la créance de la banque entre dans la catégorie des créances irrécouvrables, s'il n'existe pas de garanties ; leur absence rend le recouvrement de la créance bancaire difficile.

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III.I.1.6.1 - L'ABSENCE DE GARANTIES

Les banques exigent le dépôt des garanties à leurs guichets parce que celles-ci ont un double rôle. Elles entraînent une diminution de la probabilité de défaut de l'emprunteur30 liée au risque d'aléa moral (l'emprunteur fera tous les efforts pour rembourser la banque afin de ne pas perdre la garantie fournie) et elles réduisent la perte de la banque en cas de réalisation du risque. Les garanties demandées par les banques sont des cautions des maisons-mères ou des principaux actionnaires, des sûretés personnelles, des cautions hypothécaires et des nantissements de matériel productif. La contre-garantie d'une banque étrangère de premier rang évite à l'emprunteur d'avoir à payer la prime de risque. Sur les garanties apportées par les entreprises, les banques tiennent compte du risque de vol et de dépréciation. Beaucoup d'entreprises n'ont pas accès au crédit bancaire car elles ne peuvent pas satisfaire les exigences des banques en matière de garanties, ce qui limite leur accès au financement bancaire.

III.I.1.6.2 - LE DYSFONCTIONNEMENT DES PROCEDURES DE RECOUVREMENT

En cas d'insolvabilité de l'entreprise, les créanciers peuvent initier des procédures de recouvrement collectives. L'inefficacité des procédures et l'incapacité pour les banques de réaliser les garanties et de pouvoir récupérer leurs créances explique en grande partie leur comportement frileux vis-à-vis de sa clientèle en général et des entreprises en particulier. Cet aspect nous paraît fondamental et nous allons maintenant faire le point sur le déroulement des procédures de recouvrement collectives dans la partie francophone du Cameroun. Il existe des lois sur les faillites qui réglementent le processus de sortie des entreprises. Selon ATIYAS (1995) ces lois peuvent être analysées de deux manières :

y' elles peuvent être considérées comme un moyen de restructurer les entreprises solvables à long terme et qui traversent une crise d'illiquidité. En effet, si une entreprise est surendettée et peu performante, une restructuration (changement d'équipe de direction, réduction de la dette, abandon des actifs non performants) peut permettre de retrouver un niveau de rentabilité satisfaisant.

y' Elles peuvent être perçues comme un moyen de forcer le respect des contrats de dette. D'un point de vue micro-économique, la sortie est une sanction envers une

30 L'analyse de Stiglitz et Weiss selon laquelle une augmentation des collatéraux a un effet incitatif positif qui est plus que compensé par un effet sélectif négatif n'est pas valable dans la réalité où l'apport de garanties reste un moyen de diminuer le risque du projet.

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Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

entreprise non rentable. Sa disparition permet un transfert de ressources vers d'autres entreprises plus rentables.

Cependant, la vérité est que le système judiciaire camerounais ne protège pas suffisamment les banques. Celles-ci se plaignent et ne comprennent pas toujours que dans la majorité des litiges les opposant à leur clientèle, le système judiciaire se range du côté de celle-ci et cela est surtout vrai en ce qui concerne la clientèle entreprise. Un système judiciaire qui n'appuie pas les banques dans le recouvrement de leurs créances ne peut pas les encourager à financer l'investissement les entreprises.

III.I.1.7 - LE ROLE DE LA NOUVELLE POLITIQUE MONETAIRE

La nouvelle politique monétaire de la BEAC issue des réformes monétaires de 1990 a pour objectifs : la lutte contre l'inflation, l'équilibre extérieur et la défense de la monnaie qui est le Franc CFA. Pour atteindre ces objectifs, la BEAC applique la programmation monétaire au Cameroun depuis janvier 1991 et dans les cinq autres Etats depuis janvier 1992. Celle permet à l'autorité monétaire qu'est la BEAC de déterminer le rythme de croissance de la masse monétaire, en fonction de certaines variables macroéconomiques et de la conjoncture économique sur une période donnée avec toutefois la possibilité de révision et/ou de réajustement au regard de l'évolution des grandeurs réelles. Pour cela la BEAC s'appuie sur un certain nombre de variables dont notamment : le PIB, les AEN (avoirs extérieurs nets) le SBP (solde budgétaire public) et le NGP (niveau général des prix).

Au regard de ce qui précède, on peut dire que la programmation monétaire permet de lier la création monétaire à l'évaluation précise des besoins de financement, sous la contrainte du respect des équilibres qui dépendent du solde de la balance courante, et du solde de la dépense publique. Un tel permet à la BEAC de maîtriser la création monétaire par les banques. L'existence d'un marché interbancaire depuis 1994 a complètement modifié la relation entre les banques et la BEAC (voir Schéma 1). Désormais aucune banque, notamment celles qui ont déficitaires ne peuvent plus se refinancer auprès de la BEAC, sans d'abord passer par le marché interbancaire. Cette contrainte de passage par le marché interbancaire se justifie par le fait que la BEAC veut s'assurer que les banques ont épuisé toutes les possibilités qui s'offrent à elles sur ce marché avant de recourir au refinancement de la Banque Centrale.

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Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Cette contrainte signifie également que les banques ne pourront plus faire appel directement et de façon automatique au refinancement de la Banque Centrale pour satisfaire la demande de crédit de leur clientèle entreprise, comme c'était le cas après les Accords de Brazzaville de novembre 1972, puisque l'offre de monnaie est désormais conditionnée par le respect des grands équilibres sus-rappelés. La programmation monétaire exclut par conséquent toute politique de crédit laxiste.

III.I.2 - LES REPROCHES DES PME AUX BANQUES CAMEROUNAISES

Les PME reprochent aux banques leur excès de bureaucratie et de formalisme dans la constitution des dossiers demande de crédit d'investissement, l'exigence de nombreuses garanties, les coûts de transactions élevés, une politique discriminatoire de leur politique de crédit, le coût élevé du crédit et enfin une tendance très poussée au financement à court terme.

III.I.2.1 - L'EXCES DE BUREAUCRTIE ET DE FORMALISME DANS LA CONSTITUTION

DES DOSSIERS DEMANDE DE CREDIT D'INVESTISSEMENT

Pour beaucoup de promoteurs des PME, la constitution d'un dossier de demande d'un crédit d'investissement s'apparente à un véritable calvaire, tout au moins quant on se réfère au types et au nombre de documents généralement exigés par les banques lorsqu'il s'agit d'un projet d'investissement. Bien plus, non seulement le personnel des banques ne donnent pas aux promoteurs des PME les informations à la constitution du dossier de demande de crédit en une seule fois, mais surtout, ceux-ci sont soumis à plusieurs aller et venir entre la banques et les différents services publics et privés auprès desquels ils pourraient obtenir les documents exigés par le banquier. Cet excès de bureaucratie et de formalisme rallonge inutilement les délais de constitution d'un dossier de demande de crédit d'investissement, avec parfois l'abandon de certains promoteurs des PME qui ne supportent pas les tracasseries administratives qui semblent être la règle au Cameroun.

Il ne s'agit pas ici pour les banques d'accorder un crédit d'investissement sans un dossier qui sous-tend la demande de la PME, comme cela se faisait avant la crise bancaire du

61

62

63

64

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

milieu des années 8031 ; un tel comportement des banques serait alors inadmissible, voire suicidaire pour elles. En fait il est question ici pour les banques, de donner la bonne information aux investisseurs, pour que la constitution des dossiers de demande de crédit d'investissement soit empreinte de moins de bureaucratie et de formalisme.

III.I.2.2 - L'EXIGENCE DES GARANTIES

Pour bénéficier d'un crédit d'investissement, il faut que le projet à financer dégage une certaine rentabilité. Mais la question qui se pose alors à ce niveau de l'analyse, est celle de savoir si les banques peuvent se satisfaire de ce seul critère. Dans les pays développés où la relation banque-entreprise est une relation de confiance réciproque, il est possible de répondre à cette question par l'affirmative. Par contre, dans les PVD où le plus souvent c'est la méfiance voire la suspicion sur lesquelles reposent la relation banque-entreprise, la réponse est évidemment non ! En effet, dans ces pays même si un projet d'investissement dégage une rentabilité satisfaisante, la banque exigera toujours des garanties et elle privilégiera surtout les garanties réelles (hypothèques sur immeubles bâtis ou non) ; or les PME, surtout celles qui sont en création et qui doivent louer un ou plusieurs locaux pour implanter leurs installations, n'ont pas toujours la possibilité de produire une garantie réelle. L'absence de garantie réelle constitue par conséquent, un facteur explicatif des difficultés d'accès des PME au financement bancaire [(NGO NTOMB (2008) et ]. En conséquence, on ne peut pas condamner la banque d'exiger des garanties à son client en contre partie du crédit qu'elle va lui accorder, étant donné que celles-ci réduit le risque et surtout, dissuade le client d'abuser de la confiance placée en lui. Bien plus, lorsqu'il s'agit de financer les PME, les garanties sont encore plus nécessaire et indispensables, car il s'agit-là d'un sous-secteur à grand risque. Toutefois, il y a des limites dans la demande des garanties car celles-ci ne doivent pas couvrir cinq cent fois le risque du banquier. Le cumul des garanties peut se révéler anti économique parce qu'immobilisateur de facteurs de production pendant toute la durée du crédit.

III.1.2.3 - LE COUT ELEVE DU CREDIT

Les réformes monétaires et financières des années 90 ont également concerné le taux d'intérêt. La réforme sur les taux d'intérêt a abouti à la libéralisation financière au sens où

31 La politique laxiste du crédit pendant cette période avait été telle que parfois, aucun dossier ne sous-tendait la demande de crédit. Cette pratique s'est traduite par l'accumulation d'importantes créances irrécouvrables qui ont mis à mal la solvabilité des banques.

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

MCKINNON ET SHAW (1973) l'ont analysé. Cette libéralisation des taux a eu pour conséquence un mouvement à la hausse continue des taux débiteurs ; ceux-ci vont atteindre le point culminant avec la dévaluation du FCFA de 994, soit 16 % et 17 % pour le taux de base et 24 % et 29 % pour le taux de sortie. Selon ATTOUH (2006), des taux d'intérêt aussi élevés, ont conduit les banques à développer un mécanisme auto-répressif différent de celui de Mckinnon-Shaw. Tout investisseur rationnel, refusera de s'endetter auprès d'une banque à ces taux. En conséquence, des taux d'intérêt aussi élevé ne sont pas sans conséquence négative sur l'investissement. En effet, si on se réfère aux statistiques monétaires de la BEAC, il apparaît qu'entre 1990 et 1997, les crédits à l'économie ont enregistré une croissance négative qui s'est répercuté sur l'investissement et celui-ci a diminué d'environ 10 %. ATTOUH (2006) note avec pertinence qu'il s'agit là d'une évolution contraire à ce qui se passait entre 1973 et 1989, dans la mesure où pendant cette période, le taux d'intérêt était un instrument de stimulation de l'investissement et d'orientation sectorielle du crédit.

III.1.2.4 - LES COUTS DE TRANSACTION ELEVES

Les coûts de transaction comprennent : les frais de dossier et de mise en place du crédit, les frais de convention (frais de notaire). Les frais de dossier et de mise place du crédit ne sont pas réglementés par l'Autorité monétaire ; ils sont fixés par chaque banque. Les frais de convention sont déterminés par la réglementation en vigueur en fonction du montant du crédit. Si les banques argumentent que les frais de dossier et de mise en place du crédit sont nécessaires parce qu'ils permettent d'amortir les coûts de gestion pendant l'instruction des dossiers de crédit, les promoteurs des PME jugent ces frais trop élevés. Ils peuvent par conséquent les dissuader de demander les crédits.

III.1.2.5 - LA POLITIQUE CREDIT DISCRIMINATOIRE DES BANQUES

Pour qu'une banque accepte de financer un projet d'investissement, il faut que ce projet soit rentable, il faut qu'elle s'assure qu'elle minimise le risque. En général, le critère de rentabilité mis en avant part les banques, les amène à développer délibérément une politique discriminatoire de distribution des crédits. En effet, la politique de crédit mise en place exclut du service bancaire le paysan, le petit entrepreneur, les artisans et les PME. Cette exclusion s'explique par le fait que les banques au Cameroun s'en tiennent aux données classiques pour apprécier la demande de crédit de ce type d'opérateurs économiques. Comme le souligne

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

ATTOUH (1980), cette discrimination dans la politique de distribution de crédit est accentuée par toute une gamme de formalités administratives auxquelles la grande entreprise échappe, mais qu'on impose aux paysans, aux petits entrepreneurs, aux artisans et aux PME. Par ailleurs, au Cameroun, il est plus facile d'obtenir un crédit pour acquérir une moto ou une voiture que pour créer un hectare de banane-plantain par exemple. D'autre part, l'autofinancement de 20 % du montant total des investissements des entreprises, actuellement imposé aux promoteurs contribue à renforcer la politique discriminatoire de crédit des banques32. Il est vrai, l'autofinancement obéit au principe économique qui veut que l'épargne préexiste à l'investissement. Lorsque la banque exige l'autofinancement de l'investisseur, il incite par ce moyen, à l'épargne préalable de celui-ci. Bien plus, à partir de l'autofinancement, la banque est plus encline à faire confiance à l'investisseur, parce qu'il accepte de risquer dans l'investissement, son épargne. Or, au Cameroun comme partout ailleurs en Afrique, très peu d'investisseurs locaux peuvent réunir les 20 % d'autofinancement minimum exigés par les banques. En définitive, on peut se demander à la suite de YONDO (1986)33 « d'où est-ce-que le jeune diplômé, désireux de s'installer désireux de s'installer à son compte, muni d'un projet de PME viable obtiendra les 40 millions représentant les 20 % d'autofinancement ? A moins qu'il soit d'une famille aisée dont le nombre total représente une infime minorité de privilégié »

III.II - LES IMPLICATIONS D'UNE RELATION DE MEFIANCE BANQUE-PME SUR LA CROISSANCE DU CAMEROUN

Le rôle du système bancaire dans l'activité économique peut être diversement appréhendé. Toutefois, sa contribution au niveau de l'investissement et partant de la croissance d'un pays a fait l'objet d'une attention particulière dans la littérature économique. Ainsi, SCHUMPETER (1912), soulignait déjà la grande importance des banques dans le fonctionnement du système économique, et leur apport bénéfique à la croissance à travers le financement de l'innovation. BENCIVENGA ET SMITH (1991) montrent qu'une bonne gestion du risque de liquidité par le secteur bancaire permet d'augmenter la part de l'épargne allouée aux placements davantage productifs tout en

32 C'est l'article 23 du Décret Présidentiel du 13 juin 1984 qui exige la libération d'un autofinancement de 20 % par les PME

33 Cité par ATTOUH (1988)

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

gardant un niveau d'épargne constant. Ces auteurs établissaient par là et de façon théorique une relation positive entre le secteur bancaire et la croissance économique. Pour tout dire, la théorie économique indique que les banques ont la possibilité d'influencer positivement (à travers le financement des entreprises) la croissance. La question qui se pose à ce niveau de l'analyse est celle de savoir si dans un univers où la relation banque-PME est emprunte de méfiance comme c'est le cas actuellement au Cameroun, quelles pourraient en être les implications aussi bien sur l'investissement des entreprises que sur la croissance ? .

III.II.1 - LES IMPLICATIONS SUR L'INVESTISSEMENT DES ENTREPRISES

Au cours de la décennie 90, les banques se sont peu engagées dans le financement de l'économie pour deux raisons : la restructuration du système bancaire n'était pas encore achevée et la nouvelle politique de la BEAC reposant sur la programmation monétaire avait restreint considérablement la marge de manoeuvre des banques dans leur politique de crédit.

Sur le plan sectoriel, une enquête menée par DIAL (1993) et la Direction de la Statistique et la Comptabilité Nationale (DSCN) a montré que pour l'exercice 1990/91, 85 % des industries de 20 employés et plus avaient besoin d'un crédit pour financer leurs investissements. Parmi celles-ci, 70 % avaient eu des difficultés à l'obtenir. Le coût du crédit était évoqué par 28 % des industries et le fait que les banques prêtent difficilement par 42 %.

Sur le plan macroéconomique, les crédits à l'économie ont diminué de 27 % en terme réel de 1993 à 1994, et de 10 % en 1995. Entre 1995 et 1997, cette tendance ne s'est pas améliorée, et les crédits ont encore diminué de 17 % en terme nominal (JOSEPH, 1998). Sans entrer dans les détails, il s'en est suivi une faible capacité d'investissement (Banque Mondiale, 1995 ; NDJANYOU, 2001 ; KAMGNIA, 2002 ; FMI, 2003).

En réalité, le constat général était celui d'une atonie du crédit, les banques sont devenues frileuses et s'engagent peu dans le financement de l'économie (JOSEPH, 1998). La baisse des crédits illustre aussi le fait que suite à la dévaluation, l'Etat a apuré une bonne partie de ses arriérés de paiement auprès des entreprises qui ont moins sollicité les banques. Par ailleurs, la part des crédits accordés à l'Etat a considérablement progressé depuis les premières restructurations de 1989, passant de 10 % à 31 % des crédits totaux accordés par les banques et ce malgré l'exclusion à partir de 1991 des bilans des banques liquidées. Du point

65

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

de vue des banquiers, les mesures accompagnant la dévaluation ont permis d'alléger la dette extérieure, mais n'ont pas concerné la dette de l'Etat et ce sont les banques qui continuent de la financer de manière indirecte.

Le taux de couverture des crédits par les dépôts atteignait 110 % au 31 août 1996 contre 89 % en 1985, avant le déclenchement de la crise. Entre la fin de l'année 1995 et avril 1997, cette tendance ne s'est pas améliorée, et les crédits à l'économie ont diminué de 17 % (en nominal). Depuis cette date, l'évolution s'est beaucoup améliorée (voir annexe 2). En effet, après une diminution de l'ordre de 2 % en 2004, la variation des crédits à l'économie est redevenue positive et a atteint 11,2 % en 2005. De plus, il faut noter une prédominance des crédits à court terme qui représente 85 % des crédits accordés, car autant il n'y a presque plus de banques de développement dans le paysage bancaire, autant les banques commerciales hésitent encore à financer les projets inscrits dans le moyen et long terme. A ce niveau de l'analyse, il serait intéressant d'analyser l'incidence des crédits à court terme sur l'investissement

En effet, Il convient de rappeler ici que dès 1972 année d'entrée en application des Accords de Brazzaville, le CNC , après avoir analysé l'évolution des crédits à moyen et long termes au Cameroun, a constaté la régression de la contribution des banques créatrices de monnaie au financement des programmes d'équipement conçus dans le cadre des plans de développement économique et social34, et le CNC de conclure : « on peut regretter que l'intervention du système bancaire au financement dans le domaine du moyen et long termes aient été moins nettes »35. Dans cette perspective, il est possible d'affirmer ici à la suite de ATTOUH (1980) que ces différentes réflexions du CNC sont toujours d'actualité aujourd'hui dans la mesure où l'évolution par terme des crédits n'a pas fondamentalement changé depuis cette date.

Il reste que le crédit à court terme n'est pas une mauvaise chose en soi. Bien plus, on ne peut pas dire à priori que le fait qu'il constitue la majorité des moyens de financement distribués par les banques au Cameroun soit un handicap pour la croissance et le développement économique. Le crédit à court terme permet en effet aux entreprises de financer leur exploitation, sans oublier que lorsque le crédit à court terme permet aux entreprises de commercialiser leurs productions, il joue alors un rôle stabilisateur dans la mesure où il permet aux entreprises de dégager leur autofinancement. Toutefois, pour que

34 Cameroun : Rapport d'Activité du CNC 1972, cité par ATTOUH (1980)

35 Idem

66

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

l'impact du crédit à court terme soit positif, il faut que les activités qu'il finance se traduisent par une augmentation de la production ; dès lors, la distinction entre crédit à court terme et crédit à moyen et long terme devient l'élément important pour juger des effets sur l'économie d'une structure donnée du crédit. On va alors constater une prépondérance des crédits à court terme finançant en priorité le secteur tertiaire. Comme le souligne ATTOUH (1980), la concentration des crédits à court terme dans les activités de commerce est une survivance de l'économie de traite de la période coloniale ; l'indépendance n'a rien modifié dans la structure des crédits à l'économie distribués par les banques et dans une telle structure des crédits, l'investissement productif tient une place moins importance. Le CNC du Cameroun avait il est vrai et ce dès 1972, s'inquiétait déjà des conséquences sur l'économie du pays de la quasi-inexistence des crédits à moyen et long termes. Le CNC n'a pas manqué de déplorer cette situation en affirmant « il est à craindre que la baisse du rythme de croissance de notre économie d'une part, l'effet de stagnation du financement à moyen et long termes d'autre part, ne deviennent un handicap sérieux pour le développement »36

Il est vrai, lorsqu'on regarde l'évolution des crédits à l'économie, on constate bien qu'ils progressent régulièrement, ce qui signifie que les banques participent effectivement au financement de l'économie. Cette affirmation doit cependant être nuancé si on se réfère au taux d'endettement qui est déterminé en posant :

Crédit au secteur privé

Taux d'endettement =

PIB

Les calculs ont été effectués en éclatant les crédits au secteur privé en crédits à court terme et en crédits à moyen et long termes. Les résultats obtenus sont repris dans le Tableau 4 à partir duquel il est possible de faire les observations suivantes :

? Les résultats obtenus confirment la faible proportion des crédits à moyen terme et la quasi-inexistence des crédits à long terme indispensables au financement de l'investissement. Cette situation aurait pour cause la faiblesse du processus de transformation des maturités des dépôts courts en crédits longs comme cela a été souligné plus haut. Ce

36Idem

67

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

processus il faut le noter, a toujours été la caractéristique première de l'intermédiation financière

? Les résultats obtenus indiquent une évolution à la baisse du taux d'endettement aussi bien losrqu'on considère le total des crédits au secteur privé que les crédits à moyen et long termes également au secteur privé.

Tableau 4 : Crédits par terme sur crédits au secteur privé (en %)

ANNEES

CT

MT

LT

TOTAL

% CT

% MT

% LT

TOTAL
en %

PIB en
Millions de
CFA

TOTAL
/PIB
en %

MT+LT
/PIB
en %

2000

527931

137487

35097

700515

75,3

19,7

5,0

100,0

4643683,784

15,1

3,7

2001

582362

147528

30198

760088

76,6

19,5

3,9

100,0

4816554,628

18,8

3,6

2002

620701

183163

30577

834441

74,4

21,9

3,7

100,0

5439889,164

15,3

3,9

2003

649493

225241

33034

907768

71,5

24,8

3,6

100,0

6816922,506

13,3

3,8

2004

627180

247297

30412

904889

69,3

27,4

3,3

100,0

7887678,368

11,4

3,5

2005

643303

298218

35316

976837

65,8

30,6

3,6

100,0

8293928,755

11,7

4,0

2006

654283

306548

38628

999459

65,4

30,6

3,8

100,0

8976533,196

11,1

3,8

2007

697649

340361

45050

1083060

64,4

31,5

4,1

100,0

10215890,56

10,6

3,7

2008

810992

414344

57396

1282732

63,2

32,4

4,4

100,0

11661128,21

11,0

4,0

2009

825814

495723

57334

1378871

59,9

35,9

4,2

100,0

11690571,3

11,8

4,7

Source: Calcul de l'auteur à partir des données des Rapports d'activité de la BEAC

Au-delà des implications de la relation de méfiance entre banques et entreprises sur l'investissement, il est également intéressant de cerner ces implications dans un cadre plus général à savoir, celui de croissance économique.

III.II - LES IMPLICATIONS SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE

L'investissement, selon la théorie économique est le moteur de la croissance. En conséquence, toute action visant à accroître le taux d'investissement dans un pays peut avoir des répercussions positives sur sa croissance. Au Cameroun, les développements précédent ont permis de constater que le financement bancaire des entreprises n'a faiblement que soutenu l'investissement, ainsi que l'a constaté avec une certaine amertume le Président du GICAM, André SIAKA. En effet, au cours d'une table ronde le 20 janvier 2013, il a déclaré :

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

« le taux d'investissement ces dernières années au Cameroun a été très faible (17% en moyenne) alors qu'il est entendu que pour une croissance économique forte, il faut un taux d'investissement qui se situe durablement au moins au niveau du seuil critique de 25% l'an ». Le Président du GICAM justifie ce bas niveau de l'investissement par les difficultés d'accès au crédit des entreprises.

En effet, malgré la disponibilité des ressources financières dans les banques (près de 653 milliards Fcfa « ornent » actuellement les coffres des banques camerounaises, qui n'en n'ont rien à faire, explique le Président du GICAM ; pour lui « les financements destinés aux investissements productifs restent insuffisants ». Cela tient au fait que les hommes d'affaires camerounais éprouvent d'énormes difficultés à se faire octroyer les crédits. En témoignent les statistiques de la Beac, qui estime à 8% seulement du produit intérieur brut (PIB), le volume des crédits octroyés par les banques en 2005, aux opérateurs économiques privés. Pendant qu'en Afrique du Sud, sur la même période, cette sollicitude des banques vis-à-vis des hommes d'affaires était évaluée à 80% du Pib37.

68

37 Afrol News / Mutations, 16 January 2013 : Comment les banques freinent la croissance ?

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

69

CONCLUSION DU CAHPITRE III

Au terme de l'argumentaire de ce chapitre, force nous est donnée de constater que les difficultés que rencontrent les PME camerounaises à se faire financer ne relèvent pas exclusivement, de la volonté des banques de rejeter les demandes de financement. Elles sont limitées par les facteurs prudentiels et des problèmes d'informations. Bien que ce comportement qui ne leur est pas totalement imputable, il provoque un impact non moins considérable sur l'économie du Cameroun.

Pour mieux cerner cette situation, nous allons dans le cahpitre quatrième, formuler un modèle analytique basé sur une formulation des hypothèses et analyse des données secondaires.

70

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

CHAPITRE IV : LA VERIFICATION EMPIRIQUE DE LA

RELATION BANQUE-PME SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU CAMEROUN

La science économique pour comprendre la réalité, utilise comme toutes les autres sciences des méthodes qui lui permettent de mieux cerner certaines observations et d'avoir une connaissance exacte des faits grâce à des outils adaptés. Parmi ces outils deux en particulier sont régulièrement utilisés à savoir : la statistique et l'économétrie. Mais de manière spécifique, c'est l'économétrie qui est l'instrument le mieux adapté. En effet, « elle est l'application des méthodes statistiques et mathématiques à l'analyse des données économiques ; le but étant de trouver les fondements théoriques et empiriques, à les vérifier et à les réfuter » (MADDALA, 2001). L'intérêt de l'économétrie dans ce travail est lié au fait qu'elle est la branche de l'économie qui consiste à établir des lois ou à vérifier des hypothèses à partir de données chiffrées tirées de la réalité. C'est ce qui justifie que ce chapitre soit axé d'abord sur la description des variables retenues et la spécification du modèle économétrique (I), ensuite, sur la construction du modèle et sa vérification empirique (II).

I - LA DESCRIPTION DES VARIABLES RETENUES ET SPECIFICATION DU MODELE

Les variables sont des grandeurs susceptibles de prendre différentes valeurs. Elles peuvent être soit qualitatives (variables nominales, variables ordinales), soit quantitatives (variables discrètes, variables continues). En économie, ces indicateurs sont divers ; mais dans le cadre de ce travail, il est question de mettre en évidence les indicateurs de mesure retenus et de modéliser la relation banque-croissance

I.1- LES INDICATEURS DE MESURE ET MODELISATION DE LA RELATION BANQUE-CROISSANCE ECONOMIQUE

Les différents indicateurs de mesure seront d'abord analysés avant de passer à la phase de modélisation de la relation banque croissance économique

I.1.1- LES INDICATEURS DE MESURE

71

72

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Deux types d'indicateurs de mesures seront présentés dans les lignes qui suivent : les indicateurs de croissance économiques et les indicateurs de l'intermédiation financière.

I.1.1.1 - LES INDICATEURS DE CROISSANCE ECONOMIQUE

Pour pouvoir appréhender le comportement d'un phénomène économique, il faut au préalable définir une mesure permettant de quantifier ce phénomène. Dans le cadre de cette étude, la variable expliquée ou encore variable endogène est représentée par la croissance économique qui aura pour principal indicateur le produit intérieur brut réel en abrégé PIB réel. Celui-ci peut être défini comme étant le total de la valeur ajoutée des biens et des services réalisés dans un territoire pendant une période donnée y compris par les ressortissants étrangers. Cette dernière caractéristique constitue la principale limite du PIB réel comme indicateur de la croissance ; en effet, celui-ci tient compte de la production des non résidents (missions diplomatiques,...) mais pas de la production des nationaux à l'étranger et pourtant, les premiers ne réintroduisent pas les profits de leur production dans le circuit économique camerounais au contraire, l'envoient à l'étranger dans leurs pays respectifs pendant que les seconds introduisent plutôt les profits de leur production à l'étranger dans le circuit économique Camerounais. Il y a donc un manquant réalisé par les ressortissants étrangers et un apport effectué par les nationaux à l'étranger dont ne tient pas compte le PIB réel.

I.1.1.2 - LES INDICATEURS DE L'INTERMEDIATION FINANCIERE

En ce qui concerne les indicateurs de l'intermédiation financière, trois variables explicatives ont été retenues.

ü La vocation principale des banques est le financement de l'économie à travers l'intermédiation financière ; selon BIALES (1999), « la banque est une institution qui assure une grande partie du financement de l'économie grâce à des prêts variés adaptés aux besoins des emprunteurs... ». Ces concours accordés par les banques peuvent être subdivisés en deux groupes : ceux accordés à l'économie (c'est-à-dire au secteur privé) et ceux accordés à l'Etat ; mais ces derniers en définitive, servent principalement au remboursement de la dette extérieure ne seront pas considérés comme prêts influençant la croissance d'où le choix de notre variable explicative ; les crédits accordés au secteur privé aussi à bien à court, moyen et long terme.

ü Les banques durant leurs activités (principalement le processus intermédiation) créent de la monnaie lorsqu'elles accordent des crédits aux agents

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

économiques non bancaires (Entreprises, ménages, Etat et les collectivités publiques). Cette opération est d'une importance capitale pour l'économie parce que non maîtrisée elle peut conduire à des déséquilibres tels que l'inflation, la détérioration du pouvoir d'achat, les risques de dévaluation et autres ; l'ensemble des moyens de paiements créés et disponibles pour le public à un moment donné représente la masse monétaire. Mais cette masse monétaire comporte trois composantes dont les principales sont:

? M1 qui regroupe les disponibilités immédiatement utilisables dans les transactions courantes ;

? M2 qui regroupe M1 et la quasi-monnaie ;

? et enfin M3 qui regroupe M2 et l'épargne contractuelle.

Le second agrégat monétaire à savoir M2, étant le plus significatif au Cameroun, il sera donc retenu comme deuxième variable explicative du modèle

? Le taux d'intérêt est la troisième variable qu'il faut impérativement intégrer dans le modèle, parce que dans un univers où les investisseurs sont rationnels, il peut aider à comprendre le comportement d'endettement des entreprises auprès des banques. Le taux d'intérêt influence donc de façon considérable le volume des crédits distribués aux entreprises par le système bancaire.

I.1.2 - LE MODELE

Les débats nés autour de certains concepts économiques ont toujours été le reflet de la division de la théorie économique issue des différentes écoles de pensée. La contestation ou l'adhésion à une théorie résulte de la définition et du contenu que chaque auteur donne à un concept.

I.1.2.1 - JUSTIFICATION DU CHOIX DE LA MESURE DE LA CROISSANCE

ECONOMIQUE

De manière générale, la variable que l'on a coutume d'employer pour la mesure de la croissance est le taux de croissance du PIB réel qui se calcule de la façon suivante :

Taux de croissance du PIB=DPIB par tête/ PIB par tête

73

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Mais KING et LEVINE (1992,1993) affinent l'analyse en ajoutant à ce calcul du taux de croissance du PIB une autre formule qui est :

Taux de croissance du PIB= INV x EFF*

Avec :

INV= investissement brut domestique

EFF*= DPIB par tête d'investissement domestique

Afin de tenir compte de la dépréciation du capital, KING et LEVINE définissent

EFF* :

0,1(1 - INV)

EFF= EFF* + INV

Ce qui revient donc à : EFF = DPIB par tête/ D du stock de capital

Mais dans ce travail, seul le PIB est retenu comme indicateur de la croissance économique ; il se définit comme l'ensemble des biens et services produits sur le territoire national quelque soit la nationalité des producteurs.

Ce PIB se calcule de plusieurs manières à savoir :

V' Selon l'optique de la production ou optique de la valeur ajoutée dans laquelle il est l'agrégat des valeurs ajoutées des différentes branches de l'économie:

PIB = Somme des VA + Droits de Douanes + Impôts indirects - Subventions

V' Selon l'optique de l'utilisation ou optique de dépense dans laquelle le PIB est l'équivalent des multiples usages de la richesse nationale. C'est l'ensemble des différents emplois qui sont faits de la richesse nationale d'un pays :

PIB = Consommation des ménages + Dépenses gouvernementales + Investissements privés + Exportations - Importations

V' Selon l'optique du revenu dans laquelle le PIB est le cumul des différents revenus tirés par les différentes catégories d'agents économiques résidents, en raison de leurs multiples activités :

74

75

76

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

PIB = Revenu des matières premières + Revenu de la main d'oeuvre (salaires) + Revenu du capital (intérêts, dividendes) + Revenu des entreprises (bénéfices)

I.1.2.2 - JUSTIFICATION DU CHOIX DE LA MESURE DE L'INTERMEDIATION

FINANCIERE

y' Les crédits accordés au secteur privé : ces crédits soit à court ; à moyen ou à long terme sont de manières générales orientées vers les investissements productifs qui sont le moteur principal d'une économie en pleine expansion, d'où l'importance de cet indicateur. D'après A. JOSEPH (2000), dans un contexte de faible régulation, les crédits peuvent être orientés vers des investissements peu productifs. Par exemple, les signes de corrélation entre la part des crédits destinés au secteur privé et la croissance économique est négative en Amérique Latine sur la période de 1970-1980. Dans ce sous-continent en raison de la libéralisation financière effectuée sans encadrement adéquat, la plupart des crédits ont servi à financer des investissements peu productifs (De GREGORIO et GUIDOTTI, 1995).

y' La masse monétaire (M2) . cet indicateur comprend M1 et la quasi-monnaie. Cette quasi-monnaie désigne l'ensemble des actifs financiers qui peuvent être facilement transformés en monnaie c'est-à-dire en billets de Banque Centrale, en pièces ou en monnaies scripturales. Dans la plupart des pays en développement, tout comme au Cameroun la quasi-monnaie est désignée par les dépôts à terme et d'épargne ; on y retrouve : tous les comptes sur livret (livrets bancaires, livrets des caisses d'épargne)

y' Le taux d'intérêts (Ti) ou taux débiteur maximum qui comprend le taux d'intervention de la BEAC plus la marge bancaire.

La justification du choix des variables ayant été donnée, il convient maintenant de passer à l'étape de la construction du modèle et à sa vérification empirique.

II - LA CONSTRUCTION DU MODELE, SA VERIFICATION EMPIRIQUE ET L'INTERPRETATION DES RESULTATS

Un modèle peut être défini comme la représentation schématique et partielle d'un phénomène sous forme d'équation dont les variables sont des grandeurs économiques. Ainsi un modèle bien construit permet de valider la théorie économique à partir de l'observation empirique des résultats suivant un processus bien défini. A ce titre, il ressort que la

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

modélisation constitue une étape indispensable pour la présente étude puisqu'elle nous permettra de confirmer ou d'infirmer notre hypothèse à partir d'un modèle économétrique. Mais avant de procéder à la construction proprement dite du modèle, il est nécessaire d'en faire une présentation succincte dans la mesure où il s'agit d'un modèle linéaire.

II.1 - LA CONSTRUCTION DU MODELE

Un modèle est une représentation d'idées ou de connaissances relatives à un phénomène. Sa principale utilité est de donner des projections de l'activité économique et de permettre de procéder à des simulations alternatives des politiques économiques. Les résultats du modèle sont obtenus à l'aide d'équations de comportements qui décrivent l'évolution des variables. La variable endogène se voit ainsi relier à des variables exogènes et le modèle se

présente sous la forme linéaire suivante : Yi = f (Xa, Xb, , Xi) avec Yi la variable
endogène et Xi les variables exogènes.

II.1.1 - LA FORMALISATION DU MODELE

Les variables retenues étant quantitatives et étant constituées de telle manière qu'on ait une variable expliquée pour plusieurs variables explicatives, alors le modèle le plus adapté à notre cas est le modèle linéaire générale ou encore modèle à régression multiple.

En général, il est extrêmement difficile voire impossible qu'un phénomène économique ou social puisse être appréhendé à l'aide d'une seule variable. Cette généralisation du modèle linéaire simple se présente sous la forme suivant :

Yt = á0 + á1X1t + á2X2t + ....+ ákXkt + £t

Avec :

Yt : la variable à expliquer observée à la date t

X1t : la première variable explicative observée à la période t X2t : la deuxième variable explicative observée à la période t Xkt : la variable explicative k observée à la période t

á0, á1, á2, , ák représentent les paramètres du modèle ; £t le terme d'erreur et t =

{1,2,..., n} le nombre d'observations.

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Tout modèle pour être fonctionnel doit être construit sur la base de ses hypothèses. Celles-ci permettront dans la suite de procéder aux différents tests statistiques. Pour le modèle à régression multiple, ces hypothèses sont à la fois stochastiques38 et structurelles :

y' Les hypothèses stochastiques

H1 : les valeurs Xit sont observées sans erreurs ;

H2 : l'espérance mathématique des erreurs est nulle soit, E (£t)=0 ;

H3 : la variance de l'erreur est constante quelque soit t ;

H4 : les erreurs sont non corrélés ; E (£t, £t')=0 si t # t' ;

H5 : l'erreur est indépendante des variables explicatives ; COV (Xit, £t)=0 ; y' Les hypothèses structurelles

H6 : il y a absence de colinéarité entre les variables explicatives ;

H7 : 1/n (xx') tend vers une matrice finie lorsque n tend vers l'infini ;

H8 : le nombre d'observation est supérieur au nombre de séries explicatives ; n>k+1.

L'objectif dans ce travail est de cerner l'influence de certaines variables monétaires et financières sur la croissance économique au Cameroun. Pour y parvenir, nous avons émis après une revue de la littérature une hypothèse fondamentale complétée de trois sous hypothèses à savoir :

H : il existe un lien entre positif l'intermédiation bancaire et la croissance économique telle que :

H1 : les crédits accordés au secteur privé influencent positivement le P11B réel.

H2 : la masse monétaire M2 influence négativement le P11B réel.

H3 : Le taux d'intérêts débiteur (TDM) Ti positivement influence positivement la croissance par le biais des crédits accordés au secteur privé.

38 Les hypothèses stochastiques sont des hypothèses liées à l'erreur.

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

77

Sur la base de ces hypothèses, un certain nombre de variable ont été définies. Leur choix a été justifié par des fondements théoriques. La variable endogène représentative du concept de croissance économique est le PIB réel noté : PIBr.

Les variables exogènes retenus sont les suivantes : - Les crédits accordés au secteur privé noté Ccmlt ; - La masse monétaire notée M2 ;

- Le taux d'intérêts TIR ;

A ces variables exogènes sera ajouté une autre variable « Dummy » qui est la restructuration bancaire notée DUM.

Par ailleurs, le modèle spécifié est un modèle à séries temporelles de telle sorte que les variables représentent le phénomène qu'elles traduisent en étant observables à intervalle de temps.

A partir des variables retenues ci-dessus, nous obtenons deux équations de régression :

La première équation est représentée de la façon suivante, avant introduction de la variable dummy :

PIBrt = á0 + á1Ccmlt +á2 M2t + á3 TIRt + £t

La deuxième équation quant à elle est représentée de la façon suivante, après introduction de la variable dummy :

PIBrt = á0 + á1Ccmlt +á2 M2t + á3TIRt + á4DUMt + £t

Avec :

t = 1980, 1981,..., 2011; n = 32 observations

á0, á1, á2, á3, á4, les paramètres du modèle assimilables aux coefficients de régression affectés aux variables exogènes respectives :

PIBrt : le PIB réel qui est la variable expliquée à l'instant t ;

Ccmlt : les crédits au secteur privé qui est la première variable explicative ;

78

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

M2t : la masse monétaire qui est la seconde variable explicative ; TIRt : le taux d'intérêts qui est la troisième variable explicative ; DUMt : la restructuration bancaire qui est la variable dummy

II.1.2 - LA PRESENTATION DES DIFFERENTS TESTS STATISTIQUES

Le modèle par régression multiple permet de réaliser différents tests statistiques qui permettent non seulement de vérifier l'hypothèse déjà émise mais aussi de connaître la validité du modèle et sa signification globale. On distingue :

y' Le test ADF ou test de Dickey - Fuller augmenté : ce test de la racine unitaire s'effectue sur les coefficients de corrélation ; s'ils sont significativement différents de 0 et négatif, alors l'hypothèse que Y contient une racine unitaire est rejetée et sa stationnarité est acceptée.

y' Le test de cointégration de Johansen : Ce test permet de déterminer le nombre de relations d'équilibre de long terme entre des variables intégrées quelle que soit la normalisation utilisée.

Le coefficient de détermination R2 permet d'apprécier la qualité de l'ajustement du modèle. Si R2 est proche de son maximum qui est 1, alors le modèle est supposé bon c'est-à dire que la qualité d'ajustement est bonne.

En définitive, il a été question pour nous dans cette section de procéder à un aperçu bref du modèle économétrique retenu et de sa formalisation ; mais il importe de signaler certaines limites liées à cette modélisation à savoir de manière spécifique, l'utilisation des valeurs réelles des variables et non des ratios, ce qui nous amènent dans notre analyse à ne pas tenir compte des concepts tels que : le niveau d'inflation de la période d'étude, la corruption et même la concentration des banques. Dans la section suivante, on procédera aux tests de significativité et à la validation de notre hypothèse.

79

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

II.2 - LA VERIFICATION EMPIRIQUE DU MODELE, INTERPRETATION ET ANALYSE DES RESULTATS

II.2.1 - LA VERIFICATION EMPIRIQUE DU MODELE

Les données relatives aux variables retenues sont tirées des statistiques monétaires de la BEAC, de l'annuaire statistique du FMI, de la Banque Mondiale et de l'INS sur une période allant de 1980 à 2011 soit 32 années. Le choix de cette période se justifie d'une part, par le fait qu'elle prend en compte la période avant et après la réforme financière dans la CEMAC, et d'autre part, afin d'avoir une série suffisamment longue pour respecter les propriétés asymptotiques.

Le modèle à tester est spécifié de la manière suivante :

PIBR= a + a CCMLT + a MM + a TIR + a DUM + ? (1)

0 1 2 3 4

Sachant à titre de rappel que :

y' PIBR , est la variable dépendante. C'est le taux de croissance du PIB réel du

Cameroun à l'instant t.

y' CCMLT , est le crédit octroyé par les banques au secteur privé à l'instant t,

son signe attendu est positif.

y' MM , est la masse monétaire du Cameroun à l'instant t, son signe attendu est

aussi positif.

? TIR , est le taux d'intérêt réel du Cameroun à l'instant t, son signe attendu est

ambigu dans la littérature, mais dans notre cas étant donné que le taux d'intérêt au Cameroun est élevé, son signe attendu est négatif.

y' D U M , est une variable muette qui permet de capter l'effet de la réforme financière ; elle prend la valeur 0 avant la réforme financière et 1 après la reforme financière.

y' ? , est le terme d'erreur.

? ai, i = 0 ,,,,,,,,,4, sont les paramètres à estimer.

Avant d'estimer ce modèle, il faudrait vérifier la stationnarité des séries afin d'éviter une régression fallacieuse. Dans une étude de séries temporelles, plusieurs tests de racine

80

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

unitaires peuvent être utilisés pour vérifier la stationnarité des séries, notamment les tests de Dickey-Fuller Augmenté (ADF), ou encore Philip Perron (PP). Dans ce travail, on fera appel au test de ADF

Le test ADF, est une extension du test de Dickey-Fuller simple (DF, 1979). Dans les modèles utilisés pour les tests de Dickey-Fuller simples, le processus åt est par hypothèse un

bruit blanc. Or il n'y a aucune raison pour que l'erreur soit à priori non corrélée. Le test de ADF prend en compte cette hypothèse.

Les hypothèses du test ADF sont les suivantes : H0 : la série n'est pas stationnaire

H1 : la série est stationnaire

La règle de décision est la suivante : si la valeur de la probabilité est supérieure à 5%, on accepte l'hypothèse nulle de non stationnarité de la série ; si elle est inférieure à 5%, alors on accepte l'hypothèse alternative de stationnarité de la série.

Les résultats du test de racine unitaire sont consignés dans le tableau ci-dessous. Tableau 4: Résultat du test de racine unitaire (ADF, 1981)39

Libellé des variables

P-value
En niveau

P-value

En différence

Degré d'intégration

PIBR

0.0001

 

I(0)

CCMLT

0.9705

0.0001

I(1)

MM

0.4079

0.0037

I(1)

TIR

0.8351

0.0000

I(1)

Source : L'auteur à partir des calculs d'Eviews 7

Dans le Tableau ci-dessus :

y' I(0), signifie que la variable est intégrée d'ordre 0, c'est-à-dire qu'elle est stationnaire en niveau.

y' I(1), signifie que la variable est intégrée d'ordre 1, c'est-à-dire qu'elle est stationnaire en différence première.

39 Voir les résultats du test de racine unitaire à l'annexe

81

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Dans ce modèle, certaines variables sont stationnaires en niveau et d'autre en différence. Avant de passer aux estimations, il convient de vérifier d'abord s'il existe une relation d'équilibre de long terme entre ces variables. Pour cela, on recourra au test de cointégration de Johansen.

En effet, pour déterminer les r valeurs propres non nulles qui vont nous donner les r relations de cointégration, Johansen a proposé le test de la trace. Ce test repose sur l'hypothèse nulle qu'il existe au plus r relations de cointégration (ce qui signifie qu'il y a r valeurs propres non nulles et N-r valeurs propres nulles)

La règle de décision est la suivante : on accepte H 0 lorsque la valeur de la statistique de la trace est inférieure à sa valeur critique. Cela signifie qu'il y a absence de cointégration.

Les résultats du test de cointégration en annexes montrent qu'il n'existe aucune relation de cointégration entre les variables du modèle, car il n'est pas possible d'estimer un modèle à correction d'erreur, mais plutôt un modèle VAR (P) en différence.

Dans cette optique, soit le modèle VAR à k variables et à p retards noté VAR (p) suivant :

X A X t X

1 1 p

A

t t

?

? ? ? ?? ?

,1 , ,1 ? ?? ?

N N N ?

? ? p

? ? ?

N N N N , ,1

t

avec :

? t ? N(0, ? )

Xt , est un vecteur de variables endogènes.

Xt ? 1 , est un vecteur de variables retardées.

Ai, est un vecteur de coefficients à estimer.

Le modèle VAR (P) en différence est de la forme suivante : ?X t ? A1?X t ? 1 ? ? Ap ? 1?Xt? p ?1 ? ?X t ? 1 ? ?t

Pour déterminer le nombre de retard dans ce modèle, le critère Akaike Information Criterion (AIC) est pris en considération. Le modèle qui est alors choisi est celui qui affichera le AIC le plus petit. Dans cette optique, le modèle VAR qui a le AIC le plus petit est le VAR

(2).

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

82

Tableau 5: Résultats de l'estimation du modèle VAR (2) en différence (1)

 

MODELE 1

VARIABLES

DPIBR

DMM

DCCMLT

DTIR

DPIBR -1

.587654***

-.0221558

.1060023

-.0576944

 

(5.79)

(-0.52)

(0.98)

(-1.04)

DPIBR -2

.1407672

-.0009043

.0886758

-.093964*

 

(1.37)

(-0.02)

(0.81)

(-1.67)

DMM -1

.2716861

.9767054***

-.1410324

-.2003794

 

(0.73)

(6.20)

(-0.35)

(-0.98)

DMM -2

-.6069194

-.5588232***

-.3389241

-.3832552*

 

(-1.50)

(-3.29)

(-0.79 )

(-1.74)

DCCMLT -1

-.3522804**

.2036317**

.8095691***

-.0603167

 

(.2797095)

(2.85)

(4.49)

(-0.65)

DCCMLT-2

.2797095

.1198639

.0174528

.1395648

 

(.3475441)

(-1.62)

(0.09)

(1.46)

TIR-1

.3475441

-.3098542**

-.3510041

.4827631**

 

(1.10)

(-2.33)

(-1.05)

(2.80)

TIR-2

-.5312605

-.0441096

-.5458676

-.0472758

 

(-1.58)

(-0.31)

(-1.53)

(-0.26)

Constante

10.44826

15.25865***

25.70033**

19.2635**

 

(0.93)

(3.23)

(2.16)

(3.14)

R2

0.7037

0.9072

0.9156

0.7942

Source : l'auteur à partir des calculs de Stata 11

.Les chiffres entre parenthèses sont les t-statistics. Les signes ***, ** et * attestent la significativité des coefficients respectivement au seuil de 1%, 5% et 10%.

83

84

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Tableau 6 : Résultats de l'estimation du modèle VAR (2) en différence (2)

 

MODELE 2

VARIABLES

DPIBR

DMM

DCCMLT

DTIR

DPIBR -1

.4095291***

-.0033103

.2147699**

-.1126486**

 

(5.72)

(-0.09)

(2.00)

(-2.14)

DPIBR -2

.104277

.0058781

.1128093

-.1079887**

 

(1.56)

(-0.16)

(1.13)

(-2.21)

DMM -1

.0480705

1.416808***

.2594389

-.6637439**

 

(0.15)

(8.11)

(0.53)

(-2.78)

DMM -2

-.3942414

-1.148015***

-.8279374

.2190201

 

(-1.01)

(-5.48)

(-1.41)

(0.76)

DCCMLT-1

-.1459539

.1591771**

.6692418***

.0247645

 

(-1.26)

(2.56)

(3.84)

(0.29)

DCCMLT-2

1.131323***

-.07371

-.4162115

.2732666**

 

(6.50)

(-0.79)

(-1.59)

(2.14)

DTIR -1

.3316325

-.330377

-.3553616

.4988837***

 

(1.63)

(-3.03)

(-1.16)

(3.34)

DTIR -2

-.2332458

-.0920368

-.738235**

.0601948

 

(-1.04)

(-0.77)

(-2.20)

(0.37)

DUM-1

13.7116 ***

4.283414**

-4.73861

-1.199997

 

(4.67)

(2.72)

(-1.08)

(-0.56)

DUM-2

5.041435**

-4.898169***

-5.844662

5.688848**

 

(1.98)

(-3.60)

(-1.53)

(3.05)

Constante

-21.73062**

19.16001***

45.66446***

8.865309

 

(-2.42)

(3.98)

(3.39)

(1.34)

R2

0.8770

0.9374

0.9300

0.8461

Source : L'auteur à partir des calculs de Stata 11.

Les chiffres entre parenthèses sont les t-statistics. Les signes ***, ** et * attestent la significativité des coefficients respectivement au seuil de 1%, 5% et 10%.

II.2.2 - L'INTERPRETATION ET L'ANALYSE DES RESULTATS

L'interprétation des résultats se fait en termes de comparaison des signes attendus et obtenus d'une part, et d'autre part en termes de significativité des variables.

Dans le modèle 1, le PIB de la période précédente influence positivement le taux de croissance du pays. Il est significatif au seuil de 1%. Le crédit au secteur privé de la période précédente influence également positivement et significativement le taux de croissance du PIB au seuil de 5%. Le pourcentage de variabilité totale expliquée ici est de 70%. La masse monétaire de la période précédente influence positivement et significativement la masse monétaire. La masse monétaire retardée de deux période influence aussi mais négativement et significativement au seuil de 1%. Le crédit au secteur privé de même que le taux d'intérêt de

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

la période précédente, influence significativement, respectivement positivement et

négativement au seuil de 5%. Le pourcentage de variabilité totale expliquée ici est de 91%. Le crédit au secteur privé de la période précédente influence positivement et significativement le crédit contemporain, au seuil de 1 %. Le pourcentage de variabilité totale expliquée ici est de 92 %.

Le P11B de même que la masse monétaire retardé de deux périodes influencent négativement le taux d'intérêt au seuil de 10%. Le taux d'intérêt de la période précédente influence positivement et significativement le taux d'intérêt contemporain au seuil de 5%. Le pourcentage de variabilité totale expliquée ici est de 80%.

Pour le modèle 2 qui intègre la variable dummy, pour prendre en compte l'effet de la reforme financière dans la CEMAC, le P11B retardé de la période précédente, le crédit au secteur privé retardé de deux périodes de même que la dummy influencent positivement et significativement le P11B contemporain au seuil de 1%. Le pourcentage de variabilité totale expliquée ici est de 87 %.

Le crédit au secteur privé de la période précédente influence positivement et significativement le P11B au seuil de 5%. La masse monétaire retardée d'une et de deux périodes influencent significativement la masse monétaire contemporaine au seuil de 1%, mais respectivement positivement et négativement. La dummy est encore significative dans ce modèle. Le pourcentage de variabilité totale expliquée ici est de 94%.

Le crédit au secteur privé de la période précédente influence positivement et significativement le crédit au seuil de 1%. Le P11B de la période précédente et le taux d'intérêt retardé de deux périodes influencent respectivement, positivement et négativement le crédit au seuil de 5%. Le pourcentage de variabilité totale expliquée ici est de 93%.

Le P11B retardé, la masse monétaire et le crédit retardé de deux périodes influencent significativement le taux d'intérêt au seuil de 5%, négativement pour les deux premiers et négativement pour le dernier. La dummy est également positive et significative au seuil de 5%. Le pourcentage de variabilité totale expliquée ici est de 85%.

Cependant, nous constatons que lorsque la dummy est introduite dans le modèle, les coefficients de détermination (R2) sont plus élevés, nous pouvons ainsi dire que la reforme

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

85

financière a eu un effet important au Cameroun, notamment dans l'explication de notre modèle.

A l'issue de l'interprétation des résultats obtenus, il reste maintenant à faire les tests de validation du modèle à savoir : le test de normalité, le test d'autocorrélation et enfin, le cercle unité

y' Le test de normalité : il peut se faire soit sur la distribution des données, soit sur les résidus. les hypothèses de ce sont les suivantes :

? H0: les résidus suivent une loi normale

? H1: les résidus ne suivent pas une loi normale

Si la valeur de la probabilité de Jarque-Bera (p-value) est supérieure ou égale à 0,05 ; on accepte l'hypothèse nulle de normalité de la distribution des résidus. Les résultats obtenus montrent que la probabilité du test est de 0,08, ce qui signifie que les résidus suivent une loi normale.

y' Le test d'autocorrélation : c'est à partir du test Lagrange-multplier qu'on peut vérifier l'autocorrélation des résidus. L'hypothèse nulle du test est :

? H0 : Absence d'autocorrélation

On accepte l'hypothèse nulle du test lorsque la probabilité associée est à 5%. Dans notre cas cette probabilité est 0.09 à l'ordre un et 0.22 à l'ordre deux, ce qui nous conduit à affirmer qu'il ya absence d'autocorrélation

y' Le cercle unité

Il se présente de la façon suivante :

86

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Imaginary

-1 -.5 0 .5 1

-1 -.5 0 .5 1

Real

Roots of the companion matrix

On constate au regard du schéma ci-dessus que tous les points sont à l'intérieur du cercle unité, on peut par conséquent conclure que notre modèle VAR est stable.

II.2.4- L'ANALYSE DES RESULTATS

Le modèle montre que la croissance passée influence positivement la croissance courante et probablement future. C'est pourquoi l'Etat doit entretenir les facteurs traditionnels de la croissance que l'investissement et la consommation. S'agissant de l'investissement, l'Etat doit s'atteler à instaurer un climat favorable à l'investissement privé qui est le moteur de cette croissance. Pour cela il devrait mettre sur place une politique incitative à l'investissement privé. L'Etat devrait également à partir d'une politique équitable de redistribution des revenus permettre aux agents économiques et plus particulièrement les ménages de soutenir la consommation. Une consommation soutenue pourra alors se traduire par plus d'investissement du secteur privé.

Les résultats obtenus montrent également que, le crédit octroyé au secteur privé est une source importante pour la croissance économique. Pour cela, les banques commerciales devraient pratiquer des taux d'intérêt favorables à l'investissement privé. Il a été souligné plus haut que les taux débiteurs actuels appliqués à l'investissement sont très élevés et ne pourraient au bout du compte encourager l'investissement. Celui-ci on ne le dira jamais assez,

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

87

demeure très faible au Cameroun et aussi dans l'ensemble des pays de la CEMAC, comme l'ont déjà indiqué certains auteurs à l'instar de FOUDA OWOUNDI (2009). D'autre part, les banques devraient faire un effort pour trouver de nouvelles approches de la clientèle entreprises ; c'est-à dire des approches moins classiques, qui mettent en avant une relation plus personnifiée entre les banques et les investisseurs et tiennent compte des réalités que vivent les entreprises et/ou des investisseurs dans les PVD.

Etant dans une union monétaire, l'Etat Camerounais ne peut pas conduire politique monétaire individuelle. Mais la politique monétaire de la BEAC devrait être moins restrictive si on veut favoriser l'investissement, car le Cameroun en particulier et les autres pays de la CEMAC en général, sont encore des pays où tout est à construire. Il n'est as indiqué qu'une politique monétaire trop restrictive de la BEAC viennent bloquer les plans d'investissement des entreprises.

Enfin, les réformes monétaires et financières des années 90, ont influencé le comportement des banques. Celles-ci sont devenues plus regardantes dans les conditions d'octroi de crédit, ce qui renforce l'efficacité de l'emprunt.

88

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

89

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

90

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

91

Annexe 3

RESUSLTATS DES TESTS ET ESTIMATIONS

Null Hypothesis: _PIBR has a unit root

Exogenous: Constant, Linear Trend

Lag Length: 6 (Automatic - based on AIC, maxlag=7)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -6.354917 0.0001

Test critical values: 1% level -4.374307

5% level -3.603202

10% level -3.238054

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(_PIBR)

Method: Least Squares

Date: 10/31/13 Time: 19:16

Sample (adjusted): 1987 2011

Included observations: 25 after adjustments

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

_PIBR(-1)

-1.169896

0.184093 -6.354917

0.0000

D(_PIBR(-1))

0.313750

0.135071 2.322861

0.0337

D(_PIBR(-2))

0.309971

0.143036 2.167088

0.0457

D(_PIBR(-3))

0.454534

0.139543 3.257310

0.0049

D(_PIBR(-4))

0.428236

0.151001 2.835985

0.0119

D(_PIBR(-5))

0.389608

0.127214 3.062610

0.0074

D(_PIBR(-6))

0.317752

0.102968 3.085931

0.0071

C

-3.251276

1.211732 -2.683165

0.0163

@TREND(1980)

0.277674

0.065970 4.209123

0.0007

R-squared

0.755430

Mean dependent var

-0.102867

Adjusted R-squared

0.633145

S.D. dependent var

3.004625

S.E. of regression

1.819859

Akaike info criterion

4.309108

Sum squared resid

52.99019

Schwarz criterion

4.747903

Log likelihood

-44.86385

Hannan-Quinn criter.

4.430811

F-statistic

6.177610

Durbin-Watson stat

1.679581

Prob(F-statistic)

0.001015

 
 

Null Hypothesis: _CCMLT has a unit root Exogenous: Constant, Linear Trend

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=7)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -0.619743 0.9705

Test critical values: 1% level -4.284580

5% level -3.562882

10% level -3.215267

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

92

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(_CCMLT)

Method: Least Squares

Date: 10/31/13 Time: 19:18

Sample (adjusted): 1981 2011

Included observations: 31 after adjustments

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

_CCMLT(-1)

-0.067680

0.109206 -0.619743

0.5404

C

0.158748

3.384819 0.046900

0.9629

@TREND(1980)

0.030867

0.108469 0.284565

0.7781

R-squared

0.081890

Mean dependent var

-0.434735

Adjusted R-squared

0.016311

S.D. dependent var

3.003065

S.E. of regression

2.978472

Akaike info criterion

5.112464

Sum squared resid

248.3963

Schwarz criterion

5.251237

Log likelihood

-76.24319

Hannan-Quinn criter.

5.157700

F-statistic

1.248723

Durbin-Watson stat

1.633159

Prob(F-statistic)

0.302360

 
 

Null Hypothesis: D(_CCMLT) has a unit root Exogenous: None

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=7)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -4.291869 0.0001

Test critical values: 1% level -2.644302

5% level -1.952473

10% level -1.610211

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation Dependent Variable: D(_CCMLT,2) Method: Least Squares

Date: 10/31/13 Time: 19:20 Sample (adjusted): 1982 2011

Included observations: 30 after adjustments

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

D(_CCMLT(-1))

-0.810224

0.188781 -4.291869

0.0002

R-squared

0.388048

Mean dependent var

0.096797

Adjusted R-squared

0.388048

S.D. dependent var

3.861256

S.E. of regression

3.020559

Akaike info criterion

5.081526

Sum squared resid

264.5895

Schwarz criterion

5.128232

Log likelihood

-75.22289

Hannan-Quinn criter.

5.096468

Durbin-Watson stat

1.896926

 
 

Null Hypothesis: _MM has a unit root

Exogenous: Constant, Linear Trend

Lag Length: 1 (Automatic - based on SIC, maxlag=7)

93

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -2.326669 0.4079

Test critical values: 1% level -4.296729

5% level -3.568379

10% level -3.218382

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(_MM)

Method: Least Squares

Date: 10/31/13 Time: 19:21

Sample (adjusted): 1982 2011

Included observations: 30 after adjustments

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

_MM(-1)

-0.213389

0.091714 -2.326669

0.0280

D(_MM(-1))

0.592584

0.226746 2.613428

0.0147

C

4.317418

1.966798 2.195151

0.0373

@TREND(1980)

-0.036268

0.033821 -1.072322

0.2934

R-squared

0.260043

Mean dependent var

-0.074262

Adjusted R-squared

0.174663

S.D. dependent var

1.498692

S.E. of regression

1.361532

Akaike info criterion

3.578664

Sum squared resid

48.19799

Schwarz criterion

3.765490

Log likelihood

-49.67996

Hannan-Quinn criter.

3.638431

F-statistic

3.045726

Durbin-Watson stat

1.766248

Prob(F-statistic)

0.046538

 
 

Null Hypothesis: D(_MM) has a unit root

Exogenous: None

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=7)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -3.030109 0.0037

Test critical values: 1% level -2.644302

5% level -1.952473

10% level -1.610211

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(_MM,2)

Method: Least Squares

Date: 10/31/13 Time: 19:23

Sample (adjusted): 1982 2011

Included observations: 30 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

D(_MM(-1)) -0.622814 0.205542 -3.030109 0.0051

R-squared 0.235520 Mean dependent var -0.128960

94

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Adjusted R-squared

0.235520

S.D. dependent var

1.624517

S.E. of regression

1.420389

Akaike info criterion

3.572504

Sum squared resid

58.50768

Schwarz criterion

3.619211

Log likelihood

-52.58756

Hannan-Quinn criter.

3.587446

Durbin-Watson stat

1.518112

 
 

Null Hypothesis: _TIR has a unit root

Exogenous: Constant, Linear Trend

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=7)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -1.418761 0.8351

Test critical values: 1% level -4.284580

5% level -3.562882

10% level -3.215267

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(_TIR)

Method: Least Squares

Date: 10/31/13 Time: 19:24

Sample (adjusted): 1981 2011

Included observations: 31 after adjustments

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

_TIR(-1)

-0.149977

0.105710 -1.418761

0.1670

C

2.856457

1.778415 1.606182

0.1195

@TREND(1980)

-0.017234

0.031896 -0.540325

0.5932

R-squared

0.092861

Mean dependent var

0.008065

Adjusted R-squared

0.028065

S.D. dependent var

1.560174

S.E. of regression

1.538125

Akaike info criterion

3.790771

Sum squared resid

66.24320

Schwarz criterion

3.929544

Log likelihood

-55.75695

Hannan-Quinn criter.

3.836008

F-statistic

1.433130

Durbin-Watson stat

2.181825

Null Hypothesis: D(_TIR) has a unit root

Exogenous: None

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=7)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -6.269388 0.0000

Test critical values: 1% level -2.644302

5% level -1.952473

10% level -1.610211

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

95

Dependent Variable: D(_TIR,2)

Method: Least Squares

Date: 10/31/13 Time: 19:26

Sample (adjusted): 1982 2011

Included observations: 30 after adjustments

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

D(_TIR(-1))

-1.150870

0.183570 -6.269388

0.0000

R-squared

0.575435

Mean dependent var

0.000000

Adjusted R-squared

0.575435

S.D. dependent var

2.407514

S.E. of regression

1.568703

Akaike info criterion

3.771141

Sum squared resid

71.36409

Schwarz criterion

3.817848

Log likelihood

-55.56712

Hannan-Quinn criter.

3.786083

Durbin-Watson stat

1.981959

 
 

RESULTAT DU TEST DE COINTEGRATION

Date: 11/03/13 Time: 21:10

Sample (adjusted): 1982 2011

Included observations: 30 after adjustments Trend assumption: Linear deterministic trend Series: _CCMLT _MM _PIBR _TIR

Lags interval (in first differences): 1 to 1

Unrestricted Cointegration Rank Test (Trace)

Hypothesized

 

Trace

0.05

 

No. of CE(s)

Eigenvalue

Statistic

Critical Value

Prob.**

None *

0.667699

63.26660

47.85613

0.0010

At most 1

0.446524

30.21522

39.79707

0.0647

At most 2

0.256247

12.46911

15.49471

0.1358

At most 3

0.112716

3.587703

3.841466

0.0582

Trace test indicates 2 cointegrating eqn(s) at the 0.05 level * denotes rejection of the hypothesis at the 0.05 level **MacKinnon-Haug-Michelis (1999) p-values

Unrestricted Cointegration Rank Test (Maximum Eigenvalue)

Hypothesized

 

Max-Eigen

0.05

 

No. of CE(s)

Eigenvalue

Statistic

Critical Value

Prob.**

None *

0.667699

33.05138

27.58434

0.0089

At most 1

0.446524

17.74611

21.13162

0.1396

At most 2

0.256247

8.881406

14.26460

0.2962

At most 3

0.112716

3.587703

3.841466

0.0582

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Max-eigenvalue test indicates 1 cointegrating eqn(s) at the 0.05 level * denotes rejection of the hypothesis at the 0.05 level **MacKinnon-Haug-Michelis (1999) p-values

Unrestricted Cointegrating Coefficients (normalized by b'*S11*b=I):

_CCMLT

_MM

_PIBR

TIR _

-0.099933 0.846217 0.077942 0.701670

-0.132864 -0.046736 0.009932 -0.166215

-0.025725 -0.101732 0.235797 -0.277010

-0.081179 0.180819 -0.045782 -0.318829

Unrestricted Adjustment Coefficients (alpha):

D(_CCMLT) -0.448053 1.253396 0.982958 0.319494

D(_MM) -0.618370 0.006242 0.048803 -0.296349

D(_PIBR) -0.446608 1.131731 -1.065551 -0.070873

D(_TIR) -0.805519 -0.135778 -0.306216 0.334654

1 Cointegrating Equation(s): Log likelihood -231.7593

Normalized cointegrating coefficients (standard error in parentheses)

_CCMLT

_MM

_PIBR

TIR _

1.000000 -8.467879 -0.779946 -7.021431

(1.04609) (0.35329) (1.19861)

Adjustment coefficients (standard error in parentheses) D(_CCMLT) 0.044775

(0.05875)

D(_MM) 0.061795

(0.02018)

D(_PIBR) 0.044631

(0.05565)

D(_TIR) 0.080498

(0.02678)

2 Cointegrating Equation(s): Log likelihood -222.8863

Normalized cointegrating coefficients (standard error in parentheses)

_CCMLT

_MM

_PIBR

TIR _

1.000000 0.000000 -0.102877 0.921085

(0.40279) (0.64187)

0.000000 1.000000 0.079957 0.937958

(0.06216) (0.09905)

96

Adjustment coefficients (standard error in parentheses) D(_CCMLT) -0.121756 -0.437729

97

 

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

(0.08799) (0.44857)

D(_MM)

0.060966

-0.523567

 

(0.03357)

(0.17115)

D(_PIBR)

-0.105735

-0.430819

 

(0.08424)

(0.42945)

D(_TIR)

0.098538

-0.675299

 

(0.04432)

(0.22591)

3 Cointegrating Equation(s): Log likelihood -218.4456

Normalized cointegrating coefficients (standard error in parentheses)

_CCMLT

_MM

_PIBR

_ TIR

1.000000

0.000000

0.000000

0.853763

 
 
 

(0.65330)

0.000000

1.000000

0.000000

0.990281

 
 
 

(0.10196)

0.000000

0.000000

1.000000

-0.654391

 
 
 

(0.57117)

Adjustment coefficients (standard error in parentheses)

D(_CCMLT)

-0.147042

-0.537727

0.209305

 

(0.08240)

(0.41807)

(0.12173)

D(_MM)

0.059711

-0.528532

-0.036627

 

(0.03393)

(0.17217)

(0.05013)

D(_PIBR)

-0.078324

-0.322418

-0.274824

 

(0.07699)

(0.39066)

(0.11375)

D(_TIR)

0.106415

-0.644147

-0.136337

 

(0.04359)

(0.22119)

(0.06440)

ESTIMATION

MODELE 1 : SANS LA DUMMY

Vector autoregression

Sample: 1982 - 2011 No. of obs = 30

Log likelihood = -216.6517 AIC = 16.84345

FPE = 261.9353 HQIC = 17.38135

Det(Sigma_ml) = 22.01977 SBIC = 18.52489

Equation Parms RMSE R-sq chi2 P>chi2

pibr

9

2.67845

0.7037

71.258

0.0000

mm

9

1.12668

0.9072

293.1133

0.0000

ccmlt

9

2.84231

0.9156

325.4492

0.0000

tir

9

1.46362

0.7942

115.8032

0.0000

| Coef. Std. Err. z P>|z| [95% Conf. Interval]

+

pibr |

98

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

 

pibr

|

 
 
 
 
 
 
 

L1.

|

.587654

.101518

5.79

0.000

.3886824

.7866256

 

L2. mm

|

|

.1407672

.1029138

1.37

0.171

-.0609401

.3424746

 
 

L1.

|

.2716861

.3747132

0.73

0.468

-.4627382

1.00611

 

L2. ccmlt

|

|

-.6069194

.4041899

-1.50

0.133

-1.399117

.1852782

 
 

L1.

|

-.3522804

.1698362

-2.07

0.038

-.6851533

-.0194075

 

L2.
tir

|

|

.2797095

.1755045

1.59

0.111

-.064273

.6236919

 
 

L1.

|

.3475441

.3157119

1.10

0.271

-.2712399

.9663281

 

L2.

|

-.5312605

.3371733

-1.58

0.115

-1.192108

.1295869

 
 

_ cons

|

10.44826

11.21385

0.93

0.351

-11.53048

32.427

mm

 

|

 
 
 
 
 
 
 

pibr

|

 
 
 
 
 
 
 

L1.

|

-.0221558

.0427033

-0.52

0.604

-.1058527

.0615412

 

L2. mm

|

|

-.0009043

.0432905

-0.02

0.983

-.085752

.0839435

 
 

L1.

|

.9767054

.1576222

6.20

0.000

.6677715

1.285639

 

L2. ccmlt

|

|

-.5588232

.1700215

-3.29

0.001

-.8920593

-.2255871

 
 

L1.

|

.2036317

.0714412

2.85

0.004

.0636095

.3436539

 

L2.
tir

|

|

-.1198639

.0738255

-1.62

0.104

-.2645593

.0248315

 
 

L1.

|

-.3098542

.1328035

-2.33

0.020

-.5701442

-.0495641

 

L2.

|

-.0441096

.1418312

-0.31

0.756

-.3220936

.2338744

 

ccmlt

_ cons

pibr

|

|

|

15.25865

4.71708

3.23

0.001

6.013345

24.50396

 

L1.

|

.1060023

.1077287

0.98

0.325

-.105142

.3171466

 

L2. mm

|

|

.0886758

.1092099

0.81

0.417

-.1253716

.3027232

 
 

L1.

|

-.1410324

.3976374

-0.35

0.723

-.9203874

.6383227

 

L2. ccmlt

|

|

-.3389241

.4289174

-0.79

0.429

-1.179587

.5017387

 
 

L1.

|

.8095691

.1802265

4.49

0.000

.4563316

1.162806

 

L2.
tir

|

|

.0174528

.1862415

0.09

0.925

-.3475738

.3824795

 
 

L1.

|

-.3510041

.3350266

-1.05

0.295

-1.007644

.3056359

 

L2.

|

-.5458676

.3578009

-1.53

0.127

-1.247144

.1554093

 

tir

_ cons

pibr

|

|

|

25.70033

11.89989

2.16

0.031

2.376977

49.02369

 

L1.

|

-.0576944

.0554739

-1.04

0.298

-.1664212

.0510323

 

L2. mm

|

|

-.093964

.0562366

-1.67

0.095

-.2041857

.0162577

 
 

L1.

|

-.2003794

.2047596

-0.98

0.328

-.6017009

.2009421

 

L2.

|

-.3832552

.220867

-1.74

0.083

-.8161466

.0496361

 

ccmlt

99

 
 

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

 

L1. |

-.0603167

.0928059

-0.65

0.516

-.2422129

.1215796

 

L2. |

.1395648

.0959033

1.46

0.146

-.0484022

.3275318

 
 

|

tir |

 
 
 
 
 
 
 

L1. |

.4827631

.1725188

2.80

0.005

.1446326

.8208937

 

L2. |

-.0472758

.1842462

-0.26

0.797

-.4083917

.3138401

 
 

|

 
 
 
 
 
 
 

_cons |

19.2635

6.127736

3.14

0.002

7.253354

31.27364

MODELE 2 : AVEC

LA DUMMY

 
 
 

Vector autoregression

 
 
 
 
 

Sample:

1982 - 2011

 
 

No.

of obs =

30

Log likelihood = -150.9317

 
 

AIC

=

13.72878

FPE = .7545724

 
 

HQIC

=

14.55058

Det(Sigma_ml)

= .0161269

 
 

SBIC

=

16.29764

Equation

Parms

RMSE

R-sq

chi2

P>chi2

 

pibr

 

11

1.81466

0.8770

213.8207

0.0000

 

mm

 

11

.972291

0.9374

449.5487

0.0000

 

ccmlt

 

11

2.72047

0.9300

398.8428

0.0000

 

tir

 

11

1.33066

0.8461

164.9658

0.0000

 
 

|

Coef.

Std. Err.

z

P>|z|

[95% Conf.

Interval]

pibr

+

|

pibr |

 
 
 
 
 
 
 

L1. |

.4095291

.0716227

5.72

0.000

.2691512

.5499071

 

L2. |
mm |

.104277

.0666487

1.56

0.118

-.0263521

.2349061

 
 

L1. |

.0480705

.3261238

0.15

0.883

-.5911203

.6872614

 

L2. |
ccmlt |

-.3942414

.3907801

-1.01

0.313

-1.160156

.3716736

 
 

L1. |

-.1459539

.1161766

-1.26

0.209

-.3736558

.081748

 

L2. |
tir |

1.131323

.1741665

6.50

0.000

.7899627

1.472683

 
 

L1. |

.3316325

.2037158

1.63

0.104

-.0676432

.7309082

 

L2. |
dum |

-.2332458

.2234358

-1.04

0.297

-.6711719

.2046802

 
 

L1. |

13.7116

2.937966

4.67

0.000

7.953293

19.46991

 

L2. |

5.041435

2.540601

1.98

0.047

.0619475

10.02092

 

mm

_ cons |

|

pibr |

-21.73062

8.993898

-2.42

0.016

-39.35833

-4.102903

 

L1. |

-.0033103

.0383752

-0.09

0.931

-.0785244

.0719037

 

L2. |
mm |

.0058781

.0357102

0.16

0.869

-.0641125

.0758687

 
 

L1. |

1.416808

.1747361

8.11

0.000

1.074331

1.759284

 

L2. |
ccmlt |

-1.148015

.2093788

-5.48

0.000

-1.55839

-.7376406

 
 

L1. |

.1591771

.062247

2.56

0.011

.0371752

.2811791

 

L2. |

-.07371

.0933178

-0.79

0.430

-.2566096

.1091896

 

100

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

 

tir

|

 
 
 
 
 
 
 

L1.

|

-.330377

.1091503

-3.03

0.002

-.5443077

-.1164464

 

L2.
dum

|

|

-.0920368

.1197162

-0.77

0.442

-.3266762

.1426026

 
 

L1.

|

4.283414

1.574153

2.72

0.007

1.198131

7.368697

 

L2.

|

-4.898169

1.361246

-3.60

0.000

-7.566163

-2.230176

 

ccmlt

_ cons

pibr

|

|

|

19.16001

4.818902

3.98

0.000

9.71513

28.60488

 

L1.

|

.2147699

.1073741

2.00

0.045

.0043206

.4252192

 

L2. mm

|

|

.1128093

.0999172

1.13

0.259

-.0830248

.3086435

 
 

L1.

|

.2594389

.4889125

0.53

0.596

-.6988119

1.21769

 

L2. ccmlt

|

|

-.8279374

.5858428

-1.41

0.158

-1.976168

.3202935

 
 

L1.

|

.6692418

.1741675

3.84

0.000

.3278797

1.010604

 

L2.
tir

|

|

-.4162115

.2611038

-1.59

0.111

-.9279655

.0955425

 
 

L1.

|

-.3553616

.3054031

-1.16

0.245

-.9539406

.2432174

 

L2.
dum

|

|

-.738235

.3349665

-2.20

0.028

-1.394757

-.0817128

 
 

L1.

|

-4.73861

4.404488

-1.08

0.282

-13.37125

3.894028

 

L2.

|

-5.844662

3.808774

-1.53

0.125

-13.30972

1.620397

 

tir

_ cons

pibr

|

|

|

45.66446

13.48331

3.39

0.001

19.23766

72.09127

 

L1.

|

-.1126486

.0525196

-2.14

0.032

-.215585

-.0097121

 

L2. mm

|

|

-.1079887

.0488722

-2.21

0.027

-.2037765

-.0122009

 
 

L1.

|

-.6637439

.2391403

-2.78

0.006

-1.13245

-.1950375

 

L2. ccmlt

|

|

.2190201

.2865516

0.76

0.445

-.3426107

.7806509

 
 

L1.

|

.0247645

.08519

0.29

0.771

-.1422049

.1917339

 

L2.
tir

|

|

.2732666

.1277129

2.14

0.032

.0229539

.5235793

 
 

L1.

|

.4988837

.1493809

3.34

0.001

.2061025

.7916649

 

L2.
dum

|

|

.0601948

.1638412

0.37

0.713

-.260928

.3813175

 
 

L1.

|

-1.199997

2.154354

-0.56

0.578

-5.422454

3.02246

 

L2.

|

5.688848

1.862974

3.05

0.002

2.037486

9.34021

 
 

_ cons

|

8.865309

6.595052

1.34

0.179

-4.060756

21.79137

 
 

+

 
 
 
 
 
 

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

101

LES GRAPHIQUES DES SERIES

_PIBR

20 15 10 5 0 -5

-10

 
 

80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10

_CCMLT

35 30 25 20 15 10

5

 
 

80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10

24

22

20

18

16

14

12

10

24

22

20

18

16

14

12

_MM

80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10

TIR

80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10

102

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

103

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Annuaire DGTCFM

Banques agréées au Cameroun en 2013

RAISON SOCIALE

SIGLE

ADRESSE

BOITE POSTALE

LOCALITE

TELEPHONE (+237)

FAX (+237)

 
 
 
 
 

22.23.30.68

22.22.17.85

Afriland First Bank

AFB

Place de

l'indépendance

11834

Yaoundé

 
 
 
 
 
 
 

22.22.58.37

22.23.91.50

 
 

Avenue de

 
 

33.43.20.55

33.43.20.46

Banque Atlantique

BA

Gaulle(place

2705

Douala

 
 
 
 

Joss)

 
 

33.43.20.49

33.43.20.48

Banque Internationale

 

Avenue du

 
 

33.42.84.31

 

du Cameroun pour

BICEC

Général de

1925

Douala

 

33.42.12.26

l'Epargne et le Crédit

 

Gaulle

 
 

33.42.26.03

 

Citibank NA

 
 
 
 

33.42.42.72

 

Cameroun

 

96 Rue Flatters

4571

Douala

 

33.42.40.74

 
 
 
 
 

33.42.40.74

 

Commercial Bank of

 

Rue Joss

 
 
 

33.43.38.00

Cameroon

CBC

Bonanjo

4004

Douala

33.42.02.02

 
 
 
 
 
 
 

33.42.38.02

Crédit Agricole SCB

CA

220, Avenue

 
 

22.23.40.05

22.22.41.32

Cameroun

SCB

Mgr Vogt

700

Yaoundé

 
 
 
 
 
 
 

22.22.88.99

22.22.88.05

 
 
 
 
 

33.43.82.51

 

Ecobank Cameroun SA

EBC

Boulevard de la liberté

582

Douala

 

33.42.15.19

 
 
 
 
 

33.42.15.08

 
 
 
 
 
 

22.22.87.80

 

National Financial Credit

NFC

Immeuble Hajal Massad

6578

Yaoundé

 

22.22.87.81

 
 
 
 
 

22.22.87.83

 

Standard Chartered

 
 
 
 

33.43.52.00

 

Bank Cameroun

 

Rue Joffre

 

Douala

 

33.42.27.89

 
 
 
 
 

33.42.52.52

 

Société Générale des

 
 
 
 

33.42.70.10

33.42.87.72

Banques du

SGBC

Rue jOSS

4042

Douala

 
 

Cameroun

 
 
 
 

33.42.80.75

33.42.71.32

Union Bank of

 

Immeuble

 
 

33.42.25.08

33.42.24.51

Cameroon

UBC

Kassap

15569

Douala

 
 
 
 
 
 
 

33.43.64.03

33.42.93.75

United Bank For Africa

UBA

Boulevard de la Liberté-Akwa

2088

Douala

33.43.36.83

33.43.36.39

33.43.37.07

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

104

BIBLIOGRAPHIE

105

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius