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Relation banque-entreprise et croissance économique au Cameroun.

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par Pascal Alain DZOU OMGBA
Université Yaoundé II-Soa - Master 2 en Gestion Bancaire et des Etablissements Financiers 2014
  

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Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

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INTRODUCTION GENERALE

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Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

I. CONTEXTE DE L'ETUDE

Le problème de financement bancaire des entreprises a toujours été l'objet de controverses et de discussions entre les banquiers, les investisseurs et les universitaires. Aussi bien dans les pays développés que dans ceux en voie de développement. Certes, de par la nature des structures économiques de ces derniers, ce problème revêt ici une coloration toute particulière. Dans un monde de plus en plus mis à contribution par la mondialisation, l'accès au financement bancaire des entreprises est une préoccupation permanente pour leur compétitivité.

Il reste cependant que, si la relation banque-entreprise pose moins de problèmes dans les pays développés, c'est parce qu'une certaine relation de confiance s'est établie entre-elles. Il n'en va pas de même dans les pays en voie de développement. En effet, dans ces pays, cette relation se caractérise par une défiance des banques vis-à-vis des entreprises.

En général, les entreprises attendent des banques deux types de financement : les cré dits à moyen et long terme pour le financement des investissements, et les crédits à court terme pour le financement du cycle d'exploitation.

Au Cameroun par exemple, où 90% des entreprises sont des PME, les banques ont financé avec plus ou moins de réussite les entreprises, depuis 1960 qui est l'année d'accession du pays à l'indépendance. On peut donc distinguer dans cette optique quatre grandes périodes.

La première période est celle qui court de 1960 à 1972 ; le système bancaire pendant cette période est dominé par les filiales des banques françaises à savoir : le CL, la BIAO, la SGB et la BNP. Celles-ci vont à travers leurs politiques de crédit soutenir prioritairement les entreprises françaises alors installées au Cameroun et de façon marginale, les entreprises camerounaises.

Il n'y a rien de surprenant dans ce comportement car, comme le note ATTOUH(1980)1 ; le secteur privé camerounais naissant à l'époque ne pouvait pas encore bénéficier de la confiance de ces filiales des banques françaises.

1 ATTOUH M : Appareil Financier et Structure Economique en Afrique noire. Thèse de doctorat III ème cycle, Université de Paris X-Nanterre, janvier 1980.

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La BCD créée en 1960 n'a pas dès le démarrage de ses activités orienté ses financements en direction des entreprises camerounaises pendant les quinze premières années de son existence. Tout en intervenant de façon marginale dans le financement de l'agriculture, la BCD a prioritairement financé la consommation (acquisition de l'électroménager, du mobilier de maison... etc) et l'immobilier (acquisition des terrains et logements, construction de logements). Cette première période se caractérise donc par une politique du système bancaire pas du tout favorable aux entreprises camerounaises, qui par ailleurs étaient presque inexistantes (ATTOUH, 1980).

La deuxième période va de 1972 à 1988 ; elle se caractérise par une réforme du système monétaire lancée par les pouvoirs publics de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale) dès novembre 1972. Il existe donc deux étapes dans cette réforme : d'abord au niveau sous régional ; les accords de Brazzaville des 22 et 23 novembre 1972 avaient pour objectif de faire jouer à la politique monétaire de la BEAC (Banque des Etats d'Afrique Centrale) un important rôle dans le financement du développement des pays membres. Cela s'est traduit d'une part par la distinction qui a été faite entre les plafonds de reinscompte des opérations privilégiées et les plafonds de reinscompte des opérations ordinaires.

Les opérations privilégiées étaient celles que les gouvernements de la CEMAC devaient encourager et qui pouvaient avoir un impact positif sur le développement économique (les PME et l'artisanat, l'agriculture vivrière, les sociétés coopératives, les campagnes agricoles, les marchés publics, certaines opérations spéciales comme par exemple l'importation des denrées alimentaires pour résoudre les problèmes liés aux mauvaises récoltes du fait soit de la sécheresse, soit des inondations). Les opérations ordinaires concernaient toutes celles qui n'étaient pas dans la catégorie d'opérations privilégiées. A la suite des mesures prises au niveau du refinancement, on a pu noter que les crédits à l'économie de la banque centrale sont passés de 17,776 millions de FCFA en décembre 1972 à 47,821 millions de FCFA en 1978 ; soit un coefficient de multiplication de 2,690. Les taux de reinscompte privilégiés s'appliquaient aux opérations privilégiées tandis que les taux de reinscompte ordinaires s'appliquaient aux opérations ordinaires. En décembre 1989, ces taux étaient respectivement de 5,25% et 8,50%. 2 Au niveau des banques, à la suite des accords de

2 Bulletins mensuels de la BEAC : Etudes Statistique, de 1986 à1988

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Brazzaville, chaque pays de la CEMAC a entrepris une réforme de son système monétaire. Il s'agissait pour les gouvernements de l'époque de maitriser la politique de crédit des banques et de la canaliser prioritairement vers le financement du secteur privé national. Pour atteindre ces objectifs, deux mesures importantes ont été prises par le gouvernement camerounais : la détention dans le capital des banques installées sur le territoire d'au moins 51% des parts sociales par les intérêts publics et privés nationaux d'une part, et d'autres parts ; la nomination des cadres nationaux aux postes de décision dont notamment la présidence du conseil d'administration, la direction générale, la direction du crédit et la direction d'exploitation.

Ces deux mesures ont eu un impact positif sur la distribution des crédits. A cet effet, on a pu noter pendant cette période, une rapide évolution à la hausse des crédits au secteur privé3. Ceux-ci ont été multipliés par 20,8 passant ainsi de 49,146 millions de FCFA en 1971 à 1023,928 millions en 1988. Une telle évolution est la preuve que les banques alors installées au Cameroun ont effectivement financé le secteur privé. Mais dans cette évolution, le financement plus accru des entreprises n'a été possible que parce que, dès 1978, à la suite de sa restructuration, les interventions de la BCD privilégiaient désormais le financement des entreprises industrielles, commerciales et de services. C'est ce qui explique que les banques camerounaises créatrices de monnaie ont pu ainsi participer activement au financement des entreprises telles que : NOBRA, CAMLAIT, UCE, SITABAC, AUX BONNE COURSES (supermarché), HOTEL ARCADE, HOTEL IBIS, SOCAPALM, HEVECAM, ZAPI-EST, SODECOTON, UCCAO. On peut également noter plusieurs immeubles à usage de commerces ou de bureaux et/ou d'habitations, des cliniques, des établissements scolaires... etc.

D'autres part, pendant longtemps, la BCD a été emmenée à financer seule les PME et les TPE, la création du FOGAPE en 1975 a incité les banques créatrices de monnaie à s'intéresser à ce type d'entreprises. C'est pourquoi, grâce à la contre garantie du FOGAPE, plusieurs PME et TPE dans tous les secteurs de l'économie furent financés par la SCB, la BIAOC et la BICIC.

Même si les crédits au secteur privé ont enregistré une hausse continue pendant la période ; l'analyse par termes montre une prépondérance de crédits à court terme (99,95% en

3 Les crédits au secteur privé selon la BEAC regroupent les crédits aux particuliers et aux entreprises. Les statistiques de la BEAC sur la question sont agrégées. C'est-à-dire qu'il n'est pas possible de distinguer la part des crédits aux particuliers de la part des crédits aux entreprises. Ceci est d'autant plus vrai que les particuliers ont la possibilité de créer des entreprises individuelles

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1972, 89,69% en 1978 et 82,3% en 1988) au détriment des crédits à moyen terme (0,05% en 1972, 10,31% en 1978 et 17,7% en 1988) et à long terme (0% en 1972, 0% en 1978 et 0.03% en 1988).

Le faible pourcentage des crédits à moyen terme et la quasi-inexistence des crédits à long terme n'ont pas véritablement milité en faveur de la création et/ou de l'extension des entreprises. Au total, on peut dire que les accords de Brazzaville des 22 et 23 novembre 1972 ont eu un impact positif sur le financement des entreprises. La politique de crédit qualifiée de rigide (ATTOUH, 1980) de la période 1960-1972 a donc fait place à une politique souple de crédit entre 1972 et 1988 et caractérisée par des taux bon marché. Mais cette politique de crédit souple a conduit les banques à prendre des risques démesurés, ce qui a contribué à mettre en difficulté l'équilibre financier des banques, ceci à cause des créances compromises et irrécouvrables. Il en a résulté une crise du système bancaire camerounais, laquelle a compromis le financement des entreprises entre 1989 et 1998.

La troisième période s'étend de 1989 à 1998. En 1987, le Cameroun connaît sa première grande crise économique4 ; pour faire face à celle-ci, le gouvernement camerounais va négocier avec le FMI et la Banque Mondiale, la mise en place d'un plan d'ajustement structurel. Dans ce plan, la nécessité de restructurer le système monétaire déjà sinistré est mise en évidence. Cette restructuration au niveau des banques passait par trois volets : la liquidation, la scission-liquidation et la recapitalisation.

A la fin de la restructuration, quatre banques furent liquidées (la BCD, la BCCC, la CAMBANK et PARIS-BAS) ; trois furent soumises à la scission-liquidation (la SCB, la BICIC et la MERIDIAN BIAO) et enfin deux furent recapitalisées à savoir la SGBC et la STANDARD CHARTERED BANK.

Au niveau de la Banque Centrale, la mise en oeuvre de la programmation monétaire s'est traduite par un contrôle beaucoup plus strict de la politique de crédit au niveau des banques.

4 Cette crise s'est traduite par des difficultés à trois niveaux : finances publiques (où l'Etat ne pouvait plus honorer ses engagements). Les entreprises publiques et privées (un certain nombre d'entreprises publiques et privées on dû être liquidées), et au niveau du système bancaire qui a été complètement sinistré.

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Au regard de ce qui précède, il vient que la fermeture de quelque entreprises publiques et privées conjuguée le long de la restructuration bancaire (environs 10 ans) aura eu un impact négatif sur le financement des PME. Les crédits au secteur privé ont à cet effet enregistré une baisse sensible de 54% entre 1988 et 1998, passant ainsi de 1023,928 millions de FCFA à 474,426 millions de FCA pendant cette période.

La quatrième période (1999 à nos jours) est celle où le Cameroun renoue avec la croissance. Le secteur bancaire ayant été assaini, on peut noter que le crédit au secteur privé enregistre une croissance régulière. Par contre, du fait de la programmation monétaire, la Banque Centrale (BEAC) a plus axé son intervention sur la régulation monétaire et non sur le financement de l'économie. Les banques, malgré la surliquidité hésitent à se lancer à nouveau à corps perdu dans le financement des entreprises5, ce qui pose quand même un problème aux opérateurs économiques qui ont des opportunités d'investissements.

La question de financement de l'économie par le système bancaire camerounais se pose de ce fait avec acuité au moment où le pays se veut émergent à l'horizon 2035. Le gouvernement camerounais a d'ailleurs entrepris dans le DSCE (Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi à l'horizon 2035) un ensemble de mesures incitatives fortement axées sur le secteur bancaire. Ces mesures sont destinées à favoriser ou à faciliter l'accès au crédit pour la création de richesses. La présente étude vise examiner les raisons ou les motivations qui rendent les banques méfiantes lorsqu'il s'agit de financer les PME malgré les nombreuses mesures qui sont entreprises par l'Etat en vue d'accroître la concurrence bancaire et l'efficience de l'intermédiation financière pour faciliter l'accès au crédit bancaire6.

D'où la problématique suivante :

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe