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Musiques actuelles en milieu rural - le cas du gà¢tinais sud seine-et-marnais


par Bilitis DELALANDRE
Université Paris-Est Marne-la-vallée - Département histoire - Master 2 Professionnel « Développement Culturel Territorial » 2016
  

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2.3. Bénévolat et implication des populations locales

Un autre aspect partagé par les projets musiques actuelles sur le territoire est le développement associatif vécu comme mode d'implication de la population. En effet, ces projets, de par leur dimension associative, permettent également à la population locale de s'impliquer dans une dynamique et un processus collectif. De fait, il participe à dépasser le comportement de consommateur culturel. Dès lors, les projets revêtent la fonction d'espaces d'implication ouverts et permettent aux personnes de s'investir, de s'intégrer sur un territoire, de proposer, de partager, voire même de se réaliser notamment par une implication bénévole au sein des projets. Expérience gratifiante et citoyenne, le bénévolat est aussi indispensable aux structures, il est partie prenante de leur projet, et notamment en milieu rural. Si les compétences des bénévoles ne sont pas spécifiques au domaine culturel et musical, c'est aussi ce qui en fait leur force, n'étant pas en prise à des conceptions formalisées d'une certaine manière de faire et d'agir. Aurélien Boutet entrevoit d'ailleurs cette liberté d'agir comme essentielle au projet : « c'est des bénévoles qui interviennent, donc ça pour moi c'est la force du milieu rural et c'est aussi une force de pas être professionnalisé c'est-à- dire que les bénévoles gardent la main sur le projet associatif et ça pour moi c'est fondamental. » La capacité d'un projet à inclure des populations investies est aussi une façon d'ancrer localement un projet, qui ne se revendique plus comme la création d'une poignée d'initiateurs, mais comme un projet fédérateur, appartenant à tous. Dans la plupart des discours des acteurs de projets, le nombre de bénévoles impliqués est d'ailleurs largement souligné et justifie pour eux l'intérêt de leurs initiatives. Les projets représentent des espaces d'investissement et de construction personnelle qui dépassent alors la simple dimension affinitaire, en s'ouvrant à des milieux et des personnes qui ne se seraient pas rencontrés autrement et qui n'y seraient pas obligatoirement venues parce qu'elles y connaissent un pair. Néanmoins, cette donnée repose sur la capacité des structures à assurer

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une vie démocratique renouvelée afin de s'assurer d'une certaine diversité et éviter ni rejet, ni exclusion. C'est par conséquent une donne qui influe directement sur le portage et la transmission des projets associatifs et l'envie, de certains individus, de poursuivre voir de créer eux-mêmes leur propre projet.

L'implication même d'organisateurs nouvellement installés sur le territoire, peut favoriser une modification des points de vue et d'appréciation de leur propre statut de « néo-ruraux ». L'exemple des Gâtifolies, illustre bien cette évolution des représentations, souvent peu gratifiantes à l'égard des « guignols » parisiens, qui ont cependant réussi à « prouver » qu'ils avaient leur place : « la difficulté aussi c'était les portes fermées, voilâ on arrive et on est les parisiens, alors qu'on vient vivre ici, on vient s'intégrer dans le tissu social, des vrais néo-ruraux et non intégrés. (...) Il faut une dizaine d'années normalement, sauf que le festival en un an nous a permis de gagner cinq ans, c'est-à-dire que lâ tout c'est ouvert voilâ, une implication et puis genre ouais ils sont sérieux ceux-lâ, c'est on te juge, t'arrives t'es un guignol et puis ben tu fais beaucoup, enfin d'un certaine manière pour la commune et puis lâ t'es plus un guignol, voilâ les paysans nous l'on dit, ils nous ont vu bosser lâ pendant un an ; tout ça pour deux jours genre ah oui y'a aussi des métiers où on fait pas semblant, c'est pas rapport â l'argent et tout, c'était par rapport au travail â cette valeur du travail, ah ouais c'est des bosseurs c'est pas que des saltimbanques... lâ on a fait monter le baromètre très haut sur l'estime du monde artistique, des artistes. » Si la nature et l'intérêt des activités ne sont pas toujours compris par les habitants locaux, c'est en générant la rencontre et le dialogue ainsi qu'en rendant tangibles leurs efforts pour monter un projet que progressivement les mentalités ont évolué. La problématique de lisibilité et d'appréciation du processus d'évolution ne se pose pas dans les mêmes termes que l'on soit face à des habitants ou face à des élus locaux. Notons que l'association Champ Libre a également beaucoup insisté sur l'implication locale, en organisant en amont du festival plusieurs temps de rencontre et de présentation du projet aux habitants. Ainsi, la force de l'assise populaire, de la légitimation des projets par le regard et l'acceptation des populations elles-mêmes est une donnée essentielle pourtant rarement prise en compte par les pouvoirs publics.

De plus, les projets sont parfois amenés à remplir la fonction d'insertion professionnelle et sociale en accueillant des personnes en formation, en découverte d'activité professionnelle, voir en réinsertion. Pour l'association Musiqafon, l'essentiel des jeunes pris en formation technique ou administratif, plus globalement en formation aux métiers du spectacle, a participé en tant que spectateurs ou praticiens amateurs aux évènements organisés. La proximité effective du

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Musibus à leur lieu de vie ou parfois d'étude, a certainement stimulé des choix d'orientation qui n'auraient probablement pas existés sans ce type d'initiatives, tout comme l'envie de s'impliquer dans la vie culturelle de leur territoire138. Ils permettent également à d'autres jeunes de trouver un emploi dans le secteur de l'animation ou du spectacle en étant les seuls structures dédiées à pouvoir les accueillir sur leur territoire. C'est le cas par exemple de la Tête des Trains, qui emploi et accompagne depuis 2014 un jeune aux multiples fonctions dans le structure, devenu indispensable à la gestion quotidienne du lieu. Il s'agit également de lui donner les conditions de sa pleine réalisation professionnelle, en lui permettant de continuer en parallèle ses études en management des associations, et en lui donnant les possibilités d'être force de propositions et d'expérimentations (il est d'ailleurs à l'initiative de la Marmite des Rencontres) et d'être au coeur des problématiques du secteur (en étant un porte parole et un acteur à part entière au sein du réseau Pince Oreilles). Bien qu'il ne s'agisse que d'une poignée de jeunes accompagnés sur le territoire, il n`en demeure pas moins que les structures représentent des supports essentiels pour les accompagner dans leur avenir professionnel.

La revendication de l'utilité sociale des lieux et structures de musiques actuelles en milieu rural résulte de la fonction de palliatif au service public, les acteurs culturels développant des réponses que l'école par exemple, ou la collectivité ne proposent plus. La transmission, la découverte, le partage et la rencontre sont autant d'éléments essentiels pour l'investissement des populations, jeunes et moins jeunes, dans un projet dont ils peuvent pleinement se saisir. L'accompagnement des bénévoles ont indéniablement fait évoluer les projets vers d'autres publics et ouvert des perspectives personnelles et professionnelles pour une partie d'entre eux. Notons que l'apport en réciprocité qu'est le bénévolat n'est encore que très rarement évalué et valorisé dans l'économie des projets, alors qu'il représente un appui majeur au bon fonctionnement des structures. Ces constats constituent un enjeu capital dans la transmission et l'inscription des projets dans leur environnement, en touchant directement le vécu des personnes et des collectifs, et nécessitent, de fait, un partage de ces enjeux d'évolution et de construction. Les structures sont ainsi confrontées à un stade de développement où leur positionnement peut s'axer davantage sur une implication en tant qu'acteur de développement du territoire en partenariat avec les autres composantes déjà en place. Dès lors, il convient, à la

138 Dans son projet territorial de 2009, l'association constatait d'ailleurs l'attrait pour la jeunesse locale en terme d'investissement aux projets indiquant une évolution palpable : « Si l'on a souvent pu entendre souligner le manque d'investissement des jeunes il y a quelques années, il n'en est plus rien aujourd'hui. Les jeunes de l'arrondissement de Fontainebleau sont très nombreux à souhaiter s'impliquer dans l'organisation d'événements artistiques et l'on se doit de les accompagner. »

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vue des caractéristiques de ses projets musiques actuelles en milieu rural, de déterminer les principaux enjeux qui en découlent.

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