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Les podcasts dans le monde du livre en France.


par Camille CAPRON
Université de la Sorbonne Paris Nord - Master Commercialisation du livre 2020
  

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II) Point théorique autour du podcast

Pour parvenir à notre sujet principal d'analyse qu'est le podcast littéraire, il est important d'en connaître l'origine. Ainsi, il est nécessaire de s'intéresser au format podcast, à sa découverte ainsi qu'à ses caractéristiques, pour pouvoir aborder d'une manière concrète le podcast littéraire.

a) Définition

Le mot podcast7 a été créé et mentionné pour la première fois en 2004 par le journaliste britannique Ben Hammersley, dans un article du Guardian « Why online radio is booming »8. Avant que la terminologie « podcast » ne soit utilisée par le grand public, Ben Hammersley s'est interrogé sur ce nouveau contenu d'expression qui n'avait alors aucun nom. Dans son article, il propose trois terminologies différentes : « audioblogging » soit le blog audio, « GuerillaMedia » une guerre des médias due à cette profusion de différents formats, puis « podcasting » qui est le fait de créer des podcasts et qui a donné lieu à la terminologie choisie : podcast. Dans cet article, il mettait déjà en avant la qualité ainsi que la facilité de production du podcast accessible à toutes et à tous.

The quality, he said, blew him away, until he did it himself: a cheap
microphone, free recording software, a little practice [...] sounds just as good.
It was, he says, easy.

La qualité, a-t-il dit, l'a impressionné, jusqu'à ce qu'il le fasse lui-même : un
microphone bon marché, un logiciel d'enregistrement gratuit, un peu de
pratique [...] semble tout aussi bien. C'était, dit-il, facile.

7 Dû à son usage ainsi qu'à sa fréquence d'utilisation, le mot podcast est entré dans les dictionnaires français dès 2008, ainsi que son verbe podcaster.

8 HAMMERSLEY Ben, « Why online radio is booming » , The Guardian, 12/02/2004, https://www.theguardian.com/media/2004/feb/12/broadcasting.digitalmedia.

10

Le mot podcast est en réalité un mot-valise regroupant le « pod » de l'IPod et le « cast » de broadcast (« diffusion » en français). Ce point a toute son importance puisqu'il tient en lui le fait de l'implication d'Apple dans l'histoire du podcast et l'utilisation de cette terminologie. En effet, à l'époque de la publication de l'article de Ben Hammersley, des podcasts existaient déjà mais leurs contenus n'étaient pas accessibles à tous et à toutes. C'est à la mi-mai 2005 qu'Apple, impliqué dès 2004 via son IPod, s'empare du terme en proposant un accès simple à différents podcasts via ITunes. Le public découvre alors le concept du podcast. Certains ne font que l'écouter alors que d'autres se l'approprient et deviennent ce que l'on appelle aujourd'hui des « podcasteurs » ou encore créateurs de podcasts. Les premiers podcasts natifs9 font, à cette période, leur apparition en France, due à une diffusion mondiale sur ITunes. Cependant, cela était différent de ce que l'on considère aujourd'hui comme « podcast natif » puisque, au début des années 2000, le podcast était en réalité le pendant du blog. Le contenu proposé existait donc sur deux médias, en deux formats : écrit et oral. Cela peut expliquer le fait que, selon le site PodMust, il y avait, en 2005, 3000 podcasts disponibles à l'écoute. Un nombre important pour l'époque, et qui prouve également la montée du podcast. À savoir, qu'aujourd'hui10, 900 000 podcasts le sont, soit 300 fois plus qu'il y a quinze ans.

Mais, comment pouvons-nous définir un contenu audio ? En recherchant une définition du podcast sur des sites spécialisés mais également en interrogeant des experts du genre, on se rend compte que le podcast n'a pas une seule définition sur laquelle il serait facile de s'accorder. Comme l'indique Justine Souque, consultante en édition et en audiovisuel, le podcast peut être compris, au sens large, « comme un rituel d'écoute » mais également comme une « création sonore nouvelle, avec un format relativement court et un rythme de production régulier »11. Suivant cette dernière idée, le media PodMust le définit comme « un contenu audio numérique que l'on peut écouter n'importe où, n'importe quand, grâce à la technologie du flux RSS ». En effet, le podcast accompagne notre nouvelle société mobile en étant téléchargeable et pouvant s'écouter à n'importe quel moment et à n'importe quel endroit.

9 « contenus audios produits en vue d'une diffusion directe [...] sans passage à la radio » (PodMust).

10 En mars 2020.

11 Entretien effectué par mail avec Justine Souque le 28 mars 2020.

11

Pour poser une définition du mot podcast que l'on gardera en mémoire tout le long de ce travail de recherche, on peut choisir celle de François Quairel, responsable du magazine Le Pod. Celle-ci est la suivante :

Un podcast est un contenu audio diffusé sur internet et disponible en
téléchargement pour une écoute à un moment choisi par l'auditeur. Ça peut
être une émission de radio en réécoute (podcast de replay et de rattrapage) ou
un podcast natif, c'est-à-dire créé spécialement.

Ce qu'il est important de garder en mémoire est qu'il y a deux types de podcasts. Il faut distinguer le podcast de rattrapage du podcast natif. Le podcast natif, est comme nous venons de le voir, un contenu audio original, produit en vue d'une diffusion directe, et qui n'est pas destiné à un passage en radio. Parallèlement au podcast natif, toutes les radios font du podcast depuis l'arrivée de cette pratique en France en proposant leurs émissions, préalablement diffusées en direct, en rediffusion ou réécoute. C'est ce que l'on appelle le podcast de rattrapage. Soit, comme l'indique le nom, le fait de rattraper quelque chose, dans ce cas un contenu, que l'on aurait manqué du fait de son horaire, par exemple. Comme le précise Frédéric Antelme, vice-président des contenus et productions de Deezer, il y a trois ans, l'offre en podcasts était majoritairement une offre de replays d'émissions dominée par les acteurs traditionnels. Ce genre de podcast est toujours d'actualité et a son importance. Selon lui, « la nouvelle scène du contenu audio est très dynamique grâce à une vraie expérimentation autour de la narration et des formats nouveaux. Ce qui a dynamisé la suprématie des radios. »12

La relation podcast/radio est un fait intéressant à analyser dans ce contexte. On pourrait se demander si l'arrivée du podcast et son développement auraient pu et pourraient encore porter préjudice à la radio. C'est un sujet auquel plusieurs médias se sont intéressés au cours de ces dernières années. En 2014, dans un article publié dans le media Slate, « La radio doit-elle s'inquiéter du podcast? »13, le journaliste Vincent Manilève évoquait l'avenir de la radio au vu d'une hausse d'écoute du podcast en affirmant que « le podcast pren[ait] de plus en plus de place dans notre vie, et risqu[ait] de grignoter peu à peu le terrain de la radio. ». Il rassurait en ce point en précisant que, dès l'arrivée du podcast en France, les radios se sont emparées de ce contenu en

12 Entretien présent dans le premier numéro du magazine Le Pod.

13 MANILEVE Vincent, « La radio doit-elle s'inquiéter du podcast ? », Slate, 25/11/2014, http://www.slate.fr/story/95057/radio-podcast.

12

proposant des podcasts de rattrapage. Cependant, avec le développement de la 4G, certaines d'entre elles misaient davantage sur le streaming que sur le podcast. La différence entre ces deux modes de diffusion étant la présence de publicité dans le contenu en streaming, permettant ainsi le maintien d'une rémunération pour les radios14. Aujourd'hui, on remarque tout de même que toutes les radios (ou presque) proposent leurs émissions en replay sous forme de podcast de rattrapage. Bien loin de « tuer » la radio, le podcast s'est greffé à la radio par le biais du podcast de rattrapage qui séduit les auditeurs malgré la forte proposition en podcasts natifs. Une étude réalisée par Médiamétrie15 en 2019 annonce que 6,6 % des internautes écoutent des podcasts natifs contre 19,5 % qui écoutent des radio en replay16. En somme, a contrario de ce qu'aurait pu prédire l'arrivée du podcast, celle-ci permet aux auditeurs et auditrices d'avoir accès à l'ensemble des émissions en dehors de leur période de diffusion. Cela inclut logiquement une hausse d'écoute puisque la radio aurait affaire à deux types de publics et non plus un seul : l'auditoire à l'instant T et l'auditoire de rattrapage. La dernière étude de Médiamétrie17, englobant des chiffres de 2020, annonce une augmentation de 48 % d'écoutes de podcasts natifs, comparé à l'année 2019. En effet, en 2020, 21,2% des internautes écoutent des podcasts en replay contre 9,8 % qui en écoutent des natifs. Soit, une très nette augmentation du pourcentage d'écoute du podcast natif18. Bien que l'écoute de podcast en radio différée reste en première place, avec deux fois plus d'écoutes, on remarque une montée du podcast natif qui séduit autant les auditeurs et auditrices que les créateurs et créatrices de podcasts et les boîtes de production.

Avec le podcast natif, outre la production et la diffusion par radio, de nouveaux acteurs indépendants sont arrivés et avec eux de nouveaux usages et formats. On peut, par exemple, nommer Nouvelles Ecoutes ou encore Louie Media. Désormais, l'offre du podcast s'enrichit de jour en jour. Des particuliers créent leurs propres podcasts natifs. Le podcast est une nouvelle forme de parole, proche des auditeurs et auditrices, et propose un choix multiple de sujets. De nombreuses thématiques, telles que l'Histoire, la gastronomie, la société, la culture ou encore la santé y sont évoquées et deviennent sources de partages. En ce sens, la littérature n'est pas une exception.

14 Affirmation que l'on peut maintenant contester au vue de la professionnalisation du métier de podcasteur via des publicités - généralement sous forme de sponsors - au sein même de certains épisodes.

15 Médiamétrie, communiqué de presse du 26 mars 2019, https://www.mediametrie.fr/sites/default/files/2019-03/2019%2003%2026%20CP%20Global%20Audio 1.pdf.

17 Société spécialisée dans la mesure d'audience et l'étude des usages des médias audiovisuels et numériques en France

18 Médiamétrie, communiqué de presse du 22/04/2020, https://www.mediametrie.fr/fr/global-audio-1.

13

Justine Souque définit le podcast littéraire comme « un podcast [dont] le point de départ [est] la vaste thématique du monde des livres ». Tout podcast qui mettrait en avant les livres, et plus généralement la littérature, pourrait donc être qualifié de podcast littéraire. Et plus précisément, tout podcast dont la ligne éditoriale (soit tous les épisodes) se veut être en accord avec cette thématique, serait littéraire. Elle fait également une distinction au sein même du genre du podcast littéraire en différenciant podcast de fiction et podcast de non fiction. Elle distingue également dans les podcasts de fiction « l'adaptation sonore d'un texte préalablement publié d'un texte écrit spécialement pour une diffusion sonore » mais ajoute que « dans ces deux cas, le rendu doit répondre aux exigences du format podcast : être pensé pour l'audio, et sous forme d'épisodes ». En somme, un podcast littéraire peut aborder l'écriture d'un livre, les coulisses du monde de l'édition ou encore le processus d'écriture d'une autrice/ d'un auteur (dans ces cas, il s'agit de podcasts de non fiction) mais également être la forme audio d'un livre papier ou encore une création de contenu de fiction en audio sans publication au format papier préalable (c'est dans ces cas que l'on parle de podcasts de fiction). À noter qu'il existe également des podcasts littéraires de rattrapage, issus de médias tels que France Culture. On peut également noter le podcast de l'émission La Grande librairie. Cependant, ceux-ci ne nous intéressent pas dans le cadre de notre étude qui se focalise sur les podcasts littéraires natifs.

Ce qui est intéressant avec le podcast, c'est qu'il y a du contenu pour tout le
monde, même le plus petit sujet qui soit.
(Frédéric Antelme)

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