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L'impact de la numérisation sur la filière audiovisuelle et sur les pratiques des spectateurs. Le cas de Netflix et des séries tv en France

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par Sarra GADIRI
CELSA - Master 2 Professionnel Médias et Numérique 2016
  

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CONCLUSION GENERALE

Tout au long de ce travail nous avons tenté appréhender l'impact de la numérisation sur la filière audiovisuelle pour cerner les bouleversements qu'elle engendre au niveau structurel, mais également sur les pratiques des spectateurs et sur leur rapport aux contenus audiovisuels. Pour arriver à cerner ces bouleversements, ou en tout cas, pouvoir en cerner une partie, nous nous sommes attaché à analyser le cas de Netflix en prenant comme prisme principal pour examiner l'évolution des contenus audiovisuels : les séries télévisées. Nous avons donc voulu répondre à la question de recherche suivante : dans quelle mesure Netflix s'inscrit dans une révolution des contenus audiovisuels ?

Si force est de constater qu'aujourd'hui qu'il y a bel est bien une révolution des contenus audiovisuels dans les modes production, mais également dans leur réception, il est surtout intéressant de noter que ce phénomène d'hybridation que nous avons tendance à voir comme nouveau et, en particulier, comme le résultat de la généralisation de l'utilisation d'Internet et de la multiplication des supports et des écrans est, en fait, un phénomène caractéristique de l'impact de toute amélioration technologique massive sur les façons de produire mais aussi sur les structures industrielles. Ainsi, notre première hypothèse s'est appliquée à déconstruire ce « mythe de l'hybridation » à travers l'analyse de l'évolution du paysage audiovisuel américain et de la concurrence, de l'évolution des séries télévisées et des raisons qui ont menées au métissage des formules, à la « recombination » des genres narratifs et l'apparition de cette télévision de qualité, caractéristique du deuxième âge d'or de la télévision américaine. Nous avons également perçu cette hybridation, très tôt, dans les pratiques des publics avec l'apparition de la télécommande, du magnétoscope, des DVD ou encore des différents appareils d'enregistrement. Ainsi, nous pensons que si aujourd'hui ces mouvements d'hybridation sont davantage observables, c'est que le numérique contribue à les expliciter et surtout à les accélérer.

En nous intéressant au cas de Netflix, nous avons observé comment ce dernier a su mettre à profit les évolutions technologiques de l'époque actuelle pour mettre en place une offre davantage orientée vers le spectateur, quitte à délaisser un modèle établi depuis des décennies et remettre en question les présupposés sur lesquels

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fonctionne la filière audiovisuelle. Car la révolution des contenus audiovisuels n'a pas attendu Netflix pour se mettre en marche. L'initiative louable de cet acteur a surtout été dans sa capacité à cerner les attentes des spectateurs et de leur proposer un dispositif et une offre qui y répondent. Avec la numérisation des contenus, de nouveaux moyens d'accès sont apparus et ont modifiés les attentes et les habitudes des publics. Nous avons tenté d'expliciter cette transformation des pratiques à travers le cas des communautés sériephiles et du développement de véritables réseaux de distribution sur le web, qui ont pour objectif d'apporter une solution plus adaptée que celle des chaînes de télévision. En étant en mesure d'accéder presque à tout type de contenu, dès le moment de sa diffusion mondiale, les spectateurs sont alors en mesure de contourner les barrières légales même si cela à pour conséquence de les incriminer. Dans ce sens, l'offre proposée par Netflix permet de bien des manières de faire sortir cette révolution de son statut condamnable et répréhensible.

Enfin, dans la dernière partie de notre travail, nous avons tenté d'expliciter les répercussions des modèles de production et de diffusion de Netflix (produire d'un coup et mettre en ligne en une fois) sur ses productions originales. Nous avons pu mettre en lumière des hybridations notables sur la construction narrative de ses séries dramatiques conçues pour donner un effet long-métrage, toujours dans cette même optique de binge-watching mais aussi l'abandon du cliffhanger systématique de fin d'épisode qui caractérise encore aujourd'hui la diffusion hebdomadaire des chaînes traditionnelles pour un cliffhanger en fin de saison. Nous avons montré l'émergence de genres inédits : la série dramatique documentaire à travers le cas de Making a Murderer et la comédie autobiographique à l'image de Master of None. Nous avons également montré l'intérêt de Netlfix pour la diffusion de contenus davantage « télévisuels » comme les émissions culinaires ou les talk-shows, dans une ambition de développer un réseau de télévision à l'international et d'accompagner une consommation en différé et une autonomie du spectateur que le numérique favorise et installe.

Aujourd'hui, nous sommes face à un acteur qui a intégré la nécessité de se réinventer pour accompagner les évolutions technologiques et en tirer parti. Un acteur qui adopte une vision progressiste et qui permet aux ambitions auteuristes

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d'émerger, à l'image de ce que a été la chaîne HBO dans les années 1990. Si Netflix s'inscrit sans doute aucun dans une révolution des contenus audiovisuels, cette révolution ne fait que commencer. Car, si les différents monopoles comptent sur les barrières réglementaires pour sécuriser leur existence, les publics trouveront toujours des manières de les contourner, se tournant parfois vers des alternatives plus adaptées, moins régulées ou carrément illégales. Cette émancipation des foules met en évidence l'illusion de ces barrières règlementaires, à l'image de Hadopi, Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet, dont l'efficacité n'a cessé d'être remise en cause depuis sa création, comme en témoigne la volonté des députés aujourd'hui de supprimer l'organisme213. Cependant, des initiatives, davantage tournées vers les attentes des publics, sont à noter aujourd'hui. Le 17 mai 2016, l'Union Européenne adopte une proposition de loi qui permettrait d'uniformiser les catalogues d'offres pour la S-VOD à partir de 2017214, rendant ainsi disponible les mêmes contenus sur le Netflix France et sur le Netflix Allemagne par exemple. Si cette initiative risque d'être difficile à appliquer en France, à cause de la chronologie des médias, elle témoigne de la prise en compte par les instances de régulation de la nécessité d'accompagner les évolutions technologiques pour être en phase avec les attentes des publics et orienter l'activité au sein du marché de l'audiovisuel.

213 « La fin d'Haopi, c'est pour bientôt », Challenges, [disponible en ligne :

http://www.challenges.fr/challenges-soir/20160502.CHA8626/isabelle-attard-la-fin-de-l-hadopi-c-est-pour-bientot.html], publié le 02 mai 2016, consulté le 20 mai 2016.

214 « L'Europe adopte l'uniformisation des catalogues pour la SVOD », HDnumérique, [disponible en ligne : http://www.hdnumerique.com/actualite/articles/15502-leurope-adopte-luniformisation-des-catalogues-pour-la-svod.html],consulté le 15 mai 2016.publié le 17 mai 2016, consulté le 20 mai 2016.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore