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Accès à  la terre et conflit au tchad: cas du <> (XXe au XXIe siècle).


par Dieudonné Kingué Kampété
Université de Maroua - Master II en Histoire Politique et des Relations Internationales  2016
  

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3- Les aléas climatiques et la pauvreté

Une grande partie du Tchad est occupée par le désert. Ce phénomène naturel influence considérablement sur les régions voisines. Il est la cause du déplacement de certaines personnes vers une autre localité.

3-1 contrainte naturelle

La plupart des hommes dépendent de l'environnement pour vivre. La terre est un bien recherché tant par les communautés sédentaires que par les agro-pasteurs pour la culture de rente et la culture vivrière. Les pâturages sont essentiels pour les pasteurs mais aussi pour les agriculteurs installés qui possèdent du bétail. Ceux qui sont

36C'est l'abréviation de commando. Ce sont les opposants du régime de Hissein Habré.

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installés peuvent être soit de petits exploitants soit de grands propriétaires pratiquant l'agriculture mécanisée.

Le Tchad, pays situé dans la zone sahélienne n'échappe pas au changement climatique. À partir des années 1970, des graves perturbations sont apparues dans la pluviométrie, avec des retards fréquents d'installation des pluies et une réduction des quantités. Ces modifications ont entraîné une baisse de la productivité des pâturages et ont réduit les zones propices à l'agriculture et à l'élevage. Agriculteurs et éleveurs sont à la recherche constante de terres, mais ont peu changé leurs modes de production (Souapibé Pabamé Sougnabe, 2003:4). Ces contraintes naturelles et environnementales sont la cause des mouvements des populations surtout éleveurs vers les localités favorables aux besoins des animaux. Ainsi, la transhumance des éleveurs en quête de pâturages et des points d'eau du nord vers le sud du pays depuis quelques décennies demeure permanente. Ces mouvements mettent en contacte des types d'activités différentes et des hommes différents (Armi, 2005:5). La différence qui existe entre ces hommes provient de leur culture respective et de leurs structures sociopolitiques et économiques fortement influencées par la disponibilité des milieux en ressources naturelles.

Les sècheresses des années 1970 et de 1985 et la désertification qui s'en est suivie ont été un facteur déclencheur de conflits dans le milieu rural. Durant cette période, le nombre de têtes du cheptel bovin du Tchad est estimé à 4,5 millions. La plus grande partie se concentre dans la zone sahélienne. La zone soudanienne compte moins de 100 000 têtes. Mais en 1992, au moins 26% du cheptel national se trouve dans la zone soudanienne (Oumar Goumaîna, 2012:71-72). La désertification qui en résulte de la péjoration climatique et des activités abusives des hommes sur la nature cause la raréfaction ou la réduction des ressources naturelles qui sont : l'eau, le pâturage herbacé ou arboré. Cette situation se décline par une compétition acharnée pour l'accès aux ressources de la terre.

Ainsi, la cohabitation entre les éleveurs venus du nord et les agriculteurs autochtones apparaît violente aujourd'hui. Les conflits sont devenus de plus en plus nombreux et parfois meurtriers. On est loin de cerner l'ensemble de leurs causes. Dans

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les zones rurales, les conflits naissent dans la mesure où les éleveurs en provenance du nord avec un élevage extensif, ne suivent pas les couloirs de transhumance. Un troupeau de 500 têtes est souvent accompagné d'un petit enfant qui, n'ayant pas le contrôle, laisse les boeufs dévaster les champs. Les agriculteurs n'ayant d'autres choix que de riposter, se trouvent confronter à un ennemi bien plus fort qu'eux37. En plus de cela, les éleveurs seraient soutenus par les autorités administratives et disposeraient d'armes à feu.

Photo 5 : Campement des éleveurs peuls à Djarabou.

Cliché :Kampété Dieudonné Kingué, 28 juin 2017.

37 Entretien avec Khamis officié de la police judiciaire de la Brigade de recherche de Bongor, le lundi 26 juin 2017.

3-2 La pauvreté

Pour éviter la faim, les populations vivant dans les périphéries de Bongor et bien plus dans les villages reculés sont tentées de mettre leur terre en location aux profits des familles en manque nanties. Ces familles sont généralement des étrangers qui, par vague de migration ont intégré la région. Ce sont généralement des commerçants, des généraux, et autres cadres de la région.

D'autres, en particulier les chefs des cantons Bongor, Moulkou et Nguelendeng, profitent de leur titre pour vendre des hectares aux nanties bien que la loi n'autorise pas la vente d'un terrain de plus de cinq hectares à un individu. Ce qui fait que les terrains aux abords de la voie bitumée, depuis Nguelendeng jusqu'à l'entrée de Bongor sont vendus par les chefs de canton. Ces grands espaces sont transformés en vergé par les nouveaux propriétaires. Ce qui fait que les champs qui, autrefois servaient de culture de mil, ont été transformés en vastes vergés.

La vente des terres par les chefs est la cause des conflits qui souvent opposent les ex propriétaires aux étrangers qui les exploitent. L'exemple patent de cette situation est observable dans le Canton Bongor, Moulkou et Tougoudé38. Dans une situation de chômage, la terre reste une source facile de revenu, il suffit de la vendre pour récupérer des sommes importantes d'argent. D'où l'accroissement des litiges par le moindre défaut d'honorer la redevance est une cause de résiliation du contrat d'amodiation.

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38 Entretien avec le chef de secteur de l'ANADER Djonyang Laurent le lundi 07 août 2017 à Bongor.

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Photo 6 : Espace autrefois utilisé pour la culture du mil transformé en verger de manguiers.

Cliché : Kampété Dieudonné Kingué, 13 octobre 2017.

Cette pratique perdure et les terrains qui ont dans le passé fait l'objet de vente sont aujourd'hui devenus des grandes forêts fruitières. Généralement les nouveaux propriétaires de terrains emploient les ex propriétaires pour s'en occuper. Ces derniers bénéficient en plus de la vente un salaire qui peut dans ce contexte assurer la survie de leur famille.

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Photo 7 : Une forêt de manguiers à l'entrée nord de Bongor.

Cliché : Kampété Dieudonné Kingué, 13 octobre 2017.

Pour ce qui est de la location ou de prêt, Il s'agit ici des familles qui, par manque des moyens pouvant leur permettre d'exploiter leurs champs, sont contraintes de les mettre en location aux individus capables de l'exploiter. Après plusieurs années de mise en culture, les usufruitiers s'arrogent la propriété des champs. Inversement, les familles dépossédées des champs après une, deux générations sont confrontées à un problème d'espace. Elles s'élargissent tandis que leurs champs deviennent insuffisants, le besoin d'autres espaces se fait sentir. Ainsi les propriétaires commencent par réclamer les terres qu'ils avaient mises en location. Cette situation conduit souvent aux conflits latents mais aussi violents entre les deux camps.

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4- La croissance démographique.

Les migrations et les taux élevés d'accroissement interne ont favorisé une forte croissance démographique dans la zone soudanienne, dont la population a doublé en 30 ans, passant de 1 300 000 habitants en 1960 à 2 500 000 en 1993 (Djapania (1996) cité par Souapibé Pabamé Sougnabe, 2003:4). La forte natalité occasionne l'augmentation de la population sur une terre intacte. Dans ce contexte de forte croissance interne, les terres de culture deviennent de plus en plus rares et insuffisantes pour répondre aux besoins de la population tout entière. Cette situation rend problématique le rapport des hommes à la terre, ce qui génère des conflits dans tout le pays Massa. Ces conflits qui pour la plupart se justifient par le manque d'espace, sont fréquents puisque l'agriculture demeure et reste la principale activité. En voulant satisfaire leurs différents besoins, les hommes se disputent la terre.

Aussi, la pression pastorale s'est-elle particulièrement accentuée dans tout le pays Massa, sous l'effet du développement des troupeaux villageois et surtout de la forte descente des troupeaux transhumants, fuyant les nombreuses sécheresses issues des aléas climatiques et des activités abusives d'hommes sur les terres. Cette démographie caractérisée par la transhumance de l'extérieur vers l'intérieur du pays, a favorisé une extrême croissance animale et humaine. Ainsi la saturation d'hommes et d'animaux dans le territoire massa a renforcé la pression sur l'espace et les oppositions entre les différents usagers. Même si la densité moyenne de la population et la charge moyenne du cheptel ne donnent pas une idée précise de leur répartition réelle dans les différentes localités (Souapibé Pabamé Sougnab, 2003:4), il faut dire cependant qu'il y a un sérieux problème quant à la gestion d'espace.

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En somme, la croissante démographique issue aussi bien du taux élevé de natalité que du mouvement des éleveurs dans le pays Massa, a eu des conséquences sur la société massa. Cette situation a conduit progressivement au rétrécissement des espaces exploitables. Ainsi les relations entre les différentes populations, compte tenu des pressions sur les terres, dégénèrent souvent en conflit. Ces conflits qui, dans le passé les opposaient aux peuples voisins, sont devenus réguliers à cause du manque de la terre, elle-même causée par le nombre élevé de la population. Ils opposent pour la plupart de cas les agriculteurs entre eux et les agriculteurs aux éleveurs avec des conséquences considérables sur la société.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille