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Groupes armés et conditions socioéconomiques de la population de Shabunda au sud-Kivu.


par Jacques LUTALA KATAMBWE
Université de Lubumbashi - Licence en sciences politiques et administratives 2020
  

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3.2.4. Les opérations militaires lancées par les FARDC contre les groupes armés

Les politiques adoptées jusqu'à présent pour venir à bout des groupes armés n'ont pas réussi à empêcher leur prolifération. Elles ont même été contre-productives. Précédemment, l'un des principaux moyens de convaincre les groupes armés congolais de déposer les armes avait consisté à négocier leur intégration dans les Forces Armées de la République Démocratique du Congo.

Dans ce cadre, des représentants du gouvernement, souvent des officiers FARDC et des politiciens, ouvraient des négociations secrètes avec les dirigeants des groupes armés concernant les modalités de leur intégration. Ces modalités concernaient, dans la plupart des cas, l'obtention de grades et de postes au sein des FARDC (84(*)), un versement en espèces et d'autres formes de paiement informel et, dans certains cas, une garantie de ne pas redéployer les troupes dans des zones éloignées de leur ancien fief.

Aux groupes armés qui avaient un agenda politique, on promettait parfois de répondre à leurs revendications politiques, même si celles-ci n'apparaissaient pas forcément dans les accords écrits. Il était d'ailleurs rare que leurs revendications soient écoutées, les différentes parties s'accusant mutuellement d'avoir bafoué les modalités de l'accord.

Le fait de promettre des grades et des postes élevés aux chefs des groupes armés et de leur conférer une impunité pour leurs crimes passés, a incité d'autres à prendre les armes. En outre, il est arrivé que des officiers intégrés désertent de nouveau s'ils jugeaient que les traitements qu'ils avaient perçus étaient décevants, s'ils craignaient d'être persécutés ou si l'on cherchait finalement à les redéployer loin de leur ancien fief.

Dans d'autres cas, seuls les principaux chefs des groupes armés ont été intégrés dans l'armée, les troupes continuant d'opérer sous les ordres de différents commandants. Ainsi, la politique axée sur des négociations et une intégration dans l'armée n'a que rarement réussi à éliminer définitivement les groupes armés(85(*)). Elle a plutôt instauré un cercle vicieux, en cela que les dividendes de la paix attendue ont mis en place des structures d'incitation en faveur d'une mobilisation armée.

Outre l'intégration militaire, l'autre stratégie destinée à venir à bout des groupes armés - de plus en plus répandue depuis 2009, a consisté à lancer des opérations militaires. Bien que ces opérations aient dans certains cas affaibli les différents groupes, elles n'ont guère permis d'endiguer la mobilisation armée générale, comme l'illustrent trois opérations militaires menées successivement de 2009 à 2012 : Umoja Wetu (« Notre unité »), Kimia (« Silence ») II et Amani Leo (« La paix aujourd'hui »). Ces opérations ont permis de déloger et de disperser certains des plus gros mouvements rebelles qui jouaient un rôle dominant au sein de leurs fiefs, notamment les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR). D'autres groupes ont complètement disparu suite à l'intégration de l'armée dont le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) et la Coalition des Patriotes Résistants Congolais (PARECO).

Les zones précédemment contrôlées par ces groupes ont fait l'objet d'une profonde fragmentation. Les FARDC n'ont pas réussi à occuper et sécuriser ces zones, laissant la population en proie à des attaques de représailles et des actes de pillage. Ce phénomène a d'une part conduit à l'apparition d'un espace permettant à d'autres groupes armés de circuler et, d'autre part, il a été perçu comme justifiant une nouvelle mobilisation à des fins d'« auto-défense », en particulier dans les zones sujettes à une forte dynamique des conflits locaux.

Malgré le peu de réussite qu'ont connu les opérations militaires dans la lutte contre la mobilisation armée, le gouvernement a continué d'y recourir avec vigueur. Le gouvernement de Kinshasa, face à l'échec de plusieurs processus de négociation et d'intégration menés en 2012 et 2013, a décidé de mettre un terme à l'intégration globale des groupes armés au sein des FARDC.

Les combattants rebelles peuvent encore aujourd'hui être intégrés dans l'armée, mais à titre individuel et seulement après avoir suivi une formation dans les bases militaires de Kamina ou de Kitona. Ceux qui souhaitent regagner la vie civile peuvent, en théorie, passer par un nouveau programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) annoncé en décembre 2013.

Entre-temps, les opérations Sokola (« Nettoyer ») I et II, lancées en 2014 et 2015 contre les mouvements rebelles étrangers des FDLR et des Allied Democratic Forces (Forces démocratiques alliées, ADF), ont accentué la volatilité et la fragmentation, d'autant plus que ces groupes sont profondément ancrés dans la politique locale.

* 84VERWEIJEN, J., et IGUMA WAKENGE, C., Op. cit, p. 3

* 85VERWEIJEN, J., et IGUMA WAKENGE, C., Op. cit, p. 3

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