WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Famille et abandon scolaire des enfants de 6 à  14 ans en Guinée.


par FranàƒÂ§ois Xavier LAMAH
Institut de Formation et Recherche Démographiques - Master Professionnel en Démographie 2018
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.1.1.3 Approche économique

L'approche économique de l'abandon scolaire consiste à l'explication théorique sous l'angle économique des différences en matière de réussite scolaire. Le modèle utilisé ici est la demande d'éducation, un modèle de la théorie du capital humain.

a) La théorie du capital humain : le modèle de la demande d'éducation

La théorie du capital humain fut initialement développée par Gary Becker en 1964 et largement diffusé par la publication de son ouvrage majeur intitulé « Human capital ». Dans cet ouvrage une analyse économique des différences en matière de poursuite scolaire a été faite et largement diffusée. Le modèle théorique étant la demande d'éducation.

Pour Patrick GUILLAUMONT cité par SHOUAME (2018), le capital humain est « le capital incorporé dans l'homme, disons encore l'ensemble des biens qui, incorporés dans l'homme permet d'accroître la productivité du travail humain : il s'agit en fait de l'éducation

LAMAH François Xavier Master Professionnel en Démographie Page 36

et de la santé, qui ont le double caractère d'être produit et d'être des biens de production ». Dans cette définition, l'éducation et la santé sont considérées dans un premier temps comme des biens produits, résultant d'un ensemble d'activités. Dans un deuxième temps, elles sont considérées comme des biens de production, c'est-à-dire elles contribuent à la production d'autres biens. Le capital humain étant ainsi globalement défini, nous allons par la suite, nous contenter de sa deuxième dimension qui est celle liée à l'éducation. Le modèle qui lui est associé est le choix des études, donc la demande d'éducation (SHOUAME, 2018).

Le modèle de la demande d'éducation part de l'idée selon laquelle le capital (la capacité de production d'un individu) est difficilement perceptible par l'autrui, le diplôme est cependant l'élément crédible à fournir de l'information sur la productivité des travailleurs au moment de l'embauche. Ainsi, plus l'individu à un diplôme élevé plus sa capacité de production est grande. Pour Becker, le choix de poursuivre ou au contraire d'arrêter l'école, résulte d'un calcul purement économique basé sur le principe coûts-bénéfices : les individus arrêtent de fréquenter à partir du moment où ils ne pensent plus avoir de gains (ils pensent perdre) en continuant l'école que s'ils se limitaient au niveau atteint.

Dans ce cas une longue étude permet donc d'augmenter la productivité des individus et de générer un flux de bénéfices valorisable à la fois sur le marché du travail et dans la production. Les moins diplômés ont en revanche plus de difficultés à s'insérer en raison d'une plus faible capacité productive. En outre, ces derniers ont également une plus forte substituabilité du capital ce qui les rend plus vulnérables sur le marché du travail (FLAYOLS, 2015).

b) Le modèle de la demande d'éducation et ses limites

L'éducation étant supposée comme investissement, il est normal de penser que chaque individu va chercher à optimiser le rendement de son investissement éducatif ou plutôt à continuer ces études tant que le taux de rendement sera supérieur à celui des investissements alternatifs. Le modèle de la demande d'éducation part donc de la comparaison entre le coût des études et le supplément de gains anticipés. En distinguant trois périodes à savoir :

? La période de scolarité obligatoire (0-t0) ? La scolarité additionnelle (t0-t 1)

? La vie active (t0-tk ou t1-tk). Pour simplifier, nous supposons que l'âge de fin de la vie active (noté tk) est le même pour tous.

LAMAH François Xavier Master Professionnel en Démographie Page 37

Figure 2.2 Schéma du modèle de la demande d'éducation

Un individu n'ayant pas poursuivi ses études au-delà de la scolarité obligatoire perçoit un salaire w0f(t) où w0 résultant du diplôme initial et f(t) traduit l'effet de l'expérience professionnelle pendant la vie active. A contrario, un individu effectuant un investissement en capital humain percevra w1(t) où w1>w0 et pourra envisager une courbe d'expérience professionnelle différente (9(t)). Afin d'assurer sa formation ce dernier subira des coûts directs (CD) et des coûts d'opportunité (CI) liés au renoncement du salaire qu'il aurait perçu s'il était entré sur le marché du travail directement après la période de scolarité obligatoire. Nous pouvons alors calculer les bénéfices B(t) retirés d'un investissement en capital humain :

tk

B(t) _ 1 (wi9(t) - wof (t))

(1 + r)t

t=t1

Les coûts de l'investissement sont les suivants :

tk

c(t) _ 1 (CD(t) - Ci(t))

(1 + r)t

t=to

tk

_ 1(CD (t) + wof (t))

(1 + r)t

t=to

La rentabilité de l'investissement en capital humain est donc définie par la différence entre les gains et les coûts associés à ce dernier, soit R(t)= B(t)-C(t). L'investissement se poursuit tant qu'il est rentable (R(t)>0) et cesse lorsque le profit est nul. À ce point, le taux de rendement (r) est alors appelé le taux de rendement interne de l'investissement en capital humain,

? Les limites du modèle

S'il est vrai que l'absence d'instruction est un handicap pour la productivité, il reste difficile de fixer le seuil minimum à partir duquel l'employé est le plus productif. Il est quasi impossible de déterminer quelle instruction supplémentaire provoque quelle productivité

LAMAH François Xavier Master Professionnel en Démographie Page 38

marginale. Et même si l'instruction peut contribuer à la croissance de la productivité, cette contribution n'est possible que lorsque les structures économiques sont à même d'absorber toutes les personnes scolarisées.

Il est manifestement contredit par des observations empiriques relativement à sa conclusion sur la méritocratie. Il admet que les plus doués font les études les plus longues et les plus difficiles et que des individus également doués font les mêmes études, plutôt qu'ils font tous des études aussi longues et aussi difficiles, le choix précis du sujet dépendant à taux de rendement égal, des gouts des individus. Or le fait que les enfants d'origine sociale plus modeste quittent l'école plutôt et ont tendance à choisir plus souvent des filières dont le rendement des études est relativement bas n'est clairement pas explicable par le modèle du capital humain. Pas plus d'ailleurs que ne le sont les disparités géographiques dans les taux de scolarisation (SCHOUAME, 2018).

Pour NOUMBA Issodor (2008), un double problème se pose à ce modèle. Même dotés d'un même niveau d'éducation, les individus ne sont pas traités de manière symétrique sur le marché du travail. Le salaire peut varier en fonction du secteur dans lequel l'individu est employé. On parle alors de rendements variables de l'éducation. De même, investir dans l'éducation constitue un risque à cause de la probabilité d'abandonner l'école avant la fin du cycle où l'individu est inscrit et d'achever ce cycle sans trouver un emploi rémunérateur.

SCHOUAME (2018) exprime que si l'on analyse la logique du modèle de demande d'éducation, on voit que l'on peut mettre en question les hypothèses suivantes :

? L'éducation n'est demandée que dans un but d'investissement ; ? La demande d'éducation ne dépend pas des variables d'offre. 2.1.1.4 Approche institutionnelle

La plupart des travaux sur le décrochage (abandon) scolaire convergent sur le fait que ce phénomène est multidimensionnel, et que ses origines sont multiples et peuvent être appréhendées par des cadres théoriques de différentes disciplines (ROBERTSON et COLLERETTE, 2005). Si les études en psychologie mettent surtout l'accent sur les dimensions intrapsychiques, comportementales et socio-interactionnelles, des facteurs structurants des institutions ou encore du rapport entre les classes sociales, et que les sociologues et des historiens s'intéressent également en examinant la problématique sous l'angle de la construction sociale du phénomène, les chercheurs en éducation se penchent

LAMAH François Xavier Master Professionnel en Démographie Page 39

davantage sur les liens entre le décrochage, les méthodes pédagogiques et l'environnement éducatif (BRUNO et all, 2017).

Dans cette dernière approche soutenue par les chercheurs en science d'éducation, il est supposé que l'abandon scolaire ou les inégalités en matière de réussite scolaire, relèvent essentiellement des méthodes pédagogiques ainsi que l'environnement éducatif. ROBERTSON et COLLERETTE (2005) relèvent un certain nombre de facteurs de l'environnement scolaire qui influencent l'abandon scolaire à partir des études empiriques. En effet, d'après eux, plusieurs auteurs ont démontré l'influence de l'école sur l'expérience scolaire des adolescents, par ses structures, son organisation du curriculum et son climat. Ils continuent en soulignant que « peu d'études ont démontré un lien explicite entre l'environnement scolaire et le décrochage ; néanmoins, les liens observés entre l'absentéisme et le décrochage (Bos et al., 1990), de même que les résultats d'études concernant l'influence de l'environnement scolaire sur la réussite (Janosz et al., 1998) suggèrent que l'école, en tant que milieu de vie, reste l'un des principaux déterminants de la persévérance scolaire ».

L'organisation scolaire est également considérée dans cette approche comme déterminant dans l'explication de l'abandon scolaire des élèves. En effet, les écoles qui incorporent une grande diversité de cheminements éducatifs au secondaire et qui comportent une population très diversifiée sur les plans ethniques, culturels, intellectuels semblent moins efficaces (RUMBERGER, 1995 cité par ROBERTSON et COLLERETTE, 2005).

Les pratiques éducatives ont été également relevées par ARCHAMBAULT et CHOUINARD (1996) cité par JANOSZ (2000). Par exemple les écoles où l'on utilise une gamme variée de pratiques pédagogiques semblent les plus efficaces. De plus, ces écoles efficaces font usage de stratégies de gestion novatrices, d'un bon système d'encadrement ainsi que d'un système de reconnaissance axé sur le renforcement plutôt que sur la punition.

FISCHER Lorenzo (2004) dans une recherche sur l'abandon scolaire en Italie, suppose que « Si la baisse de la dispersion scolaire constatée ces dernières années dans le deuxième cycle du secondaire atteste d'une demande d'instruction accrue dans la société italienne, elle pourrait en partie aussi masquer les efforts déployés par les chefs d'établissement et les enseignants pour éviter les fermetures de classes et les fusions d'instituts que la baisse de la démographie serait susceptible d'entraîner ». De cette hypothèse, il affirme que si cette dernière hypothèse se révélait fondée, « les indicateurs formels du pourcentage accru de réussite scolaire ne correspondraient pas, dans les mêmes proportions, à de réels progrès qualitatifs de l'offre éducative, ni à une formation capable de

LAMAH François Xavier Master Professionnel en Démographie Page 40

garantir, à un nombre croissant de jeunes, l'acquisition effective de capacités et de compétences ».

Cette approche permet de comprendre comment l'organisation dans établissement, notamment les règlements intérieurs, peut favoriser ou non la réussite des élèves.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry