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Les incidences de la croissance démographique sur le niveau de pauvreté en Haà¯ti (période 1980-2003)


par Joseph Junior Guerrier
Centre de Techniques de Planification et d'Economie Appliquée - Diplome d'Etudes Supérieures en Economie 2004
  

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3.5.2.- Évolution de la situation alimentaire

Le déséquilibre entre l'offre et la demande alimentaires nationales est flagrant. Selon la CNSA, l'offre croit à un rythme annuel moyen de 0,40 %, tandis que la demande évolue à un taux annuel de 2 % (CNSA, 2002, p. 7). Une telle affirmation, à notre sens est questionnable. Les données disponibles sur l'évolution du PIB montrent clairement qu'Haïti a été marquée durant ces vingt dernières années par une situation de régression économique. Donc, la production nationale a été marquée de préférence par une croissance négative. Ce qui témoigne d'une aggravation du déséquilibre entre l'offre et la demande alimentaire.

La dépendance de l'extérieur pour satisfaire les besoins alimentaires s'est renforcée au fil des années: entre 1990 et 1995-97 le coefficient de dépendance alimentaire est passé de 26,2 à 3480. En nous basant sur l'accroissement continue de la population et les faibles rendements agricoles - nonobstant quelques tentatives de réforme amorcées (réforme foncière, organisation des producteurs,...) - ce coefficient se situerait de nos jours entre 35 et 40 (Lundy, 2002, p.).

Les indices globaux de sécurité alimentaire (IGSM)81 ont, en effet, plus que doublement diminué, passant de 67,50 en 1988-90 à 26,50 en 1991-93, d'une phase intermédiaire à une phase extrêmement critique82. La progression de l'insécurité alimentaire au cours de cet intervalle s'expliquerait, entre autres, par la dégradation générale du contexte socio-politique, la régression économique, la baisse de l'offre en services de base, l'accélération de l'exode rural et l'accroissement de la migration vers l'étranger.

Sur le plan politique, l'instabilité politique engendre : un manque de continuité dans les actions entreprises par l'État ; des changements fréquents au niveau des stratégies ou des approches ; une situation d'incertitude chez les opérateurs économiques et les partenaires nationaux et internationaux. Les crises politiques répétitives nuisent à la recherche de solutions viables et durables à la problématique de l'insécurité alimentaire.

80 Ces importations (278 millions de dollars en 1999) ont plus que triplé en moins de vingt ans (1981-1999), Données BRH : www.brh.net

81 C'est un indice composite qui traduit l'état de la situation globale de sécurité alimentaire pour un pays donné. Un score supérieur à 85 et inférieur à 65 révèle respectivement un niveau de sécurité alimentaire élevé et critique. (Comment le calcule-t-on ?)

82 Pascal Pecos Lundy, Situation alimentaire et politiques agricoles en Haïti : quelles orientations ? P. 2.

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Au sujet des facteurs économiques contribuant à la progression de l'insécurité alimentaire, on peut citer la faiblesse des investissements, l'insuffisance des infrastructures et des services. Ces carences limitent la production de richesses et la création d'emplois dans le pays.

La libéralisation de l'économie haïtienne a exacerbé la pauvreté pour certains groupes sociaux, notamment les petits producteurs agricoles, incapables de résister à la concurrence des produits importés. Cette situation explique en partie pourquoi le monde rural est le plus affecté par l'insécurité alimentaire.

La libéralisation du commerce extérieur d'Haïti a contribué à modifier considérablement la structure de l'offre alimentaire et les habitudes de consommation dans le pays. Par conséquent, la dépendance et les risques d'insécurité alimentaire liés à un approvisionnement externe dans un contexte macro-économique fragile se trouvent accélérés.

Au niveau de l'évolution de la situation de l'insécurité alimentaire, plusieurs tendances ont été dégagées au cours des 15 dernières années. L'étude de la CNSA révèle une augmentation en nombre des victimes de l'insécurité alimentaire, mais une baisse en termes de pourcentage : 60 % en 1986 contre 48 % en 2000. De 1986 à 1991, une légère amélioration de la situation de la sécurité alimentaire a été constatée, mais elle a été suivie d'une forte dégradation durant la période de l'embargo entre 1992 et 1994 puis d'une amélioration entre 1995 et 1999 pour se détériorer de nouveau depuis l'année 2000 (Référence...).

Une comparaison à partir des Enquêtes Budget Consommation des Ménages de 1986/87 et de 1999/2000 permet d'avancer que la part du budget des ménages consacrée à l'alimentation a augmenté. Alors qu'elle était de 48 % en 1986/87 pour l'ensemble du pays, elle est passée à 55 % en 1999/2000). Dans le même temps, des changements dans les habitudes alimentaires (une forte progression de l'achat des repas cuits hors domicile, une forte baisse dans la consommation des légumes, du lait et des huiles) ont été constatés. En ce qui concerne le bilan alimentaire, une légère avancée a été enregistrée : 2055 calories/jour/personne en 2000 contre 2026 en 1980 (CNSA, 2000). Cependant, la valeur calculée pour l'année 2000 reste en deçà de la quantité de 2450 calories recommandée, ne représentant que 87 % de cette valeur.

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Chapitre IV : Incidences de la croissance démographique sur la pauvreté en Haïti 4.1.- Bilan des politiques de population

Pour le début des années 2000, les variables démographiques ont affiché des valeurs s'écartant nettement des objectifs fixés par le gouvernement d'Haïti au début des années 80. L'impact de la politique de population sur l'accroissement de la population n'est pas évident. Comment expliquer cet écart entre les résultats obtenus et les objectifs fixés ?

En premier lieu, l'exécution de la politique de population supposait la mise en place d'un cadre institutionnel. Dans le document de politiques de population élaboré au début des années 80, il était prévu la création de la Commission Nationale de Population (CONAPO) dans le but d'assurer la mise en oeuvre et le suivi de la politique de population. Mais cette institution n'a pas pu bénéficier d'une véritable structuration susceptible d'assurer son efficacité.

La liaison entre les événements politiques et la politique nationale de population ne sauraient être négligée. En effet, l'année 1986 a été marquée par de fortes turbulences

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politiques, avec le départ du régime de Jean-Claude Duvalier. Depuis lors, le pays vit un long cycle d'instabilité politique, avec des conséquences non négligeables sur tous les champs d'activités. Les gouvernements qui se sont succédés au pouvoir ne se sont guère préoccupés de la poursuite des initiatives entreprises par leurs prédécesseurs. La lutte pour consolider le régime politique au pouvoir s'est souvent substituée aux efforts d'instauration de structures durables pour affronter les grands défis de la nation. Dans ce contexte, on pourrait trouver une raison susceptible d'expliquer l'échec des politiques de population élaborées durant les années 80.

Mais, cette explication ne saurait être l'unique. Il convient également de questionner les objectifs fixés. Étaient-ils formulés à partir d'un diagnostic de la situation ?

Les critères retenus pour parvenir aux objectifs chiffrés ne sont pas suffisamment bien définis dans le document. En d'autres termes, la cohérence de ces objectifs chiffrés par rapport à une vision de long terme du développement n'est pas clairement établie.

D'autre part, pendant longtemps, le concept de population a été surtout lié à la pratique de la médecine en Haïti. Et pour preuve, la Santé publique et la Population ont été réunies au sein d'un même ministère. La démédicalisation du concept de Population ne remonte qu'à 1994, année de l'organisation de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD), tenue à Caire. C'est à partir de cette date que l'on a pris conscience véritablement en Haïti de la nécessité d'intégrer le facteur développement dans les politiques de population. C'est dans ce contexte que la Secrétairerie d'État à la Population a été créée en 1999.

La création récente du Réseau National en Population et Développement (RNDP), lequel regroupe tout un ensemble d'institutions, donne un nouvel instrument pour aborder la problématique de la population, en regard des objectifs de développement. Mais, faut-il bien que ces institutions s'accordent sur les priorités nationales en matière de population et sur les actions concrètes à mener pour atteindre les objectifs nationaux dans ce domaine.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille