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Les incidences de la croissance démographique sur le niveau de pauvreté en Haà¯ti (période 1980-2003)


par Joseph Junior Guerrier
Centre de Techniques de Planification et d'Economie Appliquée - Diplome d'Etudes Supérieures en Economie 2004
  

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Chapitre 1 : Cadre théorique et conceptuel

1.1.- Contour théorique du concept de pauvreté

Il est difficile d'enfermer le concept de pauvreté dans une définition unique. Les définitions dont elle fait l'objet sont plutôt multiples. Selon les Nations Unies5, la pauvreté est définie comme la privation de capacités humaines, d'opportunités et de choix essentiels qui sont nécessaires pour assurer le bien-être de l'individu, du ménage ou de la communauté. Ainsi, la pauvreté, pour l'ONU, ne se limite pas à la faiblesse des niveaux de revenus ou à l'impossibilité de satisfaire des besoins fondamentaux, mais aussi elle consiste en un manque de capacités humaines. De cette façon, il faut entendre un manque d'accès au capital (capital humain, physique, financier et social).

De son coté, Amartya Sen, cité par Van der Walt (2004, p.5), est allé plus loin qu'une simple démarche de définition de la pauvreté. Il essaie de déterminer les conditions nécessaires pour mesurer la pauvreté. Amartya Sen croit qu'il y a deux problèmes principaux en voulant mesurer la pauvreté : identifier les personnes de la population qui sont pauvres et construire un indice de pauvreté en utilisant les informations disponibles sur les pauvres.

Sur la trace de la pensée de Sen, Van der Walt a abouti à une conclusion selon laquelle, la définition de la pauvreté diffère selon les peuples. Pour Van der Walt, la pauvreté peut être considérée par certains comme le fait de ne pas posséder une voiture ou un réfrigérateur alors que pour d'autres, elle peut être synonyme de manque d'emploi ou d'un logement confortable. En clair, la pauvreté serait un concept vague.

Pour sa part, Joseph Wresinski, cité par Paul Makdissi et Quentin Wodon (2004), est allé encore plus loin. Il estime que la pauvreté, particulièrement l'extrême pauvreté, est un concept multidimensionnel qui peut même inclure les violations de droits humains. Une définition de la Banque Mondiale reprise par Van der Walt atteste de cette multidimensionnalité. Cette définition s'énonce comme suit : « La pauvreté, c'est la faim. La pauvreté, c'est le manque de logements. La pauvreté, c'est être malade et ne pas avoir les moyens de voir un médecin. La pauvreté, c'est ne pas avoir la possibilité d'aller à l'école et ne pas savoir lire. La pauvreté, c'est ne pas avoir un emploi, c'est craindre pour son avenir, c'est vivre au jour le jour. La pauvreté, c'est

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5 PNUD, Rapport arabe sur le développement humain 2002, page 103

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perdre un enfant à cause d'une maladie provoquée par de l'eau non traitée. La pauvreté, c'est de l'impuissance, le manque de représentation et de liberté. » (Van Der Walt, 2004, p.6)

Donc, dans la littérature, le débat est très vaste. De plus, la pauvreté doit-elle être considérée comme absolue ou relative ? Ou bien, doit-on la considérer en terme de nécessités, de capacités ou de fonctions ? Ou encore, est-elle spécifiquement un phénomène monétaire ?

1.1.1.- Les différentes approches de la pauvreté 1.1.1.1.- L'approche traditionnelle

Suivant l'approche traditionnelle utilisée pour mesurer la pauvreté, les pauvres sont définis comme tous individus ou ménages qui sont en dessous d'un niveau requis - la ligne de pauvreté - pour maintenir un certain standard de vie. Les individus ou ménages en dessus de cette ligne sont considérés comme non-pauvres. Les seuils de pauvreté monétaires (1 dollar et 2 dollars) retenus par la Banque Mondiale se situent à travers cette approche.

L'approche monétaire de la pauvreté, qui est l'une des formes de l'approche traditionnelle, est centrée sur des mesures de la pauvreté exprimées par un ratio d'individus ou de ménages dont le revenu ou les dépenses sont donc inférieurs à un seuil rapporté à une population totale. La ligne de pauvreté représente l'équivalent monétaire d'un panier de biens et de services considérés comme étant le minimum nécessaire à l'existence dans un pays donné. Il s'agit donc d'un seuil absolu.

Dans sa version la plus réductrice, l'approche en termes de pauvreté monétaire suppose que les besoins sont satisfaits essentiellement sur une base privée (individus ou ménages) et sur les marchés du travail, des biens et des services. Le principal moyen d'accès aux ressources nécessaires est l'emploi. Celui-ci commande en effet l'accès à un revenu et, selon le contexte, le droit à une assurance de santé ou à une retraite. L'emploi permet également de mettre en oeuvre certains fonctionnements sociaux.

Dans le cas d'Haïti, Nathalie Lamaute-Brisson6 a présenté, dans une étude parue en 2005, de nouveaux seuils, selon les calculs de l'Institut d'Études Internationales Appliquées de

6 Nathalie Lamaute-Brisson, Emploi et pauvreté en milieu urbain en Haïti, CEPALC, Août 2005, p.35

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Norvège (FAFO), à partir des données de l'Enquête Budget-Consommation des Ménages de 1999-2000 réalisée par l'Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (IHSI). Calculé selon un panier alimentaire, le seuil d'indigence est de 4243 gourdes per capita et par an, alors que le seuil de pauvreté se situe à 5638 gourdes per capita et par an. Ce seuil est calculé à partir de la variable « consommation », laquelle a été préférée aux dépens de la variable « revenu » en raison des limites dans la mesure de ce dernier tant au niveau de l'observabilité qu'au niveau du concept même.

À partir de ces nouveaux seuils, la FAFO conclut que 48 % de la population haïtienne vivent en dessous du seuil de pauvreté tandis que 31,4 % sont en situation d'extrême pauvreté. La comparaison des données avancées par la FAFO avec celles présentées par Mats Lundahl, qui a lui-même utilisé le concept revenu et d'après lesquelles 76 % de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté et 56 % en situation d'indigence, permettent de déduire une différence significative suivant les méthodes.

Globalement, il y a deux traits fondamentaux qui caractérisent l'approche traditionnelle pour mesurer la pauvreté :

? Le premier trait est que cette approche est unidimensionnelle, prenant en compte

seulement un indicateur ou une dimension de la pauvreté. En ce sens, les dimensions de la pauvreté le plus souvent utilisées sont celles basées sur une mesure monétaire : revenu ou consommation/dépense. Le revenu représente les moyens permettant d'acquérir les biens et services nécessaires pour un standard de vie minimum, tandis que la consommation indique si les besoins sont effectivement satisfaits.

? Le second trait de l'approche traditionnelle est le classement distinct de la population

en deux groupes : pauvres et non-pauvres, suivant la ligne de pauvreté. Cette ligne, en effet, peut être subjective, absolue, relative ou une combinaison de ces dernières. La ligne de pauvreté subjective peut être déterminée en demandant aux pauvres où doit se situer le niveau critique entre pauvres et non-pauvres. Dès le départ, cette approche pose problème, car le fait de demander aux pauvres suppose que ces derniers ont déjà été identifiés. La ligne de pauvreté relative, elle-même, dépend de la distribution du revenu de la population et peut être par exemple la moitié du revenu moyen de la population. La ligne de pauvreté absolue,

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par contre, est prédéterminée et est indépendante du revenu de la population. Ce type de pauvreté peut être basé sur un certain niveau de salaire minimum, le coût d'un panier de biens considéré comme essentiel pour maintenir un certain niveau de vie. Les seuils de pauvreté déterminés pour Haïti à partir des calculs de la FAFO peuvent être classés au niveau de la ligne de pauvreté absolue.

1.1.1.2.- L'approche multidimensionnelle

L'approche traditionnelle a été développée pour répondre au besoin de mesurer la pauvreté plus directement à travers ses multiples dimensions en utilisant un seul indicateur. L'approche multidimensionnelle, par contre, prend en compte plusieurs indicateurs ou dimensions pour mesurer le bien-être d'un individu. Selon cette dernière approche, un individu est considéré comme pauvre quand un certain nombre des besoins de base ne sont pas satisfaits.

Comme pour l'approche traditionnelle, l'approche multidimensionnelle, non plus, ne fait pas l'unanimité. Il n'y a pas un consensus général concernant les dimensions du bien-être qui doivent être incluses dans une analyse de la pauvreté. Le problème est qu'il n'y a pas vraiment une méthode ou un standard pour mesurer la pauvreté multidimensionnelle. Par exemple, Boltvinik, cité par Van Der Walt (2004, p.12), établit une différence entre les méthodes qui classifient de façon séparée les différents indicateurs ou dimensions de la pauvreté (comme les indicateurs de développement humain) et les méthodes qui créent un indice composite pour toute la pauvreté (tels que l'IDH et l'IPH). Le débat concernant ces indices composites tourne autour du poids par lequel les différentes dimensions contribuent à la pauvreté. Van Der Walt cite en exemple l'IDH qui assigne des poids égaux aux trois dimensions prises en compte. Alors que chaque dimension peut ne pas avoir la même importance, en passant d'un pays à l'autre. Donc, au niveau de beaucoup d'indices de pauvreté multidimensionnelle, la question revient à savoir quel est le seuil de pauvreté pour chaque dimension.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus