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Urbanisme et santé


par ERIC Omar MOUSTAQIL
Institut d'urbanisme de Lyon - Master 2 Urbanisme et aménagement 2020
  

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Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 9 3 | 1 4 8

VI.2.c- La nécessité de l'activité physique

Selon l'OMS l'activité physique se définit comme : « tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques qui requiert une dépense d'énergie »264. Il s'agit de tous les mouvements du corps que l'on réalise par tout : dans le cadre des loisirs, sur le lieu de travail ou pour notre mobilité pour aller d'un lieu à l'autre. L'activité physique revêt donc un large éventail de choix, le sport n'en constituant qu'une partie. La marche, le vélo, la trottinette, le skatebord, les rollers (la mobilité active), la détente active (jardiner, flâner, bricoler etc.) et le jeu constituent des méthodes primaires et à la portées de tous de pratiquer une activité physique265.

Nous avons vu l'impact négatif de la sédentarité sur la santé. En effet, l'inactivité physique est source de nombreuses complications, évitables, pour la santé de l'individu. En revanche l'activité physique peut diminuer considérablement la mortalité précoce. Ainsi, un mode de vie incluant, au minimum, 15 à 20 minutes d'activité physique quotidienne réduit la mortalité de 14% indifféremment de l'âge et du genre266. On constate donc que la pratique d'une activité physique avec une intensité moyenne ou soutenue permet d'améliorer considérablement la santé des individus267. Parmi les facteurs réduisant mécaniquement le risque de tomber malade, il y a la marche pendant vingt minutes par jour. Dix minutes d'activités intenses réduisent quasiment à néant les risques liés à la sédentarité268.

Selon une expertise de l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) publiée en 2008, d'après une étude réalisée sur 5 000 individus et suivis pendant 5 ans minimum, on constate que les risques de décès sont considérablement réduits chez les personnes pratiquant une activité physique régulière par rapport aux personnes peu voire non actives physiquement. Ce résultat est valable chez tous les individus quels que soient l'âge et l'étiologie des maladies ou du décès. La réduction de la mortalité varie entre 2% et 58% selon

264 « Activité physique ». art déjà cité

265 Idem, art déjà cité

266 Chi Pang Wen et al., « Minimum Amount of Physical Activity for Reduced Mortality and Extended Life Expectancy: A Prospective Cohort Study », The Lancet 378, no 9798 (1 octobre 2011): 1244-53, https://doi.org/10.1016/S0140-6736(11)60749-6.

267 Organisation mondiale de la Santé, Lignes directrices de l'OMS sur l'activité physique et la sédentarité : en un coup d'oeil (Genève: Organisation mondiale de la Santé, 2020), https://apps.who.int/iris/handle/10665/337003.

268 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

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le niveau d'activité physique pratiqué269.

Il est donc scientifiquement prouvé que l'activité physique impacte positivement la santé des individus. Elle apporte donc des bienfaits dont le corps, dans sa globalité, a besoin. Ainsi pour les personnes âgées, elle ralentit et /ou arrête certains processus délétères relatifs au vieillissement. De plus, elle favorise le maintien de la bonne santé tout au long de la vie et de la prise d'âge. En maintenant le bon fonctionnement de la masse musculaire, elle permet également de diminuer les chutes et donc les risques de fractures du col du fémur, ce qui freine l'échéance de la dépendance. Enfin, la santé mentale est également influencée par la pratique d'une activité physique. En effet, l'activité sportive permet d'atteindre un bien-être mental car elle aide à réduire le stress, elle fait prendre conscience de son corps, elle participe à la vie sociale, elle améliore la capacité intellectuelle et cognitive, l'estime de soi et permet de contrôler ses émotions et la dépression270.

En France depuis 2017, le décret n° 2016-1990 du 30 décembre 2016 permet de prescrire la pratique d'une activité physique adaptée (APA), uniquement, aux patients atteints d'une affection de longue durée271. En effet, l'APA s'inscrit : « en prévention secondaire et tertiaire des maladies chroniques. La recherche scientifique a dénombré dix maladies chroniques pour lesquelles l'APA est considéré comme un traitement nécessaire : le diabète de type II, l'obésité, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), l'asthme, le cancer, les syndromes coronaires aigus, l'insuffisance cardiaque, les accidents vasculaires cérébraux, les maladies ostéoarticulaires, la dépression et la schizophrénie »272.

Cette volonté politique de reconnaitre l'activité physique comme un traitement non médicamenteux, correspond globalement à la démarche de la promotion de la santé. Mais cette volonté politique s'inscrit dans une approche curative. Peut-on alors lui donner une orientation préventionnelle en l'élargissant à l'ensemble de la population ? Si cette mesure, pour des raisons économiques, ne peut être élargie à l'ensemble de la population, elle mérite au moins une analyse des coûts et bénéfices. En effet l'activité physique n'impacte pas uniquement la santé mais également l'économie et notamment celle de la santé. Une activité sportive pratiquée régulièrement aide également à l'amélioration de l'efficacité économique

269 « Activité physique -Contexte et effet sur la santé- Expertise collective- Inserm- Institut national de la santé et de la recherche médicale- @édition Inserm, 2008 », s. d.

270 Emmanuel Poirel, « Bienfaits psychologiques de l'activité physique pour la santé mentale optimale », Santé mentale au Québec 42, no 1 (2017): 147, https://doi.org/10.7202/1040248ar.

271 « Décret n° 2016-1990 du 30 décembre 2016 relatif aux conditions de dispensation de l'activité physique adaptée prescrite par le médecin traitant à des patients atteints d'une affection de longue durée », 2016-1990 § (2016).

272 Fédération National d'Education et de la promotion de la Santé, « PROMOUVOIR L'ACTIVITÉ PHYSIQUE DANS LES TERRITOIRES- D-CoDé Santé », février 2021, www.fnes.fr.

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car elle aurait une incidence sur la productivité. Récemment, une étude a démontré que lorsqu'une personne travaillant de façon sédentaire commence la pratique d'une activité physique régulière, son rendement augmente entre 6% et 9% selon son degré d'engagement dans la pratique de cette activité sportive273. Nous avons évoqué, précédemment, les coûts relatifs à la sédentarité, nous allons maintenant voir les bénéfices (coûts évités) de la pratique de l'activité physique. Rapprochées aux coûts directs et indirects liés à la pratique physique, les retombées économiques nettes de développement de l'exercice physique peuvent être estimées à 7,7Mds€274 (Cf. figure n° 18).

Figure n° 18: Économie générale par un développement de la pratique physique

Source : Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse (Ministère des Sports, 31 janvier 2018).

Plus les gens sont physiquement actifs plus les économies augmentent. Si on généralise la pratique physique à toute la population, l'économie réalisée serait de 16,7Mds€. À cette somme, 9Mds€ de coûts supplémentaires seraient à déduire (frais correspondants aux accidents liés à l'activité physique). Nous atteindrions donc une économie nette (gain) de 7,7MDs€.

273 idem

274 Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques ».

Nous sommes donc face à un défi selon lequel, la politique locale, ne pourra pas imposer ou rendre obligatoire l'activité physique. La médecine n'a, elle non plus, pas de médicaments pour faire bouger les gens275. Mais la réflexion urbaine peut s'inscrire dans une démarche préventionnelle et « provoquer » un comportement actif en ville. L'étude ci-dessous démontre que cette démarche est tout à fait réalisable.

Enquêtes sur l'environnement physique et contexte social et géographique

« Une enquête internationale parue en 2001 a pour cadre d'analyse plusieurs pays européens: Belgique, Finlande, Allemagne de l'Ouest et de l'Est, Pays Bas, Espagne et Suisse. Elle a porté sur un total de 3 342 personnes adultes (18 ans et plus) joints par téléphone (Stahl et coll., 2001). Les individus étaient classés en deux groupes : actifs (70 %) ou inactifs (30 %) du point de vue des activités physiques, avec cependant d'importantes différences selon les pays. Les facteurs de l'environnement social et géographique, les caractéristiques des politiques environnementales étaient également précisés. Un modèle théorique cognitif a permis d'exploiter les données recueillies. La qualité de l'environnement social apparaît comme assez déterminante pour comprendre l'activité physique ou la « sédentarité physique »276

 

Cette étude, menée par des spécialistes de la planification urbaine, de l'aménagement ou de l'urbanisme277, vise à comprendre l'influence de l'environnement construit dans lequel évoluent les populations sur l'activité physique. Elle détermine l'environnement aménagé sur une base de six paramètres : la densité, l'intensité urbaine, la connexion entre les réseaux de communication, le niveau de hiérarchisation de la trame viaire, les qualités physiques des espaces et la topographie ainsi que la morphologie du territoire278. Ces dernières constituent un critère déterminant car il définit la proportion spatiale attribuée à la voiture (plus rapide) par rapport à la mobilité active. Pour 25% des déplacements inférieurs à 1,5 Km, l'incitation à la mobilité active pourrait être envisagée, quelles que soient la topographie et la morphologie de l'espace279. Par ailleurs, en rendant certains espaces plus attractifs, notamment la nature en ville, des barrières psychologiques entravant l'usage de la mobilité active seront supprimés280.

275 « Espace public, santé, marchabilité Vers des environnements urbains qui invitent à bouger- Rue de l'Avenir-2015 », s. d., www.rue-avenir.ch.

276 « Activité physique -Contexte et effet sur la santé- Expertise collective- Inserm- Institut national de la santé et de la recherche médicale- @édition Inserm, 2008 ».

277 Idem, art. déjà cité

278 Idem, art. déjà cité

279 Idem, art. déjà cité

280 Idem, art. déjà cité

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En effet, il est scientifiquement prouvé que pratiquer une activité physique dans la nature est très bénéfique pour la santé physique et mentale. La combinaison des deux révèle un avantage synergique281. En Amérique du Nord, des études ont démontré qu'il existe un lien entre la fréquentation des parcs en ville (Central Park, Dog Park, etc.) et la pratique de l'activité physique.282 En effet, la nature dans les villes constitue un critère de motivation important pour la pratique d'une activité physique (marche, course à pied, gymnastique d'entretien).

Par ailleurs, une étude britannique poussée a mis en avant ce lien entre nature et santé mentale et physique et cherche à prouver qu'un avantage synergétique existe lorsque la pratique d'une activité physique s'effectue dans un cadre de nature283. Cette étude traite de l'environnement et de l'impact psychologique qu'il peut avoir en fonction de l'image qu'il renvoie :

« Elle s'appuie sur 5 groupes de 20 personnes exposées à une séquence de 30 scènes projetées sur un mur tandis qu'ils sont occupés à une activité d'entretien physique. Quatre catégories de scènes peuvent être projetées : une scène rurale plaisante, une scène rurale désagréable, une scène urbaine plaisante, une scène urbaine désagréable. Les auteurs mesuraient la tension des sujets ainsi que deux critères psychologiques : l'estime de soi et l'humeur, avant et après l'intervention. L'exercice seul (sans les images) réduit la tension, accroît l'estime de soi et a un effet positif sur les traits d'humeur. Les scènes rurales et urbaines agréables produisent un effet positif plus grand encore sur l'estime de soi. Ceci montre, de l'avis des auteurs, l'effet synergétique du cadre. En revanche, les scènes désagréables urbaines et rurales réduisent l'effet positif sur l'estime de soi. Enfin, les scènes rurales désagréables et dramatiques ont le plus grand effet, diminuant les effets bénéfiques de l'exercice. Pour autant, un tel protocole nous paraît bien artificiel (il nous semble relever d'une psychologie de laboratoire) pour qu'on puisse transposer à la nature elle-même les exercices dits exercices verts (green exercice) qui sont effectués en tenant compte d'un environnement plaisant. »284

Les deux études démontrent clairement que l'environnement de vie physique, socio-culturel et spatiale d'un individu détermine sa motivation à la pratique de l'activité physique. Elle ne relève donc pas que de sa seule volonté à pratiquer ou non une activité physique. De ce fait nous déduisons que l'action politique sur l'environnement urbain est donc primordiale en

281 Idem, art. déjà cité

282 Idem, art. déjà cité

283 Idem, art. déjà cité

284 « Activité physique -Contexte et effet sur la santé- Expertise collective- Inserm- Institut national de la santé et de la recherche médicale- @édition Inserm, 2008 ».

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matière d'activité physique, elle peut orienter et développer la motivation pour la pratique d'une activité physique quotidienne. Au regard de leur proximité avec les habitants et leurs prérogatives, les collectivités territoriales constituent l'institution pertinente de l'application d'actions développant l'activité physique à travers la conception et l'organisation de la ville. Cela a été démontré avec l'avènement de la Covid-19.

VI.3- Comparaison des contextes des villes : limites qualitatives de

notre analyse

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore