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Révision constitutionnelle et crise politique en RDC.


par Patrick MBALE MALAMABA
UNILU - Gradue en sciences sociales politiques et administratives 2020
  

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CHAPITRE TROISIEME : CAUSES PRINCIPALES ET
RESOLUTION DE LA CRISE POLITIQUE

Comme déjà mentionner plus haut la République Démocratique du Congo a fait face à une diversité des constitutions qui ont variées selon les différentes formes des républiques. La constitution du 18 février 2006 a déjà inscrit son nom dans le livre d'or des constitutions congolaises. Car, contrairement à la plupart de ses prédécesseurs, cette dernière a atteint le seuil de 5ans d'existence sans qu'aucune révision soit portée à ses dispositions. La toute première révision qu'elle vas connaitre depuis sa promulgation en 2006, sera celle du 20 janvier 2011.

Notons tout de même que cette révision du 20 janvier 2011 a portée au total sur 8 articles de la constitution de 2006 dont :

L'article 71 le président de la république est élu à la majorité simple des suffrages ;

Article 110 institue le droit du député national ou du sénateur de retrouver son mandat après l'exercice d'une fonction politique incompatible ;

Article 126 prévoit l'ouverture des crédits provisoires dans le cas du renvoi au parlement, par le président de la république, pour une nouvelle délibération du projet de lois des finances votés en temps utile et transmis pour promulgation avant l'ouverture du nouvel exercice budgétaire ;

Article 149 l'amendement consiste en la suppression du parquet dans l'énumération des titulaires du pouvoir judiciaire. Celui-ci est dévolu aux seuls cours et tribunaux. Il sied de souligner que cet amendement met ainsi en contradiction l'article 149 avec les articles 150 et 151 qui proclament l'indépendance du seul magistrat du siège dans sa mission de dire le droit ainsi que son inamovibilité ;

Articles 197 et 198 reconnaissent au président de la république, sans restreindre les prérogatives des provinces, en concertation avec les bureaux de l'assemblée nationale et du sénat, le pouvoir de dissoudre une assemblée provinciale ou relever de ses fonctions un gouverneur de province en cas de crise grave et persistante menaçant le bon fonctionnement régulier des institutions provinciales ;

Article 218 reconnait au président de la république le pouvoir de convoquer le referendum prévu au dit article pour l'approbation d'une révision constitutionnelle ;

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Article 226 transfère à la loi la compétence de fixer les modalités d'installation de nouvelles provinces citées à l'article 2 de la constitution.50

Notre analyse autour de cette réforme des articles du 20 janvier 2011 sera beaucoup plus axée sur les causes principales ayant fait que cette dernière soit suivie d'une crise politique ainsi que la manière dont elle a été résolue et cela dans le but de s'écarté de toute passion également toute analyse profane.

SECTION I : CAUSES PRINCIPALES DE LA CRISE POLITIQUE EN RDC

Partant d'une observation, la crise politique survenue après la révision constitutionnelle de 2011 ne résulte pas a priori sur les reformes des articles dans sa globalité, mais essentiellement sur un nombre limité des articles ayant fait sujet d'amendement à l'occurrence l'article 71, 197,198 et 218.

I.I : EXTENSION ET RENFORCEMENT DU POUVOIR DU CHEF DE L'ETAT

De prime abord la constitution congolaise du 18 février 2006 accorde au président de la république un bon nombre des prérogatives qui par moment certaines lui sont encombrant suite à leur immensité ainsi qu'à une multiplicité de préoccupation que rencontre un président de la république, ceci conduisant à une sorte d'hypertrophie de la fonction présidentielle. Était-il important d'en ajouter davantage ? alors que cette prééminence politique et fonctionnelle accordée au Chef de l'Etat, remonte à la Constitution de Luluabourg du 1er août 1964.51 Mais il semble bien au contraire que cette hypertrophie de la fonction présidentielle ne pas propre aux congolais, mais, qu'il s'agit, par ailleurs, d'une tendance constitutionnelle dans la majorité des Etats en Afrique sub-saharienne.52

En RDC, particulièrement comme si cela ne suffisait pas, la loi de la révision constitutionnelle du 20 janvier 2011, dont l'article 1er modifie les articles 197, 198 et 218 de la Constitution du 18 février 2006, augmente les prérogatives constitutionnelles du Chef de l'Etat, alors que celles-ci étaient déjà très importantes : commandant suprême des forces armées et président du Conseil supérieur de la défense (article 83) ; nomination du Premier ministre et des autres membres du gouvernement (article 78); investiture des gouverneurs et vice-gouverneurs de province (article 80);

50 Hervé KIDIA KUBATAKANA, Op.cit. p. 26

51 BALINGENE KAHOMBO, « L'expérience congolaise de l'Etat fédéral : la Constitution de Luluabourg revisitée », http://www.la-constitution-en-afrique.org/, 24 mai 2010

52 A. MAMPUYA KANUNK'a TSHIABO, Le droit constitutionnel, Louvain-la-Neuve, Academia-L 'Harmattan, 2013, p.13.

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Président de la Conférence des gouverneurs de provinces (article 200); nomination de tous les magistrats (article 82) ; nomination à d'autres principales fonctions dans l'Etat : ambassadeurs, officiers généraux et supérieurs de l'armée et de la police, mandataires des entreprises publiques, hauts fonctionnaires de l'administration publique, etc. (article 81) ; déclaration de guerre (articles 86 et 143), de l'état d'urgence ou de siège (articles 85, 144 et 145), etc.

En 2011, le pouvoir constituant dérivé ou institué qu'on définit comme étant « celui dont l'organisation et le fonctionnement de la révision sont prévus par la constitution en vigueur »53 augmente les prérogatives au président de la république. Bien qu'avant, cette tentative d'hypertrophie présidentielle avait sévèrement fait sujet de critique, le 05 novembre 2007, lors du dépôt de la proposition de la révision constitutionnelle à l'initiative du député Tshibangu Kalala, 54 cette proposition échouera bien que soutenue par 310 députés de la mouvance présidentielle.55

Elle a été même rejetée par le chef de l'Etat lors de son discours sur l'Etat de la nation en décembre 2007 en ces mots :

Je ne peux en finir avec les réformes juridiques sans nous mettre tous en garde contre la tentation de vouloir régler tout dysfonctionnement éventuel des institutions par une révision constitutionnelle. En principe, la loi fondamentale d'un pays ne devrait être modifiée qu'en cas d'extrême nécessité, et uniquement dans l'intérêt supérieur de la Nation.56

Toute en faisant allusion au discours du président sur l'Etat de la nation en décembre 2007, qui estimait que la loi fondamentale d'un pays ne devrait être modifiée qu'en cas d'extrême nécessité, et uniquement dans l'intérêt supérieur de la Nation. D'où il est nécessaire pour nous de savoir, la révision constitutionnelle de 2011 était-elle d'une extrême nécessité et uniquement dans l'intérêt supérieur de la Nation ?

Comme on dit, le ridicule ne tue pas, surtout pas au Congo où certains « responsables » s'en sont rendus spécialistes, aboyant à la moindre occasion pour ne débiter que des mensonges. Mais, dans la

53 M. LINGOTO, Op.cit., p. 38

54 A. MAMPUYA KANUNK'a TSHIABO, La Constitution : la révision n'est pas une urgence, entretien avec le journal le Phare, rapporté par S. BOLLE, « RD Congo. Faut-il déjà réviser la Constitution de 2006 », http://www.la-constitution-en-afrique.org/, 27 novembre 2007.

55 M. WETSH'OKONDA KOSO et V. MAKIDI KOMBE, « L'échec de l'initiative de révision constitutionnelle du 5 novembre 2007 », http://www.la-constitution-en-afrique.org, 17 juillet 2008.

56 Joseph KABILA, L'état de la nation : 2007-2008-2009, Kinshasa, Editions de la presse présidentielle, 2010, p.47.

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présente situation, le mensonge cache, bien mal, la panique qui s'empare du magma appelé « AMP » dans la perspective de plus en plus vérifiée d'une défaite lors de l'élection annoncée en 2011 tout amendement bien que soutenu par l'AMP (alliance de la majorité présidentielle) n'était qu'à leur avantage.

L'article 218 non amendé de la constitution 18 février 2006 stipule que : ce pouvoir constituant et soit le peuple, soit le Parlement réuni en Congrès. L'ancien alinéa 3 du même article de la Constitution était, sans aucune autre précision, libellé comme suit : « la révision n'est définitive que si le projet, la proposition ou la pétition est approuvée par référendum ». Mais, la loi constitutionnelle du 20 janvier 2011 l'a modifié en ajoutant au bout de cette disposition que la révision constitutionnelle est approuvée par référendum « sur convocation du Président de la République ». Qu'elle a été les motivations ayant poussé le constituant dérivé à attribuer au président ce nouveau pouvoir constitutionnel ? Il faut souligner que le pouvoir constituant dérivé n'a fourni aucune motivation a cette attribution. Mais, deux hypothèses ont été avancée par un auteur, lesquelles pour notre part nous estimons étant les raisons valables pour renforcer le pouvoir du chef de l'Etat.

D'abord, il peut arriver que le Chef de l'Etat n'ait pas le contrôle du Congrès, en particulier en période de cohabitation, ou qu'il ait des difficultés à convaincre les parlementaires (congressistes) à pouvoir approuver son initiative d`amendement constitutionnel à la majorité qualifiée qu'exige la Constitution. Ensuite, la CENI étant en principe indépendante, il n'est pas sûr qu'elle puisse convoquer tel ou tel autre référendum constitutionnel, même sur demande présidentielle expresse. Face à ces inquiétudes de nature politicienne, la solution n'était plus que celle d'accorder au Président de la République lui-même le pouvoir de convoquer le peuple au référendum, avec tout le risque de tripatouillage du vote comme c'est souvent le cas en Afrique. Au surplus, il s'agit d'une compétence discrétionnaire : seul le Chef de l'Etat décide de l'opportunité de convoquer le référendum constitutionnel, tandis que la CENI est tenue, en simple exécutant de la volonté présidentielle, de procéder à son organisation matérielle. Cette confusion des pouvoirs conduit à conclure à la présidentialisation du constituant dérivé de la Constitution du 18 février 2006.

En revanche, en période de concordance entre l'exécutif et la majorité parlementaire, ce nouveau pouvoir présidentiel apparaît plutôt comme une précaution politique en faveur du Chef de l'Etat. En pratique,

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la majorité qualifiée du Congrès qu'exige la Constitution pour sa propre modification ne serait pas difficile à atteindre, si bien que la consultation du souverain primaire devient presque aléatoire. L'argent corrompt la politique et la majorité au pouvoir obéit au mot d'ordre des chefs des partis ou « autorités morales », selon une expression désormais célèbre en RDC.57

Ceci étant le pouvoir constituant dérivé a adopté une révision constitutionnelle cavalière à des fins personnelles, étrangères à l'amélioration de l'Etat de droit et de la démocratie. Le Chef de l'Etat en a été le principal bénéficiaire.

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