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La prolifération des organisations d'intégration régionale en Afrique. Complémentarité ou concurrence?


par Marie-Bénédicte GABA
Université d'Abomey-Calavi - Licence d'administration générale 2010
  

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B- Gestion problématique des appartenances multiples

Il s'agira pour nous dans cette partie de présenter de façon générale les problèmes rencontrés par les Etats en général et par le Bénin en particulier du fait de leurs adhésions multiples aux organisations d'intégration régionale.

La plupart des Etats africains appartiennent à plusieurs organisations d'intégration à la fois. Dans les faits, cela se manifeste par le fait que sur les cinquante- trois (53) pays africains, vingt-six (26) ont adhéré à deux, vingt (20) à trois et un à quatre des quatorze (14) organisations inter-gouvernementales (OIG)18.

En dehors de ces quatorze OIG, la majorité des Etats africains appartiennent à au moins deux autres regroupements sous-régionaux moins importants. Ainsi, en moyenne, 95% des membres d'une communauté économique régionale appartiennent à une autre communauté. De plus, les Etats ne se contentent plus d'adhérer aux regroupements situés à l'intérieur de leur sous-région. Avec la naissance de nouvelles communautés transversales telles que la CEN-SAD, les Etats sortent du cadre sous-régional. Le Bénin par exemple est membre, sur ces 14 OIG, de trois à savoir la CEDEAO, l'UEMOA

18 Ces 14 OIG regroupent les 8 CER reconnues par l'UA et 6 autres communautés économiques sous-régionales qui constituent les grands sous-ensembles de ces communautés. Il s'agit notamment de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC), dont les six membres font tous partie de la CEEAC; la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL), dont les trois membres font partie de la CEEAC; la Commission de l'océan Indien (COI), qui comprend quatre membres du COMESA; l'Union du fleuve Mano (MRU), composée de trois membres de la CEDEAO; l'Union douanière d'Afrique australe (SACU), dont les cinq membres appartiennent à la SADC; l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui comprend huit membres de la CEDEAO.

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et la CEN-SAD. Cette situation inconcevable en matière d'intégration rationnelle est pourtant justifiée pour des raisons d'ordre politique et stratégique.

Cependant, malgré les différents arguments apportés pour justifier une telle situation, les avantages d'une telle omniprésence des Etats dans les institutions d'intégration ne se ressentent pas particulièrement. Surtout au regard des différentes contraintes tant sur le plan financier, humain qu'organisationnel qu'elle génère.

1- Au plan financier

Sur le plan financier, les Etats doivent respecter un certain nombre d'engagements. Il s'agit fondamentalement de leurs cotisations annuelles. Déjà, la satisfaction de cette exigence n'est pas toujours aisée pour les Etats membres d'une seule communauté mais elle devient encore plus difficile lorsque l'Etat contracte des engagements envers plusieurs communautés. Tenant compte de ces problèmes, le Rwanda a, par exemple, entrepris une étude sur les options de l'intégration, leurs coûts et leurs avantages. Fort des résultats de ladite étude, ce pays a pris la décision audacieuse de se retirer de la Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale (CEEAC) et de retirer sa demande d'adhésion à la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC). De ce fait, il a alors exhorté tous les autres Etats qui sont confrontés à des situations similaires de s'imprégner de son exemple19.

De plus, il arrive que les Etats soient sollicités financièrement à l'occasion d'évènement spécial comme par exemple la tenue d'évènements culturels et sportifs.

La participation des Chefs d'Etat, membres du gouvernement ou experts aux différentes réunions suppose également une incidence financière non négligeable. Pour s'en convaincre, il suffit de se référer à la première mesure proposée par le ministre des finances de la République du Bénin dans le cadre de

19 Discours du ministre rwandais des Affaires étrangères et de la coopération S.E. Dr Charles Murigande, à l'occasion de la tenue à Kigali, au Rwanda de la deuxième Conférence des Ministres de l'intégration en 2007.

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la lutte contre la cherté de la vie. Il a en effet préconisé la suppression des missions pour tous les ministres à l'exception de celles revêtant un caractère extrêmement important ou prises en charge par les organisateurs20. Dans cette hypothèse, les ministres voyageraient en classe économique. La multi-appartenance constitue donc un facteur de dispersion des pauvres ressources des Etats africains.

En outre, le point des contributions du Bénin au titre de l'année 2006 révèle une forte contribution de celui-ci dans les organisations d'intégration avec, malgré tout, plus de huit cent millions d'impayés. Ce bilan montre que le montant de la contribution au profit de la CEN-SAD, s'élève à 115.657.500 de francs CFA pour l'année 2003-2004. Cette contribution, au titre de l'année 2006, est de 25.000.000 pour l'Autorité du Bassin du Niger et de 129.050.006 pour l'UA, pour ne prendre que ces exemples. Aussi, le montant des impayés est-il de 575.000.000 au Conseil de l'Entente et 125.750.000 à la CEDEAO.

2- Au plan humain et organisationnel

Sur le plan des ressources humaines, l'on constate comme un débordement de la part des cadres en charge des questions d'intégration, au plan national. En effet, ceux-ci sont excessivement sollicités eu égard non seulement à la diversité et la multitude des réunions et sommets auxquelles ils doivent répondre, mais également à la proximité de ces derniers. Par exemple en 2008, le sommet de la CEN-SAD, tenu à Cotonou au Bénin a précédé ceux de la CEDEAO, puis celui de l'Union Africaine, dans l'intervalle d'un mois.

Cette situation pourrait ainsi donc être à l'origine de l'absentéisme des représentants parfois constaté lors de ces rencontres.

Par ailleurs ces différentes appartenances posent des difficultés quant à la mise en oeuvre des politiques, qui se révèlent souvent conflictuelles.

20 Cf. Achode W ;la problématique d»un modèle d'intégration pour l'Afrique, Mémoire de fin de formation du 2ème cycle, Diplomatie et Relations Internationales, ENAM-Bénin, Cotonou, 2008, p. 41

 
 
 
 

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A titre illustratif, dans les domaines du commerce et de la facilitation des échanges, deux CER couvrant une même région peuvent élaborer des règles d'origine différentes. De même, les agents de douane d'un pays appartenant à deux CER et donc à deux unions douanières différentes, peuvent éprouver des difficultés considérables quant à l'application des régimes douaniers établis par ces CER qui s'avèrent contradictoires.

Une étude réalisée par la Commission de l'Union Africaine sur la base d'un questionnaire adressé aux CER a montré que 58% des Etats interrogés estiment que la multi-appartenance entraîne des contraintes budgétaires énormes pendant que 67% déplorent la duplication des programmes qui en résulte. 47% évoquent l'inefficacité et la mauvaise coordination tandis que 11% évoquent d'autres inconvénients liés à la multi appartenance.

Il est cependant important de faire remarquer que nos entretiens avec les cadres de la Direction de l'Intégration Africaine et de la Direction de l'Intégra-tion Régionale nous ont permis de savoir que ces effets pervers des multiples appartenances sont plus ou moins atténués au niveau des Etats de la sous-région ouest-africaine. En effet, il a été mis sur point au niveau de la CEDEAO et de l'UEMOA, des systèmes de prélèvements communautaires. Ce qui entraîne une diminution plus ou moins sensible des charges financières à imputer au budget national. Il demeure tout de même les charges des autres organisations telles que l'UA, la CEN-SAD et les sous-ensembles moins importants tels le Conseil de l'Entente ou encore l'Autorité du Bassin du Niger.

La pluralité des organisations d'intégration, la similarité de leurs objectifs, la duplication des programmes, et la dispersion des ressources des pays membres compromettent l'efficacité de ces regroupements. Il existe un flou quant à leur réel profit pour les Etats. Cependant dans cet enchevêtrement, il existe certaines qui font aujourd'hui l'effort d'harmoniser leurs politiques dans une perspective de consolidation et non de déperdition des efforts et ressources engagés dans le processus d'intégration. Malgré cet effort, il n'en reste pas moins que l'état actuel

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de l'intégration laisse entrevoir les velléités concurrentielles à peine dévoilées de certaines organisations ou plutôt de celles de leurs principaux fondateurs.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote