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Partir ou rester ? Intention d’émigration secondaire des migrants africains vivant en Belgique.


par Josue Begu Mbolipay
Université catholique de Louvain - Master 2 en Sciences de la population et du développement 2018
  

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3.3.3 Influence de politiques migratoires du Canada et des Etats-Unis sur les migrations secondaires

Pour Boussichas (2009), le terme politique migratoire fait référence à l'ensemble des actions des autorités publiques d'un pays en matière de gestion des individus n'ayant pas la nationalité de ce pays et qui sont soit présents sur son sol, soit désireux de s'y rendre. Le caractère restrictif ou non de ces actions politiques évoluent dans le temps et dans l'espace.

Dans l'une de ses communications sur l'efficacité des politiques d'immigration et d'intégration comparant l`Amérique du Nord et l'Europe occidentale, Termote (sd) regroupe en quatre objectifs toute politique d'immigration, quel que soit leur objectif (démographique, économique, humanitaire et politique). L'auteur reconnait cependant que, en réalité, tous les pays d'immigration poursuivent, plus ou moins explicitement, à la fois des objectifs économiques, démographiques, humanitaires et politiques, même si le poids relatif de chacun de ces objectifs varie dans le temps, tout comme d'un pays à l'autre en fonction de contexte particulier.

Le contexte économique, démographique et sociopolitique variant dans le temps entre les deux principaux pays d'immigration nord-américains -les Etats-Unis et le Canada-, il n'est pas surprenant que les objectifs des politiques d'immigration puissent varier également. Les Etats-Unis avec un niveau de fécondité proche du seuil de remplacement mettent tout naturellement plus l'accent sur les objectifs économiques que sur les objectifs démographiques, contrairement au Canada qui est confronté à la perspective d'une décroissance démographique à plus ou moins long terme (Termote, sd).

Ainsi, toute politique d'immigration, quels que soient ses objectifs, implique nécessairement une politique d'intégration des immigrants. La définition de cette politique d'intégration est en quelque sorte le corollaire de la politique d'immigration adoptée. Les pays qui accordent une priorité élevée aux objectifs démographiques seront portés à privilégier une politique d'intégration multidimensionnelle (c'est-à-dire couvrant les diverses dimensions de la vie sociale), ce qui peut d'ailleurs éventuellement se manifester sous la forme d'une politique d'assimilation, alors que les pays dont la politique d'immigration consiste essentiellement à faire venir des travailleurs chargés de combler les pénuries sur le marché de l'emploi seront

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sans doute enclins à limiter leur politique d'intégration à la seule intégration de leurs immigrants sur le marché du travail (Termote, Op.cit :3).

Aux Etats-Unis, la législation contemporaine trouve ses origines dans une loi d'immigration votée en 1965 -Immigration Act de 1965- qui a fait de la réunification familiale la pierre angulaire de la politique d'immigration (Daniel, 2003). Il s'agit d'un avantage accordé à deux catégories, "sans quotas " et "avec quotas". La première catégorie était réservée aux enfants mineurs et les parents de personnes détenant la citoyenneté des Etats-Unis et la deuxième catégorie aux enfants adultes, frères et soeurs de personnes détenant la citoyenneté des États-Unis. L'évolution de la loi de 1965, du moins jusqu'à 1990 a occasionné un essor spectaculaire de l'immigration asiatique et au détriment des Européens qui occupait la part la plus importante de l'immigration aux Etats-Unis après la seconde guerre mondiale (Sabbagh, 2003 ; Anderson, 2008).

Après 1990, dans le but de maintenir la structure par origine géographique et ethnique héritée du passé, le système de sélection privilégiant la réunion des familles a été associé à la sélection des migrants sur la base de la qualification et de la profession. Ce système a été complété par une loterie, la Green Card Lottery, en 1994. Seuls les attentats terroristes du 11 septembre 2001 vinrent bouleverser la dynamique politique des années 1990. Ainsi, fut voté en 2001 le "USA PATRIOT Act"27 qui a eu une influence sur les immigrations légale et illégale. C'est pourquoi, en 2010, le "DREAM Act"28 venant en aide aux mineurs étrangers n'a pas été voté au motif qu'elle récompenserait l'immigration illégale. A ces jours, les exigences économiques montrent que les Etats-Unis sont ouverts à l'hyper-qualification des migrants et par conséquent aux émigrations secondaires (Defoort, 2008).

Au Canada, le système de sélection basé sur le pays d'origine, avec cependant une dimension discriminatoire assez évidente distinguant les pays préférés tels que le "Royaume-Uni, les États-Unis, la France et certains pays du Commonwealth" et le reste du monde était effectif jusqu'en 1967(Termote, sd). C'est donc à cette date, 1967, que le système canadien de sélection a été complètement revu, en éliminant le critère de préférence du pays d'origine et en introduisant une sélection basée sur une pondération quantitative d'un ensemble de critères relativement objectifs distinguant trois catégories d'immigrants : les immigrants admis dans le cadre de la réunion des familles, les immigrants parrainés et les immigrants indépendants

27 Uniting and Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism Act.

28 Development, Relief, and Education for Alien Minors

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(Termote,sd :4). Ce système n'a pas changé mais a connu certaines modifications. La modification majeure a été introduite en 1978, lorsqu'une quatrième catégorie d'immigrants a été ajoutée, celle des réfugiés. Outre ces quatre catégories, une cinquième, la moins éthique et discutable, selon Termote (sd), qui n'est pas fondée sur le système de point comme les autres mais sur la capacité de migrants à investir au Canada. Le plafond minimal du compte bancaire étant de 800 000 $, à condition que le migrant soit disposé à investir au moins 400 000 $. Cette dernière catégorie ouvre une brèche aux personnes les plus instruites, qualifiées et aisées, qui ne sont généralement pas à leur première tentative d'immigration. Depuis 2008, les instructions ministérielles au Canada ont changé le processus de sélection des immigrants économiques relative à la LIPR29par l'élaboration d'un cadre national de reconnaissance des titres de compétences des étrangers. Cette politique, comme d'ailleurs aux Etats-Unis, est plus ouverte aux migrants multiples, investisseurs, plutôt qu'aux migrants directs.

In fine, toutes les politiques migratoires adoptées par ces deux pays à des moments précis de leurs histoires jusqu'à ce jour tiennent compte des exigences à la fois démographiques, économiques, humanitaires et politiques. Ces politiques, une fois mise en place, déterminent la nature de l'accompagnement de ces migrants qualifiée de "politique d'intégration". Cette politique d'intégration est différente selon que la politique d'immigration porte essentiellement sur l'admission de travailleurs chargés de combler les pénuries sur le marché de l'emploi30 ou sur des objectifs démographiques ou humanitaires31. Qu'il s'agisse de l'intégration économique, sociale, linguistique, culturelle, résidentielle, politique, civique (acquisition de la citoyenneté), toutes ces dimensions sont interreliées (Termote, sd).

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard