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Partir ou rester ? Intention d’émigration secondaire des migrants africains vivant en Belgique.


par Josue Begu Mbolipay
Université catholique de Louvain - Master 2 en Sciences de la population et du développement 2018
  

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Chapitre 1. Mise en contexte et problématique

1.1 De l'émergence des études sur l'émigration secondaire

L'émigration secondaire internationale est une migration des personnes vivant dans un pays autre que leur pays de naissance, vers un autre pays. Ainsi, divers termes ont été utilisés par les chercheurs qui s'y sont intéressés : migration secondaire, migration tertiaire, migration par étapes, migration en série, migration multiple, migration en plusieurs étapes, migration triangulaire, ré-migration et migration indirecte. (Nekby, 2006; Sorana et al, 2015; Oishi, sd; Larramona, 2013; Anju, 2011; DeVoretz and Ma, 2002; Aydemir et Robinson 2008; Lam, 1996; Ossman, 2013; Greenwood & Young, 1997). Tous ces termes font référence au même processus de migrants entreprenant des étapes1 de durée substantielle dans plusieurs pays de destination (Anju, 2012).

Les questions en rapport avec cette forme de migration sont récentes parce que la migration internationale a été pendant longtemps analysée comme un mouvement unique et unidirectionnel d'un pays d'origine vers un pays de destination (Oichi, 2012). Pourtant, les trajectoires migratoires peuvent s'avérer plus complexes ; les migrants peuvent notamment s'installer successivement dans plusieurs pays en adoptant soit une migration de transit soit se retrouver dans un schéma de mobilité circulaire (Oichi, 2012 ; Sorana et Eleonora, 2015 :69).

Peu d'études ont mesuré l'intensité de l'émigration secondaire parce que sa mesure n'est pas aisée. Deux de ces études, menées à des périodes différentes combinant les données administratives, des enquêtes et de recensement, ont approximé l'émigration secondaire aux Etats-Unis et au Canada. Aux Etats-Unis, l'étude de Takenaka (2007) combinant les données de recensement (US Census 2000), l'enquête sur les nouveaux immigrants (NIS) de l'Université de Princeton (2003), les statistiques d'immigration recueillies par les services de citoyenneté et d'immigration des États-Unis (USCIS, 2000), et les statistiques de visa (Plusieurs années), a trouvé que 12,5% de tous les immigrants admis aux États-Unis en 2000 venaient de pays autres que ceux dans lesquels ils étaient nés. Cette proportion se chiffre à 16% au Canada, estimation obtenue grâce aux dossiers tenus par Emploi et Immigration Canada sur chaque immigrant admis légalement au cours de la période 1968-1988 (Greenwood et Young, 1997).

1 Ces termes sont par conséquent interchangeables et sont utilisés comme tels dans la suite du texte selon que les auteurs consultés en font références.

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Actuellement, à peine, quelques études empiriques ont été menées pour expliquer pourquoi certains immigrants partent dans d'autres pays au lieu de rester dans le premier pays dans lequel ils ont migré. (Takenaka, 2007 ; Larramona, 2013 ; Kelly 2013, Triandafyllidou, 2013, Sorana et Eleonora, 2015). Ces études montrent que les facteurs qui expliquent les trajectoires de migrations multiples ou de l'émigration secondaire internationale dépendent aussi bien des caractéristiques individuelles des candidats potentiels à l'émigration secondaire que des réalités socio-économiques et politiques des pays de destination et d'origine. Ces études sont qualitatives et quantitatives et menées dans des contextes différents.

Les études qualitatives révèlent que la multiplication des mouvements internationaux est devenue une stratégie de mobilité récurrente adoptée notamment lors des périodes de crise économique, crise politique et échec d'intégration (Anju, 2011 ; Schapendonk, 2012, Benton & Petrovic, 2013, Beenstock, 1996, Humphries et al, 2009). C'est le cas, en particulier, de certains travailleurs semi-qualifiés et non qualifiés aux Philippines qui accumulaient stratégiquement des expériences de travail ailleurs avant de postuler à des postes d'aides-soignants des personnes âgées au Canada où ils finissaient par s'installer et regrouper leurs familles (Oichi, 2008).

Les études quantitatives mettent en exergue d'une part, les caractéristiques individuelles des candidats potentiels à l'émigration secondaire qui sont d'ordre social, économique et culturel (Greenwood et al. 1997; Nekby, 2006) et d'autre part, révèlent l'importance notamment de réseaux familiaux et personnels voire transnationaux et de facteurs institutionnels dont les politiques migratoires et le processus d'intégration (Boyd, 1989 ; Touré, 2015 ; Van Liempt, 2011 ; Beenstock, 1996).

Parmi les facteurs socio-économiques, Nekby (2006) a mis en exergue le niveau d'éducation et de revenu. S'intéressant à la migration secondaire et de retour en Suède, à l'aide de données de Statistics Sweden (SCB), Nekby (2006) est arrivé à la conclusion selon laquelle les immigrants qui quittaient la Suède pour d'autres pays avaient un niveau d'éducation et de revenu plus élevés que ceux qui s'installaient en Suède. Au niveau d'instruction et de revenu s'ajoute d'autres caractéristiques individuelles telles que l'âge et les aptitudes ou capacités linguistiques. Greenwood et Young, (1997), à l'aide des dossiers conservés par Emploi et Immigration Canada sur chaque immigrant légalement admis au cours de la période 19681989, ont trouvé que les migrants secondaires -qu'ils qualifient des immigrants géographiquement indirects- ont tendance à être plus âgés, plus scolarisés et plus qualifiés par

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rapport aux migrants directs (immigrants géographiquement directs). Ces auteurs renchérissent, que s'ils ne sont pas nés dans un pays anglophone ou francophone, les immigrants indirects ont plus de chances de parler couramment le français et l'anglais que les migrants directs nés dans ces pays.

S'agissant de l'importance de réseaux, l'étude de Boyd, (1989) a montré que les liens avec des migrants à l'étranger encouragent les individus à migrer en diminuant les risques et les couts et en augmentant les bénéfices liés au mouvement. Ces liens aident les migrants pendant leur voyage, en leur évitant notamment d'être exploités ou de subir des mauvais traitements, mais aussi contribuent à alimenter les aspirations pour des nouvelles destinations à travers le partage d'information (Bang Nielsen, 2004). Ainsi, la présence de membres de la famille ou d'amis dans le pays de destination constitue un tremplin vers une migration multiple (Van Liempt, 2011) jouant ainsi le rôle de facilitation et de motivation (Schapendonk, 2012).

Pour ce qui est des facteurs institutionnels, Beenstock (1996) a abordé la question de la migration secondaire sous l'angle de l'intégration :"Failure to Absorb: Remigration by Immigrants into Israël". Il s'est proposé d'analyser dans quelle mesure l'échec de l'intégration -prenant en compte l'Emploi et le logement comme variables d'intérêt- est-il lié à la migration secondaire en Israël. Son étude a révélé que la migration des immigrants vers un pays tiers n'était pas nécessairement due au chômage mais plutôt à des difficultés d'intégration sociale telle que la langue et le logement. Ainsi, la propension à la migration augmente si l'immigré n'a pas obtenu un logement permanent. Au logement permanent s'ajoute la problématique liée à la citoyenneté comme l'un des facteurs explicatifs de l'émigration secondaire. A ce sujet, l'étude de Humphries et al (2009), sur l'intention de partir au Canada, aux États-Unis et en Australie auprès des infirmières philippines et indiennes en Irlande, a montré que l'incertitude quant aux droits de résidence et à citoyenneté (en particulier pour les enfants) influence positivement la décision des infirmières migrantes de quitter l'Irlande.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus