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Le régiment des tirailleurs sénégalais du tchad (RTS-T) et la consolidation de l'empire colonial francais: de sa création et de son déploiement au Kamerun entre 1910-1918


par Samuel Djeguemde
Université de Douala - Master 2021
  

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

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1-Presentation du sujet

Le but de ce travail est de mettre en évidence la dynamique autour de la constitution et du déploiement du régiment des tirailleurs sénégalais du Tchad (RTS-T) au Kamerun1 dans le but de consolider le domaine colonial français entre 1910 et 1918. Autrement dit, il s'agit de scruter pourquoi et comment la France a levé, instruit, puis déployé le RTS-T sur ce qui fut jadis le protectorat allemand au Kamerun.

Cette thématique est en fait le résultat d'une maturation d'idées qui entend questionner la genèse des activités qui alimentent les débats au Tchad : celles des multiples interventions militaires « tchadiennes » aux côtés de la France dans le cadre des opérations dit de « stabilisations » en Afrique2. C'est effectivement en questionnant ces faits d'armes récents qui, contrastent par ailleurs avec la situation économique précaire de ce pays que, nous sommes parvenus à élaborer ce sujet qui s'inscrit dans le champ de l'Histoire militaire.

Partant de là, il y'a matière à constater que, la présence de la France au Centre de l'Afrique remonte à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXème siècle dans le cadre de l'expansion coloniale. Mais, celle-ci a dû faire face aux royaumes et empires centre africains voire, aux autres puissances européennes afin d'étendre son domaine coloniale3. C'est dans cette mouvance qu'une fois l'entame de la « pacification » du Sud et du Centre du territoire du Tchad amorcée en 1889, l'administration coloniale française se mis alors à échafauder d'ambitieux projets d'implantations et d'extensions dont la constitution des forces supplétives locales était l'une des trames4.

Nonobstant ce constat, force est de remarquer que, les velléités expansionnistes ont été des éléments catalyseurs de la mise en place du RTS-T. Cette constitution d'une troupe d'infanterie coloniale revêtait un double rôle à savoir : assurer d'une part la sécurité interne du territoire et d'autre part doter la France d'un réservoir important de soldats susceptibles d'être déployé hors du territoire en cas de nécessité. Toutefois, on se rend compte que, le rôle joué par les Africains et/ou la population du territoire du Tchad dans ces tensions entre Européens fut souvent minoré ou alors analysé à travers des clichés qui sont devenus au fil du temps des

1 Nous employons l'appellation « Kamerun » tout au long de ce travail pour désigner le territoire sous domination allemande et Cameroun lorsqu'il passe sous contrôle franco-britannique à partir de 1916.

2 En effet, on peut dans ce cas faire mention des opérations franco-tchadiennes en 2013 au Mali dans le cadre de l'opération Serval, et celles en République Centrafricaine en 2015.

3 G. Ousmane, 2010, « Le commerce extérieur du Tchad de 1900 à 1960 », thèse de Doctorat Phd en Histoire économique, Université de Strasbourg. p. 11.

4 Ce sont des arguments que soutiennent notamment Marc Michel, L'appel à l'Afrique 1914-1918, Paris, Karthala, 2003. E. Largeau, 1912, La situation du territoire militaire du Tchad au début de 1912, Paris, Comité de l'Afrique française.

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certitudes tant pour les hommes de l'époque que pour ceux d'aujourd'hui. Or, il est intéressant de remarquer avec Jacques Frémeaux que : «les Africains sont des hommes sujets, comme tous les hommes, ayant marqué à leur façon la destinée du monde et spécialement celle de leur continent5».

Ce constat contraste par ailleurs avec la figure imagée du tirailleur sénégalais dont le rôle lors du processus de consolidation de l'empire colonial Français a longtemps été dépeint du seul point de vu occidental. En dépit de cela, il faut cependant reconnaitre que, la littérature Ouest-africaine s'était déjà pencher sur l'étude des tirailleurs sénégalais6. C'est en s'inscrivant dans cet élan que, Léopold Sédar Senghor dans un recueil de poèmes questionnait le devenir de ces derniers et leur rendait hommage en affirmant notamment que : « Qui pourra vous chantez si ce ne sont vos frères, vos frères de sang, vous tirailleurs sénégalais, mes frères à la main chaudes, couchés sous la glace de la mort7».

Ce faisant, ces propos de Senghor nous rappellent bien la tâche qui attend l'historiographie africaine de façon générale et tchadienne en particulier concernant l'étude de « ses tirailleurs ». Conséquemment à tout ceci, loin d'être exhaustive, la présente étude entend s'intéresser aux facteurs ayant conduit à la création du RTS-T, et de sa participation quant à la protection du domaine colonial français notamment lors de son déploiement sur le territoire du Kamerun et entend aussi questionner par ailleurs, la mémoire de ce régiment.

C'est fort de ce qui précède, que nous avons intitulé ce travail : « Le régiment des tirailleurs sénégalais du Tchad (RTS-T) et la consolidation de l'empire colonial français : de sa création et de son déploiement au Kamerun (1910 et 1918) ».

2-Les raisons du choix du sujet.

Lors de la constitution des empires coloniaux en Afrique par les puissances européennes entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle, la mise en place puis l'utilisation des tirailleurs sénégalais par la France ont été déterminants dans la circonscription de son empire africain. Fort de ce constat, il serait question ici de mettre en lumière les motivations ayant conduit au choix de cette thématique. Elles sont à la fois objectives et subjectives.

5 J. Frémeaux, 2006, Les colonies dans la Grande Guerre. Combats et épreuves des peuples d'Outre-Mer, Paris, Soteca-Edition. p. 170.

6 Nous pouvons notamment évoquer les travaux de A. Sow, 2017, Les tirailleurs sénégalais se racontent, Paris, l'Harmattan ; L. S. Senghor, 1948, Hostie noire, Poème liminaire, Paris, Editions Le Seuil ; P. Ndiaye, 2008, « Les soldats noirs de la République », L'Histoire, n°337, décembre 2008 ; S. Sokha, 2008, Le contrôle des armes à feu en Afrique occidentale française (1834-1958), Paris, Karthala.

7 L. S. Senghor, 1948, p. 34.

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S'agissant des motivations objectives, nous pouvons au préalable mettre en avant le besoin de nous inscrire dans la continuité des travaux de nos devanciers. En effet, s'il faille réitérer que l'utilisation des tirailleurs sénégalais par la France lui a permis de s'affirmer en Afrique, ce constat a déjà attirer l'attention des chercheurs. Mais, il faudrait également préciser qu'il y'a une rareté de documents spécifiques à l'étude du RTS-T et à sa mise à contribution dans ce sens. C'est donc ce vide historiographique spécifique au RTS-T et de son déploiement au Kamerun lors de la Première Guerre mondiale qui, a en premier motivé notre choix ;

Notre choix fut également influencé par la volonté d'appréhender à travers des mobiles, l'antériorité de la présence française sur le territoire du Tchad avant le début de la Première Guerre mondiale au Kamerun.

Enfin, la présence des casernes des Anciens Combattants datant de la période coloniale dans les villes de N'Djaména (ancien Fort-Lamy), Moundou et Sarh (ancien Fort-Archambault) sont autant de facteurs qui ont animé notre désir de connaitre l'histoire des hommes pour qui ont été construites ces casernes. In fine, la dernière motivation réside dans le fait de vouloir comprendre pourquoi le RTS-T a été le plus gros contingent des quatre régiments d'Afrique Equatoriale Française déployé lors de la PGM au Kamerun. Car, à notre sens cela ne peut pas être anodin.

Quant aux motivations d'ordre subjectives, elles découlent de trois observations que nous avons faites au Tchad et qui questionnent de près ou de loin le RTS-T.

La première motivation est la présence au Tchad de nombreuses bases militaires françaises (le plus grand nombre de toute l'Afrique Centrale) ce qui laisse très souvent entendre que, depuis la période coloniale le Tchad a servi de base arrière à l'armée française8. Ceci dit, l'une des raisons de cette recherche réside dans le fait de vouloir remonter à la genèse de cette présence militaire française au Tchad.

La seconde motivation est liée à la volonté de rendre hommage à ces anciens combattants de la guerre de « 14-18 » qui, sont à notre sens les lointains acteurs des « indépendances » africaines et tchadiennes en particulier. C'est à partir de ces constats que nous avons décidé de formuler un thème de Mémoire de Master axé sur le RTS-T dont la finalité vise à construire un discours historique cohérent tout en souhaitant apporter une contribution à

8 On peut à ce jour répertorier 9 bases militaires françaises sur l'ensemble du territoire du Tchad. Elles sont présentes dans les villes de N'Djaména, Abécher, Mongo, Adore, Wour, Mao, Ati, Am Timam, et Faya. Entretien avec Adams Oumar, Moundou le 09-11-2021.

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l'historiographie militaire tchadienne. A présent, il est question de circonscrire l'espace d'étude et la fourchette chronologique qui encadrent ce travail.

II-LE CADRE SPATIO-TEMPOREL

Les canons méthodologiques en Histoire exigent une circonscription géographique et chronologique. Ainsi, il est question ici de déterminer dans un premier temps l'espace d'étude ensuite, fixer le temps d'étude.

1-Cadre géographique

Le cadre géographique permet à la fois de fixer les limites du territoire étudié mais aussi les enjeux qui s'y prêtent. Pour le compte de cette étude, il est question ici de circonscrire le double cadre géographique de cette recherche : dans un premier temps le territoire sur lequel a été mis en place le RTS-T, ensuite, celui de son déploiement tout ceci en tenant compte du contexte de tensions liées aux frontières.

a-Le territoire du Tchad

Il n'est pas évident de circonscrire avec exactitude le territoire du Tchad entre 1910 et 1918 du fait des mutations frontalières opérées dès 1911 et, de son extension au sortir de la Grande Guerre.

Néanmoins, localisable au coeur du continent africain, le territoire du Tchad est un espace qui a connu des mutations entre 1911 et 1918. En effet, en 1910, après onze années de colonisation française, il s'étend sur 850.000 Km2 et est divisé en 9 circonscriptions dont chacune d'elle dispose d'un contingent de militaires à la fois métropolitains et locaux9. A partir de 1911, il est amputé de toute la rive gauche du Logone au profit du Kamerun (territoire sous domination allemande) soit un peu plus de 2.900 km2 ce qui le réduit à 847.100 km2. Mais, après la PGM au Kamerun, il connait de nouveau une extension à partir de 1916 suite au départ des Allemands du Kamerun ce qui lui permet de retrouver sa superficie d'avant 1911. Cependant, il faut attendre 1919 avec le traité de Versailles pour que soit officiellement

9 C. Largeau, 1912, La situation du territoire militaire du Tchad au début de 1912, Paris, Comité de l'Afrique Française. p. 3.

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rétrocédé les territoires autrefois englobés par ce qu'on a appelé le Neu Kamerun ou le grand Kamerun10.

Le territoire du Tchad a des frontières communes avec un certain nombre de territoires colonisés qui appartenaient aux autres puissances européennes (la Libye au Nord, territoire sous domination italienne, le Nigeria occupé par les anglais, le Kamerun sous joug allemand au Sud-Ouest, à l'Est le Soudan sous domination anglaise mais, il fait frontière également avec les autres colonies françaises à l'instar de l'Oubangui Chari et du Niger au Sud11. Cette position stratégique lui permet à la fois d'être un trait d'union entre l'Afrique du Nord, l'Afrique Occidentale et l'Afrique Equatoriale. En outre, ce territoire est divisé en 3 grandes zones qui subissent chacune des influences différentes.

Sa partie septentrionale, désertique, échappait encore au contrôle de la France du fait de la présence de la confrérie Sénousite12 et des Turcs hostiles par ailleurs à la présence française13.

Au Centre, la zone est saharienne et abrite de nombreux royaumes qui se sont mis sous protectorat français aux premières heures de la colonisation à priori pour faire face à Rabah. Ce fut notamment le cas du royaume du Baguirmi qui collabora énormément avec les Français. Cette zone du territoire reste donc en proie à de nombreuses convoitises dont la France avait du mal a totalement pacifier. Toutefois, c'est dans ce Centre que la caserne principale du RTS-T a été installée à Fort-Lamy (actuel N'Djamena) en 1910. Cet acte traduisait aussi la volonté de la France de contenir les menaces pouvant venir du Nord et du Kamerun au Sud.

Quant au Sud, c'est une zone totalement sous contrôle de la France. C'est un véritable carrefour d'ethnies couvert par les circonscriptions du Moyen Logone, du Moyen Chari et du Mayo-Kebbi14. La population de cette zone s`élèverait à 1.632.394 habitants selon son administrateur le Victor Emmanuel Largeau15. Ces arguments justifieraient la facilité avec laquelle la France leva un nombre conséquent d'Hommes pour y bâtir l'ossature du RTS-T.

10 M. Assileck., 2012, « L'évolution des frontières du Tchad », Maitrise en Histoire des Relations Internationales, Université de N'Gaoundéré, pp.62-63.

11 D. Zakinet, 2015, « Des transhumants entre alliances et conflits, les arabes du Batha (Tchad) 1965 - 2012 », thèse de Doctorat en Histoire économique, Aix Marseille Université, p. 25.

12 C'est une confrérie musulmane qui serait venue d'Orient et qui s'est installée au Sud de la Libye puis au Nord du Tchad à partir de 1880. Cette secte a lutté farouchement contre la colonisation française.

13 J. Ferrandi et H. Perpignant, « Turcs et Senoussistes au Fezzan », 1920, in Bulletin du comité de l'Afrique Equatoriale Française. Renseignement coloniaux Juillet 1930- Novembre 1935. Supplément de l'Afrique Equatoriale. CEFOD, pp.7-8.

14 Il faut néanmoins rappeler qu'une partie de cette circonscription sera cédée en 1911 à l'Allemagne et par conséquent rattachée au Neu-Kamerun. Cet acte était l'une des résolutions de la crise marocaine d'Agadir en guise de compensation territoriale.

15 C. Largeau, 1912, p. 41.

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Car, en plus du nombre, les populations du Sud du territoire sont majoritairement des cultivateurs et des pécheurs ; une catégorie de personnes prisées par les recruteurs du fait de leur morphologie imposante16.

Toute somme, le territoire du Tchad était segmenté en 3 zones et on constatait une nette différence entre les parties Nord, Centre et le Sud qui subissaient une dynamique d'influence différente. Mais, la mise en place du RTS-T fut en parti influencée par les tensions entre Européens concernant la détermination de leurs zones d'influence respective. Le territoire du Kamerun fut de ce fait un espace de grandes rivalités.

b- Le Kamerun

Le territoire du Kamerun est un espace limitrophe au Tchad dans sa partie septentrionale, dont le fruit résulte de nombreux accords entre Français et Allemands17. Il fut un enjeu d'affrontement lors de la Première Guerre mondiale entre forces alliés (France, Angleterre, Belgique) contre l'Allemagne durant une année et démi.

Pour mieux comprendre cet état de choses il est important de mettre en exergue les multiples accords qui ont conduit les puissances impérialistes, notamment la France et l'Allemagne à établir leur sphère d'influence dans cette sous-région du centre de l'Afrique.

Il s'agit notamment des accords franco-allemands du 24 Décembre 1884 et du 15 Mars 1894. Ces accords ont permis dans un premier temps de fixer les limites entre le Congo français18 et le Kamerun19.

A cet effet, ils stipulaient dans leur ensemble que le parallèle situé au Nord du 2e degré, compris entre le fleuve Congo et le 15e degré, de longitude Est de Greenwich devient la ligne de démarcation entre le Congo français et le Kamerun20.

D'autres accords sont venus parfaire ce premier traité. C'est ainsi qu'en s'inscrivant dans la continuité des accords précités, la convention franco-allemande du 18 Avril 1908 octroyait l'ensemble de l'extrémité Nord du Kamerun appelé « bec de canard » à la France.

16 Entretien avec Lamgué Bertrand, Moundou le 5-11-2021.

17 M. Assileck, 2012, « L'évolution des frontières du Tchad », Maitrise en Histoire des Relations Internationales, Université de N'Gaoundéré. pp.56-61.

18 Il s'agit ici des quatre colonies du Gabon, de l'Oubangui-Chari, du Moyen-Congo et du Tchad qui formaient le Congo français. Il est par ailleurs l'ancêtre de l'Afrique Equatoriale Française (AEF).

19 M. Assileck, 2012, p.63.

20A. Aziz Yaouba, 2015, « Les relations transfrontalières entre le Cameroun et le Tchad au 20e siècle », thèse de Doctorat Phd en Histoire, Université de N'Gaoundéré. p.121.

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In fine, le dernier accord que nous pouvons mettre en évidence est celui du 4 Novembre 1911 qui fait suite à la crise marocaine d'Agadir. Car, il est une révision apportée aux frontières du Moyen-Congo et du territoire du Kamerun. En effet, dans l'optique d'éviter un affrontement armée entre la France et l'Allemagne concernant le Maroc, des négociations s'ouvrent et conduisent à la signature du traité du 4 Novembre 1911. Celui-ci permet notamment à la France d'établir son protectorat sur le Maroc et en contrepartie ce dernier est obligé de céder à l'Allemagne une compensation territoriale dans son empire de l'AEF. C'est suite à cela que le Kamerun s'agrandit de 259.000Km2 et passe de ce fait de 480.000 Km2 à 750.000 Km221.

Autrement dit, la frontière ainsi révisée commence plus au Sud avant de se poursuivre entre le Kamerun et le Tchad. A cet effet, Adalbert Owona affirme que :

Au terme du traité, la nouvelle frontière devait partir de la baie de Mondah et se diriger à peu près en ligne droite jusqu'à Ouesso ; de là, elle devait descendre jusqu'au Congo près de Bonga, puis, après avoir longé la Sangha, remonter vers le Nord, en s'attachant au cours de Likouala aux herbes et de la Bally, emprunter , dans la direction Ouest-Est, la rive droite de la Lobaye jusqu'à son confluent dans l'Oubangui, pour remonter ensuite vers Goré et suivre le Logone jusqu'à Fort-Lamy22.

La possession allemande est délimitée au Nord avec le territoire du Tchad, à l'Est avec l'Oubangui Chari, à l'Ouest avec le Nigeria, au Sud-Ouest la Guinée espagnole (territoire neutre lors de la Grande Guerre), le Moyen Congo au Sud-Est et le Gabon au Sud. C`est donc un territoire pris en étau par les possessions de ses ennemis occidentaux qui vont l'évincer à la fin de la Première Guerre mondiale. L'ensemble de ces mobiles à la fois politiques et géographiques constituent les raisons de sa mise en évidence.

2-Cadre temporel

Ce Mémoire est encadré par une fourchette chronologique qui s'étend de 1910 à 1918.

1910, borne inférieure de cette étude, marque la date de la mise en place du RTS-T et de la création de leur caserne principale à Fort-Lamy23. Cette décision entraine l'intégration en masse des populations du Tchad dans ce régiment d'infanterie coloniale mais aussi l'engagement contractuel des militaires métropolitains. En effet, s'il est acté que dès 1857, Napoléon III décide de créer le tout premier corps de tirailleurs sénégalais dans la colonie du

21 E. Mveng, 1985, Histoire du Cameroun. Tome II, Yaoundé, Ceper, pp. 62-63.

22 A. Owona, 1996, La naissance du Cameroun, Paris, l'Harmattan, pp. 53-54.

23 Archives National du Tchad, 1910, Journal Officiel de la République Française, Quinzième coloniale n°2, Arrêté du Président Armand Fallières relatif à la création du corps du régiment des tirailleurs sénégalais dans les colonies du Tchad, d'Oubangui-Chari, du Moyen-Congo et du Gabon, p. 315.

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Sénégal par le décret de Plombières (Annexe n°1), cette force supplétive s'étend ensuite au reste de l'empire colonial français au début du XXème siècle. Cette initiative est due en partie au Générale Charles Mangin qui entend constituer une armée coloniale à travers l'empire colonial français.

Ce dernier développe dans un manifeste intitulé « la Force noire », l'idée de lever une armée coloniale dans chaque territoire afin de protéger la France contre ses ennemies et de préserver sa domination dans son empire colonial. C'est suite à cela que, partout dans les colonies subsahariennes sous domination française, des régiments parmi lesquels le RTS-T sont créés après l'émanation du décret du Président français Armand Fallières datant du 10 Févier 191024. Toute somme, 1910 a été une année charnière dans la mise en place du RTS-T.

Notre étude prend fin en 1918. Le choix de cette date est lié à la démobilisation entière du RTS-T après la Première Guerre mondiale au Kamerun. Car, si la PGM s'achève au Kamerun le 20 Février 1916 avec la capitulation de Mora, le RTS-T a été maintenu sur ce territoire afin d'aider à sa « dégermanisation »25. En effet, si la Première Guerre mondiale s'achève au Kamerun après la capitulation de Mora26, seuls 3/4 du RTS-T sont démobilisés. Et, de ce fait, deux Bataillons de ce régiment sont maintenus sur ce territoire avec pour objectif de conforter la présence des nouveaux « maitres » de ce territoire afin que, la « dégermanisation » s'opère efficacement jusqu'à la fin totale de la guerre en Occident27.

Une fois le balisage de ce travail opéré, il convient à présent de procéder à une clarification des théories et des concepts utilisés dans ce travail.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus