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Le régiment des tirailleurs sénégalais du tchad (RTS-T) et la consolidation de l'empire colonial francais: de sa création et de son déploiement au Kamerun entre 1910-1918


par Samuel Djeguemde
Université de Douala - Master 2021
  

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II- LA GESTION DES EFFECTIFS DU RTS-T

Au début du XXe siècle, l'augmentation importante des effectifs de l'armée coloniale était avant tout liée à la politique d'expansion coloniale144. De ce fait, le développement des régiments de tirailleurs sénégalais fut un mobile supplémentaire pour la France d'accentuer sa position et son influence dans les territoires qu'elle dominait et qu'elle envisageait s'accaparer.

140 Ils pouvaient notamment choisir d'incorporer les troupes d'Infanterie, de cavalerie, Artillerie, génie et du train.

141 A. Guyon, 2017, p. 231.

142 M. André Leclerc, 1998, Le soldat et le politique. Paris, Albin Michel, p. 81.

143 Ibid., p. 101.

144 M. André Leclerc, 1998, p. 11.

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Ainsi, le corps de troupe coloniale comme nous l'avons vu, avait une composition hétérogène constituée de soldats noirs et d'officiers métropolitains. Cependant, il est à présent question de nous pencher sur le traitement des effectifs du RTS-T.

Mais avant tout, il convient de rappeler que, le régiment des tirailleurs sénégalais du Tchad a ceci de mémorable qu'il était lié à la Métropole par des engagements assortis le plus souvent de primes aux soldes divers. Ainsi, dans l'optique de mieux cerner ces différences au sein du RTS-T, il serait question ici de nous appesantir sur les questions liées aux pécules, à la formation et à aux traitements sanitaires du RTS-T.

A- La question des pécules au sein du RTS-T

Le corps du régiment des tirailleurs sénégalais basé sur le territoire du Tchad fut l'une des armées les plus dynamiques et les plus sollicitées au sein de l'AEF. Même s'il est vrai que les questions des soldes au sein des troupes coloniales restent un sujet peu mis en évidence, il est indéniable qu'elle cristallise les relations colonisateurs-colonisés à un moment de son histoire.

De ce fait, il est question ici d'aborder cette question sous deux angles : les pécules des engagés et celui des déplacés. Toutefois, il est aussi question de mettre en évidence les aspects sombres du paiement des pécules souvent minoré.

1-Les indemnisations du RTS-T au sein du territoire

Au sein du régiment des tirailleurs sénégalais du Tchad, la question de rémunération des effectifs était diverse en fonction de la position qu'on occupait. Si, les soldes perçues étaient différentes, force est cependant de remarquer que le traitement était également différent. C'est dans cette mouvance que plusieurs articles venaient régulés les indemnisations des hommes qui servaient les intérêts du drapeau français.

De ce fait, les avantages pécuniaires étaient accordés en CFA145 aux appelés à l'instar des engagés volontaires ou aux réengagés mais à des soldes divers. Ainsi, le tirailleur sénégalais du Tchad dès qu'il contractait un engagement au sein du RTS-T percevait une indemnité de 0,25Cfa mensuellement146. Selon le même décret mais dans l'article 5, les indemnités des

145 Cette monnaie coloniale dénommée Communauté Financière Africaine (CFA) a servi dans les colonies sous domination d'AOF et d'AEF entre 1880 et 1958 avant d'être remplacée par le FCFA (Franc de la communauté Française d'Afrique). Le CFA était arrimer au FF (Franc Français) et, 1CFA valait 0.02FF.

146 Annuaire du Gouvernement Générale de l'AEF, Arrêté du 15 Décembre 1912, Article 2.

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tirailleurs sénégalais appelés à se déplacer à l'intérieur du territoire étaient dédommagées à hauteur de 0.27CFA ainsi que sa famille147.

Ceci reste des données publiées dans les Journaux Officiels tenus par la Métropole et rédigés par l'administration coloniale, elles ne sont pas toujours fidèles à la réalité. En effet, certaines réactions et événements nous amène à remettre en question l'objectivité de ces données à l'instar des incidents du 01 Décembre 1944 à Thiaroye148. En outre, de nombreuses réalisations cinématographiques149 vont également à l'encontre de ces données liées aux paiements des pécules.

Cette initiative était instaurée à priori pour motiver la population du territoire du Tchad à intégrer les rangs du RTS-T. Cependant, le contexte de tension d'après 1911 fit changer les choses et c'est peut-être la raison qui poussa la Métropole dès 1912 à diversifier la bourse des soldats locaux. C'est dans cet élan que, pour dynamiser plus ses troupes, la France fixa l'indemnité de pensions comme le mentionne le décret des curricula du 30 Août 1914150. Mais, ces pécules étaient différents pour les tirailleurs sénégalais appelés à se déplacer.

2-Les pécules pour déplacés hors du territoire

L'engagement des tirailleurs sénégalais par la France dans l'optique de les intégrer dans leurs rangs fut une pratique sans cesse grandissante. Cet acte marquait symboliquement un nouveau rapport entre colons et colonisés par le simple fait qu'ils se côtoyaient désormais dans un contexte qui les obligeaient à s'unir. C'est ainsi que, Marc Michel les qualifiaient de « frères d'arme ». Si par ailleurs, nous avons vu que l'engagement avait un coup, lorsqu'on rejoignit le corps du RTS-T, cette rémunération était différente lorsque les tirailleurs sénégalais étaient appelés à servir hors de leur territoire.

En effet, si le rôle premier des tirailleurs était de défendre leur territoire ou du moins celui dont la France souhaitait se faire maitre, ces derniers pouvaient être déployés loin de leur circonscription voire de leur colonie d'origine. C'est en ce sens que cette section entend s'intéresser aux primes alloués aux tirailleurs déplacés hors du territoire du Tchad. Ainsi, si

147 Annuaire du Gouvernement Générale de l'AEF, Arrêté du 15 Décembre 1912, Article 5.

148 Les incidents du camp de Thiaroye au Sénégal sont restés célèbres du fait du massacre des tirailleurs sénégalais qui réclamaient leurs pécules après avoir combattu auprès de la France. Tandis que, la France évoquait la mort de 30 tirailleurs survenus après une mutinerie, des enquêtes ont révélé que pas moins de 300 tirailleurs ont été massacrés à tort.

149 On peut notamment citer, « Le camps de Thiaroye' » de Sembene Ousmane, « Au nom de la mémoire » de David Asouline.

150 ANT, Annuaire du Gouvernement Générale de l'AEF, Arrêté du 30 Aout 1914, article 1.

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l'article 4 du décret relatif à l'emploi des soldats locaux se penchait également sur les primes de déplacés hors de leur colonie, cette ordonnance stipulait que :

Au cas où les tirailleurs sénégalais seraient appelés à servir hors de leur colonie d'origine et qu'ils ne seraient pas autorisés à emmener leur famille, une allocation journalière de 0fr.25 sera payée à leurs femmes avec accroissement de 0.05Cfa par enfant de moins de 12 ans. Si les enfants sont orphelins de mère, l'allocation qui leur sera acquise sera payée à la personne qui en a la charge, faisant fonctions de tuteur désigné par le chef civile ou militaire de circonscription ou de subdivision151.

Mais, au vu des nombreux incidents liés parfois aux paiements des pécules, cette ordonnance se présentait en fait comme un « simulacre de bonne foi » de la part de la France. Car, le caractère philanthropique de ce décret peut être remis en question, surtout que, aucune action même mémorielle n'a été entreprise pour conserver la mémoire de ces tirailleurs sénégalais au Tchad.

C'est en s'insurgeant contre cet acte de « bonne foi » que les paroles de Mbaidené Nadine152 sont intéressantes, elle estime que : « les tirailleurs sénégalais du Tchad ont servi les intérêts de la France inutilement, la preuve flagrante est qu'il n'existe même pas une rue qui porte leur faits d'arme ou même la construction d'un monument censé rappeler leur engagement aux cotés de la France».

Des soldes pécuniaires alloués aux tirailleurs sénégalais, nous pouvons dire qu'elles ont constitués des moyens efficaces pour enrouler les tirailleurs sénégalais dans les régiments. Même si, l'applicabilité des décrets relatifs au paiement de ces divers soldes est remis en question, force est cependant de constater que, les tirailleurs sénégalais particulièrement ceux du Tchad ont servi avec loyauté la France. Toutefois, comment étaient traités au quotidien ces effectifs de plus en plus grandissants ?

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