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Déterminants de l'automédication avant l'hospitalisation dans la prise en charge du paludisme grave dans la zone de santé de Kamina


par André SEYA
Université de Kamina (UNIKAM) - Licencié en santé publique  2022
  

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RESUME

Cette étude s'inscrit dans un contexte d'analyse des déterminants du recours à l'automédication avant l'hospitalisation par des malades lors d'un épisode palustre. La pratique de l'automédication dans la prise en charge du paludisme grave suscite quelques interrogations à Kamina. La présente étude a visé à déterminer la fréquence de l'automédication dans la prise en charge du paludisme grave dans la zone de santé de Kamina et à identifier les déterminants de cette dernière.

Il s'agit d'une étude transversale analytique menée auprès 223 patients ayant souffert du paludisme grave et ayant été admis à l'hôpital général de référence de Kamina et au centre de santé de référence BUMI au cours de notre période d'étude.

Les résultats de cette étude ont montré que la fréquence de l'automédication dans la prise en charge du paludisme dans notre milieu d'étude est de 46,6%. Notons également que sur un total de 104 sujets ayant fait l'automédication, 86,5% avaient utilisé les produits modernes et 13,5% avaient fait recours aux produits traditionnels. Les résultats de cette étude ont montré une prédominance du paludisme chez les sujets dont l'âge est compris entre 15 et 24 ans (47,1%) ; chez les cultivateurs/éleveurs (50,2%) ; chez les sujets du sexe masculin (57,0%). Chez les ménages à faible niveau socioéconomique (70,4%).

Ainsi, les déterminants de l'automédication dans notre milieu d'étude sont le faible niveau d'instruction «Aucun/primaire » (ORa=21,632 [3,387-138,163] ; paj=0,001) ; la mauvaise appréciation sur la qualité des soins administrés à la formation sanitaire (ORa=2,156 [1,173-3,963] ; paj=0,013) et le faible niveau socioéconomique (ORa=29,518 [12,743-97,631] ; paj=0,000). Par contre, l'automédication expose 12,390 fois à l'intoxication médicamenteuse.

INTRODUCTION

1.1. REVUE DE LA LITTERATURE

L'automédication, dont une première définition relativement restrictive serait le fait qu'un individu recourt à un médicament, de sa propre initiative ou celle d'un proche, dans le but de soigner une affection ou un symptôme qu'il a lui-même identifié, sans avoir recours à un professionnel de santé. En Afrique notamment, l'automédication réalisée avec des médicaments pharmaceutiques industriels s'associe à celle qui emploie des feuilles, racines et écorces végétales ainsi que certaines denrées alimentaires, pour constituer le premier mode de recours aux soins que pratiquent les individus face à un épisode morbide (OMS, 2020).

Le recours à l'automédication est un phénomène mondial même si ses déterminants peuvent varier d'un pays à un autre. Considéré comme un phénomène menaçant de plus en plus la santé de la population, des travaux qui se sont intéressés à l'automédication ont insisté sur les dérives qui peuvent en découler (B. Gendel, 2012), notamment les principaux risques, plausibles ou avérés, les résistances microbiennes acquises envers les médicaments, les accidents médicamenteux, les interactions médicamenteuses non bénéfiques, la pharmacodépendance et la toxicomanie (J.L Montastruc, 2016).

Selon l'organisation mondiale de la santé, les dangers de l'automédication en cas du paludisme sont nombreux, avec parfois des conséquences graves. L'automédication lors d'un épisode palustre comporte deux grands types de risque notamment les risques dus au médicament lui-même (méconnaissance des composants, toxicité méconnue, date de péremption, interaction médicamenteuse avec d'autres médicaments, etc.) ; et les risques dus à la prise en charge (erreur de posologie, méconnaissance des effets secondaires, éventuelles allergies, interactions médicamenteuses, etc.). (OMS, 2017).

Par ailleurs, pour le corps médical, l'automédication peut être à l'origine de quelques difficultés pouvant impacter la prise en charge du patient, par exemple un retard de diagnostic, une fausse interprétation des résultats biologiques, le médicament utilisé peut masquer certains symptômes utiles au diagnostic, une aggravation des symptômes, etc. En France, le marché de l'automédication est considérable (Michel ladouche, 2012).

En France, selon une étude réalisée par l'AFIPA (Association Française de l'Industrie Pharmaceutique pour une Automédication Responsable), la consommation de 2009 représentait 1,6 milliards d'euros, soit 6,5% du marché des médicaments (AFIPA, 2009).

De sa part, SANON Valérie Marcella dans son étude sur les facteurs associés à l'automédication lors d'un épisode du paludisme grave nous rapporte une fréquence d'automédication de 41,6%. L'automédication était très observée chez les sujets dont la tranche d'âge variait entre 15 et 25 ans dans 74,3 % des cas. La fréquence était également élevée chez les sujets du sexe féminin (74,2%), les produits les plus utilisés étaient les plantes médicinales. Sur le plan évolutif, la létalité globale était de (12,3%) chez les sujets qui ont fait recours à l'automédication. La durée moyenne d'hospitalisation était de 6,5 jours chez les sujets qui ont fait recours à l'automédication (SANON V.M., 2014).

En Haïti, selon les résultats de Leive Alexandre, la fréquence de l'automédication était estimée à 26,1%. L'âge moyen des patients a été de 14#177;2,7 ans avec des extrêmes de 6 mois et 76 ans. Les enfants de moins de 5 ans ont constitué la majorité des cas avec 74,3 %. L'auteur a noté une prédominance masculine : 56 % d'hommes et 44 % de femmes soit un sex-ratio de 1,27. Les principaux déterminants de l'automédication étaient la distance entre la formation sanitaire et le ménage supérieure à 2km (OR=136,300 [34,320-541,306]), la mauvaise appréciation de la qualité des soins dans les FOSA (OR=5,05 [2,144-11,86]), le faible pouvoir d'achat des malades (OR=3,600 [1,366-9,491]), l'absence d'information et de sensibilisation sur les risques liés aux mauvais usages des médicaments (OR=3,20 [1,12-9,15]) (Leive A., 2008).

Au Bénin, 59% des béninois déclarent utiliser des médicaments sans ordonnance de temps en temps. Les maux les plus soulagés par l'automédication sont le paludisme, la fièvre typhoïde, la diarrhée et les douleurs abdominales (Aboubacar, 2010).

Au Burkina Faso, les travaux de L. Sanfo (2019) ont présenté les prévalences ainsi que les caractéristiques de l'automédication, constituées essentiellement par le coût élevé de la prise en charge des malades dans les formations sanitaires, le faible pouvoir d'achat des malades, l'insuffisance en infrastructures et des personnels sanitaires, la banalisation de certaines maladies, l'absence d'information et de sensibilisation sur les risques liés aux mauvais usages des médicaments, la non maîtrise des contre-indications, des posologies, des rythmes d'administration et la durée du traitement.

En République Démocratique du Congo, la prévalence de l'automédication a été estimée à 49% en 2017 sur l'ensemble de la population (J. Eva, 2017) et à 57% à Goma en 2013 (E. NtabeNamegabe, 2013).

Le paludisme est une maladie parasitaire causée par un protozoaire du genre Plasmodium transmis à l'homme par piqûres des moustiques femelles infestés du genre Anophèle ; il constitue la maladie parasitaire la plus importante des êtres humains (OMS, 2015).

La ville de Lubumbashi n'est pas épargnée par le phénomène de l'automédication en dépit de sa pluralité d'offres de soins comme l'a montré Mvula K (2016) pour qui « l'automédication constitue le premier mode de recours aux soins au sein de la population (...), suivi par le recours à la médecine moderne ».

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote