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Brancardier : le rôle du cadre de santé pour valoriser la fonction


par Rachel PLAUT
IFCS Rouen - Cadre de santé 2019
  

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IV. Le positionnement cadre

Ce travail de recherche, avec à la fois l'éclairage théorique que nous avons réalisé et les enquêtes de terrain que nous avons analysées, nous a permis de mener une réflexion sur notre futur rôle d'encadrant. Certains éléments que nous allons développer dans ce chapitre seront transposables à la gestion d'une équipe ayant un profil différent.

1. La projection cadre au regard de la recherche

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Ce travail nous a permis de prendre du recul sur notre propre expérience.

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1.1 Le rôle du cadre dans la communication

Nous sommes convaincue qu'il est essentiel pour un cadre de communiquer. La communication est pour nous une forme de reconnaissance. Connaître les agents, s'intéresser à eux, reconnaître leurs efforts et le leur dire, nous paraît essentiel et cela ne doit pas attendre les entretiens annuels.

Nous pensons que la communication nous permettra de faire connaître cette équipe, de mettre en avant leurs compétences et de mettre en lumière les missions qui leurs sont confiées, cela afin de transmettre l'information à l'ensemble des professionnels de santé. Nous croyons que cette équipe est indispensable dans le parcours du patient et qu'elle lui apporte autre chose. Les brancardiers ne connaissent pas la pathologie du patient la plupart du temps, ils ont quelques informations mais peu de détails. Cela leur permet d'avoir une approche du patient différente, ils réussissent généralement à détendre le patient avant d'aller à un examen ou au bloc opératoire se servant de l'humour toujours adapté et mesuré pour permettre au patient de se sentir détendu dans une situation qui pourrait être très angoissante. Cette capacité relationnelle est vraiment à mettre en avant car ils ont cette faculté à vraiment rassurer les patients.

Comme nous avons pu le démontrer dans l'éclairage théorique et empirique, cette équipe se gère à distance. Nous n'avions pas forcément conscience de cela lorsque nous étions en poste. Nous pensons qu'il est souhaitable de favoriser des temps d'échanges afin d'encourager chacun à prendre la parole. Ces temps d'échanges pourront être formels pour faire circuler l'information ascendante et descendante mais ils seront également informels car ce sont des moments où le cadre de santé peut percevoir des éléments qui ne ressortent pas toujours sur des moments formels, notamment lorsqu'il y a des tensions, des problématiques dans une équipe. C'est toujours intéressant de partager des moments informels car les agents vont livrer plus facilement leur ressenti, ils vont échanger entre eux et cela permet au cadre de santé de connaître un peu leur état de bien-être au travail ou même de savoir s'ils ne sont pas parasités par des soucis personnels qui peuvent expliquer certains comportements au travail.

Nous pensons également que la communication avec les autres cadres de santé facilitera la collaboration entre les différents professionnels. En effet, nous pensons que demander aux équipes des unités de soins de désencombrer les couloirs faciliterait le travail des brancardiers et serait une preuve de considération de leur travail et de leur place au sein de l'établissement. Nous pensons que la communication avec les autres services permettra également d'éviter aux brancardiers de dépasser leur champ de compétences. Nous voulons leur faire prendre conscience qu'il n'est pas de leur rôle de s'occuper de l'oxygène, ou de débrancher un patient scopé par exemple car cela engage leur responsabilité.

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1.2 Le rôle du cadre et le management participatif

Nous pensons que le management participatif permet de mettre en valeur le travail des agents et que c'est en cela que nous pouvons dire que c'est aussi une forme de reconnaissance.

Nous pensons également que le management participatif renforce l'implication des agents. Il est intéressant de leur proposer de participer à des réunions institutionnelles ou à des groupes de travail sur des sujets qui les concernent ; cela leur permet de se sentir importants et utiles comme nous l'a exprimer le CDS-E8. Les impliquer leur permet de donner du sens à ce qu'ils font et leur permet également de se placer dans une posture réflexive et de tirer parti de leur expérience pour soumettre des propositions. Être dans cette réflexion nous paraît essentiel pour qu'ils soient acteurs dans les organisations de travail. Nous sommes convaincue que les brancardiers sont un maillon essentiel dans l'organisation hospitalière et qu'ils participent, au même titre que les autres professionnels de santé, à une prise en charge de qualité des patients.

Nous avons bien conscience que certains agents ne souhaitent pas participer à des groupes de travail ou s'investir davantage, cependant il est de notre rôle en tant que cadre de santé de repérer les compétences des agents et d'être en mesure de leur permettre d'évoluer. Nous pensons que leur confier des missions comme par exemple être référent dans un domaine, qui ne soient pas chronophages pour les agents, c'est aussi leur montrer que nous avons confiance en eux, que nous souhaitons les faire progresser, leur faire faire autre chose. Nous pensons aussi que lorsqu'il s'agit de choisir du matériel, c'est leur demander leur avis pour qu'ils aient le sentiment d'être considéré et qu'on les sollicite dans les prises de décision.

Le management participatif pourra être un levier pour favoriser la qualité de vie au

travail.

1.3 Le rôle du cadre dans la qualité de vie au travail

Tout d'abord, nous avons pu prendre conscience que les brancardiers étaient peu considérés, ne serait ce que par le peu d'ouvrages existant sur le sujet, comme nous avons pu le constater au travers de l'éclairage théorique. Par ailleurs, les lectures que nous avons pu nous procurer portent sur des témoignages de brancardiers qui décrivent leur travail et expriment leur ressenti sur la façon dont ils ont vécu leur métier.

Nous serons amenée à gérer tout profil d'équipe et il nous paraît essentiel que chaque agent quel que soit son statut et son diplôme, se sente considéré, en tant qu'individu. Nous pensons que la reconnaissance est non seulement un levier de motivation au travail mais également de bien-être au travail.

Comme nous l'avons expliqué, nous considérons que reconnaître les efforts d'un agent est un levier de motivation. Cette reconnaissance peut être formulée de façon individuelle lorsqu'elle concerne l'agent lui-même ou collective. Cependant, valoriser les efforts individuels peut avoir des répercussions sur la motivation du groupe. En effet, nous sommes persuadée que les agents communiquent entre eux lorsqu'ils sont reçus par le cadre de santé que ce soit lors

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d'un feedback (un retour) positif ou négatif. Cet échange entre collègues permet à l'équipe de se questionner sur son travail.

Le cadre de santé va être honnête, transparent et authentique lorsqu'il donnera des signes de reconnaissance, car les agents détecteront tôt ou tard si cette reconnaissance est dépourvue de sincérité. Cette honnêteté et cette authenticité favoriseront une relation basée sur la confiance qui est selon nous essentielle pour gérer une équipe. Cette confiance doit être réciproque, que ce soit du cadre de santé envers son équipe ou l'inverse, et nous pensons qu'instaurer une relation de confiance permet de se faire respecter. Une équipe qui n'a pas confiance en son manager ne sera pas en accord avec lui et un manque de confiance peut même être délétère car si l'équipe n'a pas confiance en son cadre, ce dernier pourra faire des propositions mais elles ne seront pas étudiées ; en outre, si le cadre n'a pas confiance en ses équipes, cela aura des répercussions sur sa façon de les manager et il sera alors davantage dans le contrôle.

Selon nous, la posture du cadre de santé nécessite d'être disponible autant que possible, à l'écoute des agents et d'être bienveillant. Nous sommes convaincue qu'un cadre bienveillant avec son équipe peut avoir l'adhésion de celle-ci. Bien évidemment la bienveillance n'empêche pas de rester ferme lorsqu'il le faut car nous entendons par là qu'il faut aussi dire à un agent lorsque des choses ne vont pas.

Nous pensons que mettre en avant tout ce qu'ils font au quotidien permettra de valoriser leur travail, de faire connaître cette profession, ses contraintes et ses responsabilités.

Les brancardiers ont besoin de se sentir reconnus par les autres professionnels de santé et de ne pas être considérés comme les « petites mains » comme nous l'expliquait à sa manière le CDS-E1. Nous pensons alors qu'il paraît intéressant d'organiser des temps de rencontres entre les différents professionnels pour leur permettre de communiquer sur leurs difficultés et cela afin non seulement d'améliorer la collaboration mais également d'optimiser la prise en charge des patients. La valorisation monétaire est aussi quelque chose de nécessaire pour eux. Au vu de leur statut, ils sont comme le dit le DO-E6 « en bas de l'échelle sur le plan des salaires » alors qu'ils font un travail pénible physiquement. Nous pensons qu'il est intéressant de valoriser les efforts par une compensation financière, bien que nous sachions également que la situation économique des établissements publics de santé est compliquée. Nous pensons également qu'en tant que cadre de santé nous devons permettre aux agents de travailler dans de bonnes conditions et cela passe par l'acquisition de matériel. Par ailleurs, la valorisation non monétaire se manifeste par une reconnaissance de leur travail, de leurs efforts, de leurs compétences, de leur implication. Nous pensons qu'il est essentiel de dire merci aux agents lorsqu'ils se sont rendus disponibles sur une période d'absentéisme d'un collègue, lorsqu'ils vont aller aider d'autres professionnels pour installer un patient, pour le relever car il a chuté, pour le calmer par une présence lorsqu'il montre des signes d'agressivité. Nous pensons qu'il est nécessaire de les remercier régulièrement pour tout ce qu'ils font au quotidien.

Nous pensons à l'importance de valoriser de façon individuelle pour qu'un agent se sente considéré en tant qu'individu à part entière, pour ce qu'il est lui, mais aussi de façon collective pour développer la cohésion d'équipe, maintenir l'effort collectif et cultiver l'esprit d'équipe et la solidarité. Nous pensons qu'il est également primordial de connaitre le

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positionnement de chacun au sein du groupe. Nous avons le sentiment que le fait de se sentir intégré dans son équipe, favorise le bien-être au travail.

Nous avons à coeur de faire du management en tenant compte de nos valeurs personnelles et professionnelles. Nous pensons qu'un manager doit faire preuve de patience, de tolérance, ne pas porter de jugement mais plutôt chercher à analyser une situation. Nous ferons preuve de discernement et valoriserons les erreurs des agents plutôt que de les pointer du doigt. Car nous sommes persuadée que personne n'est à l'abri de faire une erreur. Nous tenons cependant à nuancer nos propos car il faudra tenir compte du seuil de gravité de l'erreur. Pour autant, nous pensons que l'erreur permet de questionner le collectif afin d'apporter des axes d'amélioration et d'éviter que cela ne se reproduise.

Nos valeurs soignantes sont toujours présentes et notre management sera en lien avec nos valeurs professionnelles telles que l'empathie pour pouvoir comprendre les difficultés d'un agent. Nous souhaitons également être intègre et nous préférons agir avec honnêteté et transparence en expliquant aux agents pourquoi nous mettons en place certaines choses. Nous avons à coeur d'être respectueuse des agents car nous sommes convaincue que sans cela il nous est impossible de faire un tel métier. Ces valeurs personnelles et professionnelles nous ont portée et nous ont permis d'être ce que nous sommes aujourd'hui.

Les brancardiers ont un rôle à jouer, comme tout professionnel de santé. C'est pour cela que nous nous assurerons en tant que future cadre de santé, que les équipes que nous encadrerons se sentent bien au travail. Nous travaillerons en collaboration avec les partenaires sociaux et le service de santé au travail, pour chercher des solutions afin d'améliorer les conditions de travail des agents.

Enfin nous partageons le point de vue du DO-E6 lorsqu'il aborde la notion de « tripode ». En effet selon lui, le cadre de santé prend en compte trois notions essentielles : l'efficience, la qualité des soins et la qualité de vie au travail. Cela nous semble vraiment cohérent. Au regard de ce qu'il mentionne, nous pensons qu'un établissement ne peut pas fonctionner si les patients sont insatisfaits car ils ne reviendront pas, c'est pour cela qu'il faut tout mettre en oeuvre pour optimiser la qualité des soins et du service rendu au patient. Aussi, il est déterminant que les agents se sentent bien au travail pour faire un travail de qualité, qu'ils y trouvent du sens et qu'ils restent motivés.

Aujourd'hui, grâce aux échanges que nous avons pu avoir avec les différents professionnels interrogés, nous portons un autre regard sur cette équipe et nous prenons conscience que nous ne leur avons peut-être pas accordé toute la reconnaissance dont ils avaient besoin, notamment pour défendre leur présence à certaines réunions. Avoir la gestion d'une autre équipe notamment de soins, ne nous a pas permis d'apporter aux brancardiers toute la considération qu'ils méritent car nous avons été happée par le quotidien, et que nous n'avions pas suffisamment conscience qu'ils en avaient besoin, peut-être parce que ce sont des hommes. Nous espérons cependant, que nous aurons la chance de gérer à nouveau cette équipe afin de lui consacrer plus de temps et de lui apporter des signes de reconnaissance. Enfin, nous pensons que d'avoir réalisé ce travail de recherche sur eux, sur leur fonction c'est déjà quelque part notre façon de leur montrer que nous reconnaissons leur travail.

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2. Le positionnement au regard de la fonction cadre de santé

Au regard de ce que nous venons de dire, voici comment nous nous projetons dans notre future fonction de cadre de santé et ce que nous envisageons de proposer à notre retour.

Si nous sommes amenée à gérer de nouveau cette équipe de brancardiers, nous proposerons de mettre en avant cette profession dans le journal de l'hôpital. Cela permettra de rendre visible leur travail, et de mettre en lumière leurs qualités et leurs compétences auprès des autres professionnels de l'hôpital. Pour cela, nous ferons part de notre demande au service communication.

Par ailleurs, nous avions pensé à faire une demande auprès du service qualité, pour inclure un item, sur le questionnaire de satisfaction, concernant le transport interne des patients au sein de l'établissement. Cela permettrait de leur faire des retours sur les commentaires des usagers, dans le but de les féliciter pour ce qu'ils font de bien, et de réfléchir ensemble à ce qui devrait être amélioré. Avoir la reconnaissance écrite des usagers, pourra déjà être très valorisant pour eux.

Nous envisageons de valoriser davantage cette équipe, car nous avons pris conscience que le cadre est le pivot pour faire reconnaître cette profession, même si nous savons qu'il ne pourra pas tout mener seul. Nous savons également que cette quête de reconnaissance est valable pour tous les professionnels mais nous pensons qu'elle est davantage ressentie par cette profession en particulier. Il s'agit bien là de montrer la valeur de ces agents qui, malgré l'absence de formation initiale, de diplôme et un statut inapproprié au regard des missions qui leur sont confiées, sont un maillon très important, dans le parcours du patient et dans sa prise en charge.

Nous savons que certains établissements proposent des journées d'observation (« vis ma vie ») afin de faire partager le quotidien des professionnels. Ce principe permettrait de comprendre les contraintes organisationnelles de chacun, et de limiter les représentations concernant le travail de l'Autre. Cependant, nous avons conscience qu'au vu du contexte économique des établissements, une telle proposition paraît illusoire.

Par ailleurs, pour faciliter les évaluations annuelles, nous comptons suivre les agents dans leurs missions au quotidien et pouvoir questionner le patient à l'issu du transport, pour savoir comment il a perçu sa prise en charge ; nous ne l'avions jamais fait auparavant et nous le regrettons.

Nous mettrons également à disposition des outils de traçabilité des transports pour évaluer au mieux leur charge de travail sur le long terme et pas seulement sur une période donnée.

En outre, nous avons vu durant notre formation, que des moyens existaient pour réunir les agents sur un temps limité : ce sont les « stand-up meeting » ( Delaire, 2019). Ces réunions se font debout, et c'est ce que nous souhaitons mettre en place dans une telle équipe. Ce serait selon nous, une idée pertinente dans la mesure où ces réunions s'effectuent sur une temporalité

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relativement courte et évitent donc, de mobiliser les agents trop longtemps, tout en permettant d'échanger de façon constructive sur des sujets bien ciblés.

Enfin, suite à une intervention que nous avons eu au cours de notre formation (Bergeot & Neveu, 2019), il nous est apparu intéressant d'établir une charte éthique dans ce service, afin d'établir des règles de savoir-être mais aussi de savoir travailler et bien vivre ensemble. Pour que leur travail soit reconnu, le respect de cette charte pourra être un indicateur. Elle sera réalisée avec les agents, pour qu'ils prennent conscience ensemble de ce qui est attendu d'eux, et qu'ils puissent aussi faire entendre quelles sont leurs valeurs et ce qu'ils attendent de l'Autre. Cette charte nous permettra également de rechercher des qualités et des valeurs chez les candidats qui se présentent pour un recrutement, mais aussi d'y faire référence si un agent ne respecte pas ce qui y est inscrit. Nous avons également pensé que cette charte pouvait s'écrire avec l'acrostiche du mot « brancardier » afin de vraiment la personnaliser à leur image.

Voici comment nous envisageons notre retour et comment nous nous projetons en tant que future cadre de santé. Nous avons eu plusieurs mois pour prendre du recul sur nos pratiques et réfléchir à des outils permettant d'améliorer la gestion de cette équipe. Cependant, nous avons conscience que nous ne gérerons pas uniquement cette équipe. Pour autant, certains éléments apportés sont transposables à la gestion d'une équipe fixe, et comme nous l'avons explicité, un cadre de santé peut être amené à travailler dans un service, même si les missions ne correspondent pas à celles de la filière dont il est issu.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius