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Problématique de la planification familiale dans les ménages de Kasha: cas du quartier Cikonyi


par Jean Claude AGANZE BASHIGE
ISDR/Bukavu - Graduat 2018
  

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I. 2. 3. Les causes liées aux croyances religieuses et coutumières

La plupart des religions au monde encouragent les naissances en considérant l'enfant comme un don divin. Même cas pour les coutumes qui considèrent l'enfant comme une richesse et une fierté.

La contraception étant la méthode par excellence de la planification familiale n'est pas acceptée par la grande majorité des églises oeuvrant dans le quartier Cikonyi ; tel, le cas de l'église catholique qui admet la planification familiale mais reste hostile à plusieurs méthodes contraceptives.

Ceci s'inscrit dans le Diario de Yucathan qui rapporte le 16 février 1987 les observations du Pape sur la question. Ainsi pour le chef de l'église catholique, «il faut réduire l'impact de la contraception, la stérilisation et l'avortement, car la politique anticonceptionnelle a des effets profondément négatifs en augmentant la licence sexuelle et la conduite irresponsable ». Ces arguments sont relayés depuis la hiérarchie de l'église, par des prêtres et des responsables de groupes d'action catholique à quelques points près.

Ainsi, pour se justifier, l'église développe trois principaux arguments à avoir : tout d'abord, que les pullules anti contraceptives impactent négativement sur la santé des femmes ; plus encore que l'utilisation de certaines méthodes contraceptives constitue non seulement un péché devant Dieu mais engendrent et/ou favorisent le gout de la sexualité même chez les jeunes gens non mariés car possédant des techniques pour lutter contre les grossesses.

Pour ce faire, l'église catholique propose des méthodes naturelles et particulièrement la méthode Billings13(*) .

Par ailleurs, les entretiens que nous avons pu avoir avec les membres et responsables de l'église protestante et bien d'autres confessions religieuses, nous ont révélé une disparité dans la conception des pratiques contraceptives. Certains responsables des églises inculquent à leurs fidèles les idées de ne même pas mettre en pratique les « méthodes naturelles » car elles diminuent le taux de naissance soutenant que la procréation répond à l'appel de la Bible qui demande aux hommes : « Multipliez-vous et remplissez la terre14(*)» sans tenir compte de la préalable condition de vie du nouveau-né en maintenant l'adage selon lequel ; « chaque enfant vient avec son assiette »15(*). Autrement dit, Dieu apporte un plus dans une famille à chaque naissance pour nourrir le nouveau-né.

Notre population échantillon étant en majorité religieuse, soit 97,5% ; est constitué de 82,5% de femmes chrétiennes parmi lesquelles 47,5% sont catholiques contre 35% protestantes, 10% sont des témoins de Jéhovah, 2,5% musulmanes, 2,5% fidèles d'autres confessions religieuses à l'instar des adventistes, brahmanistes, les anglicans et les bimas et 2,5% non religieux, attache sa conviction dans les idées de leurs leaders religieux. Il sera difficile d'appliquer la planification familiale dans le quartier Cikonyi.

De ce fait, la religion devient une barrière à la planification familiale dans le sens qu'elle ne cherche pas à promouvoir les méthodes visant à éviter de façon réversible et temporaire la fécondité.

Par ailleurs, plusieurs églises consentent à la pratique de l'utilisation des méthodes contraceptives naturelles sans pour autant édifier leurs fidèles sur les nécessités. Il se crée par conséquent des problèmes dans les couples où l'un des conjoints n'accepte pas de s'abstenir de la sexualité durant la période où la femme pourrait concevoir.

En conséquence, dans le but de sauvegarder l'harmonie du couple, un des conjoints finira par concéder, d'où la difficulté de l'application de ces mesures sans une bonne édification préalable sur ses avantages par des leaders religieux.

Tableau 5:Religions des enquêtées

 

Religion

Fréquence

Pourcentage

Pourcentage validé

Cumulé

 

Catholique

19

47,5

47,5

47,5

Protestante

14

35,0

35,0

82,5

Témoins de Jehova

4

10,0

10,0

92,5

Musulmane

1

2,5

2,5

95,0

Non religieux

1

2,5

2,5

97,5

Autres

1

2,5

2,5

100,0

Total

40

100,0

100,0

 

De toutes ces religions, aucune d'elles qui ne favorise pas la procréation; seulement la religion catholique accepte la planification familiale par des méthodes naturelles qui sont basées sur l'abstinence du couple pendant la période où la femme est susceptible de concevoir. Les églises protestantes ont des opinions divergentes mais la majorité d'elles sont ceux qui ne favorisent aucune méthode de la planification familiale. Les témoins de Jéhovah sont de même avis que les protestants, pour eux c'est Dieu qui planifie; aller au-delà de cette conception, c'est pêcher. L'église musulmane dépasse les limites et favorise la polygamie. Les non religieux (athées) sont neutres mais ils peuvent être influencés par d'autres causes.

Sous d'autres cieux, les coutumes appuient ces enseignements religieux de manière générale en soutenant que non seulement l'enfant constitue une richesse pour sa famille et de ce fait une bénédiction divine, il est également considéré comme futur protecteur des parents à l'âge de la vieillesse. Ce qui pousse, certains parents à en mettre au monde un plus grand nombre pour mieux assoir leurs vieillesses.

Ajoutons également, que suite aux entretiens menés avec nos enquêtés, nous avons pu constater qu'il règne dans le chef de la population de Cikonyi, les idées selon lesquelles, en mettant au monde plusieurs enfants, certainement qu'il ne manquera un ou deux qui seront très riche pour marquer l'honneur de la famille.

Mais aussi ce qui les motivent plus c'est ce qu'ils pensent être les fonctions de l'enfant, parmi lesquelles ils citent :

o Expressive : c'est-à-dire liées aux qualifications effectives immédiates que les parents retirent de leur relation à l'enfant : besoin d'accomplissement de soi à une entité plus large dans le temps (immortalité) et dans l'espace ;

o Socialement instrumentales : acquisition de l'identité sociale et du statut d'adulte, désir de sociabilité, représentation de l'amour du couple, manifestation extérieure de prestige ou du statut ;

o Exercice des certaines tâches appréciées ; élever un enfant, or les alternatives ; c'est-à-dire les possibilités de réaliser ces valeurs autrement que par les enfants, sont nettement plus minces dans les milieux défavorisés que dans les autres et pour les femmes que pour les hommes, notamment en ce qui concerne l'acquisition de l'identité, l'exercice du pouvoir ou de l'influence.

Par ailleurs la stratification sexuelle peut inciter à une forte fécondité. D'une part les hommes chefs de familles peuvent retirer un bénéfice du travail de leurs enfants alors que tout le coût (en santé, en temps) repose sur leurs dépendants, ce qui les conduits à produire de nombreux enfants. D'autres part, pour de nombreux auteurs ; le développement de la division internationale du travail se traduit par une diminution de l'accès des femmes aux ressources économiques, mais aussi éducatives, politiques et organisationnelles, en conséquence elles ne peuvent obtenir un certain accès à ces ressources que par le biais de leurs enfants, notamment masculins16(*) 

Tableau 6: Tributs des enquêtées

 

Tributs

Fréquence

Pourcentage

Pourcentage Validé

Cumulé

 

Les bashis

30

75,0

75,0

75,0

Les baregas

4

10,0

10,0

85,0

Les batembos

3

7,5

7,5

92,5

Les babembes

1

2,5

2,5

95,0

Autres

2

5,0

5,0

100,0

Total

40

100,0

100,0

 

Comme nous pouvons le constater sur le tableau ci-haut, la grande partie de notre population échantillon soit 75% appartient à la communauté de « Bashis ». Vient ensuite la communauté de « Baregas » qui constituent 10%, suivi de « Batembos » 7,5%. La communauté de « Babembes » vient après avec 2,5% et les autres communautés réunies à l'instar les « Bahavus », les « Banyamulenges », les Babangubangus », les « Balubas »... se retrouvent au bas du tableau avec 5%.

Il ressort de ce constat, qu'étant majoritaire, les « Bashis » sont plus influents au sein de la communauté dans son ensemble. Signalons que pour la tribu de « Bashi », le fait pour un enfant d'avoir beaucoup de petits frères et/ou soeurs, est un signe de fierté signifiant qu'avoir des frères et soeurs, c'est être riche. D'où le slogan et nom shi ; « kulondwa bwami ».

En outre, au sein même de cette communauté, un foyer sans enfant est considéré comme une famille malheureuse et certains membres de la communauté le voient comme un tabou. C'est ce qui s'appelle «Nshahu » en « Mashi »; langue de « Bashi ». Toutes ces conceptions pour encourager la procréation.

Composé de plus de 95% des bantous, la population voit en l'enfant une précieuse opportunité pour le bonheur et se soucie moins des charges liées aux soins de l'enfant pour qu'il grandisse dans des conditions favorisant son épanouissement sur le plan moral, physique et intellectuel. Nonobstant ces convictions, croyances et idéologies coutumières et religieuses les couples qui ne sont pas contrariés par les croyances et idéologies s'affrontent à un autre obstacle qui est le manque d'information.

2.4 Les causes liées au manque d'information

« Mon peuple périt par l'ignorance (manque de connaissance) »17(*)

L'accès à la planification familiale volontaire constitue aussi un aspect essentiel de la satisfaction du droit fondamental des couples et des individus de choisir le moment de la naissance et le nombre de leurs enfants. Dans une perspective nationale, l'accès universel à la planification familiale représente une composante critique du développement.

Les avantages de mettre l'information et les services en matière de contraception à la portée des femmes et des couples qui le souhaitent sont généralement reconnus. En dépit de ce fait, l'assistance des donateurs à la planification familiale a enregistré une baisse radicale en dollars constants depuis le milieu des années 1990, et de nombreux pays ne font pas l'investissement nécessaire dans la planification familiale18(*).

La population étudiée vit aux alentours des bidons-villes, elle se caractérise, à l'inverse du reste de la population de la ville, par une faible pratique contraceptive. Notre hypothèse est que ceci s'explique par trois facteurs convergents :

- un environnement sociodémographique défavorisé qui a pour effet d'isoler la population des «Cités» par rapport à son voisinage et de l'empêcher de profiter pleinement des services socio-sanitaires situés sur place ou ailleurs. Cet environnement défavorisé est identifié en terme de spécificités sociodémographiques au niveau des familles (conditions de logement, familles nombreuses, etc.) et des individus (faibles niveaux de scolarisation, nuptialité instable, etc.) ;

- une méconnaissance par la population des notions élémentaires de physiologie et de santé, d'où des représentations erronées de la contraception, caractérisées par la prévalence de rumeurs ;

- un décalage entre les objectifs et les intérêts des organismes responsables de la planification familiale, les attentes et besoins de la population du quartier Cikonyi.

Ø Tableau 7: De la connaissance des enquêtées sur la planification familiale

 

Connaissance

Fréquence

Pourcentage

Pourcentage Validé

Cumulé

 

Oui

32

80,0

80,0

80,0

Non

8

20,0

20,0

100,0

Total

40

100,0

100,0

 

Une bonne partie des enquêtées soit 80% ont dit avoir déjà entendu parler de la planification familiale, contre 20% qui nient en avoir jamais entendu parler. Le fait que la grande partie de la population possède une information sur planification familiale serait une opportunité pour la réussite de sa mise en oeuvre mais malheureusement elle la considère comme question propre aux occidentaux par ignorance.

* 13 Arlette GAUTIER et André QUESNEL, « politique de population, médiateurs institutionnels et régulation de la fécondité au Yucatan(Mexique)», éd. ORSTOM, Paris 1993, 26-27 pages

* 14 Sainte Bible

* 15 Interview sur terrain

* 16 Marc PILON et Kokou VIGNIKIN, « ménages et familles en Afrique subsaharienne », édition des archives contemporains, 47-48 pages

* 17 Sainte bible

* 18 UNFPA, « les contraceptifs sauvent des vies », décembre 2012 ; www.unfpa.org

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"