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Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

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II.2.2 Assurer le juste équilibre

La volonté de demeurer en Occident par tous les moyens peut aussi s'expliquer par un désir intrinsèque de maintenir l'équilibre des choses. En effet, Jende est chef de famille et a encore des parents vivants. On sait tous que dans la tradition africaine, un homme d'un certain âge est appelé à prendre soin, en plus de sa famille nucléaire, de celle dont il est issu. Et le fait d'être en Occident constitue la cerise sur le gâteau. S'il est vrai que « le pays d'accueil n'est pensé que par rapport et en confrontation symbolique avec la terre natale » (Fandio, 2011 : 19), il va sans dire que la grande famille de l'immigré, restée au pays natal, voit en lui la source de toutes les bénédictions car il s'en est allé dans ces horizons ou il n'y a point de souffrance et où il suffit de se «courber pour ramasser l'argent »33. L'immigré a une obligation d'entretenir ce rêve. Il n'était par exemple pas concevable de voir Thamar envoyer son fils au Mboasu sans envoyer quelques sous de temps en temps. Même s'il est possible que cela n'aurait constitué aucun problème pour sa mère à elle, Thamar avait l'obligation de le

33 Lire à cet effet Le Paradis du Nord de Jean Roger Essomba.

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faire car elle incarne auprès des siens restés au Mboasu, le bonheur, la richesse. Il en va de même pour Jende. Il se confie à son patron en ces mots :

je remercie le bon Dieu tous les jours de m'avoir offert cette opportunité, Monsieur, [...] je remercie le bon Dieu, et je crois qu'en travaillant dur, un jour, j'aurai une bonne vie ici. Mes parents eux aussi auront une bonne vie au Cameroun. Et mon fils, en grandissant, deviendra quelqu'un, peu importe qui. Je crois que tout est possible quand on est Américain. Vraiment, Monsieur, je le crois. Et en toute vérité, Monsieur, je prie pour qu'un jour, en grandissant, mon fils devienne un grand comme vous (VVR : 57).

De ces propos de Jende, il ressort deux choses. D'une part la conviction qu'être en Amérique lui ouvre les portes de la réussite, et, d'autre part, la conscience que beaucoup de personnes comptent sur lui pour s'épanouir. Il n'est donc pas question qu'il renonce. Il y a une sorte d'image de l'ailleurs à préserver.

Cette volonté de préserver l'image, on la retrouve aussi chez Antoine. Seulement, avec lui, il ne s'agit que d'une image personnelle que l'ailleurs a voulu détériorer. En effet, les passages d'Antoine au Mboasu n'ont pas été des parties de plaisir. Il les considère d'ailleurs comme l'expression de la haine de sa mère à son égard. Pris dans ce sens, cet ailleurs qui a pourtant été clément avec son frère Maxime qu'il déteste et que sa mère, d'après lui, a toujours aimé, n'a pu que lui vouloir du mal, le détruire. Alors, il n'est pas question de baisser les bras, pas dans le sens de Thamar et de Jende, mais de garder des raisons de sourire face à cet ailleurs et tous. Et son rêve de reprendre goût à la vie, de regagner du sourire, un sourire longtemps perdu entre l'internat et ces broussailles du Mboasu, deviendra réalité : « Bientôt, on vit snow34 en première page des journaux, sur les podiums des défilés où ses performances dans le rôle du servant furent très applaudies. [...] comme prévu par le créateur, certains osèrent même prononcer le mot de génie » (CAC : 163). Antoine réalise son rêve, celui d'échapper à la triste réalité dans laquelle l'avait plongé le refus d'amour de sa mère et le départ de son frère35.

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite