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Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

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II.1.2 Combattre le sentiment d'étrangéité

Miano et Mbue pensent que pour pouvoir se sentir chez soi partout, il faut combattre le sentiment d'étrangéité qui naît parfois de ce que l'on se retrouve dans un pays qui n'est pas le sien et d'où on a l'impression d'être rejeté. Ce sentiment d'étrangéité tel que nous l'avons décrit précédemment, se traduit souvent de deux manières : du côté du personnage immigré et du côté de sa société d'accueil. Du côté du personnage, il se développe lorsque celui-ci ne veut pas s'adapter à son pays d'accueil et préfère vivre enfermé. Il se veut donc étranger à son nouveau milieu. Mais il peut bien arriver que l'immigré veuille faire corps avec sa société d'accueil, laquelle lui oppose une fin de non-recevoir. Dans l'un comme dans l'autre cas, se sentir étranger empêche l'immigré de vivre sa citoyenneté universelle. On ne peut pas se sentir chez soi quand on est victime de rejet et de mépris, ou alors quand on rejette et méprise un lieu où l'on est pourtant appelé à vivre un moment. Jende et Antoine en sont des illustrations. Leurs attitudes face au pays d'accueil s'excluent mutuellement.

Antoine n'a jamais aimé le Mboasu et ne s'est jamais disposé à l'aimer. Lors de ses différents passages dans ce pays pendant ses années d'enfance, il nourrissait du rejet et du mépris à son endroit :

Le garçonnet avait décidé que ce Mboasu ne serait jamais son pays. Il ne ferait pas le moindre effort pour composer avec ce nouveau monde, compterait les jours jusqu'à son départ pour l'Hexagone [...] ces gens eux-mêmes ne le reconnaissaient pas comme un des leurs. Ils l'épiaient à la dérobée, l'appelait Muna Mukala, le petit blanc. C'était parfait. Ils admettaient en le baptisant de la sorte, qu'il n'appartenait pas à leur monde ». (CAC : 80)

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Antoine est victime de rejet et rejette lui-même les autres. Cela fait en sorte qu'il se sent étranger au quotidien. Ce sentiment d'étrangéité est un handicap à la citoyenneté universelle telle que voulue par les auteures. Jende à l'inverse fait tout pour aimer l'Amérique. Il veut s'adapter à ses contours. Il est vrai que les conditions de son départ sont différentes de celles d'Antoine, mais sa posture rejoint les souhaits des auteures. Il ne voue aucune forme de rejet à l'Amérique, il aime et affectionne ce pays dans lequel il se sent chez lui, comme en témoigne cette conversation son patron :

Je ne m'inquiéterais pas une minute pour Vince si j'étais vous, monsieur. Même s'il reste là-bas, il sera heureux. Regardez-moi monsieur, je vis dans un autre pays que le mien, et je suis heureux [...] un homme peut trouver sa maison partout, monsieur (VVR : 167).

Sans toutefois rentrer dans le débat sur les conditions et les modalités de la présence de Jende en Amérique, notons que l'état d'esprit qui l'anime est le bon. Un homme, en réalité, doit pouvoir et même devoir trouver sa maison partout. Les notions de territoire, pays et continents ne doivent être que des indicateurs géographiques. Un homme doit se sentir heureux partout.

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe