WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

III.2. Apporter sa pierre à la construction de l'édifice

S'il est vrai que l'un des enjeux du retour aux sources est de « redonner sa dignité à cette catégorie sociale [à savoir l'immigré clandestin] que l'autre assimile - à son corps dépendant- à une menaçante meute de voraces » (Tsoualla, Op.cit., 267), toutefois, cet enjeu n'est pas le seul. Le retour participe également à une réelle volonté de la part des immigrés de se sentir impliqués dans le développement de leur pays. Mbue et Miano, à travers le parcours de certains personnages que nous analysons dans cette section, plaident pour un retour des immigrés dans leurs terres natales respectives. Le fait est que ces personnages qui partent sont généralement très doués dans plusieurs domaines et leurs séjours en Occident leur permettent quelquefois d'amasser encore plus d'expérience. Cette expérience, ces auteures les invite à la mettre au service des leurs. Retourner au pays natal c'est donc accepter de (re)construire celui-ci, et ce sur plusieurs plans.

III.2.1 la technologie et l'ingénierie

La technologie et de l'ingénierie sont des secteurs dans lesquels nombreux pays du Sud ne connaissent pas un réel essor. L'expertise de leurs ressortissants qui ont migré vers le Nord s'avère capital. Maxime et Moustapha de Ces âmes chagrines sont deux personnages dont le retour participe entre autres de cette volonté de mettre leur expertise au service des

116

leurs. Maxime avait un bon poste dans la banque où il travaillait et avait la possibilité, s'il le souhaitait, de régulariser sa situation en Hexagone ; mais il n'a pas hésité à rentrer au Mboasu quand l'occasion s'est présentée. C'est dire qu'en dépit de cette volonté de « redevenir lui-même » (CAC : 61), Maxime est convaincu que sa présence a plus de valeur chez lui qu'en Hexagone. Au Mboasu, il aura par exemple la possibilité, dans l'exercice de ses fonctions, de former beaucoup de jeunes sub-sahariens qui pourront à leur tour prendre la relève, et tous ensemble contribuer au développement de cette terre. Il pourrait leur apprendre « ce qui n'était pas enseigné dans les salles de cours [au Mboasu] » (Op.cit., 50).

Dans le même sillage, Moustapha est arrivé en Hexagone pour y mener des études en économie. Il est vrai qu'au départ, les choses ne se sont pas bien passées et il a fini par plonger dans la clandestinité, lui « qui n'avait pas choisi de vivre dans l'illégalité. » (CAC : 104). Il parviendra tout de même à aller au bout de ses études. Tout comme Maxime, Moustapha avait la possibilité de régulariser sa situation et de vivre aussi longtemps qu'il le voudrait en Hexagone. D'ailleurs, il était sur le point d'épouser Valentine, une Française ; ce qui faciliterait les choses. Il a tout de même préféré repartir chez lui. On note donc chez ces personnages un souci de participer au développement de leur terre natale, souci qui n'est pas exprimé de manière explicite chez Mbue. Cela s'explique par le fait que les personnages mis en scène dans son roman ne sont pas arrivées avec les mêmes objectifs que ceux de Miano. Toutefois, cet appel des peuples à la reconstruction du bercail, Mbue le manifeste dans son roman et cela par le biais de l'intertextualité. Le passage biblique « Deutéronome 8 :7-9 » qu'elle reprend en tout début de son roman en dit long sur ses intentions (VVR :9) :

Car l'Éternel ton Dieu, va te faire entrer dans un bon pays, pays des cours d'eaux, des sources et des lacs, qui jaillissent dans les vallées et les montagnes ; pays de froment, d'orges, de vignes, de figuiers et de grenadiers, pays d'oliviers et de miel ; pays où tu mangeras du pain avec abondance où tu ne manqueras de rien ; pays dont les pierres sont du fer et des montagnes duquel tu tailleras l'airain.

À la lecture de ce passage, on a envie de se poser une question: de quel pays s'agit-il ? La réponse est simple ; il s'agit du pays de tout un chacun. À chacun de créer les conditions idoines dans son lieu de naissance pour ne pas le transformer en enfer. Il faut s'investir dans la construction du bercail, à son développement. Notre bonheur en dépend.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld