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Diversité floristique et dynamique de la végétation ligneuse dans le lac Fitri


par Bourdjolbo TCHOUDIBA
Universitéé de Ndjamena/Tchad - Master 2 2017
  

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Conclusion

Aujourd'hui, les ressources naturelles et surtout la végétation ligneuse ont beaucoup évolué sous l'effet de plusieurs facteurs. L'intense utilisation de la végétation ligneuse, liée à la croissance démographique, en est le principal facteur, auquel s'ajoutent les variabilités pluviométriques d'une année à l'autre et aussi de l'augmentation des activités pastorales.

Dans ce chapitre, nous venons de présenter les informations qui donnent une vue d'ensemble sur la méthodologie du travail du moins celle utilisée par les chercheurs pour les mêmes études car nous savons que les méthodes varient d'une thématique à une autre.

CHAPITRE III. DESCRIPTION ET STRUCTURE DEMOGRAPHIQUE DES PEUPLEMENTS LIGNEUX

Introduction

Le Département de Fitri est une zone qui porte une végétation caractéristique des milieux semi-arides, soumise à l'alternance des périodes humides et sèches. Relativement abondantes, la flore et la végétation ligneuses de la zone de Fitri sont très affectées par les changements climatiques et les pressions anthropiques tant dans leur biodiversité qu'au niveau de leur répartition. Essentiellement arbustives peu denses, plus ou moins arborées à boisées, ces différentes formations présentent également plusieurs faciès. Selon la couverture végétale et la diversité floristique, plusieurs unités de végétation ont été identifiées dont les principales sont : les savanes boisées, les formations des solsdes « naga », les steppes arbustives, les prairies marécageuses et les forêts galeries. Ces différentes formations se répartissent en auréole selon les gradients nord/sud et est/ouest comme la description est faite dans ce chapitre.

3.1. Description des principales unités de végétation du Fitri

Ø Les savanes boisées 

Elles sont localisées sur des substrats d'origine sédimentaire dans une zone de transition entre les sols ferrugineux tropicaux au sud et les sols bruns steppiques au nord. La strate ligneuse est dominée par Combretum glutinosum, Anogeissus leiocarpus, Acacia senegal, Balanites aegyptiaca, Celtis toka, Albizzia amara, Sterculia setigera, Hyphaene thebaica et Terminalia avicenioides.La strate herbacée est dominée par Cenchrus biflorus, Eragrostis tremula, Schoenefeldia gracilis, Hyparrhenia sp., Cymbopogon giganteus (Photo 1).

Ø Les unités de végétation sur sols des «naga » 

Ces formations végétales sont une variante beaucoup plus clairsemée des unités des savanes boisées et se localisent sur les bourrelets et dans les zones d'épandage, à l'arrière du cordon sableux. Elles se rencontrent également au sud-ouest et à l'ouest du Département du Fitri où elles forment une mosaïque entre les sols steppiques sableux et les dépressions argileuses. Selon Pias (1965), ces types de formationoccupent également le socle affleurant et les sols argileux à argilo-sableux à nodules calcaires. Le terme « naga » est un mot arabe équivalent de « hardé » en foulfouldé. Il désigne une végétation caractérisée par quelques ligneux (arbres et arbustes) très éparses et à très faible recouvrement avec une forte proportion de sol nu. Les formations des sols des « naga » ne sont pas la résultante des facteurs climatiques mais au contraire elles sont dues à des facteurs pédologiques particuliers. Le ligneux dominant est Balanitesaegyptiaca auquel se trouvent associées Acacia seyal, Dalbergia melanoxylon, Boscia senegalensis, Acacia seyal, Capparis decidua, Maerua crassifolia, Capparis corymbosa, Lannea humilis... (Photo 2).La strate herbacée discontinue et de petite taille est dominée par Schoenefeldia gracilis, Aristida stipoides, Eragrostis tremula et Cymbopogon giganteus en bordure des dépressions argileuses.

Photo 1 : Formation à Balanites aegyptiaca en peuplement pur au nord-est du Fitri

(cliché: Tchoudiba B), 06/02/2017

Photo 2 :Formation sur sol des « Naga » à Acacia seyal (cliché : Tchoudiba B), 06/02/2017

Ø Les formations des steppes à Acacia seyal sur sols argilo-limoneux 

Elles sont localisées sur des vertisols à inondation non excessive au voisinage des cours d'eau où elles alternent avec les formations des « naga ». Elles sont également localisées à proximité du Lac Fitri dans la zone deltaïque du Batha(Pias, 1965) et sur la bordure sud-ouest du lac où de grandes superficies de savanes ont été défrichées au profit des cultures de berbéré. Les espèces ligneuses dominantes sont Acacia seyal et dans une moindre mesure Acacia nilotica en peuplement presque monospécifique. Dans les zones exondées on note la présence d'Anogeissus leiocarpus et de Bauhinia rufescens. La strate herbacée est dominée par Schoenefeldia gracilis dans la partie la plus sèche et Panicum laetum, Brachiaria laeta, Sorghum arundinaceum, vetiveria nigritana, Cymbopogon giganteus, et Hyparrhenia sp.dans les zones les plus inondées ;

Ø Les formations des savanes à Acacia nilotica sur sols argilo-limoneux

Elles sont localisées en bordure du lac et des zones à inondation temporaire ou des dépressions(Photo 3). En raison des contraintes édaphiques, la strate ligneuse est essentiellement dominée par Acacia nilotica en peuplement presque monospécifique. Sur les berges le long des cours d'eau, la strate ligneuse est dominée par Acacia seyal, Balanites aegyptiaca, Acacia tortilis auxquelles se trouvent associées Capparis decidua, Capparis corymbosa, Maerua crassifolia, Dalbergia melanoxylon, Boscia senegalensis, Calotropis procera et Cordia sinensis.

Photo 3 :Forêtà Acacia niloticapresque monospécifique aux abords du lac sur un sol argilo-limoneux (cliché : Tchoudiba B),06/02/2017

La strate herbacée de petite taille, discontinue et éparse est dominée dans la partie exondée plus sableuse par Schoenefeldia gracilis, Cenchrus biflorus, Aristida stipoides, Eragrostis tremula, Aristida mutabilis et quelques rares reliques de Cymbopogon giganteus en bordure des dépressions argileuses. En revanche les zones les plus inondées sont colonisées par Panicum laetum, Echinocloa colona, Bracharia laeta, Oriza barthii et des Andropogonées comme Sorghum arundinaceum,Hyparrhenia spp., Voscia cuspidata...

Ø Les forêts galeries 

Elles sont situées dans le prolongement des affluents du Fitri. Ces parcours augmentent de superficie lorsque les sols deviennent alluvionnaires, argilo-limoneuses ou argilo-sableuses. Ces sols sont généralement cultivés quand ils sont faiblement inondés. Ces types d'unités pastorales sont composés de grands arbres et d'un sous-bois bien fourni. En plus des espèces des prairies marécageuses, on peut citer Tamarindus indica, Balanites aegyptiaca, Acacia albida, Anogeissus leiocarpus, Ficus platyphylla et Ficus gnaphalocarpa. Parmi les arbustes on note, Ziziphus mauritiana, Albizzia chevalerie, Acacia ataxacantha, Bauhinia rufescens, Boscia senegalensis, Capparis tomentosa, Capparis corymbosa... La strate herbacée très lâche est représentée par Achyrentes aspera, Dicliptera verticilata et Panicum laetum...

Ø Les peuplements des Rôniers ou Rôneraie

Le Borassus aethiopium ou Rônier est un arbre très faiblement répandu ou à faible distribution dans la zone. On la trouve le plus souvent à l'état d'individus ou de peuplements isolés dans la partie sud du lac (îles de Djoré et Moyo), à l'ouest de Yao à Doumourou ou autour des agglomérations (Photo 4).

Photo 4 : Peuplement de Borassus aethiopium en îlot sur l'île de Djoré

(cliché : Béchir A.B),18/04/2017

A Djoré, et Moyo, ces peuplements apparaissent très bien conservés. Borassus aethiopium y forme des colonies assez denses sur sols à texture lourde très riche en litière. Dans les zones à très forte concentration humaine, des individus de Borassus aethiopium sont systématiquement exploités pour leur bois utilisé dans les constructions (car la planche du rônier est utilisée comme charpente des maisons), soit simplement abattus lors des défrichages.Les groupements à Borassus aethiopium sont ainsi remplacéespar d'autres espèces ligneuses ce qui fait que leur aire de distribution est strictement limitée à des zones de refuge difficilement accessibles. Ils sont parfois remplacés dans certaines zones par Hyphaene thebaica, espèce déjà très bien représentée dans le lac.

Ø Les formations à Hyphaene thebaicaou peuplement de Dommeraie à l'ouest

Sur sols steppiques (argilo-sableux) en bordure ouest du lac, on observe des peuplements assez dégradés d'Hyphaene thebaica sur plusieurs hectares (Photo 5). Ils occupent l'ouest du Fitri entre Amdjamena-Bilala en passant par Souar et Wagna et continue de coloniser les espaces aux alentours soumis aux mêmes variations interannuelles de crue. Selon les autochtones, c'est autour de la mare de Matala à proximité nord-est du village Wagna que se sont développée les grandes forêts de Palmier doum de la zone ouest.

En effet, Hyphaene thebaica est capable de supporter durant une courte période une submersion de sa partie inférieure, lui permettant d'occuper des espaces lacustres difficilement colonisables par les autres espèces végétales. Les terrains qui favorisent sa croissance sont en majorité perméables, à texture sableuse, à faible teneur en argile et en limon (Guédon, 2016). Ces sols sont localisés dans la zone de Wagna, Takété et Seita dans le Fitri où existent des dommeraies en très mauvais état de conservation. Il reste un peuplement en pleine régénération avec le développement des peuplements denses d'Hyphaene thebaica lié au remplissage plus fréquent des mares au nord-ouest du lac Fitri (Tashi et al.,2017).

Dans l'espace, les images satellitaires nous montrent les situations antérieures et actuelles du Fitri. On constate sur les images et les témoins des habitants que depuis les années 1980, le lac s'écoule vers l'ouest alors que c'était une situation inverse avant les années 1980. Cet écoulement vers l'ouest est sans nul doute, l'élément ayant facilité le développement de la grande forêt d'Hyphaene thebaica ou Palmier « doum » ainsi que l'installation d'une ceinture d'Acacia nilotica autour du lac dans des endroits inondables.

Photo 5 : Peuplement monospécifique d'Hyphaene thebaica à l'ouest du Fitri

(cliché : Tchoudiba B), 06/02/2017

Photo 6 : Faciès à Calotropis procera parsemé de touffe de doum sur sol sableux très dégradé (cliché : Tchoudiba B),06/02/2017

Cette image (photo 5) prise entre Souar et Wagna à l'Ouest du lac, présente une doummeraie sur sol sablo-argileux, (forêt de doum :Hyphaene thebaica) à perte de vue mais qui se trouve aujourd'hui dans un état de dégradation avancé et ceci à cause de plusieurs facteurs. De prime abord, il faut noter que la filière doum est en nette expansion dans cette zone. En effet, elle est pratiquée par des collecteurs de noix de doum qui sont les fils du terroir mais qui viennent le plus souvent de N'Djamena et qui ont fait fortune dans ce secteur. Ils ont sur le terrain des ramasseurs qui sont recrutés parmi les populations les plus pauvres du Fitri et qui ont du mal à subvenir à leur besoin élémentaire et ceci pendant une longue période de l'année. Hormis cette filière qui génère assez de fortune aux intéressés, il est important de souligner qu'il existe aussi d'autres facteurs de destruction de cette végétation qui sont entre autres les insectes, les pachydermes (éléphants), les feux de brousse ainsi que les crues du lac qui ont tendance ces derniers temps à s'étaler beaucoup plus d'Est en Ouest.

Ø La végétation aquatique ou prairie marécageuse 

Elle se développe sur sols argileux très hydromorphes, inondés sur de vastes surfaces presque toute l'année. La strate graminéenne est composée de Hyparrhenia baguirmica,Andropogon gayanus et Setaria pumila. Sur les endroits moins inondés en bordure du lac, on observe vetiveria nigritana, Ipomea aquatica, Aeschynomène elaphroxylon, et dans les zones les plus inondées Echinocloa pyramidalis, Echinocloa stagnina (Bourgou) et Oryza barthii. Dans les eaux profondes, le plan d'eau est colonisé par Nymphea lotus, Voscia cuspidata,Ludwigia stolonifera, Oryza barthii, Ipomea aquatica, Pistia stratioides et Aeschynomène elaphroxylon (photo 7).

Photo 7 : Prairie marécageuse à Echinocloa stagnina et Nymphea lotus au premier plan (photo : Tchoudiba B),18/04/2017

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery