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Déterminants de la dénutrition chez les détenus de la prison centrale de Kamina


par Robi MBUYA DYANDA
Ecole de santé publique de Kamina - Licence 2022
  

Disponible en mode multipage

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    REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

    UNIVERSITE DE KAMINA

    B.P. 279

    KAMINA

    ECOLE DE SANTE PUBLIQUE

    DETERMINANTS DE LA DENUTRITION CHEZ LES DETENUS DE LA PRISON CENTRALE DE KAMINA

    (Etude menée à la prison centrale de Kamina)

    PAR : MBUYA DYANDA Robi

    Gradué en Santé Publique

    Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du grade de licencié en santé publique.

    Option : Hospitalière

    Novembre 2022

    REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

    UNIVERSITE DE KAMINA

    B.P. 279

    KAMINA

    ECOLE DE SANTE PUBLIQUE

    DETERMINANTS DE LA DENUTRITION CHEZ LES DETENUS DE LA PRISON CENTRALE DE KAMINA

    (Etude menée à la prison centrale de Kamina)

    PAR : MBUYA DYANDA Robi

    Gradué en Santé Publique

    Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du grade de licencié en santé publique.

    Option : Hospitalière

    Directeur : Professeur Dr Michel KABAMBA NZAJI

    *

    ANNEE ACADEMIQUE 2021-2022

    TABLE DES MATIERES

    TABLE DES MATIERES I

    LISTE DES TABLEAUX III

    RESUME IV

    ABREVIATIONS ET ACRONYMES V

    EPIGRAPHE VI

    DEDICACE VII

    AVANT-PROPOS VIII

    0. INTRODUCTION 1

    0.1. Etat de la question 1

    0.2. Problématique 4

    0.3. Objectifs de l'étude 6

    0.3.1. Objectifs général 6

    0.3.2. Objectifs spécifiques 6

    0.4. Justification de l'étude 6

    0.5. Hypothèse 6

    0.6. Méthodologie 7

    0.7. Délimitation du travail 7

    0.8. Subdivision du travail 7

    Première partie : considérations théoriques 8

    CHAPITRE I. GENERALITES SUR LA DENUTRITION 8

    I.1. DEFINITION DES CONCEPTS CLES 8

    I.2. NOTIONS SUR LA DENUTRITION 8

    I.2.1. LES DIFFERENTES FORMES DE MALNUTRITION 9

    II.2.2. APPRÉCIATION DE L'ÉTAT NUTRITIONNEL 10

    II.2.2.1. ANTHROPOMÉTRIE NUTRITIONNELLE 10

    II.2.2.1.1. Paramètres anthropométriques 10

    II.2.2.1.2. Indices anthropométriques 11

    II.2.2.1.3. Echelles d'expression des indices 12

    II.2.2.1.4. Utilisation des normes de référence 14

    II.2.2.2. CLASSIFICATION DE LA MALNUTRITION/DENUTRITION 14

    Tableau I : classification de la malnutrition/Dénutrition (WHO/NIT/NCD, 2006). 14

    Tableau II. Appréciation de l'état nutritionnel en fonction de l'IMC (WHO/NIT/NCD, 2006). 15

    II.2.3. DIAGNOSTIC 15

    Deuxième Partie : Considérations pratiques 17

    CHAPITRE II : PRESENTATION DU LIEU DE RECHERCHE 17

    II.1. Cadre de l'étude 17

    II.2. Aspect administratif 17

    II.3. Aspect sanitaire 17

    II.4. Aspect géographique 18

    CHAPITRE III. APPROCHES METHODOLOGIQUES 19

    III .1. MATERIELS UTILISES 19

    III .2. METHODE 19

    III.2.1. Types d'étude 19

    III.2.2. Population d'étude et échantillon 19

    III.2.3. Collecte des données 19

    III.2.3.1. Technique de collecte des données 19

    III.2.3.2. Outils de collecte 19

    III.2.4. Plan de traitement des données 19

    III.2.5. Critères de sélection 20

    III.2.6. Variables retenues 20

    III.2.7. Considérations éthiques 24

    III .2.8. Difficultés rencontrées 24

    CHAPITRE IV. PRESENTATION DES RESULTATS 25

    CHAPITRE V. DISCUSSION DES RESULTATS 41

    1. CONCLUSION ET SUGGESTIONS 44

    2. REFERENCES 46

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau I. Répartition des détenus selon l'état nutritionnel 1

    Tableau II. Répartition des détenus selon l'âge, le sexe, la provenance et la religion. 1

    Tableau III. Répartition des détenus selon le niveau d'instruction, la température, la fréquence de nettoyage 1

    Tableau IV. Répartition des détenus selon l'utilisation des détergents, l'appréciation de l'état des latrines et le nombre des repas consommés par jour 1

    Tableau V. Répartition des détenus selon l'appréciation de la nourriture en quantité, en qualité et l'accès à l'eau potable. 1

    Tableau VI. Répartition des détenus selon l'utilisation des MILDA dans la cellule, habitude de se laver par jour, et la possession des vêtements de rechange. 1

    Tableau VII. Répartition des détenus selon le nombre de rechange des vêtements par semaine, le nombre des visites par mois, et le motif d'incarcération. 1

    Tableau VIII. Répartition des détenus selon le temps passe en détention, le régime de détention, et la Contraction d'une maladie au cours du derniers mois. 1

    Tableau IX. Répartition des détenus selon le poids, et la taille. 1

    Tableau X. Répartition des détenus selon les sources d'approvisionnement : l'administration pénitentiaire, l'apport familial et amical, les ONG, les confessions religieuses, et la cuisine personnelle. 1

    IV.2. Analyses bivariées 1

    Tableau X I. Relation entre la dénutrition et l'âge, le sexe, la provenance et le niveau d'instruction. 1

    Tableau XII. Relation entre la dénutrition et l'appréciation des latrines, les Nombres des repas pris par jour, et l'appréciation sur la nourriture en quantité. 1

    Tableau X III. Rélation entre la dénutrition et l'appréciation de la nourriture en qualité, l'accès à l'eau potable, Ainsi que l'utilisation des MILD dans la cellule. 1

    Tableau XIV. Rélation entre la dénutrition et l'habitude de se laver par jour, la possession échange des vêtements, Ainsi que nombre d'échange des vêtements par semaine. 1

    Tableau XV. Rélation entre la dénutrition et les nombres des visites par mois, le temps passé en détention et le régime de détention. 1

    Tableau XVI. Rélation entre la dénutrition et les ressources d'approvisionnement, Administration pénitentiaire, Apport familial et les ONG 1

    Tableau XVII. Rélation entre la dénutrition et les ressources d'approvisionnement,les confessions religieuses, les cuisines personnelles et la contraction de la maladie en prison 1

    Analyses multi variées 1

    Tableau XVIII. Déterminants de la dénutrition. 1

    RESUME

    Introduction : Le présent travail présente une synthèse des facteurs pouvant influencer l'état nutritionnel d'un détenu. L'étude a visé à décrire les caractéristiques sociodémographiques et épidémiologiques des détenus de la prison centrale de Kamina ; déterminer la fréquence de la dénutrition chez les détenus de la prison centrale de Kamina et à identifier les déterminants de la dénutrition chez les détenus de la prison centrale de Kamina.

    Méthodologie : Cette étude analytique transversale a été menée auprès de 147 détenus de la prison centrale de Kamina. Les données ont été collectées par interview structuré face à face avec les enquêtés à l'aide d'un questionnaire préalablement pré-testé et paramétré sur l'outil ODK.

    Résultats : Les résultats de cette étude montrent que la fréquence de la dénutrition chez les détenus de la prison centrale de Kamina est de 35,4%.La majorité de détenus soit 51,0% avaient un âge compris entre 18 et 45 ans ; 91,2% étaient du sexe masculin ; 44,9% étaient protestants et 57,1% avaient un niveau d'étude secondaire.Les déterminants de la dénutrition chez les détenus dans notre milieu d'étude sont l'âge =46 ans (ORa=3,530 ; IC95%= [1,731-7,201] ; pa=0,001) ; la prise d'un seul repas par jour (ORa=15,195 ; IC95%= [6,363-89,489] ; pa=0,008) ; l'appréciation sur la nourriture en quantité (insuffisante vs suffisante) (ORa=4,018 ; IC95%= [1,851-8,723] ; pa=0,000)  ainsi que la contraction d'une maladie en prison (ORa=25,205; IC95%= [3,408-70,558] ; pa=0,003)

    Conclusion : l'étude vient de mettre en évidence que l'état nutritionnel des détenus demeure un sérieux problème dans notre communauté. Le gouvernement, les partenaires sanitaires et tous les décideurs doivent mettre en place des stratégies et politiques pouvant améliorer la santé nutritionnelle des personnes vulnérables dont fait partie les détenus.

    Mots clés : déterminants, dénutrition, détenu, prison centrale

    ABREVIATIONS ET ACRONYMES

    EDS : Enquête Démographique et de Santé

    ET : L'écart-type

    FAO: Food and Agriculture organisation.

    IMC/Âge: L'Indice de masse corporelle -pour-âge

    IMC : Indice de masse corporelle

    MILD : Moustiquaire imprégné a longue durée d'action

    MONUC : mission de l'organisation des nations unies en république démocratique du Congo

    ODK : Open data quit

    OMS : Organisation mondiale de la sante

    ONG: Organisation non gouvernementale

    PAM : Programme Alimentaire Mondial

    PB ou PBMH: Périmètre brachial

    PBrA: Le Périmètre brachial pour âge

    PC :Le Périmètre crânien

    PCT: Le pli cutané tricipital

    PT: Le Périmètre thoracique

    RDC: République Démocratique du Congo

    RP/A: L'indice poids/âge

    RP/T: L'indice poids pour taille

    RP/T: L'indice poids/taille

    RT/A: L'indice taille pour âge

    SNCC: société nationale de chemin de fer du Congo

    SUS système de santé universel

    TB: tuberculose

    UNICEF: Fond des nations unies pour l'enfance

    VIH: Virus immunodéficience humaine.

    EPIGRAPHE

    ? Manger sucré, manger salé ; l'essentiel est de veiller à l'équilibre de la bonne nutrition. Mangeons bien, mangeons sain. ?

    Camilo José cela.

    DEDICACE

    A mes chers parents DYANDA KALAMBA Dieudonné et LENGE WA UMBA Denise, pour n'avoir pas seulement consenti ma présence sur cette terre aux prix des maladies ; douleurs et souffrance mais aussi de m'avoir élevé à l'excellence dont je tire une grande joie et fierté.

    MBUYA DYANDA Robi

    AVANT-PROPOS

    Nous avons le réel plaisir de nous acquitter d'une exigence académique consistant à l'élaboration et défense de travail de fin de cycle sanctionnant la fin de notre formation du deuxième cycle en santé publique.

    La période d'apprentissage était longue ; exigeante ; épuisante et ennuyeuse ; mais les résultats qui en découlent permettent le plus vite que possible d'oublier toutes les longues années des souffrances et des peines qu'on a eu à faire face, car là où il y a la volonté un chemin se trace.

    Avant toute chose, je rends continuellement un culte d'adoration à notre DIEU tout puissant pour le souffle de vie qu'il nous accorde par la grâce. Que mon Dieu soit loué à jamais.

    Nous éprouvons nos profondes gratitudes envers le Professeur Michel KABAMBA NZAJI , directeur du présent travail qui, malgré ses lourdes et multiples occupations , a acceptée d'assurer la direction de ce travail de fin de cycle.

    Disons, seul on ne peut rien ; donc nos efforts et compétences n'ont pas suffit pour élaborer ce travail ; c'est ainsi que nous remercions de tout notre coeur le corps académique et scientifique de l'école de santé et d'autres facultés qui nous ont transmis avec dévouement les connaissances scientifiques.

    Nous exprimons également nos sincères remerciements à tous les membres du comité de gestion de l'université de Kamina en général ; à Monsieur le Recteur Professeur BANZA LENGE KIKWIKE Paulin en particulier ; au directeur de l'école de santé publique le chef de travaux NGOY LUMBULE John, au chef de travaux et aux membres de la direction de l'école de sante publique pour leurs encadrement.

    Nous présentons nos plus profonds remerciements à nos frères et soeurs : IVON DYANDA,BEN ILUNGA ,PROMESSE KALAMBA ,RUPHIN DYANDA , GULAIN DYANDA, LUCIEN DYANDA , KANONGE RIGAINE .

    Nous pensons à nos camarades et connaissance ; notamment : KASONGO KYALUPUNGA KEN, FRANCOIS MUKADI, LUCIEN ILUNGA, ORNELLA MUKANGALA, IVE NDALA , RIGAINE NDALA , HULUMBA MWANA BUTE Noé, KABEYA MUKOMA Jean, MONGA MULEKA Christ, NYANGE KADIA Jean-louis, Pour leurs conseils.

    Nous pensons également à ma très chère fiancée NZADI NGOY Mamie, à mon grand frère ALAIN MUKANGALA et son épouse ILUNGA WAKUNYEMBA MAMITSHOU pour leurs soutien spirituel et ses conseils qui m'ont donné l'impression de croire que je n'étais pas seul à Kamina, malgré les multiples circonstances de la vie.

    Que toute personne qui n'a oeuvré pour notre valeur actuelle dont son nom ne figure pas dans le présent travail sente notre signe de gratitude et de reconnaissance.

    MBUYA DYANDA ROBI

    INTRODUCTION

    1.1. Etat de la question

    La dénutrition est l'état du corps observé lorsqu'il y a un déséquilibre nutritionnel. Le corps reçoit, par l' alimentation, insuffisamment d'énergie, de protéines et de nutriments pour bien fonctionner et couvrir ses besoins (OMS, 2016).

    Une appréciation de l'état nutritionnel ne se justifie que lorsqu'elle représente le point de départ d'une intervention. En d'autres termes, le diagnostic nutritionnel est une étape nécessaire du processus de planification (BEGHIN et al, 2008).

    Les détenus sont une population particulièrement vulnérable à la dénutrition, avant même l'incarcération. Ils sont souvent dans des situations sociales très précaires, marginalisés, sans revenus et dans un état de santé fragilisé par la dénutrition chronique. En plus de tous ces facteurs de stress, leur état de détention n'est souvent pas conforme aux droits humains (Ashdown J et al, 2018). 

    Toute la littérature montre que la dénutrition est causée par une combinaison de facteurs, faible revenu, analphabétisme, environnement malsain, services de santé insuffisants, habitudes alimentaires inadéquates, faible productivité agricole etc...., et que tous ces facteurs s'influencent réciproquement, mais de manière différente selon chaque situation particulière. La dénutrition a de multiples causes, et sa solution exige que l'on intervienne dans plusieurs secteurs (Hetzel, 2009).

    Selon l'association médicale mondiale (2015), les détenus constituent un groupe à haut risque de dénutrition. La surpopulation, le confinement prolongé dans un espace restreint, peu éclairé, mal chauffé et par conséquent mal ventilé et souvent humide des conditions souvent associées à l'emprisonnement et contribuent à propager maladies et mauvaise santé. Lorsque ces facteurs sont conjugués à une alimentation inadaptée, les prisons constituent un problème majeur de santé publique.

    Selon les récentes études réalisées par l'organisation mondiale de la santé, les causes de la dénutrition des prisonniers sont multiples. Les résultats de l'étude ont indiqué que, les populations carcérales sont généralement constituées par les couches les plus pauvres (83,2%) et les plus marginalisées de la société (81,6%), dont l'état nutritionnel est souvent précaire ou dégradé dès avant l'incarcération. Néanmoins, les conditions de détention et les problèmes découlant de la surpopulation carcérale, ainsi que les comportements à risque de certains détenus, contribuent à accroître les taux des morbi-mortalités nutritionnelles (OMS, 2017).

    En Europe, les résultats des quêtes menées par le programme européen FOOD, stipule que depuis la crise économique de 2008, le nombre de détenus confrontés à la dénutrition augmente dans certains pays Europe. En 2013, 40 millions de détenus dans certains pays européen n'avaient pas accès à un apport énergétique quotidien suffisant (équivalent à 2 000 calories) (Food, 2015).

    Au Brésil, une étude a été menée pour évaluer l'état nutritionnel des détenus dans les prisons de l'État de Rio de Janeiro. D'après l'étude,les détenus sous alimentés étaient jeunes (âge moyen : 30 ans), pauvres, majoritairement noirs et bruns (70,5%), avaient peu d'éducation (seulement 1,5% d'entre eux ont un diplôme d'études supérieures), et étaient en prison depuis plus de quatre ans. Parmi les problèmes qui affectent indirectement leur santé nutritionnelle, les auteurs ont soulignés la surpopulation (68,4%), la violence et les relations de conflit (52,1%), les problèmes respiratoires, tels que sinusite (55,6%), rhinite allergique (47%), bronchite chronique (15,6%), tuberculose (4,7%) et autres (11,9%) ; et les maladies de la peau. Malgré les exigences légales qui incluent les soins de santé en prison parmi les obligations du système de santé universel (SUS), les services sont rares et inefficaces et une cause majeure d'insatisfaction des détenus (Maria C et  Adalgisa P, 2019).

    Dans les pays en voie de développement, la dénutrition est courante dans les prisons et augmente l'incidence de mortalité dans les milieux carcéraux. En Egypte, selon le rapport de l'organisation mondiale de la santé, plus de la moitié des détenus soit 62,8% sont gravement sous-alimentés (OMS, 2020). 

    Selon une étude menée à Madagascar par Lantonirina R  et al (2019), la proportion de détenus sous-alimentés était de 38,4 %. L'âge moyen des détenus dénutris était de 38#177;1,6. Cependant, 59,2% des détenus dénutris n'avaient pas leurs familles sur place. Les facteurs liés à la dénutrition des détenus étaient la prise de deux repas par jour au lieu de trois, apport énergétique insuffisant, durée d'incarcération de plus de 10 mois, absence de famille visites et manque d'aide financière de la famille.

    En Afrique du Sud, 34% des détenus hommes et femmes dans huit prisons étaient touchés par la malnutrition protéino-énergétique (Abouba, 2010). Selon l'Enquête Démographique et de Santé (EDS) réalisée entre 2013 et 2014, 56,7% des détenus souffraient de dénutrition (Indice de Masse Corporelle, IMC inférieur à 18,5 kg/m 2) (EDS, 2013-2014).

    En Guinée, une enquête conduite en 2004 dans la prison dénommée Maison centrale a montré que 10 à 15 % des détenus souffraient de malnutrition ; chaque mois, sept détenus y mourraient, soit de malnutrition, soit des suites de maladies (Human Rights Watch, 2006). Souvent, les prisonniers comptent sur leur famille et leurs amis pour compléter le régime alimentaire carcéral (Atabay, 2006).

    En République Démocratique du Congo (RDC), les ONG des droits de l'homme dénoncent la malnutrition dans les prisons. Les prisons de la RDC sont devenues des mouroirs, d'après les ONG de défense des droits de l'homme. Les conditions de détention laissent à désirer. Les prisonniers meurent souvent de faim à cause de la rupture de stock des aliments. Par ailleurs, la prison leur offre une nourriture de mauvaise qualité qui met leur santé et leurs vies en dangers. Cependant, des initiatives sont envisagées pour lutter contre la faim dans nos prisons (John Bompengo, 2020).

    D'après une récente étude menée dans la prison centrale de Bunia, environ 10% des détenus présentaient des symptômes de dénutrition accompagnés de problèmes de digestion et de diarrhées. En décembre 2006, trois détenus étaient décédés par suite d'une malnutrition aigüe. Selon les auteurs, une alimentation pauvre et insuffisante accroît les risques de contracter une maladie et accélère sa progression. Elle entraîne également un état de dénutrition (IRIN, 2007).

    A Mbuji-Mayi, l'étude menée par Kalonji MP et al (2018) stipule que la situation nutritionnelle dans les prisons des pays en développement nécessite une attention particulière et une évaluation de l'état de santé de la population carcérale. Selon les résultats des auteurs, l'âge des détenus dénutris variait entre 18 et 70 ans et la majorité (88.7%) était de sexe masculin. Au total, 24.0% de détenus présentaient une malnutrition sévère. Les détenus qui étaient en état de dénutrition modérée représentaient 62%. Au cours de l'étude, 75% avaient une durée de détention au-delà de six mois. les facteurs associés à la malnutrition sévère chez les détenus étaient essentiellement : la durée d'incarcération, l'origine du repas et la présence de TB, VIH et/ou infections intestinales.

    1.2. Problématique

    Selon l'organisation mondiale de la santé, la dénutrition constitue un sérieux problème de santé publique dans les milieux carcéraux qui touche aussi bien les pays développés que les pays en voie de développement (OMS, 2018).

    D'après le Rapport du programme européen FOOD (2015), un (1) détenu sur trois soit plus de 200 millions est sous-alimenté. Près de 2 détenus sur 3 ne sont pas nourris avec des aliments qui répondent aux besoins de leur corps et de leur cerveau. Cela les expose à un risque de faible immunité, d'accroissement des risques d'infections et, dans de nombreux cas, à un risque de décès. Il décrit un triple fardeau de la malnutrition : dénutrition, « faim cachée » causée par une carence en nutriments essentiels, en notant qu'au niveau mondial : 149 millions des détenus souffrent d'un retard de croissance ou sont trop petits pour leur âge.

    La dénutrition joue un rôle dans environ 50 % des décès de détenus. Ces décès interviennent principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Dans le même temps, dans ces mêmes pays, 1,2 millions de personnes sont incarcérées arbitrairement (Black RE et al, 2018).

    Selon les statistiques de Médecin sans frontière/France, la sous-alimentation affecte quelques 800 millions de personnes dans le monde, tandis que l'obésité affecte plus de 300 millions de personnes, en moyenne, un détenu meurt de dénutrition toute les 48 heures (MSF/France, 2018).

    En revanche au Burundi, cette situation se voit dans toutes les prisons. Selon un rapport de Health African Prison de 2009, l'état des lieux observé dans les trois grandes prisons dénonce combien l'état nutritionnel, la disponibilité en médicament et la facilité d'accès aux soins de santé occupent une place importante pour la survie des détenus car à Mpimba environ 36 décès avaient été enregistrés contre 199 à Gitega et 379 à Ngozi (Health African Prison, 2009).

    Le rapport de la FAO, indique que la grande majorité des détenus sous-alimentés du monde vivent dans des pays en développement où se trouvaient 691 millions de personnes souffrant chroniquement de la faim. Sept pays rassemblent, à eux seuls, 65% de ces personnes il s'agit de l'Inde, la Chine, la République démocratique du Congo, le Bangladesh, l'Indonésie, le Pakistan et l'Éthiopie (FAO, 2008).

    La dénutrition de l'enfant contribue à la morbi-mortalité de ce dernier, par ricochet à une augmentation de risque de contracter des maladies infectieuses et porter atteinte à son développement intellectuel, une fois que celui-ci est parvenu à l'âge adulte. Cette déficience intellectuelle sera également associée à une diminution de sa capacité de travail. (Black et al, 2013). Sur les 7,6 millions de décès qui surviennent chaque année chez l'enfant âgé de moins de 5 ans (UNICEF, 2012), environ 35 % sont dus à des facteurs liés à la nutrition, et il a été démontré que 4,4 % des décès sont attribuables spécifiquement à l'émaciation sévère (Black et coll, 2013).

    Les visages émaciés et hagards des détenus dans la plupart des établissements pénitentiaires en République Démocratique du Congo (RDC) traduisent aisément leur agonie et les signes patents du sentiment de désespoir qui les habite. Certains sont déjà condamnés à des peines privatives de liberté et d'autres en instance de jugement. En effet, le manque de budget spécifique pour nourrir les détenus dans la plupart des prisons en RDC a contribué à la détérioration des conditions de vie des prisonniers et à des cas de décès enregistrés ici et là.

    La situation la plus alarmante a été notée à Goma, où 237 prisonniers seraient affamés. De même, à Mbuji-Mayi, dans la Province du Kasaï Oriental, 12 prisonniers seraient morts de faim en 2015. La Section humanitaire de la MONUC fait un inventaire de la situation dans plusieurs localités tout en prenant l'initiative de faire inscrire cette cuisante question à l'ordre du jour de la réunion hebdomadaire de coordination humanitaire. Certaines organisations humanitaires, y compris le Programme Alimentaire Mondial (PAM), font preuve de réticence à une éventuelle assistance dans ce domaine qui, précisent-elles, est contraire à leurs mandats respectifs. Cependant, le PAM serait prêt à soutenir un programme alimentaire pour des personnes en liberté conditionnelle financé par un bailleur de fonds. La MONUC à travers sa Section humanitaire s'évertue à trouver un palliatif et à encourager, dans le même temps, les organisations humanitaires à explorer les voies d'une solution durable, de concert avec les autorités congolaises. (Patrice Bogna/Monuc, 2010). Face à tout ce qui précède, nous nous préoccupons de savoir :

    - Quelle est la fréquence de la dénutrition chez les détenus de la prison centrale de Kamina 

    - Quelles sont les caractéristiques sociodémographiques et épidémiologiques des détenus de la prison centrale de Kamina ?

    - Quels sont les déterminants de la dénutrition chez les détenus de la prison centrale de Kamina ?

    1.3. Objectifs de l'étude

    1.3.1. Objectifs général

    L'objectif général de cette étude est de contribuer à l'amélioration de la santé des détenus de la province du Haut-Lomami en général et ceux de la prison centrale de Kamina en particulier.

    1.3.2. Objectifs spécifiques

    De manière spécifique, cette étude vise à :

    - Décrire les caractéristiques sociodémographiques et épidémiologiques des détenus de la prison centrale de Kamina ;

    - Déterminer la fréquence de la dénutrition chez les détenus de la prison centrale de Kamina ;

    - Identifier les déterminants de la dénutrition chez les détenus de la prison centrale de Kamina.

    1.4. Justification de l'étude

    Afin de définir des politiques ou de choisir des interventions appropriées pour combattre ou prévenir la dénutrition surtout chez les personnes vulnérations, les décideurs, les planificateurs, les gestionnaires et les nutritionnistes ont besoin de connaître avec précision, la situation nutritionnelle considérée et ses facteurs déterminants. Une appréciation de l'état nutritionnel ne se justifie que lorsqu'elle représente le point de départ d'une intervention. En d'autres termes, les études épidémio-nutritiennelles constituent une étape très nécessaire du processus de planification. C'est dans ce cadre que s'est inscrite cette étude traitant de déterminants de la dénutrition chez les détenus de la prison centrale de Kamina.

    1.5. Hypothèse

    Hypothèses alternatives (H1) : Il y aura une association statistiquement significative entre la dénutrition et les caractéristiques sociodémographiques,

     Hypothèses nulle (H0) : Il n'y aura pas de relation statiquement significative entre la dénutrition et les facteurs susmentionnés.

    1.6. Méthodologie

    Il s'agit d'une étude analytiquetransversale menée auprès des détenus de la prison centrale de Kamina. Pour collecter les données, nous avons utilisé la technique d'entretien enrichi par un questionnaire préétabli.

    1.7. Délimitation du travail

    Ce travail a été réalisé à la prison centrale de Kamina pendant une période allant de Février à Octobre 2022.

    1.8. Subdivision du travail

    Hormis l'introduction, la conclusion et les suggestions, ce travail s'articule sur deux grandes parties :

    Ø La première partie porte sur l'approche théorique et comprend un seul chapitre dont :

    · Les généralités sur la dénutrition

    Ø La seconde partie se penche sur les aspects pratiques et est composée de quatre chapitres dont :

    · La présentation du milieu de recherche ;

    · Les approches méthodologiques ;

    · La présentation des résultats

    · La discussion des résultats.

    Première partie : considérations théoriques

    CHAPITRE I. GENERALITES SUR LA DENUTRITION

    I.1. DEFINITION DES CONCEPTS CLES

    - Déterminants : Il s'agit des facteurs explicatifs, indiquant ou définissant les causes physiques d'un phénomène donné  (Lalande, 2003).

    - Dénutrition :La dénutrition est un état pathologique provoquée par une inadéquation persistante entre les besoins métaboliques de l'organisme et les biodisponibilités en énergie et/ou protéines et/ou micronutriments (EMILIE F., 2000). Selon l'OMS la dénutrition un état pathologique résultant d'une carence ou d'un excès, relatif ou absolu, d'un ou plusieurs nutriments essentiels (OMS, 2015).

    - Détenus : Personne faisant l'objet d'une peine privative de liberté. On distingue les condamnés, les prévenus et les contraints par corps (Larousse, 2010).

    - Prison : c'est un endroit clos où sont enfermés les personnes condamnées à peine de privation de liberté ou les prévenus en attente de jugement (Larousse, 2010).

    Selon l'organisation mondiale de la santé, la prison est une structure destinée à recevoir des détenus. On distingue : les maisons d'arrêt destinées à recevoir les prévenus, les maisons de correction destinées à recevoir les condamnés, les centres pénitentiaires agricoles pour les condamnés bénéficiant d'un régime de semi-liberté et les centres de rééducation et de formation professionnelle pour les jeunes condamnés (OMS, 2015).

    I.2. NOTIONS SUR LA DENUTRITION

    Par «malnutrition», on entend les carences, les excès ou les déséquilibres dans l'apport énergétique et/ou nutritionnel d'une personne. Ce terme couvre 3 grands groupes d'affections :

    · La dénutrition, qui comprend l'émaciation (faible rapport poids/taille), le retard de croissance (faible rapport taille/âge) et l'insuffisance pondérale (faible rapport poids/âge);

    · La malnutrition en matière de micronutriments, qui comprend la carence en micronutriments (manque de vitamines et de minéraux essentiels) ou l'excès de micronutriments;

    · Le surpoids, l'obésité et les maladies non transmissibles liées à l'alimentation (par exemple, les cardiopathies, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète et certains cancers) (Bah H et al, 2016).

    I.2.1. LES DIFFERENTES FORMES DE MALNUTRITION

    a. La dénutrition

    Les personnes souffrant de dénutrition, et les enfants en particulier, sont beaucoup plus susceptibles de tomber malades et de mourir.

    On qualifie d'«émaciation» un faible rapport poids/taille. Il est souvent le signe d'une perte de poids récente et grave due au fait qu'une personne n'a pas ingéré assez d'aliments et/ou qu'elle a été atteinte d'une maladie infectieuse, par exemple la diarrhée, qui lui a fait perdre du poids. Un vieillard souffrant d'émaciation modérée ou sévère présente un risque accru de décès, mais cette affection peut être traitée (Bah H et al, 2016).

    b. Malnutrition en matière de micronutriments

    On peut regrouper l'insuffisance des apports en vitamines et en minéraux, à savoir en micronutriments. Les micronutriments permettent au corps de produire des enzymes, des hormones et d'autres substances essentielles à une bonne croissance et un bon développement.

    L'iode, la vitamine A et le fer sont les plus importants pour la santé publique à l'échelle mondiale. Les carences dans ce domaine représentent une menace majeure pour la santé et le développement des populations du monde entier, en particulier pour les enfants et les femmes enceintes dans les pays à revenu faible (Bah H et al, 2016).

    c. Surpoids et obésité

    Une personne est en surpoids et/ou obèse lorsque son poids est trop élevé par rapport à sa taille. Une accumulation anormale ou excessive de graisse peut avoir des conséquences néfastes pour la santé. L'indice de masse corporelle (IMC) met en rapport le poids d'une personne et sa taille, et il est habituellement utilisé pour déterminer le surpoids et l'obésité. Il est défini comme le poids en kilogrammes divisé par la taille en mètres au carré (kg/m2). Chez les adultes, le surpoids est défini comme un IMC supérieur ou égal à 25 alors que l'obésité intervient à partir d'un IMC à 30 (Bah H et al, 2016).

    Le surpoids et l'obésité découlent d'un déséquilibre entre l'énergie consommée (excès) et l'énergie dépensée (déficit). Dans le monde entier, les personnes consomment des aliments et des boissons plus caloriques (à forte teneur en sucre et en graisses) et ont une activité physique plus réduite (Bah H et al, 2016).

    d. Maladies non transmissibles liées à l'alimentation

    Les maladies non transmissibles liées à l'alimentation comprennent les maladies cardiovasculaires (par exemple les infarctus du myocarde et les accidents vasculaires cérébraux, qui ont souvent un lien avec l'hypertension), certains cancers et le diabète. Une mauvaise alimentation et une mauvaise nutrition font partie des principaux facteurs de risque pour ces maladies à l'échelle mondiale (Bah H et al, 2016).

    II.2.2. APPRÉCIATION DE L'ÉTAT NUTRITIONNEL

    II.2.2.1. ANTHROPOMÉTRIE NUTRITIONNELLE

    L'étude des dimensions du corps humain est un moyen simple et relativement accessible pour l'appréciation de l'état nutritionnel des individus à travers l'établissement d'indicateurs reposant sur certains paramètres (Cogill Bruce, 2013).

    II.2.2.1.1. Paramètres anthropométriques

    e. Le poids

    C'est une mesure simple et reproductible, largement utilisée pour l'anthropométrie nutritionnelle. D'une bonne précision, son usage en présence d'oedèmes est à proscrire (Cogill Bruce, 2013).

    f. La taille

    Elle est fréquemment utilisée mais plus délicate à mesurer chez les personnesagitées(Cogill Bruce, 2013).

    g. Le périmètre brachial

    C'est le périmètre mesuré en centimètres au milieu du bras gauche, le point se trouve entre l'acromion et le coude. Il a été beaucoup utilisé du fait de la simplicité de sa mesure dans les dépistages de masse de la malnutrition. Il a une bonne valeur prédictive du risque de mortalité (Cogill Bruce, 2013).

    h. Autres mesures

    Elles sont moins utilisées en pratique :

    ? Le Périmètre crânien (PC)

    On utilise un ruban métrique métallique ou plastifié placé sur les bosses du front et de l'occiput, au niveau du périmètre maximum. On prend la précaution de relever les cheveux. Son intérêt est limité après 3 ans (Cogill Bruce, 2013).

    ? Le Périmètre thoracique (PT)

    II se prend au niveau des mamelons et, si possible, dans la position intermédiaire entre inspiration et expiration. Cette mesure ne présente pas beaucoup d'intérêt en elle-même. Mais, par son rapport avec le périmètre crânien, elle peut donner une indication sur l'état de nutrition indépendamment de l'âge (Cogill Bruce, 2013).

    ?Le pli cutané tricipital (PCT)

    C'est une mesure de la masse grasse de l'organisme. Elle est très operateur dépendant. Le tissu adipeux sous cutané représentent 50 % de la masse grasse totale. Cette méthode se pratique avec une pince à pli cutané ; la reproduction exacte des plis (localisation, pincement des doigts, pression des mâchoires de la pince) est assez difficile et nécessite beaucoup d'expérience (Cogill Bruce, 2013).

    II.2.2.1.2. Indices anthropométriques

    Les mesures anthropométriques, souvent rapportées à l'âge et/ou au sexe permettent le calcul d'indicateurs nutritionnels variés (Jellife D.B, 2016).

    a. L'indice poids/taille (RP/T)

    C'est le poids mesuré comparé au poids idéal correspondant à la taille (ou longueur) du sujet. Un faible indice poids/taille (< - 2 z-score) indique la présence d'une malnutrition aiguë aussi appelée émaciation. Le poids-pourlongueur (chez les enfants de moins de 2 ans) ou le poids-pour-taille (chez les enfants de plus de 2 ans) permet d'examiner les effets des changements d'apport alimentaire ou du déficit nutritionnel suite à une maladie (Jellife D.B, 2016).

    b. L'Indice de masse corporelle -pour-âge (IMC/Âge)

    C'est une mesure de l'émaciation ; l'indice de masse corporelle est le rapport poids (en kg) sur le carré de la longueur couchée ou de la taille debout (en m2). Il reflète les stocks de graisse de l'organisme. C'est un indicateur proposé par l'OMS pour dépister la malnutrition aigüe chez les sujets de plus de cinq ans (Jellife D.B, 2016).

    c. L'indice taille/âge (RT/A)

    C'est la taille (ou longueur) mesurée comparée à la taille (ou longueur) idéale correspondant à l'âge du sujet. Il est utilisé pour apprécier la croissance staturale par rapport à l'âge. Quand cet indice est faible (< - 2 z-score), on parle de retard de croissance ou de malnutrition chronique (Jellife D.B, 2016).

    d. L'indice poids/âge (RP/A)

    C'est le poids mesuré comparé au poids idéal correspondant à l'âge. Lorsque cet indice se situe en dessous de deux écart- types de l'indice moyen de la population de référence, on dit qu'il s'agit d'une insuffisance pondérale. Cet indice a pour avantage de refléter à la fois la sous-alimentation passée (chronique) et/ou présente (aiguë) (Jellife D.B, 2016).

    e. Le Périmètre brachial pour âge (PBrA)

    C'est le périmètre mesuré comparé au périmètre idéal du bras à l'âge du sujet. Le PB donne une estimation relativement fiable de la masse musculaire. La réduction de la masse musculaire est un des mécanismes les plus frappants d'adaptation à des apports insuffisants en énergie. Il est signe de malnutrition aiguë (Jellife D.B, 2016).

    f. Autres indicateurs

    Ils sont peu utilisés par rapport aux précédents ; on peut citer lerapport Périmètre Crânien sur périmètre thoracique (PC / PT) et l'indice PB/PC ou indice brachio-céphalique encore appelé indice de Kanawati Mc Laren (Jellife D.B, 2016).

    II.2.2.1.3. Echelles d'expression des indices

    Les différents indices anthropométriques peuvent s'exprimer selon des échelles variées.

    a. L'écart-type (ET) ou z-score

    Le z-score ou unité d'écart type (ET) est défini comme la différence entre la valeur pour un individu et la valeur médiane de la population de référence pour le même âge ou la même taille, divisée par l'écart type de la population de référence.

    L'équation est la suivante :

    Le z-score est l'échelle d'expression conseillée actuellement car l'interprétation des valeurs seuils est la même pour tous les indices (par exemple il y a toujours 2,3% des individus de la population de référence en dessous de -2 z-score quel que soit l'indice) ; par conséquent, la proportion de sujet au-dessus où en dessous d'un seuil donné se compare plus aisément à la population de référence (Penal Reform International, 2019).

    b. Le pourcentage de la médiane

    C'est le ratio, exprimé en tant que pourcentage, d'une valeur observée chez un individu et la valeur médiane de la donnée de référence pour le même âge, la même taille, ou le même sexe.

    L'équation est la suivante :

    Cette échelle, ne tenant pas compte de la distribution par rapport à la médiane des valeurs de références, engendre du même coup une interprétation variable des valeurs seuils par groupe d'âge ou selon la taille (Penal Reform International, 2019).

    c. Le percentile

    C'est un chiffre qui correspond à l'une des 100 divisions égales d'une gamme de valeurs. Il mesure l'emplacement relatif. Par exemple, le 60e percentile signifie que 60% des valeurs de l'ensemble des données sont inférieures ou égales à ce chiffre et que 40% (100 - 60) sont plus grandes ou égales à ce percentile (Penal Reform International, 2019).

    II.2.2.1.4. Utilisation des normes de référence

    L'appréciation de l'état nutritionnel d'une population se fait par comparaison des mesures de celle-ci à celles d'une population dite de référence. De ce fait, il est nécessaire que la population de référence soit représentative de celle étudiée.C'est ainsi que de nombreuses études réalisées dans nos pays en développement, aboutissant à des résultats assez distincts des normes du national center for health statistics (NCHS) établies en 1977, énoncèrent la nécessité d'établir des références locales ((NCHS, 1977).

    L'organisation mondiale de la santé a développé, en utilisant les données recueillies par une étude multicentrique au Brésil, au Ghana, en Inde, en Norvège, à Oman, et aux États-Unis entre 1997 et 2003, de nouvelles courbes pour évaluer la croissance et le développement des enfants de la naissance à l'âge de cinq ans en vertu des conditions environnementales optimales. Ces normes publiées en 2006 et complétées en 2007 par celles des enfants en âge scolaire et les adolescents sont destinées à être utilisées pour évaluer les enfants partout dans le monde, indépendamment de l'origine ethnique, du statut socioéconomique et du type d'alimentation (OMS, 2007).

    II.2.2.2. CLASSIFICATION DE LA MALNUTRITION/DENUTRITION

    Tableau I : classification de la malnutrition/Dénutrition (WHO/NIT/NCD, 2006).

    Population cible

    Indicateurs

    Type de malnutrition

    Degré de malnutrition

    Enfant de moins de cinq ans

    Périmètre

    Brachial

    (chez les plus de six mois)

    Dénutrition aigue

    Absente si PB = 12,5cm

    Modérée si 11,5cm= PB< 12,5cm

    Sévère si PB < 11,5cm

    Rapport poids pour taille

    Dénutrition aigue

    Absente : z-score de l'indice considéré est = - 2 ET.

    Modérée : z-score de l'indice considéré =- 3ET et < -2 ET. Sévère: z-score de

    L'indice considéré < - 3 écarttype(ET).

    Rapport taille pour âge

    Malnutrition chronique

    Rapport poids pour âge

    Insuffisance pondérale

    Adolescents et adultes

    Indice de masse corporelle pour âge

    Dénutrition aiguë

    Rapport taille pour âge

    Dénutrition chronique

    Rapport poids

    Pour âge

    Insuffisance pondérale

    Tableau II. Appréciation de l'état nutritionnel en fonction de l'IMC (WHO/NIT/NCD, 2006).

    IMC (kg/m2)

    Classification

    <18,5

    Dénutrition

    18,5 à 19,9

    Normal

    20 à 24,9

    Surpoids

    25 à 29,9

    pré obésité

    = 30

    Obésité massive

    II.2.3. DIAGNOSTIC

    Nous nous intéresserons au diagnostic anthropométrique. Dans les formes frustres, la dénutrition peut n'être détectable que par l'anthropométrie qui est basée sur des mesures telles le périmètre brachial, le sexe, l'âge, la taille et le poids. A partir de ces mesures, plusieurs indices reflétant l'état nutritionnel (par comparaison à une population de référence) sont alors calculés (Penal Reform International, 2019).

    a. L'indice poids pour taille (RP/T)

    Il traduit l'état nutritionnel actuel. On parlera d'émaciation ou de maigreur pour les valeurs inférieures à 80 % de la médiane ou à - 2 z-score.

    b. L'indice de masse corporelle rapporté à l'âge ou indice de Quételet pour âge (IMC/Âge)

    Il a été proposé par l'OMS pour apprécier l'état nutritionnel actuel des adolescents. On parlera également d'émaciation pour des valeurs inférieures à -2 z-score. (Confère annexe 1)

    c. L'indice taille pour âge (RT/A)

    C'est le reflet de la croissance staturale par rapport à l'âge. Quand cet indice est inférieur à - 2 z-score, on parle de retard de croissance ou malnutrition chronique.

    d. L'indice poids pour âge (RP/A)

    Il définit l'insuffisance pondérale s'il est inférieur à - 2 z-score de la médiane.

    e. Périmètre brachial (PB ou PBMH)

    Il trouve son intérêt dans les cas où la mesure des paramètres comme le poids ou la taille avec précision s'avère difficile (enquêtes rapides dans les situations d'urgences). Les seuils de 12,5 cm pour la malnutrition aigüe modérée et 11 cm pour la malnutrition aiguë sévère ont été longtemps utilisés chez les enfants de six (6) à cinquante-neuf(59) mois. Cependant il est de plus en plus délaissé du fait de controverses quant à sa variabilité selon le sexe et l'âge des enfants (Penal Reform International, 2019).

    Deuxième Partie : Considérations pratiques

    CHAPITRE II : PRESENTATION DU LIEU DE RECHERCHE

    II.1. Cadre de l'étude

    La présente étude s'est déroulée dans la prison centrale de la ville de Kamina. La prison centrale de Kamina se localise dans la province du Haut-Lomami qui est l'une de province au contexte économique précaire. La prison centrale de Kamina est destinée à accueillir les détenus de 5 territoires que compte la province du Haut-Lomami à savoir, le territoire de Malemba-Nkulu, de Kabongo, de Bukama, de Kaniama et de Kamina.

    La prison centrale de Kamina comprend les bâtiments de détention (divisés en quartiers), un parloir, des bâtiments administratifs (action sociale, garde de sécurité pénitentiaire), une cuisine, des lieux de cultes, de loisirs (terrain de sport) et une infirmerie.

    II.2. Aspect administratif

    La Prison centrale de Kamina dispose :

    - D'un directeur qui assure sous l'autorité du chef de service provincial, la direction de l'établissement à la tête duquel il est placé. Il est responsable du fonctionnement, de la sécurité et de la discipline intérieure de l'établissement, de la mise en oeuvre des méthodes d'observation, de traitement des détenus et de la formation du personnel. La prison centrale de Kamina est dotée d'un règlement intérieur qui fixe notamment l'emploi de temps des détenus, l'horaire des parloirs, les modalités de visite et de correspondance.

    - D'un personnel de sécurité comprenant un chef d'établissement, un surveillant chef, des surveillants, un intendant ; et selon le nombre de détenus, un greffier, un greffier économe assisté d'une aide comptable et d'un secrétaire.

    - D'un personnel d'action sociale qui s'occupe des liens des détenus avec leurs familles mais également des conditions de détention d'une façon générale (hygiène, alimentation, santé).

    II.3. Aspect sanitaire

    Sur le plan sanitaire, la prison centrale de Kamina obéit au droit des conditions satisfaisantes d'hygiène et de salubrité ainsi qu'aux soins. À cet effet, elle est pourvue d'une infirmerie et, du personnel médical et paramédical qui y sont attachés à temps complet ou partiel par le ministre de la santé à la demande du ministre de la justice.

    II.4. Aspect géographique

    La prison centrale de Kamina est de limitée :

    - Au Nord par le Camp police ;

    - Au Sud par, l'avenue Camp Kadel ;

    - A l'Est par l'avenue Mobutu ;

    - A l'Ouest par le Camp SNCC.

    CHAPITRE III. APPROCHES METHODOLOGIQUES

    III .1. MATERIELS UTILISES

    - Détenus

    - Balance

    - Mètre ruban

    - Gants en latex

    - Thermomètre

    III .2. METHODE

    III.2.1. Types d'étude

    Il s'agit d'une étude analytique transversale prospective menée auprès des détenus de la prison centrale de Kamina.

    III.2.2. Population d'étude et échantillon

    Notre population d'étude a été constituée de détenus de la prison centrale de Kamina incarcérés pendant notre période d'étude. En vue d'obtenir un résultat représentatif, nous avons pris tous les détenus de la prison centrale de Kamina incarcérés de Février jusqu'au mois d'Octobre 2022. Notre étude s'est avérée donc exhaustive et a concerné tous les 147 détenus incarcérés au cours de notre période d'étude.

    III.2.3. Collecte des données

    III.2.3.1. Technique de collecte des données

    Pour collecter les données, nous avons utilisé la technique d'entretien enrichi par un questionnaire préétabli.

    III.2.3.2. Outils de collecte

    - Balance électronique de l'Unicef (SECA 881 U, numéro série 1881287088138) ; capacité de pesage 150 kg en divisions de 100g avec une exactitude de +/- 100g.

    - Altimètre S 208 (Fazzini srl lot 06.03), pour la mesure de la taille des adolescents et adultes, graduation 1 cm, taille maximale 2 m. Il se fixe sur un mur à 2 mètres du sol.

    - Gants en latex, source lumineuse, thermomètre, tensiomètre, eau de javel.

    III.2.4. Plan de traitement des données

    Les données ont été recueillies à l'aide de l'outil ODK, puis téléchargées sous format Excel avant d'être analysées sur le logiciel SPSS version 23.

    Les analyses statistiques descriptives et analytiques ont été réalisées successivement. Le test de khi-deux de Pearson nous a permis d'objectiver le degré de signification de la mesure d'association. Le seuil de signification utilisé était p<0,05. L'odds ratio et son intervalle de confiance à 95% ont été calculés pour mesurer la force de l'association entre les variables aléatoires.

    La régression logistique ascendante par la méthode de pas à pas de Wald a permis de déceler les déterminants de la dénutrition chez les détenus et à mesurer la force d'association de chaque déterminant (Odds ratio ajusté) au seuil de signification p-value ajusté<0,2.

    III.2.5. Critères de sélection

    - Critères d'inclusion

    Ont été inclus dans cette étude, tous les détenus de la prison centrale de Kamina qui étaient présent pendant notre période d'enquête et qui ont donné leurs consentements libres de participer à l'étude.

    - Critères d'exclusion

    Ont été exclus de l'étude, tous les détenus de la prison centrale de Kamina ne répondant pas à nos critères d'inclusion.

    III.2.6. Variables retenues

    a. Variable dépendante : dénutrition.

    b. Variables indépendantes

    Variable

    Définition opérationnelle

    Echelle de mesure

    Age

    Ou âge révolu : durée de la vie écoulée depuis la naissance jusqu'au dernier anniversaire. C'est donc l'âge au dernier anniversaire.

    Variable quantitative.

    Pour l'étude, la variable a été groupée en 3 modalités :

    - <20 ans

    - 20-35 ans

    - = 36 ans

    Sexe

    Le sexe fait référence aux différences biologiques entre les femmes et les hommes.

    Variable qualitative dichotomique.

    - Féminin, tout sujet ayant des caractéristiques biologiques liées à la femme

    - Masculin, tout sujet ayant des caractéristiques biologiques liées à l'homme

    Provenance

    Il s'agit du lieu de provenance des détenus

    La variable a été groupée en 2 modalités dont :

    Autres lieux, pour les détenus provenant d'autres villes

    Kamina, pour les détenus provenant de la ville de Kamina

    Religion

    Il s'agit ici de la confession religieuse de l'enquêté

    Variable Nominale

    - Catholique

    - Protestante

    - Musulmane

    - Kimbanguiste

    - Sans confession religieuse

    Niveau d'étude

    Ici nous avons pris en compte le plus haut niveau d'études atteint par l'enquêté :

    Sans niveau : n'a pas achevé l'école primaire 

    Primaire : a achevé l'école primaire

    Secondaire : a eu son diplôme d'Etat

    Supérieur/ou universitaire : gradué et plus

    Nous avons regroupé en variable dichotomique, les modalités sont devenues alors :

    Sans niveau/primaire=non instruit

    Secondaire/univ=Instruit

    Poids

    C'est la qualité de ce qui est pesant, on peut aussi le définir comme la masse d'un corps.

    Variable quantitative continue

    - = 52kg

    - ?52 kg

    Taille

    C'est la dimension en hauteur d'un corps

    Variable quantitative continue

    - = 164 cm

    - ?164 cm

    IMC

    L'indice de masse corporel ou IMC, en Anglais le bobby mass index est une grandeur qui permet d'estimer la corpulence de la personne.

    Variable quantitative continue

    Nombre de repas pris par jour

    Il s'agit de nombre des repas consommes par jour

    Nous avons regroupé en variable dichotomique.

    1 repas

    2 repas et plus

    Appréciation de la nourriture quantité

    C'est la capacité d'apprécier la nourriture

    Nous avons regroupé en variable dichotomique :

    Suffisant

    Non suffisant

    Appréciation de la nourriture en qualité.

    C'est la capacité d'apprécier la nourriture en fonction de la qualité.

    Variable dichotomique

    - Bonne

    - Mauvaise

    Usage des MILD

    Il s'agit de l'utilisation des moustiquaires imprégné à longue durée d'action

    Variable dichotomique

    Oui

    Non

    Motif d'incarcération

    Le motif d'incarcération, c'est la raison d'emprisonnement

    Variable nominal

    - Vol

    - Attaque à main armée

    - Avortement

    - Coup et blessure volontaires

    - Coups mortels

    - Empoisonnement

    - Orpaillage anarchique

    - Recel

    - Viol

    - Abus de confiance

    Le temps de détention

    C'est le moment passe sous détention.

    Variable nominale

    - ? 1 année

    - = 1 année

    sources d'approvisionnement alimentaire

    C'est le moyen par lequel nous recevons notre nourriture.

    Variable nominale

    - Apport familial et amical

    - Confessions religieuses

    - Les ONG

    - Cuisines personnelles

    Maladie au cours de ce dernier mois

    C'est la manière de contracter une maladie au mois dernier.

    Variable dichotomique

    - Oui

    - Non

    Etat nutritionnel

    C'est le statut nutritionnel de l'enquêté. Cette variable a été calculée sur base de l'IMC.

    Variable nominale

    - Bon

    - Mauvais

    III.2.7. Considérations éthiques

    Les autorisations des autorités politico-administratives en général et de la direction générale de la garde de sécurité pénitentiaire en particulier ont été obtenues avant la collecte des données.

    Pour des raisons de respect de la personnalité de tous les participants à cette étude, nous avons gardés l'anonymat pour renforcer la sécurité et surmonter le doute de la part de ces derniers. Nous nous sommes donné le devoir d'expliquer à chaque détenu que les résultats ne serviront qu'à des fins scientifiques, nous avons reçu leur consentement libre et ils ont pu répondre volontairement à notre questionnaire.

    III .2.8. Difficultés rencontrées

    - Insuffisance des ressources financières et matérielles (pour la prise des mesures anthropométriques) ;

    - Le respect de l'intimité au cours de l'enquête a souvent été difficile du fait du manque de locaux adaptés. Dans certains cas, nous avons dû demander une extraction individuelle du sujet de sa cellule pour un minimum d'intimité.

    CHAPITRE IV. PRESENTATION DES RESULTATS

    IV.1. Analyse tri à plat

    Tableau I. Répartition des détenus selon l'état nutritionnel

    Etat nutritionnel

    Effectifs

    Pourcentage

    Malnutri

    52

    35,4

    Normal

    95

    64,6

    Total

    147

    100,0

    Les résultats de cette étude montrent que sur un total de 147 détenus ayant constitué notre échantillon, 52 soit 35,4% étaient malnutris.

    Tableau II. Répartition des détenus selon l'âge, le sexe, la provenance et la religion.

    Age

    Effectifs (n=147)

    Pourcentage

    =17 ans

    6

    4,1

    18-45 ans

    75

    51,0

    =46 ans

    66

    44,9

    Sexe

     
     

    Féminin

    13

    8,8

    Masculin

    134

    91,2

    Provenance

     
     

    Mettre entre parentheses certaines provenances

    65

    44,2

     

    Kamina

    82

    55,8

    Religion

     
     

    Catholique

    22

    15,0

    Musulman

    8

    5,4

    Protestant

    66

    44,9

    Sans confessions religieuse

    51

    34,7

    Il ressort de ce tableau que la majorité de détenus soit 51,0% avaient un âge compris entre 18 et 45 ans ; 91,2% étaient du sexe masculin ; 55,8% provenaient de la ville de Kamina ; 44,9% étaient protestants.

    Tableau III. Répartition des détenus selon le niveau d'instruction, la température, la fréquence de nettoyage

    Niveau d'instruction

    Effectifs (n=147)

    Pourcentage

    Aucun

    11

    7,5

    Primaire

    32

    21,8

    Secondaire

    84

    57,1

    Univ/sup

    20

    13,6

    Température

     
     

    < 36°C

    2

    1,4

    36°C

    28

    19,0

    > 36°C

    117

    79,6

    Fréquence de nettoyage des cellules par semaine

     
     

    = 3 fois

    138

    93,9

    > 3 fois

    9

    6,1

    Le passage en revue de ce tableau indique que la majorité de nos enquêtés soit 57,1% avaient un niveau d'étude secondaire ; 79,6% avaient une température supérieure à 36°C. 93,9% avaient déclaré que la fréquence du nettoyage des cellules était inférieure ou égale à 3 fois par semaine.

    Tableau IV. Répartition des détenus selon l'utilisation des détergents, l'appréciation de l'état des latrines et le nombre des repas consommés par jour 

    Utilisation des détergents

    Effectifs (n=147)

    Pourcentage

    Non

    142

    96,6

    Oui

    5

    3,4

    Appréciation sur l'état des latrines

     
     

    Y a-t-il combien de latrines a la prison

    16

    10,9

     

    Mauvaise (insalubre)

    131

    89,1

    Nombre des repas pris par jour

     
     

    1 repas

    131

    89,1

    2 repas et plus

    16

    10,9

    La lecture de ce tableau nous montre que la majorité de nos enquêtés soit 96,6% utilisaient le détergent ; 89,1% ont répondu que l'état des latrines était mauvais et 89,1% prenaient un seul repas par jour.

    Tableau V. Répartition des détenus selon l'appréciation de la nourriture en quantité, en qualité et l'accès à l'eau potable.

    Appréciation sur la nourriture en quantité

    Effectifs (n=147)

    Pourcentage

    Insuffisante

    126

    85,7

    Suffisante

    21

    14,3

    Appréciation sur la nourriture en qualité

     
     

    Bonne

    3

    2,0

    Mauvaise

    144

    98,0

    Accès à l'eau potable

     
     

    Mais ces prosonniers sont tous dans les memes locaux, comment expliquer que 8 n'ont pas acces.

    8

    5,4

     

    Oui

    139

    94,6

    Les résultats de ce tableau nous montrent que 85,7% détenus ont déclaré que la nourriture en quantité était insuffisante ; 98,0% ont déclaré que la nourriture était de mauvaise qualité ; 94,6% avaient accès à l'eau potable.

    Tableau VI. Répartition des détenus selon l'utilisation des MILDA dans la cellule, habitude de se laver par jour, et la possession des vêtements de rechange.

    Utilisation des MILDA dans votre cellule

    Effectifs (n=147)

    Pourcentage

    Non

    89

    60,5

    Oui

    58

    39,5

    Habitude de se laver par jour

     
     

    Ne se lave pas

    33

    22,4

    1 fois

    113

    76,9

    2 fois

    1

    0,7

    Possession des vêtements de rechange

     
     

    Non

    102

    69,4

    Pourquoi cette variable, qu'elle est sa relation avec la malnutrition

     
     
     

    Le passage en revue de ce tableau nous montre que 60.5% des détenus utilisaient les MILD ; 76,9 % avaient l'habitude de se laver une fois par jour ; 69,4% ne possédaient pas les vêtements de rechange.

    Tableau VII. Répartition des détenus selon le nombre de rechange des vêtements par semaine, le nombre des visites par mois, et le motif d'incarcération.

    Nombre de rechange des vêtements par semaine

    Effectifs (n=147)

    Pourcentage

    1 fois par semaine

    125

    85,0

    Pas necessaire

     
     
     

    Nombre des visites par mois

     
     

    ? 5 visites

    116

    78,9

    = 5 visites

    31

    21,1

    Motif de l'incarcération

     
     

    Vol

    40

    27,2

    Attaque à mains armées

    1

    0,7

    Avortement

    10

    6,8

    Coups et blessures volontaires

    13

    8,8

    Coups mortels

    16

    10,9

    Empoisonnement

    1

    0,7

    Orpaillage anarchique

    4

    2,7

    Recel

    19

    12,9

    Viol

    14

    9,5

    Abus de confiance

    29

    19,7

    Ce tableau nous montre que 85 ,0 % des détenus avaient habitude de s'échanger une fois par semaine ; 78,9% recevaient moins de 5 visites par mois. Notons encore que les principaux motifs d'incarcération étaient le vol (27,2%), l'abus de confiance (19,7%), le recel (12,9%) et le coup mortels (10,9%).

    Tableau VIII. Répartition des détenus selon le temps passe en détention, le régime de détention, et la Contraction d'une maladie au cours du dernier mois.

    Temps passé en détention 

    Effectifs (n=147)

    Pourcentage

    > 1 année

    46

    31,3

    = 1 année

    101

    86,7

    Régime de détention

     
     

    Détenus

    118

    80,3

    Prévenus

    29

    19,7

    Contraction d'une maladie au cours du derniers mois

     
     

    Non

    84

    57,1

    Oui

    63

    42,9

    Les résultats du tableau ci-haut nous montrent que 86,7% des détenus ont passé un temps de détention inférieur ou égal à une année ; 57,1 % n'ont pas souffert d'une maladie au cours de leur incarcération. Par rapport au régime de détention, 80,3% étaient des détenus.

    Tableau IX. Répartition des détenus selon le poids, et la taille.

    Poids

    Effectifs (n=147)

    Pourcentage

    = 52 kg

    78

    53,1

    > 52 kg

    69

    46,9

    Taille

     
     

    = 164 cm

    74

    50,3

    > 164 cm

    73

    49,7

    Il ressort de ce tableau que 53,1% des détenus avaient un poids inférieur ou égal à 52kg ; 50,3% avaient une taille inférieure ou égale à 164 cm.

    Tableau X. Répartition des détenus selon les sources d'approvisionnement : l'administration pénitentiaire, l'apport familial et amical, les ONG, les confessions religieuses, et la cuisine personnelle.

    Sources d'approvisionnement alimentaire

    Effectifs (n=147)

    Pourcentage

    Administration pénitentiaire

     
     

    Non

    2

    1,4

    Oui

    145

    98,6

     
     
     

    Apport familial et amical

     
     

    Non

    50

    34,0

    Oui

    97

    66,0

    ONG

     
     

    Non

    54

    36,7

    Oui

    93

    63,3

    Confession religieuse

     
     

    Non

    50

    34,0

    Oui

    97

    66,0

    Cuisine personnelle

     
     

    Non

    45

    30,6

    Oui

    102

    69,4

    Ce tableau nous montre que les principales sources d'approvisionnement alimentaire étaient l'administration pénitentiaire (98,6%) ; Apport familial et amical (66,0 %) ; ONG (63,3%) les confessions religieuses (66,0%) ; et la cuisine personnelle (69,4%). 

    IV.2. Analyses bivariées

    Tableau X I. Relation entre la dénutrition et l'âge, le sexe, la provenance et le niveau d'instruction.

    Paramètres étudiés

    Etat nutritionnel

     
     

    Dénutris

    Normal

    Age

    n=52(%)

    n=95(%)

    OR [IC95%]

    P

    =17 ans

    2  (33 , 3)

    4 (66 ,7)

    1,285 [0,218-7,553]

    0,78

    18-45 ans

    21 (28)

    54 (72)

    1

     

    =46 ans

    29 (43 ,9)

    37 (56,1) 

    2,015 [0,945-4,317]

    0,04

    Sexe

     
     
     
     

    Masculin

    46(34,3)

    88(65,7)

    0,610 [0,194-1,921]

    0,39

    Féminin

    6(46,1)

    7(53,9)

     
     

    Provenance

     
     
     
     

    Autres lieux

    26(40,0)

    39(40,0)

    1,568 [0,7381-3,336]

    0,24

    Kamina

    17(29,8)

    40(70,2)

     
     

    Instruction

     
     
     
     

    Non instruits

    14(33,0)

    29(67,0)

    0,838 [0,395-1,779]

    0,64

    Instruits

    38(36,5)

    66(63,5)

     
     

    Il ressort de ce tableau qu'il existe une association statistiquement significative entre la dénutrition et l'âge supérieur à 35 ans (OR=2,015 [0,945-4,317], p=0,04). Par contre, une association non significative a été observée entre l'âge inférieur à 20 ans (OR=1,285 [0,218-7,553], p=0,78) ; le sexe (OR=0,610 [,194-1,921], p=0,39) ; la non instruction (OR=0,838 [0,395-1,779], p=0,64) et la dénutrition.

    Tableau XII. Relation entre la dénutrition et l'appréciation des latrines, les Nombres des repas pris par jour, et l'appréciation sur la nourriture en quantité.

    Paramètres étudiés

    Etat nutritionnel

     
     

    Dénutris

    Normal

    Appréciation sur l'état des latrines

    n=52(%)

    n=95(%)

    OR [IC95%]

    P

    Mauvaise

    49(37,4)

    82(62,6)

    8,963 [1,148-69,974]

    0,01

    Bonne

    1(6,3)

    15(93,7)

     
     

    . Nombre des repas pris par jour

     
     
     
     

    1 repas

    50(38,2)

    81(61,8)

    4,32 [0,942-18,815]

    0,04

    2 repas et plus

    2(12,5)

    14(87,5)

     
     

    Appréciation sur la nourriture en quantité

     
     
     
     

    Insuffisante

    49(39,0)

    77(61,0)

    3,76 [1,068-13,646]

    0,02

    Suffisante

    3(14,2)

    18(85,8)

     
     

    La lecture de ce tableau indique que la mauvaise appréciation sur l'état des latrines (OR=8,963 [1,148-69,974], p=0,01) ; le nombre des repas pris par jour (OR=4,32 [0,942-18,815], p=0,04) et la mauvaise appréciation sur la nourriture en quantité (OR=3,76 [1,068-13,646], p=0,02) étaient significativement associés à la dénutrition chez les détenus.

    Tableau X III. Relation entre la dénutrition et l'appréciation de la nourriture en qualité, l'accès à l'eau potable, ainsi que l'utilisation des MILD dans la cellule.

    Paramètres étudiés

    Etat nutritionnel

     
     

    Dénutris

    Normal

    Appréciation sur la nourriture en qualité

    n=52(%)

    n=95(%)

    OR [IC95%]

    P

    Mauvaise

    51(35,4)

    93(64,5)

    1,097 [0,097-12,291]

    0,94

    Bonne

    1(33,3)

    2(67,7)

     
     

    Accès à l'eau potable 

     
     
     
     

    Non

    6(75,0)

    2(25,0)

    6,06 [1,177-31,231]

    0,01

    Oui

    46(33 ,0)

    93(67,0)

     
     

    . Utilisation des MILDA dans la cellule

     
     
     
     

    Non

    36(40 ,0)

    53(60,0)

    1,783 [1,873-3,644]

    0,11

    Oui

    16(28,8)

    42(72,0)

     
     

    Le passage en revue de ce tableau nous montre qu'il existe une association statistiquement significative entre la dénutrition et le non accès à l'eau potable (OR= 6,06[1,177-31,231], p=0,01) ; par contre, une association non significative a été observée entre la dénutrition et la mauvaise appréciation de la nourriture en qualité (OR= 1,097[0,097-12,291] p=0,94) et la non utilisation des MILD (OR=1,783[1,873-3,644] ; p=0,11).

    Tableau XIV. Relation entre la dénutrition et l'habitude de se laver par jour, la possession échange des vêtements, Ainsi que nombre d'échange des vêtements par semaine.

    Paramètres étudiés

    Etat nutritionnel

     
     

    Dénutris

    Normal

    Habitude de se laver par jour

    n=52(%)

    n=95(%)

    OR [IC95%]

    P

    Ne se lavent pas

    13(39,4)

    20(60,6)

    1,250 [0,563-2,777]

    0,58

    1 fois et plus

    39(34,2)

    75(65,8)

     
     

    Possession des vêtements de rechange

     
     
     
     

    Non

    37(36,0)

    65(64,0)

    1,138 [0,543-2,385]

    0,73

    Oui

    15(33,3)

    30(66,7)

     
     

    Fréquence de rechange des vêtements

     
     
     
     

    1 fois par semaine

    41(33,0)

    84(67,0)

    0,488 [0,195-1,219]

    0,12

    2-3 fois par semaine

    11(50,0)

    11(50,0)

     
     

    Aucune association statistiquement significative n'a été observée entre la dénutrition et l'habitude de se laver (OR=1,250[0,563-2,777] p=0,583) ; la possession des vêtements de rechange (OR=1,138[0,543-2,385] p=0,731) et la fréquence de rechange des vêtements par semaine (OR=0,488[0,195-1,219 p=0,120).

    Tableau XV. Relation entre la dénutrition et les nombres des visites par mois, le temps passé en détention et le régime de détention.

    Paramètres étudiés

    Etat nutritionnel

     
     

    Dénutris

    Normal

    Nombre des visites reçu par mois 

    n=52(%)

    n=95(%)

    OR [IC95%]

    P

    ? 5 visites

    41(35,0)

    75(36,0)

    0,99 [0,434-2,276]

    0,98

    = 5 visites

    11(35)

    20(65)

     
     

    Temps passé en détention 

     
     
     
     

    > 1 année

    23(50,0)

    23(50,0)

    2,48 [1,207-5,106]

    0,01

    = 1 année

    29(29,0)

    72(71,0)

     
     

    Régime de détention

     
     
     
     

    Détenus

    50(42)

    68(52)

    9,92[2,255-43,695]

    0,00

    Prévenus

    2(7,0)

    27(93,0)

     
     

    Il se dégage du tableau ci-haut qu'il existe une association statistiquement significative entre la dénutrition et le temps passé en détention OR=2,48[1,207-5,106] p=0,01 ; régime de détention OR=9,92[2,255-43,695] p=0,00 ; par contre l'association non significative a était observé entre les nombres de visites reçu par mois OR=0,99[0,434-2,276] p=0,98.

    Tableau XVI. Relation entre la dénutrition et les ressources d'approvisionnement, Administration pénitentiaire, Apport familial et les ONG

    Sources d'approvisionnement alimentaire 

    Etat nutritionnel

     
     

    Dénutris

    Normal

    Administration pénitentiaire

    n=52(%)

    n=95(%)

    OR [IC95%]

    P

    Non

    1(50,0)

    1(50,0)

    1,843 [0,112-30,090]

    0,66

    Oui

    51(36)

    94(64)

     
     

    Apport familial et amical

     
     
     
     

    Non

    26(52,0)

    24(48,0)

    2,958 [1,449-6,041]

    0,00

    Oui

    26(27,0)

    71(73,0)

     
     

    ONG

     
     
     
     

    Non

    29(54,0)

    25(46)

    3,530 [1,731-7,201]

    0,00

    Veux tu me dire qu'il y a des prisonniers qui ne recoivent rien par l'ONG

     
     
     
     
     

    Les résultats de ce tableau montre qu'il existe une association significative entre la dénutrition et l'approvisionnement alimentaire non familial et amical OR=2,958[1,449-6,041] p=0,002 ; ONG OR=3,530[1,731-7,201] p=0,000 ; par contre, une association non significative a été observée entre la dénutrition est le non approvisionnement alimentaire par l'administration pénitentiaire OR=1,553[1,377-1,752] p=0,458.

    Tableau XVII. Relation entre la dénutrition et les ressources d'approvisionnement, les confessions religieuses, les cuisines personnelles et la contraction de la maladie en prison

    Sources d'approvisionnement alimentaire 

    Etat nutritionnel

     
     

    Dénutris

    Normal

    Confession religieuse

    n=52(%)

    n=95(%)

    OR [IC95%]

    P

    Non

    26(52)

    24(48)

    2,958 [1,449-6,041]

    0,00

    Pas necessaire

     
     
     
     
     

    Cuisine personnelle

     
     
     
     

    Non

    24(53,3)

    21(46,7)

    3,020 [1,456-6,264]

    0,00

    Oui

    28(27,5)

    74(72,2)

     
     

    Contraction d'une maladie en prison

     
     
     
     

    Oui

    32(51,0)

    31(49,0)

    3,30 [1,633-6,680]

    0,00

    Non

    20(24,0)

    64(76 ,0)

     
     

    Une association statistiquement significative était retrouvé entre la dénutrition et le non approvisionnement alimentaire par les confessions religieuses OR=2,958[1,449-6,041] p=0,002 ; cuisine personnel OR=3,020[1,456-6,264] p=0,002 ainsi que la contraction d'une maladie infectieuse en prison OR=3,020[1,633-6,680].

    Analyses multi variées

    Tableau XVIII. Déterminants de la dénutrition.

    Déterminants de la dénutrition

    B

    E.S.

    Wald

    pa

    Exp(B)

    IC pour Exp(B) 95,0%

    Inférieur

    Supérieur

    Age =46 ans

    1,261

    0,364

    12,032

    0,001

    3,530

    1,731

    7,201

    Nombre des repas pris par jour (1 vs 2 repas

    1,162

    0,435

    7,142

    0,008

    15,195

    6,363

    89,489

    Appréciation sur la nourriture en quantité (insuffisante vs suffisante)

    1,391

    0,395

    12,370

    0,000

    4,018

    1,851

    8,723

    Contraction d'une maladie en prison (Oui vs non)

    1,186

    0,552

    ,114

    0,003

    25,205

    3,408

    70,558

    Constante

    -,813

    0,416

    3,827

    0,050

    0,443

     
     

    Légende : B : coefficient de régression ; E.S : erreur standard du coefficient de régression ; Wald : test de Wald ; pa : p-valeur ajustée ; Exp(B) : Odds Ratio ajusté, IC pour Exp(B) : Intervalle de confiance de Exp(B).

    Les déterminants de la dénutrition chez les détenus dans notre milieu d'étude sont l'âge =46 ans (ORa=3,530 ; IC95%= [1,731-7,201] ; pa=0,001) ; la prise d'un seul repas par jour (ORa=15,195 ; IC95%= [6,363-89,489] ; pa=0,008) ; l'appréciation sur la nourriture en quantité (insuffisante vs suffisante) (ORa=4,018 ; IC95%= [1,851-8,723] ; pa=0,000)  ainsi que la contraction d'une maladie en prison (ORa=25,205; IC95%= [3,408-70,558] ; pa=0,003)

    CHAPITRE V. DISCUSSION DES RESULTATS

    Les résultats de cette étude montrent que sur un total de 147 détenus ayant constitué notre échantillon, 52 soit 35,4% étaient malnutris. Nos résultats se rapprochent à ceux de l'ONG « Terre des hommes-lausanne » (à Conakry) qui rapportait, chez les détenus, la proportion de la dénutrition de 36,2% (ONG Terre des hommes, 2011). Nos résultats sont supérieurs de ceux de la MONUSCO qui avait noté une fréquence de 23,75% des détentions à la MAC de Mbuji-Mayi. Le contexte sociopolitique et économique peut contribuer à expliquer ces différences. En effet, le contexte sociopolitique est plus difficile à Kamina.

    L'étude a indiqué une prédominance des détenus dans la tranche d'âge comprise entre 19 et 45 ans (78,2%). Les résultats relatifs à l'âge pourraient traduire une délinquance accrue, ou une justice plus sévère, avec l'augmentation de l'âge. En effet, en 2017 en France, 54,8%, 41,1% et 2,4% des détenus condamnés étaient âgés respectivement de plus de 20 ans (Razafindranovono Tiaray, 2017). Il convient de noter toutefois que l'âge de la responsabilité pénale en République Démocratique du Congo est de 18 ans et plus. Ce qui justifie la faible représentativité des mineurs (7,6%) dans notre échantillon.

    Les résultats de cette étude montrent également une prédominance masculine (91,2%) parmi les détenus de la prison centrale de Kamina. Nos résultats sont semblables à ceux de Bado au Burkina qui notait une prédominance des hommes dans les milieux carcéraux (92,5%). Même constat pour Brisset qui notait en France que les garçons représentaient environ 96% de personnes en détention (Brisset C., 2014). Cette prédominance masculine a été également rapportée par Walmsley R (2006), qui notait que le sexe féminin contribue seulement pour 2 à 9 % de la population carcérale mondiale. A cet effet, Combessie P (2011) affirmait que « la variable sociologique la plus discriminante en matière de criminalité est assurément le sexe ». Cliveti M, membre de la commission des questions sociales, de la santé et de la famille de l'assemblée européenne disait ceci : « le fossé entre les sexes est sans doute l'un des aspects les plus remarquables de la criminalité. En général, le crime est l'apanage des hommes, si bien qu'en survolant l'histoire des femmes en prison, l'on retrouve les mêmes inégalités » (Conseil de l'Europe, 2008). Dans nos sociétés les hommes sont plus exposés aux comportements délinquants car plus prompts à se retrouver dans la rue où l'influence des autres est déterminante. En effet, comme le disait Kvaraceus W, là où sévît la délinquance on retrouve des `bandes de jeunes' qui se recrutent habituellement parmi les adolescents instables, sans attaches et sans emploi, qui se retrouvent le plus souvent dans la rue (Kvaraceus William C, 2014). Or, les filles s'intègrent moins dans cette culture parce que, dans les catégories populaires concernées, elles reçoivent la charge d'aider leurs mères dans les tâches ménagères, et sont donc moins tournées vers l'extérieur.

    Au regard de cette étude, nous disons que le risque de dénutrition augmentait avec l'âge, il était très élevé chez les détenus qui avaient plus de 35 ans. Au regard de nos résultats, nous pouvons dire que le risque de dénutrition augmente avec l'âge. Plusieurs auteurs ont tenté d'expliquer ce phénomène à l'instar de Martin A et al (2011) qui stipulent que dans le vieillissement normal, des modifications de l'organisme favorisent la survenue de la dénutrition. L'avancée dans l'âge peut s'accompagner de troubles de l'appétit pouvant conduire à une consommation alimentaire insuffisante. Selon Dinkins et al (2019) on observe chez les personnes âgées des modifications du métabolisme protéique conduisant à une diminution progressive de la masse maigre au profit de la masse grasse. Ce mécanisme appelé sarcopénie conduit à la dénutrition chez la personne âge de 40 ans et plus surtout en état de détresse.

    Nous avons noté une association significative entre la prise de moins de deux (2) repas par jour ; la mauvaise appréciation sur la nourriture en quantité et la dénutrition chez les détenus. Une étude menée au Bénin par Sinnaeve O, et al (2016) avait mis en évidence l'association significative entre la dénutrition et le défaut quantitatif de la ration alimentaire de 24 dernières heures. Ceci peut s'expliquer par le fait qu'une bonne alimentation doit respecter quelques conditions dont une bonne qualité, une quantité suffisante et une fréquence de prise des repas acceptable.

    Dans notre série statistique, une association statistiquement significative a été trouvée entre la dénutrition et le non accès à l'eau potable. Selon Alassane Traore (2018), si la dénutrition ou la sous-nutrition ne peut être considérée comme une maladie hydrique au sens propre, on estime qu'elle est associée dans 50% des cas à des diarrhées, elles-mêmes provoquées par l'ingestion d'eau insalubre et de mauvaises pratiques d'hygiène. Cette théorique peut expliquer ma relation trouvée dans notre étude entre la dénutrition et le non accès à l'eau potable. Certaines études ont obtenu des résultats similaires. Une étude Egyptienne menée par Mohamed-Hussein AA et al (2021) a montré également une relation entre la dénutrition et le non accès à l'eau potable. Une autre étude réalisée aux États-Unis a pour sa part décelée que le risque de dénutrition était très élevé chez les détenus qui n'avaient pas accès à l'eau potable.

    Signalons que dans cette étude, la durée d'incarcération supérieure à une année augmentait 2,48 fois le risque de dénutrition chez les détenus. Ces résultats rejoignent ceux d'autres auteurs qui ont constaté un lien significatif entre la durée du séjour en prison et l'accroissement du risque de la dénutrition. Dinkins et al (2019) ont montré par exemple que dans les prisons d'Haïti, les détenus bien nouris à leur arrivée en prison présentaient un risque deux fois plus élevé de développer la malnutrition après un an de détention. De même, selon Aerts et al (2020) au Gabon, les prisonniers incarcérés pendant au moins deux ans seraient plus à risque de développer la malnutrition que ceux qui avaient été détenus pendant moins d'un an.

    La relation entre la dénutrition et la contraction d'une maladie infectieuse en prison OR=3,020[1,633-6,680] paraît controversée. La relation entre ces deux pathologies est sujette à des nombreuses controverses : certains auteurs avaient trouvé que la dénutrition favoriserait les maladies infectieuses (Unicef, 2010) alors que d'autres soutiennent que ces sont les maladies infectieuses qui entraineraient la dénutrition (OMS, 2008), là où les autres pensent, enfin, qu'il n'existerait aucune relation statistiquement prouvée (Verhoef H et al., 2012). Dans le cadre de nos résultats, cette relation s'expliquerait par le fait que les infections, surtout si elles s'accompagnent de fièvre, entraînent souvent une perte d'appétit et donc une diminution de la ration alimentaire. Certaines maladies infectieuses provoquent généralement des vomissements, ce qui revient au même. En effet, des nombreux auteurs stipulent que la synergie entre malnutrition et maladies infectieuses est maintenant reconnue et a été prouvée par les expérimentations sur les animaux. La présence simultanée de la malnutrition et de l'infection a des conséquences plus sérieuses pour l'hôte que si les deux fonctionnent séparément. Les infections aggravent la malnutrition et une mauvaise nutrition accentue la gravité des maladies infectieuses. Le nombre d'infections virales, bactériennes et parasitaires tend à augmenter et chaque type d'infection peut avoir des répercussions négatives sur l'état nutritionnel des enfants et des adultes. Une situation similaire existait en Amérique du Nord et en Europe entre 1900 et 1925 ; les maladies infectieuses courantes ont eu un impact sur la nutrition et ont entraîné des taux élevés de mortalité.

    CONCLUSION ET SUGGESTIONS

    Il s'agit de l'une des premières études nutritionnelles menées dans les milieux carcéraux de la province du Haut-Lomami pour déterminer la fréquence de la malnutrition et identifier les facteurs pouvant y être associés.

    Cette étude transversale analytique a été menée auprès des détenus de la prison centrale de Kamina. Les données ont été collectées par interview structuré face à face avec les enquêtés à l'aide d'un questionnaire préalablement pré-testé et paramétré sur l'outil ODK.

    Les résultats de cette étude montrent que sur un total de 147 détenus ayant constitué notre échantillon, 52 soit 35,4% étaient malnutris. Les déterminants de la dénutrition chez les détenus dans notre milieu d'étude sont l'âge =46 ans (ORa=3,530 ; IC95%= [1,731-7,201] ; pa=0,001) ; la prise d'un seul repas par jour (ORa=15,195 ; IC95%= [6,363-89,489] ; pa=0,008) ; l'appréciation sur la nourriture en quantité (insuffisante vs suffisante) (ORa=4,018 ; IC95%= [1,851-8,723] ; pa=0,000)  ainsi que la contraction d'une maladie en prison (ORa=25,205; IC95%= [3,408-70,558] ; pa=0,003)

    Eu égard à ce qui précède, nous suggérons ce qui suit :

    · Au gouvernement :

    - Approvisionner les établissements pénitentiaires en nourriture en quantité suffisante et en bonne qualité ;

    - Mettre en place dans toutes les prisons une équipe médicale pour la prise en charge d'épisode maladie au cours de l'incarcération.

    - De rendre l'école obligatoire et gratuite jusqu'à l'âge de 16 ans.

    · Au Ministre de la justice

    - Apporter une assistance juridique aux détenus de toutes les prisons de la République Démocratique du Congo en évitant les tracasseries et autres violations des droits de l'homme.

    - Veillez à la séparation des mineurs d'avec les adultes à travers la construction des quartiers dans les maisons d'arrêt qui n'en disposent pas.

    · À la direction générale de la politique criminelle et du sceau

    - Veillez à l'effectivité d'une visite médicale d'entrée des détenus et à la continuité des soins dans les maisons d'arrêt.

    - Travailler à l'amélioration de l'hygiène, de l'alimentation et des soins de santé en tenant compte des besoins spécifiques des détenus.

    - Valoriser en milieu carcéral les pratiques éducatives telles que la maçonnerie, l'ajustage, la coupe et couture, l'agriculture et autres formations pouvant aider les détenus pour sa survie pendant, même après son incarcération.

    · Au Ministre de la santé

    - Avoir un regard sur les activités sanitaires et nutritionnelles menées dans les prisons (supervision).

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