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Analyse des programmes de développement du secteur agricole, particulièrement des programmes d'autosuffisance en riz pour l'amélioration de la sécurité alimentaire au sénégal.


par Abdoul Aziz Sy DIOUF
Aix-Marseille Université (AMU) - Master 2 Economie appliquée Spécialité Management et évaluation des projets et des programmes publics 2015
  

Disponible en mode multipage

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INSTITUT SUPERIEUR DE MANAGEMENT DES ORGANISATIONS

MASTER 2
Economie appliquée

Spécialité

Management et évaluation des projets et des programmes publics

MEMOIRE DE FIN D'ETUDES

Analyse des programmes de développement du secteur
agricole, particulièrement des programmes
d'autosuffisance en riz pour l'amélioration de la
sécurité alimentaire au Sénégal.

Présenté et soutenu publiquement par :
M. ABDOUL AZIZ SY DIOUF
Professeur encadrante : Mme KANDIL FERIEL
Septembre 2015

1

Dédicaces

Je dédie ce travail à mon défunt père EL Hadji Gorgui DIOUF que la mort nous a arraché à mon
absence, juste un mois après avoir quitté le pays. Ta disparition fait un immense vide dans nos vies.
Puisse le Bon Dieu le Tout Puissant t'accorder son Pardon, sa Sainte Miséricorde et t'accueillir en
son Vaste Paradis.

MES PARENTS

ü Notre défunt père, conseiller, ami, confident El Hadji Gorgui DIOUF que la mort nous a arraché le 17 octobre 2013, un modèle d'homme honnête, juste, pieux, digne, généreux, cultivé, courageux qui n'a jamais cessé durant sa mission sur terre à nous enseigner le comportement d'un bon musulman. Durant toute sa vie, il n'a ménagé aucun effort pour la réussite de ses enfants. Rien ni personne, même pas la mort, ne pourront effacer en chacun de nous l'empreinte que tu as laissée. Que Dieu le Miséricordieux l'accueille dans son paradis !!!

ü Notre mère Fatou GAYE dit Néné Gaye, une femme très brave qui a sacrifié toute sa vie pour notre réussite pour les nobles valeurs qu'elle ne cesse de nous inculquer et pour tous les sacrifices qu'elle consent.

Puisse Dieu lui prêter longue vie et l'assister constamment !

MES FRERES ET SOEURS : Mamadou, Maty, Mame Seynabou, Ismaïla, Mandeme, Gnilane, Mass,
Ibrahima, Adja, Mouhamed, Mingue et Fallou pour leur soutien indéfectible aux moments les plus
difficiles. Vous qui m'avez appris le sens de la famille, de l'unité, de la fraternité; reconnaissez ici
mon profond amour. Ma reconnaissance envers vous est inestimable. Puissent-ils bénéficier
éternellement de l'assistance et de la protection divine.

Que Dieu nous garde encore uni pendant longtemps, dans le bonheur, la prospérité et la réussite.

MA GRAND-MERE, MES ONCLES, TANTES, COUSINS, COUSINES, NEVEUX ET AMIS.

!!! A tous ceux qui n'ont jamais cessé de me soutenir et de m'encourager !!!

2

Remerciements

Ce travail est l'aboutissement d'un long cheminement scolaire qui a nécessité de la part de nombreuses personnes des sacrifices pour notre personne et qu'il nous fait plaisir de remercier.

Nous exprimons notre profonde gratitude à Madame Feriel KANDIL, Responsable du Master MEPPP pour son soutien, sa disponibilité, son assistance et sa participation active dans la formation.

Nous exprimons également nos sincères remerciements à Monsieur Raymond MALLET, Coordonnateur de Stages et à travers lui, l'ensemble du personnel enseignant, technique et administratif de l'I.S.M.O.

Nous tenons à rendre un hommage à :

? Dr BESNARD Olivier, PDG de l'entreprise BIOPHYTECH et maître de stage ;

? Jean Alain EYSSERIC, Agronome formé en Bio-Dynamie et consultant à BIOPHYTECH ; ? Dr BILLAZ René Président AVSF, anciens chercheur à IRAM et directeur scientifique du CIRAD.

Nos remerciements vont à l'endroit de tout le personnel de l'incubateur d'entreprises BOND'INNOV de Paris, de l'IRD Bondy et de Dakar.

!!! A tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réussite de ce document !!!

3

Résumé

Ce document de mémoire porte sur l'analyse des programmes de développement du secteur agricole, particulièrement des programmes d'autosuffisance en riz pour l'amélioration de la sécurité alimentaire au Sénégal. Cette étude concerne principalement le secteur rizicole.

Au terme de notre analyse, nous avons pu constater que l'agriculture occupe près de 60% de la population active du pays, contribue pour environ 16,7% à la formation du PIB et constitue la base des sources de revenu de la majorité des pauvres des zones rurales. Sa place est considérable dans la réalisation de la sécurité alimentaire des ménages, compte tenu de l'importance de l'autoconsommation dans les stratégies des ménages agricoles. Le développement de l'agriculture notamment de l'agriculture irriguée, est une priorité constante des pouvoirs publics et pourrait permettre à d'améliorer la sécurité alimentaire et jouer un rôle majeur dans la lutte contre la pauvreté.

Le secteur rizicole occupe une place de choix dans l'économie sénégalaise et la consommation alimentaire des ménages urbains et ruraux. Le riz occupe une place de choix dans les habitudes alimentaires du pays à tel point que l'alimentation des ménages sénégalais est aujourd'hui dominée incontestablement par ce produit : 80 kg contre 90 kg pour toutes les autres céréales confondues à savoir le mil, le sorgho, le maïs, le blé et le fonio. Le Sénégal est loin de couvrir le 1/3 des besoins estimés à 900.000 tonnes par an, avec une demande qui ne cesse d'augmenter.

Cependant, le secteur rizicole est confronté à de nombreuses problèmes telles que les baisses de la pluviométrie, de la productivité et des productions, la faiblesse des rendements, la dégradation et l'appauvrissement des sols, la faible disponibilité des intrants de qualité, la vétusté de l'équipement agricole, la régression du paquet technologique, le niveau faible d'encadrement des producteurs, la faiblesse des revenus limitant la capacité d'épargne et d'investissement, les coûts élevés des facteurs de production limitant l'intensification agricole, les marges maigres et l'endettement des producteurs...

Pour remédier à cette situation, des actions concrètes doivent être engagés pour passer à des systèmes plus productifs. De plus, les contraintes actuelles, sociales, économiques et politiques, doivent être levées. Des changements de politiques seront nécessaires non seulement pour obtenir de plus forts rendements mais également pour encourager les investissements dans des secteurs de l'agriculture, particulièrement au secteur rizicole sénégalais qui regorgent beaucoup de potentialités en termes de disponibilité de terres et d'eau du Fleuve Sénégal sur toute l'année.

4

Summary

This brief paper is an analysis of the development programs of the agricultural sector, particularly rice self-sufficiency programs for improving food security in Senegal. This study mainly concerns the rice sector.

At the end of our analysis, we observed that agriculture occupies almost 60% of the active population, contributes about 16.7% to the GDP and is the basis of the sources of income of the majority of rural poor. His place is considerable in achieving household food security, given the importance of consumption in the strategies of farm households. The development of agriculture including irrigated agriculture, is an ongoing priority of the government and could help to improve food security and play a major role in the fight against poverty.

The rice sector occupies a prominent place in the Senegalese economy and food consumption of urban and rural households. Rice occupies a prominent place in the eating habits of the country to the point that the power of Senegalese households is now unquestionably dominated by product: 80 kg against 90 kg for all other cereals combined namely millet, sorghum, maize, wheat and fonio. Senegal is far from covering 1/3 of needs estimated at 900,000 tonnes per year, with demand keeps increasing.

However, the rice sector is facing many problems such as decreases in rainfall, productivity and production, low yields, degradation and soil depletion, the low availability of quality inputs, the obsolescence agricultural equipment, regression of the technology package, the low level of support for producers, low incomes limiting the savings and investment capacity, high cost of production factors limiting agricultural intensification, the thin margins and indebtedness of farmers ...

To remedy this situation, concrete actions must be incurred to move to more productive systems. Furthermore, current, social, economic and political, must be lifted. Policy changes will be needed not only to get higher yields but also to encourage investment in agriculture, particularly the Senegalese rice sector teeming lot of potential in terms of availability of land and water of the River Sénégal throughout the year.

5

SOMMAIRE

Sigles et abréviations 9

Introduction 13

PARTIE I : Présentation de l'étude 15

I. Contexte de l'étude 15

II. Problématiques 16

III. Objectifs 18

IV. Méthodologie 19

4.1 Méthode et outils 19

4.1.1 Revue bibliographique 19

4.1.2 Entretiens préliminaires et réunions 20

4.1.3 Outils de collectes de données 20

4.1.4 Analyse et Traitement des données, rédaction 20

PARTIE II : Présentation générale du riz 21

I. GENERALITES 21

II. DESCRIPTION BOTANIQUE 21

1. Morphologie du riz 21

2. Description des organes 22

2.1 Les organes végétatifs 22

2.2 Les organes de reproduction 22

3. Principaux types de riz et catégories des grains 24

4. Types de riziculture 24

5. Cycle de développement 24

6. Ravageurs et maladies du riz 25

6.1 Les ravageurs 25

6.2 Les maladies 25

PARTIE III : Présentation de la structure d'accueil 27

I. Généralités 27

II. Domaines d'expertises ou de compétences 27

III. Partenaires en Afrique de l'Ouest 28

PARTIE IV : Place et état des lieux du secteur rizicole au Sénégal 29

I. Importance de la filière rizicole au Sénégal 29

II. La production rizicole nationale 29

1.

6

Productions en quantités 29

2. Zones et systèmes de production 31

3. Organisation, structuration et acteurs de la filière 32

4. Circuits de commercialisation du riz 32

III. Evolution de la demande en riz et dépendance aux importations 33

1. Evolution de la demande en riz 33

2. Dépendance aux importations 34

IV. Analyse SWOT de développement du secteur 35

PARTIE V : Politiques, stratégies de développement agricole et sécurité

alimentaire 37

I.

Contexte et enjeux

37

II.

 

La sécurité alimentaire

38

 

1.

Recours à l'Agriculture pour assurer la sécurité alimentaire

38

 

2.

Contraintes à la réalisation de la sécurité alimentaire

39

 

2.1

Contraintes naturelles

39

 

2.2

Contraintes socio-économiques

39

 

2.3

Contraintes politiques

39

 

3.

Opportunités qui s'offrent à nous

40

 

3.1

Le Retour à l'agriculture

40

 

3.2

Démocratie

40

 

3.3

Réformes économiques

40

 

3.4

Mondialisation et échanges régionaux

41

 

3.5

Nouvelles technologies de l'information et la biotechnologie

41

 

4.

Mise en place d'indicateurs d'évaluations performants

42

 

5.

Difficultés dans le suivi de la sécurité alimentaire continuent d'entraver la mise en place de

politiques efficaces 42

6. Enjeux du développement rural pour la sécurité alimentaire au Sénégal 43

IV. Analyse de l'évolution des politiques de développement agricole au Sénégal depuis

l'indépendance à nos jours 43

1. Politiques Agricole (P.A), 1958 43

2. Etatisation à outrance création de l'ONCAD (1966), Création de la SONACOS (1975) et de

la SONAGRAINE (1981-1988) 44

3. Nouvelle Politique Agricole (NPA, 1984) 45

4. Lettres et Déclarations de Politique de Développement Agricole (LDPDA, 1994), et

Programme d'Ajustement du Secteur Agricole (PASA, 1995) 47

5. Programme de Relance Agricole 1997, Accord Etat-CNIA, 1997-2001 47

6. 7

Elaboration d'une Lettre de Politique de Développement de la Filière Arachide (LPDFA,

2003) 49

7. La Loi d'Orientation Agro-Sylvo-Pastorale (LOASP, 2004) 50

8. Le Plan Retour Vers l'Agriculture (Plan REVA, 2006), La Grande Offensive Agricole pour

la Nourriture et l'Abondance (GOANA, 2007) 52

9. SCA, 2008 54

10. Programme National d'Investissement Agricole (PNIA, 2010), Programme Agricole

Quinquennal (PAQ, 2011) 56

11. Stratégie Nationale de Développement Economique et Social (SNDES, 2012), Document de Politique Economique et Sociale (DPES, 2011), Documents de Stratégie de Réduction de la

Pauvreté (DSRP, 2000) 58

12. Programme d'Accélération de la Cadence de l'Agriculture Sénégalaise (PRACAS, 2014)
60

PARTIE VI : Politiques et stratégies de développement de la filière rizicole

63

I. Importance du riz et enjeux de développement de la filière 63

1. Place du riz dans la production nationale sénégalaise 63

2. Place de choix de la filière dans l'élaboration de stratégie et politique de développement

pour l'amélioration de la sécurité alimentaire et réduction de la pauvreté. 63

3. Analyse de l'évolution de la consommation et dépendance aux importations 64

II. Analyse de l'impact et situation actuelle du Programme National

d'Autosuffisance en Riz à l'horizon 2017 65

1. Programme National d'Autosuffisance en Riz à l'horizon 2017 (PNAR, 2017) 65

2. Des résultats déjà prometteurs pour la réussite du PNAR à l'horizon 2017 66

Conclusion 68

Recommandations 70

Bibliographie 73

Annexes 77

8

Liste des tableaux et figures

Figure 1: Plant de riz 21

Figure 2 : Production en tonnes de riz au Sénégal depuis 2004 30

Tableau 1 : Production, Superficies, Rendements, Demande intérieure de 2004 à 2015 30

Figure 3 : Carte de la Vallée du Fleuve Sénégal 31

Figure 4 : Schéma du circuit de commercialisation du riz local 33

Figure 5 : Evolution de la production par rapport à la demande, de 2004 à 2014 34

Figure 6 : Importations de riz en quantités (Tonnes) et en valeurs (FCFA), de 2002 à 2013 35

9

Sigles et abréviations

ANREVA : Agence Nationale de gestion et de mise en oeuvre du Plan REVA

ANSD : Agence Nationale de Statistique et de la Démographie

APCR : Association des Présidents de Communautés Rurales

ARFA : Association pour la Recherche et la Formation en Agro-Ecologie

AVSF : Agronomes et Vétérinaires sans Frontières

BM : Banque Mondiale

BNDS : Banque Nationale de Développement du Sénégal

CA : Chiffre d'Affaires

CEDEAO : Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest

CNCAS : Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal

CNIA : Comité National Interprofessionnel de l'Arachide

CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CIRAD : Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le

Développement.

CNCR : Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux

CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement

DAC : Domaines Agricoles Communautaires

DAPSA : Direction de l'Analyse, de la Prévision et des Statistiques Agricoles

DISEM : Division des Semences

DPES : Document de Politique Economique et Sociale

DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture

FIDES : Fond d'investissement pour le Développement Economique et Social

10

FIL : Fonds d'investissement local

FMI : Fonds Monétaire International

FNOPS : Fédération Nationale des Opérateurs Privés du Sénégal

GIE : Groupement d'Intérêt Economique

GOANA : Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l'Abondance

IAMM : Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier

IESOL : Intensification Ecologique des Sols cultivés en Afrique de l'Ouest

INERA : Institut de l'Environnement et de Recherches Agricoles

INRA : Institut National de la Recherches Agronomique

IPAR : Initiative Prospective Agricole et Rurale

IRAM : l'Institut de Recherches et d'Applications des Méthodes de développement

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

ISRA : Institut Sénégalais de Recherches Agricoles

LOASP : Loi d'Orientation Agro-Sylvo-Pastorale

LPDA : Lettre de Politique du Développement Agricole

LPDFA : Lettre de Politique de Développement de la Filière Arachide

NPA : Nouvelle Politique Agricole

OCDE : Office Nationale de Coopération et d'Assistance pour le Développement

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONCAD : Office national de coopération et d'assistance pour le Développement

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PA : Politiques Agricole

PAP : Plan d'Actions Prioritaires

PAQ : Programme Agricole Quinquennal

11

PAS : Politique d'Ajustement Structurel

PASA : Programme d'Ajustement Structurel du secteur Agricole

PDDAA : Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture en Afrique

PDG : Président Directeur General

PI : Plan d'Investissement

PIB : Produit Intérieur Brut

PISA : Programme d'Investissement du Secteur Agricole

PNAR : Programme National d'Autosuffisance en Riz

PNDA : Programme National de Développement Agricole

PNIA : Programme National d'Investissement Agricole

PNIR : Programme National d'Infrastructures Rurales

PRACAS : Programme d'Accélération de la Cadence de l'Agriculture Sénégalaise

PREF : Programme de Redressement Economique et Financier

PSAOP : Programme des Services Agricoles et d'appui aux Organisations de Producteurs

PSE : Plan Sénégal Emergent

REVA : Retour Vers l'Agriculture

SAED : Société d'Aménagement et d'Exploitation des terres du Delta du fleuve Sénégal

SCA : Stratégie de Croissance Accélérée

SENCHIM : Sénégalaise de Chimie

SISMAR : Société Industrielle Sahélienne de Matériels agricoles et de représentations

SNDES : Stratégie Nationale de Développement Economique et Social

SODEFITEX : Société de Développement et des Fibres Textiles du Sénégal

SODEVA : Société de Développement et de Vulgarisation Agricole

SOMIVAC : Société de Mise en Valeur de la Casamance

12

SONACOS : Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal

SONAR : Société Nationale d'Approvisionnement du Monde Rural

SPIA : Société des Produits Industriels et Agricoles

SRP : Stratégie de Réduction de la Pauvreté

STN : Société des Terres Neuves

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

UE : Union Européenne

UM : Université de Montpellier

UNCAS : Union Nationale des Coopératives Agricoles du Sénégal

UNIS : Union Nationale des Interprofessionnels de Semences

13

Introduction

L'analyse de la situation et des perspectives sur la sécurité alimentaire en Afrique de l'Ouest montre un écart croissant entre les besoins de consommation et de nutrition et les disponibilités alimentaires au niveau global des pays, des ménages et des individus. La faiblesse des gains de productivité dans la production alimentaire et des capacités d'importation constituent les contraintes majeures à la réalisation de la sécurité alimentaire. Les aléas climatiques, le faible ratio capital-travail, combiné avec un faible niveau de capital humain, et les fortes fluctuations des prix constituent des obstacles importants à la croissance des productivités agricoles La réalisation de la sécurité alimentaire demeure un défi à relever en Afrique subsaharien notamment au Sénégal où une frange importante de la population est sous-alimentée.

Au Sénégal, le secteur agricole occupe une place déterminante au plan de l'économie nationale, de l'emploi, des revenus des ménages ruraux, de l'équilibre de la balance commerciale et de la sécurité alimentaire des populations. L'agriculture sénégalaise demeure encore un des secteurs les plus importants de l'activité économique du pays. Elle occupe près de 60%1 de la population active du pays et continue de rester le principal levier pour le développement des autres secteurs et contribue pour 16,7% 2 à la formation du produit intérieur brut et absorbe en moyenne environ 10% du programme d'investissements publics3. La croissance du secteur agricole devient ainsi le préalable à l'amélioration de la situation alimentaire.

La place de l'agriculture est considérable dans la réalisation de la sécurité alimentaire des ménages, compte tenu de l'importance de l'autoconsommation dans les stratégies des ménages agricoles et du rôle joué par les marchés de proximité des produits vivriers pour nourrir les populations urbaines. Cependant, le secteur agricole sénégalais reste toujours confronté à une crise profonde et persistante qui se traduit notamment par la stagnation de la production agricole globale, par la précarité de la situation alimentaire de nombreux ménages et par une forte prévalence de la pauvreté en milieu rural. Toutefois, le retour de l'agriculture comme secteur prioritaire dans les programmes des Etats et des bailleurs de fonds, l'avènement de la démocratie, les changements de politiques économiques, la mondialisation de l'économie, les nouvelles technologies de l'information et de la biotechnologie constituent des atouts pour la

1 Document de Stratégie pour la croissance et la Réduction de la Pauvreté II, 2006-2010 & DIAO, 2009.

2 ANSD, Agence Nationale de Statistique et de la Démographie, 2012.

3 Document de Stratégie pour la croissance et la Réduction de la Pauvreté II, 2006-2010

14

relance de la production agricole dans la sous-région en l'occurrence au Sénégal en vue d'amélioration de la sécurité alimentaire.

Le riz est une matière première agricole emblématique de la consommation alimentaire des pays pauvres notamment. Cette céréale est consommée à la fois par les pays producteurs, exportateurs et importateurs. Comme toute matière première agricole, le riz est soumis à des rendements quantitativement bornés et surtout aux aléas climatiques. Le chaos économico financier de 2008 nous invite à réfléchir sur le rôle des politiques publiques dans le maintien de la sécurité alimentaire des pays les plus pauvres. L'exemple du riz en Afrique subsaharienne notamment au Sénégal est intéressant à plusieurs titres : les comportements des économies locales sont multiples, certains pays ayant maintenu et développé une culture locale du riz tandis que d'autres ont joué la carte de l'importation.

Cette présente étude va donc permettre de réaliser l'état de la situation actuelle du secteur agricole sénégalais, d'analyser l'évolution des politiques et stratégies de développement agricole depuis l'indépendance à nos jours, de démontrer l'importance et la priorité accordée à la filière rizicole pour assurer la sécurité alimentaire et d'analyser la situation actuelle des programmes encours de soutien au secteur rizicole. Ainsi, nous allons à travers ce document procéder dans un premier temps à la présentation de l'étude, de la filière étudiée et de l'organisme d'accueil. Dans un deuxième temps, nous aborderons la place et priorité accordé à la filière riz ainsi que la nécessité de développer le secteur rizicole au Sénégal. Enfin, nous allons procéder à l'analyse l'importance et le rôle des politiques et stratégies de développement du secteur rizicole ainsi que leurs impacts sur la sécurité alimentaire.

15

PARTIE I : Présentation de l'étude

I. Contexte de l'étude

En Afrique de l'Ouest, le secteur agricole occupe une place déterminante au plan des économies nationales, de l'emploi, des revenus des ménages ruraux, de l'équilibre de la balance commerciale et de la sécurité alimentaire des populations et des Nations. La place de l'agriculture est considérable dans la réalisation de la sécurité alimentaire des ménages, compte tenu de l'importance de l'autoconsommation dans les stratégies des ménages agricoles et du rôle joué par les marchés de proximité des produits vivriers pour nourrir les populations.

La réalisation de la sécurité alimentaire durable en Afrique sub-saharienne notamment au Sénégal demande une croissance rapide du secteur agricole. L'analyse de la situation et des perspectives sur la sécurité alimentaire montre un écart croissant entre les besoins de consommation et de nutrition et les disponibilités alimentaires des ménages. La faiblesse des gains de productivité dans la production alimentaire et des capacités d'importation constituent les contraintes majeures à la réalisation de la sécurité alimentaire. La croissance du secteur agricole devient ainsi le préalable à l'amélioration de la situation alimentaire.

Cependant, les aléas climatiques, le faible ratio capital-travail, combiné avec un faible niveau de capital humain, et les fortes fluctuations des prix constituent des obstacles importants à la croissance des productivités agricoles. Le retour de l'agriculture comme secteur prioritaire dans les programmes de développement, l'avènement de la démocratie, les changements de politiques économiques, la mondialisation de l'économie, les nouvelles technologies de l'information et de la biotechnologie constituent des atouts pour la relance de la production agricole sénégalaise.

Le Sénégal, comme la plupart des autres pays subsahariens, fait face à une situation alimentaire relativement difficile. L'écart entre la production nationale et les besoins croissants de la population n'a pas cessé de se creuser au fil des années. Seule une stratégie d'augmentation rapide de la productivité agricole est à même d'enclencher un processus de croissance économique rapide mieux repartie nécessaire à la réalisation de la sécurité alimentaire et à la lutte contre la pauvreté. Ainsi, le Sénégal a pris l'option de faire de l'agriculture le principal levier de son développement économique et social compte tenu de son importance dans

16

l'atteinte de la sécurité alimentaire. Dans ce secteur agricole, le riz constitue une denrée stratégique majeure dans les options de politique macro-économique.

Le riz occupe une place de choix dans les habitudes alimentaires du pays à tel point que l'alimentation des ménages sénégalais est aujourd'hui dominée incontestablement par ce produit. Le Sénégal est loin de couvrir le tiers des besoins en riz qui sont estimés à 900.000 tonnes par an. La demande du marché national ne cesse d'augmenter. Ainsi, à l'horizon 2017, les besoins de consommations des ménages sont estimés à 1,6 millions de tonnes soit environ 1,08 millions de tonnes de riz blancs4. Le développement de l'agriculture, et notamment de l'agriculture irriguée en l'occurrence de la riziculture, devient alors une priorité constante des pouvoirs publics.

II. Problématiques

Base de l'alimentation et un des secteurs les plus importants de l'activité économique, l'agriculture occupe près de 60% de la population active du pays, contribue pour environ 16,7% à la formation du PIB et constitue la base des sources de revenu de la majorité des pauvres des zones rurales. Elle constitue un secteur de création de richesse et de réduction de l'insécurité alimentaire au Sénégal, en particulier pour les populations rurales. En effet, la population sénégalaise étant estimé à 12,874 millions d'habitants connaît un taux de croissance annuel de 2,5%. Elle serait de 15,7 millions en 2020 et 18,9 millions en 20305. Toutefois, le Sénégal devra faire face à l'augmentation de la pauvreté et l'insécurité alimentaire en développant le secteur agricole notamment la riziculture. L'agriculture dispose d'un important potentiel pour contribuer significativement à l'augmentation des revenus des ménages et à la réduction de l'insécurité alimentaire du pays.

Le développement du secteur rizicole doit permettre d'atteindre les objectifs de sécurité alimentaire, de lutte contre la pauvreté et de développement rural que s'est fixé le pays. La place de l'agriculture est considérable dans la réalisation de la sécurité alimentaire des ménages, compte tenu de l'importance de l'autoconsommation dans les stratégies des ménages agricoles et du rôle joué par les marchés de proximité des produits vivriers pour nourrir les populations urbaines. Dans une région où le seuil de pauvreté dépasse les 40% de la population, les conditions de marché et les efforts engagés durant la dernière décennie, ont pourtant permis de

4, DIOUF W. (Février 2015), Coordonnateur Programme national d'autosuffisance en riz (PNAR) & KANTE S. (Mars 2015), Directeur de la SAED, Ministère de l'Agriculture et de l'Equipement Rural 5 PSE, 2014 : Prévisions ONU

17

rétablir la compétitivité de la production locale, de productivité avec un rendements de 6 Tonnes/ha et de créer les conditions favorables à de nouveaux investissements dans l'agriculture irriguée6. Le développement de l'agriculture, et notamment de l'agriculture irriguée, est une priorité constante des pouvoirs publics et pourrait jouer un rôle majeur dans la lutte contre la pauvreté et à améliorer la sécurité alimentaire.

Cependant, l'agriculture notamment le secteur rizicole est confronté à de lourdes tendances telles que la baisse de la pluviométrie, la baisse de la productivité et des productions, la faiblesse des rendements, les marges maigres des prix aux producteurs, l'endettement croissant des populations rurales; des contraintes techniques que constituent la dégradation et l'appauvrissement des sols, la faible disponibilité de semences de qualité, la vétusté du matériel agricole, la régression du paquet technologique, le niveau faible d'encadrement ; et des contraintes financières et économiques par la faiblesse des revenus limitant la capacité d'épargne et d'investissement, les coûts élevés des facteurs de production limitant l'intensification agricole, l'endettement des producteurs...

Ces tendances et contraintes continuent de peser sur ses performances. Conjuguées à d'autres facteurs à savoir la mauvaise organisation des circuits de commercialisation, l'enclavement des zones de production, le manque d'infrastructures de stockage et de transformation, toutes ces faiblesses sont à l'origine du déséquilibre financier et de l'absence de compétitivité des filières dont la filière rizicole et expliquent, pour une large part, la très forte prévalence de la pauvreté en milieu rural. En outre, le pays reste dépendant des importations, pour satisfaire une demande en constante augmentation du riz. La part des quantités de riz importé représente 80% de la consommation nationale en riz alors que la production nationale n'en couvre que 30%.

Entre 1961 et 2012, les importations en riz ont grimpé de plus de 700%. D'où cette dépendance de l'extérieur de plus en plus accrue une denrée aussi stratégique, ce qui expose le Sénégal à une "précarité de l'offre et à la saignée des devises". Les importations de riz coûtent cher au Sénégal, se situant chaque année autour de 124 milliards de FCFA environ plus de 189 millions d'euros soit le cinquième environ du budget national qui est à l'ordre de 2.800 milliards FCFA, équivalent à plus de 4,2 milliards d'euros. De 130 milliards de francs CFA injectés dans l'importation de riz en 2005, on est passé à 179 milliards en 20097. Avec une moyenne de

6 AFD Agence Française de Développement (2011) http://www.afd.fr/jahia/Jahia/site/afd/lang/fr/pid/18901

7 DIOUF W. (Février 2015), Coordonnateur (PNAR), Ministère de l'Agriculture et de l'Equipement Rural

18

834.484 tonnes par an sur la période 2004 à 2013, les importations de riz se chiffrent en moyenne, à 165 milliards FCFA par an8. Les fortes potentialités hydro-agricoles de la vallée du fleuve Sénégal avec une superficie de 240.000 ha permettraient pourtant de couvrir environ 70% des besoins nationaux. Seulement 25% de la superficie soit 60.000 ha aménagées et mises en valeur, ne permette de couvrir qu'une part des besoins de consommation et contraint le Sénégal à dépendre majoritairement des importations de riz asiatiques.

Ces importations restent toujours maintenues à un niveau élevé durant cette décennie, malgré les efforts fournis pour développer de la production locale avec un fort incident sur la balance commerciale représentant ainsi 7% des importations totales et 33% des importations de biens alimentaires9. Cette dépendance alimentaire du Sénégal vis-à-vis des importations, est donc structurelle. La variation des prix internationaux du riz rend le Sénégal particulièrement vulnérable d'autant plus que la part du riz dans les consommations progresse d'année en année. La sécurité alimentaire dépend donc aujourd'hui d'une relance de la production nationale de céréales dont le riz est l'élément principal. Pour corriger cette situation, le gouvernement sénégalais avait mis en place des programmes de développement de la filière rizicole, visant à atteindre l'autosuffisance en riz, dont le PNAR qui vise une production de 1,6 million de tonnes de paddy, soit 1,080 million de tonnes de riz blanc à l'horizon 201710.

III. Objectifs

L'objectif général de cette étude est de réaliser une analyse technico-économique des dossiers de financements de la recherche ou du transfert de technologie en lutte biologique dans les pays de l'Afrique de l'Ouest, particulièrement au Sénégal. Il s'agit de façon plus spécifique : " d'étudier les différentes filières agricoles notamment la filière rizicole,

" de diagnostiquer le secteur agricole sénégalais

" d'étudier l'évolution et réaliser l'état des lieux des politiques de développement agricole. " d'analyser les politiques de développement du secteur agricole.

" de réaliser un état des lieux de la situation d'insécurité alimentaire.

" d'analyser les programmes d'appui au développement du secteur rizicole pour la sécurité alimentaire.

8 IPAR, Etat des lieux des impacts des importations de riz sur la commercialisation du riz local. Janvier 2015.

9 Agence Nationale de Statistique et de la Démographie : Note d'Analyse du Commerce Extérieur, 2006-2013

10 DIOUF W. (2015), Coordonnateur Programme National d'Autosuffisance en Riz (PNAR), Ministère de l'Agriculture et de l'Equipement Rural

ü

19

de participer à l'élaboration, la rédaction et la finalisation des documents de synthèse. IV. Méthodologie

Dans cette partie, sera décrit la méthode et les outils qui seront utilisés pour répondre à la question centrale de l'étude : Pourquoi les politiques de développement n'ont toujours pas parvenues à développer l'agriculture sénégalaise notamment le secteur rizicole pour l'atteinte de l'autosuffisance en riz, afin de contribuer à l'amélioration de sécurité alimentaire des populations ; et quels devenir pour les programmes d'appui au secteur rizicole.

4.1 Méthode et outils

La démarche méthodologique adoptée s'est articulée autour de la revue bibliographique, de l'identification et de la collecte des données disponibles au niveau de l'entreprise ou en dehors relatives au domaine de l'étude, des entretiens avec des responsables des structures partenaires et des personnes ressources évoluant et/ou travaillant dans le domaine des filières et du développement durable dans les zones rizicole, de l'analyse et le traitement des données et de la rédaction des documents. Cette démarche a conduit ainsi, à :

? quantifier la production et localiser les zones de production rizicole.

? analyser les systèmes de production et identifier les acteurs des filières

? identifier et caractériser les acteurs et/ou partenaires,

? décrire et quantifier les importations de riz,

? analyser l'impact des importations du riz sur l'économie nationale

? analyser la demande des consommateurs de riz sur le marché nationale

? de réaliser l'analyse SWOT du secteur agricole notamment rizicole

? de réaliser les situations actuelles et perspectives des programmes actuels de soutien au

développement du secteur rizicole.

4.1.1 Revue bibliographique

La revue bibliographique est faite au niveau des bibliothèques (IAMM, CIRAD, IRD, INRA, UM1, SUPAGRO), du centre de documentation de la société Biophytech, de l'Agence Nationale de Statistique et de la Démographie (ANSD), de la Direction de l'Analyse, de la Prévision et des Statistiques Agricoles (DAPSA), de l'Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), de la Société nationale d'Aménagement des Terres du Delta et de la Vallée du Fleuve Sénégal (SAED), à la douane sénégalaise et à travers l'internet. Elle aura pour

20

objectif de permettre une meilleure compréhension du sujet à partir d'analyses documentaires, mais également d'informations à partir de la collecte de données disponibles relatives au sujet: documents de projets, rapports d'études, bilans disponibles, comptes rendus de réunions, articles etc.

4.1.2 Entretiens préliminaires et réunions

Les premiers entretiens et réunions se sont déroulés à la société Biophytech et auprès de certaines personnes ressources PDG de l'entreprise ; Président AVSF, chercheur et ancien directeur scientifique du CIRAD, à l'Institut de Recherches et d'Applications des Méthodes de développement (IRAM) du Sénégal; des Partenaires de l'entreprise, etc..., des responsables des associations et des structures sénégalaises du secteur agricole notamment les structure d'appui au développement rizicole. Ces entretiens et réunions ont permis d'avoir un aperçu et une vision plus large du fonctionnement des différentes filières en l'occurrence de la filière rizicole, des programmes élaborés par l'Etat en vue de développer le secteur rizicole, d'identifier les différentes acteurs oeuvrant pour le développement de la filière, en vue de réaliser l'autosuffisance en riz à l'horizon 2017 pour contribuer à assurer la sécurité alimentaire.

4.1.3 Outils de collectes de données

Des guides d'entretiens spécifiques aux acteurs ont été élaborés durant les trois premières semaines du stage. Ils ont été soumis aux différents acteurs, lors des entretiens dans le but de collecter le maximum d'informations relatif aux besoins de la présente étude.

4.1.4 Analyse et Traitement des données, rédaction

L'ensemble du travail d'analyse et de traitement des données se fait surtout avec l'aide du logiciel tableur Excel. La rédaction du document et la présentation s'effectueront respectivement avec l'aide des logiciels Word et PowerPoint.

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PARTIE II : Présentation générale du riz

I. GENERALITES

Le riz est la céréale la plus cultivée et la plus importante dans le monde. Il entre dans l'alimentation humaine et constitue une nourriture de base pour la grande partie de la population. Pour plus de la moitié de la population mondiale, le riz ne fournit pas moins de 50 % des calories de l'alimentation. Le riz est une graminée, autogame, de grande taille, qui croît plus facilement sous les climats tropicaux. C'est une plante qui pousse dans des environnements forts divers, mais croîtra plus rapidement et plus vigoureusement en milieu chaud et humide. Les variétés cultivées dans la plupart des pays appartiennent au genre Oryza, comptant une vingtaine d'espèces dont deux seulement présentent un intérêt agricole pour l'homme : Oryza sativa, riz commun asiatique présent dans la plus part des pays rizicoles dans le monde et dont la quasi-totalité des variétés cultivées lui appartienne, grâce notamment à la grande plasticité de cette espèce et à ses caractéristiques gustatives ; Oryza glaberrima, espèce annuelle originaire d'Afrique occidentale, du Niger au Sénégal.

II. DESCRIPTION BOTANIQUE

1. Morphologie du riz

On distingue deux sous espèces : Oryza japonica dont les grains sont ronds et la paille courte ; et Oryza indica avec des grains longs et minces et une tige de grande taille.

Figure 1: Plant de riz 11

11 Source : CNUCED Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement, 2011 Http://Www.Unctad.Info/Fr/Infocomm/Produits-Agricoles/Riz/Description/

22

2. Description des organes 2.1 Les organes végétatifs

- La racine : au début de la germination, la première racine est la radicule. Pourvue tout d'abord d'un manchon de poils absorbants, elle se ramifie dès qu'elle atteint 2 à 3cm de longueur et constitue les racines primaires issues du grain. Ces racines ont une vie éphémère. C'est surtout dans les 15 premiers centimètres du sol qu'il y a plus de racine. Des racines secondaires apparaissent au cours de la croissance de la plante. Elles prennent naissance sur les premiers bourgeons (noeuds) de la base de la tige qui peuvent se développer sur des noeuds supérieurs de la tige et formant de véritables racines adventives. En tout, un pied de riz comprend plus de 2000 racines, dont chaque racine porte 10 à 30 radicelles et ces dernières portent elles-mêmes de très nombreux poils absorbants.

- La tige : la première ébauche de la tige au moment de la germination est la tigelle. Elle est entourée à sa sortie de l'embryon par un fourreau de couleur pâle, la coléoptile. La première feuille apparaît après la coléoptile d'une forme cylindrique. A maturité, la hauteur de la tige se mesure à partir du niveau du sol, c'est à dire du collet, à l'extrémité des panicules. La tige est divisée en entre-noeud, court à la base et plus grand vers le sommet. L'entre-noeud donne des tiges secondaires, puis tertiaires, etc. formant le tallage du riz. Une touffe de riz a de 3 à 60 tiges qui peuvent atteindre de 50 cm à 1,5m de long selon les variétés.

- Les talles : à la partie inférieure de la tige primaire, et à la base de chaque feuille, se trouve un bourgeon qui normalement donne naissance à une tige secondaire, ou talle. Les bourgeons de ce talle donnent naissance à des tiges tertiaires, quaternaires, etc. C'est l'ensemble de ces talles qui constitue, à partir d'un seul plant, la touffe de riz.

- La feuille : une tige de riz fournit au cours de sa croissance 10 à 20 feuilles dont 5 à 10 seulement vivent et les autres se dessèchent au fur et à mesure du développement de la plante. La dernière feuille avant la panicule s'appelle feuille paniculaire. Les principaux organes de la feuille sont : le limbe, la gaine dont la séparation est marquée par une ligule et une auricule. Les feuilles ont 8 à 15 mm de large et de 30 cm à 1m de long suivant les variétés.

2.2 Les organes de reproduction

- La panicule : elle a une longueur de 10 à 40 cm. La description et la reconnaissance d'une variété reposent principalement sur la morphologie de la panicule. Sa taille est limitée par

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le noeud de la feuille paniculaire à sa partie inférieure et par le dernier grain à la partie supérieure. Le pédoncule ou collet est la partie comprise entre le noeud paniculaire et la première ramification ; l'axe qui le prolonge et qui porte les ramifications s'appelle rachis. La limite entre le pédoncule et le rachis est marquée par le noeud paniculaire. Sur le rachis se trouvent les ramifications primaires ou racènes, se subdivisant en ramifications secondaires ou racémules. Les racémules supportent les épillets ou grains, eux-mêmes rattachés au racémules par un pédicelle.

- L'épillet : son nombre est variable et peut atteindre une centaine communément il est appelé grain et rattaché aux racémules par un pédicelle. La forme du pédicelle (droit ou oblique) détermine la plus ou moins grande facilité du grain de pouvoir se détacher de la panicule. Les variétés à pédicelle oblique et épais sont difficiles à battre. L'épillet porte deux glumes à la partie inférieure. Le grain lui-même est enveloppé par deux glumelles qui donnent la balle de riz au moment du décorticage. A l'extrémité supérieure de l'épillet, la réunion des deux glumelles forme le bec ou apex. La barbe ou aristation est le prolongement de la nervure centrale de la glumelle inférieure. Certaines variétés ont des épillets barbus. Elles sont appelées aristes et celles sans barbes sont dites mutiques. Les glumelles sont, suivant les variétés plus ou moins épaisses ce qui a pour effet d'agir sur la durée de la germination, le poids spécifique du paddy et son rendement à l'usinage (en moyenne 100 kg de paddy contiennent 20 kg de balles). L'épaisseur des glumelles joue également un rôle de protection contre la pénétration des insectes du grain (charançon).

- La fleur : chaque épillet possède une fleur. Elle est autogamie, c'est à dire présentant des organes mâles et femelles. Les organes mâles comprennent six étamines. Les organes femelles sont constitués par l'ovaire surmonté de deux stigmates plumeux. La période de fécondation s'appelle anthèse. Le développement de l'ovaire, après fécondation, donne naissance au grain comportant le caryopse avec ses téguments et l'embryon.

- Le grain ou paddy : c'est le fruit obtenu après la fécondation de l'ovaire. Le grain de riz est constitué par les enveloppes glumes et glumelles, les téguments, le caryopse ou albumen contenant de l'amidon et l'embryon. Le riz cargo est le grain débarrassé de ses enveloppes externes, après décorticage. Le riz blanchi est le grain débarrassé de ses téguments après blanchissage. Les téguments donnent le son et la farine. Sur la partie externe du caryopse, on trouve le tégument ou péricarpe. Ce tégument coloré en rouge donne les variétés dites "riz rouge ". Et cette couleur disparaît plus ou moins pendant l'opération de blanchissement.

3. 24

Principaux types de riz et catégories des grains

Il existe plusieurs types de riz dont les principaux sont constitués par le riz brun ou riz complet qui est un riz entier débarrassé de son enveloppe extérieure fibreuse et non comestible ; le riz décortiqué et poli appelé riz blanc ; le riz avec une couche de son rouge appelé riz rouge ; le riz noir. Sous le son se trouve un grain blanc. Il existe d'autres types de riz comme le riz arborio ; les riz aromatiques, parfumés naturellement sont beaucoup plus savoureux que les autres variétés de riz étant donné leur goût particulier. Le riz basmati est l'un des plus connus et les plus appréciés ; le riz à parfum de jasmin est aussi très estimé. Les catégories de grains peuvent être regroupées selon leurs dimensions : le riz à grain long supérieur à 6 mm, le riz à grain moyen entre 5 à 6 mm, le riz à grain court ou riz à grain rond de 4 à 5 mm.

4. Types de riziculture

La culture du riz, ou riziculture, est pratiquée dans un éventail très large de conditions climatiques et hydrologiques. Cette diversité des milieux s'accompagne d'une grande diversité des pratiques culturales et des variétés utilisées. On distingue deux grands écosystèmes rizicoles en fonction du régime hydrique : les rizières caractérisés par la présence temporaire d'une lame d'eau qui couvrent 88% des superficies rizicoles; et les écosystèmes non aquatique où le riz est cultivé, comme les autres céréales, sur des sols exondés et drainés et qui représentent 12% des superficies mondiales et 40% en Afrique. Ainsi, différentes types de cultures sont pratiquées : la riziculture inondée de bas-fond, la riziculture en terrain non-inondé, la riziculture irriguée et la riziculture en eau profonde. La culture du riz en terrain non-inondé est la plus ancienne ; mais elle ne produit pas les énormes rendements fournis par les rizières inondées, qui se sont imposées partout où le climat le permet.

5. Cycle de développement

D'un point de vue agronomique, on peut scinder le cycle végétatif du riz en trois phases : la phase végétative, la phase reproductive et la phase de maturation. La phase végétative s'étend de la germination à la fin du tallage, période de croissance où le riz a la possibilité d'émettre des tiges secondaires et tertiaires donnant naissance à autant de panicules. La phase reproductive comporte l'initiation paniculaire, la montée des panicules dans les gaines appelée montaison, l'émergence des panicules appelée épiaison, la floraison et la fécondation.

Le cycle végétatif des variétés actuelles oscille entre 90 et 120 jours en fonction de la variété, de la température et de la sensibilité à la longueur du jour. Selon la durée du cycle végétatif, on

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a généralement les variétés de riz précoce ou de cycle court 90 à 120 jours, de riz de cycle moyen 120 à 150 jours.

6. Ravageurs et maladies du riz 6.1 Les ravageurs

Les ravageurs du riz sont très nombreux, en particulier les insectes. On estime ainsi à une centaine le nombre d'espèces d'insectes qui attaquent le riz, dont une vingtaine causant des pertes économiques significatives. En Asie, les pertes de récoltes occasionnées par les différents types de ravageurs (virus, bactéries, champignons, insectes, et deux groupes d'adventices). Ainsi, les mauvaises herbes causent 10 à 20 % de pertes de récoltes, divers champignons pathogènes 5 à 10 %, certains insectes 0,1 à 5 %, des bactéries 0,1 à 1 %, et une maladie virale moins de 0,1 %12. En effet, il existe de nombreux insectes nuisibles ou ravageurs qui peuvent endommager gravement ou détruire une culture de riz ou une récolte. Ce sont principalement les nématodes, les acariens, des insectes tels que les coléoptères, les orthoptères, les hémiptères, les lépidoptères, les diptères, les thysanoptères.

La plupart de ces insectes ravageurs ne sont nuisibles pour la culture de riz que durant un stade précis de leur développement. Cependant, tous les insectes ne sont pas tous des ravageurs pour la culture du riz. Certains peuvent réduire ou contrôler la population de ravageurs. Il s'agit des insectes auxiliaires regroupant principalement les insectes entomophages parasites et les insectes entomophages prédateurs. D'autres provoquent des dégâts à presque tous les stades de la culture du riz, en dévorant les grains après semis, en déracinant les jeunes plantes à la germination, en suçant les grains au stade laiteux et en les dévorant à la maturité. Les dégâts peuvent être très importants, atteignant la quasi-totalité de la récolte en l'absence de mesure de protection. Parmi ces ravageurs, nous pouvons citer les oiseaux granivores, les rongeurs.

6.2 Les maladies

La plupart des maladies du riz sont d'ordre bactériennes, fongiques, virales, des maladies diverses et désordres physiologiques. Les principales catégories de pathogènes qui sont à l'origine des maladies sont les champignons, les bactéries, les virus et les nématodes. Ces pathogènes se propagent en général à l'intérieur ou sur les semences et plants infectés ou encore sont disséminés par le vent, l'eau, par le biais d'animaux ou de l'homme. Au Sénégal, les

12 IRD, Mars 2000 : « Mesurer Les Nuisances Des Ravageurs Du Riz En Asie Tropicale Pour Etablir Des Priorités De Lutte ».

principales maladies du riz sont la pyriculariose, le flétrissement des gaines, l'helminthosporiose, la rhynchosporiose et la pourriture des gaines13. Certains microorganismes ne sont cependant pas des nuisibles mais sont des auxiliaires reconnus ; c'est le cas de la bactérie Bacillus thuringiensis qui attaque des populations d'insectes ravageurs. En dehors des maladies parasitaires causées par les organismes vivants, le riz peut être affecté par des dysfonctionnements physiologiques dus à des carences ou toxicités d'éléments nutritifs.

26

13 Diarra, 1992

27

PARTIE III : Présentation de la structure d'accueil

I. Généralités

Localisée dans le Parc Scientifique Agropolis à Montferrier-sur-Lez, l'entreprise Biophytech a été créée par M. Olivier Besnard, Docteur ès sciences. Depuis 20 ans, les laboratoires Biophytech développent des solutions innovantes de biocontrôle et biofertilisation, par des produits issus de procédés biotechnologiques (fermentations, extractions, etc...). Ce sont notamment des micro-organismes bénéfiques, tels que le champignon Trichoderma sp. et de biomolécules qui sont découvertes, caractérisées chimiquement, formulées et expérimentées agronomiquement. Trichoderma est un champignon filamenteux cosmopolite très abondant dans les sols, les humus et sur les débris végétaux en décomposition. Le genre Trichoderma regroupe un ensemble de champignons imparfaits saprophytes qui se retrouvent couramment dans le sol, sur le bois mort, les débris végétaux et les organes aériens des plants.

Bien qu'il soit considéré comme un contaminant universel, Trichoderma peut être utilisé en lutte biologique contre des champignons phytopathogènes tels que Botrytis cinerea ou Sclerotinia sclerotiorum... Trichoderma a la capacité d'attaquer les agents pathogènes via différents modes d'action : l'antibiose, la compétition, le parasitisme... Les colonies de Trichoderma ont une croissance très rapide et envahissent facilement les milieux de culture. L'enrichissement des composts avec le Trichoderma et son utilisation comme amendement organique permet d'améliorer la qualité du sol et de stimuler le développement et la défense naturelle des plantes.

II. Domaines d'expertises ou de compétences

Basée sur les derniers concepts de la recherche agronomique, Biophytech spécialisée dans les services de de recherche et développement dans le domaine de la protection des végétaux, valorise des brevets avec l'INRA-Supagro, le CIRAD et l'IRD, qui emploie 4 collaborateurs pour un CA de 300 K€ en ventes produits.... Les brevets et publications sont une preuve du potentiel d'innovation élevé de la société. Biophytech réalise des travaux scientifiques et de tests en conditions réelles d'inventer une gamme de produits basée sur des plantes et extraits végétaux et destinés à la protection des cultures. Elle sélectionne, produit par fermentations et vulgarise l'emploi de micro-organismes fongiques afin de fertiliser et protéger les plantes.

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Ainsi, elle vise à contribuer à une agriculture durable en rendant ses produits disponibles pour les agriculteurs et les producteurs de fruits et légumes.

Son investissement dans la recherche et le développement lui ont permis d'asseoir sa maitrise dans le domaine des microorganismes d'intérêt agronomiques et des métabolites de protection des plantes. Dans l'objectif d'apporter son expertise dans la protection des cultures, et plus particulièrement sur les microorganismes bénéfiques, tels que le champignon Trichoderma sp. dont de nombreuses études ont mis en avant le rôle d'agent de biocontrôle, Biophytech s'investit à la recherche et le développement dans le domaine des microorganismes d'intérêt agronomiques et des métabolites de protection des plantes à travers l'amélioration de la qualité des composts par adjonction de micro-organismes du genre Trichoderma.

III. Partenaires en Afrique de l'Ouest

Dans le but de promouvoir des alternatives aux produits phytosanitaires chimiques par la lutte biologique et de vulgarise l'emploi de micro-organismes fongiques afin de fertiliser et protéger les plantes par l'adoption de pratiques agro-écologiques dans le souci du respect de l'environnement, Biophytech a été amené à développer des partenariats avec les pays de l'Afrique de l'Ouest. C'est ainsi qu'elle a commencé à opérer des processus de transfert de technologie dans trois pays : le Burkina-Faso, le Sénégal et la Côte d'Ivoire.

Au Burkina, un GIE dénommé BIOPROTECT- B a été créé entre Biophytech et l'ONG ARFA à Fada N'Gourma, pour faciliter le transfert de technologies par la mise en commun de moyens des deux sociétés fondatrices. Il développe de nouvelles formules de pesticides, de fertilisation des sols et de protection biologique des cultures et participe également à la formation de maraîchers locaux à la protection des récoltes avec des solutions préservant les sols. Un consortium a été créé avec d'autres acteurs de la filière : deux ONG en France AVSF & MICROFEL, deux centres publics de recherche agronomiques INERA & IRD, deux unions de producteurs Burkinabés «Neerbuli » & « Maasom ».

Au Sénégal, le laboratoire mixte international « IESOL » associe l'ISRA et l'IRD. C'est une plateforme scientifique et technique, et de formation en science du sol pour une augmentation de la production agricole et la préservation de l'environnement en Afrique de l'Ouest. Les recherches menées ont pour objectif finalisé de contribuer au développement d'une ingénierie écologique dans la gestion des sols cultivés.

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Chapitre IV : Place et état des lieux du secteur rizicole au Sénégal

I. Importance de la filière rizicole au Sénégal

La filière rizicole occupe une place de choix dans l'économie sénégalaise et la consommation alimentaire des ménages urbains et ruraux. Depuis l'indépendance en 1960, la consommation de riz au Sénégal a augmenté de près de 1000% en quatre décennies et se situe actuellement à environ à près d'un million de Tonnes. L'accroissement démographique et l'urbanisation croissante avec le changement de comportements alimentaires ont augmenté les besoins de consommation en riz qui atteignent aujourd'hui 74 kg par personne par année et supplante désormais les céréales sèches qui constituaient la base de l'alimentation en milieu rural.

Le riz occupe une place de choix dans les habitudes alimentaires du pays à tel point que l'alimentation des ménages sénégalais est aujourd'hui dominée incontestablement par ce produit : 80 kg contre 90 kg pour toutes les autres céréales confondues à savoir le mil, le sorgho, le maïs, le blé et le fonio. Le Sénégal est loin de couvrir le tiers des besoins en riz qui sont estimés à 900.000 tonnes par an. Pour obtenir une tonne de riz blanc, il faut une production de 1,48 tonne de riz paddy. La demande du marché national ne cesse d'augmenter. Ainsi, à l'horizon 2017, les besoins de consommations des ménages sont estimés à 1,6 millions de tonnes soit environ 1,08 millions de tonnes de riz blancs14.

II. La production rizicole nationale 1. Productions en quantités

La production nationale de riz s'est nettement améliorée durant ces dernières années, passant de 190500 tonnes de paddy en 2006 à près de 630.000 tonnes en 2014, soit 380.000 tonnes de riz blanc environ. Beaucoup de facteurs dont l'augmentation des superficies emblavées, l'intensification des cultures, l'amélioration de la productivité sont à l'origine de cette progression.

14, DIOUF W. (Février 2015), Coordonnateur Programme national d'autosuffisance en riz (PNAR) & KANTE S. (Mars 2015), Directeur de la SAED, Ministère de l'Agriculture et de l'Equipement Rural

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Tableau 1 : Production, Superficies, Rendements, Demande intérieure de 2004 à 2015

Années

Superficies (ha)

Rendements (Kg/ha)

Productions
Paddy (T)

Equivalent
riz blanc (T)

Demande
(T)

Taux de
couverture

2004/05

81 486

2 476

201 744

133 151

782 219

17%

2005/06

97 779

2 854

279 080

184 193

832 974

22%

2006/07

85 037

2 240

190 493

125 725

896 123

14%

2007/08

80 312

2 408

193 379

127 630

921 538

14%

2008/09

125 329

3 257

408 219

269 425

970 972

28%

2009/10

139 388

3 602

502 104

331 398

1 010 215

33%

2010/11

147 208

4 103

604 043

398 668

1 063 302

37%

2011/12

109 177

3 717

405 824

267 844

1 105 543

24%

2012/13

117 729

3 989

469 649

309 968

1 161 839

27%

2013/14

108

4 018

436 153

287 861

1 215 784

24%

2014/15

 
 

630 000

 
 
 

En 2013, elle avait atteint 436.153 tonnes de paddy contre une production annuelle moyenne de 483.555 tonnes sur une période de cinq dernières années, de 2009 à 2013. En outre, la production locale, obtenue essentiellement à partir du riz irrigué dans le nord et le sud du pays, s'est accrue de 28 % en 2014 et est en constante hausse15.

700 000 600 000 500 000 400 000 300 000 200 000 100 000

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2004/05

2005/06

2006/07

2007/08

2008/09

2009/10

2010/11

2011/12

2012/13

2013/14

2014/15

Figure 2 : Production en tonnes de riz au Sénégal depuis 2004 16

15 DIOUF W. (Février 2015), Coordonnateur Programme National d'Autosuffisance en Riz (PNAR), Ministère de l'Agriculture et de l'Equipement Rural.

16 Source : DAPSA 2014 et calculs de l'auteur

31

2. Zones et systèmes de production

Au Sénégal, la caractéristique principale de la riziculture est qu'elle repose essentiellement sur de petites exploitations familiales avec une superficie moyenne par exploitant entre 1 et 2 hectares. Elle est pratiquée dans les zones du Nord et Sud. En fonction des zones, les systèmes de production diffèrent et sont largement dominés par de petits producteurs de type familial. Toutes fois, l'essentiel de la production rizicole est réalisée dans la Vallée du Fleuve Sénégal.

Figure 3 : Carte de la Vallée du Fleuve Sénégal

Ainsi, on distingue deux systèmes de production majeurs : la riziculture irriguée et la riziculture pluviale.

La riziculture irriguée : elle est pratiquée dans la vallée du fleuve Sénégal où d'importants investissements ont été réalisés depuis quatre décennies, et dans le bassin de l'Anambé. Les surfaces mises en valeur tournent autour de 95.000 hectares sur des potentialités de 240.000 hectares et dans le Bassin de l'Anambé avec 4.180 ha aménagés sur un potentiel de 12.000 ha. Les superficies aménagées représentent moins de 3 % du potentiel irrigable. Dans ce potentiel aménagé seulement 55 000 ha dans la vallée et 4 000 ha dans l'Anambé sont exploités en moyenne annuellement. Les rendements moyens sont les plus élevés du pays avec 5,5 t dans la vallée et 4,5 t/ha dans l'Anambé17.

17 PNAR, 2011.

32

L'essentiel de la production est assuré par les producteurs du nord, dans la vallée du fleuve Sénégal. Ainsi, 71% de la production de riz paddy de la vallée est assuré par le Delta du fleuve où l'essentiel de la production est destinée à la commercialisation, qui à lui seul représente 62% des terres de culture irriguée. Dans la moyenne et haute vallée, la production est surtout destinée à l'autoconsommation ; pareillement dans la vallée de l'Anambé où elle demeure marginale.

La riziculture pluviale : dépendante de la pluie, localisée dans bas-fond ou de plateau au Sud, dans une bien moindre mesure dans la région Centre, et généralement pratiquée de manière traditionnelle à petite échelle le long des vallées inondables, elle constitue une activité d'autosuffisance. Kolda, Sédhiou et Ziguinchor constituent les trois régions du Sud. Ainsi, Kolda dispose d'un potentiel de 50000 hectares de terres rizicultivables en pluvial dont 16000 ha réparties dans différentes vallées ; Sédhiou avec 56.000 ha de terres rizicultivables en culture pluviale dont 36 000 ha dans différentes vallées, et 20.000 ha sur le plateau. Ziguinchor, regorge un potentiel rizicole est de 116.000 ha.

3. Organisation, structuration et acteurs de la filière

La forme d'organisation et le degré de structuration de la filière riz dépendent de la zone agro-écologique et du système de production. Néanmoins, on peut distinguer sept activités qui peuvent être considérées comme les maillons de la chaîne de valeur riz au Sénégal : la recherche agricole et agroalimentaire, les fournisseurs (intrants, matériels agricoles et services), le financement, la production de paddy, la collecte du paddy, la transformation et enfin la commercialisation du riz blanc. Ainsi, on distingue les acteurs directs constitués par les producteurs, les commerçants, les Transformateurs et les acteurs indirects. Ces derniers regroupent les structures de recherche et vulgarisation, les décideurs politiques, les institutions de financement, les fournisseurs d'intrants, les prestataires de services, les consommateurs.

4. Circuits de commercialisation du riz

Au Sénégal, le commerce du riz local ne concerne que le riz issu de la production en système irrigué, autrement dit produit dans la vallée et du bassin de l'Anambe. La production en zone pluviale est principalement destinée à l'autoconsommation.

PRODUCTEURS

COMMERCANTS « BANA-BANA »

 
 

Riz blanc
Riz étuvé
Riz Paddy

 
 

COMMERCANTS
« BANA-BANA »

ORGANISME / RIZIERS

DETAILLANTS

CONSOMMATEURS

GROSSISTES &
DEMI-GROSSISTES

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Figure 4 : Schéma du circuit de commercialisation du riz local

III. Evolution de la demande en riz et dépendance aux importations 1. Evolution de la demande en riz

Le Sénégal étant un des plus gros consommateurs de riz en Afrique de l'Ouest, le pays reste dépendant des importations, pour satisfaire une demande en constante augmentation de cette denrée. La production nationale n'en couvre que 30%. Si la consommation apparente en riz au Sénégal était de 400 000 tonnes en 1995, elle est passée à 800 000 tonnes en 2007, avec 106 milliards de F CFA pour les importations nettes18. Ces dernières participent pour 16% au déficit

18 Dr. SARR Fallou, CTA (2013) : Analyse du système de connaissances Post - Récolte au Sénégal: Cas Du Riz

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de la balance commerciale et ce phénomène a tendance à s'amplifier dans le temps car la production nationale progresse moins vite que la consommation qu'elle ne couvrait qu'à hauteur de 20% seulement.

1 400 000 1 200 000 1 000 000 800 000 600 000 400 000 200 000

0

 
 

40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0%

 
 
 

2004/05 2005/06 2006/07 2007/08

Production Paddy (T)

Demande (T)

Taux de couverture

2008/09 2009/10 2010/11 2011/12 2012/13 2013/14

Figure 5 : Evolution de la production par rapport à la demande, de 2004 à 201419

2. Dépendance aux importations

De 1961 à 2012, les importations en riz ont grimpé de plus de 700%. D'où cette dépendance de l'extérieur de plus en plus accrue une denrée aussi stratégique, ce qui expose le Sénégal à une "précarité de l'offre et à la saignée des devises". Les importations de riz coûtent cher au Sénégal, se situant chaque année autour de 124 milliards de FCFA environ plus de 189 millions d'euros soit le cinquième environ du budget national qui est à l'ordre de 2.800 milliards FCFA, équivalent à plus de 4,2 milliards d'euros, selon des statistiques officielles.

De 130 milliards de francs CFA injectés dans l'importation de riz en 2005, on est passé à 179 milliards en 2009. Avec une moyenne de 834.484 tonnes par an sur la période 2004 à 2013, les importations de riz se chiffrent en moyenne, à 165 milliards FCFA par an.

19 Direction de l'Analyse, de la Prévision et des Statistiques Agricoles (2014) et calculs de l'auteur.

1 200 000 1 000 000 800 000 600 000 400 000 200 000

0

 
 

250 000 200 000 150 000 100 000 50 000 0

 
 
 

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Volume importations (tonnes) Valeur importations (millions FCFA)

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Figure 6 : Importations de riz en quantités (Tonnes) et en valeurs (FCFA), de 2002 à 2013 20

Ces importations restent toujours maintenues à un niveau élevé durant cette décennie, malgré les efforts fournis pour développer de la production locale avec un fort incident sur la balance commerciale représentant ainsi 7% des importations totales et 33% des importations de biens alimentaires21. Cette dépendance alimentaire du Sénégal vis-à-vis des importations, est donc structurelle.

La variation des prix internationaux du riz rend le Sénégal particulièrement vulnérable d'autant plus que la part du riz dans les consommations progresse d'année en année. La sécurité alimentaire dépend donc aujourd'hui d'une relance de la production nationale de céréales dont le riz est l'élément principal. Pour corriger cette situation, le gouvernement a mis en place le PNAR, visant à atteindre l'autosuffisance en riz à l'horizon 2017, à travers la production de 1,6 million de tonnes de paddy, soit 1,080 million de tonnes de riz blanc22.

IV. Analyse SWOT de développement du secteur

L'analyse SWOT du secteur rizicole a permis d'identifier les atouts dont disposent le secteur que ce soit l'existence de grandes surfaces de terres exploitables, d'un capital humain et institutionnel compètent, des acteurs diversifies et complémentaires, d'un système de crédit agricole, l'augmentation de la demande en riz locale sur le marché ; les faiblesses en termes

20 Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie. Note d'Analyse du Commerce Extérieur 2006-2013

21 Agence Nationale de Statistique et de la Démographie : Note d'Analyse du Commerce Extérieur, 2006-2013

22 DIOUF W. (2015), Coordonnateur Programme National d'Autosuffisance en Riz (PNAR), Ministère de l'Agriculture et de l'Equipement Rural

d'encadrement des producteurs, d'appui à la recherche et de la vulgarisation, du niveau faible d'utilisation d'intrants agricole, d'équipements et matériels de production jugés le plus souvent obsolètes, d'investissements, d'absence de politiques commercialises ; les opportunités qui s'offrent au secteur en terme de prix incitatif, un environnement international favorable, une forte demande en riz local, de volonté et de l'abnégation des partenaires, des initiatives d'appui ; les menaces qui pèsent notamment sur la commercialisation, l'absence de politique pour améliorer la qualité du riz local, surtout la concurrence du riz importe.

? Contexte et environnement international favorable

? Disponibilité et engagement des partenaires

? Existence de nombreuses initiatives d'appui à la filière

? Augmentation de la demande en riz local

? prix incitatif du riz local.

? Enormes potentialités en surfaces de terres exploitables

? Un capital humain et institutionnel compètent

? Existence d'un tissu d'acteurs, des partenaires diversifiés et fortement mobilisés

? Préférence croissante des consommateurs du riz local

? Existence d'un système de crédit agricole pour l'irrigue

OPPORTUNITES

FORCES

? Absence de politique

d'amélioration de la qualité des produits notamment celle du riz local.

? Concurrence du riz importé

? Niveau d'interactions faible entre les différents acteurs.

? Niveau d'encadrement faible

? Appui insuffisant au secteur de la recherche et de la vulgarisation

? Vétusté, obsolescence des matériels et niveau faible des techniques d'utilisation des intrants

? Faiblesse des investissements du secteur agricole, notamment rizicole

? Absence de stratégies marketing et/ou de politique commercialisation

? faible capacité de stockage

FAIBLESSES

MENACES

36

37

Chapitre V : Politiques, stratégies de développement agricole et
sécurité alimentaire

I. Contexte et enjeux

Généralement en Afrique subsaharienne, l'insécurité alimentaire résulte de la conjonction de facteurs multiples et cumulatifs. Elle résulte d'un ensemble de dysfonctionnements stratégiques et de politiques inappropriées particulièrement au niveau du secteur agricole. Parmi les facteurs contribuant à l'insécurité alimentaire, les fortes fluctuations de la production agricole semblent les plus déterminantes, non-seulement à travers ses effets sur l'offre mais aussi sur les revenus réels des pauvres ruraux et urbains. En effet, contribuant pour près de 90%23 à la couverture des besoins alimentaires, et constituant la principale source du produit intérieur brut, les performances du secteur agricole déterminent à la fois la disponibilité et l'accès aux denrées alimentaires pour la grande majorité de la population des pays subsahariens. Par conséquent, l'instabilité du secteur agricole se traduit par de fortes fluctuations des prix des produits alimentaires, des revenus, des balances de paiement, et des budgets des Etats.

A long terme, l'instabilité du secteur réduit les investissements et innovations technologiques dans l'agriculture et le reste de l'économie. Le faible niveau d'investissement et d'innovations technologiques perpétue la faiblesse de la productivité des terres et du travail et se traduit par une pauvreté de la majeure partie de la population. C'est ce contexte de faible productivité et de pauvreté structurelle qui conduit à la permanence de l'insécurité alimentaire en Afrique. En effet, le rendement moyen des céréales en Afrique demeure toujours faible. Il était stagnait pendant la période de 1991 à 1998 environ à 1,2 tonne par hectare. D'ici 2020, même en supposant avec optimisme que les rendements nationaux moyens en céréales augmentent jusque 1,8 tonne par hectare, l'Afrique devra importer entre 25% et 32% de ses besoins en céréales afin de rester au niveau alimentaire actuel24.

Pour atteindre ce niveau d'approvisionnement alimentaire, des efforts importants doivent être réalisés pour la transformation des systèmes de production vers des systèmes plus productifs. De plus, les contraintes actuelles, sociales, économiques et politiques, doivent être levées. Des changements de politiques seront nécessaires non seulement pour obtenir de plus forts

23 DEMBELE NN, (2001) Projet PASIDMA: Sécurité alimentaire en Afrique Sub-saharienne: Quelle Stratégie de Réalisation?

24 FAO (2003) : Gestion de la fertilité des sols pour la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne.

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rendements mais également pour encourager les investissements dans des secteurs de l'agriculture, particulièrement au secteur rizicole sénégalais qui regorgent beaucoup de potentialités en termes de disponibilité de terres et d'eau du Fleuve Sénégal sur toute l'année.

Si une bonne combinaison de politiques de stockage, d'importations, d'aides alimentaires et de filets de protection sociale permet de stabiliser les disponibilités et les prix intérieurs, et de faire face à l'insécurité alimentaire transitoire, seule la croissance de la productivité du secteur agricole et la mobilisation de ces gains de productivité pour le développement économique permettra d'atteindre la sécurité alimentaire structurelle à moyen et long terme.

Ceci implique la stabilisation et la transformation du secteur agricole par des investissements publics adéquats pour favoriser la capitalisation agraire, le développement des marchés et des échanges, la création des ensembles régionaux et leur ouverture au marché mondial, et la nécessité de l'ouverture des marchés des pays de l'OCDE aux produits agricoles africains pour élargir les débouchés et réduire les fortes fluctuations des prix nationaux. Ce processus de transformation de l'agriculture doit être soutenu par le développement des ressources humaines.

II. La sécurité alimentaire

La sécurité alimentaire se définit comme l'accès permanent de tous aux denrées alimentaires nécessaires pour mener une vie saine et active. La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. La réalisation de la sécurité alimentaire reste un défi majeur à relever en Afrique sub-saharienne dont au Sénégal où la population ne cesse d'augmenter à vive allure d'année en année. Cette augmentation de la population a des conséquences importantes notamment une insécurité alimentaire.

1. Recours à l'Agriculture pour assurer la sécurité alimentaire

La réalisation de la sécurité alimentaire durable en Afrique sub-saharienne demande une croissance rapide du secteur agricole. L'analyse de la situation et des perspectives sur la sécurité alimentaire montre un écart croissant entre les besoins de consommation et de nutrition et les disponibilités alimentaires des ménages. Au Sénégal, la faiblesse des gains de productivité dans la production alimentaire et des capacités d'importation constituent les contraintes majeures à la réalisation de la sécurité alimentaire. La croissance du secteur agricole devient ainsi le préalable à l'amélioration de la situation alimentaire.

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Cependant, les aléas climatiques, le faible ratio capital-travail, combiné avec un faible niveau de capital humain, et les fortes fluctuations des prix constituent des obstacles importants à la croissance des productivités agricoles. Le retour de l'agriculture comme secteur prioritaire dans les programmes de développement, l'avènement de la démocratie, les changements de politiques économiques, la mondialisation de l'économie, les nouvelles technologies de l'information et de la biotechnologie constituent des atouts pour la relance de la production agricole sénégalaise. Ainsi, seule une stratégie d'augmentation rapide de la productivité agricole est à même d'enclencher un processus de croissance économique rapide mieux repartie nécessaire à la réalisation de la sécurité alimentaire.

2. Contraintes à la réalisation de la sécurité alimentaire 2.1 Contraintes naturelles

Les aléas climatiques constituent un facteur important de la trop grande variation des productions agricoles. Les 2/3 du continent sont sujets au risque de sécheresse dû à l'instabilité des pluies et leur mauvaise répartition dans l'espace et dans le temps. Or l'eau constitue l'une des principales ressources agricoles et sa disponibilité détermine la réponse des cultures aux intrants et autres innovations technologiques. Les changements climatiques risquent de faire de la disponibilité de l'eau un facteur plus contraignant dans les années à venir. En dehors des aléas climatiques, la dégradation des terres et la perte de fertilité constituent des facteurs limitants de la productivité agricole.

2.2 Contraintes socio-économiques

La littérature sur le développement agricole au Sénégal regorge d'une multitude de contraintes socio-économiques à l'augmentation de la production et de la productivité. Cependant, l'ensemble de ces contraintes se ramène à la faiblesse de capitalisation de l'agriculture en termes de moyens de production et ressources humaines, à des faiblesses institutionnelles, la manque de d'infrastructure rurale et à la faiblesse des marchés et des échanges.

2.3 Contraintes politiques

Malgré la globalisation, la réalisation de la sécurité alimentaire relève de la responsabilité des Etats. Seuls les Etats sont capables de créer la stabilité politique et l'environnement économique favorable au développement agricole par le choix de politiques appropriées et des investissements qui peuvent induire des investissements privés et des collectivités locales

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décentralisées. La sécurité physique et politique, qui sont les conditions nécessaires pour un développement agricole, sont toujours rares, avec des impacts négatif sur les pays voisins.

3. Opportunités qui s'offrent à nous

Malgré la longue liste des contraintes à la croissance du secteur agricole, la redécouverte de l'agriculture par le gouvernement et leurs partenaires, l'avènement de la démocratie, les changements de politiques économiques, la mondialisation de l'économie et les nouvelles technologies de l'information et la biotechnologie constituent des atouts pour la relance de la production agricole sénégalaise.

3.1 Le Retour à l'agriculture

Après au moins deux décennies de manque d'attention sérieuse sur le secteur agricole par les états et leurs partenaires, l'importance de l'agriculture comme moteur de développement est de plus en plus reconnu dans les déclarations officielles et dans les dotations budgétaires. Le défi actuel est de trouver des politiques capables de traduire cette nouvelle volonté vis-à-vis de l'agriculture en un développement durable et participatif.

3.2 Démocratie

Beaucoup de pays de la région ont adopté la démocratie comme modèle d'organisation politique. Ce cadre politique permet aux organisations professionnelles du secteur privé de mieux formuler et de communiquer leurs demandes aux décideurs politiques. La décentralisation issue de la dynamique de démocratisation, promet un meilleur équilibrage des investissements entre le monde rural et les centres urbains. Désormais, le financement local et l'obligation de résultats pour les élus locaux, exigeront de plus en plus que ces derniers prennent en compte les besoins des populations rurales dans le choix des priorités d'investissements et la transparence dans la gestion des programmes locaux. L'état central devra désormais se concentrer sur la formulation des orientations générales, les grands investissements, et le maintien d'un cadre politique, juridique et macro-économique favorable à la mobilisation des initiatives privées et des énergies locales.

3.3 Réformes économiques

En réponse à la crise de l'endettement des années 80-90, la presque totalité des états ouest-africains ont engagé des réformes macro-économiques et sectorielles depuis 30 années. Au plan macro-économique, les réformes ont porté essentiellement sur la réduction des déficits budgétaires par des mesures de stabilisation, la libéralisation de l'activité économique par le

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retrait des états des activités de production, de commercialisation et de contrôle des prix, l'ouverture des économies aux échanges extérieurs, et l'adoption de taux de change moins surévalués. Les réformes fiscales, tarifaires et non-tarifaires qui ont accompagné ces mesures de libéralisation, ont permis au marché de jouer un plus grand rôle dans l'allocation des ressources dans l'économie sénégalaise.

Les réformes sectorielles relatives au secteur agricole portaient sur la libéralisation des marchés agricoles des produits et des intrants, la suppression des subventions à la consommation et à la production, et le retrait des états de la commercialisation des produits agricoles et la distribution des intrants et du crédit agricole. Les reformes sectorielles ont aussi concerné la suppression des prix garantis au producteur, la réduction des protections tarifaires et non-tarifaires et la libéralisation des échanges agricoles. L'ensemble des réformes ci-dessus ont permis de restaurer la compétitivité de certaines filières agricoles et de créer des incitations de prix favorables à l'augmentation de la production.

3.4 Mondialisation et échanges régionaux

Le contexte mondial actuel se caractérise par une forte intégration des économies nationales aux plans des échanges et des marchés des capitaux à l'échelle régionale et mondiale. Les nouvelles technologies de l'information, la diffusion rapide des technologies, la révolution de transport, et les politiques volontaristes de libéralisation des échanges à l'échelle mondiale, sont à l'origine du rythme accéléré de l'intégration des économies nationales. La mondialisation offre à l'Afrique sub-sahariennes de nouvelles possibilités de diversification des exportations. Si l'intégration des économies offre des opportunités de diversification des exportations agricoles, elle expose aussi les agricultures de la sous-région à une forte compétition.

3.5 Nouvelles technologies de l'information et la biotechnologie

Les nouvelles technologies de l'information et de la biotechnologie offrent des opportunités réelles dans les domaines de l'information, de la formation et de l'amélioration génétique des cultures. L'internet et les téléphones cellulaires permettent aujourd'hui l'accès instantané aux informations commerciales et leur diffusion auprès des producteurs et des opérateurs économiques. La formation et la vulgarisation à distance offrent d'autres possibilités d'utilisation des nouvelles technologies de l'information. L'accès à la documentation scientifique et commerciale à travers l'internet constitue un autre domaine d'application de ces technologies pour l'éducation, la recherche et le transfert de technologie. Quant à la biotechnologie, la transposition des gênes peut permettre d'accroître la résistance des cultures

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aux insectes, aux maladies, et au stress climatique qui risquent de devenir plus sévères avec les changements climatiques. La biotechnologie offre aussi les possibilités de produire en fonction des demandes spécifiques de chaque segment du marché en caractérisant les produits.

4. Mise en place d'indicateurs d'évaluations performants

La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. Même si la notion d'accès est désormais mise en avant, on considère classiquement que la sécurité alimentaire comporte quatre dimensions ou "piliers" : la disponibilité, l'accès, la stabilité, l'utilisation.

L'accès traduit la capacité de produire sa propre alimentation et donc de disposer des moyens nécessaires, ou capacité d'acheter sa nourriture et donc de disposer d'un pouvoir d'achat suffisant pour le faire. La disponibilité en quantités suffisantes d'aliments qu'ils proviennent de la production intérieure, de stocks, d'importations ou d'aides et en qualité des aliments et des régimes alimentaires des points de vue nutritionnel, sanitaire, mais aussi sociaux-culturels. La stabilité traduisant les capacités d'accès et donc des prix et du pouvoir d'achat, des disponibilités et de la qualité des aliments et des régimes alimentaires ; ainsi que l'utilisation des aliments. Différents indicateurs peuvent être mis en place en fonction des quatre piliers de la sécurité alimentaire :

y' Disponibilité : production, calories/jr/pers, quantité, produit sur place ou importé.

y' Accès : au marché (physique), au portemonnaie (financier) et social (droit à l'alimentation). y' Stabilité : accès constant pour tous en tout temps.

y' Utilisation: soins, eau, pratiques alimentaires.

5. Difficultés dans le suivi de la sécurité alimentaire continuent d'entraver la mise en place de politiques efficaces

Le suivi de la sécurité alimentaire et notamment celui de la pauvreté continue de constituer une barrière à la mise en place de politiques efficaces, surtout à cause de la disponibilité limitée des données. Dans de nombreux pays notamment au Sénégal, la disponibilité, la fréquence et la qualité des données pour mesurer la pauvreté restent d'un faible niveau, surtout dans les petits États et les pays et territoires se trouvant dans une situation fragile. Des obstacles institutionnels, politiques et financiers entravent la collecte, l'analyse et l'accès public aux données. Il est

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urgent d'améliorer les programmes d'enquêtes sur les ménages pour mesurer la sécurité alimentaire, ainsi que la pauvreté.

6. Enjeux du développement rural pour la sécurité alimentaire au Sénégal

La réalisation de la sécurité alimentaire durable en Afrique sub-saharienne demande une croissance rapide du secteur agricole. L'analyse de la situation et des perspectives sur la sécurité alimentaire montre un écart croissant entre les besoins de consommation et de nutrition et les disponibilités alimentaires des ménages. Au Sénégal, la faiblesse des gains de productivité dans la production alimentaire et des capacités d'importation constituent les contraintes majeures à la réalisation de la sécurité alimentaire. La croissance du secteur agricole devient ainsi le préalable à l'amélioration de la situation alimentaire.

Cependant, les aléas climatiques, le faible ratio capital-travail, combiné avec un faible niveau de capital humain, et les fortes fluctuations des prix constituent des obstacles importants à la croissance des productivités agricoles. Le retour de l'agriculture comme secteur prioritaire dans les programmes de développement, l'avènement de la démocratie, les changements de politiques économiques, la mondialisation de l'économie, les nouvelles technologies de l'information et de la biotechnologie constituent des atouts pour la relance de la production agricole sénégalaise. Ainsi, seule une stratégie d'augmentation rapide de la productivité agricole est à même d'enclencher un processus de croissance économique rapide mieux repartie nécessaire à la réalisation de la sécurité alimentaire.

IV. Analyse de l'évolution des politiques de développement agricole au Sénégal depuis l'indépendance à nos jours

1. Politiques Agricole (P.A), 1958

Dès 1954, le Sénégal avait mise en place une politique agricole favorable au développement des populations rurales. Les principales caractéristiques de cette politique agricole étaient par des subventions légères, de très bon encadrement, d'importants investissements FIDES (Fond d'investissement pour le Développement Economique et Social), un prix intéressant pour l'arachide. Cette politique avait permis une rapide augmentation de la production arachidière commercialisée. Celle-ci passe de 450.000 tonnes en 1948 à 750.000 tonnes en 195825. La

25 HAVARD M. ISRA (1986) Institut Sénégalaise de Recherches Agricoles, Document de Travail 1986-1

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recherche, pendant cette période, a amélioré ses connaissances sur le milieu et a mis au point un certain nombre de techniques agronomiques dont l'assolement, des variétés plus résistants, adaptées et productives, l'utilisation de fumure minérale, densités de plantation, etc...

A partir de 1958, une politique agricole encore plus favorable dont l'arachide constituait le point d'ancrage est élaborée. Il s'agit du Programme Agricole (PA), dont l'objectif principal était l'accroissement de la production arachidière par l'intensification. En outre, il devait permettre aux coopératives d'avoir accès non seulement aux crédits pour l'achat d'intrants à savoir des engrais, des semences, des matériels agricoles mais aussi aux subventions pour certains matériels de culture attelée et quelques formules d'engrais.

En effet, le PA a été le principal levier de financement de l'agriculture sénégalaise. Il était financé par le budget de l'Etat à travers des fonds versés dans les banques nationales, assurait l'approvisionnement à crédit des paysans en intrants agricoles et devait donc favoriser l'application des techniques agronomiques d'intensification élaborées par la recherche. Ce politique agricole a réellement fonctionné de 1958 à 1980.

2. Etatisation à outrance création de l'ONCAD (1966), Création de la SONACOS (1975) et de la SONAGRAINE (1981-1988)

Pendant longtemps, l'Etat a été actif en amont et en aval de la filière arachidière. A travers le programme agricole de 1958, il fournissait le crédit aux paysans pour l'achat des intrants agricoles. Tout le système de gestion était géré par des structures étatiques dont l'Office Nationale de Coopération et d'Assistance pour le Développement (ONCAD). Créée en 1966, elle était chargée de l'approvisionnement des producteurs en intrants subventionnés et à crédit, de l'encadrement et de l'assistance aux coopératives de producteurs et disposait de l'exclusivité de la commercialisation des grands produits agricoles. A l'image des organismes qui l'avaient précédé, la mission de l'office était centrée sur le secteur arachidier. Elle couvrait en particulier l'encadrement des coopératives, l'approvisionnement du monde rural en facteurs de production et la commercialisation des produits agricoles bruts. De 1964 à 1984, le système est bâti autour de la Banque Nationale de Développement du Sénégal (BNDS) qui finance les sociétés publiques telles que l'ONCAD et les sociétés régionales de développement.

Cependant, la transformation de l'arachide restait aux mains d'industries privées. L'importance stratégique de l'arachide pour l'économie du pays en faisait une affaire de souveraineté nationale. La mainmise du secteur privé étranger sur les huileries et sur la vente des produits arachidiers était perçue autrement par le gouvernement animé par un processus de

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nationalisation. C'est ainsi fut créée la Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal (SONACOS) en 1975 dont l'objectif était la prise en charge de la vente à l'exportation des huiles et tourteaux. Ainsi, sous les obligations de la puissance publique, les industriels étaient contraints de céder leur production à la SONACOS. En 1981, cette dernière procède au rachat des trois établissements industriels de Dakar, Kaolack, et Ziguinchor, puis en 1988 de celui de Diourbel. Voulant contrôler la filière d'amont en aval, elle créa une filiale, la SONAGRAINE qui assurait non seulement la collecte et le transport des arachides mais aussi la distribution des intrants agricoles.

En dépit des contraintes du système, les paysans arrivaient à accéder aux intrants, aux matériels agricoles à travers des crédits. Des formations étaient assurées et l'encadrement était présent. Cependant, les objectifs visés par les autorités publiques étaient loin d'être atteints. Ainsi, malgré les politiques productivistes menées partout sur le territoire national et les investissements très importants réalisés grâce aux aides extérieures et aux financements de l'Etat, les années 1970 se terminent par une grave crise de l'agriculture sénégalaise et des problèmes de gouvernance notoires. L'ONCAD est le symbole du mauvais fonctionnement du système. Des dysfonctionnements récurrents sont notés dans le management de l'institution, principale structure d'encadrement : des dépenses exagérées, une gestion gabegique avec des charges de fonctionnement représentant 87,2 % du chiffre d'affaires, un personnel pléthorique avec 4500 employés là où un effectif de 1609 personnes aurait suffi, un déficit budgétaire de 72 milliards dont plus de 90 % sont relatifs aux agios bancaires26. Le 23 août 1980, le gouvernement décide de dissoudre l'ONCAD. (Mbow, 2009).

3. Nouvelle Politique Agricole (NPA, 1984)

En 1979, le Sénégal s'était engagé dans une Politique d'Ajustement Structurel (PAS). La période est caractérisée par une augmentation du cours des intrants agricoles importés cumulée à une baisse des cours des matières premières agricoles, aux effets des sécheresses des années 1969-1973 et du choc pétrolier de 1972. En réalité, les PAS ont commencé en 1978, avec le Plan de Stabilisation dont l'objectif majeur était d'arrêter l'hémorragie que connaissait l'économie sénégalaise, puis le Programme de Redressement Economique et Financier (PREF) de 1979 signé avec le Fonds Monétaire International (FMI) qui entraîne la suppression du PA.

26 DIAGNE D. (2011) : Etude sur le financement de l'agriculture au Sénégal, de 1980 à 2010 : Plaidoyer pour une plus grande allocation budgétaire, Rapport Final.

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L'adoption de la Nouvelle Politique Agricole (NPA) en 1984 s'inscrit dans une volonté de rupture avec les politiques antérieures. La NPA était bâtie autour de principes directeurs de l'économie de marché. A cet effet, elle consacre le retrait de l'État du secteur agricole. L'approvisionnement en intrants subventionnés des exploitations agricoles fut supprimé, l'utilisation des engrais en chute brutale à l'exception des producteurs de coton et de riz qui bénéficiaient encore des approvisionnements en intrants de la Société de Développement des Fibres Textiles (SODEFITEX) et de la Société d'Aménagement et d'Exploitation du Delta (SAED). Avec le redimensionnement du capital semencier en arachide, les paysans doivent garder leurs semences ou les acheter au comptant.

Entre 1980 à 1985, par l'intermédiaire de la Société Nationale d'Approvisionnement du Monde Rural (SONAR), l'Etat s'était contenté de rendre disponibles les intrants pour les achats au comptant et avait massivement désinvesti dans l'agriculture pluviale, en particulier dans le bassin arachidier. Accompagné par les discours sur les aménagements hydroagricoles du Delta du Fleuve Sénégal et sur l'autosuffisance alimentaire grâce à la riziculture, l'idée de développer l'agriculture irriguée s'impose. Dans le Delta du Fleuve Sénégal où tout le potentiel irrigable n'est pas mis en valeur, la riziculture irriguée constitue la principale composante des systèmes de production. Les producteurs ont de plus en plus recours au crédit agricole pour financer les frais de production, l'achat d'équipements et la réalisation d'aménagements hydro-agricoles.

Depuis 1987, ces opérations sont assurées par la Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS) qui a remplacé la Banque nationale de développement du Sénégal (BNDS). En quatre ans, les sommes injectées sous forme de prêts ont considérablement augmenté, contribuant fortement au développement économique régional. Mais durant les années 90/91, des taux de remboursement plus faibles compromettent la viabilité de ce système de crédit. La Nouvelle Politique Agricole a confirmé le désengagement de l'Etat de l'économie agricole. C'est avant tout un processus de libéralisation et de privatisation qui se traduit par un démantèlement du système d'encadrement du monde rural. Certaines sociétés de développement comme la Société de Mise en Valeur de la Casamance (SOMIVAC) et la Société des Terres Neuves (STN) sont dissoutes. Celles qui sont maintenues, comme la Société de Développement et de Vulgarisation Agricole (SODEVA) et la SAED sont restructurées et voient leurs missions, leurs ressources financières et leur personnel fortement revus à la baisse.

4.

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Lettres et Déclarations de Politique de Développement Agricole (LDPDA, 1994), et Programme d'Ajustement du Secteur Agricole (PASA, 1995)

La NPA de 1984 a été une accélération du désengagement de l'Etat du secteur agricole se traduisant par un démantèlement du système d'encadrement monde rural. La dévaluation du franc CFA intervenue en 1994 a été la mesure la plus radicale d'ajustement structurel se traduisant par une augmentation brutale des prix des intrants agricoles et une baisse des prix d'achat des productions agricoles, et donc par un effondrement de la productivité. En 1995, le Programme d'Ajustement Structurel du secteur Agricole (PASA), éprouvé par la Banque Mondiale est mise en oeuvre via la Lettre de Politique du Développement Agricole (LPDA).

Cette dernière, succédant la NPA vient ainsi accentuée le degré de désengagement de l'Etat de toutes les activités économique. Le Programme d'Investissement du Secteur Agricole (PISA, 1995) supposé regrouper les programmes de développement retenus pour relancer la production agricole n'a jamais été approuvé par les bailleurs de fonds. Le gouvernement du Sénégal a fini par opter pour l'élaboration et l'approbation des lettres de politiques sectorielles qui servent, en principe de cadres d'orientation stratégique. C'est ainsi que différentes lettres de politiques sectorielles concernent le monde rural servent de référence aux programmes négociés avec les bailleurs de fonds.

5. Programme de Relance Agricole 1997, Accord Etat-CNIA, 1997-2001

Pour diverses raisons d'ordres économiques, sociales et politiques, l'État Sénégalais reste toujours attaché à la culture de l'arachide. En 1997, le gouvernement a élaboré avec la participation des organisations agricoles un programme agricole visant à relancer la production. C'est dans un environnement néo libéral que l'Etat et les bailleurs de fonds ont tenté de relancer la production agricole. La libéralisation de la filière amorcée à partir des programmes d'ajustement structurel a eu comme conséquence une modification de l'organisation de la filière avec le retrait progressif de l'État, la dissolution de la SONAGRAINE en 2001 et la privatisation totale de la SONACOS en 2005.

Un accord-cadre fut signé en 1997 entre l'Etat et le Comité National Interprofessionnel de l'Arachide (CNIA) pour se désengager des opérations semencières, de collecte, de transport et de commercialisation afin de rendre la filière plus compétitive. Le CNIA cesse d'être le maître d'oeuvre des actions à réaliser et devient maître d'ouvrage en veillant à la cohérence des interventions sur la filière. En effet, créé en 1992, il regroupait des services publics et des opérateurs privés. Après deux ans de fonctionnement, les uns et les autres avaient opté pour une

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« privatisation » de la structure pour accroître son efficacité. Il a fallu trois ans pour qu'un accord cadre soit signé entre l'Etat, la SONAC0S et le Projet d'appui du CNIA (1997). Des conventions ou des protocoles ont été signés entre le CNIA et les structures de recherche, comme l'ISRA et le CIRAD et la Division des Semences (DISEM).

Le CNIA était constitué de 11 membres : la SONACOS, la SONAGRAINE, la SENCHIM, la SPIA), l'UNCAS, l'UNIS, la SISMAR, la FNOPS, la SONAGRO, l'APCR. Il avait pour principal objectif la relance de l'arachide au Sénégal. Plus spécifiquement, il visait à sauvegarder les intérêts mutuels, le recours à des procédures décisionnelles équilibrées qui prennent en compte les différents centres d'intérêts et les initiatives porteuses de changements positifs dans l'évolution de la filière ; la détermination et la fixation du prix plancher en se référant aux informations relatives à l'évolution des indicateurs de la filière et des cours mondiaux ; l'animation des négociations internes à l'interprofession ; la consolidation de la dotation du compte de soutien pour éviter un effondrement brutal des cours ; l'amélioration de la productivité ; la sécurisation des producteurs par le renforcement de leur position dans la filière ; le respect des statuts, règlements et engagements souscrits.

Le CNIA a bénéficié de l'expertise des agents du projet d'appui dans l'organisation, la détermination et la vulgarisation des indicateurs financiers et économiques de la filière, dans l'analyse de l'évolution des cours mondiaux de l'arachide et des produits concurrents tels que le soja et le colza. Le diagnostic organisationnel du CNIA réalisé en 200427 a relevé des problèmes de fonctionnement liés notamment à sa faible autonomie financière et politique, à des questions sur la représentativité de tous les acteurs28, à des insuffisances de structuration interne et de bonne gouvernance. Le Programme de Relance Agricole avait permis de réduire les dettes paysannes par des moratoires et des réductions partielles, de bonifier les taux d'intérêt du crédit agricole et de soutenir les prix modérément des principaux produits agricoles dont le riz.

C'est ainsi que les demandes de financements de programmes destinés à relancer la production agricole, auprès des partenaires au développement ont été approuvées.

v Le Programme des Services Agricoles et d'appui aux Organisations de Producteurs (PSAOP, 1999) : est une composante importante du PISA qui comprend également d'autres projets : le Programme National d'Infrastructures Rurales (PNIR) également soutenu par la BM, le Programme Sécurité Alimentaire (FAO), etc. Son objectif principale

27 Union Européenne (UE), 2004

28 Les organisations de producteurs ne sont pas toutes représentées à travers l'UNCAS

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est de mettre en place un nouveau système libéral et décentralisé d'appui au monde rural basé sur le conseil agricole et donnant un rôle central aux producteurs et à leurs organisations ;

v Le Programme National d'Infrastructures Rurales (PNIR, 2000) : destiné à appuyer les communautés rurales dans la création d'infrastructures rurales et la fourniture des services publics de proximité aux ruraux, il était organisé en 4 composantes que sont : l'appui au développement rural décentralisé, le Fonds d'Investissement local (FIL), le programme de pistes rurales et la coordination, suivi et évaluation du projet. Son objectif global était de promouvoir le développement rural décentralisé et de renforcer la gouvernance locale

D'autres programmes ont concerné également le secteur rural : Développement de l'agriculture irriguée avec le financement des programmes de la SAED, appui de l'UE à la filière arachide, appuis aux collectivités locales qui accompagnent l'approfondissement de la décentralisation administrative décidé en 1996 avec la régionalisation.

6. Elaboration d'une Lettre de Politique de Développement de la Filière Arachide (LPDFA, 2003)

En dépit des réformes initiées déjà dans le cadre du PASA mis en place en 1995, l'application stricte de l'Accord-cadre Etat-CNIA de 1997 et malgré tous les changements importants dans le fonctionnement de la filière arachide, cette dernière était toujours confrontée à des contraintes majeures d'instabilité de l'environnement économique et financier et des difficultés organisationnelles des acteurs de la filière. L'arachide, du fait du grand nombre d'acteurs sociaux qu'elles impliquent, occupe une place prépondérante du volet « Agriculture » dans le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) qui vise à atteindre un taux de croissance du PIB de 7% à 8% par an29, pour la période 2003-2005 et à réduire la pauvreté d'au moins 15% sur la même période.

Les objectifs poursuivis dans l'axe création de richesse portant sur une croissance économique forte, sur l'amélioration des revenus en milieu rural et sur une croissance génératrice d'emplois ; la filière arachide pourrait jouer un rôle important dans l'atteinte de ces objectifs. Conscient qu'il fallait créer d'amont en aval un environnement économique, juridique et institutionnel permettant à la filière arachide de contribuer à la dimension de son potentiel, et à travers un rôle

29 Ministère de l'Agriculture et de l'Hydraulique : « Lettre de politique de développement de la filière arachide », Avril 2003

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accru de l'initiative privée, à la réalisation des objectifs de base de la PA, l'Etat à travers le comité de coordination de la réforme de la filière arachide avait élaboré en 2003 une Lettre de Politique de Développement de la Filière Arachide (LPDFA). L'adoption de la LPDFA dans laquelle l'Etat indique son option de parachever la libéralisation de la filière, avec comme conséquence, l'appauvrissement de petits exploitants au profit de grands exploitants causé par la libéralisation du secteur. Ces réformes conduisirent finalement à la privatisation de la SONACOS et l'adoption en mai 2004, de la Loi d'Orientation Agro-Sylvo-Pastorale (LOASP) qui constituera le cadre de développement du secteur agricole pour les 20 prochaines années.

7. La Loi d'Orientation Agro-Sylvo-Pastorale (LOASP, 2004)

Le Sénégal s'est doté au printemps 200430d'une Loi d'Orientation Agro-Sylvo-Pastorale (LOASP) définissant sur 20 prochaines années, le cadre de développement de l'agriculture et dont l'objectif est d'asseoir le développement rural sur la modernisation des exploitation agricoles familiales, tout en promouvant l'entreprenariat agricole. Les organisations professionnelles agricoles, et notamment le Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR) ont vu leur demande acceptée et leur souhait réalisé par l'adoption de cette loi conférant ainsi un statut juridique aux métiers de l'agriculture et des organisations professionnelles. La présente loi est articulée autour de cinq (05) titres et structurée ainsi :

- Le Titre I intitulé « Dispositions générales » contient deux chapitres relatifs aux objectifs, priorités et axes de la politique de développement agro-sylvo-pastoral ;

- le Titre II s'intitule « Métiers, organisations et exploitations agricoles », et regroupe trois chapitres traitant de la reconnaissance formelle des métiers de l'agriculture et des organisations professionnelles agricoles, de la protection sociale des personnes exerçant les métiers de l'agriculture et du statut juridique des exploitations agricoles ;

- le Titre III s'intéresse aux « Stratégies de développement agro-sylvo-pastoral » et contient huit chapitres relatifs à la réforme foncière, à la diversification, aux filières et à la régulation des marchés, à la sylviculture et aux aménagements forestiers, à la politique de développement de l'élevage, à la maîtrise de l'eau, au développement des infrastructures et des services publics en milieu rural, à la promotion de l'équité sociale et à la protection contre les calamités naturelles et les risques liés aux activités agricoles;

- Au Titre IV des « Mesures d'accompagnement », la loi traite de l'information agricole, de l'éducation et de la formation aux métiers de l'agriculture, du renforcement des capacités

30 Vote à l'Assemblée Nationale le 25 mai 2004, promulgation le 04 juin 2004.

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des organisations professionnelles agricoles, des organisations de la société civile et des services de l'Etat, de la recherche et du conseil agro-sylvo-pastoral et du financement du développement agro-sylvo-pastoral.

- Au titre V des « Dispositions diverses et finales », la présente loi consacre la création du Conseil Supérieur d'Orientation Agro-Sylvo-Pastorale et annonce la tenue annuelle d'une Conférence, regroupant l'ensemble des acteurs du monde rural, présidée par le Chef de l'Etat31.

Les contre-performances du secteur agricole enregistrées à partir de l'avènement de l'alternance obligeant les pouvoirs politiques à définir une nouvelle approche soutenue avec une vision plus globale des questions agricoles, repositionnant l'agriculture au centre de la stratégie d'une croissance forte et durable. La LOASP se devait donc de donner une orientation stratégique globale à l'agriculture sénégalaise sur un horizon de deux décennies, fondée sur le renforcement des exploitations familiales. Ainsi, elle constituait la base d'élaboration de programmes opérationnels à moyen terme, tel que le Programme National de Développement Agricole (PNDA). Dès lors, elle avait remplacé l'ensemble des politiques agricoles sectorielles au Sénégal, et était supposée rendue opérationnelle par le volet agricole du DSRP devenu par la suite le DPES, puis la SNDES. Malheureusement, les décrets d'application ont tardé à se concrétiser.

Les programmes dits « programmes spéciaux » qui avaient comme objectif global de promouvoir le développement des filières vivrières et l'évolution vers des systèmes de production durables en vue d'améliorer les revenus afin d'assurer la sécurité alimentaire, contribuant ainsi à la lutte contre la pauvreté, étaient élaborés sans implication des acteurs et par conséquent n'ont pas donné les résultats escomptés, malgré les importantes ressources engagées. La LOASP dans son article 24 stipule : « L'Etat, en concertation avec les organisations professionnelles agricoles définit et met en oeuvre un Plan national de diversification des productions agricoles ». Or, la démarche dans le lancement de ces différents programmes et leurs stratégies de mise en oeuvre montre que, leur élaboration ne part pas généralement de l'identification des problèmes réels des producteurs en termes de diversification de leurs systèmes de production. Le choix des cultures à promouvoir ne tient pas nécessairement compte des priorités et objectifs de production des acteurs des filières ciblées.

31 Loi d'Orientation Agro-Sylvo-Pastorale. Exposé des motifs

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D'où la nécessité d'impliqué les producteurs dans l'identification des filières à appuyer dans le cadre du développement d'un programme. Il convient de souligner que, même si les résultats enregistrés par les différents programmes demeurent insuffisants par rapport aux moyens mobilisés, il ont permis de relancer ces filières en terme de disponibilité de facteurs de production tels que semences, engrais..., d'organisation des acteurs et de structuration.

8. Le Plan Retour Vers l'Agriculture (Plan REVA, 2006), La Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l'Abondance (GOANA, 2007)

Né d'une initiative du chef de l'État sénégalais, le « Plan REVA s'inscrit dans le cadre du développement durable et consiste à créer une dynamique nationale de retour massif, durable et soutenu des populations, toutes catégories confondues, vers la terre afin de faire des métiers de l'agriculture le soubassement de l'économie nationale et de l'agriculture le moteur du développement du pays32. Mis en oeuvre en 2006, ce plan devait permettre de résoudre le problème du chômage et positionner le pays sur la rampe du développement agricole, s'articulant ainsi autour de la création de Pôles d'Emergence agricoles intégrés et la promotion de l'initiative privée dans le secteur agro-industriel au sens large. Instrument de mise en oeuvre du DSRP et de la SCA, il devait permettre l'augmentation significativement de la production agricole notamment horticole et de répondre aux objectifs de SCA et de lutte contre la pauvreté

En 2006, le Sénégal était marqué par un l'émergence d'un nouveau phénomène : l'émigration. Le développement de l'émigration clandestine qui ne cesse de prendre de l'ampleur avec les conséquences qui en découlent et que tout le monde connait, combiné avec le chômage qui continue de s'accentuer, la faiblesse des revenus des paysans et la persistance de l'insécurité alimentaire et de la pauvreté, obligent l'Etat à prendre d'importantes mesures pour faire face à ce fléaux et remédier à cette situation. Le gouvernement sénégalais toujours dans sa volonté politique de faire du secteur agricole, le moteur du développement économique et social de notre pays a initié le Plan REVA « Retour Vers l'Agriculture ».

En 2008, il créa une Agence Nationale de gestion et de mise en oeuvre du Plan REVA (ANREVA) chargée d'assurer l'encadrement, l'accompagnement et l'effectivité du Plan ; et met en place les aménagements structurants sur chaque site, la terre, les moyens logistiques nécessaires, les intrants agricoles ainsi qu'un fonds de roulement ; les charges liées aux différentes prestations de service et le crédit accordé au bénéficiaire devront être remboursés à

32 Ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique Rurale et de la Sécurité Alimentaire, 2006.

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la fin de chaque campagne. Les objectifs du Plan étaient donc de lutter contre l'émigration et l'exode rural en créant les conditions durables de retour volontaire à la terre, d'améliorer la productivité, développer les filières agricoles en créant les conditions de valorisation de la production, d'augmenter les revenus de ruraux, d'appuyer et développer les initiatives privées agro industrielles...

Le plan REVA visait alors à lutter contre le phénomène de l'immigration et la pauvreté, à participer à l''amélioration de la sécurité alimentaire et assurer la souveraineté alimentaire. L'Espagne, pays le plus touché de ce phénomène, constitue le principal bailleur du Plan avait décidé d'apporter un financement de 13 milliards de FCFA pour la création de fermes agricoles ; le Maroc 650 millions FCFA pour la réalisation d'une ferme de 20 hectares. Seuls 10.000.000 d'Euros, l'équivalent de 6,5 milliards de FCFA auraient été versés dans les caisses de l'Etat, soit la moitié des 13 milliards promis. Mais les questions à savoir où était passée l'autre moitié restante ?, l'intégralité du montant a-t-elle été versé ? demeure toujours en suspense.

Le modèle d'agriculture basé sur une dépendance forte aux activités agricoles pluviales et un faible niveau d'investissement a atteint ses limites33, la crise alimentaire de 2008 ayant montré toutes les insuffisances de ces politiques à assurer notre sécurité alimentaire. C'est dans cette circonstance que la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l'Abondance (GOANA) a été lancée avec comme axe phare le PNAR, et dont l'objectif principal était de booster le secteur agricole par l'augmentation de la production agricole des principales cultures consommées par les populations dont la culture du riz afin assurer la sécurité alimentaire, de réduire la dépendance nationale aux importations et ainsi de garantir la souveraineté alimentaire. D'un montant de 400 milliards de ressources engagées lors de sa mise en oeuvre, la Grande Offensive avait permis en 2009 à porter la production à un record de 350 000 tonnes de riz blanc.

Certes, est de constater que malgré quelques résultats intéressants enregistrés au vue d'importantes ressources engagées, la GOANA avait malheureusement été souvent impacté négativement en étant affectée par des conflits entre différents acteurs comme l'absence de cohésion et d'adhésion des producteurs et des organisations de producteurs. Le Plan REVA, de même que la GOANA n'ont pas permis d'inverser les tendances lourdes de dépendance du pays aux importations et la faible insertion des jeunes dans l'agriculture. Les importations ne cessent d'augmenter et continuent à accentuer la dépendance du pays vis-à-vis de l'extérieur, même si

33 IPAR - Sénégal (2014) Initiative Prospective Agricole et Rurale - Résumé Phase 2.

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à coté on assiste à une timide augmentation de la production nationale. Cette situation est favorisée par un déficit de soutien et une faible protection de la production nationale. Le phénomène d'immigration se développant de jour en jour, prenne de l'ampleur et constitue aujourd'hui la principale préoccupation des pays de l'UE, avec récemment la signature d'un nouvel accord sur les migrants, le 20 Aout 2015 entre la France et la Grande-Bretagne visant à une plus grande coopération entre la France et la Grande-Bretagne.

9. SCA, 2008

Depuis l'indépendance, le Sénégal a mis en oeuvres plusieurs programmes d'ajustement qui ne lui ont pas permis d'assurer une stabilisation durable de l'économie et d'avoir une croissance soutenue. Le taux de croissance annuel moyen du PIB avoisinait les 5%. La dévaluation du franc CFA a enclenché un processus de développement stratégique de la compétitivité, de partenariat opérationnel avec le secteur privé dans la conception et l'élaboration et la mise en oeuvre des nouvelles politiques de développement économiques. A partir des années 2000, l'amélioration de la qualité du cadre macroéconomique depuis la dévaluation de 1994 a porté ses fruits, permettant ainsi d'atteindre des taux de croissance de 5% à 6%34.

Toutefois, malgré les performances enregistrées à travers l'amélioration et du renforcement de la compétitivité prix issues de la dévaluation grâce notamment à la maîtrise de l'inflation, les problèmes de compétitivité hors pris ou structurelle persistent. L'accès des marches extérieurs restait toujours difficile, car contraint par le niveau relativement élevé des coûts des facteurs de production, l'accès difficile au foncier aménagé et au financement ainsi que la mauvaise connaissance des marchés extérieurs.

Face aux défis de la mondialisation et devant mettre l'accent, conformément aux objectifs du millénaire, sur une politique de réduction de la pauvreté d'ici 2015, il était nécessaire d'accompagner cette dynamique de croissance afin d'atteindre un taux minimal compris entre 7 et 8% et qui permettrait, sur une longue période de réduire durablement la pauvreté. Ainsi, pour accompagner cette dynamique de croissance dans un tel contexte de mondialisation, l'Etat du Sénégal avec l'accord et l'implication de l'ensemble des acteurs au développement, avait formulé la SCA basée sur une série de grappes prioritaires à fort potentiel en termes de croissance, de création de valeur ajoutée, de compétitivité internationale, d'exportation, de création de nouveaux emplois.

34 Ministère de l'Économie et des Finances : Rapport annuel des performances de la SCA, 2013.

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L'objectif principal de la SCA est de doter le Sénégal d'un appareil de production restructuré, bénéficiant d'un cadre macroéconomique stable et sain, à même de s'adapter aux mutations nées de la mondialisation, restant sur un sentier de croissance forte, génératrice d'emplois, et réductrice des inégalités parce que bâtie sur l'exploitation du plein potentiel des individus, des communautés de base et des régions35. Les objectifs essentiels concouraient à accélérer la croissance économique de la manière la plus efficace par l'amélioration qualitative de sa structure et à diversifier les sources pour la sécuriser et la pérenniser. Sa mise en oeuvre, par implication de l'ensemble des différents acteurs de la grappe devait permettre de réduire voir éradiquer la pauvreté.

Ainsi, la SCA venait appuyer les efforts déjà entamés dans le cadre du DSRP en vue d'atteindre les OMD en 2015, dans la mesure où elle vise à rendre opérationnel l'axe création de richesse du DSRP, avec pour vocation la consolidation des acquis et la création au niveau des entreprises et de l'ensemble du tissu économique, des conditions préalables à la réalisation des gains de productivité nécessaires pour atteindre une croissance d'au moins 7%36 de 2007 à 2015. A cet effet, elle s'appuyait sur la conduite de réformes portant sur les déterminants microéconomiques ou structurels de la compétitivité, autrement dit sur des facteurs impactant la création de valeur ajoutée des produits "créneaux porteurs" à avantages comparatifs, dans un environnement des affaires de classe mondiale en vue d'attirer les investisseurs.

Parmi les cinq grappes identifiées que constituait la SCA, figure la grappe « Agriculture et Agro-industrie ». Cette dernière intégrait dans sa mise en oeuvre les objectifs de sécurité alimentaire et de la GOANA. Reposant sur une vision cohérente de promouvoir une agriculture et une agro-industrie intégrées aux chaînes de valeur globalisées, elle devait contribuer à une croissance durable et créatrice d'emplois, avec une approche fondée sur la structuration des filières agricoles en Sous-Grappes, et selon une démarche de processus participatifs, intégrant tous les acteurs de la chaîne de valeurs. Elle vise à accroître le potentiel de contribution du secteur à la croissance du P11B et des investissements privés, stimuler l'innovation, atteindre une production horticole annuelle 800.000 tonnes avec une part des exportations à plus de 6.25% par an, pour une valeur de 48 milliards de francs CFA. Ce qui permettrait la réduction du déficit de la balance commerciale d'au moins 15% et l'amélioration du P11B de 2%.

35 Auteur : SCA Sénégal

36 Ministère de l'Économie et des Finances : Rapport annuel des performances de la SCA, 2013.

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En outre, elle vise la transformation de près de 231.000 tonnes de produits agricoles et d'élevage et de contribuer à la création de plus de 75.000 emplois directs37. Loin d'être un programme agricole venu s'ajouter aux initiatives du gouvernement et des bailleurs, encore moins s'y substituer, la SCA se présente non comme un outils ou un support sur lequel devrait s'adosser, un cadre d'analyse permettant de cibler les interventions mais aussi un moyen efficace de renforcer les différents programmes existants ou à venir pour une meilleure contribution de la grappe Agriculture et Agro-industrie à la croissance économique. Elle cherche produire des indicateurs d'orientation et d'opérationnalisation pour identifier les « créneaux porteurs » ainsi que les opportunités stratégiques, les goulots d'étranglement et contraintes à lever, les zones d'exploitation à potentiels élevés, les ressources humaines à mobiliser, les activités à mener.

10. Programme National d'Investissement Agricole (PNIA, 2010), Programme Agricole Quinquennal (PAQ, 2011)

A l'instar de tous les pays de l'Afrique de l'Ouest, membres de CEDEAO38, le Sénégal avait lancé en 2008, le processus de formulation du Programme National d'Investissement Agricole (PNIA) avec l'implication de toutes les parties prenantes au développement rural ou au secteur agricole au sens large. C'est suite à la demande de la CEDEAO que le Sénégal avait décidé d'élaborer un programme d'investissement agricole pour rendre opérationnel le Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture en Afrique (PDDAA). Adopté en février 2010, le PNIA s'inscrit dans la mise en oeuvre du PDDAA définissant un cadre de référence commun pour développement agricole avec l'objectif d'accélérer la croissance, d'assurer la sécurité alimentaire et d'éliminer la pauvreté et la faim.

C'est ainsi, trois mois après l'adoption, un processus post-pacte a été entamé, afin de mettre à en place un comité technique chargé d'élaborer le Plan d'Investissement (PI). Ce dernier se présente comme un outil de planification pour la mise en oeuvre des actions prévues dans le Pacte et le PNIA et s'inscrit dans la perspective d'une agriculture moderne et durable, productive et compétitive sur les marchés intra-communautaires ou internationaux, fondée sur l'efficacité, l'efficience des exploitations familiales et la promotion des entreprises agricoles, grâce à l'implication du secteur privé. Sa démarche repose sur une rationalisation et une meilleure allocation des investissements publics entre les différentes zones agro-écologiques.

37 SCA Sénégal

http://www.sca.gouv.sn/index.php?option=com_content&view=category&layout=blog&id=63&Itemid=58

38 CEDEAO : Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest

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Structuré en trois dimensions que sont le cadre institutionnel pour la mise en oeuvre et le suivi-évaluation du Pacte, la planification et la coordination des investissements, l'environnement des investissements, il répartit entités des six programmes prioritaires du PNIA autour de huit objectifs stratégiques à savoir la réduction des risques climatiques par la maîtrise de l'eau, la préservation et gestion durable des autres ressources naturelles, l'augmenter de la production et l'amélioration de la productivité globale des facteurs, la valorisation des produits agricoles par leur transformation, l'amélioration de l'accès aux marchés des produits agricoles, le renforcement de la recherche pour l'innovation et le transfert de nouvelles technologies dans la production, la transformation et la commercialisation, le renforcement des capacités des différents acteurs, et afin un pilotage et une coordination efficace dans la mise en oeuvre du PI.

Estimé environ 2 milliards de francs CFA dont 81 % sont des investissements, le PI dispose d'une enveloppe de 1 346 milliards de francs ; la différence n'étant pas pris en compte dans le PI car correspondant à des dépenses déjà engagées dans des projets en cours d'exécution, et dont les effets contribueront à l'atteinte des objectifs officiels pour le secteur à l'horizon 2015. Sa mise en oeuvre devrait améliorer qualitativement la situation du secteur agricole, en impactant positivement sur le PIB agricole avec une croissance moyenne annuelle de 7,2 %, et de 5,1% sur le reste de l'économie. Ainsi, l'incidence nationale de pauvreté devra baisser de plus de la moitié de son niveau en 2005, ressortant à 18 % en 202039.

Cependant, la vision du PNIA se voit restreint, limitée suite à l'élaboration et l'adoption d'un nouveau programme en 2012 : le Programme Agricole Quinquennal (PAQ). Ce dernier apparait comme restrictif de la vision du PNIA et marque la persistance des mauvaises pratiques de gouvernance sectorielle. D'un coût global estimé à plus de 1.616,75 milliards de FCFA40 pour sa réalisation, le PAQ devait contribuer à la mise en oeuvre du programme « Yoonu yokkuté » : la voie du véritable développement. En tant que vision de développement et composé de différents axes dont les principaux sont la maîtrise de l'eau, la question foncière, la mécanisation, la problématique de la mécanisation agricole, l'accès des produits aux marchés locaux comme internationaux, la problématique de la recherche-formation, le conseil agricole et rural, est la partie économique du programme « Yoonu Yokkuté » qui ambitionne de porter la production de rizicole à près de 1.080.000 tonnes de riz blancs en cinq ans, pour atteindre l'autosuffisance alimentaire.

39 Processus de mise en oeuvre de l'ECOWAP/PDDAA : Doc. Programme national d'investissement agricole - Plan d'investissement 2011-2015

40 Selon la même source.

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11. Stratégie Nationale de Développement Economique et Social (SNDES, 2012), Document de Politique Economique et Sociale (DPES, 2011), Documents de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP, 2000)

L'élaboration de la Stratégie Nationale de Développement Economique et Social (SNDES) sur la période 2013-2017 obéit à la volonté politique d'inscrire le Sénégal sur la voie du développement. Elle s'effectue dans un contexte économique mondial difficile, marqué par la flambée des prix des produits alimentaires et énergétiques. Suite à la l'élection présidentielle 2012 qui a vu l'arrivé d'un nouveau régime, le Document de Politique Economique et Sociale (DPES) prévue pour la période 2011-2015 n'a pas eu le temps de voir réaliser sa mise en oeuvre, et s'est vu avorté, car gommé par le régime nouvellement élu. C'est ainsi que les nouvelles autorités ont validé à la place et après une actualisation du DPES, la SNDES qui constitue le cadre consensuel de coordination des interventions publique. Le nouveau document s'inscrit dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales et se chargera de définir la nouvelle vision de politique de développement pour la période 2013-2017.

Après la mise en oeuvre de deux générations de Documents de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) de 2003 à 2010, le Sénégal s'était doté d'un nouveau Document de Politique Economique et Sociale (DPES) pour la période 2011-2015. Le premier Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté, DSRP-I, portant sur la période 2003-2005 devait permettre de consolider les performances économiques des programmes structurels et le deuxième DSRP-II couvrant la période 2006-2010 s'était engagé dans la mise en oeuvre de la Stratégie pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (SRP). En plus d'avoir permis la correction de quelques insuffisances aux plans social et politique, le premier a été un véritable instrument de mobilisation de ressources et de recentrage des politiques de développement autour d'objectifs clairement définis et assortis d'indicateurs de performance et d'impact. Quant au deuxième, il a permis d'associé la Stratégie de Réduction de la Pauvreté à la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA) pour une meilleure réorientation des objectifs de développement économique et social prenant en compte la réduction des inégalités sociales et l'accélération de l'atteinte des OMD.

En 2011, le Sénégal se voulait devenir un pays émergent en adoptant le DPES articulé autour de trois axes qui ont pour objectif de mettre le pays sur la voie de l'émergence, dans un environnement harmonieux et solidaire. C'est ainsi qu'il a été validé par le gouvernement en accord et avec l'implication de tous les différentes acteurs et parties prenantes à savoir les bailleurs de fonds, la société civile, le secteur privé, les parlementaires ainsi que les élus locaux. Nécessitant un financement d'un montant total de 5.745 milliards de FCFA pour sa mise en

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oeuvre dont les 4718 milliards étaient déjà acquis, le DPES garantissait un développement durable avec un taux de croissance de 6% à 7% d'ici 2015. Malheureusement, avec l'arrivée d'un nouveau régime, on assiste à l'adoption d'une nouvelle stratégie au détriment du DPES.

Aujourd'hui, on ne parle plus de DSRP, ni de DPES mais plutôt de la SNDES. Adoptée en novembre 2012 par le Gouvernement et l'ensemble de ses partenaires au développement, Elle repose sur la vision d'un Plan stratégique Sénégal Emergent (PSE) visant l'émergence économique à l'horizon 2035. En effet, la perspective d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement à l'horizon 2015 s'éloigne de plus en plus, une politique d'aménagement du territoire appliquée jusque-là inappropriée, une croissance du PIB faible dans un climat économique terne, sans dynamique, le Sénégal a décidé d'adopter un nouveau modèle de développement pour accélérer sa marche vers l'émergence. Pour ce faire, des ruptures devront être engagées à travers des actions concrètes, pertinentes, hardis pour satisfaire la forte aspiration des sénégalais à un mieux-être et permettront d'inscrire le Sénégal sur la voie de l'Emergence. Cette aspiration se décline en une vision qui est celle d'« Un Sénégal émergent en 2035 avec une société solidaire dans un État de droit »41.

Cette stratégie, dénommée PSE constitue le référentiel de la politique économique et sociale sur le moyen et long termes. C'est ainsi que le Plan d'Actions Prioritaires (PAP) articulé sur la période de 2014 à 2018 a été mis en place pour opérationnaliser le PSE à travers la mise en cohérence des axes stratégiques, objectifs sectoriels et lignes d'actions, avec les projets et programmes de développement dans un cadre budgétaire. Ce PAP constitue le document de référence des interventions de l'Etat, des partenaires techniques et financiers, du partenariat public-privé et de la participation citoyenne, à moyen terme. Le PSE est évalué à hauteur de 9.686 milliards de FCFA pour sa réalisation, avec un financement acquis de 5738 milliards soit 59,2%. Tandis que la somme restante du financement à rechercher représente 30,6% et la part à couvrir par les recettes additionnelles et les économies sur les dépenses correspondant à 10,2%. Le financement déjà acquis provient de l'État 56,1%, des Partenaires techniques et financiers 35,8% et du Privé 8,1%42.

Ainsi, pour favoriser une croissance économique à fort impact sur le développement humain, le gouvernement du Sénégal devra alors chercher à consolider les acquis, notamment en matière de gouvernance démocratique, et de recentrer les priorités dans la perspective de garantir

41 Plan Sénégal Emergent (PSE) 2014

42 PSE, 2014.

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durablement la stabilité économique, politique et sociale. La mise en oeuvre d'un programme d'investissements dans les secteurs porteurs « créneaux porteurs » est capitale afin d'impulser une dynamique de croissance forte et soutenue, avec nécessairement l'implication et l'engagement de tous les acteurs ainsi qu'une importante mobilisation de ressources financières auprès des partenaires publics et privés.

12. Programme d'Accélération de la Cadence de l'Agriculture Sénégalaise (PRACAS, 2014)

Dans le but de relancer la croissance du secteur agricole pour servir de moteur à la transformation économique et la réduction de pauvreté et pour faire face aux contraintes à relever relatives à la dégradation des aménagements et des infrastructures hydrauliques, à la vétusté des équipements d'irrigation, à la faiblesse et à l'inadéquation de financement sur toute la chaine de production, aux problèmes de commercialisation et de l'enclavement des zones de production, le Sénégal avait élaboré récemment en 2014, le Programme d'Accélération de la Cadence de l'Agriculture Sénégalaise (PRACAS) avec un Plan d'Action Prioritaire (PAP) pour la période de 2014 à 2018. D'un coût global de 581 milliards de francs, le PRACAS vise l'autosuffisance du en riz, parmi d'autres objectifs, et se présente comme étant le volet agricole du PSE avec pour objectif l'atteinte à moyen terme de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Il représente support catalyseur permettant d'atteindre les objectifs déclinés dans le PNIA dans des délais plus courts.

Document de base qui constitue, polarise l'essentiel du volet agricole du PSE, il est décliné en 4 grands axes mettant l'accent essentiellement sur l'autosuffisance en riz, mais aussi sur le développement des filières arachidières, le développement de l'horticulture, le renforcement de la sécurité alimentaire, entre autres. Mis en oeuvre en vue de la production de riz blanc de très bonne qualité au Sénégal, le PRACAS a pour objectif d'atteindre 1,6 million tonnes de riz paddy, soit 1,08 million tonnes de riz blanc de très bonne qualité à l'horizon 2017, avec une contribution de 60% attendue des zones irriguées que sont la Vallée du Fleuve Sénégal et Anambé, et une participation de 40% des zones pluviales en l'occurrence du sud du pays. Ainsi, sa mise en oeuvre permettra de faire 313 milliards d'économies sur le riz et l'obtention de 2 points de croissance43.

43 SECK A. P, 2014 MAER Sénégal.

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L'atteinte de ses résultats semble être conditionnée par la réalisation d'emblavures à plus de 330.000 ha dont 55% proviendront des zones pluviales44. Toutes fois, pour relever le défi de l'autosuffisance en riz, le PRACAS ambitionne déjà de réaliser durant la campagne agricole 2014/2015, 900.000 tonnes de riz paddy toutes zones confondues, en ciblant 5 grands bassins rizicoles dans la stratégie de mise en oeuvre du volet riz, mettant en oeuvre 90.750 ha dans la Vallée du Sénégal, 3900 hectares dans la Vallée de l'Anambé et 120.000 ha dans la zone pluviale destinées à la culture du riz45.

La mise en place d'un programme des Domaines Agricoles Communautaires (DAC) va permettre de renforcer le dispositif avec l'aménagement de 30.000 ha de terres, équipées d'infrastructures structurantes de maîtrise de l'eau. L'équipement sur place sera renouvelé avec du matériel agricole moderne subventionné à hauteur de 70% sans TVA et comprenant près de 1.400.000 nouvelles unités de matériels. Il s'agira d'assurer l'autoconsommation et l'autosuffisance dans les zones de production. Ces initiatives se traduiront par des impacts significatifs sur la balance commerciale, en termes de réduction de nos importations, pour au moins 250 milliards de FCFA, tandis que les filières d'exportation devraient rapporter plus de 150 milliards de FCFA à l'horizon 201746. Un financement de 74 milliards de FCFA sera nécessaire pour la réalisation du volet riz et dont 40% déjà disponible dans les caisses de l'Etat.

Le PRACAS, un outil de développement de l'agriculture au Sénégal trouvera son succès dans la démarche et les efforts de l'Etat, les partenaires techniques et financiers et la société civile. Et par conséquent, la contribution de tout le monde demeure un facteur essentiel à sa réussite. Toutes fois, des contraintes majeures sont à relever pour parvenir à atteindre les objectifs à savoir la vétusté des équipements d'irrigation et l'insuffisance du matériel de production, le financement de la production, la problématique des mécanismes de commercialisation du riz local, l'enclavement des zones de production. A ceux-là, s'ajoute la forte pression aviaire, l'ensablement des rizières, l'électrification des stations de pompage, le coût de l'électricité, l'endettement des producteurs de la vallée, le problème du foncier qui ne cesse de prendre de l'ampleur.

Depuis quelques années, le Sénégal est confronté à d'importants conflits pour l'accès à la terre. Ces problèmes fonciers sont devenus aujourd'hui si préoccupants constituent une entrave au

44 Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR), Rapport 2015 sur l'état des lieux des impacts des importations de riz sur la commercialisation du riz local.

45 SECK A. P, 2014 MAER Sénégal

46 Gouvernement du Sénégal : Déclaration de Politique générale du Premier Ministre, 2014.

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développement agricole en l'occurrence de l'agro-business. Ils ont été la contrainte majeure à la réussite de la GOANA qui n'est jamais parvenu à sa résolution. L'accaparement des terres par des multinationales, des filiales étrangères et des sociétés privées dont la plupart l'essentiel de la production est destiné à l'exportation, apparait comme un phénomène qui hypothèque l'avenir des générations futures non seulement en privant les petits paysans de leurs terres, et en les transformant en ouvriers agricoles travaillant dans ces entreprises. Le modèle d'agrobusiness tel pratiqué entraîne un transfert massif de terres des exploitations familiales vers les investisseurs privés. Ce phénomène s'inscrivant dans la logique de l'agrobusiness orienté principalement à la recherche de profit constitue une menace à la souveraineté alimentaire et apparait incompatible voir contradictoire avec les objectifs de la souveraineté dans la mesure où il se développe au détriment de l'agriculture familiale.

Pour qu'une agriculture moderne puisse se développer, il est important que la question du foncier soit résolue. Il faut que la commission de réforme du foncier vienne avec des propositions concrètes qui permettent de combiner à la fois l'investissement du secteur privé et la protection des exploitations familiales. L'amélioration de la gouvernance foncière devrait permettre un accès équitable à la terre et remédier à la situation d'insécurité foncière. Concernant l'endettement des paysans, il est une libération de crédit de campagne d'un montant global de 16,3 milliards de FCFA de la part de la CNCAS et des autres acteurs financiers de la filière. Toutes fois, la réussite du PRACAS par la réalisation des objectifs fixés, reste corrélée avec une meilleure implication des partenaires stratégiques et de toutes les parties prenantes.

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PARTIE VI : Politiques et stratégies de développement de la filière

rizicole

I. Importance du riz et enjeux de développement de la filière

1. Place du riz dans la production nationale sénégalaise

Le Sénégal est fortement dépendant de l'extérieur, surtout de par ses importations en riz. La part des quantités de riz importé représente 80% de la consommation nationale en riz. Les fortes potentialités hydro-agricoles de la vallée du fleuve Sénégal avec une superficie de 240.000 ha permettraient pourtant de couvrir environ 70% des besoins nationaux. Seulement 25% de la superficie soit 60.000 ha aménagées et mises en valeur, ne permette de couvrir qu'une part des besoins de consommation et contraint le Sénégal à dépendre majoritairement des importations de riz asiatiques. Dans une région où le seuil de pauvreté dépasse les 40 % de la population, les conditions de marché et les efforts engagés durant la dernière décennie, ont pourtant permis de rétablir la compétitivité de la production locale, de productivité avec un rendements de 6 Tonnes/ha et de créer les conditions favorables à de nouveaux investissements dans l'agriculture irriguée47. Le développement de l'agriculture, et notamment de l'agriculture irriguée, est une priorité constante des pouvoirs publics. L'agriculture irriguée pourrait jouer un rôle majeur dans la lutte contre la pauvreté et à améliorer la sécurité alimentaire.

2. Place de choix de la filière dans l'élaboration de stratégie et politique de développement pour l'amélioration de la sécurité alimentaire et réduction de la pauvreté.

Depuis les années 2000, les autorités sénégalaises mettent en oeuvre, à travers sa Stratégie de Réduction de la Pauvreté (SRP), des politiques et programmes intégrés, dans une démarche inclusive avec l'objectif d'assurer des conditions d'une croissance soutenue et durable à même de réduire significativement la pauvreté et d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). En effet, lors du sommet du Millénaire tenu du 6 au 8 septembre 2000

47 AFD Agence Française de Développement (2011) http://www.afd.fr/jahia/Jahia/site/afd/lang/fr/pid/18901

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au Siège de l'Organisation des Nations Unies, il s'est conclu avec l'adoption par les 189 États Membres de la Déclaration du Millénaire, dans laquelle ont été énoncés les huit (8) OMD.

Le premier Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté, DSRP-I, portant sur la période 2003-2005 devait permettre de consolider les performances économiques des programmes structurels et le deuxième DSRP-II couvrant la période 2006-2010 s'était engagé dans la mise en oeuvre de la Stratégie pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (SRP). En plus d'avoir permis la correction de quelques insuffisances aux plans social et politique, le premier a été un véritable instrument de mobilisation de ressources et de recentrage des politiques de développement autour d'objectifs clairement définis et assortis d'indicateurs de performance et d'impact.

Quant au deuxième, il a permis d'associé la Stratégie de Réduction de la Pauvreté à la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA) pour une meilleure réorientation des objectifs de développement économique et social prenant en compte la réduction des inégalités sociales et l'accélération de l'atteinte des OMD. L'élaboration de la Stratégie Nationale de Développement Economique et Social (SNDES) sur la période 2013-2017 obéit à la volonté politique d'inscrire le Sénégal sur la voie du développement. Elle s'effectue dans un contexte économique international difficile, marqué par la flambée des prix des produits alimentaires et énergétiques.

Au Sénégal, le taux de croissance annuel moyen du PIB avoisinait les 5%, insuffisant pour réduire la pauvreté. Pour ce faire, il fallait faire passer sur une longue période ce taux à un taux minimal compris entre 7 et 8% permettrait de réduire durablement la pauvreté48. C'est pourquoi, le Sénégal s'est fixé l'objectif d'augmenter le niveau de la croissance en formulant une SCA sectorielle basée sur une série de grappes prioritaires à fort potentiel en termes de croissance, de valeur ajoutée générée, de compétitivité internationale, d'exportation, de création de nouveaux emplois. Parmi les grappes identifiées figure le secteur Agriculture et Agro-industrie.

3. Analyse de l'évolution de la consommation et dépendance aux importations

La population du Sénégal étant estimé à 12,874 millions d'habitants connaît un taux de croissance annuel de 2,5%. Elle serait de 15,7 millions en 2020 et 18,9 millions en 203049. Toutefois, le Sénégal devra faire face à l'augmentation de la pauvreté et l'insécurité alimentaire. L'agriculture dispose d'un important potentiel pour contribuer significativement à

48 Formulation de la SCA « Agriculture et Agro-industrie »_Rapport final, Avril 2007.

49 PSE, 2014 : Prévisions ONU.

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l'augmentation des revenus des ménages et à la réduction de l'insécurité alimentaire du pays. Base de l'alimentation et un des secteurs les plus importants de l'activité économique, elle occupe près de 60% de la population active du pays, contribue pour environ 16,7% à la formation du PIB (ANSD, 2012) et constitue la base des sources de revenu de la majorité des pauvres des zones rurales. Le secteur agricole sénégalais est multifonctionnel. Le développement du secteur rizicole doit permettre d'atteindre les objectifs de sécurité alimentaire, de lutte contre la pauvreté et de développement rural que s'est fixé le pays.

Si la consommation apparente en riz au Sénégal était de 400 000 tonnes en 1995, elle est passée à 800 000 tonnes en 2007, avec 106 milliards de F CFA pour les importations nettes50. Ces dernières participent pour 16% au déficit de la balance commerciale et ce phénomène a tendance à s'amplifier dans le temps car la production nationale progresse moins vite que la consommation qu'elle ne couvrait qu'à hauteur de 20% seulement. Entre 1961 et 2012, les importations en riz ont grimpé de plus de 700%. D'où cette dépendance de l'extérieur de plus en plus accrue une denrée aussi stratégique, ce qui expose le Sénégal à une "précarité de l'offre et à la saignée des devises". De 130 milliards de francs CFA injectés dans l'importation de riz en 2005, on est passé à 179 milliards en 200951. La production nationale permettait de couvrir alors que 30% de la demande du marché sénégalais. C'est ainsi que les autorités ont pris l'option politique stratégique d'assurer l'autonomie alimentaire du pays en riz afin de satisfaire la demande nationale.

II. Analyse de l'impact et situation actuelle du Programme National d'Autosuffisance en Riz à l'horizon 2017

1. Programme National d'Autosuffisance en Riz à l'horizon 2017 (PNAR, 2017)

Dans l'objectif d'asseoir le développement rural sur une exploitation agricole familiale à moderniser tout en promouvant l'entreprenariat agricole, aux choix formulés en 2000 dans le DSRP et à ceux contenus dans la SCA de 2005, ont vu le jour différents programmes de relance de la riziculture initiés par l'Etat en référence à la Loi d'Orientation Agro-Sylvo-Pastorale (LOASP, 200452). Parmi ces programmes, figure le Programme National d'Autosuffisance en

50 SARR Fallou, CTA 2013 : Analyse Du Système De Connaissances Post - Récolte Au Sénégal: Cas Du Riz.

51 DIOUF W. (Février 2015), Coordonnateur Programme National d'Autosuffisance en Riz (PNAR), Ministère de l'Agriculture et de l'Equipement Rural

52 Vote A l'Assemblée Nationale Le 25 Mai 2004, Promulgation Le 04 Juin 2004

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Riz à l'horizon 2012. Dans sa mise en oeuvre en 2007, le PNAR prévoyait une production de 500.000 tonnes de riz blanc.

Un an après sa mise en oeuvre, ce programme a vu naitre la GOANA en 2008. Cette dernière avait surtout mis l'accent sur les cultures vivrières pour permettre d'assurer la sécurité alimentaire et accordait une place de choix à la filière rizicole locale. La consommation nationale était estimée à 600.000 tonnes de riz blanc par an53. Leurs mises en oeuvres ont permis d'observer des avancées considérables dans le secteur rizicole en termes d'investissements par le secteur privé national, d'augmentation de la productivité et de rendement en mettant en place et à la disposition des producteurs de nouvelles semences améliorées, d'augmentation des capacités de transformation et des superficies de production par des aménagements hydroagricoles, de la qualité du riz et de sa compétitivité sur le marché. Cependant, les résultats apparaissent très insuffisants pour atteindre les objectifs.

Ainsi en 2014, dix années après l'adoption de la LOASP par l'assemblée nationale et toujours dans l'objectif d'atteindre l'autosuffisance en riz pour assurer la sécurité alimentaire, l'Etat du Sénégal dans la mise en oeuvre du Programme National d'Autosuffisance en Riz (PNAR) a injecté 74 milliards de francs CFA soit environ 112 millions d'euros avec l'objectif d'atteindre l'autosuffisance en riz à l'horizon 2017 avec une demande de consommation estimée de 1,08 million de tonnes de riz blancs.

2. Des résultats déjà prometteurs pour la réussite du PNAR à l'horizon 2017

Le Sénégal est loin de couvrir le tiers des besoins en riz qui sont estimés à 900.000 tonnes par an. Pour obtenir une tonne de riz blanc, il faut une production de 1,48 tonne de riz paddy. La demande du marché national ne cesse d'augmenter. A l'horizon 2017, les besoins de consommations des ménages sont estimés à 1,6 millions de tonnes soit environ 1,08 millions de tonnes de riz blancs. La PNAR a permis déjà de constater, une année après sa mise en oeuvre, des avancés importants traduisant son impact positif dans le secteur primaire. Apres une après une hausse de 2,7% en 2013, l'activité dans ce secteur s'est améliorée avec une progression de 3,6% en 201454.

Cette progression traduit ainsi le renforcement de la valeur ajoutée du sous-secteur agricole, qui se voit attribuée une hausse de 4,7% en 2014 contre 0,4% l'année précédente, en dépit de

53 S.A.E.D, 2006 : Programme National d'Autosuffisance En Riz 2007-2012 : Contribution De La Vallée Du Fleuve Sénégal

54 DPEE (Mai 2015) : Situation économique et financière en 2014 et perspectives en 2015.

l'installation tardive de l'hivernage et du déficit pluviométrique. La mise en oeuvre du PRACAS qui vise à construire une agriculture compétitive, diversifiée et durable, conformément aux orientations du Plan Sénégal Emergent (PSE) a été a profitable et bénéfique au sous-secteur agricole. Dans ce dernier, la relance notée est porté principalement par l'agriculture vivrière qui s'est inscrite en hausse de 6,3% en 2014 contre 1,0% en 2013, à la faveur du dynamisme de l'horticulture où sont notées des avancées remarquables et des performances observées dans la production notamment du riz. Cette dernière, bénéficiant d'un programme visant l'autosuffisance à l'horizon 2017, s'est nettement confortée progressant de 28% par rapport à l'année 201355.

En 2015, l'activité dans le secteur primaire devrait s'améliorer en 2015, sous l'effet, notamment, du renforcement du sous-secteur agricole. Elle est ainsi projetée à 5,4% en 2015 contre 3,6% en 2014. Le sous-secteur agricole devrait bénéficier de la mise en oeuvre du PSE à travers le PRACAS, d'importants projets programmes portant principalement sur des filières bien ciblées dont le riz, en vue d'atteindre l'autosuffisance alimentaire et d'augmenter de manière significative les revenus des producteurs. S'agissant de la production de riz, elle profiterait, par ailleurs, des importantes réalisations en termes d'aménagements dans la zone de la vallée, conjuguées à la volonté politique des pouvoirs publiques.

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55 DPEE : Situation économique et financière en 2014 et perspectives en 2015.

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Conclusion

Au Sénégal, l'insécurité alimentaire résulte de la conjonction de facteurs multiples et cumulatifs autrement dit d'un ensemble de dysfonctionnements stratégiques et de politiques inappropriées notamment dans le secteur agricole. Parmi les facteurs contribuant à l'insécurité alimentaire, les fortes fluctuations de la production agricole semblent les plus déterminantes, non-seulement à travers ses effets sur l'offre mais aussi sur les revenus des populations rurales. L'instabilité du secteur agricole se traduit par de fortes fluctuations des prix des produits alimentaires, affecte les revenus des ruraux, les balances de paiement, les budgets de l'Etat et à long terme réduit les investissements et innovations technologiques dans le secteur primaire et le reste de l'économie. Le faible niveau d'investissement et d'innovations technologiques perpétue la faiblesse de la productivité des terres et du travail et se traduit par une pauvreté de la majeure partie de la population. C'est ce contexte de faible productivité et de pauvreté structurelle qui conduit à la permanence de l'insécurité alimentaire.

La réalisation de la sécurité alimentaire demeure un défi à relever en Afrique subsaharien notamment au Sénégal où une frange importante de la population est sous-alimentée. La situation et les perspectives d'évolution pointent à une dégradation de la situation actuelle. La pauvreté à l'échelle du pays, des ménages et des populations est la principale contrainte à la disponibilité, la stabilité et à l'accessibilité alimentaire. La croissance de la productivité agricole, à travers la transformation du secteur primaire reste fondamentale pour stimuler la croissance économique qui permettrait de générer les emplois et les revenus nécessaires à la réalisation de la sécurité alimentaire. L'augmentation de la production locale est l'un des moyens les plus sûrs pour se prémunir sur le long terme contre les fluctuations des prix mondiaux. Toutefois, les performances du secteur agricole déterminent à la fois la disponibilité et l'accès aux denrées alimentaires pour la grande majorité de la population sénégalaise.

Pour y parvenir, d'importantes actions visant à rendre les systèmes de production plus productifs doivent être mise en oeuvre tout en essayant de lever les contraintes actuelles d'ordre social, économique et politique auxquelles est confronté le secteur primaire. Des changements de politiques agricole seront nécessaires non seulement pour améliorer les rendements en vue d'une augmentation de la production mais également pour inciter l'investissement dans le secteur agricole, particulièrement au secteur rizicole sénégalais. Les options politiques récentes d'arriver à une autosuffisance en riz en 2017 confirment les positions édictées par les décideurs

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au lendemain de la flambée des prix des denrées alimentaire des années 2007-2008 qui était devenue une question de paix, de sécurité et de stabilité nationales. Elles préconisent le développement de la chaine de valeur du riz local dans le but d'augmenter la production nationale de façon sensible et arriver ainsi à une substitution des importations. Au regard des résultats des études sur la transmission des prix56, l'augmentation de la production locale demeure l'un des moyens les plus sûrs pour se prémunir sur le long terme contre les fluctuations des prix mondiaux.

Les options actuelles, quoique justes sur les principes comportent des faiblesses dans la stratégie de mise en oeuvre. Elles privilégient les aspects liés à la production surtout les aménagements. Même si les décideurs reconnaissent la nécessité de développer les infrastructures de stockage, d'améliorer l'environnement institutionnel et financier, et de résoudre les problèmes d'équipement qui freinent la double culture, ils accordent une importance limitée à la commercialisation, à la transformation et au développement de partenariats d'affaires entre les différents maillons de la chaine de valeur. Toutefois, si une bonne combinaison de politiques de stockage, d'importations, d'aides alimentaires et de filets de protection sociale permet de stabiliser les disponibilités et les prix intérieurs, et de faire face à l'insécurité alimentaire transitoire, seule la croissance de la productivité du secteur agricole et la mobilisation de ces gains de productivité pour le développement économique permettra d'atteindre la sécurité alimentaire structurelle à moyen et long terme.

56 M. DIARRA, Fondation FARM : Mécanisme de transmission de la hausse des prix des céréales depuis les marchés mondiaux vers les marchés locaux : le cas des céréales au Mali et au Sénégal, Septembre 2008. V. MEURIOT, Une analyse comparative de la transmission des prix pour l'orientation des politiques publiques : le cas du riz au Sénégal et au Mali, Janvier 2012.

CSA/SIM : Rapport final de l'étude sur la transmission des fluctuations et le calcul de prix de parité à l'importation/exportation dans la sous-région : cas pratique du Sénégal, Janvier 2010.

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Recommandations

La sécurité alimentaire dépend aujourd'hui d'une relance de la production nationale de céréales dont le riz est l'élément principal. Le développement de l'agriculture, et notamment de l'agriculture irriguée, est une priorité constante des pouvoirs publics. La mise en place du programme nationale d'autosuffisance en Riz à l'horizon 2017 par l'Etat sénégalais, entend une production satisfaisant, pouvant couvrant la demande à l'échelle nationale. Ainsi, en vue d'apporter des solutions réalistes aux contraintes relevées et valoriser au mieux les atouts qui s'offrent, des recommandations concrètes sont faites sur la base des options stratégiques permettant d'atteindre l'autosuffisance en riz, à travers le développement du secteur agricole notamment de l'agriculture irriguée, pour lutter contre l'insécurité alimentaire au Sénégal.

Dans cette logique, les mesures suivantes sont fortement recommandées :

1. Augmenter la productivité et la production agricole particulièrement rizicole par l'amélioration et l'intensification des systèmes de production par la modernisation en sécurisant les exploitations agricoles, l'intensification de la mise en valeur des périmètres irrigués et l'exploitation de nouveaux périmètres, la mise à disposition à temps des intrants agricoles de bonne qualité.

2. La mise en valeur des potentialités hydro-agricoles de la Vallée et le développement de l'agriculture irriguée à travers une gestion rationnelle de la ressource en eau, une sécurisation foncière des aménagements hydro-agricoles, une politique cohérente de maintenance des infrastructures construites, les moyens adéquats d'une mise en valeur agricole à travers l'intensification et la diversification des activités agricoles.

3. La réalisation d'infrastructures et la modernisation de l'équipement agricole, par l'amélioration de la gestion et une sécurisation foncière des aménagements hydro-agricoles, la mise en place des nouvelles infrastructures socio-économiques et la réalisation et réhabilitation de nouveaux périmètres rizicoles, le renforcement de la mécanisation agricole à travers le renouvellement des matériels et outils de production, le renforcement des infrastructures de transformation, de conservation et de commercialisation, le désenclavement et l'électrification des zones de productions.

4. L'accroissement des investissements du secteur agricole en stimulant l'investissement privé et l'amélioration de l'accès au financement rural à travers une démarche

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d'opérationnalisation des dispositifs de financements par la mise en place de politiques d'incitatifs à l'investissement, la mise en place de fonds de garantie d'investissements et de partenariat avec des établissements financiers, accompagner les acteurs économiques par des financements d'activités liées à l'aménagement des terres, à la production et la mécanisation, par l'achat de matériels agricoles.

5. La formation, le suivi et l'accompagnement des acteurs agricoles, ainsi que l'appui à la commercialisation à travers le renforcement des services publics en milieu rural pour l'encadrement et le conseil agricole, la formation aux meilleures techniques hydro-agricoles et de stockage, l'appui aux chaines de valeurs agricoles et aux organisations professionnelles, des formations sur les techniques d'utilisation des intrants.

6. Le renforcement de la structuration des organisations professionnelles et interprofessionnelles par le développement institutionnel à travers l'élaboration de politiques de réformes institutionnelles et de structuration et d'organisation des acteurs, renforcer les initiatives d'appui à la filière, de développer les capacités organisationnelles et de gestion des producteurs.

7. L'appui au secteur de la recherche pour stimuler les processus d'innovations technologiques et la vulgarisation agricole par approche participative, à travers le renforcement des structures de recherche en termes de budgets, d'équipements et de matériels pour permettre la mise au point des nouvelles variétés de semences plus productifs, plus résistants, et de techniques améliorées issus de la recherche pour améliorer la productivité agricole et l'augmentation des rendements ; à travers des techniques de vulgarisation par le partage les résultats de la recherche et les savoir-faire avec les producteurs, mais aussi à les aider à exploiter une plus large part de la chaîne des valeurs.

8. L'amélioration de la compétitivité et une meilleure promotion du riz local par la mise en place d'une politique de valorisation du produit, une politique de prix à partir du profil du consommateur et/ou stratégie de marketing mix centré sur la commercialisation, renforcer l'organisation de la commercialisation et l'efficacité des circuits de distribution, améliorer le système de commercialisation et la qualité, réaliser des campagnes de sensibilisation des consommateurs sur le riz local, renforcer les mesures d'ordre institutionnel et règlementaire sur la commercialisation du riz.

9. Le renforcement de l'intégration entre la chaîne de production et celle de transformation agroalimentaire, pour incorporer davantage de valeur ajoutée à nos

72

produits, aux fins de promouvoir le « consommer local » et réduire notre dépendance face aux importations.

10. Favoriser le développement de l'agrobusiness et la promotion de l'entreprenariat agricole pour permettre respectivement des chaines de valeur hautement productives et rentables, qui pourront établir un lien efficace entre les petits et moyens producteurs et les marchés et la mise en place de politique d'appui à la promotion de l'entreprenariat agricole pour la transformation socio-économique des zones rurales afin de rendre le milieu rural attractif, de réduire significativement l'exode rural.

11. Entreprendre une réforme foncière qui faciliterait l'accès au foncier, garantirait la sécurité d'occupation foncière et constituerait un levier important dans le processus de création de richesse, en définissant un cadre réglementaire apte à promouvoir la sécurité foncière des investisseurs par la création et/ou le renforcement d'une commission nationale de réforme foncière comme autorité compétente qui légifère en matière foncière avec un pouvoir affirmé et renforcé.

12. Instaurer une gouvernance foncière pour favorise une exploitation optimale des potentialités de la vallée, en partenariat et avec l'implication des collectivités locales et les diverses catégories d'utilisateurs de la terre.

13. L'adoption d'une approche intégrée dans la planification des actions et leurs mises en oeuvre tant au niveau gouvernemental entre ministères: agriculture, économie, commerce, que des acteurs à la base : structures d'encadrement et de recherche, interprofessions, et organisations paysannes.

14. Améliorer la convergence des politiques à travers un cadre de convergence stratégique de sécurité alimentaire qui prend en compte et met en synergie l'ensemble de ces stratégies et politiques sectorielles.

73

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32. Ministère de l'Agriculture et de la Sécurité Alimentaire : « Programme d'autosuffisance en riz. Commission chargée du foncier et de la production », 2007.

33.

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38. ENDA Diapol, Etude sur les initiatives de concertation : « Implications des acteurs ruraux dans la définition des politiques de développement des filières vivrières en Afrique de l'ouest et du centre », Rapport Sénégal, Novembre 2010.

39. FONGS Fédération des Organisations Non Gouvernementales du Sénégal, Cycle de sensibilisation des étudiants a la souveraineté alimentaire : « Filière riz au Sénégal : Enjeux et perspectives », Document Octobre 2008.

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41. UEMOA : « Compétitivité des filières agricoles dans l'espace UEMOA, Plan directeur des filières prioritaires », Rapport Avril 2007.

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43. ROPPA : « Campagne riz du ROPPA » Pour un développement durable des filières riz en Afrique de l'Ouest. http://www.roppa.info/IMG/pdf/Plaidoyer sur le riz 5.pdf

44. AFD : « Développer l'agriculture irriguée pour lutter contre l'insécurité alimentaire »

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51. DIARRA M., Fondation FARM : « Mécanisme de transmission de la hausse des prix des céréales depuis les marchés mondiaux vers les marchés locaux : le cas des céréales au Mali et au Sénégal », Septembre 2008.

52. Institut des sciences de l'environnement (ISE) : « Evaluation intégrée de la libéralisation des échanges et des politiques liées au commerce », Novembre 2004.

53. Ministère de l'Economie et des Finances : Rapport annuel des performances de la SCA, 2013.

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55. C.S.A/SIM, Rapport final : « Etude sur la transmission des fluctuations et le calcul de prix de parité à l'importation/exportation dans la sous-région : cas pratique du Sénégal », Janvier 2010.

56. C.T.A : « Analyse du Système de connaissances post - récolte au Sénégal: Cas du riz », 2013.

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58. Gouvernement du Sénégal : « Déclaration de Politique générale du 1ère Ministre », 2014

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61. D.P.E.E, Rapport 2014 : « Situation économique et financière en 2014 et perspectives 2015 ».

62. I.R.D : Rapport Mars 2000 : « Mesurer Les Nuisances Des Ravageurs Du Riz En Asie Tropicale Pour Etablir Des Priorités De Lutte ».

63. Ministère de l'Agriculture et de l'Hydraulique, Rapport Avril 2003 : « Lettre de politique de développement de la filière arachide ».

64. Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR) Sénégal, 2014 : « Initiative Prospective Agricole et Rurale, Résumé Phase 2 ».

65. ECOWAP/PDDAA Processus de mise en oeuvre, Document : « Programme national d'investissement agricole - Plan d'investissement 2011-2015.

Annexes

Tableau 1 : Filière riz au Sénégal : Production, Superficies, Rendements, Demande intérieur de 2004 à 2015

Années

Superficies (ha)

Rendements (Kg/ha)

Productions
Paddy (T)

Equivalent
riz blanc (T)

Demande
(T)

Taux de
couverture

2004/05

81 486

2 476

201 744

133 151

782 219

17%

2005/06

97 779

2 854

279 080

184 193

832 974

22%

2006/07

85 037

2 240

190 493

125 725

896 123

14%

2007/08

80 312

2 408

193 379

127 630

921 538

14%

2008/09

125 329

3 257

408 219

269 425

970 972

28%

2009/10

139 388

3 602

502 104

331 398

1 010 215

33%

2010/11

147 208

4 103

604 043

398 668

1 063 302

37%

2011/12

109 177

3 717

405 824

267 844

1 105 543

24%

2012/13

117 729

3 989

469 649

309 968

1 161 839

27%

2013/14

108

4 018

436 153

287 861

1 215 784

24%

2014/15

 
 

630 000

 
 
 

Figure 1 : Espace agricole au Sénégal57

57 IRD

77

Figure 2 : L'aménagement de la Vallée du Fleuve Sénégal58

78

58 SAED






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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote