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Analyse des programmes de développement du secteur agricole, particulièrement des programmes d'autosuffisance en riz pour l'amélioration de la sécurité alimentaire au sénégal.


par Abdoul Aziz Sy DIOUF
Aix-Marseille Université (AMU) - Master 2 Economie appliquée Spécialité Management et évaluation des projets et des programmes publics 2015
  

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Conclusion

Au Sénégal, l'insécurité alimentaire résulte de la conjonction de facteurs multiples et cumulatifs autrement dit d'un ensemble de dysfonctionnements stratégiques et de politiques inappropriées notamment dans le secteur agricole. Parmi les facteurs contribuant à l'insécurité alimentaire, les fortes fluctuations de la production agricole semblent les plus déterminantes, non-seulement à travers ses effets sur l'offre mais aussi sur les revenus des populations rurales. L'instabilité du secteur agricole se traduit par de fortes fluctuations des prix des produits alimentaires, affecte les revenus des ruraux, les balances de paiement, les budgets de l'Etat et à long terme réduit les investissements et innovations technologiques dans le secteur primaire et le reste de l'économie. Le faible niveau d'investissement et d'innovations technologiques perpétue la faiblesse de la productivité des terres et du travail et se traduit par une pauvreté de la majeure partie de la population. C'est ce contexte de faible productivité et de pauvreté structurelle qui conduit à la permanence de l'insécurité alimentaire.

La réalisation de la sécurité alimentaire demeure un défi à relever en Afrique subsaharien notamment au Sénégal où une frange importante de la population est sous-alimentée. La situation et les perspectives d'évolution pointent à une dégradation de la situation actuelle. La pauvreté à l'échelle du pays, des ménages et des populations est la principale contrainte à la disponibilité, la stabilité et à l'accessibilité alimentaire. La croissance de la productivité agricole, à travers la transformation du secteur primaire reste fondamentale pour stimuler la croissance économique qui permettrait de générer les emplois et les revenus nécessaires à la réalisation de la sécurité alimentaire. L'augmentation de la production locale est l'un des moyens les plus sûrs pour se prémunir sur le long terme contre les fluctuations des prix mondiaux. Toutefois, les performances du secteur agricole déterminent à la fois la disponibilité et l'accès aux denrées alimentaires pour la grande majorité de la population sénégalaise.

Pour y parvenir, d'importantes actions visant à rendre les systèmes de production plus productifs doivent être mise en oeuvre tout en essayant de lever les contraintes actuelles d'ordre social, économique et politique auxquelles est confronté le secteur primaire. Des changements de politiques agricole seront nécessaires non seulement pour améliorer les rendements en vue d'une augmentation de la production mais également pour inciter l'investissement dans le secteur agricole, particulièrement au secteur rizicole sénégalais. Les options politiques récentes d'arriver à une autosuffisance en riz en 2017 confirment les positions édictées par les décideurs

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au lendemain de la flambée des prix des denrées alimentaire des années 2007-2008 qui était devenue une question de paix, de sécurité et de stabilité nationales. Elles préconisent le développement de la chaine de valeur du riz local dans le but d'augmenter la production nationale de façon sensible et arriver ainsi à une substitution des importations. Au regard des résultats des études sur la transmission des prix56, l'augmentation de la production locale demeure l'un des moyens les plus sûrs pour se prémunir sur le long terme contre les fluctuations des prix mondiaux.

Les options actuelles, quoique justes sur les principes comportent des faiblesses dans la stratégie de mise en oeuvre. Elles privilégient les aspects liés à la production surtout les aménagements. Même si les décideurs reconnaissent la nécessité de développer les infrastructures de stockage, d'améliorer l'environnement institutionnel et financier, et de résoudre les problèmes d'équipement qui freinent la double culture, ils accordent une importance limitée à la commercialisation, à la transformation et au développement de partenariats d'affaires entre les différents maillons de la chaine de valeur. Toutefois, si une bonne combinaison de politiques de stockage, d'importations, d'aides alimentaires et de filets de protection sociale permet de stabiliser les disponibilités et les prix intérieurs, et de faire face à l'insécurité alimentaire transitoire, seule la croissance de la productivité du secteur agricole et la mobilisation de ces gains de productivité pour le développement économique permettra d'atteindre la sécurité alimentaire structurelle à moyen et long terme.

56 M. DIARRA, Fondation FARM : Mécanisme de transmission de la hausse des prix des céréales depuis les marchés mondiaux vers les marchés locaux : le cas des céréales au Mali et au Sénégal, Septembre 2008. V. MEURIOT, Une analyse comparative de la transmission des prix pour l'orientation des politiques publiques : le cas du riz au Sénégal et au Mali, Janvier 2012.

CSA/SIM : Rapport final de l'étude sur la transmission des fluctuations et le calcul de prix de parité à l'importation/exportation dans la sous-région : cas pratique du Sénégal, Janvier 2010.

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Recommandations

La sécurité alimentaire dépend aujourd'hui d'une relance de la production nationale de céréales dont le riz est l'élément principal. Le développement de l'agriculture, et notamment de l'agriculture irriguée, est une priorité constante des pouvoirs publics. La mise en place du programme nationale d'autosuffisance en Riz à l'horizon 2017 par l'Etat sénégalais, entend une production satisfaisant, pouvant couvrant la demande à l'échelle nationale. Ainsi, en vue d'apporter des solutions réalistes aux contraintes relevées et valoriser au mieux les atouts qui s'offrent, des recommandations concrètes sont faites sur la base des options stratégiques permettant d'atteindre l'autosuffisance en riz, à travers le développement du secteur agricole notamment de l'agriculture irriguée, pour lutter contre l'insécurité alimentaire au Sénégal.

Dans cette logique, les mesures suivantes sont fortement recommandées :

1. Augmenter la productivité et la production agricole particulièrement rizicole par l'amélioration et l'intensification des systèmes de production par la modernisation en sécurisant les exploitations agricoles, l'intensification de la mise en valeur des périmètres irrigués et l'exploitation de nouveaux périmètres, la mise à disposition à temps des intrants agricoles de bonne qualité.

2. La mise en valeur des potentialités hydro-agricoles de la Vallée et le développement de l'agriculture irriguée à travers une gestion rationnelle de la ressource en eau, une sécurisation foncière des aménagements hydro-agricoles, une politique cohérente de maintenance des infrastructures construites, les moyens adéquats d'une mise en valeur agricole à travers l'intensification et la diversification des activités agricoles.

3. La réalisation d'infrastructures et la modernisation de l'équipement agricole, par l'amélioration de la gestion et une sécurisation foncière des aménagements hydro-agricoles, la mise en place des nouvelles infrastructures socio-économiques et la réalisation et réhabilitation de nouveaux périmètres rizicoles, le renforcement de la mécanisation agricole à travers le renouvellement des matériels et outils de production, le renforcement des infrastructures de transformation, de conservation et de commercialisation, le désenclavement et l'électrification des zones de productions.

4. L'accroissement des investissements du secteur agricole en stimulant l'investissement privé et l'amélioration de l'accès au financement rural à travers une démarche

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d'opérationnalisation des dispositifs de financements par la mise en place de politiques d'incitatifs à l'investissement, la mise en place de fonds de garantie d'investissements et de partenariat avec des établissements financiers, accompagner les acteurs économiques par des financements d'activités liées à l'aménagement des terres, à la production et la mécanisation, par l'achat de matériels agricoles.

5. La formation, le suivi et l'accompagnement des acteurs agricoles, ainsi que l'appui à la commercialisation à travers le renforcement des services publics en milieu rural pour l'encadrement et le conseil agricole, la formation aux meilleures techniques hydro-agricoles et de stockage, l'appui aux chaines de valeurs agricoles et aux organisations professionnelles, des formations sur les techniques d'utilisation des intrants.

6. Le renforcement de la structuration des organisations professionnelles et interprofessionnelles par le développement institutionnel à travers l'élaboration de politiques de réformes institutionnelles et de structuration et d'organisation des acteurs, renforcer les initiatives d'appui à la filière, de développer les capacités organisationnelles et de gestion des producteurs.

7. L'appui au secteur de la recherche pour stimuler les processus d'innovations technologiques et la vulgarisation agricole par approche participative, à travers le renforcement des structures de recherche en termes de budgets, d'équipements et de matériels pour permettre la mise au point des nouvelles variétés de semences plus productifs, plus résistants, et de techniques améliorées issus de la recherche pour améliorer la productivité agricole et l'augmentation des rendements ; à travers des techniques de vulgarisation par le partage les résultats de la recherche et les savoir-faire avec les producteurs, mais aussi à les aider à exploiter une plus large part de la chaîne des valeurs.

8. L'amélioration de la compétitivité et une meilleure promotion du riz local par la mise en place d'une politique de valorisation du produit, une politique de prix à partir du profil du consommateur et/ou stratégie de marketing mix centré sur la commercialisation, renforcer l'organisation de la commercialisation et l'efficacité des circuits de distribution, améliorer le système de commercialisation et la qualité, réaliser des campagnes de sensibilisation des consommateurs sur le riz local, renforcer les mesures d'ordre institutionnel et règlementaire sur la commercialisation du riz.

9. Le renforcement de l'intégration entre la chaîne de production et celle de transformation agroalimentaire, pour incorporer davantage de valeur ajoutée à nos

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produits, aux fins de promouvoir le « consommer local » et réduire notre dépendance face aux importations.

10. Favoriser le développement de l'agrobusiness et la promotion de l'entreprenariat agricole pour permettre respectivement des chaines de valeur hautement productives et rentables, qui pourront établir un lien efficace entre les petits et moyens producteurs et les marchés et la mise en place de politique d'appui à la promotion de l'entreprenariat agricole pour la transformation socio-économique des zones rurales afin de rendre le milieu rural attractif, de réduire significativement l'exode rural.

11. Entreprendre une réforme foncière qui faciliterait l'accès au foncier, garantirait la sécurité d'occupation foncière et constituerait un levier important dans le processus de création de richesse, en définissant un cadre réglementaire apte à promouvoir la sécurité foncière des investisseurs par la création et/ou le renforcement d'une commission nationale de réforme foncière comme autorité compétente qui légifère en matière foncière avec un pouvoir affirmé et renforcé.

12. Instaurer une gouvernance foncière pour favorise une exploitation optimale des potentialités de la vallée, en partenariat et avec l'implication des collectivités locales et les diverses catégories d'utilisateurs de la terre.

13. L'adoption d'une approche intégrée dans la planification des actions et leurs mises en oeuvre tant au niveau gouvernemental entre ministères: agriculture, économie, commerce, que des acteurs à la base : structures d'encadrement et de recherche, interprofessions, et organisations paysannes.

14. Améliorer la convergence des politiques à travers un cadre de convergence stratégique de sécurité alimentaire qui prend en compte et met en synergie l'ensemble de ces stratégies et politiques sectorielles.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard