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Profil épidémiologique, clinique, et évolutif des patients atteints de choléra à  l'hôpital universitaire Justinien de janvier 2017 à  décembre 2018


par Francoise Nathalie Beauboeuf
Universite Notre Dame d'Haiti (UNDH-FMSS) - Docteur en Medecine 2020
  

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b. Description des aspects cliniques

Tous les malades ont présenté une diarrhée aigüe aqueuse faite de selles riziformes à l'arrivée au CTC ; 70,20% des patients (n=318) ont présenté des vomissements (Tableau 2).

Patient (n=453)

Vomissement

Fréquence

Pour Cent

Oui

318

70,20%

Non

135

29,80%

Tableau 2.Répartition des cas selon les vomissements

Comme indiqué dans le Tableau 3, à l'admission, 281 patients soit 62,03% se sont présentés avec une déshydratation modérée selon le plan de l'OMS, qui a nécessité une réhydratation par voie parentérale.

Patient (n=453)

Déshydratation

Fréquence

Pour Cent

Légère

95

20,97%

Modérée

281

62,03%

Sévère

77

17,00%

Tableau 3.Répartition des cas selon le degré de déshydratation

29

Dans notre étude, 42% des patients ont consulté dans un délai de moins de 12 heures après le début de la symptomatologie, 169 patients soit 37% ont attendu au moins 1 jour après l'apparition des symptômes pour se rendre à l'hôpital tandis que 1% n'a consulté qu'au bout de 144 heures (6 jours) (Figure 8).

Figure 8.Répartition des cas selon le délai de consultation

Des 319 exéats, 48% des patients (n=152) n'a passé qu'un seul jour dans le CTC. La durée moyenne d'hospitalisation était de 1,8#177;1 jours avec des extrêmes allant de 1 à 6 jours (Figure 9).

Figure 9.Répartition des cas selon la durée d'hospitalisation

30

Dans notre étude, nous n'avons trouvé aucune particularité quant à la durée d'hospitalisation entre les deux sexes (n=319); la majorité des patients n'a passé qu'1 jour dans le CTC (Figure 10).

Figure 10.Répartition des cas selon le sexe et la durée de séjour

Notre étude a révélé que 62,80% des patients provenant de Haut du Cap se sont présentés au centre avec une déshydratation modérée (n=110). 27 patients de cette section communale se sont présentés avec une déshydratation sévère (Figure 11).

Figure 11.Répartition des cas selon la provenance et degré de déshydratation

31

La durée de séjour a été calculée en fonction des exéats (n=319). 34,8% des patients (n=111) qui se sont présentés au CTC avec une déshydratation modérée, n'ont passé qu'un jour au CTC et 18,5 %

(n=59) des cas de déshydratation sévère ont passé 2 jours

(Figure 12).

Figure 12.Répartition des patients selon la durée de séjour et du degré de déshydratation à l'admission

Sur les 319 exéats, 69,6% des patients (n=222) ont présenté une déshydratation modérée et 18,8% des (n= 60) une déshydratation sévère. Les hommes représentaient 52% des cas (n=115) de déshydratation modérée et 51,7% des cas une déshydratation sévère (Figure 12).

Figure 13.Répartition des cas selon le sexe et le degré de déshydratation

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c. Descriptions des aspects évolutifs

L'évolution clinique a été favorable pour 451 malades soit 99,56% des cas. 2 décès (4/9/2017 et 17/5/2018) ont été enregistrés pour un taux de létalité de 0,44%. Le taux d'attaque pour cette même période était estimé à 1,65/1000 (Tableau 4).

Mode de Sortie

Patient (n=453)

Exéat

319(70%)

Observation

83(18%)

Abandon

49(11%)

sexe

F

27(55%)

âge groupe

25-34

13(27%)

provenance

Haut du Cap

13(27%)

vomissement

Oui

25(51%)

déshydratation

Modérée

25(51%)

Décès

2(0,4%)

Tableau 4.Répartition des cas selon l'évolution

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DISCUSSION

Aspects épidémiologiques

Les pics de fréquence les plus importants ont été enregistrés au cours du mois d'avril de ces deux années avec 18,4% de cas en 2017 et 18,11% de cas en 2018. Cette période de l'année correspond à la fin de la saison sèche qui coïncide avec ce grand rassemblement, le RARA. Ces éléments créent une grande promiscuité, une augmentation de la consommation d'eau de mauvaise qualité et d'aliments préparés dans des conditions hygiéniques douteuses qui seraient propices à la propagation de la maladie. Contrairement aux études réalisées au Burkina Faso par C. Kyelem et al. (2005) et Dao S et al. au Mali (1995-2004), où la résurgence a été constatée pendant la période pluvieuse.

Concernant le genre, les femmes étaient majoritairement atteintes (52%) contrairement aux hommes (48%). K. Tripurari et al. (2012) à Batala Town, Punjab Inde avaient trouvé des résultats similaires soit 58% de femmes atteintes. Les facteurs sociaux expliquent cette incidence. Cette prédominance féminine apparait liée au fait que les femmes étaient plus actives dans les soins des patients, et plus nombreuses dans les zones à risque (marché, sources, puits). Elles sont aussi moins scolarisées, formant un groupe hautement susceptible au risque sanitaire.

Tout âge confondu, les jeunes âgés de 15 à 34 ans faisaient partie du groupe d'âge le plus touché avec 44,59% des cas. Nos données se rapprochent de celles retrouvées dans les études de J. Ndié et al. (2011) au District de Santé de Tcholliré, Région du Nord-Cameroun avec 42,2%. La promiscuité observée chez ce groupe d'âge, les activités socio-économiques auxquelles il s'adonne (vente de Pap-Padap, Ti Sourit, Taxi-moto, Bric à Brac, commerce à petit revenu) et l'environnement hostile dans lequel il évolue constituent, entre autres, des éléments déterminants à la propagation du choléra dans ce groupe.

Quant à la zone de provenance des cas, la section communale de Haut du Cap (périurbain) avait rapporté le plus grand nombre de cas soit 35,98% (n= 163). Avec une population de 150,176 habitants, dans cette zone réside 54,73% de la population de la commune du Cap-Haitien. Les quartiers les plus touchés étaient Sainte Philomène, Vertières, Cité du Peuple, Champin, Charrier, Camford, Barrière Bouteille, Blue Hills avec respectivement 16,56%, 11,66%, 9,82%, 9,20%, 9,20%, 8,59%, 7,36% et 6,75% des cas. L'exode exponentiel que connaissent les zones rurales vers les zones périurbaines, le pullulement des bidonvilles et la ruralisation des moeurs expliquent cette forte concentration de cas dans cette zone. Bien plus,

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cette section communale est caractérisée par son assainissement pauvre, une démographie explosive incontrôlée et un accès limité à l'eau potable. Il est à noter que seulement 10 à 25% des ménages ont accès au réseau d'eau potable et la commune de Haut du Cap se situe à 7,1 kilomètres du centre.

Aspects cliniques et évolutifs

En 2017 et 2018 au Cap-Haitien, 75% des patients ont consulté tôt (délai de 6 à 24 heures) ; les études de Burkina Faso par C. Kyelem et al. (2005) ont révélé que 90% des patients ont consulté pendant ce même délai. Imbue des complications du choléra après une évolution de huit années sur le territoire, la population du Grand Nord a assumé un comportement responsable vis-à-vis de la maladie.

Comme constamment décrite par différentes études, la symptomatologie du choléra rapportée dans notre recherche était classique avec une diarrhée aiguë aqueuse dans la totalité des cas. Dans 70,20% des cas (n=318), les vomissements y étaient associés. Nos trouvailles sont inférieures à celles des études réalisées par C. Kyelem et al. à Burkina Faso en 2005, par A. Gbary et al. dans le département du Littoral au Bénin en 2008 et par S. Dunkle et al. à GHESKIO en Haïti en 2010, qui ont respectivement rapporté 86%, 88%, 81% de malades avec vomissements. A l'admission, 62,03% des malades présentaient une déshydratation modérée (n=281), une proportion similaire à celle observée lors des études réalisées par S. Dao et al. en 2008 à Cotonou, Benin qui a rapporté 60,64% de cas. Cette importante proportion des cas de déshydratation modérée peut s'expliquer par le très faible moyen économique dont dispose cette frange de la population pour assurer son pain quotidien. Généralement de famille extra-large (5+), le patient se présente au CTC avec un système immunitaire déjà affaissé et affaibli par cette carence nutritive (avitaminose, amaigrissement, malnutrition). Par ailleurs, une mauvaise compréhension et une déformation conceptuelle de la maladie débouchant sur la stigmatisation des personnes atteintes et établissant un climat de peur, poussent ces patients à accourir au CTC (enterrement non bienvenu).

La durée moyenne de séjour de notre étude était de 1 jour, nettement inférieure au standard proposé par l'OMS qui est de 2 à 3 jours. Cette durée est moindre comparée à celle observée dans les études réalisées par M. Makoutodé et al. à Cotonou au Bénin et par E. Guévart et al. à Douala, Cameroun qui ont respectivement rapportés des durées moyennes de 2,43 jours #177; 1,16 et de 2,3 #177; 1 jours. Cet écourtement des jours d'hospitalisation constaté pendant les années 2017 et 2018 au Cap-Haitien est dû d'une part à l'immunité acquise par la population au cours des huit dernières années qui leur a permis de transcender l'épidémie, et d'autre part

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à l'absence de complications de cette maladie infectieuse. Il est à noter que 10,82% (n=49) de ceux qui s'étaient présenté dans le CTC ont abandonné le traitement et sont partis sans préavis. Cependant, la durée de séjour est prolongée chez les femmes compte tenu de leur réalité socio-économique entrainant une surcharge psycho-émotionnelle physique.

L'évolution clinique a été favorable chez presque tous les patients retenus pour l'étude pendant ces deux dernières années. 99,7% de ces sujets (n=451), ont abouti à la guérison et la létalité était à 0,44%, inférieure à celle retrouvée dans l'étude de S. Dao et al. au Mali (létalité 7,7%). Cette faible létalité est un indicateur de la bonne prise en charge de la maladie, des campagnes de sensibilisation effectives, des changements dans les attitudes, et la pullulation des compagnies d'eau traitée qui a augmenté la disponibilité en eau « potable ».

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry