WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La coexistence humaine et participation politique du citoyen. Une réévaluation de l'espace politique avec Hannah Arendt

( Télécharger le fichier original )
par Gauthier Malulu Lock j
Faculté de Philosophie saint Pierre Canisius. Kimwenza-Kinshasa - Graduat en Philosophie 1999
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.2. La participation politique par la praxis.

L'homme peut vivre sans travailler, s'il fait travailler d'autres personnes pour sa survie. L'homme peut aussi vivre dans le monde créé sans y ajouter quelque chose, ouvrage de ses mains ; mais une vie humaine dépourvue d'actions serait comme une vie morte au monde, donc inutile. L'action s'avère comme étant la condition sine qua non de la politique ; c'est-à-dire que l'animal politique est dorénavant l'animal agissant et parlant en public. L'agir politique devient ainsi la matérialisation de la participation politique par l'action concrète.

Agir est aussi et surtout le fait de commencer du nouveau, c'est-à-dire de mettre en activité la capacité d'initiative que l'homme porte en soi. Nous pouvons

reprendre les mots de Hannah Arendt pour être ici plus explicite :

«l'agir, au sens le plus général, signifie prendre une initiative,

entreprendre (le grec archein = commencer, guider et éventuellement

gouverner) mettre en mouvement (latin, agere)»_.

Participer à la vie politique par l'action, telle qu'Arendt comprend celle-ci, revient donc à transcender l'automatisme et l'habitude pour commencer quelque chose de neuf, pour introduire l'inattendu. Puisque chaque individu est unique au monde, son agir est une nouveauté qui enrichit le monde de l'action, et le rend ainsi pluriel : monde des co-actions marqué par la diversité et la multiplicité des individus. La praxis se comprend précisément comme le fait de prendre part aux devoirs civiques (que sont les élections, les manifestations politiques, l'expression d'opinions individuelles etc.), mais aussi d'initier d'autres actes civiques imprévus, puisque l'homme a la capacité de créer du neuf. C'est pourquoi l'action est encore définie comme une capacité de commencement, d'un commencement qui révèle l'agent aux autres. Par l'agir, l'homme répond à la question `qui es-tu' que les autres lui posent dès son entrée dans le monde c'est-à-dire sa naissance.

Mais l'action resterait mal comprise, si nous l'analysions séparément de la parole. Pour Hannah Arendt, en effet, «l'acte ne prend un sens que par la parole dans laquelle l'agent s'identifie comme acteur, annonçant ce qu'il fait, ce qu'il a fait, ce qu'il veut faire»_. Pour Arendt donc, l'action est inséparable de la parole, la praxis et la lexis sont en liaison nécessaire l'une avec l'autre.

3. 3. La participation par la lexis.

Le commencement qui caractérise l'action (praxis) caractérise donc également la parole. Cela se comprend dans cette perspective où l'agir est à la fois l'agir en acte et en parole, ou comme acte langagier. Hannah Arendt affirme que la plupart des actes sont accomplis en manière de parole.

Nous sommes amené de la sorte au constat qu'étudier la praxis et la lexis d'une manière séparée n'est pas dans la ligne de penser de Hannah Arendt, qui n'admet cette division que par un seul souci méthodologique. Pour Arendt, «l'action muette ne serait plus action parce qu'il n'y aurait plus d'acteur et, l'acteur, le faiseur d'actes, n'est possible que s'il est en même temps diseur de paroles»_.

La parole dont il est question ici n'est pas bien sûr le monologue, ni la parole

dictée, elle est parole échangée qui n'est pas violence ni bavardage. C'est une parole

donatrice de sens à l'agent - diseur puisque celui-ci révèle son identité par ce qu'il dit

en se prononçant.

Dès lors, la parole se comprend comme la capacité qu'a l'individu humain de

dire ce qu'il est et ce qu'il fait aux autres qui l'entendent et le voient. Le rôle spécifique

de la parole publique est celui de matérialiser et de rappeler (nommer) les choses

neuves que l'action (praxis) a introduites, les choses qui apparaissent ainsi et qui jettent leur éclat dans le monde des hommes. En d'autres termes, la parole aide la mémoire collective à se souvenir des résultats des actes de l'action (praxis).

Nous savons que la nouveauté et l'imprévisibilité introduites désormais par l'action suscite nécessairement des réactions de la part des autres, qui ont normalement chacun la même capacité d'initier quelque chose de différent. C'est que le neuf rencontre et suscite d'autres neufs. Il y a ainsi un débat public à plusieurs qui s'ouvre à la suite de l'acte langagier ou de l'action simplement (praxis). C'est à cet échange de paroles et d'actes que Hannah Arendt veut en arriver pour qu'on puisse parler effectivement de l'espace politique et de la participation politique.

L'acte muet devient violence, et celle-ci fait taire.

La participation par la lexis est donc le fait de prendre part aux débats publics en toute liberté d'expression.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld