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Les procédés de modalisation dans l'oeuvre romanesque de jules verne: le cas de Michel Strogoff

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par Bauvarie Mounga
Université Yaoundé I - DEA 2007
  

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II.2.1- Les raisons de croire

Les locuteurs ont des raisons plus ou moins convaincantes de croire dans notre corpus. Nous avons, à cet effet, répertorié le croire d'autorité et le croire dogmatique. Le premier se fonde sur un témoignage, témoignage inégalement digne de foi et auquel le locuteur accorde subjectivement une inégale confiance. Le second, c'est-à-dire le croire dogmatique, s'appuie sur une intuition, une connaissance directe de la vérité sans l'aide du raisonnement. Les phrases suivantes sont assez illustratives en ce qui concerne les raisons de croire sus-citées.

(98) Des avis anonymes, qui n'ont pas passé par les bureaux de la police, m'ont été adressés et, en présence des faits qui s'accomplissent maintenant au-delà de la frontière, j'ai tout lieu de croire qu'ils sont exacts ! (p.27)

(99) Je crois aux exilés plus de patriotisme ! reprit le czar. (p.29)

(100) Mais, crois-moi, elle ne pourra jamais atteindre Irkoutsk ! (p.250)

En (98), le support modal s'en tient aux propos qui lui ont été rapportés pour fonder sa croyance. Dans les deux autres énoncés, il se base sur des raisons qu'il pourrait difficilement expliquer. Il apparaît alors que la croyance présente un fait dont la véracité n'est pas toujours avérée. C'est pourquoi Martin (1987 :57) déclare qu'on ne peut affirmer croire ce dont il est impossible de douter. A cet égard, employer le verbe croire signifie que ce que l'on affirme peut ne pas être authentique.

II.2.2- Les emplois obliques du verbe croire et les univers sous-jacents

L'expression emploi oblique est empruntée à Martin (1987) et désigne l'usage du verbe croire par un locuteur pour évoquer l'univers de croyance d'un autre. Dans l'usage oblique, deux univers de croyance se superposent, et le savoir contenu dans l'un ne coïncide pas nécessairement avec le savoir de l'autre. La tendance au vrai, caractéristique de l'univers évoqué, se trouve retournée en une tendance inverse. Martin (1987 :59) précise à cet effet : mon croire à moi qui évoque le croire d'autrui est orienté en direction du faux. Dire il croit que P, c'est généralement laisser entendre que moi-même je ne le crois pas. 

Le sémantisme du verbe croire varie donc souvent d'un univers à l'autre comme l'illustrent les énoncés suivants :

(101) Elle ne redoutait plus aucun obstacle, elle se croyait maintenant certaine d'atteindre son but. (p.124)

(102) Le gouvernement, en effet, croyait savoir que ce traître n'avait pas encore pu quitter la Russie européenne. (p.49)

(103) La conversation continua entre les deux officiers, et Michel Strogoff crut comprendre qu'aux environs de Kolyvan un engagement était imminent entre les troupes moscovites venant du nord et les troupes tartares. (p.170)

A travers les emplois ci-dessus du verbe croire, on constate que le narrateur n'accorde pas beaucoup de crédibilité aux propos des énonciateurs qu'il met en scène. Bien plus, ces emplois traduisent la volonté du narrateur de prendre des distances par rapport aux paroles rapportées. La fausseté s'attache également quelques fois aux emplois de croire lorsqu'un locuteur décrit son propre univers de croyance en un temps antérieur qui n'est plus son univers actuel. Analysons les énoncés ci-dessous :

(104) J'ai cru que le Caucase allait partir sans vous, dit celui-ci d'un air moitié figue, moitié raisin. (p.87)

(105) J'ai donc cru devoir lui marquer que, pendant cette fête une sorte de nuage avait semblé obscurcir le front du souverain. (p.20)

L'emploi du verbe croire au passé composé (ai cru, ai cru devoir) laisse penser que les locuteurs sus-cités ne croient plus ce qu'ils avaient affirmé dans le passé, que leurs croyances leur apparaissent actuellement comme fausses. De ce fait, évoquer son propre univers dans le passé, c'est inévitablement suggérer une rupture avec les croyances soutenues dans ce passé. Au regard de ce qui vient d'être dit, le meilleur moyen de présenter un fait dont on ne saurait douter de la véracité serait d'employer les verbes savoir ou connaître et non le verbe croire.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery