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La participation des diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne à la vie politique nationale: émergence et consolidation de la citoyenneté à distance

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par Ruth Mireille Manga Edimo
Université Yaoundé II - DEA en science politique 2008
  

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CHAPITRE II 

CONSOLIDATION DE LA CITOYENNETE A DISTANCE

Comment s'effectue l'entrée des Camerounais de France et de Grande-Bretagne dans le champ politique national à partir des années 1990 ? Ainsi posée, cette question est au coeur des transformations de la citoyenneté qui ne se définit plus seulement sur le plan national, mais également, sur le plan externe. La question rentre également au centre des mutations et des reconfigurations du paysage socio-politique camerounais observées depuis plus de six décennies. C'est surtout l'épineux problème de l'intégration des Camerounais de l'extérieur dans le jeu politique national.

Le rétrécissement de la planète lié aux innovations technologiques joue en faveur des mouvements et des entreprises politiques des diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne. La territorialité ne constitue plus un handicap. En effet, en tant que « processus qui est à l'oeuvre et qui met en cause les dimensions locales et nationales (caractérisant) jusqu'ici le fonctionnement des sociétés politiques »111(*), la mondialisation contribue plus ou moins à l'émancipation politique des mouvements diasporiques, notamment de ces Camerounais résidant en France et en Grande-Bretagne qui manifestent davantage leur envie de s'intégrer dans le jeu politique de leur pays d'origine.

Dans ce deuxième chapitre de notre travail, nous mettons en exergue l'organisation des Camerounais de l'étranger principalement de France et de Grande-Bretagne par rapport à la vie politique nationale de leur Etat d'origine. La période retenue est celle des années 1990 à 2006. Celles-ci se caractérisant principalement par la démocratisation du système politique, a favorisé l'éclosion des partis politiques et la pluralisation de l'espace politique camerounais de même qu'une multiplication de lieux d'expression de la diaspora camerounaise. On distingue aussi bien les mouvements que les partis politiques, de gauche comme droite. En ce qui concerne les partis politiques et les mouvements de la gauche politique, nous pouvons à titre d'illustration citer : le National Council of Southern Cameroon (NCSC), mouvement sécessionniste anglophone ; le Collectif des Organisations démocratiques de la diaspora camerounaise (CODE) ; l'Union des populations du Cameroun (UPC) ; l'Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP) ; le Social Democratic Front (SDF) et bien d'autres. Comme parti et associations politiques de la diaspora camerounaise positionnés à droite nous aurons principalement la diaspora solidaire (DS), l'Association de la diaspora camerounaise pour la solidarité (ASBL), le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), etc. En effet, des Camerounais de la diaspora de France et de Grande-Bretagne sont des membres actifs, militants et sympathisants de ces différents groupements politiques. Cependant nous allons privilégier dans le cadre de ce travail, l'étude de deux partis politiques et de deux mouvements politiques des diasporas camerounaises. Ceci nous permet de comprendre que, de même que les idéologies politiques camerounaises au sein du territoire national sont controversées, de même, elles le sont à l'extérieur. C'est la configuration politique plurielle des diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne.

S'organisant en deux sections, le chapitre privilégie dans sa première section les modalités d'intégration des diasporas camerounaises dans la vie politique nationale par les partis politiques et les mouvements et associations politiques, tandis que la seconde section s'attelle à démontrer l'intégration politique des diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne par la production de l'identité de l'Etat d'origine et leur reconnaissance par l'Etat.

Section I : L'organisation des diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne par rapport à la vie politique nationale

L'organisation des Camerounais de la diaspora par rapport à la vie politique nationale se fait à travers l'intégration des partis politiques (majorité présidentielle et opposition) et la création de mouvements et associations politiques camerounais en terre d'accueil.

Si la mondialisation peut être perçue comme un « processus de brouillage des frontières et de subversion des repères traditionnels »112(*), c'est bel et bien parce que les pratiques des individus tendent de plus en plus à le confirmer. La pesanteur du territoire ne façonne plus le groupe comme tel. La localité n'est plus synonyme d'une fixation dans l'espace. Ainsi, malgré leur inaccessibilité à une «  citoyenneté politique » institutionnelle et à la bi-nationalité, les Camerounais de l'extérieur, notamment ceux de l'Occident réussissent à contourner les barrières législatives, a priori un handicap, pour faire entendre et vulgariser leurs différents points de vue politiques. Cette aptitude met donc en cause les théories socio-politiques privilégiant les formes classiques de « localisme » ancrées sur le territoire dans le cadre de l'Etat-Nation et met en relief le déploiement d'une citoyenneté à distance de la part de ces Camerounais de la diaspora qui se sentent par là, impliqués dans la vie politique de leur pays.

Une distinction est à faire entre les mouvements politiques des diasporas camerounaises nés à l'extérieur et ceux qui ne sont que des ramifications ou des prolongements des structures politiques déjà existantes au sein du territoire national. Cette première section du chapitre se consacre aux activités menés par les entreprises partisanes camerounaises à l'étranger telles que le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, parti de la majorité présidentiel) et le Social Democratic Front (SDF, principal parti de l'opposition), notamment en France et en Grande-Bretagne.

Paragraphe 1 : L'intégration des Camerounais de l'étranger dans la vie politique nationale par les partis politiques: Les cas du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) et du Social Democratic Front (SDF)

Les partis sont des organisations, relativement stables, qui mobilisent des soutiens en vue de participer directement à l'exercice du pouvoir politique au niveau central ou local. Cette définition renvoie à un certain nombre de critères analysés par diverses écoles scientifiques telles que soulevées par Philippe Braud.

« Organisations, les partis relèvent de la notion d'entreprise politique (Max Weber, Schumpeter). Les individus mettent en commun des ressources pour agir sur la scène politique. Ces entreprises se donnent un minimum d'institutionnalisation, qui conduit à attirer l'attention sur leurs structures juridiques. Les partis ont une ambition de mobilisation. Ils cherchent en effet à s'imposer comme représentatifs d'une population ou porteurs d'un projet de société, d'une grande cause. Il leur faut donc travailler à faire accepter ou partager la justesse de leurs vues, convaincre de la valeur de leurs objectifs ou de leurs programmes. Ce faisant, ils entrent en compétition les uns avec les autres, tout au moins, dans les régimes pluralistes. S'ils se heurtent à la concurrence d'autres organisations, (syndicats, associations), il arrive aussi parfois qu'ils les utilisent ou les suscitent comme relais. Les partis se spécifient enfin en ce que leur action est orientée vers l'accès aux institutions politiques. Ils veulent y exercer le pouvoir, seuls ou coalisés avec d'autres »113(*).

* 111 Arjun Appadurai, op.cit., P. 7

* 112 Appadurai, op. cit., P. 9

* 113 P. Braud, op.cit., PP. 429-430

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard