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La participation des diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne à la vie politique nationale: émergence et consolidation de la citoyenneté à distance

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par Ruth Mireille Manga Edimo
Université Yaoundé II - DEA en science politique 2008
  

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Paragraphe 2 : L'acquisition d'une citoyenneté à distance par les diasporiques de France et de Grande-Bretagne

A. La réinvention ''diasporique'' de la participation politique

La mise sur pied d'une communauté politique camerounaise en France et en Grande-Bretagne contribue également à une exportation de la vie politique nationale. Elle est liée à une manifestation de la loyauté et de l'allégeance des immigrés camerounais à leur nation. Bien qu'étant à distance, ils participent à la vie politique camerounaise. En dépit du fait que les Camerounais de l'extérieur ne soient pas encore autorisés à voter, les entreprises partisanes disposent de sections étrangères qui permettent l' « internationalisation de l'action politique des formations respectives »167(*). Cependant, même si la politique correspond à ce que Dominique Chagnollaud, appelle l' « ensemble des efforts que l'on fait en vue de participer au pouvoir ou d'influer sur la répartition du pouvoir, soit entre les Etats, soit entre divers groupes à l'intérieur d'un même Etat », nous nous demandons quand même si la diaspora camerounaise de France et de Grande-Bretagne, a vraiment gagné en respectabilité. En effet, figures extraterritoriales et cosmopolites, les diasporas camerounaises incarnent désormais des expériences vécues-une réussite virtuelle-du monde transnational. Elle illustre le rêve d'une communauté mondiale d'individus de même nationalité, d'une fidélité à soi, le mythe d'une résistance spirituelle et culturelle à l'uniformisation et d'une solidarité à toute épreuve par delà les différences et les oppositions.

La nationalité, instrument juridique du lien entre les Camerounais de l'extérieur et la vie politique nationale en ce qu'elle a trait aux rapports entre les individus et l'Etat est une question relevant de la citoyenneté. La migration transnationale observe Jacobson168(*), « est entrain de saper continûment le socle traditionnel de l'appartenance à l'Etat-nation, en un mot la citoyenneté ». Les modalités d'acquisition de cette citoyenneté sont imposées par les Camerounais de l'Occident en général, de France et de Grande-Bretagne en particulier, qui ne manquent pas d'imaginer des moyens leur permettant de s'investir dans la vie politique nationale. C'est également dans ce cadre qu'il faut inscrire les dynamiques de transformation de la citoyenneté des Camerounais de la diaspora.

B. l'hypothèse de la citoyenneté à distance

1. Implications d'ordre pratique

Les diverses activités de la diaspora nous ont démontré que nous sommes bel et bien à l'ère de la « fin des territoires ». Pas une fin qui, au sens de Bertrand Badie remet en cause la souveraineté des Etats, mais, plutôt, une fin synonyme de la démystification de l'éloignement par rapport à la terre ou territoire d'origine. C'est plutôt une fin cherchant à démontrer que la distance n'est plus de nos jours, un handicap à l'épanouissement politique des peuples qui désirent participer à l'émancipation ou évolution politique de leur pays. Dans certains pays de l'Occident, il est admis depuis déjà quelques années qu'on est plus citoyen d'un pays, mais plutôt, citoyen du monde et que l'ouverture de l'espace territorial doit se faire sans frein quelconque.

L'apparition d'acteurs, militants et sympathisants politiques camerounais au-delà des frontières territoriales de l'Etat est sans doute l'un des faits les plus marquants du nouveau « modèle multiculturel de la citoyenneté » en cours d'invention et de banalisation avec la remise en cause du lien intime, voire constitutif, entre Etat et citoyenneté. En tout cas le modèle de citoyenneté qui se forge à partir des différents mouvements de diasporiques combine « allégeance à la communauté politique d'origine, solidarités transnationales, réinvestissements particularistes et participation au « charisme collectif distinctif » de la société d'installation.

Contrairement à la « citoyenneté dite de ''proximité'' (...) au lien raffermi mais particularisant qui a lieu à l'échelle subnationale » au sens de B. Badie et Perrineau (2000 :25), la citoyenneté diasporique est une citoyenneté à distance, extra-territoriale. Elle repose sur des formes d'allégeance politique en dehors du territoire d'origine. Cependant, il ne faudrait pas forcément l'assimiler à une déterritorialisation. Car, malgré la crise des référents territoriaux qui a cours dans le monde, les Etats parviennent à un contrôle plus ou moins relatif sur les individus, bien que se situant à l'extérieur de leur domaine territorial, rationae loci.

2. Conséquences théoriques

La redéfinition de la citoyenneté participe des nouvelles formes du politique et du social qui émergent dans le monde. Comme le note Leca cité par Chouala (2004,b), « les nouvelles immigrations » constituent un défi aux traditions démocratiques et notamment à la citoyenneté en tant que modèle artificialiste de l'inclusion : « alors que la formule stato-nationale assurait l'inclusion de l'interne en externalisant l'exclusion, la situation actuelle voit les deux processus s'internaliser ; l'inclusion s'accompagne de (demandes) d'exclusion interne dont les `''Front nationaux'' sont la traduction politique la plus apparente (...). » 169(*). Par ailleurs, la citoyenneté est travaillée par de multiples logiques. Ce qui a assurément cours dans le lien citoyen, c'est le redéploiement de nouvelles formes de participation politique à l'extérieur des frontières nationales. Celles-ci se construisent généralement autour d'un imaginaire collectif et individuel façonné par les cultures politiques d'origine et l'environnement ambiant.

Conçue dans la perceptive classique comme l'ensemble des droits et devoirs que confère à l'individu son rattachement juridique à la population constitutive d'un Etat, la citoyenneté fut naguère «une prérogative des seuls nationaux internes ou « insiders » (Chouala, 2004). Dans cette posture spécifique, la citoyenneté s'exprime dans le cadre de l'Etat-nation, d'où la forte relation entre citoyenneté et nationalité. Seul le national est citoyen. Néanmoins, à un moment où les émigrés camerounais ou « outsiders »170(*), par le biais des migrations d'installation, deviennent partie intégrante des corps nationaux des Etats d'accueil tout en continuant d'être reconnus comme nationaux ou citoyens camerounais, l'hypothèse de la nouvelle citoyenneté, déjà soulevée par Chouala171(*) et d'autres auteurs, s'applique pertinemment aux Camerounais résidant en France et Grande-Bretagne.

* 167 Sur l'action internationale de l'opposition camerounaise, lire Yves-Alexandre Chouala (2004,b)

* 168 Cité par Blaise Nkene, op.cit., P. 20

* 169 Chouala, op.cit., P.138

* 170 Ibid.

* 171 Chouala, (2004, a et b).

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore