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Le système financier haitien: La problématique du crédit au secteur privé face aux défis de croissance économique (1986-2005)

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par Etzer Emile
Université Quisquéya - Licence en Sciences Economiques 2008
  

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B) Crédit privé et croissance en Haïti

La majorité des théories économiques sont unanimes à reconnaître les incidences positives du crédit au secteur privé sur les activités économiques, comme l'ont si bien montré les tenants de l'école du « canal du crédit »43 qui ont soutenu l'idée qu'une augmentation du crédit au secteur privé entraîne une augmentation des revenus stimulant ainsi la croissance économique ; donc on va essayer de voir comment l'évolution du crédit au secteur privé a influencé la croissance pendant cette période sous/étude.

43 Bernanke, B. ,«On the predictive power of interest rates and interest rates spread». pp. 12/15.

En observant le graphe ci-dessous, nous comprenons qu'il n'y pas lieu de lien de cause à effet entre le crédit bancaire au secteur privé et la croissance économique dans le cas de l'économie haïtienne pendant la période sous-étude.

graphe 5
Evolution du tx de croiss du PIB et du tx de croiss du credit au secteur prive

60.00

50.00

40.00

30.00

20.00

10.00

croissance du credit au secteur priv.

Tx de croiss PIB (%)

0.00

10.00

-20.00

Source : BRH

En somme, cette étude sur l'évolution du crédit au secteur privé et de son rôle vis- à-vis de la croissance économique nous a permis de voir que la distribution du crédit au secteur privé bancaire de 1986 à 2005 n'a pas été régulière pour diverses raisons tant économiques que politiques. Aussi, cela peut dépendre de la politique monétaire adoptée et appliquée dans des situations particulières.

C) La problématique du crédit

« En Amérique Latine, le crédit bancaire reste rare, coûteux et extrêmement volatile ». Telle est la conclusion peu encourageante d'une étude approfondie des systèmes bancaires de la région publiée par la BID en 200444. Haïti est tout aussi concerné par cette problématique. Le problème du crédit devrait être ainsi abordé sur quatre angles différents : l'insuffisance, le coût, l'exclusivité et la qualité.

Selon les données de la BRH, le crédit au secteur privé est passé de 1,29 milliard à 25,7 milliards de gourdes de septembre 1986 à septembre 2005 et le ratio M2 / PIB de

0,6 % en 1986 à 3,34 % en 2005. Ceci démontre que les disponibilités à l'octroi du crédit sont en progression. Tandis que, le ratio Crédit secteur privé / PIB n'a pas pu atteindre la barre des 5 % pas avant 2004 avec une moyenne de 1,99 % de 1986 à 200545. Ce rationnement du crédit en Haïti, donc, n'est pas forcément imputable à la faiblesse de disponibilités bancaires.

Le deuxième aspect de la question est relatif au coût du crédit. Un produit rare est généralement coûteux. Mais, il y a une autre considération à faire. En Haïti, on remarque mis à part le problème d'insuffisance de fonds prêtables, les institutions de crédit ont tendance à imposer des conditions draconiennes face à la demande des agents qui ont besoin du crédit46, un ensemble de mesures qui protègent les banques certes, mais entravent l'activité de crédit. Nous reconnaissons certes, le niveau élevé de risque qui entoure les investissements économiques par rapport à la fragilité du pays; mais, reste à savoir si les mesures préventives en terme d'octroi du crédit au secteur privé correspondent toujours à la réalité du marché. En effet, nous savons que le spread bancaire est resté généralement élevé. Selon les sources de la BRH, il a atteint 15 % en septembre 1995, pour un taux d'intérêt moyen de 3,5 % sur les dépôts d'épargne et un taux d'intérêt moyen sur les prêts de 18,5 %. En septembre 2005, le spread bancaire était de 21,87 % pour des taux d'intérêts sur les dépôts d'épargnes et de prêts de 1,13 % et 23 % respectivement. Voyons le graphe qui suit.

45 En 2000 le ratio Credit privé privé / PIB au Chilie était de 72 % selon les données de Banco Cenral de Chile

46 Fritz Deshommes, «Vie chère et politique économique en Haïti», pp. 194,195

tx d'inrnrêt

35

30

25

15

10

5

0

Sep-

95

Sep-

96

Sep-
97

Sep-
98

Sep-
99

graphe 6

Evolution du Spread bancaire

Sep-
00

Sep-
01

Sep-
02

Sep-
03

Sep-

04

Sep-

05

tx d'int dépôt d'épargne tx d'int prêt

Source : BRH

Cet écart de taux qui est généralement inélastique par rapport aux variations des taux directeurs de la BRH nuit considérablement à la demande de crédit. D'une part, les potentiels épargnants pourraient être réticents à faire des dépôts, et d'autre part, ceux qui ont besoin du crédit seraient de plus en plus désintéressés à formuler une demande.

Le troisième aspect du problème est l'exclusivité. Cela sous/entend que le crédit est parfois discriminatoire dans le sens qu'il n'est pas ouvert à tout le monde ou en d'autres termes, une minorité de personnes est privilégiée au dépend d'une certaine majorité sur la base de l'apparenté. Environ 133 clients sur 400,000 détiennent les 2/3 du volume de crédits supérieurs à 75,000.00 gourdes au niveau des banques commerciales haïtiennes (PNUD-BIT, 1997). Aussi, selon les chiffres de la BRH, environ 10 % des emprunteurs du système bancaire haïtien ont bénéficié approximativement de 80 % du portefeuille de crédit total au 30 septembre 2005 (contre 68 % en 2004)47. C'est une expression de la concentration de l'offre des services financiers notamment les prêts bancaires.

Le dernier aspect dans le problème du crédit est sa qualité. Il ne suffit donc pas d'accorder des prêts à des clients, mais les prêts doivent être de qualité. La qualité du

47 BRH, Rapport Annuel 2005

crédit renvoie notamment à sa productivité. Pour l'année 2005, les prêts improductifs représentaient 12,38 % des prêts bruts et le ratio des prêts improductifs sur l'avoir des actionnaires était de 42,19 %. Des chiffres inquiétants, qui démontrent la mauvaise qualité de l'actif et la faiblesse de l'assise financière du système bancaire.

Tous ces obstacles empêchent non seulement au crédit au secteur privé d'évoluer normalement, mais aussi d'avoir des incidences positives sur la création de richesse et de l'emploi.

Dans le prochain chapitre, nous allons présenter notre modèle économétrique mettant en
relation le crédit au secteur privé et la croissance du PIB

CHAPITRE III-

ANALYSE ECONOMETRIQUE DE LA RELATION ENTRE LE CREDIT AU SECTEUR PRIVE ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984