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Le système financier haitien: La problématique du crédit au secteur privé face aux défis de croissance économique (1986-2005)

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par Etzer Emile
Université Quisquéya - Licence en Sciences Economiques 2008
  

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CHAPITRE III- ANALYSE ECONOMETRIQUE DE LA RELATION ENTRE LE CREDIT AU SECTEUR PRIVE ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE.

Pour modéliser les relations entre le crédit au secteur privé et la croissance économique, nous utilisons une régression linéaire multiple. Entre autres, l'objectif général de toute régression multiple est d'en apprendre davantage sur la relation entre les indépendants ou plusieurs variables prédictives et une charge variable ou un critère. En effet, nous nous servons du logiciel E-views (version 4.1 professional) pour estimer le modèle.

Le modèle est constitué d'une variable endogène LPIB qui représente le logarithme du Produit Intérieur Brut et de trois variables exogènes, LCREPRIV, le logarithme du crédit au secteur privé, LM2 désignant le logarithme de la masse monétaire M2 et LCREPUB indiquant le logarithme du crédit au secteur public. Nous avons préféré de prendre le logarithme des variables pour avoir une meilleure tendance et pour rendre les séries plus stationnaires car les séries en niveau ne nous ont pas donnés des résultats statistiquement significatifs en faisant le test de Fischer. Nous avons utilisé des données

annuelles partant de 1986 à 2005 à partir du MCO pour estimer notre modèle et pour la plupart des cas, on a pris comme valeur moyenne annuelle, les valeurs de septembre de chaque année (résultat de fin de période).

Spécification mathématique du modèle

L'équation générale du modèle prend la forme suivante : LPIB = C(1) + C(2)*LM2 + C(3)*LCREPRIV + C(4)*LCREPUB + Et

Cette forme d'équation ne s'identifie pas typiquement à un modèle déjà construit, néanmoins, elle réfère particulièrement au modèle théorique de Shumpeter (1912) qui a fait du crédit privé le mobile de détermination de la production industrielle et de l'innovation technologique. Toutefois, le crédit privé n'était pas pris en compte dans son modèle de base.

Spécification économétrique du modèle :

LPIB = C(1) + C(2)*LM2 + C(3)*LCREPRIV + C(4)*LCREPUB + Ut

Test de stationnarité des variables

La notion de stationnarité est importante dans la modélisation de séries temporelles. Dans le cas où les variables ne sont pas stationnaires mais intégrés de même ordre, un concept très proche, celui de cointégration, permet de déterminer le type de modèle à utiliser. La stationnarité joue également un rôle important dans la prédiction de séries temporelles.

Dans notre cas, nous utilisons l'artifice de Dickey-fuller48 simple (1981)

48 Le test de Dickey Fuller simple (1979) est un test de racine unitaire (ou de non stationnarité)

Nous partons des hypothèses suivantes : H0 : |ñ| = 1 (â=0, non stationnaire)

H1 : |ñ| <1 (stationnaire)

Après avoir effectué le test de racine unitaire de Dickey-fuller simple, nous avons vu que les quatre variables constituant notre modèle à savoir LPIB, LCREPRIV, LCREPUB et LM2 ne sont pas stationnaires en niveau donc on accepte H0. Toutefois, elles sont toutes stationnaires en différence première. A la différence des autres, la variable LCREPRIV garde la tendance et la constante, alors que les trois autres sont stationnaires en différence uniquement avec constante. Nous présentons en annexe 2 les séquences de résultats des tests de Dickey-Fuller.

Test de normalité

La normalité de l'erreur est l'une des hypothèses statistiques fondamentales qui doit être testée notamment avec des séries temporelles. Nous utilisons alors, le test de Jarque-Bera (1980) pour réaliser ce test. Sous les hypothèses suivantes :

H0 : Ut ~ N (0, ó2u), L'erreur est normale

H1 : Ut /~ N (0, ó2u), L'erreur est non normale

Selon les résultats de e-views (voir annexe 1), la probabilité associée à JarqueBera est de 93,09 % donc supérieure à 5 %, alors nous acceptons H0. Nous concluons ainsi que l'erreur est normale.

Test de spécification :

Nous utilisons le test de Ramsey (RESET TEST, 1976). L'équation de régression Ramsey Spécifications Erreur Test (RESET) (Ramsey, 1969) est une spécification d'essai pour le modèle de régression linéaire. L'intuition derrière ce test est que, si la non-

combinaison linéaire des variables explicatives a tout pouvoir pour expliquer la variable exogène, le modèle est mal spécifié.

Nous formulons les hypothèses suivantes : H0 : Ut ~ IN (0, ó2u I), bonne spécification H1 : Ut ~ IN (g, ó2u I), 1?0, mauvaise spécification

A partir des résultats de e-views (voir annexe 1), la probabilité associée à Fstatistic est de 34,90 %, donc elle dépasse 5 %. Alors H0 est acceptée, pas d'erreur de spécification.

Résultats et interprétation des résultats de l'estimation

Après l'avoir estimé par le MCO, on a eu la forme particulière suivante: LPIB = 4.639 + 2.144*LM2 - 0.823*LCREPRIV - 0.958*LCREPUB

(6.223) (6.125) (-3.309) (-6.048)

(...) t student

Pour tester la significativité de chacune des variables, le test de Student a donné des résultats satisfaisants. Donc toutes les quatre variables considérées dans le modèle sont statistiquement significatives (voir annexe 3). Globalement, nous avons eu un une probabilité associée à Fischer atteignant 47,61 %, ce qui est largement significatif toujours sous le seuil d'erreur de 5 %. Egalement, nous avons enregistré un R2 suffisamment élevé de 89,92 % et une somme carré de l'erreur (Sum square resid) très faible (0,2832), qui sont tous des signaux positifs de la significativité et de l'acceptabilité du modèle.

Parallèlement, les résultats de l'estimation ont donné une valeur de Durbinwatson49 soit DW=1,97 (voir annexe 3). Sous un seuil de 5 % et avec 3 variables explicatives, dl et du prennent respectivement les valeurs de 1 et de 1,68. Donc la valeur de DW (1,97) est située dans l'intervalle entre du (1,68) et 4-du (2,32), une zone dans laquelle H0 est vérifiée, c'est-à-dire que les résidus sont non autocorrélés sous les hypothèses suivantes:

H0: ñ =0 (Les résidus sont non-autocorrélés)

H1: ñ ? 0 (ñ <0 ou ñ >0, les résidus sont autocorrélés)

Aussi nous avons utilisé le test de White (1980), qui est un cas particulier du test de Breusch-Godfrey-Pagan pour tester l'hétéroscedasticité du modèle; en d'autres termes, pour voir si la variance de l'erreur est constante ou non. Nous avons les hypothèses suivantes:

H0: a2 = a3 = ... = ap (L'erreur est homoscedastique)

H1: (ai ? 0), i= 2, 3, ..., p. (L'erreur est hétéroscedastique)

Les résultats de E-views ont donné une probabilité associée à White qui est de 5,7 % (voir annexe 3), qui dépasse le seuil de 5 %, donc H0 est acceptée, l'erreur est homoscedastique.

Enfin, nous avons effectué le test de multicolinéarité entre les variables exogènes du modèle. Car nous savons que l'existence de multicolinéarité gonfle les écarts des estimations de paramètres. La multicolinéarité peut également aboutir à des signes

49 Cette statistique venant du nom de James Geoffrey Durbin et Watson est utilisée pour détecter la présence d'autocorrelation des

inattendus et par conséquent, à des conclusions erronées sur les relations entre variables indépendantes et dépendante. Pour réaliser le test de multicolinéarité, nous avons utilisé le test de Farrah-Glauber. Sous les hypothèses suivantes:

H0: |R|=1 (les variables sont orthogonales)

H1: |R|<1 (les variables s sont fortement corrélées)

La probabilité associée à Farrah-Glauber, calculée à partir du déterminant D a donné -6,59 % (voir annexe 4), une valeur négative, qui est inférieure à la valeur lue dans la table de chi-deux pour n=20 et pour un seuil d'erreur de 5 % soit une probabilité de 7,8 15 %. Alors nous acceptons Ho, donc il n'y a pas de multicolinéarité, en d'autres termes, les variables explicatives sont orthogonales.

Techniquement, en analysant les signes des coefficients des différentes variables exogènes, nous devons comprendre que les deux variables LCREPRIV et LCREPUB entretiennent des relations négatives avec la variable endogène (LPIB). En terme économique, d'après ce modèle, toute augmentation de 1% du crédit au secteur privé et toute augmentation de 1 % du crédit au secteur public doit faire baisser le PIB respectivement de 0,823 % et de 0,958 %. Parallèlement, la masse monétaire M2 influence positivement le PIB, ainsi, selon cette équation, une hausse de 1 % de M2 fera progresser le PIB de 2,144 %.

Théoriquement, beaucoup de thèses soutiennent une relation négative entre le crédit au secteur public et la croissance économique dont celle de Varoukadis (1 996)50 dans le sens que les crédits au secteur public tendent à évincer le crédit au secteur privé et donc réduire l'investissement domestique; ce qui s'accorde parfaitement avec les résultats de notre estimation. Toutefois, dans la majorité des cas, les auteurs défendent une relation positive entre le crédit au secteur privé et la croissance du PIB (c'est le cas

50 Aristomène Varoudakis, Regimes non démocratiques et croissance: théorie et estimation, pp. 831-840

de Schumpeter). Car, pensent/ils, le crédit au secteur privé peut mobiliser suffisamment de capitaux à l'investissement et à la création de richesse pouvant stimuler l'activité économique. En ce qui concerne la relation entre la masse monétaire M2 et la croissance du PIB, elle répond aux avancées théoriques qui soutiennent l'idée qu'une plus grande disponibilité monétaire soit en terme de monnaie en circulation ou dans les comptes d'épargne constitue un terrain propice à l'investissement, et par la suite pour la bonne marche des activités économiques.

Dans le cas haïtien, plusieurs choses peuvent expliquer cette inadéquation entre le crédit au secteur privé et la croissance du PIB. D'abord, on considère le point de vue politique. L'étude part de 1986, et nous savons que 1986 dans l'histoire politique, sociale et économique nationale a été un point déclencheur de toute une série de mouvements d'instabilité. De la chute de Jean/Claude Duvalier en passant par le coup d'Etat de 1991 pour aboutir au renversement de Jean/Bertrand Aristide en février 2004, les tensions politiques de toutes sortes ont assombri le climat d'investissement au détriment de la croissance économique et de l'emploi.

Mis à part les crises politiques répétées, la période de grande ouverture économique qui a marqué l'après Duvalier à travers le Plan Américain a donné un coup dur à l'économie. Dans ce contexte, les entreprises nationales qui bénéficiaient du crédit ne pouvaient pas efficacement et de manière optimale produire, car talonnées par la forte concurrence des produits étrangers. Et parallèlement, les compagnies étrangères s'adonnaient presque entièrement à la commercialisation au lieu de venir d'investir en Haïti dans des oeuvres à haute intensité d'emploi et de création de richesse. Donc, il serait difficile de croire que dans une situation aussi particulière, le faible niveau de crédit accordé au secteur privé particulièrement par les banques aurait pu avoir des impacts positifs sur la croissance du PIB. Deux autres problèmes peuvent être soulevés pour expliquer cette relation négative. On a mentionné plus haut, qu'il existe plusieurs types de crédit notamment le crédit à la consommation, et le crédit à la production (ou à l'investissement). La première catégorie, à part qu'elle stimule la demande globale par

une augmentation de la consommation, n'a pas un impact significatif sur les activités économiques, tandis qu'elle représente une part assez considérable dans le portefeuille de crédit des banques haïtiennes51.

La deuxième catégorie qui est consacrée à la production peut diviser en production agricole, commerciale, industrielle ou de service. C'est un type de crédit qui généralement, est très favorable à la croissance notamment pour le secteur industriel et des services. Puisque, nous savons que dans le contexte économique actuel, les productions industrielles et de services offrent une plus grande valeur ajoutée et des avantages comparatifs face à la détérioration des termes de l'échange des produits agricoles et de la forte inflation que subissent les produits commerciaux. Néanmoins, dans cette même catégorie de crédit à la production, les prêts sont en majorité destinés à des activités commerciales52, qui sont d'ailleurs réputées faibles en valeur ajoutée et en création d'emploi.

Un autre problème qui a été soulevé plus haut c'est la trop forte concentration du crédit. Donc, par le fait que le crédit n'est pas suffisamment ouvert et distribué dans les différents secteurs et régions du pays53, il va inciter de moins en moins de concurrence; alors une augmentation relative de son volume n'arrivera pas à inciter une croissance économique soutenue, menacée par tant d'autres facteurs économiques et politiques. A part de la concentration du crédit, il faut considérer aussi les termes des prêts bancaires. Comment s'attendre à des retombées positives du crédit si les banques commerciales haïtiennes offrent pour la majeure partie du temps des prêts à court terme. Ces derniers n'auront pas suffisamment de temps pour donner le rendement souhaité (pour les banques

51 Fritz Deshommes, «Politique économique en Haïti. Rétrospectives et perspectives», p.87

52 Près de deux tiers des prêts du système bancaire, soit 62.8%, sont accordés dans le cadre des activités commerciales (source: Document de synthèse de C.N.C / P.N.U.P / B.I.T / H.A.I 95 / 014: «Analyse des Institutions Bancaires »

53 Plus de 90% des prêts sont concentrés dans la zone métropolitaine particulièrement à Port/au/Prince (voir le document de synthèse pré/cité)

commerciales haïtiennes, 8 1% des crédits en moyenne se font à court terme selon le même document de synthèse cité plus haut).

Le dernier argument qui pourrait expliquer cette influence négative du crédit au secteur privé sur la croissance du PIB est la non prise en compte du crédit des institutions financières non bancaires dans la régression, étant donné une non disponibilité des données qui y sont relatives. Néanmoins, on sait que la tendance ne serait pas trop différente vu la dominance bancaire face à une famille des IFNB minoritaires.

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King