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La prévention des conflits dans la dynamique de l'intégration sous-régionale en Afrique centrale

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par Abel Hubert MBACK WARA
Université de Yaoundé II-Soa - DEA/Master II en Science Politique  2006
  

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CHAPITRE I : ETAT DE LA THEORIE ET DES CONCEPTS

« La tache primordiale de la science c'est-à-dire sa tache permanente, est de trouver les concepts convenables pour mener l'analyse ».

Easton David (1974), Analyse du système politique, Armand Colin, Paris, p. 13

Le but de ce chapitre est de fixer les fondements théoriques sur la base desquels procèdera notre étude. Dans cette optique nous procéderons par une trilogie comprenant, dans un premier temps la présentation des différentes théories en présence, ensuite nous procéderons à une analyse critique de ces théories, pour dans un troisième temps, ne retenir que les substrats théoriques ayant survécu à l'analyse critique et qui de ce fait orientera notre étude.

SECTION A  : ECONOMIE DES THEORIES EN PRESENCE

Etant donné que les concepts d'intégration et de prévention des conflits à eux seuls semblent suffisamment complexes et de sens assez éclatés, nous appuierons nos recherches sur une étude distincte de ces deux champs théoriques. Cette étude constituera le point de départ de notre état de la question théorique. Nous envisagerons donc séparément les travaux portant sur la prévention des conflits en Afrique centrale et ceux portant sur l'intégration de la sous-région avant d'établir plus loin le lien théorique existant entre ces deux concepts.

Paragraphe 1  : La prévention des conflits en Afrique centrale

La littérature sur la prévention des conflits est assez récente comparée à celle sur la théorie du conflit. Elle est le fait, autant des hommes politiques que des hommes de science. Les traités de Westphalie constituent une première rationalisation de la prévention des conflits. En effet, ils apparaissent comme le premier exemple de résolution des conflits par la voie de la conciliation, conciliation qui à permis de mettre un terme à la guerre de 30 ans opposant les empires européens.

Bien après cet exemple isolé, la réflexion sur la prévention des conflits prendra une plus grande consistance après la première guerre mondiale. En effet, le spectacle affreux des atrocités et les nombreuses séquelles de la guerre ont suscité chez les penseurs et les décideurs le souci de créer des mécanismes qui empêchent la survenue, à l'avenir, de telles horreurs. Cette littérature reste cependant tributaire de la conception et de la culture de guerre prévalant à l'époque à savoir, les guerres classiques opposant des Etats par l'entremise de leurs armées identifiées comme telles. Les actions en prévention des conflits à cette époque revêtirent donc pour la plupart la forme de la diplomatie préventive exercée sur les chefs d'Etats afin de les amener à choisir un mode de résolution de leurs antagonismes qui soit autre que la guerre. C'est dans cette logique que s'inscrit le discours sur les 14 points du Président Wilson et, c'est aussi dans ce contexte qu'il faut situer les nombreux succès de la SDN en matière de prévention et de gestion des conflits (Bertrand.1997 :112)

La période allant de la fin de la deuxième guerre mondiale à la fin de la guerre froide sera marquée certes par quelques productions tant dans la littérature que dans la pratique même de la prévention, mais ces productions resteront toutes influencées par la bipolarité mondiale qui prévalait à l'époque. De fait, les opérations menées dans les années 50 étaient relativement simples. Relevant du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies, elles rentraient dans une logique du consentement des parties au conflit, à une médiation et à sa résolution (Tardy T.2000 :390).

La période post guerre froide pour sa part fera intervenir une mutation sans précédent dans la polémologie de l'époque. En effet, « l'un des aspects les plus remarquable de l'après-guerre froide, conclut la Commission Carnegie, est que le nombre de conflits se déroulant à l'intérieur d'un état dépasse largement celui des conflits entre états » (Commission Carnegie,1998 :4). Un tel contexte mènera évidement à une révision des conceptions en présence en ce qui est de la prévention des conflits. Aussi, la littérature sur la prévention des conflits mettra, à partir de cette époque, un accent particulier sur les causes intra-étatiques et sociologiques ou encore structurelles de la guerre telles les extrémismes culturels, politiques et religieux afin d'y apporter une solution adéquate.

En première analyse, il semble opportun de rechercher une compréhension suffisante de la conflictualité de l'Afrique centrale. Michel Kounou dans son article « Les conflits armés post-guerre froide en Afrique au sud du Sahara : Un essai de caractérisation » in Revue Africaine d'Etudes Politiques et Stratégiques, N°1, 2001, pp 223-245, en se penchant sur les traits principaux faisant la particularité de la conflictualité en Afrique subsaharienne, apporte une contribution décisive dans cette optique. L'auteur part d'une relecture des principales théories de la guerre pour ensuite les appliquer à la réalité de la zone étudiée. Il constate que les facteurs conflictogènes de cette zone sont plus à chercher sur le terrain politique qu'ethnique. En d'autres termes, même si la composante ethnique peut parfois être un facteur détonateur d'une crise profonde mais latente, d'autres facteurs moins proclamés, moins apparents et moins déterminés seraient susceptibles d'offrir un autre éclairage à la tourmente qui s'est installée en permanence depuis 1960, au sud du Sahara (Kounou, 2001 :237). Il pense que la conflictualité subsaharienne est le fait non seulement de facteurs interne à l'Afrique et aux Etats en conflit mais résulte aussi des implications et des projections externes aux Etats africains. Ainsi il établit que le tracé frontalier inadéquat et la manipulation des sensibilités qui en découlent sont presque toujours à l'origine de ces guerres, que ces guerres connaissent une grande implication et même une participation de mercenaires guidés par l'ambition de faire main basse sur les richesses du sous-sol, et qu'elles portent aussi la marque de la confrontation des ambitions hégémoniques post guerre froide des grandes puissances occidentales. Compte tenu de cette critériologie particulière, il pense que la prévention des conflits ne devrait pas être abandonnée à l'OUA qui est une institution faible, mais devrait revenir à un Etat central Africain fort et doté des moyens suffisants pour cette fin.

Les travaux de la Commission Carnegie sur la prévention des conflits meurtriers publiés en 1998 occupent une place de choix dans notre sélection de la littérature sur la prévention des conflits, en ceci qu'ils constituent un premier balisage scientifique de la réflexion moderne sur la prévention des conflits intégrant les types et les modalités nouveaux de guerre, telles les guerres asymétriques, les conflits intra-étatiques, ethniques, identitaires et les guerres religieuses. Les Commissionnaires partent du postulat que les conflits meurtriers ne sont pas inévitables (Commission Carnegie. 1997 : 03) et qu'il est moins coûteux de prévenir les guerres que de supporter le coût des pertes qu'elles causent (Idem : 46). Les membres de cette commission adoptent une approche très générique de la prévention des conflits faite d'observations et de propositions assez générales. Dans une vision très idéaliste empreinte de conceptions chères à l'approche libérale des relations internationales, les commissionnaires traitent des différents cas de figures, des différentes opportunités et des différents modèles d'action mais ne le font qu'à titre de proposition.

On doit à cette Commission la conceptualisation d'une approche de la prévention qui établit une distinction entre la prévention immédiate entendue comme l'ensemble des mesures applicables pour faire face à une crise immédiate, et la prévention structurelle comprise comme l'ensemble des mesures qui permettent d'éviter les crises ou d'empêcher qu'elles ne se reproduisent. Ainsi, la prévention immédiate implique une réaction rapide faite d'un ensemble de mesures politiques économiques et militaires permettant de créer les conditions dans lesquelles des leaders responsables seront capables de régler le différend à l'origine de la crise. Par contre, la prévention structurelle s'appuie sur des stratégies juridiques, économiques et socioculturelles oeuvrant pour la consolidation de la paix par l'instauration et la conservation d'un dialogue social inclusif et la satisfaction des besoins essentiels des populations en matière politique, économique, sociale et culturelle.

Il convient aussi, dans cette présentation, de situer La prévention des conflits en Afrique centrale : prospective pour une culture de la paix, une compilation des Actes du colloque sur la prévention des conflits en Afrique centrale tenu à Yaoundé et publiée sous la direction de Paul Ango Ela chez Karthala en 2001.

Dans cet ouvrage, l'auteur part d'une présentation des causes et des facteurs qui sont à l'origine de la conflictualité dans la sous-région Afrique centrale. Et, en bonne place de ces causes figurent non pas le facteur ethnique apparent, mais des considérations politiques qui poussent les acteurs politiques locaux dans leur plan de conquête ou de préservation du pouvoir, à jouer sur la fibre ethnique et identitaire. Ainsi, la cause principale de la conflictualité de l'Afrique médiane serait le monopole politique entendu comme le refus du partage du pouvoir et de l'alternance au pouvoir.

A coté des considérations politiques, les auteurs recensent aussi les projections géostratégiques de certaines grandes puissances, la militarisation de la société civile et la pauvreté.

Après les causes, les auteurs se penchent sur quelques cas de prévention et de gestion régionales des conflits réussies et envisagent les moyens de s'en inspirer pour adapter ces succès au contexte de l'Afrique centrale.

Dans une ultime partie, les auteurs envisagent les différentes pistes pouvant mener à la mise en place d'un système effectif de prévention et de gestion des conflits en Afrique centrale. Sont ainsi abordés comme catalyseur du dialogue social, l'émergence d'une société civile viable, la mise en place d'une protection sociale effective et la naissance d'une culture de paix en Afrique centrale. Un autre axe cité est celui de l'instauration d'un contexte de participation et de coopération entre la communauté internationale et la sous région dans son projet de construction d'un système de prévention des conflits efficace. Car, si la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité en Afrique relève d'abord et avant tout des africains, le monde - la communauté internationale- est également responsable de cette paix et de cette sécurité, au même titre que l'Afrique, bien qu'à une échelle différente (Ayissi A, 2001 : 181).

Mwayila Tshiyembe dans Géopolitique de paix en Afrique médiane, son oeuvre publiée en 2003 part du constat que «  dans la région de l'Afrique médiane autant que dans d'autres régions de l'Afrique noire, l'ethnie est une « notion sociologique » précoloniale dont l'existence est réelle par opposition à l'irréalité de l'Etat-Nation. » (Mwayila, 2003 :27). Pour l'auteur, la cause principale de la conflictualité dans cette zone est à rechercher dans l'inadéquation du modèle occidental de l'Etat-nation avec la culture ethnique de l'Afrique. Ainsi, la violence en Afrique médiane est une violence politique et non ethnique parce que découlant de l'inadaptation du modèle d'administration et de gestion en vigueur d'avec les réalités locales. De plus, ces guerres n'opposent pas des leaders ethniques mais plutôt des leaders politiques usant politiquement de l'élément ethnique pour accéder au pouvoir ou y rester. En sommes, « la violence politique est la variable structurelle de la conflictualité interne qui ensanglante la région de l'Afrique médiane » (Mwayila, 2003 :10).

Fort de ce constat, il préconise comme palliatif à la conflictualité, la création d'un nouvel ordre politique basé sur la perspective d'une triple fondation du nouveau pacte républicain, du nouveau pacte démocratique et du nouveau pacte constitutionnel.

Le nouveau pacte consiste, selon le rédacteur, à partir de la réalité ethnique comme fait national pour parvenir à une fédération des peuples libres dits ethnies et des hommes libres dits citoyens, dont le double consentement constitue désormais le mode de légitimation et de légitimité du pouvoir. Il convient de noter ici que cette oeuvre a le mérite de mettre l'accent sur un point essentiel de la prévention structurelle à savoir la participation des ethnies et des citoyens à la construction du projet de société comme exutoire des tensions et des clivages au sein de la nation.

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