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La relation thérapeutique dans les interférences entre la biomédecine et la tradipratique. Une lecture anthropologique à  l'hôpital Laquintinie et à  l'African Clinic de Douala (cameroun).

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par Bruno Duovany BEKOLO ENGOUDOU
Université de Douala (Cameroun) - D.E.A en anthropologie, mention santé 2007
  

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2- Des services internes de santé à l'HLD

a- La pédiatrie et la maternité

La pédiatrie est cette branche de la médecine qui s'occupe des affections infantiles. Bien qu'ayant une spécialité au pavillon de la consultation externe, la pédiatrie est plus vaste et a deux pavillons à l'intérieur de l'hôpital. La pédiatrie de la consultation externe n'est que la porte d'entrée qui donne lieu a un service pédiatrique plus étendue où sont internés tous les enfants malades. Ici, le rôle de la mère est capital dans la relation que le traitant entretient avec son patient. Les enfants, généralement les bébés de bas ages, qui ne peuvent pas s'exprimer pour dire aux médecins leurs maux, ont tendance à le faire néanmoins à leurs mères. Lesquelles les transmettent aux médecins ou au personnel soignant.

La relation patient /traitant met en exergue deux types de relations. La relation normale qui est faite du respect mutuel, de patience, d'écoute, d'attention et même de pitié. La relation difficile où rugueuse est entachée de plusieurs lacunes allant du manque de conscience professionnelle à l'irresponsabilité médicale. Nous avons observé ces deux types de relations dans ce pavillon. Pour ce qui d'un exemple de relation normale entre le patient et son traitant voici quelques cas de figure que nous avons relevés parmi tant d'autres observés.

Certaines infirmières de ce pavillon nous ont montré un attachement sincère envers des mères dont les enfants étaient gravement malades. Aussi, les avons-nous vu respectant toujours les heures des rondes médicales tant diurnes que nocturnes, la prononciation de mots encourageants et le soutien moral à l'endroit des patients.  « Bonjour Madame est-ce que l'enfant a bien dormi, de toute façon ça va aller » et au bébé, « alors mon grand est-ce que ça va ? Il faut vite guérir ». Des mots d'exhortation sont nombreux. Ceux-ci participent de l'entretien du bon moral, de l'espoir, et du soutien accordé aux malades. Ces mots qui sont apparemment banals le sont moins pour le malade et celui qui le garde (SPEEDING E. et ROSE D., op. cit.). Ce qu'il demande c'est comme nous le dit monsieur AYINDA : « [...] Que quand on arrive ici à l'hôpital, on nous traite comme les êtres humains. Ce n'est pas toujours l'argent qui fait problème. C'est je crois, le mauvais accueil qui est réservé aux malades. » (Entretien du 20-11-2006 au pavillon pédiatrique de l'HLD). Des efforts significatifs sont faits dans ce sens. Il fut une époque où les patients butaient beaucoup plus sur le problème de ce que le professeur DIAKITE appelle «  La mauvaise qualité des hommes » que sur les difficultés financières dans cet hôpital (op. cit.p100). Pendant cette époque en effet, il n'était donc pas « anormal » qu'un infirmier ou une infirmière voire un médecin rançonne, raquette, insulte ou manque de tenue envers un malade (DE ROSNY E. op. cit.) aujourd'hui par contre, nos observations nous permettent de dire qu'une bonne partie du personnel soignant de l'HLD est consciencieux même si on remarque çà et là des insuffisances notoires. A la question posée aux malades et aux gardes malades : « Etes-vous bien traités dans cette hôpital notamment dans ce pavillon ? » Les réponses ont été divergentes. Ainsi pour certaines mères, leurs enfants ont été bien traités alors que pour d'autres, il y a beaucoup de choses à redire et à revoir surtout au niveau de l'attitude des aides-soignants. Elles disent à ce propos :

  Il n y en a qui nous insultent parfois et sont impolies. Quand je suis arrivée avec mon enfant ici, il était très faible et moi j'étais inquiète mais l'infirmière qui lui a pris les paramètres m'a manqué de respect en me disant que si je ne lui obéissais pas je devais foutre le camp. Et que qu'est-ce qu'il y avait a venir déranger les gens. Elle m'a demandé où je me croyais. Je vous assure que si je n'aimais pas mon fils, je serais parti d'ici par amour propre. Moi je pense que le personnel soignant doit être doux, poli, accueillant et patient comme des prêtres et peut être plus qu'eux . (Entretien de groupe du 20-11-2006 au pavillon pédiatrique de l'HLD).

Et une autre mère d'enfant d'ajouter :

  C'est vrai que ce sont des hommes comme nous mais ils sont là pour nous servir et non pour nous maltraiter. Ils ont beaucoup de travail c'est vrai, leurs salaires ne sont pas proportionnés à leur travail, mais ils doivent apprendre les bonnes manières. Le sourire par exemple, ils doivent l'apprendre, moi j'ai remarqué qu'il ont toujours les visages renfrognés ,surtout quand on est un patient qui ne leur donne pas quelque chose. Ce qui donne à la plupart des pavillons de cet hôpital des allures de cimetière. C'est comme si on a un problème avec qu'eux. Pourtant, un personnel accueillant et jovial est tout ce qu'il y a de bien dans un hôpital. (Entretien du 27-11-06 à l'HLD).

Une chose est certaine, c'est que le personnel abat un travail immense. L'on sait que s'occuper des enfants est une tache pas toujours aisée. Il faut un certain renoncement pour pouvoir le faire. Cependant cela ne doit pas être une excuse pour laisser libre cours à toute attitude asociale envers les patients et les gardes- malades (FAINZANG S. op. cit.). De plus, il semble que certains infirmiers et aides- soignants mettent ceux des patients qui leur donnent des pourboires au petit soin. Ceux-là qui ne leur donnent pas des dessous de table sont délaissés, ou du moins, font l'objet d'une attention médicale superficielle. La maternité pour sa part des insuffisances analogues.

La maternité présente un autre visage, un visage identique à celui de la pédiatrie. C'est ici que les femmes enceintes viennent consulter, faire l'échographie et/ou accoucher. Elles sont, dès lors, au contact de sages-femmes et personnel soignant, les seconds s'occupent de l'évolution de la grossesse alors que les premières s'occupent de l'accouchement encore appelé en terme médical parturition.

L'un des faits marquants dans l'observation de la relation patient traitant au niveau de cette maternité est le traitement infligé aux femmes presque à terme de grossesse où en plein accouchement. Ces dernières sont parfois chosifiées, infantilisées, arnaquées et maltraitées par certaines sages-femmes. Lesquelles les injurient et portent très souvent atteinte à leur vie privée. Elles disent à ce sujet :

  Maintenant tu viens ici crier, pleurer et gémir. Quand tu faisais ça avec ton mari, est-ce que nous étions là, vous savez seulement déranger les gens. D'ailleurs on va voir comment tu vas souffrir ici aujourd'hui toute seule, vous aimez trop la vie facile pour faire souffrir les autres, tu vas souffrir seule avec ton enfant. Tu dois même me donner quelque chose, sinon on va voir comment tu vas accoucher ici. En tout cas, moi je ne travaille pas pour rien.  (Entretien du 28-11-06 à la maternité de l'HLD).

Conclusion

En conclusion, au sortir de ce chapitre qui s'appesantissait sur les acteurs en présence à l'HLD, l'on retiendra que nous avons d'un coté le personnel soignant et de l'autre les patients. Tous se côtoient dans l'immensité de cet hôpital et à l'intérieur de ses divers pavillons. Le personnel soignant est là pour traiter mieux soigner les patients alors que ceux-ci soupirent après la guérison. En plus, nous avons établi la typologie du personnel de cet hôpital. D'où nous avons le personnel administratif, le personnel médical et paramédical et le personnel d'appui. Les patients se regroupent en deux : les externes désignant tous ceux qui viennent uniquement dans cette structure pour consulter et après retourner chez eux. A l'opposé, les internes qui sont tous ces patients hospitalisés. Nous avons également vu comment les patients et le personnel se comportent dans les services tant externes qu'internes. Dès lors, il nous été donné de constaté que la relation entre patient et le traitant est moins dense dans les services externes que dans les services internes. Ceci parce que dans les services externes, le patient vient consulter et s'en va à la fin de la consultation. A contrario, dans les services internes, le patient est hospitalisé. Ce qui l'oblige à avoir plus d'un rapport avec les soignants. Ce qui met en exergue plus d'une entorse faite au code de la déontologie médicale et permet de voir le dévouement de certains médecins et infirmiers restés fidèles au serment d'Hippocrate.

Ce chapitre nous a plongé dans les réalités de nos hôpitaux publics en général et de l'HLD en particulier. Celui qui vient à sa suite portera sur l'ethnomédecine africaine au travers de l'African Clinic de Douala.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry