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La relation thérapeutique dans les interférences entre la biomédecine et la tradipratique. Une lecture anthropologique à  l'hôpital Laquintinie et à  l'African Clinic de Douala (cameroun).

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par Bruno Duovany BEKOLO ENGOUDOU
Université de Douala (Cameroun) - D.E.A en anthropologie, mention santé 2007
  

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III. Patients et soignants dans les pavillons de l'HLD

1- Dans les services externes

Il s'agit des urgences et du pavillon de la consultation externe. Les urgences par exemple sont un service qui est toujours en alerte et où le personnel doit être sur le qui vive du fait de l'arrivée massive des malades et des accidentés. Les urgences de cet hôpital ont connu une amélioration dans la qualité du service avec l'arrivée du docteur NTONE NTONE Fritz. Lequel a redoré le blason de cette institution médicale. D'ailleurs , à l'observation ,l'on remarque une nette différence entre le visage que présente cet hôpital aujourd'hui et celui que nous dépeignent HOURS B.(op. cit.) et DE ROSNY E.(op. cit.).Ces derniers en font une peinture marquée par le laxisme, l'insalubrité des lieux, la mauvaise gestion des déchets de l'hôpital, etc. Aujourd'hui, des efforts sont faits pour que cet hôpital nous présente un visage attrayant. Aussi avons-nous remarqué que dans cet hôpital en général et aux urgences en particulier, les locaux sont plutôt propres.

La qualité de l'accueil, de mauvaise qu'elle était à l'époque où écrivaient DE ROSNY et HOURS B., est passée à passable parce qu'elle a connu des améliorations notables .Le personnel des urgences nous a montré des preuves d'attention et de dévouement envers les patients pendant nos investigations. Les patients, dès leur arrivée, sont mis au soin du personnel y afférent. Les urgences sont dotées de brancardiers, d'une ambulance et bénéficient de l'appui du SAMU. Ce qui fait que quand un patient leur est amené, il est sensé être pris en charge par ce service en fonction du paquet minimum d'activité. Il s'agit de l'ensemble des soins dont toute personne gravement malade lorsqu'elle se rend à l' HLD, doit bénéficier en attendant qu'elle ou ses proches parents puissent les payer. Mais le problème se pose toujours au niveau des moyens financiers. D'ailleurs c'est ce que confirme le major de ce pavillon : 

 La gestion des cas urgents est difficile dans la mesure où nous ne pouvons pas aller au -delà de nos moyens qui, déjà, sont congrus. Le personnel est disponible .Mais ce n'est pas à lui de supporter les frais des prestations sanitaires des cas urgents qu'on nous amène .Parfois même, nous le faisons .Si vous étiez venus hier, vous auriez vu la collecte à main levée que nous avons initiée pour pouvoir sauver la vie d'un patient grièvement blessé. Nous recevons toujours des cas pathétiques au point où dès qu'il y a problème, on nous indexe du doigt comme étant les premiers responsables.  (Entretien du 25-01-07 avec M. MANGA Simon, major du service des urgences de l'HLD).

Son collègue du même service, le médecin chef NJOCK Raphaël, partage son point de vue quand il déclare : 

 Ce qui peut constituer un problème majeur dans la relation qui nous lie aux cas urgents, c'est le problème des moyens financiers .Plusieurs patients pensent que le simple fait d'être admis dans un l'hôpital public, leur donne tous les droits du monde et les dispense des frais médicaux. Cependant, ils oublient que ces droits sont payants étant donné que l'hôpital n'est pas un lieu de sacerdoce. Bien au contraire, les frais des prestations permettent d'assurer son bon fonctionnement. Il y a des jours où nous recevons 30 à 40 cas urgents. Ce n'est pas toujours facile.  (Entretien du 25-01-07 à l'HLD).

La particularité de la relation patient/traitant au niveau des urgences est que le malade qui est dans un état critique, ne peut pas objecter, accepter ou informer le traitant .Ce dernier pose le diagnostic avec l'aide de ceux qui l'ont amené jusqu'à lui et à partir des paramètres et symptômes qu'il a identifiés au préalable. Si le patient n'a pas de moyens financiers et que les salles de soins des urgences sont pleines, il est mis au couloir à même le sol en attendant qu'on lui trouve un lit libre là aux urgences ou dans un pavillon indiqué à l'intérieur de l'hôpital. Pour le visiteur qui passe par là, il est fort probable qu'aille jusqu'à croire que le personnel est négligeant alors que c'est un problème de disponibilité de chambre (HARDON A. et al, 1995).

Des personnes interviewées nous ont révélées que cet hôpital était appelé, il y a de cela quelques années, « hôpital aide-moi à mourir ».Ceci parce que le personnel soignant y était laxiste, irresponsable et in humaniste. (HOURS B., op. cit.). Cependant, les analyses nous permettent de dire que les responsabilités sont partagées. Le personnel soignant y a sa part, les personnes qui mènent les malades à l'hôpital ont les leurs et le système sanitaire en les siennes. DIAKITE T. fait, dès lors, la remarque suivante : « Nombre d'hôpitaux publics africains sont de hauts lieux d'inhumanisme du fait de lacunes notoires relevées dans les politiques de santé publique. » (op. cit.p72).

Le service de la consultation externe permet aux externes ou aux non hospitalisés de consulter sans perturber le fonctionnement des services internes. Malgré cela il est des malades qui consultent à l'intérieur de l'hôpital parce que le service sollicité n'est pas représenté au pavillon des consultations externes. En fait, ce pavillon fonctionne comme un service de triage. Les cas les plus sérieux sont admis à l'hôpital alors que les malades donc l'état de santé ne nécessite pas l'internement sont gérés au service externe.

Le premier contact du malade avec le traitant dans ce pavillon au service divers se situe au niveau de l'accueil. Ce dernier est fait par les hôtesses et davantage par les infirmières et aides- soignantes. Les patients, après avoir déposé leurs carnets médicaux à l'entrée du bureau des paramètres, doivent patienter et attendre qu'on les appelle. S'il y a affluence, l'attente sera longue. Si au contraire il n'y a pas affluence, leur attente sera de courte durée.

Quant bien même le traitant est là, il faut toujours attendre. L'attente apparaît dès lors comme une condition sine qua non pour qui veut suivre le processus normal de la démarche sanitaire dans ce pavillon. En plus, chaque médecin établit une liste de ses patients. Cette liste est soigneusement gardée au bureau de la documentation de manière à ce que lorsque le même patient reviendra, il soit exempté d'un certains nombre de conditionnalité notamment, de l'achat d'un autre carnet médical ou de la consultation d'un médecin autre que celui qui l'avait ausculté précédemment. L'objectif poursuivi ici est de créer une relation étroite entre le malade et son traitant, afin que le malade puisse se confier totalement à lui.

Bien plus, après l'accueil et l'attente - qui généralement varie de nature en fonction de l'humeur du personnel soignant et même de celui du malade - , le patient est admis à consulter le médecin. Tout d'abord, il entre dans le bureau et le médecin lui présente une chaise sur laquelle il s'asseoir. Le médecin lui demande ce qui ne va pas. Les douleurs qu'il ressent, la date du début des douleurs et leurs manifestations. L'entretien entre les deux peut mettre 8 à 10 minutes. Lorsque le médecin ne parvient pas à poser un diagnostic immédiatement, l'entretien mieux la consultation met plus long. (HARDON Anita et al, op. cit.). Mais s'il l'ausculte rapidement et identifie la maladie, la consultation sera de courte durée. De toutes les consultations auxquelles nous avons assisté dans le service de la pédiatrie, la plupart était interactive ou du moins participative. Le médecin posait des questions auxquelles répondait la mère de l'enfant malade ou le patient.

Le problème s'est posé au niveau de la consultation des personnes adultes néanmoins nous les interviewions à la sortie des consultations. La consultation étant une affaire secrète et confidentielle qui ne regarde que le malade et son médecin traitant (FAINZANG S., op. cit.). C'est la raison pour laquelle il a été impossible que nous assistions aux entretiens entre le gynécologue et son patient. Nous avons tout de même initié les interviews et les entretiens à la sortie de chaque consultation ayant eu lieu dans le bureau dudit gynécologue.

En consultation externe, le point de densité de la relation entre le patient et son traitant se situe à l'accueil et pendant la consultation. Les patents pensent que le personnel paramédical est « dur » (difficile), alors les médecins sont relativement compréhensifs. Ceci tient au fait que le personnel paramédical est plus au contact des malades que ne l'est le personnel médical. Il semble que plus ils se côtoient, plus ils se découvrent les uns aux autres. (GREENLEEF R. 1988). En plus, le personnel paramédical est toujours sollicité alors que le médecin, lui, ne voit le patient que pendant la durée de la consultation.

En définitive, nos observations nous ont amené à relever que l'accueil du patient peut être soit froid (inhospitalier), soit chaleureux (hospitalier). La nature de l'accueil réservé aux patients aura, dès lors, un impact non seulement sur la représentation que le patient se fait de l'hôpital et de son personnel soignant, mais également sur la relation qu'il entretient avec le même personnel soignant. L'analyse des consultations quant à elle montre que la consultation est soit participative, soit unilatérale, soit interactive. C'est à partir de cet accueil et de ces consultations que chaque patient alimente des discours et des débats ayant trait à l'accès aux soins à l'HLD et/ou tout autre structure médicale (HOURS B. op. cit.).

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault