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La relation thérapeutique dans les interférences entre la biomédecine et la tradipratique. Une lecture anthropologique à  l'hôpital Laquintinie et à  l'African Clinic de Douala (cameroun).

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par Bruno Duovany BEKOLO ENGOUDOU
Université de Douala (Cameroun) - D.E.A en anthropologie, mention santé 2007
  

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3. De la présence des gardes- malades à l'HLD

S'il est une remarque que l'observateur occidental puisse faire quand il étudie les hôpitaux africains en général, ceux du Cameroun en particulier, c'est celle ayant trait à la présence aux côtés du patient, de proches parents qui l'aident et veillent sur lui pendant tout son séjour à l'hôpital. En Occident, les gardes- malades sont une catégorie socioprofessionnelle. C'est dire qu'ils sont recrutés par le ministère en charge des questions sanitaires et médicales en tant que personnel à part entière de la santé publique (CARRICABURU D. et MENORET M., op. cit.). Leur devoir est de s'occuper du patient pendant son séjour à l'hôpital surtout quand il y est interné. C'est du moins ce que révèlent FASSIN D. et JAFFRE Y. (op. cit.). En Afrique par contre, et notamment au Cameroun, les gardes- malades sont généralement les proches du patient. Ce sont soit ses parents, soit ses frères, soit ses amis et/ou ses connaissances.

Les gardes- malades viennent pallier le déficit en personnel médical de nos hôpitaux. Etant donné que l'Etat ne peut pas recruter des gardes- malades qui devront laver, nettoyer les effets du patient, l'écouter, lui donner à manger, créer des liens avec lui, liens qui doivent l'aider à avoir un moral haut, rien de mieux que les proches parents ou amis pour pouvoir jouer ce rôle.

Dès lors, l'on comprend pourquoi quand on visite les pavillons de ces hôpitaux, on rencontre des patients toujours accompagnés des leurs. Ces derniers sont le relais entre eux et le personnel soignant au point où on peut affirmer sans ambages que le patient qui se rend dans un hôpital africain sans être accompagné des siens alors qu'il est dans un état critique, rencontrera bien des difficultés pour accéder aux soins (DIAKITE T., op. cit.).

A l'HLD ou du moins dans les pavillons que nous avons visités, il nous a été donné des remarquer que huit patients sur dix étaient accompagnés des leurs proches parents ou amis. Dans les salles d'hospitalisation du service de la médecine par exemple, les gardes- malades rencontrés pour la plupart disaient connaître les malades pour lesquels ils étaient là. C'est le cas d'Alain qui dit :

Mon petit frère a été victime d'un accident de voiture qui l'a gravement blessé. Si je ne venais pas le garder ou quelqu'un d'autre de la famille, il serait certainement mort. Le médecin a dit que je dois l'essuyer au moins cinq fois par jour à cause de la chaleur. Si non, ses blessures vont dégager une mauvaise odeur. Je ne vois pas quelqu'un d'autre pouvant accepter un travail et un sacrifice de ce genre si ce n'est pas un membre de ta famille ou si n'est pas ta personne. (Entretien du 10 janvier 2007).

Un témoignage identique nous est fait par madame ABENA Célestine, garde- malade de son époux :

 Mon mari a une blessure qu'il porte depuis un an. Il faut beaucoup de patience pour supporter ses caprices et ce que le médecin veut qu'on fasse pour lui. En plus, beaucoup d'eau sort de sa blessure. Je crois que ce n'est que moi qui peux supporter ce genre de chose parce que c'est mon mari. Je dois le laver, nettoyer ses vêtements. Tantôt il veut manger ceci, tantôt il veut manger cela. Ce n'est pas facile. A la maison, les enfants sont seuls. C'est ma voisine qui les aide à faire la cuisine. Il faut également acheter les médicaments et aller toujours appeler le major ou l'infirmier quand il fait une crise. Ce n'est pas facile, mais je supporte. (Entretien du 12 décembre 2006).

L'état de morbidité fait donc que le garde- malade doit être des plus patients, disponible et éveillé. Ces attributs viennent alors faciliter l'accès auprès du personnel soignant des pavillons.

Le garde- malade joue un rôle très important voire indispensable dans la relation que son malade entretient avec le traitant. Sans lui, il serait difficile pour le patient - surtout dans une auguste formation sanitaire comme l'HLD - de se retrouver ou de se repérer. A cela, s'adjoint la douleur qui, très souvent, le terrasse. Le garde- malade vient alors lui permettre de ne pas avoir de soucis supplémentaires susceptibles d'aggraver sa maladie.

Les gardes- malades qui viennent faire consulter leurs patients dans les services externes vont d'abord acheter un carnet médical au guichet ensuite, il se dirige au service de consultation externe situé au dessus des urgences où ils feront prendre des paramètres (pouls, température, tension, informations paramédicales et para symptomatiques). Enfin, il faut attendre l'appel de son nom, lequel donne accès auprès du médecin. L'attente de l'entrevue avec le médecin semble être une étape éprouvante. C'est ici que le garde- malade doit faire preuve de patience parce que le médecin est fortement sollicité par les autres patients. Le garde- malade, s'il n'est pas téméraire, risquerait de perdre patience. A cela s'ajoutent bien souvent les gestes douloureux et pathétiques qui n'hésitent pas à vous arracher les larmes.

Après la consultation, les consignes sont données aux gardes- malades par le médecin ou l'infirmier lui signifiant la conduite à tenir par le malade. Il s'agit de la posologie des médicaments, de l'explication de l'ordonnance. Dans le cas où le patient n'est pas à même de prendre acte toutes les recommandations à lui données, c'est à lui que le personnel soignant explique la posologie (BLANCHARD G., op. cit.). La posologie se rapporte à la fréquence avec laquelle le malade doit prendre un médicament précis.

En suite à cela, le garde-malade et son malade prennent congés du médecin, lequel, s'il le juge indispensable, donne un autre rendez-vous au patient. Dès lors, ils iront acheter les médicaments prescrits sur l'ordonnance soit à la pharmacie de l'HLD ou dans une pharmacie que leur aura indiquée le médecin. L'on imagine très certainement qu'à la maison, le garde- malade continuera de veiller sur son patient. C'est pourquoi madame ONANA Aline, mère d'enfants, affirme : « Quand je viens à l'hôpital, je dois être éveillée. Je dois aussi suivre les ordres que me donne le pédiatre par rapport à l'enfant. Même à la maison, je le fais » (entretien du 16 novembre 2006 à l'HLD). Une autre dame rencontrée dans le même service déclare : 

« Prendre soin de nos petits enfants ne s'arrête pas ici. Cela continue à la maison où c'est plus difficile à cause des autres travaux qu'on doit accomplir. Ici à l'hôpital, nous expliquons au médecin, les symptômes de la maladie de l'enfant. A la maison, nous sommes des mères et des épouses qui doivent s'occuper du foyer. Ma présence ici est indispensable pour pouvoir identifier la maladie qui dérange mon enfant » (entretien du 16 novembre 2006).

C'est sensiblement le même discours que nous ont tenu tous ceux et toutes celles qui accompagnent les malades aux consultations externes. Tout cela ne vient que confirmer le rôle prépondérant des gardes-malades dans les relations qui existent entre le patient et son traitant. C'est en tout cas ce que pensent WERNER D. (op. cit.) et SPEEDING E. (op. cit.) respectivement dans leurs ouvrage et article respectifs. C'est le lieu de nous plonger dans l'univers des différents pavillons de l'HLD.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote