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La relation thérapeutique dans les interférences entre la biomédecine et la tradipratique. Une lecture anthropologique à  l'hôpital Laquintinie et à  l'African Clinic de Douala (cameroun).

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par Bruno Duovany BEKOLO ENGOUDOU
Université de Douala (Cameroun) - D.E.A en anthropologie, mention santé 2007
  

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3- De la médecine naturelle moderne africaine à Douala

Le paysage médical que l'on observe dans la ville de Douala est diversifié. Cette diversification se trouve même au sein des principales formes de médecine que l'on rencontre dans cette ville. L'on a à cet effet, la médecine traditionnelle et la médecine conventionnelle prophétique. Cette dernière est pratiquée par les pasteurs de certaines confessions religieuses (PIAULT C. op. cit.). C'est également d'eux dont parle le prêtre DE ROSNY E. (op. cit.).

La médecine naturelle est pratiquée par plus d'une structure médicale privée ayant à leurs têtes des collèges de phytothérapeutes qui, pour la plupart, ont fait leurs études qui au Mali, qui au Bénin, qui au Sénégal, pour obtenir les diplômes leur habilitant à soigner les malades à partir des médicaments faits à base de plantes. La liste des phytothérapeutes exerçant dans la ville de Douala est loin d'être limitative.

Les cliniques de médecine naturelle que nous avons visitées pendant nos enquêtes, sont celles des tradinaturopathes que nous avons cités ci-dessus. Elles disposent toutes d'un personnel médical (des sortes d'infirmières : deux ou trois tout au plus), un médecin naturopathe (un ou deux tout au plus). Ces médecins ont tous la particularité de faire partie des groupements d'initiatives communes en abrégé GIC axé sur la valorisation de la recherche en phytothérapie. (Recherche sur les plantes médicinale et pharmacopée camerounaise). C'est grâce à ces GIC de santé qu'elles (les cliniques naturelles) sont fournies en médicaments et peuvent par conséquent satisfaire les patients qui sont les leurs, les GIC les plus célèbres dont on entend parler sont, parmi tant d'autres, NATURALIA, WAZA, REPAMP, PROPLAMETRAC, etc.

Le GIC de santé PROPLAMETRAC est celui-là qui nous a servi d'objet d'étude. C'est ce GIC de santé, fille de l'Association pour la Promotion des Plantes Médicinales et la médecine traditionnelle en Afrique qui soutient l'African Clinic. Son ambition est de promouvoir les recherches dans les plantes médicinales, le traitement des maladies au travers des connaissances thérapeutiques traditionnelles et la guérison rapide à l'aide des plantes sans effets secondaires. Le Docteur LOUMPIT dit à ce sujet : « Nous voulons faire ressusciter la médecine naturelle et le patrimoine thérapeutique traditionnelle en modernisant tout ce savoir. D'où nous accueillons tout ceux qui voudraient valoriser cette médecine ancestrale ceci dans le but soigner nos populations et à faible coût » (Entretien du 16-05-2007 dans les locaux de l'AC).

L'exhumation de ce patrimoine thérapeutique culturel pourrait, dès lors, palier le problème de la morbidité dans la ville de Douala. Elle permet aussi de revisiter les normes culturelles en matières de santé (FONTAINE M. op. cit.) cette initiative ne concerne uniquement la réduction de la morbidité à Douala mais également sur toute l'étendue du territoire camerounais voir dans toute l'Afrique. Pour se faire, ces promoteurs de cette médecine pense qu'il faut leur associer des spécialistes des sciences sociales (LAPLANTINE F. 1992). Ceci afin de mieux pallier les problèmes de morbidité en Afrique. Ce désir est perceptible dans le propos de Monsieur EBOUELE Jacques, détenteur d'un cabinet de médecine naturelle. Il dit à cet effet :

  Les recherches dans la médecine naturelle doivent être entreprises sur la base des besoins des populations en matières de santé. Ces besoins qui peuvent être la cause de plusieurs maladies. Si l'on pouvait associer nos recherches aux connaissances produites par les spécialistes des sciences humaines, on soignerait mieux nos patients et on saurait qu'est-ce qui, dans la société, peut causer leurs malaises et leurs désordres organiques, psychique. Je pense que notre grande faiblesse se situe à ce niveau. Nous ne maîtrisons pas la société dans laquelle nous vivons et c'est logique de fonctionnement. Pourtant, on devrait parce que nous avons besoins de comprendre nos malades. (Entretien du 08-05-2007).

Le terme de compréhension revient dans le propos de Monsieur EBOUELE Jacques parce qu'il semble savoir que société et maladies sont très liées. En clair, la maladie dont souffre l'individu peut être la résultante d'une déficience sur les plans social, économique, familial, professionnel, métaphysique et culturel. C'est pourquoi il juge nécessaire la collaboration avec les sciences humaines. La maladie, à son sens, a une cause sociale. L'un des devoirs du praticien est donc de la déceler. (BASTIDE R. 1976). D'où il rejoint BASTIDE qui affirme :

 Il en résulte que la thérapie doit s'attaquer en premier lieu au milieu social qu'il faut transformer, et aux conditions de vie, qu'il faut améliorer. Si nous laissons de coté les psychoses pour lesquelles les perturbations sociales ne jouent qu'un rôle secondaire, les névroses devraient en tout cas disparaître avec le passage de la société capitaliste à la société communiste, puisque cette dernière fait disparaître les contradictions de la première. (op. cit. p28-29).

Etant donné que la ville de Douala est foncièrement économique voire économisiste, les naturopathes que nous avons interviewés pensent donc que les exigences liées à la vie dans une pareil ville pourraient entraîner des désordres physiologique et psychique graves. Par conséquent, il semble indispensable de cerner les conditions de vie à Douala et d'en tenir compte dans l'élaboration et la composition des produits médicamenteux. La médecine naturelle nous apparaît dès lors comme une médecine complète (MBONJI E. op. cit.). Ce que nous nous proposons d'étayer dans un chapitre ultérieur. Nous disons qu'elle est complète par ce qu'au regard de os enquête, elle se préoccupe du passé, du présent et du futur du malade.

En somme, la médecine naturelle telle qu'elle est pratiquée dans la ville de Douala par ses promoteurs et ses spécialistes contribue pour une large part dans la réduction du taux de morbidité de la province du Littoral. (DE ROSNY E. op cit).

Conclusion

Ce chapitre portait sur la médecine tradinaturelle africaine à douala en général, et à l'AC en particulier. Il ressort que, la médecine naturelle est diversifiée et qu'elle offre bien des services thérapeutiques à la population de cette ville. Elle inclue la tradipratique (ethnomédecine), les guérisseurs et médecine faite à base plante qu'on appelle phytothérapie. L'on doit aussi retenir que bien des promoteurs regroupés en GIC s'évertue à redorer son blason lequel a, pendant longtemps, fait l'objet de l'informel voire de l'illégal. De plus la médecine naturelle est également éclatée. Ainsi nous avons les vendeurs de plantes médicinales en bordure de route ou dans les marchés de cette ville, à Nkololoun par exemple. L'on a aussi la médecine naturelle Chinoise qui la côtoie. Cette médecine ambitionne de réduire la morbidité et de revaloriser le patrimoine thérapeutique traditionnel fait à base de plantes (HATTIER op. cit.). En plus, plusieurs camerounais en général et notamment des citadins lui préfèrent à la médecines des hôpitaux. C'est sans doute pour ces raisons que l'on remarque une expansion d'associations oeuvrant pour sa promotion (FASSIN D. et JAFFRE Y. op. cit.). Par ailleurs, dans la relation qui existe entre le patient et celui qui le soigne, il est des dimensions non moins importantes, surtout lorsqu'on vit dans la ville de Douala. C'est le social et l'économique, lesquels feront l'objet d'analyse de la prochaine partie.

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Tout au long de cette partie, nous avons mis en exergue la médecine conventionnelle à travers l'hôpital Laquintinie de Douala et la médecine naturelle par le biais de l'African Clinic. L'Hôpital Laquintinie est une structure médicale de référence dans cette ville et même dans toute la province du Littoral. Cet hôpital est fortement sollicité et accueille chaque jour près d'un millier de malade (cf. annuaire de l'HLD 2000). Cet hôpital a fait sa mue avec la réhabilitation de ses bâtiments et l'entretien de son enceinte. Seulement, les patients et le personnel soignant ne sont pas toujours sur la même longueur d'ondes. Par de là les beaux bâtiments qu'on aperçoit de l'extérieur, se joue ce que le Professeur DIAKITE Tidiane appelle «  Le drame des hôpitaux publics africains » (op. cit. p66). Il entend par là le laxisme, l'irresponsabilité médicale, la négligence, le rançonnement des patients, etc. Toutes ces tares se manifestent lors des différentes interactions entre les malades et le personnel soignant (JAFFRE Y. 2005). Pour ce qui est de la médecine naturelle, nous l'avons présentée par le prisme de l'African Clinic. Cette dernière accueille des malades et les soigne à l'aide des produits fait à base de plantes. Dans la prochaine partie, il sera alors question d'analyser la place, mieux l'importance du social et de l'économique dans les relations entre les malades et leurs soignants.

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