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La relation thérapeutique dans les interférences entre la biomédecine et la tradipratique. Une lecture anthropologique à  l'hôpital Laquintinie et à  l'African Clinic de Douala (cameroun).

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par Bruno Duovany BEKOLO ENGOUDOU
Université de Douala (Cameroun) - D.E.A en anthropologie, mention santé 2007
  

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III- La médecine tradinaturelle : un palliatif au problème de santé publique en Afrique

La médecine tradinaturelle au fil des années prend de l'ampleur dans l'espace public africain en général et camerounais en particulier (YORRO S. op. cit.). Cela tient au fait que la médecine conventionnelle ou occidentale vient d'ailleurs et qu'elle a été en quelque sorte imposée aux peuples africains pendant la période coloniale (M'BOKOLO E. op. cit.). Certains auteurs pensent même que ce qui l'a fait perdurer et résister aux velléités du pouvoir colonial de la phagocyter, c'est parce que bien des africains traditionalistes l'ont toujours pratiquée discrètement et secrètement. (DE ROSNY E., op cit). D'où aujourd'hui, jouissant d'une certaine autonomie politique, les pays d'Afrique l'ont en quelque sorte réhabilitée et restaurée (Ghana, Sénégal, Togo, Bénin, Mali, Nigeria, etc.). De plus, l'on ne peut exclure le contexte socio-économique qui favorise aussi son embellie. Le PR LANTUM D. (op. cit.) a mis en relief les facteurs sociaux, économiques et culturels qui sous- tendent son expansion.

1- Les facteurs d'expansion de la médecine naturelle

Les facteurs explicatifs du retour en grâces de la médecine traditionnelle (HOURS B. op. cit.) sont recensés par le PR LANTUM Daniel, spécialiste des questions relevant de cette forme de médecine au Cameroun. Il en a distingué 22 qui combinent le social, l'économique et le culturel. Nous avons donc , pour les énumérer, la lettre F comme initiale du mot facteur et la numérotation va de 1 jusqu'à 22.

Les facteurs que nous avons évoqués plus haut (cf. page 18 et 19) relèvent du social, de l'économique et du culturel dans la médecine traditionnelle « primaire ». Celle-là qu'on appelle tradipratique et que DE ROSNY E (op. cit.) explore dans ses ouvrages. Dans la tradipratique, tous ces facteurs sont confirmés. Mais dans la médecine naturelle moderne, le souci de faire le profit se fait ressentir quand bien même certains praticiens sont consciencieux, solidaires et hospitaliers. Seulement, ils ne subliment par l'économique au même titre que les médecins des hôpitaux. Il faut bien vendre les produits, se nourrir, et s'occuper de la famille tout en satisfaisant ses patients. Il en découle une consolidation des relations existant entre eux et leurs patients, une bonne entente, un respect mutuel et une satisfaction mutuelle. En clair, chacune des parties en présence tire profit de « l'interaction de face à face » (GOFFMAN E., op. cit.).

2- Une solution au problème d'infrastructure sanitaire

La médecine tradinaturelle prend de l'ampleur comme nous l'avons dit plus haut et dans chaque quartier, on remarque une pléthore de « cliniques » traditionnelles. (HATTIER, op cit). La ville de Douala en est remplie. Certes, nous ne disposons pas encore de statistiques relatives à leur nombre, mais le plus significatif est le rôle qu'elle joue auprès de la population morbide. Plutôt que d'aller à l'hôpital qui est à des années lumières du lieu où on est, on préfère consulter directement tout à coté le thérapeute de la médecine naturelle qui offre des prestations sanitaires à faibles coûts et qui accueille bien. Plutôt que de se rendre à l'hôpital où l'on n'est pas sûr d'y être bien accueilli et de bénéficier de soins à faibles coûts ou du paquet minimum d'activité (PMA). En outre, c'est sans compter les frais de déplacement, l'attente de la consultation qui, à elle seule, peut décourager le malade le plus tenace.

Bien plus, il est vrai que les cabinets privés de santé conventionnelle, se disputent le paysage médical avec les « cliniques » traditionnelles, mais ils s'efforcent de satisfaire la population morbide qui n'a pas de moyens pour se faire soigner à l'hôpital. Ce dernier, pour nombre de patients, est un labyrinthe et tout se marchande. La multiplication des cabinets de santé de la médecine naturelle vient remédier aux lacunes notoires du système sanitaire public du Cameroun notamment de Douala. Que ce soit au Nord ou au Sud Cameroun, la médecine traditionnelle soutient la médecine conventionnelle (FONTAINE M. op. cit.).

Au surplus, la médecine tradinaturelle est une réponse de la société à la solidarité organique (DURKHEIM E. op. cit.) parce que la médecine conventionnelle semble la promouvoir. La médecine traditionnelle à l'inverse replace l'homme au centre de ses préoccupations. Elle véhicule des valeurs traditionnelles africaines d'entraide, de patience, de générosité, de partage, d'intégrité, de paix et d'oubli de soi (DE ROSNY, op. cit.). Les prestations de soins ici sont encore pétries d'humanisme et valorisent l'Homme plutôt que l'argent. La possession de ce dernier est bien difficile pour les classes sociales pauvres. Selon le rapport 2006 du programme des nations Unies pour le développement (PNUD), près de 47% de la population camerounaise vit avec moins de 500F par jour.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry