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La relation thérapeutique dans les interférences entre la biomédecine et la tradipratique. Une lecture anthropologique à  l'hôpital Laquintinie et à  l'African Clinic de Douala (cameroun).

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par Bruno Duovany BEKOLO ENGOUDOU
Université de Douala (Cameroun) - D.E.A en anthropologie, mention santé 2007
  

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CONCLUSION GENERALE

A l'entame de cette étude qui porte sur la relation patient/traitant dans les médecines conventionnelle et tradinaturelle africaines : Cas de l'hôpital Laquintinie et de l'African Clinic de Douala (Cameroun), nous avions pour question générale de recherche : « La relation thérapeutique est-elle aussi indispensable que les médicaments dans les deux formes de médecines ? ». Cette dernière nous a permis de meubler notre travail en nous appuyant sur plus d'une hypothèse spécifique. L'objectif principal étant d'établir les ressemblances et les dissemblances entre la médecine conventionnelle et la médecine tradinaturelle dans la prise en charge des patients respectivement à l'HLD et à l'AC. Ainsi à l'AC et à l'HLD, nous avons remarqué que la relation thérapeutique n'a pas la même importance. . Ce qui implique que nos hypothèses générale et spécifiques sont confirmées.

A l'HLD, la relation. thérapeutique a pour conditionnalité des médicaments et l'économique. Le patient qui veut être soigné ici doit d'abord « passer à la caisse » ; avoir les moyens du coût du traitement et pouvoir donner des dessous de tables au personnel soignant. Dès lors, il pourra être pris en charge. Dans le cas contraire, il est abandonné à lui-même. En plus, la relation médicale ici est alors perçue comme une épreuve par nombre de patients qui, à la fin, n'ont plus de volonté, subissent et croient que l'hôpital public est un mouroir, une jungle, et un labyrinthe où le personnel soignant dicte ses lois et enjoint les patients à les suivre.

A l'AC par contre, le personnel soignant est sur la même longueur d'onde que ses patients, il s'implique même dans la vie privée des patients en faisant des consultations à domicile. Cela entraîne un rapprochement entre le patient et son traitant. Il nous a été donné de constater que la médecine naturelle mieux tradinaturelle est une médecine « complète et  holistique » parce qu'elle prend en compte tous les aspects de la vie du patient (MBONJI E. op. cit.).

La méthode que nous avons utilisée pour recueillir toutes ces données va des recherches documentaires et livresques aux observations sur le terrain en passant bien sûr par les entretiens de groupe, les entretiens individuelles et l'administration des questionnaires. Les informations recueillies grâce à toutes ces techniques nous ont permis d'étoffer notre travail et de le diviser en deux parties, faites chacune de deux chapitres.

Les ouvrages que nous avons lus portaient sur la méthode de la recherche et sur les questions de santé. Ces ouvrages nous ont permis de mieux visualiser les techniques de collectes de données les plus a même de nous aider à recueillir bien des informations relatives à notre thème.

Les théories sociologiques dont nous nous sommes servies étaient l'interactionnisme symbolique et sa fille l'ethnométhodologie grâce auxquelles nous avons mis un accent sur l'observation in situ, l'analyse des interactions entre patients et traitants, les représentations qu'ils ont les uns des autres et enfin les ethno méthodes (COULON A. , op. cit.) que chacun d'eux met en oeuvre pour se faire soigner. C'est dire que notre travail a adopté une approche compréhensive de la relation patient/traitant tant dans la médecine conventionnelle que dans la médecine traditionnelle.

Les résultats auxquels nous aboutissons sont nombreux. Tout d'abord, la médecine conventionnelle des hôpitaux publics en général et de l'HLD en particulier, est une médecine sinon à plusieurs vitesses selon les classes sociales, tout au moins à deux vitesses lorsqu'on perçoit la société camerounaise comme étant une entité bipolaire : les riches et les pauvres. Nous sommes donc en présence de plusieurs types de médecines dispensées dans une seule et même institution médicale. Ainsi, quand on est riche, bénéficiera-t-on des soins de santé conséquents et à la pointe des innovations médicales. Quand par contre on est pauvre, il nous sera dispensé des soins de santé approximatifs comme c'est très souvent le cas à l'HLD.

En plus, la relation médicale est également fonction de l'origine sociale du patient. Le patient qui est issus d'un milieu social aisé a une relation dense et profonde avec le personnel soignant lui permettant d'endiguer sa pathologie. Mais le patient qui est issu d'un milieu social défavorisé n'a droit qu'à une prise en charge médicamenteuse et non médicamenteuse faible et insuffisante. En clair, à l'HLD, la thérapie médico-sociale est fonction de la valeur économique du patient.

Bien plus, certains soignants, pour améliorer leurs conditions salariales, rackettent et rançonnent nombre de patients. Ces derniers, pour être pris en charge, préfèrent consulter dans les cliniques médicales privées qui se comptent par centaines dans la ville de Douala. Le paquet minimum d'activités se révèle être très souvent insuffisants pour tous les patients qui arrivent aux urgences de l'HLD. La prise en charge sociale et non médicamenteuse est insuffisante et presque inexistante.

Pour ce qui est de la médecine traditionnelle, l'AC allie prise en charge médicamenteuse et non médicamenteuse pour pouvoir soigner tous les malades qui sollicitent ses services. Les médicaments sont à la portée de toutes les couches sociales. La prise en charge médico-sociale est efficiente et la relation thérapeutique est profonde à telle enseigne que l'AC s'emploie dans les consultations et les hospitalisations à domicile. Quand la maladie du patient est grave, le docteur TAJOUDINE se déplace pour le soigner à domicile. Aussi remarque-t-on que les rapports entre soignants et soignés sont denses. Tous vibrent en phase et sont toujours sur le même diapason. Ce qui nous amène à penser que la médecine traditionnelle est une médecine de proximité et une médecine qui vient pallier les lacunes de la prise en charge sociale du système sanitaire public du Cameroun. Sans elle, pour sûr que le taux de morbidité et partant celui de la mortalité seraient revues à la hausse au Cameroun , dans les villes et les compagnes africaines (HATTIER, op. cit.).

La fonction sociale de cette forme de médecine vient remettre sur la sellette l'épineuse question de sa légalisation et de sa réglementation. En fait, on a le sentiment que l'Etat a sa forme de médecine à savoir la médecine conventionnelle occidentale qui, on l'imagine bien, lui rapporte des devises venant des grosses firmes pharmaceutiques internationales. Ces dernières s'attellent à lui exiger de ne pas légaliser la médecine traditionnelle. Laquelle est la médecine de la plus grande partie des populations camerounaise et africaine. Cette médecine traditionnelle rend de fiers services à l'immense majorité de pauvres qui se trouvent en Afrique.

Les promoteurs de cette forme de médecine ont vite fait de comprendre cela. C'est pourquoi l'on assiste à une expansion des « cliniques traditionnelles » mieux des cliniques de médecine traditionnelle et naturelle partout au Cameroun en général et à Douala en particulier. Cette expansion fait le bonheur des couches sociales défavorisées de la ville de Douala. Pour une maladie, on tourne dans un coin de la rue du sous quartier et l'on se fait soigner par le tradithérapeute plutôt que d'aller à l'HLD où il faut d'abord payer le taxi, acheter le billet de session et après attendre. Tout ceci sans être sûr qu'on sera bien reçu et traité à la fin  ou qu'on pourra rencontrer le soignant. La médecine traditionnelle est dès lors, vue sous cet angle, une médecine « palliative » pour les peuples d'Afrique (FAINZANG S. op. cit.). Les Etats africains en général et l'Etat camerounais en particulier, gagneraient à l'officialiser et à la réglementer pour garantir le bien être des populations. Elle représente un patrimoine et une richesse brute qu'il leur incombe d'exploiter, de valoriser. Bien des camerounais, dès lors, s'en trouveraient mieux (LANTUM D. op. cit.).

Quant aux hôpitaux publics, leur problème de fond tire sa source dans les conditions salariales du personnel soignant. En l'espace de deux ans, ce personnel a observé trois (03) mouvements de grèves tous liées à ses conditions salariales. Un jeune médecin, fraîchement sorti du CUSS n'a pas un salaire fixe. Celui-ci varie entre 20.000 et 50. 000 Fcfa, quand on pense même à le lui verser. Une infirmière n'atteint pas un salaire de 30 000Fcfa par mois. Quant aux infirmiers bénévoles, ils font dans le sacerdoce. C'est dire qu'ils ne sont pas rémunérés comme ils devraient l'être . Dans un tel contexte, on comprend pourquoi nombre de soignants sont amenés à rançonner, à maltraiter les patients, à négliger et à mépriser leurs postes de travail. Ils ne leur accordent de l'importance que dans la mesure où ils leur rapportent de l'argent.

Ensuite, parce qu'ils ne sont pas satisfaits de leurs conditions salariales, ils inventent des palliatifs. Ce peut être en rackettant les patients ou en exerçant en consultations privées pour arrondir les fins de mois et pour survivre dans la ville de Douala où cela est bien difficile lorsqu'on n'a pas un revenu stable et conséquent. En outre, il faut admettre que la notion de respect de la déontologie médicale fait défaut à bien des soignants. A l'analyse, on comprend que bon nombre exercent ce métier non pas par vocation mais bien plutôt par «  que faire d'autre dans la vie ». D'où nous observons tous les dérapages qu'on leur connaît. Ainsi ils perçoivent leur travail comme une contrainte et non comme un devoir. Par conséquent, il faut capitaliser, tirer profit au maximum, même si pour cela ils doivent faire fi de la déontologie médicale. Nos observations nous ont poussé à croire que nombre d'entre eux ne savent pas ce qu'elle signifie (les bénévoles et certains aides-soignants). On pourrait donc comprendre que leur recrutement se fait par parrainage, par copinage au détriment des règles de l'art.

Enfin, il se fait donc urgent de scruter de près les milieux médicaux publics du Cameroun, au risque de les voir devenir, davantage des sortes de mouroirs pour les malades. Il est aussi indispensable de légaliser, de codifier et de réglementer la médecine tradinaturelle pour pallier la morbidité dans les couches sociales.

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