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L'acquisition du genre et du code switching chez l'enfant bilingue précoce

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par Sophie Rimbaud
Université Montpellier III - Master 2 2009
  

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3. Discussion

Pour vérifier l'hypothèse nous avons eu recours à une méthodologie bien précise pour analyser un corpus qui, dans l'argumentation logique d'une étude scientifique, s'inscrit en continuité avec les recherches théoriques préalables. Il s'avère alors que la partie expérimentale établit une relation directe avec la partie théorique.

Dans une première partie nous allons situer le bilinguisme de l'enfant en fonction de l'âge d'acquisition des langues, puis sur des critères psychologiques et contextuels selon les définitions qui ont été données au préalable.

3. 1. Le bilinguisme de l'enfant étudié dans le corpus

L'enfant est né dans un environnement bilingue, en ce sens nous pouvons dire, qu'il se situe dans un bilinguisme précoce et simultané, ce qui signifie que dans le cerveau les informations des deux langues ne sont pas traitées séparément. L'âge d'acquisition est à mettre en relation avec des critères contextuels c'est-à-dire le contexte et l'usage des deux langues. L'enfant étant né au Québec, à Montréal avec un père ayant pour langue maternelle le français et une mère parlant anglais, le bilinguisme de l'enfant se place donc dans un bilinguisme exogène puisque la langue seconde (l'anglais) n'est pas présente dans la communauté36. Cela nous amène à évoquer le statut des deux langues, à la fois au sein de la communauté et au sein de la famille : pour cet enfant, la situation de la communauté est particulière, le Canada étant divisé en zones francophones et anglophones et à l'intérieur des ces zones l'autre langue est tolérée et comprise. Néanmoins, pour le contexte extérieur nous parlerons de bilinguisme à tendance hiérarchique puisque le français est plus valorisé et que l'enfant va aussi dans une crèche française.

Au sein de la famille, comme nous le voyons tout au long des enregistrements, les parents essaient d'appliquer la règle de « la langue unique » c'est-à-dire « un parentune langue » ou en anglais le « one parent one language rule , autrement dit le parent ne s'adresse à l'enfant que dans sa langue maternelle et n'utilise pas la langue de l'autre parent ; Dans la famille le bilinguisme se situe alors dans une tendance neutre au sens ou les deux langues sont valorisées.

36 Ce constat reste mitigé, par absence de la langue seconde dans la communauté nous voulons dire que la langue officielle de Montréal est le français, l'anglais est considéré comme une langue étrangère (ce qui est l'inverse à Vancouver).

Pour finir cette partie sur la classification des différents types de bilinguisme de l'enfant nous allons nous concentrer sur les critères psychologiques autrement dit d'une part l'organisation cognitive de la langue, d'autre part la compétence dans les deux langues. Comme il a été dit dans la première partie sur les types de bilinguisme, la présence de ce code mixing / code switching est révélateur, dans l'organisation cognitive de la langue, d'un bilinguisme composé or en étudiant les productions de l'enfant nous n'observons qu'une proportion de code mixing trop faible pour que le type de bilinguisme de l'enfant soit dit « composé ». Nous arrivons à cette conclusion : le bilinguisme de cet enfant est dit coordonné puisque la représentation du monde se fait dans deux langues : il y a un signifiant pour un signifié dans chaque langue.

Le dernier type de bilinguisme sur critères psychologiques dépend de la compétence de l'enfant dans les deux langues, analyse qui découle directement de notre étude sur les productions totales de l'enfant dans chaque langue et de la production de genre qui en résulte. D'une part de la production en français dans les productions totales montre une dominance de la langue française chez cet enfant. D'autre part, non seulement la dominance de la langue française mais la forte propension d'occurrences de genre en français et peu d'erreurs, par rapport à la langue anglaise, montreraient une compétence supérieure du français sur l'anglais. Bien que la compétence en anglais soit très basse en début de corpus, l'enfant la développe tout au long des enregistrements, pour arriver à une bonne compétence de communication en anglais, mais la situation contextuelle extérieure fait qu'il y a quand même une forte différence entre les deux langues.

L'enfant ne développe que certaines structures syntaxiques qu'en relation avec la production des parents.

Nous allons maintenant nous pencher sur le bilinguisme précoce de l'enfant, en essayant de caractériser à quel stade du développement syntaxique il se situe :

Au début des enregistrements qui constituent le corpus, l'enfant semble se situer dans la seconde étape décrite par Volterra et Taeschner (1978)37 autrement dit il va avoir un répertoire lexical dans chacune des deux langues et un système syntaxique dans les deux langues. C'est à cette période que va apparaître la dominance langagière dans l'alternance des langues. Vers le milieu de l'étude l'enfant rentre dans la troisième phase : le système syntaxique se divise en deux ainsi l'enfant a développé deux systèmes linguistiques indépendants, cette différence de système n'apparaît que lorsqu'un enfant adapte sa langue à celle de l'interlocuteur.

37 cité par Deuchar et Quay, 2000.

C'est dans la seconde étape que va se manifester le plus souvent le code mixing : à ce moment le code mixing est le manifeste d'une syntaxe dominée par un modèle qui est celui de la langue dominante. Chez le bilingue précoce ce qui est appris plus tard dans une langue sera souvent l'objet du code mixing. Ainsi lorsque l'enfant entre dans la troisième étape, le code mixing n'est presque plus présent : d'une part l'anglais est presque aussi bien maîtrisé que le français et l'enfant n'a plus besoin de pallier un manque et d'autre part le code mixing deviendrait volontaire c'est-à-dire que ce n'est plus un simple automatisme mais une pratique volontaire qui n'est utilisée que dans certains cas (pour Genesee et Nicoladis, 2005, il a une fonction pragmatique).

Nous sommes face à une enfant possédant un bilinguisme précoce simultané, puisqu'il évolue dans un contexte bilingue dès la naissance. Mais c'est aussi un bilinguisme exogène puisque la langue 2 n'est pas ou peu présente dans la communauté, le Québec étant une région francophone ; De ce fait nous allons observer à travers une dominance de la langue française par rapport à l'anglais, une tendance à un bilinguisme à tendance neutre dans la famille où il n'y a pas de hiérarchie des langues contrairement à la situation sociolinguistique du pays. Enfin, nous parlerons de bilinguisme dominant puisque le français est la langue dominante. Bien que la compétence de l'enfant dans la langue dominée va évoluer pour atteindre, à la fin de l'étude, un niveau proche de la langue dominante, il y aura toujours une langue dominante. C'est au niveau de l'organisation cognitive de la langue que le constat sera plus mitigé : puisque d'une part la compétence de l'enfant évolue graduellement selon les trois étapes de Volterra et Taeschner (1978)38 et d'autre part qu'il y aura toujours une langue dominante, le bilinguisme de l'enfant se place entre un bilinguisme coordonné et composé.

La distinction entre les types composé et coordonné n'est pas exclusive pour Ervin et Osgood (1954) : ces types constitueraient les deux pôles du bilinguisme et les sujets bilingues se situeraient entre les deux, leur position variant en fonction des situations d'apprentissage et d'utilisation de la langue, ainsi que de l'âge de confrontation aux deux langues. Par conséquent le bilinguisme tiendrait plus à des stratégies cognitives adaptées à un contexte qu'à des modèles figés.

Hypothèse de départ : En observant des adultes monolingues qui apprennent une langue étrangère nous avons remarqué que les erreurs de genre sont les plus fréquentes et sont celles qui persistent dans le temps. Les occurrences de genre prononcées, pour une même structure syntaxique peuvent être aussi bien valides qu'erronées, ce qui est le signe

38 cité par Deuchar et Quay, 2000

d'une interlangue (une langue se construit sur une seconde déjà établie). Nous posons l'hypothèse que l'enfant bilingue précoce va passer par le même processus d'apprentissage dans l'acquisition du genre, mais contrairement à un adulte, les erreurs vont se concentrer sur une courte période et ne vont pas perdurer.

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