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"Contribution des PME de l'informel au développement durable"

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par Guy Daniel LELEKUA MAMPUYA TAMBA
Institut supérieur pédagogique (ISP) de Mbanza-Ngungu en RDC - Licence 2012
  

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5. Les acteurs évoluant dans le secteur informel et leur motivation profonde

5.1. Acteurs de l'informel

La femme africaine joue un rôle incommensurable dans l'économie informelle (ou secteur informel), rôle souvent méconnu et nié malhonnêtement par les partisans « d'une idéologie masculine valorisant la supériorité de l'homme et consacrant l'infériorité de la femme » (P. NGOMA-BINDA, 1999, p.12).

La femme africaine ou la femme tout court est une ressource indispensable, mieux le partenaire de l'homme dans l'entreprise du développement. « On devra donc se convaincre que tout développement d'une société passe par la reconnaissance de l'effort de la femme et par l'intégration de cette dernière aux activités les plus variées et les plus nombreuses de la vie nationale » (Ibidem, p. 21).

Le rôle de la femme africaine dans l'économie informelle devrait être reconnu et valorisé notamment par une politique appropriée d'incitations car cette économie présente encore beaucoup de faiblesses (mobilisation très limitée des ressources financières, technologie rudimentaire, fourniture irrégulière des inputs, absence de formation en management etc.). Certes, plusieurs actions ou initiatives ont déjà été développées dans ce sens en Afrique (études monographiques, recommandations des ONG féminines, petits projets de formation et de financement etc.) mais beaucoup reste encore à faire car, la plupart de temps, les décisions des responsables politiques n'ont pas été suivies des faits.

Le rôle de survie ou de subsistance en République Démocratique du Congo est plus visible en milieu urbain qu'en milieu rural car, ici, la femme consacre la plus grande partie de son temps à la pratique des activités agricoles. « Il semble même que c'est la femme qui a inventé l'agriculture » (P. NGOMA-BINDA, 1999, p. 51) car c'est elle qui aurait inventé les techniques et outils pour exercer les travaux agricoles (ex. adaptation et amélioration de tous les végétaux alimentaires importants, application de l'irrigation et des premières techniques de labourage etc.).

En plus de ses activités agricoles, la femme rurale s'occupe de l'économie domestique : elle prépare les aliments nécessaires à la réfection des énergies de toute la famille, s'occupe de la propreté et de l'éducation des enfants, assure la propreté de la maison et des alentours, puise l'eau à la source, cherche du bois de chauffage, fait le marché, s'occupe de son mari etc. Elle travaille pendant un plus grand nombre d'heures que l'homme et parfois jusqu'à 16 heures par jour, dès le réveil le matin vers 5 heures jusqu'au coucher la nuit vers 21 heures. D'où le dicton : « le travail de la femme n'est jamais fini » (A woman's work is never done) (M. CARR, 1978, p. 4).

S'occupant aussi des ménages, la femme urbaine, quant à elle, est devenue très active dans l'exercice du petit commerce et la pratique des technologies appropriées depuis le début des années 1990. En effet, c'est pendant cette période que beaucoup d'entreprises de production et de service en R.D.C ont fermé, réduisant ainsi la plupart d'employés au chômage et au sous-emploi. Rappelons que cette fermeture était due à la crise économique que connaît le pays, crise aggravée par les pillages de 1991 et 1993 et tout récemment par la « guerre de libération » de 1997 et la « guerre d'agression » de 1998 à 2003. 

En ce qui concerne le petit commerce, la femme urbaine en RDC, vent au marché ou sur le trottoir des quartiers périphériques populeux les produits agricoles traditionnels (farine ou cossettes de manioc, maïs, arachide, huile de palme, courge, piment, tomates, légumes, fruits, chenilles, poisson, viande etc.) et les produits manufacturés de consommation courante (produits cosmétiques et de beauté, chaussures, vêtements neufs ou usagés, wax, matériels scolaires, conserves, pétrole à lampe etc.).

Elle s'approvisionne en produits agricoles notamment au port ou beach, situé en ville, où elle va le plus souvent à pied, faute d'argent suffisant pour se payer le transport. Après avoir acheté ces produits, non sans tracasseries policières, elle doit les faire transporter dans un pousse-pousse jusqu'à domicile. Et lorsqu'elle ne connaît pas le pousse-pousseur, elle doit encore marcher derrière lui et parcourir jusqu'à 20 kilomètres ou plus, de peur de voir sa marchandise détournée. Arrivée à la maison très fatiguée et épuisée, elle doit encore remplir ses tâches domestiques quotidiennes.

La femme urbaine du pays pratique également l'agriculture urbaine ou péri-urbaine sur quelques espaces verts encore disponibles dans la ville ou dans la périphérie. Elle permet l'approvisionnement de plusieurs ménages en produits maraîchers (piments, tomates, aubergines, poireaux et autres légumes tels que les amarantes douces et amères, les feuilles de patate douce appelées « matembele »).

Notons enfin que, dans certains cas, le capital de la femme urbaine commerçante ne dépasse pas 50 dollars US. Pourtant elle devrait faire face à tous ses besoins vitaux fondamentaux et à ceux de sa famille (alimentation, soins de santé, logement, habillement, scolarité des enfants, transport etc.).

Comme elle n'y parvient pas toujours, elle s'en tient à l'indispensable (ex. alimentation). Elle est contrainte de travailler chaque jour. Car un jour de repos signifie pour elle un jour de faim. Malheur à elle si elle tombe malade car, non seulement sa famille en pâtira, mais elle risquera de dépenser tout son capital pour les soins médicaux. Pour éviter cette éventualité, en cas de maladie, elle recourt à la médecine traditionnelle ou à l'auto-prescription médicale dont le coût en termes financiers lui est abordable ou presque nul. Il faut toutefois mentionner que cette médecine présente aussi des limites qui peuvent être fatales au patient.

En ce qui concerne la pratique des technologies appropriées, la femme urbaine congolaise y est généralement initiée par un parent, un ami ou une connaissance ou encore par des Organismes Non Gouvernementaux et associations généralement féminines.

Malgré que les ONG privilégient l'émancipation de la femme, elles sont sensibles à la participation de l'homme à côté de la femme à toute action de développement. C'est ce qu'elles appellent la technique de « gender » traduite en ces termes : « L'homme seul ne peut rien, de même la femme seule ne peut rien : tous deux doivent travailler ensemble pour se compléter ».

Les technologies appropriées apprises aux femmes par ces ONG concernent la fabrication du savon, de la confiture, des jus de fruits, de l'alcool, du parfum, du vernis, des désinfectants, du cirage, du lait de beauté, de la pommade à cheveux pour femmes, du pain, des beignets, des cakes, des gâteaux, de la margarine, du miel, des craies, la salaison des poissons, la production du lait de soja etc.

Nous les dénommons les « technologies appropriées d'inspiration urbaine » pour une double raison (W. MUSITU L., 2003, p. 160) :

ü d'abord elles constituent l'imitation, par des procédés artisanaux, des produits élaborés dans le secteur moderne c'est-à-dire le secteur des Petites et Moyennes Entreprises (PME) concentrées en milieu urbain. Cette imitation semble se justifier par l'incapacité de la plupart de ménages de se procurer des produits de la même nature dans le secteur moderne, faute de moyens financiers suffisants. Elle constitue une chance pour la plupart de consommateurs de se procurer des produits relativement bon marché d'une part et d'autre part pour les producteurs qui trouvent ainsi une occasion de création des revenus. C'est donc à juste titre que ces activités sont parfois appelées « initiatives créatrices de revenus » ;

ü ensuite ces technologies se transfèrent de la ville à la campagne. Elles se développent beaucoup plus rapidement en ville à cause notamment de la relative facilitée d'approvisionnement en matières premières d'origine industrielle. En campagne se pose le problème d'acheminement de ces matières premières, auquel s'ajoute l'étroitesse du pouvoir d'achat des paysans ;

ü Une des caractéristiques de ces technologies est l'utilisation comme intrants des produits locaux et des produits émanant du secteur industriel. Elles sont des « technologies hybrides », ni traditionnelles, ni modernes (cas de la fabrication du savon avec de la soude caustique acheté au milieu urbainet de l'huile de palme produite localement) ;

ü L'apprentissage d'une technologie appropriée est plus sollicité par les femmes regroupées en associations que proposé par des ONG. Quand bien même il leur est proposé, il tient compte du besoin réel exprimé par ces femmes. Il suscite encore plus d'intérêt dans la mesure où il permet de créer des revenus et de satisfaire les besoins d'autosubsistance.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway