5.2. Motivation profonde de la femme congolaise dans
l'économie informelle.
Il apparaît, à nos yeux, que l'engagement
déterminant et parfois crucifiant de la femme congolaise dans
l'économie informelle et dans les activités économiques en
général vise moins son propre bien que celui de sa famille :
de ses enfants et de son mari. NOVAK que cite P. NGOMA-BINDA (1999, p. 69) le
dit si bien en ces termes : « il semble évident que, toute
vie individuelle étant courte, les motivations économiques les
plus profondes sont presque toujours, et doivent nécessairement
être, inscrites dans le cadre d'une famille. Les agents
économiques travaillent rarement pour eux seuls. (...) Le motif
fondamental de toute activité économique semble clairement
être d'inspiration familiale, beaucoup plus que les économistes ne
le suggèrent ordinairement. C'est pour le bien de la famille qu'on remet
à plus tard certaines satisfactions personnelles, que l'on s'engage dans
tant de combats crucifiant sur le plan médical, éducatif et
psychologique, qu'on essaie tellement d'économiser, et que l'on
entreprend des investissements qui concernent bien plus l'avenir que le
présent ».
Il est parfois reproché au travail lucratif de la femme
mariée dans l'économie informelle en dehors du foyer les risques
accrus d'infidélité, la négligence ou l'imperfection des
soins et de l'éducation des enfants, l'arrogance vis-à-vis de son
mari pouvant conduire à l'insubordination, au mépris, au
dénigrement de ce dernier voire au divorce.
Loin de vouloir tolérer ou cautionner pareils
comportements, nous estimons, quant à nous, que la femme agit ainsi
parce qu'elle se trouve parfois en situation de nécessité,
situation dont l'émergence est imputable à plusieurs acteurs
sociaux à des degrés différents (la femme
elle-même, l'homme, l'Etat, la société etc.).
Afin d'éviter ou de réduire les comportements
déviants de la femme, il est nécessaire que tous ces acteurs
sociaux soient impliqués dans la lutte contre la pauvreté qui, du
reste, paraît occasionner ces comportements :
1) les gouvernements des pays en développement
devraient créer des conditions favorables au développement des
investissements privés notamment par l'instauration et le maintien d'une
paix durable et de la sécurité des personnes et des biens, la
lutte contre la corruption, le clientélisme, l'inflation, les
dévaluations monétaires à répétition. Le
développement des investissements privés entraînera la
création des emplois au profit des hommes et des femmes. Ces
gouvernements devraient également permettre l'accès au
crédit à ceux qui voudront s'installer pour leur propre
compte ;
2) les ONG devraient prévenir par la formation,
à l'occasion de l'apprentissage des technologies appropriées, les
risques sur la famille des comportements déviants de la femme
(relâchement des relations conjugales, instabilité du
ménage, divorce, phénomène enfants dans la rue
etc.) ;
3) il conviendrait de réanimer ou de redynamiser
les structures traditionnelles d'entraide et d'épargne telles la
ristourne (likelemba), l'assistance aux nécessiteux etc. ;
4) les hommes et les femmes devraient se convaincre qu'en
situation de crise ou de boom économique, le bien-être de leurs
familles respectives dépend d'un minimum d'entente entre eux.
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