2.3.2 Mode d'exploitation de la ressource ligneuse
Il existe trois principaux modes d'exploitation des ressources
forestières dans la zone : l'exploitation incontrôlée et
les marchés ruraux de bois qui sont de deux sortes : marchés
ruraux orientés (MRO) et marchés ruraux contrôlés
(MRC).
Le marché rural de bois est défini par
l'ordonnance 92-037 du 21 août 1992 comme « un endroit où
sont installées des structures organisées pour l'exploitation du
bois-énergie à des fins commerciales hors des grandes
agglomérations » ; il est la charpente de la SED dans son volet
approvisionnement en bois-énergie. Autrement c'est un site de vente de
bois-énergie géré par une Structure Locale de Gestion
(SLG) et agrée par l'administration de l'Environnement et des Eaux et
Forêts qui est approvisionné par une zone d'exploitation
limitée d'un commun accord entre la population locale, la SLG et
l'administration. C'est aussi le moyen d'initier un processus de
négociation interne et externe pour définir les règles
d'appropriation des ressources renouvelables de l'espace villageois. C'est la
base légale d'opposition aux prélèvements illégaux
des transporteurs commerçants.
En l'absence d'un marché rural, l'exploitation est
incontrôlée, Il n'y a donc pas une exploitation organisée
du bois par la population locale à des fins de vente. Cependant, on
note
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des cas de ramassage du bois mort par les
commerçants-transporteurs de bois qui prennent une quittance
auprès des services de l'Environnement et des Eaux et Forêts et
s'approvisionnent dans le massif forestier de leur choix parce que la
forêt appartient à l'Etat.
Dans ce cas, les populations locales ne se sentent pas
suffisamment responsabilisées pour empêcher la coupe de bois par
une personne étrangère au terroir.
Les MRO sont approvisionnés à partir d'une zone
délimitée et non aménagée. Ces types de
marchés exploitent uniquement le bois mort d'origines diverses dont les
déficits pluviométriques, les attaques parasitaires, fin de
cycle, etc. Il s'agit de coupe d'assainissement.
Un inventaire forestier est au préalable conduit pour
déterminer la quantité de bois mort disponible et
déterminer un quota d'exploitation annuelle.
Sur ce type de MR, ce sont des coupons jaunes qui sont
délivrés par le Service de l'Environnement et la SLG. A la fin de
l'exploitation du bois mort, le MRO peut évoluer en un marché
rural de forme contrôlée. Les MRC constituent la forme
d'organisation la plus élaborée dans l'exploitation du bois
énergie du bassin d'approvisionnement de la ville de Niamey. Ils sont
approvisionnés à partir d'une zone délimitée et
aménagée et exploitent aussi bien le bois mort que le bois vert.
Avant l'exploitation, un inventaire forestier est d'abord conduit pour
déterminer la quantité de bois exploitable. Après
l'évaluation du potentiel ligneux, le massif forestier est
subdivisé en parcelles. Un quota d'exploitation est défini par la
SLG et le Service de l'Environnement et des Eaux et Forêts. Sur ce type
de marché, ce sont des coupons bleus qui sont délivrés aux
Commerçants-transporteurs de bois par la S L G.
Les formations forestières situées dans le bassin
sont soumises à plusieurs contingences :
V' la forte concentration des populations dans la ville
provoquée par un exode rural massif des populations « victimes de
la sécheresse » ou « réfugiés
environnementaux» (l'augmentation moyenne de la population urbaine des
pays du Sahel est estimée à 600 % au cours de ces quarante
dernières années ; Ozer, 2004). Ces dernières sont
utilisatrices uniquement de bois de feu et ne sont pas au même rythme
pour une transition vers des énergies alternatives que les citadins ;
V' une forte emprise des terres de culture, dont les besoins
sont estimés à 0,6 ha/ an / habitant rural (Montagne, 1997), sur
les formations forestières ;
V' la diminution de la durée de la jachère,
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Ces facteurs anthropiques sont associés à divers
paramètres qui sous-tendent le fonctionnement de la brousse
tigrée dont les principaux sont la géomorphologie, la
pluviométrie et la pente mis en évidence par de nombreux
chercheurs (Ambouta, 1984 ; D'Herbés et al, 1997 et Ichaou,
2000).
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