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La gestion de la crise malienne du 22 mars 2012

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par Cham Riphat Prince MATSIONA KINKOULOU
Université Marien Ngouabi RDC - Brevet de l'école nationale d'administration et de magistrature 2012
  

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PREMIERE PARTIE

LES ORIGINES DE LA CRISE MALIENNE DU 22 mars 2012

CHAPITRE I : LES FONDEMENTS DE LA CRISE MALIENNE DE 2012

Le dictionnaire petit Larousse 2013, définit un fondement comme un élément essentiel servant de base à quelque chose. On peut parler des fondements de la société qui veut dire les bases de la société. Les spécialistes du droit privé, dans leur théorie des obligations pensent qu'un fondement est une cause.

Le fondement est aussi un engagement international qui est à la fois source de droit international et le moyen de développer la coopération entre les acteurs.

Les fondements de la crise malienne comme précisé plus haut sont les facteurs ayant contribué à déclencher la crise.

En effet, dans le cadre de la gestion de cette crise, il faut noter que c'est en combinant et en distinguant une analyse sur les fondements lointains et une analyse sur les fondements immédiats que l'on comprendra véritablement cette crise.

Ainsi, nous relèverons d'une part qu'il y a des fondements lointains, qui peuvent se définir comme l'enchainement lointain d'évènements, les pré-conditions qui ont rendues possible la crise malienne sans être immédiatement à son origine (section 1) et les fondements qui sont les raisons immédiatement pertinentes pour expliquer ladite crise (section 2).

En somme, dans ce chapitre nous expliquerons l'enchainement des raisons et causes qui ont menées à l'effondrement de l'État malien (de l'occupation de la moitié de son territoire du nord et le putsch au sud) avant de montrer au chapitre suivant, les différents protagonistes et leurs revendications.

Section1 : Les fondements lointains

La période coloniale et son héritage qui font l'objet du paragraphe1, peuvent s'analyser dans le temps, comme l'alignement catastrophique d'un héritage colonial, de choix politiques malheureux, d'erreurs dans la gestion de crises, d'occasions manquées, de surprises stratégiques.

Alors que les fondements politiques et socio-économiques constituant le paragraphe2, s'apparentent avec l'impunité, le tribalisme, la mauvaise gouvernance des ressources nationale, les crises alimentaires et la sécheresse au Mali.

A ces deux fondements lointains s'ajoutent, l'effondrement de l'élite malienne qui résulte d'un mauvais système éducatif.

Paragraphe1 : La période coloniale et son héritage

La crise malienne est liée à la problématique transfrontalière héritée de la colonisation. Car, « La reproduction du système pastoral sur de très larges espaces nécessaires aux activités de transhumance, à l'élevage extensif et aux échanges caravaniers sahariens et transsahariens »11(*) , vont se rigidifier entre Etats riverains, à la suite des indépendances, déstabilisant ainsi particulièrement les sociétés de pasteurs-nomades dans la région saharo-sahélienne.

Conscients des risques liés à une fragmentation de la région et suivant leur idéal panafricaniste, Léopold Sédar SENGHOR12(*), Mamadou DIA, Modibo KEITA et d'autres dirigeants avaient formé l'idée de reprendre l'ensemble constitué par l'administration coloniale, l'Afrique Occidentale Française (AOF), en le portant vers l'indépendance sous la forme d'une fédération. Ce projet commençait à prendre forme lors du congrès du Parti du Regroupement Africain, en juillet 1958, à Cotonou.

Cependant, des approches différentes sur l'agenda des indépendances, et, surtout, l'opposition marquée des autorités françaises de l'époque associée à celle de Félix HOUPHOUËT BOIGNY, futur Chef de l'Etat ivoirien, réduiront cette fédération à un face à face entre le Soudan français (aujourd'hui Mali) et le Sénégal, au sein de la Fédération du Mali13(*). Cette tentative échouera sur fond d'options politiques différentes et de compétitions pour le pouvoir, avec, en arrière plan, l'engagement du Mali aux côtés des partisans algériens, lors de leur guerre de libération nationale (guerre d'indépendance) de 1954 à 1962.

Le 20 août 1960, voit donc s'éteindre avec la dissolution de la Fédération du Mali, les derniers feux d'une voie singulière d'organisation et de gestion des Etats en Afrique francophone, ambitionnant d'aller au delà de la simple application d'un modèle importé, l'Etat-Nation.

Passées les indépendances et leurs nouvelles frontières nationales, c'est donc dans un espace saharo-sahélien désormais éclaté entre Algérie, Mali, Niger, Burkina Faso (ex Haute-Volta) et Mauritanie, que devront s'ajuster les populations qui l'occupent.

Parmi elles, les communautés touaregs vont être doublement frappées par ces nouveaux équilibres : leur mode de vie va s'en trouver affecté, par le morcellement de leur espace, mais également parce qu'au plan politique, elles se tiendront à l'écart des luttes pour les indépendances et leurs enjeux sous-jacents en termes d'élites et de représentation, qu'il s'agisse du Maghreb ou de l'Afrique sub-saharienne14(*).

Si les communautés touaregs ont toujours vécu selon leurs propres règles et construit leur identité culturelle, elles furent cependant, parfois, instrumentalisées15(*).

A cela s'ajoutera, plus tard, après les découvertes de richesses minières et d'énergie fossile, la tentation de faire du Sahara un espace « autonome » sous administration française, avec l'Organisation commune des régions sahariennes16(*) à la fin des années cinquante. L'un des arguments politiques avancé pour cette entreprise économique, « l'homogénéité ethnique » des populations indigènes, fera florès, comme le rappelle André BOURGEOT: « Une barrière ethnico-politique pouvait se dresser en jouant sur une série d'oppositions classiques telles que nomades et sédentaires, Touaregs/Arabes, Touaregs/populations noires et bien sûr Blancs/Noirs. À l'évidence, cette conception ethnico-territoriale, voire cette « arme ethnique » utilisée par les services français, ne pouvait qu'exacerber  les relations interethniques déjà tendues [...]»17(*).

Le projet sera vite abandonné face à la volonté des Etats, en cours de constitution, de préserver leur intégrité territoriale comme leur potentiel économique. L'héritage de l'essentialisation d'une identité touarègue «blanche» et non-arabe, associée aux convoitises d'un espace saharien prometteur en ressources naturelles ne sera pas sans effets, à tort ou à raison, à l'intérieur, dans les coeurs et les esprits des acteurs de la crise malienne, et, à l'extérieur, sur les représentations qui en sont proposées.

Il faut également rappeler que ces populations n'ont pas été mobilisées lors des deux guerres mondiales, creuset commun des consciences politiques qui s'exprimeront lors des luttes pour la décolonisation, au nord comme au sud de l'espace saharien, au Maghreb comme en Afrique sub-saharienne.

En conséquence, ces communautés, déjà marginalisées avec d'autres, par le découpage des frontières, n'auront pas ou très peu de représentants habiles pour défendre des intérêts structurés dans le jeu politique des Etats nouvellement constitués.

Cet héritage colonial, a causé par extension des confrontations entre l'Etat malien et le peuple malien en particulier touareg après l'indépendance, et s'en suivra des problèmes politico-socio-économiques.

* 11Bourgeot, André. «Le lion et la gazelle: États et touaregs.» Politique Africaine no. 34, Karthala, Paris. Etats et Sociétés Nomades, Juin 1989, Pp 19-29.

* 12Cf. La loi-cadre Defferre du 23 juin 1956.

* 13Roland Colin :« Sénégal, notre pirogue», Présence africaine, 2007.

* 14« L'indépendance de l'Algérie et des anciens pays autrefois regroupés au sein de l'AOF et de I'AEF se traduisit par un transfert des rênes du pouvoir remis aux mains de nouvelles « élites » nationales. En Algérie, celle-ci étaient presque uniquement originaire du Nord tandis qu'en Afrique noire, elles venaient principalement des régions sahélienne er non sahariennes à l'exception de la Mauritanie. » In Afrique noire et monde arabe, Les Editions de l'Aube (Institut de Recherche pour le Développement), 2000.

* 15 Bourgeot, André, « Sahara : espace géostratégique et enjeux politiques (Niger) », Afrique noire et monde arabe, Les Editions de l'Aube (Institut de Recherche pour le Développement), 2000

* 16 De Lattre, Jean-Michel, « Sahara, clé de voûte de l'ensemble eurafricain français », Politique étrangère

n°4, Paris (1957): 345-389.

* 17Bourgeot, André, « Sahara : espace géostratégique et enjeux politiques (Niger) », Afrique noire et monde arabe, Les Editions de l'Aube (Institut de Recherche pour le Développement), 2000

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore