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La gestion de la crise malienne du 22 mars 2012

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par Cham Riphat Prince MATSIONA KINKOULOU
Université Marien Ngouabi RDC - Brevet de l'école nationale d'administration et de magistrature 2012
  

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Paragraphe2 : Les problèmes politico-sociaux et l'effondrement de

l'élite malienne

La crise qui sévit au Mali tire aussi ses fondements dans les problèmes politiques (de la confrontation entre le gouvernement et la population du Nord) et de l'effondrement de l'élite malienne.

En effet, depuis les années 1960, le Mali n'est jamais parvenue à pacifier durablement sa partie septentrionale. Autrement dit, n'a jamais su géré certaines régions de son territoire, à l'instar de son territoire du Nord où se trouve la région de l'Azawad.

Ainsi, il y a bien eu des accords entre ces groupes rebelles touaregs et l'Etat pour stabiliser le nord. C'est à cela que le gouvernement algérien était parvenu à convaincre les belligérants de conclure en 1991 à Tamanrasset, au sud de l'Algérie, un accord de cessez-le-feu appelé « accord de Tamanrasset». Selon les termes de cet accord, l'Etat malien prenait l'engagement de mettre en oeuvre une politique de décentralisation et d'assurer le développement du Nord.

Cette dynamique s'est concrétisée l'année suivante par la signature, au Mali, d'un pacte national prévoyant l'intégration des touaregs dans l'armée et la fonction publique.

En 1996, la cérémonie de la flamme de la paix à Tombouctou avait vu les combattants touaregs déposer leurs armes, aussitôt brulées, et laissé l'impression d'un épilogue heureux de la crise touareg.

Mais, l'exécution entière de ces arrangements a toujours posé problème, essentiellement du fait de l'insuffisance de moyens financiers pour développer une grande région, grande comme une fois et demie la France, et caractérisée par diverses étendues désertiques et le nomadisme des populations.

Aussi, les difficiles conditions de vie au nord ont crée chez les peuples de la région le sentiment d'être abandonnés par d'autres maliens, développant chez eux un communautarisme devenu belliqueux vis-à-vis des autres composantes de la société malienne.

Suite à la mauvaise organisation du pouvoir de l'Etat et à la mauvaise gouvernance, dix ans plus tard, le conflit ressurgit avec, cette fois, de nouvelles organisations touarègues menées par d'anciens chefs intégrés dans l'armée ayant fait défection. Ces derniers conduisent, dès le 23 mai 2006, un soulèvement à Kidal et Ménaka, dans le Nord.

Sollicitée par la partie malienne, l'Algérie assure une médiation, laquelle aboutit à la signature, en juillet 2006, des « accords d'Alger». Le texte « pour la restauration de la paix, de la sécurité et du développement dans la région nord-malienne, principalement celle de Kidal » établissait des modalités de développement du Nord, avec comme autre but de normaliser les rapports entre la zone de Ménaka et l'Etat malien.

Ces accords d'Alger de juillet 2006, conclus entre les représentants du Mali présents à Alger, sous la houlette du Ministre de l'Administration territoriale et des collectivités locales d'alors, Monsieur KAFOUGOUNA Koné, et les représentants des rebelles touaregs réunis sous la bannière de l'Alliance démocratique du 23-Mai pour le changement, sont d'une grande importance.

Aussi, ces accords d'Alger constituent la première tentative de solution globale à une problématique qui n'avait été gérée, jusqu'à là que de façon sécuritaire.

Ils insistaient, entre autres, sur l'intégrité du territoire malien pour prévenir toute forme de séparatisme, tout en promettant le lancement d'activités de développement dans la région. Le texte prévoyait aussi une relative autonomie pour les populations de la région. Un programme spécial pour le développement des régions septentrionales du pays fut lancé par le président, Amadou TOUMANI TOURE, après la tenue d'un forum de développement à Kidal en 2007. La réunion cible une trentaine de projets structurants, ainsi qu'un programme de réinsertion en faveur d'au moins 10 000 jeunes du Nord.

Mais cette fois-ci, nombre de ces projets sont bloqués, ralentis ou revus à la baisse en raison des financements insuffisants.

Le Mali, ne pouvant assumer seul ces investissements lourds, faits appel à la communauté internationale des bailleurs de fonds qui tarde à réagir. C'est ainsi que le gouvernement malien fut indexé par les groupes touaregs comme n'ayant pas tenu ses promesses, tandis que dans le sud, les populations estimaient que l'Etat avait assez fait pour les touaregs. Certaines organisations non gouvernementales ont même pensé que les arrangements faits au profit de la paix remettaient en cause l'intégrité territoire du Mali.

Ainsi après le déclenchement de la nouvelle rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) en janvier 2012 et du putsch orchestré par le capitaine Amadou Haya SANOGO et ses pairs par le biais de sa junte du Conseil national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat, le 22 mars 2012, l'aile extrémiste du MNLA s'est désolidarisée du schéma de sortie pacifique de crise, préférant poursuivre ses opérations militaires jusqu'à la déclaration de l'indépendance d'Azawad le 6 Avril 2012.

Aussi, la corruption généralisée qui gangrène la société malienne comme l'indique l'indice de corruption de Transparence International18(*) constitue la source du problème actuel, collusions actives et passives entre narcotrafiquants, terroristes, islamistes, milieux administratifs et militaires maliens ont ainsi transformé le Mali en maillon faible de la lutte contre le crime organisé au sahel et constituent un autre fondement politico-sociaux.

A coté de ces premiers fondements politiques, figurent aussi l'effondrement de l'élite malienne, qui constitue un point moins négligeable mais important.

Par effondrement, nous entendons ici l'ensemble des facteurs ayant conduit au discrédit d'une grande partie de l'élite politique et administrative malienne auprès de sa population, et, singulièrement, les déchirements au sein de ces groupes dans leur compétition pour le pouvoir même au plus fort de la crise malienne.

Comment comprendre cet effondrement général au sein de l'élite malienne qui constitue l'un des fondements lointains de ladite crise? L'explication est à rechercher du côté du système éducatif malien.

Après les indépendances, le choix qui a été fait au Mali était de démanteler l'héritage colonial et de favoriser l'éducation de base pour tous.

De ce fait, même s'il y avait des écoles supérieures dans le pays, ce n'est qu'en 1993 que l'université de Bamako sera créée. Selon un rapport de la banque mondiale de 2006, seuls 26% des adultes maliens étaient effectivement alphabétisés en 2004 et « le taux brut de scolarisation dans l'enseignement secondaire [...] est de 17,1%. » pour la même période.

Pour Johanna SIMEANT19(*), la raison supplémentaire pour expliquer l'état et l'effondrement de l'élite malienne, réside dans la difficulté pour les plus brillants à obtenir un visa et aller se former à l'étranger : « La situation de l'enseignement est catastrophique et cette situation est aggravée par la difficulté d'aller étudier à l'étranger, en particulier en France. Donc les jeunes ne sont pas bien formés et les anciens qui ont entre 50 et 60 ans sont parfois atterrés par le niveau de leurs cadets »20(*).

Il n'en demeure pas moins vrai, qu'en dernier ressort les fondements immédiats de la crise malienne sont à chercher dans le printemps arabe qui a commencé en Tunisie et s'en est suivi de la chute du guide libyen (colonel Mouammar KADDHAFI) et du coup d'Etat du 22 mars 2012.

* 18Rapport Mondial sur la Corruption : le Changement climatique, Transparence International, 2011

* 19Johanna SIMEANT, Les causes de la crise malinne, www.médiapart.fr

* 20 Idem

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