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Les états et la construction de l'union africaine: le cas de la Libye et du Sénégal

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par Romaric TIOGO
Université de Dschang - Master II 0000
  

Disponible en mode multipage

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    UNITE DE FORMATION DOCTORALE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE

    LES ETATS ET LA CONSTRUCTION

    DE L'UNION AFRICAINE : LE CAS DE

    LA LIBYE ET DU SENEGAL

    Thèse présentée et soutenue publiquement en vue de l'obtention du

    Diplôme de Master Recherche

    en

    Science Politique

    Par

    TIOGO Romaric

    Sous la supervision de :

    M. ONANA Janvier

    Agrégé de Science Politique

    Chef de Département de Science Politique

    Université de Douala

    Sous la direction de :

    M. POKAM Hilaire De Prince

    Docteur en Science Politique

    Chargé de Cours à la FSJP

    Université de Dschang

    Soutenue le 05 Juin 2012

    AVERTISSEMENT

    L'Université de Dschang n'entend donner aucune approbation ni improbation aux idées et opinions émises dans cette thèse. Elles doivent être considérées comme propres à leur auteur.

    DEDICACE

    Je dédie ce travail à :

    -mes parents NOUMBO David et NGUEDIA Colette pour m'avoir Soutenu et cru fermement à son aboutissement,

    -ma tante FRIDA et mon oncle KANA Godefroy Ignace pour leur soutien sans faille,

    -la mémoire de ma petite soeur, NOUMBO MEDJIODONG Doris, qui a quitté ce monde dans la vigueur, à fleur de l'âge. Tu resteras à jamais gravée dans nos coeurs.

    REMERCIEMENTS

    Cette recherche a été très laborieuse. Tellement laborieuse que, tout seul, elle aurait été une mission impossible. Qu'il me plaise donc d'exprimer toute ma gratitude et mes très sincères remerciements à tous ceux qui ont apporté leur contribution à son aboutissement.

    Je remercie en premier lieu mes enseignants et principalement le Docteur POKAM Hilaire De Prince, qui a dirigé ce travail avec diligence et rigueur scientifique ; tout en me rappelant les enjeux d'un travail bien fait,

    Le Professeur ONANA Janvier qui a accepté de le superviser,

    Le Professeur ANOUKAHA François, Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l'Université de Dschang qui m'a enseigné la rigueur et l'objectivité tout au long de mon cursus,

    Le Professeur KEUTCHA TCHAPNGA Célestin, Chef de Département de Droit Public et Science Politique pour la formation qu'il m'a offerte,

    Le Professeur TCHOUPIE André qui n'a jamais cessé de m'encourager dans l'accomplissement de cette étude,

    Le Professeur NJOYA Jean pour ses précieux enseignements,

    Le Professeur NTUDA EBODE Joseph-Vincent pour l'intérêt exprimé pour ce sujet,

    Le Professeur FOBANJONG John pour son apport documentaire,

    Le Docteur NGUEKEU DONGMO Pierre pour toutes ses observations et la disponibilité toujours accordée à ma modeste personne,

    Le Docteur MOYE BONGYU Godwin qui a mis une importante documentation à ma disposition,

    Le Docteur FOLEFACK Ernest pour ses multiples observations et orientations,

    Le Docteur DOUNKENG ZELE Champlain pour tous les encouragements, les suggestions et l'apport documentaire,

    Le Docteur KEUTCHEU Joseph qui a toujours attiré mon attention sur le distinguo entre le langage journalistique et celui de la science.

    Il me plaît également d'exprimer ma reconnaissance aux missions diplomatiques sénégalaises au Cameroun pour leur hospitalité et la très grande disponibilité à répondre à mes préoccupations,

    Aux missions diplomatiques libyennes qui, malgré les moments de crise, ont accepté de m'accueillir à l'Ambassade libyenne à Yaoundé et plus particulièrement à M. NDONGO qui m'a fourni d'importants documents,

    A monsieur ONDOUA Christian du MINREX qui m'a permis de réaliser mes entretiens.

    J'ai une pensée très vigoureuse à l'endroit de ma famille pour le soutien moral et matériel indéfectibles. Je pense à :

    Mes oncles NOUMOGNI Samuel et DONCHI Salomon,

    Mes tantes MAJETIO Ester, KENFACK Cécile, TSAMO JEANNE,

    Mes frères KEMCHIO TIOGO Clovis, DONFACK Jean Laurenty, ZEMAGHO Herman, NOUMBO Gérardin et NGUEFACK Romuald,

    Mes soeurs KENFACK Elodie, NOUMBO Irène, TSAFACK Charline,

    Mes cousins KEMCHIO MOMO Boris et TIOGO Suzanne.

    Je n'oublie pas mes amis et tous mes camarades de promotion qui, de près comme de loin, m'ont toujours manifesté leur soutien substantiel. Il s'agit de : TAKOU Elucine Dorine, qui a eu la précieuse idée de saisir les premiers mots de ce travail, KAJEO Victor, TSEMO Florent, WOUEDJIE Alice-Norra, PANOU Achille, SUWUN Polycarp, TSOMEVOU Rostand, KAMGA Roger, TOUKEA D., TCHATCHOUANG Paul, BESONG G., TADADJEU Menda, BIDIAS NTAH E., OUAMBA SADIO, etc.

    J'adresse enfin un remerciement à SIGNING Emile, TCHAPTCHET René, VOUFO NGUIMFACK Théophile et ATEUFACK Rodrigue qui ont eu l'amabilité de relire ce travail et pour leurs inestimables appréciations.

    SIGLES ET ABREVIATIONS

    ACP  : Afrique Caraïbes Pacifique

    AFRICOM : African Commamd.

    AMISSOM : Mission de l'Union Africaine pour la Somalie

    APD  : Accord de Partenariat pour le Développement

    APE : Accord de Partenariat Economique

    CEDEAO : Communauté Economique des États d'Afrique de l'Ouest

    CEEAC : Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale

    Cen-Sad  : Communauté des Etats Sahélo-Sahariens

    CER   : Communautés Economiques Régionales

    CNT : Conseil National de Transition

    CRTV : Cameroon Radio Television

    EAC : East African Community

    ECOSSOC : Conseil Economique, Social et Culturel

    ESA : Eastern and Southern Africa

    FESMAN : Festival Mondial des Arts Nègres

    FMA : Fonds Monétaire Africain

    FSJP : Faculté des Sciences Juridiques et Politiques

    GMV : Grande Muraille Verte

    LAP : Libya African Portofolio

    MAEP : Mécanisme Africain d'Evaluation par les Pairs

    MARP : Millennium African Recovery Plan

    Me : Maître

    MFDC : Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance

    MINREX  : Ministère des Relations Extérieures

    NEPAD  : Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique

    OMC : Organisation Mondiale du Commerce

    OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

    OMS : Organisation Mondiale de la Santé

    ONU   : Organisation des Nations Unies

    OTAN : Organisation du Traité Nord Atlantique

    OUA  : Organisation de l'Unité Africaine

    PDS : Parti Démocratique Sénégalais

    PIB : Produit Intérieur Brut

    PMA : Pays Moins Avancés

    POA  : Plan Omega pour l'Afrique

    RFI : Radio France Internationale

    RTS : Radio Télévision Sénégalaise

    SADC : Southern Africa Development Community

    SPG : Système de Préférences tarifaires Généralisées

    UA  : Union Africaine

    U E : Union Européenne

    UNITA : Union Nationale pour l'Indépendance Totale de l'Angola

    UPM  : Union pour la Méditerranée.

    SOMMAIRE

    INTRODUCTION GENERALE 3

    PREMIERE PARTIE: LA LIBYE ET LE SENEGAL: DEUX ACTEURS DETERMINANTS DANS LE PROCESSUS DE CONSTRUCTION DE L'UNION AFRICAINE 3

    CHAPITRE I: LA LIBYE, TETE DE PROUE DANS LA CONSTRUCTION DE L'UNION AFRICAINE 3

    SECTION I: L'INITIATEUR DU PROJET D'UNION 29

    SECTION II- LA MOBILISATION DES RESSOURCES FINANCIERES ET DIPLOMATIQUES 45

    CHAPITRE II: LE SENEGAL, DEFENSEUR ACHARNE DE L'UNION AFRICAINE 3

    SECTION I- L'OFFRE DES ACTIONS SUPRANATIONALES 61

    SECTION II- LA CONSTRUCTION DISCURSIVE, SYMBOLIQUE ET PRATIQUE DE L'UA 76

    SECONDE PARTIE: LA LIBYE ET LE SENEGAL: DEUX ACTEURS AUX ACTIONS MOTIVEES PAR DE MULTIPLES ENJEUX MAIS SOUVENT ENTRAVEES PAR DIVERSES CONTRAINTES 3

    CHAPITRE III: LES ENJEUX DU SENEGAL ET DE LA LIBYE 98

    SECTION I- LA CONSTRUCTION DES IDENTITES ET DES INTERETS DES ETATS 99

    SECTION II - LA CONSTRUCTION DES IDENTITES ET DES INTERETS DES PORTE-PAROLES 114

    CHAPITRE IV: LES CONTRAINTES ENTRAVANT LES ACTIONS DE LA LIBYE ET DU SENEGAL 131

    SECTION I : LES CONTRAINTES INHERENTES AUX DEUX ETATS 132

    SECTION II: LES CONTRAINTES EXTERIEURES AU DEUX ETATS 146

    CONCLUSION GENERALE 167

    INTRODUCTION GENERALE

    Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les Etats avaient pris conscience qu'il convenait de dépasser la formule des Etats-nations et créer les conditions d'une intégration régionale minimale afin d'éviter le retour de la guerre. Peu à peu, les vertus de cette intégration ont recouvert d'autres aspects de la vie internationale. Très vite, on a compris que les besoins sociaux de l'humanité ne pouvaient plus être satisfaits par le seul jeu de la grammaire souverainiste1(*). On a également saisi que les performances économiques dans un système qui se mondialisait passaient par des dimensions plus larges que celles imposées par les frontières stato-nationales. C'est très exactement dans cette dynamique de la société internationale que s'inscrit la naissance, puis la construction en cours de l'Union Africaine (UA).

    En effet, l'UA est une organisation régionale africaine à compétence générale qui repose sur un certain nombre de principes et d'objectifs2(*). Par principes, il faut entendre les règles générales qui guident le comportement des Etats parties et par objectifs les buts et les valeurs communément recherchés et défendus par ces acteurs. Par ailleurs, aucune institution ne pouvant exister d'elle-même, les organisations internationales apparaissent avant tout comme une conjonction des rapports entre les acteurs internationaux. Ces rapports peuvent revêtir un caractère particulier, voire conflictuel. Dans son ouvrage Les organisations internationales, Marie-Claude SMOUTS écrit qu'une institution n'est pas « immanente ou naturelle ». « C'est le fruit d'une construction sociale ». « Elle résulte de compromis entre acteurs rivaux au terme d'évolutions souvent très conflictuelles »3(*). L'UA actuellement en construction n'échappe point à cette observation. Résultat d'un accouchement douloureux, elle se structure lentement mais progressivement. Comme l'avait d'ailleurs prévenu le colonel Mouammar KADHAFI à Lomé (Togo), la construction d'« un Etat africain plus fort et plus uni qui n'aura de frontière qu'avec les autres continents n'est pas facile mais on y arrivera, car dans toute opération chirurgicale, il y a du sang ; mais ce sang finit par sécher »4(*).

    Née dans un contexte de lutte contre le colonialisme le 25 mai 1963 à Addis-Abeba (Ethiopie), l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) avait pour objectif principal de réaliser l'Unité de l'Afrique en la libérant totalement de l'impérialisme occidental5(*). Ce qui peut être considéré aujourd'hui comme un acquis tout au moins théorique. C'est à la faveur de ce constat que les Etats qui l'ont vue naître ont définitivement décidé de son acte de décès le 9 juillet 2002 au stade Absa de Durban (Afrique du sud), proclamant par la même occasion la succession de l'OUA par l'UA. Nouvelle organisation africaine, cette dernière devra se pencher sur les crises protéiformes6(*) qui minent le développement du continent à savoir les conflits, la mal gouvernance, le dépérissement de la démocratie et des droits de l'Homme, la pauvreté, la faim, les clivages socio-politiques, le dérèglement climatique, etc. L'UA vise donc le repositionnement de l'Afrique dans le système de gouvernance globale afin que celle-ci occupe la place qui est la sienne et prenne son destin en main. Car, tout comme entre 1884/1885, certaines puissances au XXIe siècle, la considèrent encore comme un « no man's land », pensent sur elle et pour elle, parfois même sans elle et prennent des décisions contre elle lors des grands sommets dans les grandes institutions internationales. Ceci pour la juste raison que l'organisation qui est censée porter sa voix n'occupe encore qu'une place appendiculaire dans les relations internationales contemporaines. Pourtant, les Etats qui agissent pour sa construction, parmi lesquels la Libye et le Sénégal le font non sans contraintes. Ce qui laisse évidemment penser que toute nouvelle idée, majestueuse fût-elle, nécessite une mise en oeuvre qui peut être longue.

    L'exploration de notre étude requiert des préalables fondamentaux qui tournent autour des étapes importantes que sont la définition des termes, puis la justification du choix porté sur les acteurs mobilisés(I), son intérêt(II) et la problématique(III). Aussi, nous présenterons la démarche (IV) qui a permis de formuler l'hypothèse ayant constitué la charpente de ce travail.

    I -DEFINITION DES TERMES DU SUJET ET JUSTIFICATION DU CHOIX DES ACTEURS

    La construction par le chercheur de son objet d'étude est sans doute l'une des clés cardinales de toute recherche scientifique. Aspirant à un tel statut, il nous échoit d'emblée de définir les termes de notre sujet (A) avant de préciser les raisons portées sur les acteurs étatiques mobilisés(B).

    A- Définition des termes du sujet

    DURKHEIM indique que le savant doit d'abord définir les choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache bien de quoi il est question6(*). Une définition préalable des concepts permet ainsi de réaliser la rupture épistémologique recommandée par Gaston Bachelard. Car, l'esprit scientifique interdit au chercheur de « se fonder une opinion »7(*) sur des questions qu'il ne comprend pas ou même sur des questions qu'il ne sait pas formuler clairement. Comme le suggère Mauss parlant de l'objectivité, il a été question de ne pas nous « fier ni à nos prénotions, ni à nos impressions, ni à celles des milieux observés »8(*). Dès lors, les termes clés qui nécessitent une définition sont l'Etat et l'UA.

    1- L'Etat

    L'Etat se définit comme l' « acteur privilégié » et exclusif des relations internationales jouissant de la plénitude des compétences internationales et de la souveraineté9(*).

    Dans le cadre de cette étude, il revient comme tâche d'envisager l'Etat comme un acteur oeuvrant dans le processus de construction de l'organisation internationale africaine qu'est l'UA.

    2- L'Union Africaine

    En mobilisant les propriétés réelles qui caractérisent l'UA, nous pouvons dire ce qu'elle est véritablement. C'est-à-dire une organisation des Etats africains dans l'objectif global de construire une intégration économique, politique et socio-culturelle solide des Etats et des peuples d'Afrique sur la base des communautés économiques régionales (CER).

    Reposant sur une fondation multilatérale, l'UA a pour but de mener des activités dans tous les domaines et pour ambition de trouver des solutions à tous les maux actuels et futurs ( la lutte contre la désertification par exemple) qui portent directement atteinte à la vie des Etats et des peuples du continent. Elle entend réaliser ces objectifs par le biais d'un organe permanemment institué qui est la Commission de l'UA. Contrairement à une organisation comme l'Union Européenne(UE), elle connaît des conditions très souples d'adhésion. Dès sa naissance, elle a admis sans conditionnalité tous les 52 Etats du continent à l'exception du Maroc10(*). Aujourd'hui, elle compte 53 Etats membres ; le dernier en date étant le jeune Etat du Sud-Soudan11(*) qui a accédé à la souveraineté internationale le 9 juillet 2011. Il s'agit donc d'une organisation qui se construit par un certain nombre d'acteurs étatiques bien déterminés sur le continent.

    B - Justification et présentation des acteurs

    La justification du choix porté sur les acteurs(1) au centre de cette construction précédera leur présentation(2).

    1- Justification du choix des acteurs

    Une organisation par son existence met en situation des acteurs et n'existe que par cela12(*). Ces acteurs peuvent être de diverses natures : Etats, organisations internationales, individus, groupes, etc. Dans le cadre de cette étude, nous nous sommes particulièrement appesanti sur les acteurs étatiques, lesquels sont représentés par des individus jouissant d'une légitimité certaine qui leur confère le droit d'agir au sein de l'UA au nom de leurs pays. A cet effet, soucieux de découvrir les vérités scientifiques qui sous-tendent la structuration de cette organisation, nous avons suivi les conseils de Gaston BACHELARD qui préconisait déjà de se méfier de « la fausse doctrine du général » 13(*) qui a longtemps « ralenti les progrès de la connaissance scientifique »14(*). C'est ainsi que pour mieux rendre compte de cette réalité, nous avons porté notre choix sur le duo Libye/Sénégal. Pourtant, il convient de relever immédiatement que le choix opéré sur ces Etats n'est point fantaisiste et encore moins arbitraire. Il procède de l'observation faite quant à leur implication tous azimuts dans la scène internationale africaine, et plus particulièrement des actions multiples qu'ils entreprennent pour la structuration de cette organisation depuis plus d'une dizaine d'années. Ainsi, avons-nous regardé sans amour ni passion ce que font concrètement ces deux acteurs pour la construction de l'UA. Il n'a surtout pas été question dans ce travail d'adopter une vue manichéenne et encore moins d'élaborer un schéma de comparaison susceptible de déterminer qui fait plus dans ce jeu. 

    En effet, la Libye joue un rôle important dans la construction de l'UA depuis son retour dans le Concert des Nations africaines. C'est elle qui a pour la première fois évoqué l'idée de la constitution d'une UA. Pour transformer le rêve en réalité, l'Etat libyen a organisé plusieurs sommets qui ont abouti à la transformation de l'OUA en UA.

    Quant au Sénégal, il a constamment soutenu le projet porté par la Libye avec laquelle il partage largement une même vision de l'Union. C'est ce qui a motivé le choix porté sur ce dernier Etat.

    Comme il est loisible de le constater, entre la 1ère rencontre panafricaine organisée sur le continent africain à l'initiative du Docteur NKRUMAH en 1958 et le sommet de Syrte de 1999, le panafricanisme a connu une nouvelle dynamique et est désormais porté par des leaders tels Mouammar KADHAFI de Libye et Abdoulaye WADE du Sénégal. Or, nous savons prosaïquement que la Libye et le Sénégal sont deux Etats africains. Il convient d'aller au-delà de cette lapalissade pour déterminer qui sont véritablement ces deux acteurs. Au mieux, que représentent-ils sur la scène internationale africaine ?

    2- Présentation des acteurs

    - La Libye

    La Libye est située au Centre-Nord du continent africain entre la longitude 9-25 Est et la latitude 18-33 Nord. Elle doit son nom à la tribu « Libu » qui habitait la région de la Cyrénaïque15(*). Les anciens égyptiens attribuèrent ce nom à toute la région du Nord de l'Afrique, à l'exception de l'Egypte. Ouvert sur la mer Méditerranée, ce pays est limité à l'Est par l'Egypte, à l'Ouest par l'Algérie, au Nord-Ouest par la Tunisie, au Sud-Est par le Soudan et le Sud-Soudan et au Sud par le Tchad et le Niger. Ayant pour capitale Tripoli, et une superficie de 1. 759. 440 km², il est le quatrième pays le plus vaste d'Afrique après l'Algérie, la République Démocratique du Congo et le Soudan, soit près de quatre fois le Cameroun. En 2008, sa population était estimée à 6,1 millions d'habitants. L'arabe est la langue officielle et coexiste avec la langue de l'ancienne puissance colonisatrice, l'Italie, et d'autres langues telles le français et l'anglais. Le désert occupe 92 % du territoire qui représente à peine 2% des terres arables16(*).

    Grâce à l'ONU, la Libye fut la première colonie d'Afrique à accéder à l'indépendance en 1951. Le pays se constitua en un royaume fédéral formé des trois régions historiques que sont la Tripolitaine, la Cyrénaïque et le Fezzan. La même année, les troupes britanniques, étasuniennes et italiennes occupèrent le pays et portèrent au pouvoir l'émir Muhammad IDRIS AS-SANUSI, chef de la confrérie des Senoussis, comme roi qui prit le nom de Idris Ier 17(*). Du 15 au 22 avril 1958 à Accra, la Libye participa à la première conférence des Etats indépendants d'Afrique, idée lancée par N'KRUMAH en mars 1957, dans l'objectif d'affirmer la « personnalité africaine »18(*) et de prendre en main les intérêts du continent. En 1963, elle fut également l'un des pays qui fondèrent l'OUA et se classa à côté du groupe dit de Casablanca19(*). Caractérisé par son progressisme et son hostilité aux groupes de Brazzaville et de Monrovia(modérés)20(*), le groupe dit de Casablanca visait à réaliser l'unité de l'Afrique, de liquider le colonialisme et le néo-colonialisme.

    Le 1er septembre 1969, devait s'ouvrir une ère nouvelle dans l'histoire de la Libye. Le capitaine Mouammar KADHAFI, âgé de 27 ans, prend la tête d'une rébellion militaire, renverse la monarchie et proclame la République arabe libyenne. En 1977, il proclame la Grande Jamahiriya21(*) Arabe Libyenne Populaire et Socialiste. Déjà, en 1976, il avait publié son fameux Livre vert qu'il qualifia de « Troisième Théorie Universelle». Dans cet ouvrage, il fait ressortir ses idées concernant la démocratie, les problèmes économiques et les bases sociales. Il voudrait qu'il soit aussi applicable à la Libye qu'à toute l'Afrique.

    Sur le plan politique, la Libye de Kadhafi dont le Livre vert est en quelque sorte la base constitutionnelle rompt avec la «démocratie occidentale», considérée comme une «dictature»22(*). Il instaure un système de «démocratie directe» fondée sur les comités populaires.

    D'un point de vue économique, il défend le « socialisme » et rêve de construire une Libye forte. En 2009 par exemple, le produit intérieur brut (PIB) de ce pays était estimé à 76.557 milliards de dollars, avec une croissance annuelle de 6,7%23(*). Actuellement, la balance commerciale est largement excédentaire avec 63 milliards de dollars d'exportations et 11,5 milliards d'importations. Les réserves de devises sont de l'ordre de 200 milliards de dollars, ce qui vient combler une dette externe estimée en 2010 à 3,30 % de son PIB24(*). Tout cela fait d'elle l'un des pays d'Afrique avec le PIB par tête le plus élevé, 14 534 dollars25(*), et le meilleur Indice de Développement Humain. L'espérance de vie est évaluée à 74 ans, la mortalité infantile ne dépasse pas 18 pour mille et l'analphabétisme de 5,5%. Les dépenses d'éducation représentent 2,7% du PIB, alors que le budget de la défense ne dépasse pas 1,1%. Toutefois, le taux de pauvreté persiste à un niveau élevé de 30% environ. Avant l'insurrection armée du 15 février 2011 qui a conduit à la chute de Kadhafi, les travailleurs étrangers et leurs familles représentaient près de 20 % de la population totale et 50 % de la population active26(*).

    Sur le plan social enfin, les Libyens sont, pour la plupart, d'origine berbère. Ils ont été arabisés assez tôt avec l'expansion de l'islam d'Est en Ouest, portée par les tribus arabes dès le VIIIe siècle. Sous KADHAFI, l'islam est la religion d'État. Ainsi, un peu comme le Sénégal, la quasi-totalité de la population libyenne est à 99% musulmane.

    - Le Sénégal

    La République du Sénégal se situe à l'avancée la plus occidentale du continent africain dans l'Océan Atlantique. Il est au confluent de l'Europe, de l'Afrique et des Amériques, et à un carrefour de routes maritimes. D'une superficie de 196 722 km2, il est limité au Nord par la Mauritanie, à l'Est par le Mali, au Sud par la Guinée (Conakry) et la Guinée Bissau, à l'Ouest par la Gambie et par l'Océan Atlantique sur une façade de 500 km. En 2011, la population du Sénégal est estimée à 12 855 15327(*) habitants dont près du quart vit à Dakar sa capitale.

    D'abord occupé par les Portugais (15ème siècle), et les Français dès 1659, le Sénégal acquiert son indépendance le 4 avril 1960. Cependant, l'influence politique et économique de la France, ancienne puissance coloniale, demeure très forte sur le pays. Depuis son indépendance, il a tenté plusieurs unions avec quelques pays ouest-africains, mais sans succès. C'était d'abord avec le Mali avec lequel il forma une fédération le 20 juin 1960. Suite à une mésentente entre Léopold SEDAR SENGHOR - président du Sénégal - et MODIBO KEÏTA - président du Mali-, le Sénégal va s'en retirer le 20 août 1960. Ensuite, le 17 décembre 1981, il signe un accord avec la Gambie, faisant des deux pays une confédération, sur le nom de « Sénégambie ». Elle échouera aussi en 1989.

    Contrairement à la Libye, le Sénégal est un pays moins loti sur le plan économique. En 2003 par exemple, l'aide en direction de Dakar est estimée à 449 600 000 dollars. Celle-ci aggrave sa dette externe d'autant qu'elle est l'une des plus élevées sur le continent. Si l'on observe seulement la période allant de 2006 à 2011, la dette publique sénégalaise est allée crescendo. En 2006, elle était de 16,30 % de son PIB. Depuis cette date, elle a vertigineusement augmenté de 29,80% en 2009, 32,10% en 201028(*) et 36% en 201129(*). Cela entraîne un incident sur le PIB par tête qui est de 494 871 FCFA en 2009, avec un Indice de Développement Humain très bas de 0,499 FCFA30(*). En 2001, la population vivant sous le seuil de pauvreté était de 54%. Cependant, le taux d'analphabétisme qui est de 58,2% entre 2005 et 2006 a connu une amélioration avec un taux de scolarisation passant à 92%. Car, dans le but d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), le Sénégal a affecté 40% du budget de fonctionnement de l'Etat à l'Education.

    Pays fortement islamisé, le Sénégal compte plusieurs ethnies. Entre autres les Wolofs, les plus représentés (40 %), les Pulaar (25 %), les Sérènes (16 %), etc. Les Diolas (5 %) se retrouvent en Casamance, mais aussi en Gambie et en Guinée-Bissau. Ils sont majoritairement animistes et/ou chrétiens31(*). En dehors du français qui est la langue officielle, le wolof est parlé par les trois-quarts de la population sénégalaise.

    Pour ce qui est des rapprochements concernant nos deux acteurs, c'est précisément en 1984 que s'amorcent les rapports libyo-sénégalais. Soucieuse de rompre son isolement diplomatique d'autant plus dangereux que s'exacerbe la guerre avec les Etats-Unis, la Libye s'affirmera disposée à aider le Sénégal dans la lutte contre la sécheresse et lui fera un don alimentaire32(*).

    Au regard de tout ce qui précède, nous avons affaire à deux Etats africains qui s'engagent pour la construction de l'UA. L'un la Libye, un « grand » pays et l'autre le Sénégal, un « petit » pays. Selon GOLDHAMMER, « le terme de « petit pays » semble réservé aux grands pays avec une petite population, aux petits pays avec une grande population, et accessoirement aux pays de n'importe quelle taille pourvu qu'ils se contentent de s'occuper de leurs propres affaires ».33(*)Comme nous le verrons d'ailleurs, les potentialités et les faiblesses de ces deux pays justifient de manière probante leurs actions pour la structuration de cette organisation. Toutefois, pour saisir toutes les logiques que recèle cette construction, nous avons fait appel à certains acteurs dont le poids ne saurait être sous-estimé dans le processus. Cette précision cardinale sur le choix et la connaissance des acteurs faite, il reste à déterminer l'intérêt de cette étude.

    II- INTERET DE L'ETUDE

    Sur le plan heuristique, ce travail est riche d'un double intérêt. D'abord, un intérêt socio-politique. Car, il apporte une réponse rafraîchissante à ceux qui s'intéressent de près comme de loin à l'évolution actuelle de l'Union et au processus d'intégration des Etats et peuples africains dans divers domaines politique, économique, social, etc. Puisqu'il faut le relever, des idées reçues tendent à admettre l'immobilisme du berceau de l'humanité dont on ne parle généralement que lorsqu'il est en difficulté. Ensuite, un intérêt académique. Ce travail s'inscrit avant tout dans le cadre de la recherche fondamentale. Il émane de la curiosité du chercheur néophyte que nous sommes de révéler comment les acteurs étatiques construisent concrètement l'UA. Cette perspective n'est que relativement analysée dans les travaux antérieurs.

    En effet, à l'image de l'OUA à laquelle elle a succédé, l'UA ne cesse de déchaîner des passions depuis sa création. Certains en parlent soit pour la tourner en dérision, soit pour en relever les faiblesses. D'autres l'abordent pour vanter ses mérites, mais à condition qu'elle atteigne les objectifs qu'elle s'est fixée. Contrairement à ces derniers, notre travail se révèle plus être un travail d'architecte. Notre ambition étant de clarifier comment l'UA se construit davantage à travers l'action du Sénégal et de la Libye. Etude qui n'a pas encore été faite jusque-là. Pour s'en convaincre, il est fondamental de passer en revue, mais sans exhaustivité aucune, les travaux déjà réalisés sur l'UA.

    D'entrée de jeu, citons l'ouvrage de Jean-Emmanuel PONDI, Reine Afrique ou Racines de l'union africaine34(*) qui retrace sous la forme d'une pièce théâtrale la naissance de l'OUA dans une atmosphère électrique, puis de l'UA sommet après sommet. L'on peut nettement apprécier le rôle de divers personnages dans ce processus de transformation, en l'occurrence celui de l'acteur Kadhafi qui y occupe une position centrale. Somme toute, cet ouvrage paraît inachevé par rapport à notre projet. Car, il se limite non seulement uniquement à la transformation de l'OUA en UA, mais aussi et surtout, ne met pas suffisamment l'accent sinon sur d'autres acteurs clés qui ont également contribué à cette transformation, du moins sur le rôle de tous ces acteurs dans le processus de construction de l'UA.

    Ensuite, évoquons le mémoire de Djibril FOFANA , L'Union africaine et le projet des Etats-Unis d'Afrique : identification et analyse des facteurs entravant la concrétisation de cet idéal panafricain35(*), qui revient sur un certain nombre de facteurs qui freinent la construction des Etats-Unis d'Afrique à savoir le dépérissement de la démocratie, les conflits armés et les divergences idéologiques des acteurs en jeu. S'il est vrai que les Etats-Unis d'Afrique sont l'objectif ultime des deux Etats dont les actions sont mises en évidence dans notre étude, ce travail ne montre pas comment ces Etats procèdent ou entendent procéder pour y parvenir. D'où la nécessité d'insister sur cet aspect.

    Nous pouvons également citer la thèse de DJUIDJE KOUAM Reine, Les dynamiques de l'ordre international africain : un espace d'interdépendance en mutation. Une analyse sociologique de la succession de l'organisation de l'Unité africaine par l'Union africaine36(*), l'une des premières thèses soutenue sur l'UA. Elle traite essentiellement du déroulement de la transformation de l'OUA en UA et met en exergue les enjeux, les acteurs, les mécanismes et les résolutions de cette mutation. Analyse pertinente, mais partielle aussi, car antérieure à l'étude que nous menons, elle se limite au rôle des acteurs de la mutation de l'OUA. Dans une perspective constructiviste, il convient de montrer comment les acteurs ainsi abordés construisent actuellement cette Union.

    Nous ne saurons continuer cette lecture sans mentionner le mémoire d'ESSONO Etiennette Ghislaine, La commission de l'Union Africaine : entre ambition et réalité37(*), qui aborde un organe spécifique de l'objet à savoir la commission de l'Union Africaine, « clé de voûte » de l'organisation qui souffre aussi bien des problèmes financiers que concurrentiels, tant avec la présidence de l'Union qu'avec les chefs d'Etat membres. Lesquelles difficultés ne lui permettent pas de mener à bien sa mission pour une intégration économique, politique et sociale réussie du continent africain. Dans le cadre de notre étude, nous comptons aller au-delà de l'aspect purement organique qui, ainsi abordé, réduit notre champ d'exploration.

    Pour mettre un terme à cette revue de la littérature, citons l'ouvrage de Guy MVELLE, L'Union Africaine. Fondements, organes, programmes et actions38(*), qui analyse entre autres le contexte et les codéterminants qui ont présidé à la création de l'UA au détriment de l'OUA qui ne répondait plus aux nouvelles exigences économiques et sécuritaires de l'heure et les raisons du rejet par certains de ses pairs du projet fédérateur de l'Afrique à l'image des États-Unis d'Amérique proposé par Monsieur Kadhafi, qui aurait des allures  « calculatrices ». Parlant des limites de l'organisation, l'auteur relève une kyrielle d'obstacles qui freinent le processus d'intégration du continent à savoir le peu de cas fait à l'endroit de la société civile qui joue pourtant un rôle dans la résolution des conflits en Afrique, et à l'idée de coopération décentralisée entre pays africains issue des sommets de Windhoek, de Cotonou et de Maputo ; l'acceptation sans conditionnalité des Etats au sein de l'Union et la question du foisonnement des organisations sous-régionales. Enfin, l'auteur étudie un projet phare comme le NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique), mais sans donner plus de précision sur ses fondateurs. A l'instar de nombreux travaux, ce livre ne traite guère du rôle de tous les acteurs que nous mobilisons dans le processus de construction de l'UA et encore moins des enjeux qui les animent tel que nous comptons les aborder. C'est ce que nous comptons mettre en évidence, pour mieux comprendre le comportement des acteurs qui s'investissent pour cette organisation internationale africaine.

    De tout ce qui précède, le constat est patent. Les acteurs clés qui font de la construction de l'UA l'objet de leur bréviaire quotidien restent sinon méconnus du moins très peu abordés eu égard à leurs actions et stratégies pour parvenir à une Union forte qui défende des intérêts communs. Ce qui amplifie davantage notre soif de combler ce manque par la réalisation des recherches sur la nouvelle voie que nous balisons. L'essentiel de la tâche étant, comme l'a si bien relevé SCHOPENHAUER, « de ne  point contempler ce que nul n'a encore contemplé mais de méditer comme personne n'a encore médité sur ce que tout le monde a devant les yeux »39(*). D'où la spécificité de notre question.

    III- PROBLEMATIQUE

    Selon Michel BEAUD, « la problématique c'est l'ensemble construit, autour d'une question principale, [...] et des lignes d'analyse qui permettront de traiter le sujet choisi »40(*). Elle est la partie intelligible d'un travail de thèse en ce sens qu'elle est aussi importante que le cerveau pour un être humain ou le poste de pilotage pour un avion de ligne41(*). A cet effet, la construction de l'UA par les Etats nous amène à poser la question cardinale ci-après : comment42(*) et pourquoi le Sénégal et la Libye contribuent au processus de construction de l'Union Africaine et quelles sont les contraintes auxquelles ils se heurtent? Pour apporter une réponse à la question ainsi posée, nous avons adopté une démarche scientifique.

    IV- DEMARCHE ADOPTEE

    Toute recherche aspirant à se hisser au panthéon des sciences passe forcément par une démarche que doit observer le chercheur. Ce dernier doit prendre le temps de bien définir une méthode adaptée à la fois à la discipline, au sujet, à la matière de travail et à son approche. Les sujets de Relations Internationales comme le nôtre, n'échappent pas à cette règle. Dès lors, toute démarche scientifique puise sa logique dans la méthode. Celle-ci s'entend selon Madeleine GRAWITZ comme « un ensemble d'opérations théoriques intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les dénombre, les vérifie »43(*). Dans cette perspective, la scientificité de tout travail de recherche commande que nous fassions impérativement recours aux techniques de collecte des données et à un cadre théorique qui permette d'analyser ces données. En ce qui concerne la théorie, elle se définit comme « un ensemble de théorèmes élaborés à partir de l'expérimentation », comme « un ensemble de généralisations reliées entre elles déductivement et démontrables ou vérifiables »44(*).

    A - Techniques de collecte des données

    Dans une recherche, la nature même des informations qu'il convient de recueillir pour atteindre l'objectif commande les moyens employés pour le faire. Selon GRAWITZ, on ne chasse pas les papillons avec les hameçons, même si on peut admettre que l'on puisse attraper, parfois, des poissons avec un filet de papillons45(*). Ainsi, diverses techniques d'investigation nous ont permis de traiter notre sujet: la construction de l'UA par les Etats. Nous avons ainsi eu recours à l'analyse documentaire, aux entretiens et à l'analyse des objets.

    1- La recherche documentaire

    L'analyse documentaire est le procédé qui consiste à rechercher dans divers documents les données qui collent directement avec le sujet que le chercheur se propose de traiter. Cette technique d'investigation nous a permis de collecter divers types de documents desquels nous avons extrait les données utiles pour notre travail. Comme le relève Maurice DUVERGER, il faut distinguer plusieurs sources de documentation46(*). Nous avons ainsi pu analyser : des ouvrages écrits par certains acteurs ou personnalités47(*) dont les pays font l'objet de notre préoccupation; des ouvrages réalisés sur l'UA et les « Etats-Unis d'Afrique »48(*); des thèses, mémoires et articles de revues spécialisées49(*) et ceux de presse ou de magazine; des rapports produits dans le cadre des conférences organisées par l'UA50(*); des documents officiels51(*); des documentations de sources électroniques (émissions de radio, de télévision et divers sites Internet)52(*).

    2- L'enquête sur le terrain

    Selon Léon Festinger et Daniel KATZ, l'enquête sur le terrain est un procédé d'investigation qui exige « un contact direct avec les gens ou avec un échantillon des gens dont les caractéristiques, les comportements ou les attitudes constituent l'objet de la recherche »53(*).  Cette technique nous a permis de côtoyer les diplomates des pays impliqués dans le processus de construction de l'UA ou tout simplement ceux qui sont permanemment en contact direct avec l'institution panafricaine. Pour l'essentiel, les entretiens ont été menés auprès de l'Ambassade du Sénégal au Cameroun et auprès d'un diplomate camerounais en service à l'Ambassade du Cameroun à Addis-Abeba(Ethiopie). Il est à préciser que ce dernier a également occupé des fonctions diplomatiques auprès de l'Ambassade du Cameroun à Dakar au Sénégal.

    3- L'analyse des objets

    Les documents muets ou les objets constituent une catégorie extrêmement hétérogène. L'on peut entre autres y ranger les photos, l'architecture, les sculptures, les vêtements, les tableaux, les desseins, les gravures, les statues, etc. Ces objets constituent des symboles dont l'analyse et l'interprétation sont susceptibles de fournir au chercheur en Science Politique et de plus en plus en Relations Internationales des données ou des matières à réflexion sur sa recherche. A cet effet, pour mieux comprendre le comportement des acteurs impliqués dans le processus de construction de l'UA, nous avons mis à contribution l'analyse du sens que produisent par exemple la statue de la renaissance africaine érigée à Dakar, certaines photos etc. Ce qui constitue ce que les sociologues désignent à la suite de DURKHEIM sous le vocable « des relations sociales cristallisées »54(*).

    B- L'usage des théories

    Il semble évident qu'une théorie à elle seule ne puisse être en mesure d'expliquer l'ensemble des aspects de la dynamique du processus de construction de l'UA, tel que nous envisageons de l'étudier. A cet effet, Steven WEINBERG précise qu'on ne saurait rêver d'une « théorie finale » (Dreams of a final theory) dans la mesure où « la chose la plus importante pour le progrès (de la science) n'est point de décider qu'une théorie est vraie, mais qu'elle est sérieusement prise en considération » 55(*). Alors, trois théories savamment opérationnalisées nous ont permis d'analyser non seulement comment l'UA se construit à travers les actions et interactions des Etats africains choisis, mais aussi et surtout de déceler les motivations sinon collectives, du moins individuelles que recèle l'engagement des acteurs dans ce processus de construction. Il s'agit du constructivisme(1), du multilatéralisme(2) et de l'interaction stratégique(3).

    1-Le constructivisme

    Le constructivisme est une des approches les plus récentes parmi les théories de l'intégration en relations internationales contemporaines. C'est au cours des années 1980 et 1990 que l'on observe son essor avec la fin du monde bipolaire sous l'impulsion des chercheurs comme Nicholas ONUF56(*), Friedrich KRATOCHWIL57(*) John RUGGIE58(*), ou encore Alexander Wendt59(*). Le « tournant constructiviste » (constructivist turn)60(*) a permis l'émergence de nombreuses recherches empiriques qui sont venues enrichir cette approche, notamment sous l'angle de l'institutionnalisme sociologique. Elles portent par exemple sur l'impact de normes morales comme les droits de l'Homme, les droits des minorités, sur le rôle de la socialisation dans les organisations internationales, de la diffusion des cultures administratives, de l'application ou de la résistance des acteurs à une norme internationale.

    Le constructivisme cherche à comprendre l'origine et le sens des relations internationales en explorant des approches sociologiques négligées par les néo-réalistes et les institutionnalistes néolibéraux. Par constructivisme, il faut entendre cette intuition fondamentale qu'en relations internationales, « les idées, les identités, et les intérêts des acteurs sont socialement construits »61(*). Pour scruter cette construction sociale de la « réalité », les tenants de ce courant mettent en relief les trois postulats62(*) ci-après:

    - l'environnement dans lequel les acteurs agissent est autant social que matériel ;

    - ce cadre permet aux acteurs de déterminer leurs intérêts ;

    - la perception que les acteurs ont des valeurs et des normes change au gré des circonstances historiques particulières et avec le temps .

    C'est cette logique qui a justifié le choix du constructivisme comme théorie de prédilection dans l'analyse de la construction de l'UA par les Etats. Car, comme le rappelle ONUF, le constructivisme est d'abord « une façon d'étudier les relations sociales, n'importe quelles relations sociales », à partir de l'hypothèse des « êtres humains comme êtres sociaux »63(*). C'est-à-dire les objets tels « l'argent, la souveraineté, les droits n'ont pas de réalité matérielle mais n'existent que parce qu'un ensemble de personnes croient qu'ils existent et agissent en conséquence, est donc moins une théorie per se des relations internationales qu'une théorie sociale sur laquelle fonder des théories de la politique internationale »64(*). Le succès de cette théorie dans l'élargissement des contours des relations internationales est lié à son approche sociologique explicative et novatrice de la politique internationale. Ainsi, elle nous a permis de démontrer que :

    - l'UA n'est pas d'abord. Elle est avant tout une construction qu'impulsent les acteurs, laquelle leur permet de se positionner sur la scène africaine et internationale ;

    - le réalisme de la volonté politique des Etats africains impliqués dans ce processus relève de la résurgence du discours panafricaniste véhiculé depuis des siècles par les « pères fondateurs » ;

    - les valeurs et normes communes construites autour du débat sur l'identité culturelle, le développement socio-économique et politique des peuples d'Afrique bâtissent la consolidation de ce discours unificateur.

    Au-delà de cette théorie, se profile une autre clé d'analyse et de compréhension de la construction de l'UA sous l'angle holistique qu'est le multilatéralisme.

    2- Le multilatéralisme

     Le multilatéralisme consiste pour les Etats à élaborer collectivement les règles régissant leurs relations et à conduire des politiques concertées. Il s'oppose au bilatéralisme dans lequel chaque Etat négocie des arrangements particuliers avec chacun de ses partenaires pris un à un, ainsi qu'à l'unilatéralisme dans lequel chaque Etat conduit sa politique hors des instances de concertation sans tenir compte de l'avis des autres Etats65(*). Comme posture de pure négociation, il relève d'un paradigme idéologique, la dimension démocratique, ayant pour but la compétition pacifique et l'intégration des puissances interétatiques dans les organisations de la gouvernance internationale66(*). La pratique du multilatéralisme, contribuant à la stabilité internationale, appartient aux courants intellectuels que la théorie range parmi les « régimes internationaux »67(*), situés à l'intersection de la société internationale (ou anarchique) et de la société interétatique (ou policée). Il s'agit d'un mécanisme imparfait qui est investi de vertus positives et principalement de celle de favoriser la conduite des affaires internationales, en vue de solutions et de compromis partagés et élargis.

    En réalité, l'avènement du multilatéralisme marque la preuve de l'incapacité des Etats à défendre unilatéralement leurs intérêts. Dans ce sens, « les normes, principes, et institutions multilatéraux revêtent un caractère superstructurel et leur raison d'être est d'aider un groupe d'Etats à réaliser leurs buts communs »68(*). La complexification de la société internationale africaine et les défis auxquels les Etats font face les obligent donc instantanément à agir ensemble. Aujourd'hui par exemple, les questions récurrentes, liées à l'environnement, la faim, les maladies infectieuses et les guerres en Afrique, appellent tous les acteurs à une plus grande coopération, sur le continent au sein d'une institution supranationale pour les endiguer. Cette théorie nous interpelle d'autant que dans un continent en quête de développement, la construction multilatérale enseignerait aux Etats africains comment entretenir des relations harmonieuses et surtout, comment maximiser leurs profits et minimiser les risques issus des nationalismes périmés. L'UA, constituerait donc un avantage pour les Etats d'Afrique. Ceux-ci n'y pouvant agir efficacement que dans la mesure où ils s'engagent à respecter les principes multilatéraux qui, selon Gérard RUGGIE, sont au nombre de trois69(*) :

    - le principe de non-discrimination qui fait obligation aux Etats de s'acquitter des devoirs qu'ils ont contractés en commun à l'endroit de tout autre Etat signataire du groupe ;

    - le principe d'indivisibilité. Car, Selon Marie-Claude SMOUTS, le multilatéralisme est un discours qui n'a pas seulement une valeur descriptive mais qui exprime également un projet politique. Le multilatéralisme véhicule une valeur, un constat et un projet : la valeur « universaliste » postule l'égalité et l'unité ; le constat relève l'indivisibilité de l'espace : le territoire des Etats s'avère désormais trop étroit pour traiter des problèmes communs ; le projet consiste à « construire du sens commun » entre tous les acteurs insérés dans les mécanismes de construction multilatérale 70(*) ;

    - Le principe de réciprocité, qui instaure l'application des accords sous réserve de leur application par d'autres parties.

    Le multilatéralisme est donc un « pacte social »71(*). A cet égard, les Etats se posent la question de savoir comment sortir de l'état de nature, de la jungle à l'état de culture, à la société. L'un de ses principes reposant sur l'égalité, il exige que tout pole de pouvoir soit contrôlé.

    Cette théorie nous a permis de montrer que la pratique multilatérale à l'issue de laquelle est née l'UA permet aux Etats d'élaborer collectivement des règles gouvernant leurs relations et à penser des actions concertées sur les domaines politique, économique, socio-culturel et environnemental. Preuve que la région s'impose comme le niveau approprié pour l'action et le multilatéralisme y constituant le scénario préférable pour aborder les problèmes communs. Une autre clé d'étude de cette construction a partie liée avec l'analyse stratégique.

    3- L'interaction stratégique

    En termes globaux, l'interaction stratégique caractérise « une situation dans laquelle chaque acteur se comporte stratégiquement dans la perspective d'atteindre son ou ses objectifs, en présence d'autres acteurs qui se comportent exactement de la même manière »72(*). Dès lors, la construction de l'UA par les Etats nous invite à relever que chaque acteur entre en interaction avec les autres dans un jeu sous-tendu par des enjeux multiples. Car, d'après cette approche, « une organisation est le royaume des relations de pouvoir, de l'influence, du marchandage, et du calcul »73(*) ; la société étant considérée comme « la somme des interactions des individus et des groupes »74(*).

    Pour mieux ressortir l'analyse stratégique qui se dessine dans ces relations d'interdépendance, Jacques ROJOT propose à la suite de Michel CROZIER une grille analytique élaborée sous le vocable de concepts fondamentaux. Ce sont : l'acteur, ses objectifs, ses ressources, les contraintes auxquelles il se heurte, et enfin sa stratégie75(*). Herbert BLUMER a ainsi élaboré trois principes76(*) de l'interaction stratégique systématisés comme suit :

    - les acteurs agissent à l'égard des objets aussi bien que d'autres acteurs sur la base du sens que ces objets et acteurs ont pour eux ;

    - ce sens est dérivé ou provient des interactions de chacun avec autrui ;

    - c'est dans un processus d'interprétation mis en oeuvre par chacun dans le traitement des objets rencontrés que ce sens est manipulé et modifié.

    L'originalité de cette approche dans l'analyse de la construction de l'UA réside en ceci qu' « une organisation, de par son existence, crée un système complexe d'interactions latentes potentiellement ouvertes aux acteurs qui y sont impliqués, et que, les acteurs ainsi en interaction cherchent à en profiter pour définir et interpréter leur rôle de la manière la plus conforme à ce qu'ils perçoivent être leurs intérêts »77(*).

    Les théoriciens interactionnistes qui se focalisent sur son processus l'envisagent comme « une communication réciproque et immédiate entre deux ou plusieurs individus et le rôle que jouent les symboles dans la production de sens à cette communication humaine »78(*). Dans une perspective interactionniste, le symbole représente une stratégie de communication qu'usent certains acteurs pour amener d'autres à modifier leur comportement. Dans ce travail, nous avons montré comment la nourriture ou de l'argent offerts à certains acteurs, un don, une posture adoptée, des valeurs partagées79(*), peuvent changer le comportement des autres acteurs impliqués dans ce processus de construction. Jacques ROJOT réduit cette communication interpersonnelle au « langage »80(*) qui détermine la perception que les uns ont envers les autres et envers les « objets sociaux ». Ces éléments qui font partie de l'environnement de l'individu sont en interaction avec lui et ils se déterminent l'un l'autre81(*). COOLEY H. Charles et Herbert MEAD GEORGE constatent à cet effet que « nous n'aurions pas d'identité (a self) possible sans communication avec les autres82(*) (generalized other) .

    En substance, l'interaction stratégique nous a permis de mettre en évidence une situation où chaque acteur agit dans l'Union et se comporte en fonction des autres « joueurs ». Car c'est en abordant ce sujet par cette théorie qu'on peut mieux saisir pourquoi les acteurs se comportent de telle ou telle manière, afin d'atteindre leurs objectifs tant au sein de l'organisation que sur le plan international. Cette grille analytique nous a permis de formuler notre hypothèse de travail.

    V- HYPOTHESE DE TRAVAIL

    L'hypothèse peut être considérée comme une réponse anticipée que le chercheur formule à sa question spécifique de recherche. Madeleine GRAWITZ la considère comme  « une proposition de réponse à la question posée »83(*). A cet effet, elle tend à formuler une relation entre des faits significatifs. En rapport avec notre question fondamentale, notre hypothèse est la suivante : la Libye et le Sénégal se distinguent comme deux acteurs décisifs dans le processus de construction de l'UA de par leurs actions multiformes. Parfois entravées par diverses contraintes, leurs actions et interactions construisent en même temps leurs enjeux et ceux de leurs porte-paroles.

    Au regard de ce qui précède, nous avons organisé notre travail autour des deux parties ci-après :

    PREMIERE PARTIE :

    LA LIBYE ET LE SENEGAL : DEUX ACTEURS DETERMINANTS DANS LE PROCESSUS DE CONSTRUCTION DE L'UNION AFRICAINE.

    SECONDE PARTIE :

    LA LIBYE ET LE SENEGAL : DEUX ACTEURS AUX ACTIONS MOTIVEES PAR DE MULTIPLES ENJEUX MAIS SOUVENT ENTRAVEES PAR DIVERSES CONTRAINTES.

    PREMIERE PARTIE:

    LA LIBYE ET LE SENEGAL: DEUX ACTEURS DETERMINANTS DANS LE PROCESSUS DE CONSTRUCTION DE L'UNION AFRICAINE

    Certains auteurs ont identifié la fin de la guerre froide comme la période par excellence du « décentrement de l'honneur des Etats » 84(*), l'une des variables explicatives des espaces de sens régionaux. De fait, la clairvoyance des hommes politiques face aux grands enjeux mondiaux a permis de percevoir que les Etats ne pouvaient plus seuls résoudre les problèmes qui dépassaient désormais le stricte cadre national. C'est alors qu'ils ont pensé à déléguer certains pouvoirs qui ressortissent normalement de leur compétence aux structures supranationales construites ensemble. Ce « néo-régionalisme »85(*) qui a également touché l'Afrique par la création d'une organisation internationale continentale à l'instar de l'UA réside à vrai dire en l'incorporation de dimensions plurisectorielles.

    Loin du « panafricanisme messianique »86(*) dont était marquée l'OUA, l'UA apparaît selon MWAHILA TSHIYEMBE comme une « projection du réel dans le futur qui est déjà dans notre présent »87(*). Sans doute, aucun développement économique, politique, social, technologique ou culturel n'étant aujourd'hui efficacement pensable à l'intérieur des micro-Etats africains eux-mêmes très fragilisés - conflits intra et inter-étatiques, faiblesse économique quasiment généralisée, crises socio-politiques persistantes -, les frontières des pays d'Afrique autrefois infranchissables semblent progressivement remises en cause rendant quasiment désuète le paradigme westphalien de l'opposition entre « l'intérieur et l'extérieur »88(*).  Comme l'a souligné Laurent ZANG, avec l'Acte constitutif de l'UA, « les pays africains de l'OUA ont enfin décidé de franchir le Rubicon pour se libérer des pesanteurs du passé en procédant à une déstructuration/restructuration »89(*) de l'organisation panafricaine. Cela a ouvert la voie à la naissance d'un embryon de multilatéralisme. Car, en référence à Edmund Burke, le contexte international devenu de plus en plus contraignant, « ne peuvent agir avec fruit ceux qui n'agissent de concert ; en confiance et liés par des opinions communes, des affections communes et des intérêts communs ». Cette nouvelle dynamique sur le continent africain est en réalité portée par quelques Etats. Ces derniers essayent d'imprégner leurs marques par des actions diverses afin qu'à partir d'une construction régionale, les pays africains sortent sinon rapidement, du moins progressivement de leur isolement et de leur marginalisation quasi-généralisée90(*). Parmi ces acteurs, figurent un Etat pivot la Libye, tête de proue dans la construction de l'UA (chapitre 1), et le Sénégal qui s'affirme comme le défenseur acharné de cette Union (chapitre2).

    CHAPITRE I:

    LA LIBYE, TETE DE PROUE DANS LA CONSTRUCTION DE L'UNION AFRICAINE

    Récusant la vision réaliste selon laquelle « le monde étant ce qu'il est », il faut se contenter de l'étudier « tel qu'il est », le projet constructiviste postule que le monde « n'est pas », mais se construit socialement. C'est-à-dire, « un processus en devenir, qui change, se transforme en permanence, au gré des pratiques sociales les plus diverses »91(*). Dans cette perspective, ce sont des acteurs « bien placés » qui peuvent influencer leur environnement. Possédant les capacités nécessaires, ils peuvent répandre leurs convictions et les placer dans le contexte institutionnel. Ils les rendent alors compréhensibles et donc opérationnelles92(*). C'est à l'image de ce postulat constructiviste que, sous la houlette de son leader le Guide de la Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste, l'OUA va se lancer sur les rails d'un nouveau départ. Rien n'étant donné, il sera effectivement question, dans ce chapitre, de montrer d'une part que l'UA est un fruit de l'imagination libyenne qui l'a initiée (section I), et d'autre part que cet Etat mobilise des ressources tant financières que diplomatiques pour sa construction (section II).

    SECTION I: L'INITIATEUR DU PROJET D'UNION

    L'un des éléments importants dans l'approche constructiviste repose sur la « fenêtre d'opportunités »93(*) (Windows of opprtunities). Ce précepte postule que les normes fixées sont remises en cause de sorte qu'elles soient susceptibles de changer. Ainsi, le retour de la Libye sur la scène africaine peut être considéré comme le moment de la remise en cause de l'OUA. Réunis au 34ème sommet de Ouagadougou (Burkina Faso) du 8 au 10 juin 1998, les chefs d'Etat décident d'une levée unilatérale mais partielle de l'embargo aérien imposé par le Conseil de sécurité de l'ONU en avril 1992 contre la Libye94(*). Un an plus tard, lors de la Conférence des chefs d'Etat de l'OUA tenue à Alger du 12 au 14 juillet 1999, ces derniers décideront du « retour en grâce »95(*) de la Libye au sein de l'organisation panafricaine. C'est en reconnaissance de ces divers soutiens que le Guide de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne inspirera les sommets fondateurs de l'UA (I) à laquelle son pays va proposer une forme et des structures (II).

    PARAGRAPHE I - L'ORGANISATION DES SOMMETS FONDATEURS

    En septembre 1998, la Libye annonce officiellement l'abandon du panarabisme au profit du panafricanisme. Liant la parole à l'acte, le président Kadhafi va convoquer plusieurs sommets extraordinaires à l'issue desquels va naître l'UA. Il s'agit du 4ème sommet extraordinaire de l'OUA lors de sa 35ème session (A), puis de la convocation d'une session extraordinaire des ministres des Affaires étrangères et du 5ème sommet extraordinaire de l'OUA dit Syrte II (B).

    A- La convocation du 4ème sommet extraordinaire de l'OUA lors de sa 35ème session

    Après sept années d'embargo, la Libye bénéficiait d'un retour au sein de l'organisation panafricaine. Elle profitera du sommet d'Alger auquel elle a participé pour introduire une motion portant sur la rénovation de l'OUA(1), laquelle suggestion va évoluer pour aboutir à la création de l'UA(2).

    1- L'invitation des chefs d'Etat et de gouvernement lors du 35ème sommet d'Alger

    La Libye est l'Etat par lequel l'urgence d'une UA forte est revenue comme thématique majeure à l'ordre du jour lors de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement d'Alger en 1999. Lors de ce sommet auquel il prend part dix-huit années après sa dernière participation à un sommet panafricain, l'Etat libyen annonce son intention d'organiser un sommet extraordinaire de l'OUA. Convoqué en marge du sommet de la francophonie prévu à Moncton au Canada du 3 au 6 septembre 1999, plusieurs chefs d'Etat africains, même les plus fidèles des sommets francophones à savoir le Togolais GNASSIMBE E.EYADEMA, le Gabonais Omar Bongo, et le Sénégalais Abdou Diouf, qui avaient longtemps hésité, décideront enfin de boycotter Moncton pour se rendre à Syrte96(*). C'était là le début de l'affirmation des intérêts du continent qui devaient par-dessus tout primer sur des considérations d'ordre secondaire. Les chefs d'Etat ayant pris la résolution de ne pas abandonner la proie pour l'ombre.

    Toujours à l'initiative du maître des « fusions avortées » comme d'aucuns se sont plus à le qualifier, ou encore du  « pestiféré »  selon l'Occident, plusieurs autres défections de Moncton furent enregistrées. Cette fois-ci venant de la Cen-Sad 97(*)(Communauté des Etats Sahélo-Sahariens) d'autant que l'objet figurant à l'ordre du jour du sommet libyen n'était pas sans intérêt pour le continent. C`est ainsi qu'à la clôture du sommet d'Alger, les chefs d'Etat avaient vaguement convenu sous l'impulsion de la Libye que l'un des objets de cette rencontre extraordinaire portera sur « le lancement d'une nouvelle initiative unitaire sur le continent ». Du coup, le président Kadhafi a annoncé son intention de mettre sur pied de nouveaux mécanismes de financement purement africains. A la suite de cette invitation, les chefs d'Etat ont eux-mêmes découvert qu'il faut changer l'OUA ; adapter ses structures de manière à ce qu'elle puisse faire face aux nouveaux enjeux de la mondialisation qui n'a d'égard au sentimentalisme, et auquel n'échappent aucun pays et aucune région du monde.

    A la rencontre de syrte, la Libye va proposer la mise sur pied d'une nouvelle Union après 35 années d'existence d'une OUA désuète dont elle était l'un des Etats fondateurs.

    2- Le plaidoyer pour la création d'une UA

    Initialement prévu pour se tenir à Tripoli98(*), le sommet extraordinaire de l'OUA initié par la Libye aura finalement lieu du 6 au 9 septembre 1999 dans la ville mythique de Syrte. En effet, par son retour sur la scène africaine, l'objectif de la Libye est de jouer un rôle moteur dans le décollage économique et politique du continent99(*). Sous l'aiguillon du colonel KADHAFI et conformément à l'invitation adressée aux chefs d'Etat et de gouvernement lors du sommet d'Alger, 43 représentants d'Etats africains vont se réunir à Syrte. Lors de ce sommet, la seule question inscrite à l'ordre du jour était la suivante : « comment renforcer la capacité de l'Afrique à faire face aux défis du nouveau millénaire ? ». A cette occasion particulière, le Guide de la Jamahiriya arabe libyenne propose le passage immédiat à une Union Africaine100(*). Pour la Libye « l'Afrique doit s'unir. Il n'y a pas de temps à perdre »101(*). En faveur de l'insertion de l'Afrique dans le 3ème millénaire, la Libye présente à ses pairs un projet d'une « Union Forte »102(*), c'est-à-dire dotée de pouvoirs supranationaux.  Comme l'a expliqué l'ancien secrétaire général de l'OUA, Salim Ahmed Salim, « les objectifs recherchés par le président Kadhafi en organisant ce sommet étaient d'aller plus vite dans l'application du traité d'Abuja »103(*). Surpris par la proposition libyenne de passer immédiatement et sans autre forme de procédure à une Union continentale, les Etats choisiront prudemment de différer leur réponse. C'est alors qu'à Syrte, les Africains devaient une fois de plus se contenter d'une déclaration finale empreinte d'un bon sens diplomatique comme ils en ont eu l'habitude depuis 1963 au moment de la création de l'OUA : « nous, chefs d'Etat et de gouvernement de l'Organisation de l'Unité Africaine décidons de créer l'Union Africaine [...] et d'accélérer la mise en oeuvre du Traité d'Abuja. Nous donnons mandat au conseil des ministres de l'OUA et à son secrétaire général de mettre en application ces décisions en nous soumettant leur rapport avec un projet d'Acte constitutif au XXVIe sommet de l'OUA (du 10 au 12 juillet à Lomé) »104(*). C'est en ces termes que les dirigeants du continent, réunis à Syrte, en 1999, décidaient de construire une UA supposée être l'aboutissement logique de la communauté au stade suprême.

    Mais, à peine existe-t-elle symboliquement que la nouvelle UA est accusée par la Libye d'être phagocytée par certains Etats qui n'entendent pas faire d'importantes réformes pour que l'on sorte définitivement de l'orée de l'OUA. C'est ce qui explique la convocation d'une session extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'OUA à Tripoli. Cette session marquera la prise des décisions importantes avant de donner lieu à la naissance de l'UA à Syrte en mars 2001 après l'ultime étape de Lomé.

    B- La convocation d'un conseil extraordinaire des ministres et du 5ème sommet extraordinaire de l'OUA

    En prélude à la préparation du sommet de Lomé, l'invitation des ministres à Tripoli avait pour but d'éviter la reproduction servile de l'OUA(1) que la Libye voulait à tout prix voir mourir effectivement. Cette étape s'étant soldée par quelques victoires qui allaient se muer en conflits à Lomé, la Libye prendra l'initiative d'organiser un sommet extraordinaire en mars 2001 à Syrte. Ce dernier à permis de réconcilier certains protagonistes et donné naissance à l'UA (2).

    1- L'invitation des ministres des Affaires étrangères à Tripoli, éviter la reproduction de l'OUA

    Si la déclaration des chefs d'Etat et de gouvernement restait floue quant à la forme à donner à l'Union proposée par la Libye, un calendrier avait néanmoins été adopté quant au processus de mise en place de l'Union. Il prévoyait trois étapes principales à savoir l'adoption de l'Acte constitutif de l'Union en juillet 2000 au Togo, puis sa ratification par les Etats et enfin la création solennelle de l'Union en 2001. Mais seulement, et contre toute attente, le Guide El Fateh convoquera une session extraordinaire du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'OUA pour la fin du mois de mai 2000. Constatant que les experts et les parlementaires choisis par l'OUA à la suite de Syrte I avaient proposé un projet passablement vague, au pire une « OUA bis »105(*) à peine rafistolée, KADHAFI va prendre l'initiative de réunir en Libye un Conseil des ministres des Affaires étrangères. L'objectif est d'éviter de tomber servilement dans le piège d'une Union Africaine faible.

    Mais comme l'a rapporté le correspondant de Jeune Afrique, les débats étaient houleux. «Jusqu'à la veille de la clôture des travaux, l'impasse était totale, déclare Salim Ahmed Salim. Nous étions face à un véritable casse-tête, tant un compromis semblait impossible entre les partisans d'une Union forte et ceux qui souhaitaient ne rien faire... »106(*). La Libye paraissait en effet seule.. Même plusieurs pays « amis » : Sénégal, Mali, Algérie, Tunisie, Ghana, Libéria, Soudan, Tchad, Togo..., étaient hostiles à une UA souveraine. L'Afrique du Sud, le Nigeria et la Côte d'Ivoire l'étaient encore plus. Il fallait un « sauveur ». Ce fut le président Abdoulaye Wade qui, en visite officielle à Tripoli, s'est adressé de manière impromptue du 1er au 2 juin aux ministres des Affaires étrangères. Ce discours inattendu retournera complètement la situation en leur donnant un éclairage: «  comme tous les Africains, déclare-t-il, je rêve d'une Afrique sans frontières, mais je veux être réaliste. Si tout le monde n'était pas d'accord, il ne fallait pas lancer une si grande idée. Vous avez une grande responsabilité vis-à-vis de l'Afrique et de son avenir. Si vous échouez, tout le monde paiera l'addition. On dira : les Américains ont les Etats-Unis, les Européens ont l'Union Européenne, mais les Africains sont incapables de faire une Union Africaine. Il nous faut sortir avec quelque chose »107(*). A la suite de cette allocution, les ministres parviendront, au sortir du Conseil à l'adoption du texte qui a conduit à ce qu'on nomme aujourd'hui : « consensus minimal de Lomé », ce au prix de longues et d'âpres discussions. Inachevé, ce traité fera l'objet d'autres débats à Lomé.

    Dans la capitale togolaise, les chefs d'Etat ont officiellement discuté de la mise en oeuvre de la déclaration de Syrte approuvée un an plus tôt, du projet d'Acte Constitutif de l'UA et du parlement panafricain proposé par la Libye et approuvé le 3 juin à Tripoli par les ministres des Affaires étrangères. Au terme des discussions, la résolution AHG/1219 (XXXVI) créant l'UA est adoptée. La signature de son Acte constitutif par certaines délégations africaines présentes à Lomé va marquer un évènement majeur dans les relations internationales africaines en ce sens qu'elle a confirmé la tendance vers une « OUA rénovée et redynamisée »108(*).

    Cependant, les dissensions débutées à Tripoli avaient émaillé le sommet de Lomé. Certaines délégations ayant même quitté le Togo avant la fin du sommet. Pour surmonter ces discordes, l'Etat libyen invitera les chefs d'Etat à participer au 5ème sommet extraordinaire de l'OUA à Syrte.

    2- L'invitation des chefs d'Etat et de gouvernement au 5ème sommet extraordinaire de l'OUA et la naissance de l'UA

    Du 1er au 2 mars 2001 à Syrte, se déroule le « sommet du siècle »109(*). A l'initiative une fois de plus du leader libyen, Mouammar Kadhafi, une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement participent au 5ème sommet extraordinaire de l'OUA à Syrte. En effet, la foire d'empoigne à l'occasion du 36 ème sommet de l'OUA avait rapidement permis de percevoir le climat délétère qui avait plané dans l'atmosphère. C'est pour trouver un consensus que la Libye va organiser ce énième sommet extraordinaire. Trois points essentiels vont guider notre analyse pour rendre compte des objectifs de cette rencontre. D'abord, il s'agissait pour la Libye de convaincre les Etats réticents et les belliqueux afin qu'ils signent l'Acte constitutif. Ensuite, faire adopter certains projets tout en inspirant d'autres. Et enfin lancer solennellement l'UA.

    En ce qui concerne la première articulation, de nombreuses discordes rappelant les rivalités qui avaient conduit à la naissance de l'OUA en 1963 ont refait surface à Lomé. Ici, quatre types de comportements110(*) avaient été décelés. Premièrement, le lieu de la tenue du 36ème sommet (Togo) avait amené certains chefs d'Etat à le boycotter. En raison des présumés liens particuliers existants entre le chef d'Etat togolais, Etienne GNASSIMBE EYADEMA, et le leader de l'Union Nationale pour l'Indépendance Totale de l'Angola (UNITA) Jonas Savimbi, un bon nombre de dirigeants africains décidèrent de ne pas faire le déplacement de Lomé. Car, tous accusaient le Togolais d'être à l'origine de la déstabilisation de leurs pays par le soutien apporté à la rébellion angolaise l'(UNITA). Il s'agissait de l'Angolais José Edouardo DOS SANTOS, du Namibien Sam NUJOMA et du Congolais Laurent Désiré KABILA.

    Deuxièmement, certains chefs d'Etat étaient absents pour diverses raisons. Entre autres le Kényan Daniel Arap Moi, le libérien Charles TAYLOR, le Zimbabwéen Robert MUGABE, le soudanais Omar EL-BECHIR et bien entendu l'Egyptien Hosni MOUBARAK et le Tunisien ZINE EL-ABIDINE Ben Ali.

    Troisièmement, la catégorie des chefs d'Etat qui étaient déclarés persona non grata par leurs pairs en application d'une résolution du 35ème sommet d'Alger en 1999. Résolution issue de la motion111(*) déposée par le président nigérian Olusegun OBASSANJO et soutenue par son homologue sud-africain Thabo MBEKI, interdisant à tout régime « anti-constitutionnel » donc issu d'un coup d'Etat de se faire représenter au sommet de l'organisation. Il s'agissait de l'Ivoirien Robert GUEI, du Comorien Azali ASSOUMANI et du Nigérien Daouda MALAM WAMKE. En quatrième lieu, certains chefs d'Etat, non satisfaits de la proposition libyenne avaient quitté Lomé sans signer l'Acte constitutif, qui plus est, avant la fin du sommet.

    C'est pour pallier ces désaccords entre les chefs d'Etat qui se regardaient en chiens de faïence d'une part et entre partisans du projet libyen et ceux qui prônaient une approche prudente, conduits par l'Afrique du Sud et le Nigeria, d'autre part que le sommet de Syrte de mars 2001 va entrer dans les lettres d'or des relations internationales africaines112(*). Car, à l'occasion de ce « sommet historique »113(*), le traité de création de l'UA est adopté et « la nouvelle Union est solennellement proclamée »114(*). A cette circonstance particulière, le colonel KADHAFI prendra la parole pour inviter ses pairs à une plus grande unité pour le développement du continent: « voici cinq siècles que notre beau continent est pillé et exploité par des puissances extra-africaines, mais il demeure immensément  riche. Ceux qui ont cru que, entre 1960 et aujourd'hui l'Afrique était devenue indépendante se sont lourdement trompés, la véritable indépendance est économique » 115(*).

    A la suite de cette conférence, on connaîtra une adhésion massive des Etats à l'Acte constitutif qui entrera en vigueur après la signature du 36ème Etat soit les 2/3 des membres requis. En outre, c'est lors de ce sommet qu'a été adopté le projet du parlement panafricain, une innovation majeure de l'organisation naissante. Enfin, les chefs d'Etat seront appelés à présenter une première mouture des projets de développement connus aujourd'hui sous la dénomination NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique). Quatre mois après Syrte II, c'est-à-dire du 9 au 11 juillet 2001, aura lieu à Lusaka en Zambie le 37ème sommet de l'OUA et le dernier du genre. Porté par élection par les chefs d'Etat à la tête du Secrétariat Général de l'OUA, le diplomate ivoirien Amara ESSY aura un mandat intérimaire précis : assurer dans une période de 12 mois la transition de l'OUA à l'UA. Pendant son mandat qui sera prorogé d'un an, cette fois-ci en tant que `'Président intérimaire'' de la nouvelle Commission instituée par l'Acte constitutif de l'UA, il mettra sur pied des institutions importantes pour le fonctionnement de l'UA116(*). C'est donc du 8 au 12 juillet 2002 à Durban que l'UA existera enfin dans les « faits »117(*). « Une ironie (positive) de l'histoire», avait estimé Yamed Ben BECHIR qui, saluant tout de même l'initiative, constatait que l'UA devait avoir du mal à embarquer tous les 52 Etats du continent pour l'objectif ultime qui est de créer une supranationalité africaine. L'Union qui voit le jour à Durban a mal à sa forme. Ses structures et politiques publiques régionales dans le sens de la Libye, partisane de la fédération, restent imprécises, voire inexistantes. De nombreuses propositions vont être faites par ce pays.

    PARAGRAPHE II - LA PROPOSITION D'UNE FORME, DES STRUCTURES ET DES POLITIQUES PUBLIQUES REGIONALISEES

    Les tentatives libyennes de construction d'une Union en Afrique sont largement inspirées du projet fédéraliste de Nkrumah (A), auquel la Libye a proposé des structures et des politiques publiques aux envergures supranationales(B).

    A- La proposition d'une forme : le réveil du projet fédéraliste de Nkrumah

    Tout comme Nkrumah qui présenta son projet pour la construction de « l'Afrique par les Africains eux mêmes et pour les Africains »118(*), le colonel KADHAFI s'est réapproprié les idées du père du « panafricanisme africain »119(*) en proposant une fédération des Etats africains (1), laquelle proposition connaîtra des modifications(2).

    1- La proposition d'un Etat fédéral africain

    Le leader libyen est connu pour son immédiateté sur les questions unionistes120(*). Militant par conviction idéologique pour les Etats-Unis d'Afrique, il s'inscrit dans la lignée de NKRUMAH et des pères fondateurs du panafricanisme qui voit le jour dès 1900 avec la première conférence de Londres (Angleterre). Au cours des travaux du 1er sommet extraordinaire de Syrte, la Libye a proposé l'idée d'une UA sinon sous une forme fédérale comme les Etats-Unis d'Amérique, du moins une confédération comme c'est le cas dans l'Union Européenne(UE). Convaincue que « l'union fait la force », la Libye a insisté sur le fait que  les Africains restent politiquement et économiquement faibles parce qu'ils sont divisés dans de petits Etats. Ce constat émane du fait que les problèmes du continent, résident en majorité dans sa fragmentation, à ses divisions politiques et à la faiblesse de ses micros-entités, incapables de peser d'un poids réel dans la globalisation.

    Comme l'a constaté NUMELIN RAGNAR dans ce qu'il appelle la source du « multilatéralisme originel »121(*),  toutes les sociétés dès leur origine développent des intérêts communs qui deviennent le moteur de la coopération. Cette « identité humaine » témoigne du fait que les humains ont non seulement besoin les uns des autres, mais aussi qu'ils ont « l'intuition que les autres luttent pour des buts semblables par des moyens semblables »122(*).  Dans cette perspective, la construction d'une organisation multilatérale comme l'UA, (à coté des entités souveraines) émanerait de la volonté d'adopter au sein de celle-ci des vues concertées sur ce qui constitue les intérêts, ou les valeurs africaines. En conclusion de son étude sur la genèse des institutions internationales, INIS Claude soutient d'ailleurs de manière convaincante que l'organisation internationale « a vu le jour non pas tant à cause de prophètes qui la voyaient comme le successeur des Etats souverains, mais par l'action d'hommes d'Etats qui cherchaient des modalités et dispositifs nouveaux permettant aux éléments souverains de l'ancien système de poursuivre leurs intérêts et de gérer leurs affaires à l'âge de la communication et de l'industrialisation »123(*).

    Au regard des vertus du multilatéralisme, en évoquant les enjeux d'une constitution des «Etats-Unis d'Afrique », l'Etat libyen pense qu'ils permettront la mise en valeur d'un continent que son leader estime riche mais se heurte à « un véto des pays capitalistes ». C'est le volet économique de l'Union qui repose sur les intérêts communs à défendre par les Etats membres. « A mon sens, explique le colonel Kadhafi, l'Afrique n'est absolument pas un continent pauvre. Elle n'a peut être pas de liquidité, mais elle a des ressources, des matières premières. Le problème c'est que les pays capitalistes ne veulent pas que notre continent se développe. Ils entendent garder l'Afrique telle qu'elle, pour lui soutirer ses matières premières »124(*).

    Sur le plan sécuritaire, il trouve que cette Union offrira enfin au continent noir le cadre dans lequel pourront se bâtir les infrastructures nécessaires aux investissements étrangers, sources de paix sociale. Pour parvenir à la réalisation de ces processus d'unification, le porte-parole libyen propose une méthode à savoir, l'organisation d'un référendum sur le continent. Il déclarait à cet effet : « nous demandons aux chefs d'Etat de procéder à un référendum et ils verront que tout le monde veut l'avènement d'un pays appelé les Etats-Unis d'Afrique »125(*). Il menaçait même de dénoncer les chefs d'Etat « réactionnaires » à l'idée d'une UA forte. En 2008, à l'occasion d'une visite au Togo, il  lançait ceci : « ils sont avertis, soit ils prennent une décision devant les masses populaires, soit je les cloue au pilori car l'unité africaine est pour les peuples et non pour une poignée des dirigeants. Les autres continents s'unissent, sauf l'Afrique» s'est- il inquiété. Aussi, en 2001, il avait déjà demandé aux leaders africains qui ne voulaient pas de cette Union de « quitter leurs fonctions pour rejoindre leurs maîtres »126(*).

    Pour la Libye enfin, la réalisation de cette Union déborde d'enjeux tant pour certains pays africains qui se sont souvent livrés à la mendicité internationale dégradante que pour la France dont les intérêts ont été combattus sur le continent dans les années 1980127(*). En 1999, il déclarait au Figaro que : « Celle-ci (la France) a été vampirisée par une vingtaine de pays qui, sous prétexte de francophonie, lui demandent toujours de les financer, de les nourrir...or, ce qu'elle appelle de ses voeux, c'est un ensemble avec lequel traiter, tout simplement »128(*) Il s'agit en fait pour le Guide libyen de « décoloniser la France ».

    Toutefois, le projet libyen pouvait-il passer comme une lettre à la poste ? C'est-à-dire sans connaître de difficultés ? Estimé trop radical et même qualifié de « kaddafiade »129(*) il va connaître de sérieuses modifications.

    2- La reconsidération du projet fédéraliste libyen

    Le colonel Kadhafi dut recevoir l'UA comme un véritable camouflet à sa personne qui avait tant oeuvré pour que naquît un Etat africain : les « Etats-Unis d'Afrique ». La première mouture du projet fédéraliste qu'il avait soumise à ses pairs avait été profondément modifiée tant sur le plan de la forme que sur le fond. Sur le plan de la forme, le projet était très ambitieux. Il préconisait un seul Etat constitué des 52 pays du continent avec à la clé l'abandon des souverainetés au profit d'un exécutif fédéral. Or, le fait de vouloir embarquer tous les Etats d'un coup engendra de nombreuses divergences entre les partisans du « tout tout de suite », c'est-à-dire ceux qui appuyaient le projet libyen, les partisans « du pas à pas », ceux qui prônaient une union par évolution successive et la prise en compte des visions des autres pays subsahariens et ceux qui ne souhaitaient rien faire du tout. C'est à la suite de cette mésentente que naîtra une UA réaffirmant de manière non voilée une balkanisation de l'Afrique soutenue par les principes de l'égalité souveraine des Etats et du respect de leurs frontières issues de la colonisation130(*). En substance, c'est l'axe Addis-Abeba/Lomé qui venait une fois de plus d'être consacré.

    Pourtant, selon Tripoli, les décisions prises à Lomé auraient dû être  immédiatement exécutées. L'OUA devait être directement remplacée par une UA au caractère supranational. Mais, il n'en a rien été. Car, à l'analyse des textes donnant naissance à l'organisation panafricaine, il est clair que les chefs d'Etat ont réaffirmé la toute puissance de l'Etat. D'ailleurs, pour certains d'entre eux, à l'instar du président Algérien Abdelaziz Bouteflika, « l'OUA, sa charte et ses institutions sont des acquis précieux qu'il faut à l'évidence préserver »131(*). Rêve brisé pour la Libye, ses partisans et les populations africaines pour lesquels il fallait sans doute toucher à la souveraineté des Etats. Pour l'ancien secrétaire général de l'OUA Edem Kodjo, l'UA qui vient de sortir des entrailles des dirigeants du continent, « n'est même pas une fédération. C'est une vague confédération »132(*).

    Sur le plan du fond, observateurs et analystes sont quelque peu départagés. Certains sont d'avis que l'UA ressemble fort étrangement à l'OUA. C'est ce que pensent EDEM KODJO et Laurent zang. Pour le premier, l'UA est en réalité une « OUA débaptisée »133(*). Son argumentaire repose sur le fait qu'au regard de ses organes, les chefs d'Etat ont juste procédé à une simple substitution. Ainsi, la Conférence de l'Union n'est rien d'autre que l'ancienne conférence des chefs d'Etat et de gouvernement et le Secrétariat de l'OUA est devenu la Commission de l'Union. De même, il constate que le fameux Conseil exécutif consacré par l'Acte constitutif, qui plus est avec des pouvoirs réduits équivaut au Conseil des ministres existant. Dans la même perspective, le second c'est-à-dire Laurent ZANG réalise qu'il s'agit « au pire d'une OUA-bis ». Pour lui, la ressemblance avec l'ancienne organisation est d'autant flagrante qu'autant la Charte de l'OUA que l'Acte constitutif de l'UA comptent chacun 33 articles.

    Cependant, tel n'est pas forcément l'avis de DJUIDJE KOUAM pour qui l'UA constitue une véritable mutation à la fois politique, normative et structurelle. Pour elle, il semble de plus en plus incongru d'accréditer la thèse selon laquelle l'UA ne serait qu'une OUA-bis. Cette situation poursuit-elle, ne se limiterait qu'à une simple dénomination ; un jeu sémantique (Organisation de l'Unité/Union) ; une jonglerie de sigles où le « O » disparaît (OUA/UA) . C'est la vision que nous partageons, même s'il faut y mettre un bémol. Car, contrairement à l'ancienne OUA, l'UA a connu une évolution certaine. Elle entend davantage communautariser les politiques des Etats membres sur un plan multiniveaux. Entre autres la politique de défense avec la montée en puissance du dispositif panafricain de sécurité qui a posé sa base logistique à Douala(Cameroun)134(*) ; le développement économique et ses projets subséquents ; la politique monétaire avec la naissance des institutions financières; le parlement panafricain qui est censé être le lieu d'expression par excellence des Etats et des peuples africains.

    Il faut tout de même reconnaître que l'effectivité de la mise en oeuvre de toutes ces structures supposées sortir le continent africain de l'ornière, reste empreinte de laxismes politiques non seulement de la part de certains gouvernements africains, mais aussi de certaines contraintes d'ordre externes comme nous le verrons dans le 4ème chapitre de cette étude.

    Il est donc clair que l'Acte constitutif de l'UA n'a inscrit nulle part dans ses dispositions la mention « Etats-Unis d'Afrique chers à Monsieur Kadhafi » 135(*). Certainement, qu'en acceptant au pis aller l'UA, la Libye a-t-elle pensé qu'un jour les uns et les autres franchiraient enfin le Rubicon en procédant à de profondes réformes ? Telle est la question que suscite notre observation et aiguise notre curiosité intellectuelle. Sinon, comment comprendre l'opiniâtreté libyenne qui, après cette fin de non recevoir de son projet le plus en vue est tout de même restée dans l'expectative ? C'est l'analyse que nous pouvons faire au regard des politiques supranationales proposées par ce pays à l'Union.

    B- La mise sur agenda des structures et des politiques publiques régionalisées

    Au premier sommet de Syrte, lors des différentes rencontres avec les chefs d'Etat et de gouvernement, la Libye s'est illustrée de par son volontarisme politique comme l'Etat défenseur des institutions communes pour toute l'Afrique en proposant des structures supranationales (1) et des politiques publiques régionalisées (2).

    1 - La proposition des structures supranationales

    Comme dans d'autres régions du monde, la structuration de l'UA pourra faire d'elle la voix des Etats africains sur la scène internationale. Un interlocuteur efficace tant au sein des institutions multilatérales que lors des négociations qui engagent l'avenir du continent. Dans cette perspective, elle a intérêt à unifier ses politiques au sein des entités communes. Les propositions faites par la Libye en vue de l'érection de cette communauté sont nombreuses et variées. Ces structures sont : le Parlement africain, comme nous l'avons déjà relevé; une Cour de justice qui devra fusionner avec la cour africaine des droits de l'homme ; une Banque centrale dont le siège est au Nigeria, la Banque africaine d'investissement située en Libye et un Fonds Monétaire Africain avec pour siège Yaoundé(Cameroun).

    Rappelons que ces structures avaient déjà été théorisées dans le plan d'action de Lagos en 1980 qui a donné naissance au Traité d'Abuja en 1991. En les proposant de nouveau, le colonel KADHAFI a tout simplement contribué à en accélérer le processus. Ainsi, confrontés aux problèmes communs à l'instar des crises multiformes qui minent le continent, la logique impose également des prises de positions communes au sein des institutions supranationales établies à cet effet. C'est ce qui explique la volonté libyenne de prôner l'institution d'un gouvernement de l'Union doté au moins de pouvoirs embryonnaires136(*), lequel devrait aboutir à la création des Etats-Unis d'Afrique à l'horizon 2017. Pour y parvenir, la Libye a fait inscrire à l'ordre du jour la transformation de l'actuelle Commission de l'Union. Lors de la 4ème session ordinaire de la Conférence des chefs d'Etat tenue à Abuja (Nigeria) en janvier 2005, Tripoli a proposé que ce gouvernement continental soit doté de pouvoirs supranationaux et des structures ministérielles aux portefeuilles diversifiés. Il s'agissait de la création des postes ministériels ci-après : affaires étrangères, conseil de défense, commerce extérieur, transport et infrastructures137(*). Cette proposition va dans le même sens que celle faite par KWAME NKRUMAH au moment où les chefs d'Etat et de gouvernement se réunirent à Addis-Abeba pour constituer l'OUA. Il les appela à penser à la création d'un « exécutif continental », fût-il aux pouvoirs réduits. Tout comme le colonel KADHAFI, il pensait qu'on ne pouvait construire une maison sans un abri. Il déclarait avec insistance à ses pairs : « pensons-y dès aujourd'hui et mettons-nous à l'oeuvre pour le créer, car on ne peut pas faire une construction sans toit ; un homme sans tête n'est pas un homme »138(*). Pareillement, l'Etat Libyen estime que l'adoption des politiques publiques communautarisées permettrait le repositionnement du continent139(*) sur la scène internationale et forcera son respect par les autres. Cela requiert la chute des barrières de toutes natures.

    2 - Les politiques publiques régionalisées

    A l'heure des intégrations régionales triomphantes, la question de la communautarisation des politiques étrangères est devenue légitime140(*). A cet égard,  le lien entre politique étrangère et intégration régionale est difficile à nier 141(*). Car, c'est au niveau régional que les Etats mettent en commun leurs différentes politiques nationales afin de les rendre plus efficaces. Dans l'objectif de trouver des solutions communes aux malaises économiques de l'Afrique, la Libye demanda une mise en commun des politiques publiques des Etats africains. Au sommet d'Abuja précité, outre la proposition de créer une monnaie commune, ce pays proposa l'abolition des tarifs douaniers entre les Etats membres et l'harmonisation des tarifs douaniers extérieurs. Ces offres libyennes renvoient aux politiques commerciales et monétaires capitales dans l'émergence d'un « espace de sens »142(*). Telles qu'envisagées par ZAKI LAÏDI, les éléments capitaux pour l'émergence d'un espace de sens en Afrique sont visibles dans les propositions libyennes faites en faveur de l'UA en construction. Des trois conditions et leurs contenus élaborés par ZAKI LAÏDI, nous en retiendrons deux pour l'instant. Ce dernier parle d'abord d'un  ``espace délibératif''. Il s'agit selon lui du lieu où naît « une sociabilité » politique régionale. C'est-à-dire un espace où naît une certaine obligeance des Etats de vivre ensemble. Ensuite, il fait allusion à l' ``espace performatif'' qu'il considère comme le plus important. Celui-ci réside dans la capacité à atteindre un certain nombre d'objectifs. L'exemple ainsi pris dans le cadre de l'UE avec la création d'une monnaie unique143(*), l'euro correspond naturellement à la position défendue par la Libye sur ce domaine. A cet égard, la création d'une monnaie africaine commune relève d'un enjeu de souveraineté et d'affirmation de la personnalité et de la responsabilité de l'homme africain.

    De même, cet espace renvoie à un espace commercial144(*) qui naît de la communautarisation des politiques régionales dans ce domaine, notamment par la levée de certaines restrictions. C'est ce que promeut l'Etat libyen lorsqu'il évoque la suppression des tarifs douaniers entre pays africains. En bref, il s'agit d' « une collaboration permanente des économies »145(*) devant aboutir à la création d'un marché commun africain. Les ponts marchands ou économiques constitués à l'échelle continentale permettront le dépassement des micro-nationalismes démodés et la promotion d'un développement économique harmonieux et durable. On peut donc soutenir avec CHARILLON qu'il est nécessaire pour les Etats africains de mettre en commun leurs visions du monde qui, sans être forcément identiques, doivent au moins être « coordonnées »146(*). Pour assurer le passage de tous ces projets au niveau de l'UA, la Libye mobilise des ressources diversifiées.

    SECTION II- LA MOBILISATION DES RESSOURCES FINANCIERES ET DIPLOMATIQUES

    Selon Jacques ROJOT, « les ressources sont  ce dont l'acteur a intérêt à se servir »147(*) pour atteindre son objectif. Aujourd'hui, il est connu que parmi les maux qui ont tué l'OUA se trouve le  désengagement de certains « dirigeants africains qui trouvaient toujours le moyen de faire face à leurs engagements vis-à-vis de l'ONU ou de l'UNESCO, mais ``oubliaient'' régulièrement l'OUA »148(*).  Ce refus délibéré de régler leurs cotisations a conduit l'organisation panafricaine au bricolage des solutions alchimiques, d'où son impuissance prononcée face aux crises nombreuses sur le continent. C'est pourquoi dans la dynamique ayant présidé au lancement de l'UA, la Libye a voulu assurer le succès de ce qui n'était alors qu'un projet en mobilisant des ressources tant financières (I) que diplomatiques (II).

    PARAGRAPHE I- LA MOBILISATION DES RESSOURCES FINANCIERES IMPORTANTES

    Il fallait non seulement s'assurer qu'on passerait effectivement de l'OUA à l'UA, mais aussi qu'un nombre important d'Etats participeraient à ce processus. Pour cette raison, l'Etat libyen dut éponger la dette de certains pays insolvables (A), de même qu'il s'illustre comme le principal bailleur de fonds des projets panafricains (B).

    A- Le règlement des arriérés de contribution des pays insolvables

    « Sans le nerf de la guerre, [...] il n'y aurait pas d'Union Africaine, mais simplement une continuation de l'OUA »149(*) constatait Samir Gharbi à la veille du 2ème sommet de l'UA qui devait se tenir à Maputo au Mozambique, avec à la clé l'élection du premier véritable président de la commission de l'UA. De même, il est connu que sans le règlement de la dette de certains Etats insolvables par la Libye, plusieurs pays n'auraient pas eu le droit de vote et de participation aux débats ou encore l'autorisation de présenter des candidats à des postes de direction au sein de l'UA. En fait, lors de la clôture du dernier budget de l'Union entre le 1er avril 2001 et le 31 mai 2002, seuls 21 pays sur 52 avaient effectué l'ensemble de leurs versements, soit 15,1 millions de dollars sur un total de 31 millions. Le reste à savoir, 15,9 millions avait gonflé le montant des arriérés de cotisation qui s'élevaient à 42,4 millions de dollars. Au 31 mai 2002, plusieurs Etats étaient en situation irrégulière et de déficit, justifiant des sanctions150(*). Pour éviter la faillite d'un plus grand nombre, la Libye avait réglé la dette de 11 Etats, soit la somme totale de 2,3 millions de dollars151(*). Un an plutôt, pour s'assurer de la participation massive des Etats au sommet de Syrte de 2001, la Libye dut également payer pour plus de quatre millions de dollars américains les arriérés de cotisations de douze Etats africains152(*).

    En réalité, la crainte que partagent certains observateurs et responsables des institutions panafricaines face à l'irresponsabilité de certains Etats qui se désengagent financièrement de l'Union, semble encore avoir de beaux jours devant elle. Nombreux sont les pays africains qui manquent toujours de remplir leurs obligations, surtout lorsqu'il s'agit d'épargner pour l'organisation continentale.  Autant qu'à son lancement en juillet 2000 à Lomé où les arriérés de contribution s'élevaient à 58,3 millions de dollars, nombre de dirigeants africains ont une fois de plus plongé leurs pieds dans l'OUA. Certains n'ont pas encore enterré les vieilles habitudes qui ont mené l'OUA aux divinations infécondes et à sa domination par les partenaires extérieurs, du fait du poids financier exercé sur elle. C'est ce qui a offusqué Yves EKOUE AMAÏZO qui, s'exprimant sur cet état de chose, a déclaré à la radio qu'on est « surpris qu'en décembre, tout le monde n'ait pas encore payé ses contributions [...]. Si l'UE continue de financer l'UA, [...] elle sera envahie et influencée »153(*).

    Dans son Acte constitutif, l'UA n'a prévu nulle part des dispositions qui obligeraient les Etats membres à régler leurs contributions envers l'organisation sous peine de sanctions véritablement contraignantes. Les rédacteurs se sont contentés d'énumérer quelques sanctions purement « politiques et administratives »154(*), faisant uniquement allusion à la privation du droit de vote ou à l'interdiction de présenter un candidat etc. Or, de vraies sanctions comme l'exclusion fût-elle temporaire de l'Etat insolvable d'assister aux assises amènerait plus d'un à mesurer l'intérêt que recèle l'appartenance à une communauté. Cette absence de contrainte a poussé l'économiste camerounais Jean-Marie NGANKOU, par ailleurs responsable du Fonds Monétaire Africain (FMA), à aller plus loin en affirmant qu'on ne pouvait pas « emprisonner un pays qui n'a pas réglé ses contributions »155(*). A l'observation, les retards de payement et l'accumulation excessifs des arriérés de contributions deviendront la règle si rien n'est fait assez rapidement pour endiguer ce cancer qui risque une fois de plus de gangréner l'organisation.

    Tout compte fait, les Africains sont conscients que la construction d'une Union continentale les amènerait à éviter les plus graves catastrophes de l'humanité comme la guerre, la famine, les maladies les plus morbides et la pauvreté qui constituent le mouvement inverse des vertus de la mondialisation sur le continent. Ils n'y investissent pas assez cependant. Or, la Libye, un des rares Etats africains qui s'est souvent prononcé contre les financements des puissances étrangères, et surtout occidentales qu'il assimile au « néo-colonialisme » ne lésine pas sur les moyens nécessaires pour cette construction. Pour éviter une dépendance accrue de l'Union vis-à-vis de l'extérieur, la Libye, réserve financière des projets panafricains, se positionne au peloton comme son bailleur de fonds imparable.

    B- Le principal bailleur de fonds des projets panafricains

    En Afrique, la Libye est l'Etat pourvoyeur d'aide de premier plan en ce qui concerne le financement des projets de l'UA. Autrefois, l'OUA accomplissait des fonctions principalement politiques et administratives156(*). Aujourd'hui, l'UA est plus ambitieuse eu égard à la multiplicité des structures et des projets économiques qui ont été créés, et qui nécessitent d'importants financements pour ne pas entrer dans la catégorie des voeux pieux. Mais, les contributions statutaires instituées au sein de l'Union semblent insuffisantes pour transformer ce rêve en réalité. C'est pourquoi des mécanismes subsidiaires de financement ont été conçus, notamment par l'institution des contributions extrabudgétaires157(*). Parmi celles-ci, figurent les dons volontaires des Etats membres. Dans cette lancée, lors de l'adoption de l'Acte constitutif de l'UA, la Libye avait contribué à elle seule à hauteur de 95% pour le financement du projet d'union158(*). En outre, au moment de sa création à Syrte en mars 2001, le colonel Kadhafi constitua les premiers fonds de l'UA en faisant un don d'un milliard de dollar comme contribution de son pays à la dynamique de l'intégration continentale159(*). A la vérité, le Guide libyen s'est toujours considéré comme un leader africain dont le but est de mettre les ressources dont dispose exceptionnellement160(*) son pays au service de l'Afrique et des institutions de l'UA en construction. A l'occasion de « la conférence historique des migrants africains de l'Europe » organisée à Tripoli du 15 au 17 janvier 2011, où il était question de réfléchir sur l'avenir des institutions et organes de l'UA, les migrants africains ont plaidé pour une accélération de la mise en place des institutions et organes  de l'UA. Ceci dans la dynamique de la création des États-Unis d'Afrique, afin de promouvoir un gouvernement fédéral doté de quelques ministères fédéraux. Prenant la parole à cette conférence, le colonel KADHAFI a défini son rôle sur le continent  de la manière suivante: « je suis celui qui vient au secours d'un véhicule tombé en panne. Je ne cherche pas à savoir qui est son conducteur et a fortiori qui en sont les passagers. Je me mets dans le groupe qui est derrière pour pousser afin que le véhicule  puisse continuer son parcours pour atteindre le lieu de destination. C'est cela ma place en Afrique »161(*).

    Le discours libyen qui se lie ainsi à l'acte justifie le soutien financier apporté au projet du gouvernement d'Union qu'il a initié et soutenu à coups de « millions de pétrodollars»162(*). Tel est aussi le cas du premier satellite panafricain de télécommunication qui a été en grande partie financé par la Libya African Investment Portofolio . Créée en 1992, par 45 pays africains, la société RASCOM avait pour objectif de réduire la fracture numérique en Afrique en la dotant des moyens de communication modernes pouvant permettre un développement régulier et agréable des liaisons multiservices : téléphone, télécopie, télex, radio, télévision, Internet, télémédecine, enseignement à distance et de multiples autres services. Il était donc question pour ces pays d'assurer une communication à moindre coût tant à l'intérieur de leurs frontières qu'entre eux et l'extérieur. Mais, de nombreuses discordes vont naître telles que la non-adhésion du Nigeria à ce projet et les difficultés pour la ratification de la convention et la libération des parts et capital-d'actions163(*). Comme le remarquait MWAYILA TSHIYEMBE « le non paiement de leur cotisation par les Etats membres a privé l'OUA de sa première source de financement et l'a contraint à la mendicité et aux incantations stériles »164(*). Fort heureusement, alors qu'un satellite coûtait 400 millions de dollars, la Libye à elle seule en règlera 300 millions, la Banque Africaine de Développement, 50 millions et la Banque Ouest Africaine, 27 millions 165(*). Cet important investissement a permis au continent tout entier de se doter de son premier satellite en 2006, assurant ainsi son arrimage au système communicationnel international.

    Comme on peut le constater, la Libye se présente comme un mécène important dans l'UA. Mais surtout, plus de diplomatie, moins de déstabilisation de certains pays du continent. Telle est l'orientation de sa nouvelle politique en Afrique. Ce changement s'est justifié par le fait que cet Etat ambitionnait, de coopter plus de pays et d'autorités influentes afin de se constituer une majorité dans l'Union. L'objectif recherché étant de faire passer les projets dont il est porteur, en enrayant les obstacles tant au sein de l'organisation qu'à l'extérieur de celle-ci.

    PARAGRAPHE II- LA MOBILISATION DES RESSOURCES DIPLOMATIQUES DIVERSES POUR LE PASSAGE DE SES PROJETS ET LE REJET D'UNE INITIATIVE EXTRA-AFRICAINE DEVOYEE

    La Libye a fait recourt au « soft power »166(*) , la nouvelle orientation de sa politique étrangère en Afrique dans la quête du soutien nécessaire pour faire passer ses projets au sein de l'UA (A). Elle a par ailleurs mené une campagne tous azimuts au Maghreb pour appeler au confinement du contre-projet d'Union pour la Méditerranée (UPM) concurrent à l'UA (B).

    A- Le soft power, une stratégie libyenne d'obtention du soutien

    Depuis 1998, la Libye a recentré ses relations diplomatiques autour de la paix et du développement. Il s'est agi pour cet Etat d'utiliser la médiation plutôt que l'intervention militaire pour poursuivre sa politique d'influence sur le continent. Cette nouvelle politique consiste essentiellement à apporter de l'assistance financière tant à certains pays nécessiteux de la Cen-Sad167(*)(1), qu'aux autorités traditionnelles africaines dans l'objectif de rechercher leur appui pour faire passer certains projets qui lui sont chers(2).

    1 - Les suites du financement des économies de certains Etats de la Cen-Sad

    La Libye est passée d'une stratégie de puissance de guerre à une stratégie assimilable au soft power. A la préface de son livre, Joseph NYE définit ce concept comme « la capacité d'obtenir par la persuasion séductrice les résultats que l'on pourrait aussi atteindre par la force »168(*). Selon lui, il s'agit d'abord d'amener les autres à adhérer à des normes et à des institutions qui incitent ou induisent un comportement désiré. Le soft power peut donc prendre appui sur la capacité d'établir l'ordre du jour de manière à façonner les préférences des autres.

    Ainsi, après avoir entretenu des relations tumultueuses avec ses voisins169(*), la Libye a par la suite procédé au changement de son fusil d'épaule. Son retour sur la scène africaine s'est voulu plus pragmatique et paisible. Elle a mené de nombreuses actions dans l'objectif de redonner de la cohérence à sa politique étrangère élaborée à coups de « pétrodinars » et de diplomatie.

    Considérée par la Libye comme « le pilier »170(*) à partir duquel se réalisera l'UA, la Cen-Sad a d'abord développé un tropisme sous-régional avant de se lancer à la conquête du continent tout entier. Pure imagination du Guide libyen, ce dernier l'a forgée afin de « rassembler autour de lui les Etats africains dans le but de façonner un levier économique pour, par la suite, créer les Etats-Unis d'Afrique »171(*). Cette communauté qui compte aujourd'hui 28 pays soit plus de 14 millions de Km2 de la superficie du continent et plus de 500 millions d'habitants172(*), dispose de nombreux atouts économiques à l'aide desquels Tripoli tient plusieurs chefs d'Etat africains. Depuis son lancement, l'institution conçue comme une  « Union économique globale » bénéficie d'un bras armé financier : la Banque Sahélo-saharienne pour l'Investissement et le Commerce (BSIC) qui dispose des filiales dans la majorité des Etats membres de la Cen-sad. En janvier 2008, son capital était de 500 millions d'euros. Cette banque est conçue à l'image de la Libya Africa portofolio (LAP) 173(*), une des nombreuses institutions financières libyennes qui aide au développement des pays de la Cen-Sad dans des domaines diversifiés sous le règne de KADHAFI.

    Comme le soutient Joseph NYE, « en politique internationale, certains pays pourraient obtenir le résultat escompté parce que d'autres admirent leurs valeurs, leur ouverture ou aspirent atteindre leur niveau de prospérité »174(*).  Dans ce sens, explique-t-il, « il est toujours nécessaire de les séduire au lieu de les amener à modifier leur comportement par des menaces militaires ou des sanctions économiques »175(*). C'est là « la seconde face du pouvoir » (Second face of power) dont fait étalage le créateur du soft power dans son livre. Ce pouvoir de séduction peut reposer sur des valeurs culturelles, économiques, démocratiques et bien d'autres176(*). La Libye a quant à elle opté pour le volet économique de ce pouvoir. A travers ses puissantes sociétés dignes des traders de New-York, elle a énormément investi en Afrique. Mais, tous ces investissements répondent à une logique. En contribuant au développement des Etats, il va sans dire que la Libye en profitait pour instrumentaliser ses alliés qui devaient porter et défendre ses projets à l'UA. Tel est le cas du Tchad, Etat pivot à partir duquel la Libye a agi dans l'organisation. Nombreuses sont les occasions où ce pays a été mandaté pour défendre les positions de la Cen-Sad177(*) au sein de l'UA, où il a essayé plusieurs fois d' « imposer le débat sur les Etats-Unis d'Afrique et le gouvernement de l'Union » 178(*), deux projets importants aux yeux du Guide libyen.

    Le coup de force de la Cen-Sad à propos du débat que voulut forcer le Président Deby a montré jusqu'où la Libye était capable, grâce à son potentiel financier et diplomatique. Quand on jette un regard rétrospectif sur les conflits qui ont structuré les relations tchado-libyennes à propos de la bande d'Aouzou, il est clair que la volonté d'enterrer la hache de guerre pour se consacrer à la construction de l'Union a triomphé. Même sans parvenir à imposer leur démarche aux autres membres de l'Union, les pays membres de la Cen-Sad, conduits par la Libye avaient clairement dévoilé leurs objectifs. S'il est vrai que Guy MVELLE l'a classée dans la catégorie « des obstacles à l'intégration en Afrique »179(*), il convient surtout reconnaître que d'un point de vue interactionniste, la Cen-Sad procède d'une stratégie libyenne de mobilisation des ressources pour créer un contrepoids face aux Etats d'Afrique australe et de l'Est, menés par l'Afrique du Sud et le Nigeria ; lesquels ont souvent imposé leur tempérance en instituant une « évolution au pas d'âne »180(*) vers l' « Union véritable » défendue par la Libye.

    Outre cette communauté, la Libye a également fondé sa stratégie sur l'association des autorités traditionnelles africaines créées par KADHAFI pour influencer sur les débats au sein de l'Union.

    2- La quête du renfort auprès des autorités traditionnelles africaines

    Le Guide libyen a pu réunir autour de lui une très grande assemblée des autorités traditionnelles africaines comptant plus de 15 000 membres181(*). A ces derniers, il avait assigné la tâche d'oeuvrer tant à l'intérieur de l'Union qu'à l'extérieur de celle-ci, notamment dans leurs pays respectifs pour l'édification de l'UA. Cette mobilisation des chefs traditionnels dont on pourrait avec un grand intérêt interroger le rôle dans la construction d'une organisation aussi importante que l'UA peut être perçue comme une nouveauté dans les relations internationales africaines.

    C'est les 28 et 29 août 2008 à Benghazi(Libye) que le colonel Kadhafi met sur pied une association dénommée « Forum des rois, sultans, princes, cheiks et chefs coutumiers africains ». Le 30 août 2008 dans la même ville, cette assemblée des chefs traditionnels d'Afrique intronise le « Frère Guide de la Grande Jamahiriya libyenne et populaire socialiste » qui prend désormais le nom de « Mouammar Kaddafi, Guide de la Jamahiriya arabe libyenne, rois des rois traditionnels d'Afrique »182(*). Originaires de divers pays, les membres de cette assemblée partagent tous le fait d'avoir hérité du pouvoir traditionnel dans leur localité d'origine. De plus, elle est composée de personnalités aux profils impressionnants. On a entre autres profils importants, TCHIFFI ZIE Jean Gervais, chef des chefs Krou du village Gagnoa en Côte d'Ivoire, ex-Directeur Général de la société d'investissement italo-ivoirienne ; leur doyen  KACHALLA KACHER, sultan de N'djamena au Tchad, ancien fonctionnaire de l'administration territoriale. D'autres profils captivants se retrouvent parmi les têtes couronnées qui entouraient souvent le « Roi des rois » à l'occasion des rencontres importantes sur le plan continental. Aux côtés de TOUSSA SON SALEME BAGUIDI XIII, roi de Sifalo au Bénin, ex-adjudant-chef, son compatriote DJIGLA TOY IKPODEGBE, roi d'Allada, est Docteur en Sciences Economiques. Contrairement à CHIA LOUSSY MANSOUR, homme d'affaires, d'autres sont des politiciens. Il s'agit de MWAMI MUNONGO, roi des Bayéré et sénateur en République Démocratique du Congo ou de l'Amenokal BAJAN AG HAMATOU, député à l'assemblée nationale malienne.

    Comme nous le constatons, les chefs sélectionnés dans diverses localités répondent dans la majorité aux profils majestueux. L'imposition de ces autorités d'un autre genre à ses pairs par le Guide obéit à une double logique. D'abord, le souci pour la Libye de faire représenter les peuples tel que KADHAFI l'a développé dans son bréviaire, Le Livre vert, qu'il essaie d'appliquer à l'Afrique. Ensuite, la volonté de voir ces autorités influer sur ses pairs. Ces derniers sont investis d'une lourde mission assignée par le Guide libyen qui était par ailleurs leur bras financier. Selon la princesse Olga TOLMACH de la tribu Nzinga au Mozambique, leur présence au sein de l'UA est une « victoire pour la base populaire ». Car « au début, explique-elle, il n'existait pas de réclamation au niveau des chefs d'Etat ». En ce qui concerne « les rois, émirs, leur rôle est de peser de leur poids au niveau social, de faire pression sur les gouvernements africains pour réaliser les ambitions d'un peuple... et tôt ou tard construire l'Union Africaine et les Etats-Unis d'Afrique, conclue- t- elle ». Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Ali S. TRIKI, l'ancien ministre libyen chargé des Affaires pour l'UA, a réitéré cette position lorsqu'il a déclaré que : « si le Guide a pris contact avec les rois traditionnels, c'est pour mobiliser les masses populaires du continent en faveur de l'Union »183(*). En recourant ainsi à la « diplomatie traditionnelle », « la Libye veut contourner les Etats et collaborer directement avec les structures tribales »184(*).

    Le colonel Kadhafi trouverait surtout auprès des chefs traditionnels une légitimité qu'il avait du mal à conquérir auprès de certains chefs d'Etat avec lesquels il était plutôt contraint de discuter et parfois d'égal à égal. De plus, en saisissant directement la base qui, semble-t-il est dans une large mesure acquise à sa cause en Afrique, il espérait influencer sur les gouvernements des dits pays via les populations mobilisées par ses mandataires, d'autant que bon nombre parmi eux sont des députés et chefs traditionnels à la fois. Cette stratégie qui vise à créer de puissants réseaux de socialisation capables de modifier l'attitude des gouvernements des pays sur la question de l'Union, va en droite ligne avec le discours du colonel KADHAFI sur la place des peuples dans la construction des organisations. Selon lui, les gouvernements africains devront suivre l'exemple de l'UE qui est non pas une émanation des « gouvernements européens, mais des peuples européens »185(*). C'est ce qui explique sans doute la préférence que prenait souvent le Guide libyen à se rendre dans plusieurs pays africains par voie terrestre, dans le cadre de sa campagne de sensibilisation sur la question de l'Union186(*). Car, à l'occasion de ces sorties continentales, il collaborait directement avec les populations africaines dans divers pays. Depuis 2010, le forum des chefs traditionnels africains, par la voix de leur porte-parole Jean Gervais ZIE demande à l'Union de créer au sein de l'organisation une structure où ils auront un rôle d' « observateurs ». Acteur central dans le processus de construction de l'Union, la Libye de KADHAFI agit sur tous les fronts. Elle n'est pas restée indifférente face à l'offre européenne du projet méditerranéen qu'elle a qualifié d'indigne et mobilisé le Maghreb pour en boycotter le lancement et le succès.

    B- La mobilisation des Etats Maghrébins pour le rejet du contre-projet UPM

    Selon Jean Jacques ROCHE, « le fédéralisme accorde une place prépondérante aux élites qui tirent le processus et trouvent les solutions nécessaires pour désarmer les résistances à l'intégration »187(*). La Libye, porteuse du fédéralisme en Afrique a déployé nombre de stratégies pour bouter hors du continent un projet « indigne » à l'esprit de l'Union qu'elle défend. Déjà, faut-il le rappeler, le continent africain comptant désormais 54 Etats est à la fois une production de l'Europe et de l'Amérique. Une production de l'Europe par le découpage politique et social des Etats postcoloniaux et d'Amérique par le modèle économique de marché que les efforts conjoints de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI) tentent d'imposer durablement dans les sociétés africaines comme leur vecteur de modernisation.

    Or, au moment où le continent aborde enfin le 21ème siècle par l'affirmation d'un intérêt général africain et le développement concret d'une communauté de destin et d'intérêt intégrée à l'échelle continentale, certains estiment que « le projet d'Union pour la Méditerranée peut jouer un rôle de stimulant et du développement africain »188(*). Pourtant, tel qu'il est élaboré, ce projet ne concerne pas les Etats subsahariens, mais uniquement ceux du Maghreb. Il s'agit de la Tunisie, du Maroc, de l'Algérie, de la Libye et de l'Egypte. Cependant, l'Afrique tout entière aurait été concernée si la partie Sud du continent n'avait pas été exclue du projet d'UPM dont les premiers jalons avaient été posés à Tanger(Maroc) par le Président SARKOZY avant d'être définitivement établis à Dakar189(*). La nouvelle Union brodée de toute pièce et brandie comme la nouvelle recette-miracle pour le progrès de l'Afrique et de l'humanité sera reçue par le colonel KADHAFI comme un affront pour les pays africains qui espèrent consolider leur Union sur l'ensemble du continent. Il a critiqué ce projet, dénonçant sa tendance à « dépecer l'Afrique » au nom des intérêts européens. Pour en empêcher le lancement, la Libye mit sur pied sa machine diplomatique. Ainsi, le 10 juin 2008 à Tripoli, KADHAFI convia un mini-sommet arabe  de « concertation »190(*), en qualité de Président en exercice de l'Union du Maghreb Arabe (UMA). A l'exception notable du roi du Maroc, MOHAMMED VI, représenté par son premier Ministre Abbas EL FASSI et du rais égyptien absent, plusieurs pays ont répondu à la convocation de Kadhafi qui était étendue à « tout Etat arabe concerné par la question »191(*). En ce qui concerne précisément les pays africains, ils étaient au nombre de trois, représentés par leurs plus hautes autorités. Il s'agissait des Présidents Abdelaziz BOUTEFLIKA d'Algérie; de Mouammar KADHAFI, l'hôte; et de ZINE EL ABIDINE Ben Ali de Tunisie.

    Lors de ce mini-sommet arabe, le colonel KADHAFI a rejeté de manière vibrante le projet d'UPM avant d'inviter les pays arabes et spécialement ceux du Maghreb à en boycotter le 1er sommet consacré au lancement officiel de l'UPM le 13 juillet 2008 à Paris. Comme il l'a expliqué, l'UA constitue le seul cadre dans lequel devra évoluer la coopération avec l'Europe192(*). S'en prenant à cette nouvelle trouvaille de son « ami Sarkozy », il a déclaré que « nous ne prendrons en aucun cas le risque de déchirer l'Unité [...] africaine »193(*). Présentant l'UPM comme une nouvelle « forme d'humiliation », il l'a rejetée à sa façon. Néanmoins, aucune position commune officielle des pays invités en Libye ne sera concrètement exprimée. C'est ce qui explique sans doute le fait qu'à sa suite, trois pays africains à savoir le Maroc194(*), la Tunisie et l'Egypte (absente à Tripoli) ont répondu à l'invitation de Paris, contrairement à la Libye et l'Algérie qui l'ont boycottée. Comme nous le verrons dans le dernier chapitre de cette étude, le discours de Dakar qui a trouvé des poches de résistance tant en Afrique qu'en Europe essaierait de se reconstituer quoiqu'à présent étouffé dans l'oeuf.

    Dans ce combat pour la construction de l'Union, la Libye n'est pas tout à fait seule. Elle devra compter sur le Sénégal qui lui a constamment apporté son soutien. De par ses actions, ce pays se positionne sur le continent comme le défenseur de l'organisation panafricaine.

    CHAPITRE II:

    LE SENEGAL, DEFENSEUR ACHARNE DE L'UNION AFRICAINE

    A l'issue d'une conférence animée par Cheikh TIDIANE GADIO, alors ministre sénégalais des Affaires étrangères le 25 mars 2005 à l'URED (Université Recherche et Développement) sur le thème : « le Sénégal et l'Union Africaine »195(*), s'était dressé un bilan somme toute vertigineux des problèmes de l'Afrique. Le rapport présenté était aussi coûteux en pertes humaines qu'en argent. Ainsi avait-il trouvé qu'en dehors de la pauvreté ambiante sur le continent, 31 Millions d'enfants avait été mal nourris. Pareillement, il avait exposé que 68 % des adultes et 80% des enfants sidéens étaient des Africains, ce qui amenait à conclure que les ¾ des morts du sida sont des Africains. A tout ceci, s'ajoutaient les statistiques des polémologues selon lesquels l'Afrique avait connu 37 conflits depuis 1960. Ceux-ci avaient non seulement occasionné 7 Millions de morts, mais aussi et surtout de nombreuses familles déplacées et désoeuvrées dont le nombre demeurait difficile à déterminer.

    Au total ces marasmes avaient fait subir des pertes énormes estimées à  125 Millions de dollars. De l'argent qui aurait pu servir au développement de certains secteurs prioritaires comme l'éducation, la santé ou encore à la construction des infrastructures pour assurer la communication inter-régionale sur le continent. Ce bilan calamiteux qui marquait plus de trois décennies d'existence de «l'organisation de la nullité africaine »196(*) montrait combien  « la création d'une nouvelle organisation beaucoup plus efficiente » était une nécessité et le Sénégal, « pays phare », devait jouer un rôle déterminant pour « cette noble initiative », explique Cheikh TIDIANE GADIO. Il devait à cet effet prendre les devants sur toutes les décisions et à  chaque sommet d'où son surnom de « Gazelle du continent ». Le pays de la « Teranga », l'hospitalité en wolof, est donc l'un des rares Etats africains qui s'obstine tant sur le continent que hors de celui-ci, notamment au sein des grandes instances multilatérales pour donner du sens à la construction de l'UA. Comme évoqué dans le premier chapitre de cette étude, c'est une allocution du président WADE qui a amené les ministres des Affaires étrangères de l'OUA, réunis à Tripoli, à inscrire l'organisation panafricaine dans une perspective futuriste. Depuis plus d'une décennie, le Sénégal semble s'afficher sur le continent comme un appui exceptionnel au projet panafricain porté par les Libyens. C'est ainsi que depuis le lancement de l'UA, il appuie sa structuration autant par la proposition des actions supranationales (sectionI) que par une construction théorique et symbolico- pratique (sectionII).

    SECTION I- L'OFFRE DES ACTIONS SUPRANATIONALES

    Le Sénégal est l'un des rares Etats africains ayant gardé une certaine constance dans son zèle pour la construction d'une Union sur le continent. Dans son livre Un destin pour l'Afrique,  qu'on peut à juste titre considérer comme sa profession de foi pour le continent, le Président WADE avertissait qu' « un espace politique africain continental résout bien des problèmes qui ne manqueront pas un jour d'être soulevés si chacun continue de s'enfermer dans son égoïsme »197(*). Les faits lui donnent de plus en plus raison. Outre la pauvreté ambiante qui structure le quotidien de la grande majorité des populations africaines, les conflits demeurent aussi constants que le soleil sur le continent. Ayant compris que les Etats microscopiques d'Afrique ne peuvent survivre face aux grands ensembles régionaux en constitution dans tous les coins et recoins du monde, le Sénégal a fait des propositions pour édifier l'UA. Il s'agit d'une part de la proposition des organes supranationaux et de l'abolition des souverainetés (paragraphe I) et d'autre part de sa participation à la conception ou à la proposition des projets de développement (paragraphe II).

    PARAGRAPHE I- LA PROPOSITION DES ORGANES SUPRANATIONAUX ET L'ABOLITION DES SOUVERAINETES

    Au gouvernement d'Union proposé par l'Etat libyen, le Sénégal a offert des structures au caractère supranational(A), avant de réclamer l'abolition et/ou le transfert des souverainetés au profit de l'Union(B).

    A- L'offre des structures supranationales pour le gouvernement d'Union

    Défenseur énergique de l'union politique et économique de l'Afrique, le Sénégal rêve d'un continent uni de Casablanca au Cap. Pour son chef de l'Etat, Me A. WADE, défenseur du libéralisme, l'Union est plus que jamais un impératif pour les Africains qui se sont rendus à l'évidence que « sans intégration politique, point de salut pour un continent aux énormes potentialités certes, mais qui représentent à peine 2% du commerce mondial »198(*). Dix ans auparavant, il avait eu à préconiser dans son livre, un modèle d'union semblable à celui exposé par le Guide libyen en 1999. Mais, comme il l'a lui-même expliqué, « à la lumière des réalités quotidiennes de l'Afrique, j'avais par la suite spontanément renoncé à ce modèle qui m'est paru irréaliste, pour en venir à un processus plus praticable à mes yeux »199(*).

    Au départ sceptique par rapport au modèle présenté par KADHAFI à Syrte puis à Lomé, le Président sénégalais qui avait quasiment pris le train en marche, s'est d'abord rallié à la formule minimaliste adoptée dans la capitale togolaise avant de tourner la veste par la suite. Ainsi qu'en témoignent ses propos, il conseillait une démarche prudente et progressive à Lomé: « nous sommes 52 Etats africains ; auxquels il faudrait ajouter d'ailleurs le Maroc, qui, un jour ou l'autre reviendra. Une position commune ne peut être qu'une position de compromis »200(*). Or, défenseur d'une Afrique unie, des inquiétudes quant au réalisme du protocole de Lomé vont l'amener à rejoindre le Guide El Fateh en prônant une supranationalité sur le continent. Il soulignait qu'« étant confrontés aux mêmes problèmes, nous devons rechercher des solutions communes au sein des structures ministérielles supranationales »201(*). C'est ainsi que lors du sommet d'Abuja de janvier 2005, il fera inscrire dans l'agenda de l'Union huit202(*) postes ministériels dont le but sera d'harmoniser les politiques communes à l'échelle continentale comme dans le cadre des fédérations. Les ministères proposés devaient s'occuper des domaines aussi importants et diversifiés tels : santé, environnement, recherche scientifique, culture, finances, éducation, énergie, et enfin intégration économique et sociale203(*).

    Ces propositions avancées au même moment que celles de la Libye avaient fait l'objet d'étude, sous la présidence du président ougandais Yoweri KAGUTA MUSEVENI, lors de la réunion de Kampala du 13 juin 2005204(*) en vue d'accélérer le processus de mise en place du gouvernement de l'Union et la transformation des commissaires de l'UA en ministres continentaux. Mais comme nous le verrons bientôt, le dilatoire de certains chefs d'Etat qui n'ont pas osé sortir de la léthargie de l'OUA a conduit, depuis l'année 2005, à une impasse. Les propositions libyennes et sénégalaises ayant été renvoyées, repoussées aux prochains sommets. D'ailleurs, le Président WADE s'était déjà inquiété quant à la légèreté dont certains pays faisaient preuve face à cette question cruciale pour le continent. Car, des sept membres du comité des chefs d'Etat qui avaient été commis par l'Union, seuls l'Ouganda (pays hôte) et le Sénégal étaient représentés au plus haut niveau, alors que le Botswana l'était au niveau ministériel et la Libye (invitée) à celui d'ambassadeur.

    Venons-en aux autres rencontres des chefs d'Etat et experts dont l'objectif était d'analyser les propositions du couple sénégalo-libyen. Le cycle de Kampala continua avec le sommet de Syrte de juillet 2005. Le comité autrement constitué205(*) fut reconduit pour les mêmes objectifs, cette fois-ci sous la présidence du Nigérian OLUSEGUN OBASSANJO. Après deux jours de conclave, du 12 au 13 novembre 2005, à Abuja sur le thème : « L'Afrique et les défis du changement de l'Ordre mondial : bien fondé du gouvernement de l'Union »206(*), le comité des sept chefs d'Etat et les experts (sociétés civiles et intellectuels inclus) arrivent à la conclusion selon laquelle l'objectif ultime de l'Union est de constituer « le gouvernement de l'Union Africaine dans la perspective des Etats-Unis d'Afrique». D'après le président Wade, le chef de ce gouvernement devait prendre le nom de Premier Ministre investi d'une fonction consultative et d'accréditation des ambassadeurs compétents à l'échelle continentale207(*). Selon la feuille de route élaborée à Abuja, ce gouvernement devait se constituer à l'horizon 2009208(*). Après cette étape, le rapport des sept est soumis au 7ème sommet de l'Union en juillet 2006 à Banjul (Gambie). Mais, la conférence décide de renvoyer l'examen de l'étude et du rapport du Comité des sept au Conseil exécutif en vue de proposer un cadre d'action approprié209(*).

    Dans une phase d'intensification, en novembre 2006 à Addis-Abeba, le Conseil exécutif représenté par monsieur Rodolphe ADADA, ministre des Affaires étrangères du Congo, aux termes de sa neuvième session extraordinaire sur les propositions pour le gouvernement de l'Union, est arrivé aux conclusions suivantes : l'acceptation par tous les Etats membres de la création des Etats-Unis d'Afrique comme objectif commun; la nécessité d'une évaluation de l'état de l'Union qui porterait, entre autres, sur le renforcement de la communauté économique régionale; la nécessité d'adopter une approche pragmatique et progressive qui n'impliquerait pas forcément un amendement de l'Acte constitutif, mais viserait plutôt à combler les lacunes actuelles. Mais, en janvier 2007, saisie du rapport de la session extraordinaire du Conseil exécutif sur le gouvernement de l'Union à Addis-Abeba, la Conférence, en sa huitième session, a une fois plus décidé de consacrer sa neuvième session à un « grand débat » sur le sujet et autorisé le Conseil exécutif à tenir un séminaire de réflexion des ministres des Affaires étrangères sur l'état de l'Union, suivi d'une session extraordinaire en raison de la nature des propositions contenues dans l'étude et leurs implications aux niveaux national, régional et continental.

    Lors de ce sommet, l'examen portant sur les questions inscrites à l'agenda de l'Union par le Sénégal et la Libye est de nouveau reporté. Les leaders africains avaient simplement promis au Libyen KADHAFI et au Sénégalais Abdoulaye WADE d'en discuter véritablement lors du sommet d'Accra du 1er au 3 juillet 2007. Mais, comme on peut le constater avec Michel KOUNOU, « Accra 2007 » fut «  un rendez-vous manqué » car, ce sommet a ressemblé aux multiples « cacophonies inutiles organisées entre 1960 et 1963 » 210(*). Les chefs d'Etat réunis au Ghana n'avaient donc pu s'entendre définitivement et de façon concrète sur la formation dudit Gouvernement, afin de servir les peuples d'Afrique qui souffrent quotidiennement du déficit d'une UA forte. Le Président ghanéen essayait de trouver une formule de compromis selon laquelle « il n'y a eu ni gagnant ni perdant ». Or, Sénégalais et Libyens venaient de se plier face aux pays d'Afrique australe et de l'Est.

    Pourtant, avant son indépendance, le Sénégal avait déjà ressenti ce besoin d'union. Pour cette raison, il oeuvrait afin que ses voisins cèdent leurs souverainetés pour que se réalise le rêve commun. Ce qu'il ne manque pas d'ailleurs de perpétuer dans le cadre de l'UA.

    B- Le transfert et/ou l'érosion des souverainetés au profit de l'Union

    La logique d'appartenance à une organisation supranationale aboutit inévitablement à une érosion de la souveraineté des Etats membres211(*). Cette érosion des souverainetés se fait soit par transfert, soit par abandon de compétences à l'organisation212(*). A cet égard, les conceptions de la souveraineté fondées sur le modèle de l'Etat, qui déterminent de manière autonome la forme et le contenu de ses politiques publiques est devenu en partie obsolète si l'on s'en tient au processus de construction de l'UA en cours213(*). A l'accession à l'indépendance, le Sénégal s'illustrait comme un « pays avant-gardiste en inscrivant dans sa Constitution, en 1960, un abandon tout au moins partiel de sa souveraineté en vue de la réalisation de l'Unité Africaine»214(*).

    Restant dans cette même logique, il a successivement modifié sa loi fondamentale afin de l'arrimer aux idéaux unitaires qu'il diffuse à travers l'Afrique, ce avant même la naissance de l'UA à Syrte en mars 2001. En son article 96, la Constitution sénégalaise du 22 janvier 2001 dont la dernière révision date du 07 Août 2008 dispose, que « la République du Sénégal peut conclure avec tout Etat africain des accords d'association comprenant abandon partiel ou total de souveraineté en vue de réaliser l'unité africaine » 215(*). Dans cette mouvance, certains pays tels la République Démocratique du Congo, le Mali et le Burkina Faso, ont chacun inscrit dans leurs Constitutions la possibilité de céder leur souveraineté pour la réalisation de l'UA216(*). Ceci va en droite ligne avec l'esprit des rédacteurs de l'Acte constitutif de Lomé qui ont donné le ton à propos de la construction de cette supranationalité, notamment en réalisant des changements certes marginaux mais novateurs. Contrairement à la charte de l'OUA qui consacrait l'étatisme en absolutisant les principes de non-ingérence et de respect de la « souveraineté » des Etats, l'Acte constitutif a désormais inscrit le droit de l'Union d'intervenir dans un Etat membre sur décision de la Conférence des chefs d'Etats, dans certaines circonstances graves, concernant « les crimes de guerre, le génocide et les crimes contre l'humanité » et « le droit des Etats membres de solliciter l'intervention de l'Union pour restaurer la paix et la sécurité ». Cette position s'inscrit en faux contre le réalisme qui néglige d'innombrables aspects de la politique internationale, en particulier ceux relatifs aux échangent économiques et sociaux entre les Etats, à leurs interactions fonctionnelles217(*), dans la mesure où les conceptions traditionnelles de la souveraineté, qui sont un fondement de la représentation réaliste des relations internationales, sont trop exclusivement concernés par les questions de haute politique218(*). Il est plausible que des apparentes avancées sont à noter en ce qui concerne la souveraineté qui pourrait à long terme céder le pas à une supranationalité en Afrique. Dans cette perspective, sous l'impulsion du Sénégal, du moins en partie, de nombreux projets de développement ont été élaborés, et certains associés à l'UA.

    PARAGRAPHE II- La co-conception des projets de développement et la proposition des APD

    Sur la base d'un projet rédigé par le Sénégal et baptisé Plan Omega pour l'Afrique (POA), fut créé le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD). A celui-ci, s'est ajoutée une suggestion portant sur la gouvernance régionale à savoir, le Mécanisme Africain d'Evaluation par les pairs (MAEP) dont le Sénégal est l'un des promoteurs (A). Tel qu'élaborés, les Accords de Partenariat pour le Développement (APD) proposés dans le cadre des accords UE/ACP219(*) apparaissent comme une arme sénégalaise contre la départementalisation économique au sein de l'UA(B).

    A- La co-conception des projets de développement

    L'histoire retient qu'au moment où trois Etats africains entre autres l'Afrique du Sud, le Nigeria et l'Algérie auxquels l'Egypte fut associée proposaient d'un côté le Millenium African Recovery Plan(MARP), le Sénégal proposait de l'autre côté le plan Omega pour l'Afrique, à travers lequel il a participé à l'élaboration du NEPAD (1) avant de proposer son pendant le MAEP(2).

    1- La participation à l'élaboration du NEPAD par la proposition du POA

    Les origines du POA sont profondément ancrées dans le « Sopi »220(*). En Afrique, le Sénégal est considéré comme l'un des pays dont le tissu démocratique semble le mieux tissé. Contrairement à bon nombre d'Etats sur le continent, le multipartisme y existe depuis plus de trois décennies. La création du premier parti d'opposition, le PDS (Parti Démocratique Sénégalais), sous la houlette de Me Wade alors avocat et consultant auprès de l'OUA à Mogadiscio(Somalie), y remonte au 08 Août 1974. Dès sa naissance, le PDS inscrit dans son programme l'objectif des Etats-Unis d'Afrique. Dix années plus tard, il se dote de moyens de communication qui ont connu un essor en 2010 avec le lancement du Groupe Sopi Media (GSM)221(*), comprenant une radio, un journal et une télévision.

    Devenu le slogan officiel des militants du PDS dans leurs luttes pour l'alternance et le renversement du Parti Socialiste (PS), le « Sopi » incarne le changement et le Sénégal voudrait que ce changement soit autant sénégalais qu'africain. Se considérant comme un « panafricaniste  libéral »222(*), le Président Wade veut montrer, à travers ses idées que, sur les plans économique et politique, la constitution d'une UA est possible, et que les Africains n'ont d'autre choix si ce n'est la communautarisation des politiques nationales. Il convient donc de déconstruire un certain mythe entretenu autant par l'Occident que par certains intellectuels africains selon lequel, l'Afrique ne dispose pas d'idéologie. Le « Plan Omega » initialement conçu pour le Sénégal part du principe que le binôme « aide/crédit » est responsable du mal développement de l'Afrique et qu'il faut un temps d'arrêt afin de procéder à la reconstruction de normes partagées sur le continent. Transposé au niveau continental, le Plan Oméga deviendra le Plan Oméga pour l'Afrique (POA).

    A l'origine de son élaboration, se trouve le souci de « vertébrer » l'Afrique et de la doter des citoyens éduqués qui participent à son développement. Ce que confirme la base du raisonnement de son initiateur qui part d'un constat : « les pays africains dépensent une bonne partie de leurs ressources et épargnent au financement des routes, des infrastructures de communication et de l'éducation qui sont les paramètres de la croissance économique »223(*). Pour le Président WADE pour qui l'essentiel des idées est contenu dans son livre Un Destin pour l'Afrique, « le développement optimal d'une économie passe par des options structurelles, de la même façon que la solidité d'un édifice dépend des fondations de l'armature »224(*). Le POA que présente le Président sénégalais lors du sommet de Syrte en mars 2001 est un axe pour le développement de l'Afrique sur un double plan : infrastructurel et intellectuel. Sur le plan infrastructurel, il propose que l'Afrique construise une vaste infrastructure continentale de communication : routes et voies ferrées modernes. Selon lui, on ne peut parler d'une Union en Afrique s'il est impossible d'aller d'un pays africain à un autre, fût-ce par voie routière ou ferrée. Ce déficit d'infrastructures sur le continent a d'ailleurs poussé le commissaire Louis Michel à déclarer qu'il faut « vertébrer l'Afrique » en la dotant des routes transafricaines .

    Sur le plan éducatif, « intellectuel multidimensionnel »225(*), le porte-parole sénégalais conclut à la « continentalisation de la recherche ». Convaincu que les derniers développements de la science se feront en Afrique, il axe son raisonnement sur la formation de la jeunesse.

    Toutefois, la question de fond s'étant posée était celle de savoir si ces projets pouvaient se concrétiser. En clair, comment les financer vu les moyens réduits des Etats africains ? Le Sénégal estimait que l'objectif du POA serait de « réunir des ressources au niveau international/multilatéral » pour faire face aux deux exigences sus-évoquées. Pour avoir une certaine légitimité sur le plan international, le projet sénégalais sera associé à deux autres propositions à savoir, le Millenium African Recovery Plan(MARP) et le « programme pour le Redressement de l'Afrique » proposé par la Commission des Nations Unies pour l'Afrique. Ces trois projets fusionneront ensuite lors du sommet convoqué à Abuja le 23 octobre 2001 pour donner un seul texte : la Nouvelle Initiative Africaine (NIA), avant d'être rebaptisé NEPAD à Lusaka à la 37ème conférence de l'OUA.

    L'initiative du NEPAD provient du fait que les chefs d'Etat africains ont nourri l'ambition d'élaborer eux-mêmes des projets de développement et de ne faire appel au monde extérieur que pour compléter leurs efforts226(*). En avril 2002 à son lancement, le ministre des Affaires étrangères sénégalais, Cheikh Tidiane GADIO et la diaspora sénégalaise présentaient les enjeux de ce projet pour le continent. Contrairement à ce que pensait Kadhafi227(*), ces derniers expliquaient qu'il sera une réussite parce qu'il est une initiative des chefs d'Etat africains228(*). Malgré ces espoirs, s'il est vrai que le NEPAD fait encore du chemin229(*), Hennig MELBER avait déjà conclu sur son échec. Il affirmait que « le NEPAD qu'un grand nombre considère comme la seule chance d'un avenir viable pour le continent pourrait n'être rien de plus que du vieux vin dans de nouvelles bouteilles »230(*). Il ajoutait même qu'il est douteux que les efforts actuels de l'Afrique puissent faire suffisamment autorité pour convaincre le monde et particulièrement l'Occident industrialisé à soutenir cette initiative231(*). Le temps semble lui avoir donné raison. Car, les nombreuses promesses faites par les Occidentaux sont une fois de plus restées dans le catalogue des bonnes intentions. C'est le constat dans la mesure où le NEPAD est apparu comme « une belle Mercedes qui a manqué un bon chauffeur ». Même le Président WADE n'y croit plus véritablement. Lors du Sommet mondial le 14 septembre 2005, il déclarait que «les pays développés n'ont pas toujours respecté leurs engagements, notamment en ce qui concerne l'aide au développement fixée dans les années 70 à 0,7 % de leur produit national brut à transférer aux pays en voie de développement. Il en est de même des promesses faites concernant le financement du NEPAD »232(*).

    Or, le Mécanisme Africain d'Evaluation entre les Pairs (MAEP) qui avait été pensé au même moment que le lancement du NEPAD, constituait un instrument de nature à faire implémenter la bonne gouvernance afin d'éviter des obstacles intérieurs aux pays africains. Surtout quand on sait que les bailleurs de fonds internationaux trouvent en cette dernière une condition sine qua non pour l'investissement.

    2- La proposition d'un projet de gouvernance régionale : le MAEP

    Dès l'adoption du NEPAD, la crainte partagée par les chefs d'Etat de ne pouvoir convaincre les pays occidentaux, notamment le secteur privé étranger d'investir massivement en Afrique et à soutenir les projets structurants de l'UA les a poussé à initier un programme de bonne gouvernance. Comme l'a déclaré le Président WADE, « face aux pressions de nos partenaires internationaux sur les questions de bonne gouvernance, j'ai proposé à mes homologues l'élaboration d'un mécanisme de surveillance mutuelle  qui a abouti au MAEP»233(*).

    En fait, la bonne gouvernance est dès le début des années quatre-vingt-dix, au coeur des exigences des partenaires au développement en Afrique. Elle fut essentiellement théorisée et vulgarisée par la Banque Mondiale qui la définit comme « la manière dont le pouvoir est exercé dans la gestion des ressources économiques et sociales d'un pays »234(*). Pour Bernard Husson, le contenu sémantique de la bonne gouvernance « fait appel à la transparence de la bonne gestion de deniers publics ou mis à la disposition des Etats. Il s'agit d'une approche financière et comptable qui réduit la gouvernance à une dimension technique et une recherche d'efficacité. Mieux utilisées, les ressources disponibles devraient générer une dynamique économique»235(*). Une bonne partie des évaluations objectives du retard de l'Afrique met en évidence la mal gouvernance comme étant l'un des principaux freins de son développement. Pendant longtemps, l'on a constaté que le climat des affaires publiques y était marqué par la corruption, la gabegie, l'absence d'éthique, de transparence et de responsabilité dans la gestion ou encore l'obligation de rendre compte. Pour Jean Marc ELLA, « il suffit d'évoquer le pillage organisé par les classes dirigeantes qui, comme au Cameroun vont jusqu'à faire de la corruption une méthode de gouvernement. Ou bien les pratiques de redistribution par l'Etat des ressources à ses courtisans, à partir de mécanismes de prédation qui ont conduit à la ruine de nombreux pays africains »236(*). C'est pour reconstruire l'identité de l'Afrique qu'une certaine idéologie entretenue par les afro-pessimistes, pour qui « l'Afrique n'était pas mûre pour la démocratie » et qui voudraient faire d'elle un « cancer » de la planète et les Africains des « sacs à virus pour l'humanité » 237(*) que les Etats Fondateurs du NEPAD parmi lesquels le Sénégal ont élaboré le MAEP.

    Selon son document cadre, le MAEP « est un instrument établi suite à un accord mutuel auquel adhèrent volontairement les Etats membres de l'Union Africaine »238(*). Il s'agit d' « un mécanisme d'auto-évaluation destiné à valoriser l'adoption de politiques, de normes et de pratiques qui conduiront à la stabilité politique, à une croissance économique accrue, au développement durable, à une intégration économique régionale et continentale accélérée grâce à l'échange d'expériences, au renforcement des méthodes et pratiques qui ont fait leurs preuves, y compris l'identification des insuffisances et la définition des besoins des pays participant en matière de renforcement des capacités ». Le mécanisme d'évaluation par les pairs du NEPAD consiste en une évaluation systématique des résultats d'un pays par d'autres Etats (les pairs), des institutions habilitées ou par une combinaison des deux239(*). Depuis son établissement le 9 avril 2002 en Afrique du Sud, suivi de son adoption en mars 2003, des évaluations ont été faites dans 14 pays africains entre janvier 2006 et janvier 2011240(*).

    Au regard de ses objectifs, le MAEP est un programme ambitieux et réaliste. Ambitieux d'abord dans la mesure où ce sont presque tous les domaines de la gouvernance qui sont ciblés. Il s'agit des quatre domaines thématiques du MAEP que sont la Démocratie et la Gouvernance politique, la Gouvernance et la Gestion économiques, le Développement socio-économique et bien entendu la Gouvernance d'entreprise241(*). La volonté est surtout de prendre en considération l'ensemble des problèmes qui touchent les questions du développement en Afrique.

    Ensuite et enfin, une démarche réaliste parce qu'il accorde la primauté au dialogue (les contraintes coercitives n'y sont prévues qu'en dernier ressort). Du fait de ce large déploiement, certains spécialistes en matière de développement ont estimé que « de tous les projets posés par le NEPAD, le mécanisme africains d'évaluation par les pairs est l'élément le plus novateur du programme du NEPAD »242(*). Mais, malgré les espoirs qu'il suscite, une critique peut lui être adressée.

    Ce projet est surtout volontariste. Chaque Etat pouvant s'en retirer lorsqu'il estime qu'il menace ses intérêts. Certains chefs d'Etat ont même manifesté leur inquiétude à son égard. Pour nombre d'entre eux, le MAEP risque de glisser vers une conditionnalité à l'aide publique au développement dans la mesure où il gagne de la crédibilité aux yeux de la communauté internationale. D'autres ne manquent pas d'ailleurs de rappeler que le MAEP n'a pas pour but de classer les Etats africains dans les catégories de « bons » ou « mauvais ». Est-ce ce qui explique paradoxalement la réticence du Président WADE à recevoir une évaluation de ses pairs depuis 2006 ? 243(*).

    En revanche, autrefois critiqué pour sa négligence à l'égard de la société civile, le MAEP implique désormais cette dernière - universitaires, représentants des instituts de recherche, etc.- dans ses différentes activités244(*). Il ne s'agit donc pas d'un projet neutre au regard de la coïncidence avec les premières difficultés des initiateurs du NEPAD à convaincre le secteur privé étranger d'investir massivement en Afrique.

    Mais, malgré l'établissement de ce projet, les pays riches n'ont pas aidé le NEPAD à accomplir ses objectifs, pas plus qu'ils entendent aider durablement l'Afrique à booster son développement. Ils s'attellent plutôt à imposer des accords de développement défavorables au continent. Ce que rejette vertement l'Etat sénégalais qui a proposé des APD en lieu et place des APE (Accords de Partenariat Economique).

    B- La proposition des APD : contre la départementalisation économique de l'Union

    Défenseur des choix économiques de l'Union, le Sénégal s'impose comme le protecteur du continent dans le cadre des négociations commerciales avec l'UE. Selon les accords de Cotonou de 2000, l'UE et les pays ACP devaient négocier des APE (Accords de Partenariat Economiques) visant à remplacer, au plus tard le 1er janvier 2008, le cadre de leurs relations commerciales en conformité avec celui de l'Organisation Mondiale du Commerce(OMC). La première phase des négociations a débuté entre 2003 et 2004 pour s'accélérer et s'intensifier en 2007 sous la pression de l'échéance de 2008245(*). Cette phase d'intensification a conduit à l'adoption de la « Déclaration de Lisbonne » (Portugal) le 9 décembre 2007 entre les 52 pays de l'UA plus le Maroc et les 27 pays de l'UE . Cette déclaration adoptait « une stratégie conjointe » dans le cadre d'un partenariat « d'égal à égal » à travers un plan d'action sur trois ans. Bien que les pays membres de l'UA aient réaffirmé leur volonté de continuer leurs relations avec l'Europe, ils se sont opposés à la nouvelle orientation que les APE entendent donner à ces relations commerciales. Au 1er janvier 2008, ces pays étaient censés ouvrir progressivement leurs frontières d'au moins 80% aux produits européens sur une période transitoire de 25 ans246(*), mettant ainsi fin au régime préférentiel autrefois accordé aux pays ACP. Ils devaient se conformer aux règles édictées par l'OMC. Or, depuis le début des négociations, il n'y a pas encore eu de suite probante. Cela est dû à la généralisation des négociations bilatérales de la part de l'UE qui préfère plutôt négocier avec les Etats et les CER qu'avec l'UA. Une erreur, estime Damien HELLY car, la commission de l'UE qui a divisé l'Afrique en zone géographique pensait qu'elle pourrait négocier ses nouvelles relations commerciales avec un groupe de pays homogène sur le modèle du groupe ACP247(*). Cette attitude de l'UE à vouloir compartimenter le continent a suscité l'opposition de certains chefs d'Etat africains dont le Président WADE qui déclare que, « nous sommes d'accords qu'il y ait des accords [...], toutefois ce que l'UE nous propose ne paraît pas acceptable. Elle ne veut pas discuter avec l'Union Africaine »248(*).

    En effet, les fameux APE que veut imposer l'UE tendent à forcer une libéralisation des marchés africains en y instaurant entre autres la suppression des taxes d'exportation sur les matières premières, la suppression des droits de douane sur l'importation des produits européens et la libre concurrence. Or, en l'état actuel des choses, il existe un fossé entre le développement de l'Europe et celui de l'Afrique. Alors, libéraliser le marché conduit inévitablement à l'asphyxie des entreprises africaines qui ne sont pas loin du stade embryonnaire. La réplique du continent est venue du Sénégal qui a proposé les APD comme alternative aux APE. Les APD ont pour objectif de préserver l'économie des pays africains qui dépend foncièrement des extractions minières. Ils prônent la libéralisation sur certains produits uniquement. Il faut noter que lors du 3ème sommet UE-Afrique à Tripoli en novembre 2010, l'UE a proposé des « compensations financières » afin d'investir le marché Africain. Le Président WADE avait répliqué qu'on ne pouvait pas détruire une économie et la remplacer avec de l'argent. Ce serait dit-il « échanger ma jambe contre de l'argent »249(*).  Dans les rapports de forces qui structurent ces négociations, la Commission de l'UE avait intimé l'ordre de signer ces APE avant le 31 décembre 2007, sinon, « on allait voir ce qu'on allait voir »250(*). La même année, le responsable du commerce de l'UE avait fait preuve d'agressivité notoire envers l'Afrique du Sud et le Nigeria251(*). Ce qui a fait déceler trois types de comportements de la part des Etats de l'UA en novembre 2010 à Tripoli. On a pu ainsi constater une différenciation dans le régime de la relation commerciale252(*) : contrairement aux pays des Caraïbes et du Pacifique qui ont signé les APE, certains pays africains commercent avec l'Europe sous le régime d'APE intérimaires (SADC - Botswana, Lesotho, Swaziland -,ESA/EAC - Madagascar, Ile Maurice, Seychelles et Zimbabwe - Cameroun, Côte d'Ivoire), et les autres sous celui du système de préférences tarifaires généralisées (SPG), qui seront revues périodiquement ( Congo, Gabon, Ghana, Kenya, Namibie, Nigeria,) ou du régime « tout sauf les armes » (également couvert par le SPG) pour les pays les moins avancés(PMA)253(*) et qui consiste en un régime déjà avantageux libre de tarifs et de quotas .

    D'un point de vue analytique, l'on peut constater que, conscients des avantages acquis dans les régimes préférentiels existants, les pays africains voient d'un mauvais oeil le nouveau cadre de relations commerciales proposées par l'UE, lesquelles risquent sans doute de leur faire perdre des recettes fiscales et autres revenus informels liés aux frontières. De plus, ces relations pourraient imposer des réformes aux gouvernements, destruction des économies et donc compromettre la stabilité socio-économique. Ceci conforte exactement le constat de P. MOREAU DEFARGES qui, évoquant la crise du multilatéralisme, trouve qu'il « ne serait qu'un instrument au service des puissances établies afin de ligoter économiquement les pays du Sud »254(*). Cela est d'autant évident que la nouvelle politique commerciale imposée par l'UE aux pays africains sous la houlette de la plus haute instance commerciale internationale permet de percevoir que « l'Organisation Mondiale du Commerce promouvrait dogmatiquement le libre-échange, sans prendre en considération les énormes inégalités de fait entre Etats »255(*). La politique libre-échangiste UA-UE fait face à plusieurs obstacles. L'avenir des relations commerciales serait visible sur le prisme d'un partenariat gagnant-gagnant. Pour cette raison, le cadre adéquat pour cette négociation ne serait ailleurs si ce n'est dans l'UA. Cependant, on peut remarquer que l'UE a pu profiter de la perte de vitesse de l'organisation panafricaine dont la force commune reste difficilement envisageable pour se tourner petit à petit vers le partenariat sous-régional établissant provisoirement un partenariat stratégique UE-SADC, UE-PMA, etc., et non plus UE-UA. Ce qui met actuellement en lumière une certaine faiblesse du multilatéralisme africain dans les négociations commerciales malgré les véhémentes réticences du Sénégal.

    Toutes ces actions entreprises par ce pays ont pour finalité de construire ce qui est désormais convenu d'appeler « la maison commune » des Africains. A cet effet, il mobilise dans son discours d'autres moyens et méthodes propres.

    SECTION II- LA CONSTRUCTION DISCURSIVE, SYMBOLIQUE ET PRATIQUE DE L'UA

    La perception sénégalaise de l'UA est un projet qui transcende les simples frontières du Sénégal et du continent. Pour s'en persuader, il suffit d'analyser sa stratégie qui procède par une construction discursive ou théorique de l'Union (paragraphe I), laquelle est associée à l'usage des symboles et à la pratique (paragraphe II).

    PARAGRAPHE I- LA CONSTRUCTION DISCURSIVE

    L'analyse du discours sénégalais sur la construction de l'UA permettra de mettre en exergue trois axes principaux de réflexion. D'abord il s'agit d'un discours qui vise à construire l'UA autour du concept de la renaissance256(*) africaine (A). Ensuite, il promeut la constitution des normes et des valeurs partagées à travers la pratique des conférences (B). Enfin, il propose une forme médiane à l'Union (C).

    A- La constitution de l'UA autour du discours de la renaissance africaine : la construction de la paix

    La paix, dit Jean-François GUILHAUDIS, est l'équivalent de l'absence de guerre257(*). une condition sine qua non pour tout développement durable. Selon les statistiques établies par les polémologues, l'une des causes du retard de l'Afrique par rapport au reste du monde est due aux nombreuses crises qui sévissent sur le continent. C'est dans le souci d'y mettre fin qu'il faut lire le discours du président sénégalais de la renaissance africaine sur la construction de la paix sur le continent.

    Au moment de la signature de l'Acte constitutif de l'UA en 2000, le président Wade avait constaté que depuis l'accession à l'indépendance, plusieurs pays africains demeurent le théâtre de crises multiformes qui ont mis à mal leur sécurité interne et entraîné leur repli sur eux-mêmes. Il affirmait que  « les conflits les plus inquiétants en Afrique pouvaient être ramenés à certaines causes, principales, entre autres, les rivalités autour des mines de diamant touchant la Sierra Leone et la République Démocratique du Congo (RDC)..., la bataille autour du pétrole »258(*). Cette bataille poursuit-il a joué un «  rôle essentiel » dans la déstabilisation des pays comme l'Angola, ou le Congo-Brazzaville. Selon lui, il faudrait non seulement y mettre fin, mais aussi et surtout, penser des mesures adéquates pour éliminer «  la lutte pour le pouvoir qui fut un élément déclencheur de la guerre »259(*) avec les assassinats politiques comme en RDC, en Angola, en Somalie et en Ethiopie. Sur ce point justement, les statistiques sont d'autant exécrables que, selon le président de la Commission de l'UA Jean PING, « 31 chefs d'Etat africains ont été assassinés en moins de 40 ans après les indépendances »260(*). Pour sortir de ces crises qui ont déchiré le continent et précisément la région des grands lacs ouvrant la voie à ce que Gérard Prunier a qualifié de « première guerre inter-africaine »261(*), le Président sénégalais a adressé un discours multidimensionnel sur les questions de paix à l'endroit de l'Afrique et du monde entier le 4 avril 2010 à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance du Sénégal.

    Axé principalement sur la renaissance du continent africain, ce discours ambitionne entretenir la denrée incommensurable qu'est la paix. Telle qu'envisagée par Dakar, il s'agit d'une paix qui devrait se construire à partir de la destruction des armes lourdes, ce qui aiderait par la suite au développement et à l'émergence de l'Afrique. En présence de 22 chefs d'Etat africains et des représentants des missions diplomatiques des grandes puissances, il a inscrit l'inauguration du Monument de la renaissance africaine dans une perspective de paix mondiale pour le compte de l'Afrique. Comme on le perçoit à travers ces mots , Abdoulaye WADE déclare : «  du sommet de la statue la plus haute du monde, du haut, de cette oeuvre d'art qui symbolise la renaissance africaine, au nom de l'Afrique, l'Afrique qui se reconnaît dans ce monument, je vous transmets un message de paix, condition indispensable à la renaissance de notre continent » 262(*); révélant ainsi le rôle symbolique que joue ce Monument dans la construction de ladite paix et son implication dans le succès du continent.  Par la suite, Il a conseillé « aux gouvernements de s'engager davantage dans  la destruction des stocks » nucléaires. Le message sénégalais sur la renaissance africaine est donc double.

    D'abord, un appel lancé à tout le monde entier en vue de la cessation de la fabrication puis de la fourniture des armes dangereuses qui alimentent en grande partie les conflits sur le continent et nuisent à son décollage économique politique et social. Dans la même perspective, parlant des « ventes illicites  d'armes et de produits militaires dérivés en Afrique sub-saharienne »,  lesquels ont occasionné « 50% des morts liés aux conflits »263(*), Yves EKOUE AMAÏZO constate amèrement que « les principaux fournisseurs d'armes de l'Afrique sont les pays du G8 »264(*) .

    Ensuite il y a un appel à la dénucléarisation tant civile que militaire de la planète. De fait on constate de plus en plus que l'Afrique, tout comme beaucoup de pays sur la planète, fait face à des crises énergétiques graves. Pour y pallier, elle entend opter pour le nucléaire civil. Or, au regard du spectre des catastrophes qu'engendre cette option, le Président WADE a conseillé à l'Afrique d'y renoncer. Les catastrophes nucléaires qui ont affecté la ville de Fukushima au Japon en mars 2011, un des pays les mieux avancés au monde dans la technologie nucléaire, sont venues confirmer ses inquiétudes quant à cette voie qui, selon lui constituerait durablement un frein dans la marche du continent. Se déliant de son projet du nucléaire civil initialement conclu avec la Russie et dont l'objectif était de doter le Sénégal d'une station nucléaire, il a par la même occasion annoncé qu'au 17ème sommet de l'UA à Malabo, il demanderait à ses pairs d'en faire autant265(*). Ce désengagement envers le nucléaire semble d'ailleurs le maître-mot dans la mesure où de plus en plus, même les pays les plus industrialisés l'abandonnent pour des options moins dangereuses266(*). Pour certains analystes comme Joseph Vincent NTUDA EBODE, le nucléaire coûterait très cher et encore plus aux pays africains qui ne maîtrisent pas encore cette technologie. Outre les accidents que nous venons d'évoquer, il souligne également deux autres problèmes à savoir « l'entretien des équipements »267(*) qui fait généralement défaut sur le continent et le « traitement des déchets »268(*) qui n'est pas aisé. Il est donc incontestable aux yeux de Dakar que la fin de la course à l'acquisition de l'arme atomique permettrait le retour à la paix et au renouveau du continent africain. C'est ce qu'il convient de comprendre par « les peuples de la terre ne veulent plus de l'arme atomique »269(*).

    En outre, le Sénégal met suffisamment l'accent sur l'expertise des intellectuels. A travers les colloques continentaux qu'il organise, ces derniers pensent une Union possible et contribuent par ce fait même à la création des normes et des valeurs partagées à travers le continent.

    B- La construction des normes et des valeurs communes à travers les conférences

    Pour ériger des valeurs partagées dans le cadre de l'édification de l'UA, le Sénégal recours non seulement à la communauté épistémique270(*) (1), mais aussi aux contributions de la diaspora africaine (2).

    1- Le recours à la communauté épistémique : l'expertise des intellectuels africains

    Par définition, un intellectuel c'est quelqu'un qui défend des idées, qui conteste, qui proteste271(*). Alors que les idées seules permettent de construire avec beaucoup de volonté politique aussi, les intellectuels africains ont rarement fait entendre leur voix dans l'ancienne OUA. Lors du sommet des chefs d'Etat sur la recherche d'un gouvernement d'Union à Abuja en novembre 2005, le Président WADE s'était inquiété sur cette sous-utilisation de la matière grise africaine dans le projet d'Union272(*). Or, avec une Afrique que d'aucuns, à l'instar de René DUMONT avait prédit « mal partie », mais qui aujourd'hui, sort progressivement du creux de la vague, les intellectuels ont le devoir et même le pouvoir de lui prêter main forte afin de la pousser davantage vers le haut. Pour ce faire, le plus important reste sans doute une domestication progressive de ces derniers qui devront être mis au service de l'organisation panafricaine.

    Le Sénégal s'en est rendu compte depuis plus d'une décennie ainsi qu'en témoignent ces propos du Président WADE : « ma conviction a toujours été que l'expertise africaine devait un jour ou l'autre se mettre à la disposition des peuples africains pour non seulement prévenir les obstacles, mais surtout contribuer à la définition des voies et moyens de construire notre continent avec l'objectif de le hisser au niveau des autres nations... »273(*). De fait, sous les auspices du Sénégal, de nombreuses conférences ont été organisées tant au sein de l'organisation panafricaine qu'à l'extérieur de celle-ci. L'enjeu majeur étant d'interpeller les intellectuels afin qu'ils jouent pleinement leur rôle dans divers domaines et disciplines, dans la perspective d'édifier l'UA.

    En ce qui concerne les conférences organisées dans le cadre de l'organisation panafricaine, le Sénégal en a initié une : la première conférence des intellectuels africains et de la diaspora africaine que proposa Me WADE en juillet 2000 lors du sommet de Lomé. Réunis dans la capitale togolaise dans le cadre de la signature de l'acte de naissance de l'UA, les chefs d'Etat africains avaient constaté avec amertume que la dette des pays africains, devenue insoutenable ne cessait de s'augmenter malgré les payements qui s'effectuaient. Les estimations, très effrayantes, établies par la Banque Africaine de Développement(BAD), l'avaient évaluée à plus de 320 milliards de dollars en 1998 contre 116 milliards en 1980274(*). C'est le Président GNASSIMBE Etienne EYADEMA qui avait donné le ton. Il rappelait que « le fardeau de la dette aggravait de jour en jour la vulnérabilité des pays les moins avancés de l'Afrique ». Comme solution, le président algérien Abdelaziz BOUTEFLIKA avait préconisé « l'annulation de tous les arriérés de la dette africaine antérieurs à l'avènement du nouveau millénaire ». Or, la question n'avait été jusque-là débattue que par les seuls chefs d'Etat qui, de surcroit, n'y comprenaient pas grand-chose. Car, ne maîtrisant pas trop comment leurs pays étaient devenus très endettés et encore moins comment sortir de cet endettement qui freinait le développement de l'économie du continent tout entier. « Nous ignorons jusqu'à l'origine de certaines de nos dettes : fondement juridique, portée économique des investissements devenus dettes, taux d'intérêt », avait rappelé le Sénégal qui démontrait que « tout se perd dans le rééchelonnement et l'effacement partiel ou total. Or, même si nos dettes faisaient l'objet d'une remise de créance, la situation peut se reproduire si nous ne connaissons pas et ne maîtrisons pas l'origine de la dette »275(*). Pour ne pas faire comme le médecin qui administre les médicaments sans chercher l'origine et les mécanismes de la maladie, le Sénégal proposa la tenue d'un séminaire continental sur la dette de l'Afrique276(*). Cette proposition sénégalaise reçut immédiatement l'approbation du conseil de décision de l'OUA. Dès son retour au Sénégal, le Président WADE va tenir un Conseil des Ministres le 13 juillet 2000 à l'issue duquel il ordonnera la constitution d'une commission devant apporter la contribution sénégalaise sur la maîtrise des problèmes de la dette africaine277(*).

    La conférence se tint au Sénégal du 6 au 09 octobre 2004 sur le thème : « L'Afrique au 21ème siècle : Intégration et Renaissance ». Elle réunit environ 700 intellectuels provenant du continent et de la diaspora. Prenant la parole à son ouverture, le Président WADE a indiqué que le séminaire devait « revisiter l'histoire de l'Afrique, bâtir la conscience collective et une nouvelle identité africaine d'une part et penser l'Afrique dans un monde en changement et complexe »278(*). Les intellectuels ont par la suite insisté sur un certain nombre de préalables qui devaient être observés afin que l'UA et ses projets soient un succès. Des débats, ont émergé quelques idées forces qui tournaient autour des valeurs et normes communes telles la liberté, le développement et la bonne gouvernance qui devaient être défendus et assimilés279(*). Selon eux, l'Afrique doit, à travers l'UA, pouvoir renforcer ses marges de manoeuvre dans les négociations internationales pour que les décisions prises ne soient plus à son détriment : « renégocier la dette et renégocier les modalités de son insertion dans le commerce mondial ». Cette vision africaine conforte bien l'un des paradigmes du constructivisme selon lequel les valeurs qui se diffusent au sein de la société transnationale, les normes que partagent la société internationale, les règles que codifie le droit international, modifient le comportement des Etats280(*). Pour Martha FINNEMORE par exemple, le fait que des Etats nombreux et aussi divers que possible aient successivement et sans intérêt immédiat apparent été amenés à redéfinir leurs politiques scientifiques, leur conduite, leurs stratégies de développement prouve que des organisations internationales intergouvernementales changent leurs préférences281(*).

    Pour ce qui est des conférences organisées en dehors de l'organisation, et dont l'objectif était également de requérir le savoir-faire des intellectuels africains pour la constitution de l'Union, nous en dénombrons deux.

    D'abord, celle de 1996. « La première réunion des intellectuels et hommes de cultures d'Afrique » tenue à Dakar. Au sortir de cette conférence, sera créée une structure de mobilisation, pour la promotion du mouvement panafricaniste à savoir la coordination des intellectuels africains qui, selon Me  WADE, existe dans plusieurs pays africains282(*).

    Enfin, le Symposium de Dakar sur les Etats-Unis d'Afrique tenu du 27 au 30 juillet 2009. C'est probablement l'une des conférences les plus importantes dans la promotion du mouvement panafricaniste en vue de bâtir l'UA. Elle a été organisée par le ministère sénégalais des Affaires étrangères et l'Université Cheikh ANTA DIOP de Dakar. Lors de cette conférence dont le thème était : « les Etats-Unis d'Afrique, le rôle et la place de l'Afrique dans la gouvernance mondiale », Me WADE a invité les intellectuels à jouer effectivement leur rôle, à combattre les forces externes « dé-unionistes » et à réfléchir également sur la mise en place d'un gouvernement continental en vue de créer les Etats-Unis d'Afrique à l'horizon 2017.

    Aux 300 intellectuels venus des pays d'Afrique et de la diaspora, le Président sénégalais a demandé d'être plus audacieux en s'engageant particulièrement pour l'UA. Il a constaté pour le déplorer que: « si les intellectuels s'étaient mobilisés de façon efficace pour accélérer les choses, ce serait formidable. Mais tels n'est pas le cas ». En réplique, un participant, Guy MVELLE a rappelé que c'est plutôt l'UA anciennement OUA, qui « manque d'audace parce que en proie à des divergences, mais aussi aux rébellions créées de toutes pièces par les puissances occidentales ». Le Président WADE a par la suite regretté que le monde évolue sans l'Afrique. Ainsi, « dans le monde entier, les gens vont ensemble. Il n'y a qu'en Afrique où l'on fait le mouvement inverse », en faisant remarquer que « ce mouvement n'est pas réaliste et ne va pas dans les intérêts du continent »283(*). Les intellectuels ont par la suite apporté leurs contributions à la construction de l'UA en abordant divers sujets dans diverses disciplines. Pour le politologue camerounais Hilaire de Prince POKAM : « la souveraineté doit être revisitée et redéployée, se mettre au service de la responsabilité qui est l'expression de sa transcendance ». Selon cet universitaire, « certains Etats africains semblent encore trop accrochés à leur souveraineté », or « l'Union Africaine s'avère indispensable pour le continent »284(*). Il a par ailleurs recommandé que la question de l'Union ne soit plus qu'une simple affaire des autorités politiques. En bref, il faudrait propose-t-il davantage inclure « les peuples africains qui doivent être associés au processus décisionnel dans tous les Etats... »285(*). Cette contribution rejoint l'analyse multilatérale de KNIGHT Andrew qui soutient que « la société civile ne considère plus les gouvernements comme les seuls mandataires habilités à agir en son nom. Partout, les citoyens semblent réclamer une représentation plus directe dans la prise de décisions politiques qui les affectent »286(*). Les chefs d'Etat africains semblent avoir pris acte de ces contributions. A Malabo, lors de la 17ème conférence de l'Union, ils ont réalisé d'importantes avancées dans ce sens en instituant ce que Robert COX appelle le « nouveau multilatéralisme »287(*) c'est-à-dire, partant du « bas vers le haut »288(*).

    En donnant la possibilité aux jeunes africains, de diverses régions du continent, à s'exprimer sur leur situation, et celle de l'Afrique d'autant que ladite conférence avait pour thème « Accélérer l'autonomisation des jeunes par le développement durable », les dirigeants africains ont créé une certaine légitimité dans la mesure où la jeunesse tout entière du continent a eu le sentiment d'être impliquée dans les décisions la concernant. En clair, si des initiatives de la sorte sont maintenues, elles accorderont plus de crédibilité à l'UA. Car il faut le dire, celle-ci donne encore trop l'impression d'être une organisation bureaucratique où les chefs d'Etat africains expriment plus leurs désaccords ou leurs prouesses qu'ils n'unissent les peuples africains qui plus est à leur insu.

    De même, une réforme structurale de l'organisation s'avère nécessaire pour renforcer une participation des « acteurs économiques »289(*).

    Si on fait un saut dans le passé, les initiatives de rencontres panafricanistes, à savoir les conférences des intellectuels précitées et le symposium organisé à Dakar en juillet 2009, tout en revêtant une importance indéniable, n'en sont pas moins travaillés par les archétypes du panafricanisme des débuts de Londres à partir de 1900, d'où la part belle faite à la diaspora africaine.

    2- L'implication de la diaspora africaine dans le processus

    Selon Molefi ASANTE, la diaspora africaine s'entend comme « une dispersion d'Africains hors de leurs foyers traditionnels et composée de millions de personnes et de nombreuses nations »290(*). C'est lors du sommet de Maputo en 2003 que le Sénégal émit l'idée d'une double diaspora africaine291(*). A cette occasion, le président WADE s'était offusqué de constater que l'Acte constitutif avait omis cette partie du peuple noir qui avait posé les fondements du mouvement panafricaniste. Faisant allusion au panafricanisme, Me WADE le définit comme « une aspiration des Noirs d'Afrique et de la diaspora qui s'identifient culturellement par leur appartenance à la civilisation négro-africaine, puisant sa force dans la résistance pluriséculaire des nègres à l'esclavage et à la colonisation, cette aspiration se projette dans une unité politique du continent sous la forme des Etats-Unis d'Afrique »292(*) . Cette définition complète celle de NKRUMAH qui considérait le panafricanisme comme « l'expression des descendants des peuples africains »293(*).

    Convaincu que la diaspora noire peut jouer un rôle dans la construction de l'Union et le développement de l'Afrique en général, le Sénégal a proposé et obtenu sa consécration comme 6ème région de l'UA294(*). Depuis lors, on a pu constater une certaine symbiose structurante entre ces deux peuples conjugués par l'histoire commune (esclavage, colonialisme et liens culturels forts avec certains pays comme le Brésil, Haïti et même jusqu'aux Etats-Unis).

    S'agissant de la diaspora africaine des Etats-Unis, en 2008, elle a contribué par un discours dénonciateur à défendre le continent africain alors que le Président américain Georges W. BUSH s'attelait à y imposer l'Africom (l'African command) ou (Centre de commande américain pour l'Afrique) après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Regroupés au sein de leur association, « la Conférence Nationale des Avocats Noirs », ils ont adopté une clause invalidant cette initiative du Président Bush qui avait décidé de créer unilatéralement une force militaire pour l'Afrique sans en informer les Africains295(*). Pour ces Africains-américains, l'Africom n'est rien d'autre qu' « une menace pour l'indépendance, la souveraineté et la stabilité du continent africain » 296(*). Ils trouvèrent par ailleurs que l'objectif inavoué de cette force était d'exploiter les ressources naturelles du continent au détriment de ses peuples297(*). Aucun pays de l'Union n'ayant accepté d'accueillir l'Africom, ses bases ont été établies à Stuttgart (Allemagne).

    Comme un retour d'ascenseur, l'Etat sénégalais a fait inscrire à l'ordre du jour de la Conférence des chefs d'Etat d'Addis-Abeba en 2010, une proposition en vue d'amener les chefs d'Etat africains à aider Haïti, suite au tremblement de terre qui a violemment secoué la première République noire. Aussi, par la voix de Me WADE, le pays de la « Teranga » avait par la même occasion demandé aux Haïtiens qui le désiraient de rentrer en Afrique, leur terre ancestrale. A la suite de cet appel, 163 étudiants d'Haïti ont été reçus au Sénégal où ils sont scolarisés. C'est donc dire qu'il existe une certaine « interconnexion »298(*) entre la diaspora africaine et le continent, les deux se constituant mutuellement.

    Toutefois, force est de relever que, si la relation entre l'UA et sa diaspora veut être réaliste, elle devra davantage intégrer d'autres faits concrets, notamment ceux concernant le développement. Quand on sait que l'Afrique est le continent le plus en retard au monde en matière d'acquisition des connaissances technologiques, il paraît impérieux que cette diaspora, et surtout celle des Etats-Unis d'Amérique, puisse lui être utile. Car, en se mettant à leur école, les Africains apprendraient à « lier le bois au bois » tel que le conseillait le Directeur d'école de Samba Diallo aux Diallobé dans L'aventure ambiguë de Cheikh HAMIDOU KANE.

    La contribution de haute facture intellectuelle dans la réflexion ainsi que dans les orientations sages et pertinentes déclinées dans ses différentes interventions qui permettent de structurer l'UA n'en restent pas uniquement aux actions ainsi examinées. Le temps passant, rien n'étant concrètement fait pour l'Union voulue, le Sénégal a adopté une stratégie médiane en vue de sa réalisation.

    C - La construction de l'Union médiane: contourner « le statu quo » minimaliste

    Dans leurs relations, certains acteurs de la construction de l'UA perçoivent d'autres comme des partisans du « statu quo »299(*). Or, de par la position que ces derniers occupent sur la scène continentale, on se serait attendu qu'ils adoptent une certaine attitude. C'est en filigrane la perception que le Sénégal et la Libye peuvent avoir de l'Afrique du Sud ou du Nigeria qui, du haut de leur place en Afrique, auraient pu être les moteurs d'une Union plus forte, défendant des positions multilatérales quasiment identiques sur le continent. C'est le cas pour des domaines où on sait pertinemment qu'on ne peut négocier bilatéralement avec les autres, plus puissants, sans perdre des plumes. Face au dilatoire de certains Etats de ce processus de construction, le Sénégal a proposé à d'autres Etats « plus déterminés que les autres » de procéder par un passage en force en adoptant une stratégie propre. C'est ainsi que dans l'impossibilité d'embarquer tous les 53300(*) pays du continent, il a opté pour une solution intermédiaire301(*). Celle-ci consiste à avancer par étape avec un noyau d'Etats prêts à franchir le Rubicon comme cela s'est fait en Europe, où l'on a commencé par la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) et plus tard avec l'euro et l'espace Schengen, ou aux Etats-Unis d'Amérique où il a fallu 183 ans pour que soit constituée la forme fédérale que nous connaissons actuellement.

    Justifiant son option, le Sénégal, par la voix de Président WADE déclare et ce contrairement à ce que pensent d'autres Etats que: « nous ne sommes pas pressés par tempérament mais par le temps. C'est aujourd'hui qu'il faut agir pour réaliser le rêve des précurseurs du panafricanisme car, demain sera trop tard »302(*). Son discours semble avoir suscité un écho favorable auprès d'un certain nombre de pays africains. Lors du Symposium de Dakar par exemple, le ministre des Affaires étrangère du Sénégal, Cheikh TIDIANE GADIO, a révélé que vingt pays sont prêts pour constituer les Etats-Unis d'Afrique. Ce en dépit des divergences notées sur la mise en place de l'exécutif continental. Dans cette même veine, le Président WADE annonçait lors du forum sur la Renaissance africaine à Dakar que 22 Etats étaient « déjà prêts »303(*) pour les Etats-Unis d'Afrique. Déjà, à la 12ème conférence de l'Union, le chef de la diplomatie sénégalaise avait présenté une carte de cette fédération pour l'essentiel encore virtuelle304(*). Il reste donc que toutes ces déclarations d'intention passent effectivement de purs discours aux actes concrets, donc pratiques.

    PARAGRAPHE II : LA CONSTRUCTION SYMBOLICO-PRATIQUE

    Dans le but de construire une identité africaine, un autre fondement de l'Union en formation, le Sénégal va au-delà des propositions organiques, normatives et du discours pour intégrer les symboles(A), voire des activités ludiques à consonance culturelle à l'instar des festivals(B). Pour assurer la pérennité du continent, il participe également à la construction d'une muraille verte(C).

    A- La concrétisation du discours de la renaissance africaine

    Selon un principe de l'interactionnisme symbolique, « les acteurs agissent envers les objets sur la base de la signification que ces objets ont pour eux »305(*). Le monument de la renaissance africaine et bien d'autres objets en construction par le Sénégal sont à cet égard des symboles remplis de sens. Plus de deux décennies auparavant, le Président WADE faisait un rêve : « si j'étais un sculpteur, je mettrais en place trois personnages les bras ouverts dans un élan d'étreinte. Deux sur une marche supérieure, l'Europe et les Etats-Unis, sont les plus rapprochés. Le troisième, l'Afrique, un peu plus éloigné aux formes saillantes de pureté et de force, tend aussi les mains... »306(*). Ce rêve est donc devenu réalité. Installé à Ouakam, sur l'une des Mamelles de la colline qui surplombe Dakar, le monument de la renaissance africaine est une statue de bronze matérialisant la renaissance africaine après cinq siècles d'esclavagisme et deux siècles de colonisation. Erigée au sommet d'un escalier de 198 marches, la statue se visite de l'intérieur. Avec son imposante taille culminant à 150 mètres, elle est la plus haute statue au monde détrônant la statue de la liberté de New York aux Etats-Unis d'Amérique, avec une durée de vie estimée à 1200 ans307(*). Auteur à 35% de l'oeuvre, 65% à l'Etat sénégalais, le Président WADE a dit rétrocéder ses futurs dividendes à la construction d'écoles pour les enfants du Sénégal et d'Afrique308(*).

    Il s'agit donc d'un monument à travers lequel les Africains devront s'identifier et consolider davantage leur Union. Car, plus remarquablement, il est entouré de 54 drapeaux africains, c'est-à-dire des 52 pays membres de l'UA plus celui du Maroc et de l'UA. Symbole de l'Afrique libre, il représente comme l'a expliqué le Président Malawite BINGU WA MUTHARIKA, alors président en exercice de l'UA,  « un appel lancé aux Africains à s'unir, à travailler ensemble pour le progrès social, économique et culturel du continent »309(*). Lui reconnaissant une vocation salvatrice, le Président WADE fait savoir que « cet ouvrage digne du continent montre une Afrique sortant des entrailles de la terre, quittant l'obscurantisme pour aller vers la lumière ».C'est une Afrique émergente qui va vers de nouveaux horizons, notamment à la quête d'une place honorable de son peuple dans la mondialisation à travers son développement économique, politique et culturel. Pour y parvenir, l'Orient et l'Occident semblent mieux positionnés pour l'aider, surtout sur le plan technologique. C'est ainsi qu'il convient de comprendre ces mots de Me WADE qui indique que « l'homme, la femme et leur enfant feront face au soleil, symbolisant l'ouverture du continent au reste du monde » 310(*). C'est donc une force de propulsion et d'attraction dans la grandeur, la stabilité et la pérennité de l'Afrique.

    Enfin, et non des moindres, le Sénégal s'est engagé dans un vaste chantier de réhabilitation de la culture africaine. En 2010, le Président WADE a annoncé qu'il fera construire avant 2012, à Dakar entre autres le panthéon africain, où les grands hommes d'Afrique pourraient être enterrés s'ils le désirent ; un parc culturel comprenant le musée des civilisations, le grand théâtre africain et une école d'architecture qui verront le jour avant le prochain FESMAN. L'objectif selon WADE est de magnifier les cultures et le patrimoine « matériel et immatériel »311(*) du continent. Celui que les Sénégalais appellent désormais le « maçon des statues » entend faire renaître la fierté de l'Africain et son respect à travers des symboles qui construisent son identité qui a souvent été culbutée par certains acteurs qui se plaisent à représenter les populations noires africaines comme des sauvages en manque de repères. Cette vision sénégalaise se rapproche parfaitement des « systèmes de valeurs »312(*) auxquels s'intéressent les constructivistes dans le cadre de la construction européenne313(*). C'est ce qui justifie par ailleurs l'organisation des festivals par le Sénégal, qui sont en fait le reflet du volet festif magnifiant un retour aux profondeurs des sources culturelles.

    B- Le rôle des festivals : le retour aux sources culturelles

    Certains chercheurs comme Cheikh ANTA DIOP sont allés au-delà du mythe pour mettre en évidence les fondements culturels et civilisationnels d'une Union en Afrique. Dans la même perspective, René DUMONT affirmait que « l'absence d'un substrat philosophico-religieux dans lequel tous les Africains se reconnaitraient (à l'image de l'islam pour les Arabes et du christianisme pour les occidentaux) est un obstacle de taille à la construction d'une Afrique unie »314(*). C'est ainsi qu'à la clôture de la 12ème conférence de l'Union, plusieurs résolutions furent prises parmi lesquelles l'organisation du festival mondial des arts nègres à Dakar (FESMAN III).

    En effet, c'est lors du premier congrès des écrivains artistes noirs initié par Alioune DIOP, le fondateur des éditions Présence Africaine, que pour la première fois, l'idée d'une rencontre des artistes noirs en Afrique avait été évoquée. C'est donc quarante-quatre ans après les épisodes de 1966 à Dakar et de 1977 à Lagos (Nigeria) que la troisième édition du FESMAN a eu lieu au Sénégal. Comme l'a expliqué Alioune BEYE, après les rencontres de Dakar et de Lagos, c'est suite à la décision du président Wade que l'idée du festival a été ressuscitée315(*). Du point de vue de la mobilisation, le FESMAN III a été une démonstration magistrale d'autant que 71 pays tant d'Afrique que de sa diaspora y ont participé. Parmi les disciplines au programme, figuraient l'art visuel, le théâtre, la critique d'art, le cinéma, la vidéo numérique, la danse et bien entendu des communications scientifiques et politiques.

    Sur le plan culturel, le FESMAN s'inscrit dans une dynamique de valorisation du patrimoine culturel du peuple noir et de l'affirmation de « l'africanité » dont parlait Léopold SEDAR SENGHOR. Il estimait que l'existence d'une « identité culturelle » commune à tous les peuples d'Afrique suppose une «unité culturelle plus vaste qui transcende les divergences ethniques et nationales»316(*).Transposée dans le cadre de l'intégration, ZAKI LAÏDI perçoit en cette identité la troisième condition d'émergence d'un « espace de sens ». Il s'agit selon ses mots de construire un « espace énonciatif »317(*). En inscrivant le volet culturel dans son Acte constitutif et notamment dans le Conseil Economique, Social et Culturel(ECOSSOC), les pères fondateurs de l'UA ont voulu mettre un accent particulier sur la culture afin que par des actes concrets, les Africains contribuent à la déconstruction de la rengaine dont s'est gargarisée le colon, percevant l'Afrique comme un continent sans « histoire », sans « civilisation » et « sans culture ». Il y a donc lieu d'entretenir un discours identitaire plus ou moins formalisé et plus ou moins intériorisé. Se fondant sur le passé précolonial, le président Wade convainc d'ailleurs qu'« il y a bien plus de valeurs communes entre les Etats africains qu'entre les pays qui composent l'Union Européenne ou entre les multiples ethnies qui forment la mosaïque des Etats-Unis d'Amérique »318(*). Raison de plus de construire l'UA sur cette base.

    Aussi, partant du postulat selon lequel les peuples africains ont tous un même objectif à savoir, vaincre le sous développement matériel en accédant au progrès scientifique, et consolider leur union dans certains domaines, les rencontres festives comme le FESMAN se muent en des lieux d'expression et de création des normes communes. Cette « intersubjectivité » 319(*) attire l'attention au-delà des organisations internationales, sur un contexte plus large à savoir les normes, les règles, les cultures et les idées320(*). Ces facteurs idéaux, loin de se confiner à des croyances et valeurs individuelles sont par essence des modes de comportements partagés. C'est ce que montre A. WENDT lorsqu'il affirme que les « institutions » et les « structures » sont fondamentalement des constructions sociales comportant à la fois des « discours et des organisations formelles »321(*). Ainsi, lorsqu'à l'occasion de ce festival, Théophile OBENGA affirme que « l'Afrique est une fiction juridique », « qu'elle n'existe pas dans les négociations internationales », il entend amener les Africains à déterminer leurs choix politiques et économiques face aux autres. Audie KLOTZ et Cecelia LYNCH expriment bien cette idée par le fait qu'à partir du moment où « on accorde aux acteurs sociaux le vrai pouvoir d'entretenir et de transformer leur monde, on doit aussi les tenir pour responsables de leur conception du « bien » et de leurs actions en vue d'obtenir ce qu'ils pensent possible et désirable dans la vie internationale »322(*). Ce cadre permettant de créer un véritable discours africain sur ce qui est « bien » pour le monde noir, il convient d'affirmer qu'au-delà de l'aspect purement ludique et festif qu'on lui reconnaîtrait prosaïquement, le FESMAN constitue avant tout une véritable vitrine de défense des intérêts du continent en général et singulièrement ceux de l'UA.

    En participant à la construction de la muraille verte, le Sénégal contribue par ce fait même à assurer la survie du continent africain.

    C- La construction de la muraille verte : relever le défi environnemental

    La désertification constitue inexorablement un nouveau cancer qui colonise aussi le continent africain. Ce péril qui s'attaque à l'Afrique est une source d'aggravation de nombreux maux comme la pauvreté, l'insécurité alimentaire, les flux migratoires et les pertes en vies humaines tel qu'on l'observe dans la Corne de l'Afrique depuis le début de l'année 2011. Pour combattre ce danger qui chasse progressivement les pauvres africains de leurs terres fertiles, le Président OLUSEGUN OBASSANJO proposa un projet de reboisement de l'Afrique lors du 7ème sommet des Etats de la Cen-Sad, organisé à Ouagadougou du 1er au 2 juin 2005. L'idée sera ensuite reprise par le Président Abdoulaye WADE qui lui donnera le nom de « Grande Muraille Verte » (GMV) ou Great Green Wall en anglais. Du coup, il sera nommé comme le coordinateur de la mise en oeuvre dudit projet. Toutefois, c'est lors de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA des 29 et 30 janvier 2007 que l'initiative de «Grande Muraille Verte du Sahara» sera adoptée comme un projet panafricain de développement.

    En clair, les objectifs323(*) de la GMV sont : la contribution à la lutte contre l'avancée du désert ; la mise en valeur intégrée des zones dégradées du sahel en vue d'une gestion durable des ressources naturelles et la lutte contre la pauvreté, en visant de façon plus spécifique la conservation/valorisation de la biodiversité; la restauration/conservation des sols; la diversification des systèmes d'exploitation; la satisfaction des besoins domestiques (produits ligneux et non ligneux), l'accroissement des revenus grâce à de nouvelles activités et l'installation d'infrastructures sociales de base; l'amélioration des capacités de séquestration du carbone dans le couvert végétal et les sols et enfin l'inversion des flux migratoires vers les zones restaurées.

    Estimé à 415 millions d'euros, l'initiative de GMV tend à constituer une ceinture de végétation large de 15 km reliant Dakar à Djibouti sur une distance de 7000 km. La bande se situe dans la zone sahélienne à l'isohyète comprise entre 100 et 400mm. Les 11 pays traversés sont entre autres Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Ethiopie, Erythrée et Djibouti. Cet ambitieux projet de construction d'une GMV a commencé par se concrétiser au Sénégal. Les premières plantations d'arbres ont été faites dans le Ferlo (Nord-est du Sénégal) en 2008 et dans la localité de Widou Thiengholy (région de Louga), à 370 kilomètres au Sud de Dakar. Dans ce pays, les plantes cultivées sont autant des arbres ordinaires que des cultures maraîchères destinées à la nutrition et au commerce.

    Comme l'a expliqué le Président WADE, l'objectif global « est de s'opposer à l'avancée du désert et plus tard de s'attaquer au désert lui-même »324(*). Dans cette perspective, le Sénégal qui est mieux avancé dans l'implémentation de cette politique environnementale a « aidé le Burkina Faso à la réaliser en lui procurant des plantes adéquates à ses conditions climatiques à un prix exceptionnellement bas »325(*)

    Outre le reboisement, ce projet a aussi pour objectif d'aménager des bassins de rétention d'eau dans les zones sahéliennes afin d'améliorer la production agricole. Car, tel qu'on le constate de plus en plus, le Lac tchad, jadis l'une des réserves en eau les plus importantes en Afrique a vu sa superficie diminuer, allant de 25000 km à environ 2500 km aujourd'hui. Agir rapidement pour le sauver serait une manière de donner aux 30 millions d'Africains qui le partagent les moyens de leur propre développement.

    Projet novateur et d'un enjeu salvateur, la construction de la GMV vise à faire la guerre contre un ennemi commun qui risque à long terme non seulement de séquestrer la couche atmosphérique, mais de dévaster une Afrique pourtant destinée aux générations futures. A cet effet, l'UA devra penser une stratégie multilatérale afin d'aider un pays vaste comme le Mali et la Corne de l'Afrique qui n'auraient pas la capacité de s'offrir des plants appropriés. Car, le scénario préférable serait de traiter les causes du péril désertique que de s'occuper à guérir ses conséquences généralement irréversibles pour les Africains. Aussi, ce projet ne concerne que les pays de la Cen-Sad, d'Est en Ouest. Or, le Sud et le Nord du continent sont aussi menacés par la progression du désert. Il est impérieux que l'UA pense également à ces régions de l'Afrique.

    En somme, la Libye a de l'argent et le Sénégal des idées. Ces deux éléments peuvent permettre d'ériger une UA forte. Mais, à condition que d'autres acteurs étatiques et la société civile s'impliquent aussi obstinément dans cette dynamique. Il est donc incontestable qu'en oeuvrant pour la construction de l'UA, les actions du Sénégal et de la Libye ne sont pas moins exemptes d'enjeux qui engendrent parfois des contraintes de diverses natures.

    SECONDE PARTIE:

    LA LIBYE ET LE SENEGAL: DEUX ACTEURS AUX ACTIONS MOTIVEES PAR DE MULTIPLES ENJEUX MAIS SOUVENT ENTRAVEES PAR DIVERSES CONTRAINTES

    Dans une situation organisationnelle, chaque acteur dans le jeu est libre mais veut avancer ses intérêts, gagner, satisfaire ses objectifs, défendre ses ressources. Tel est le cas du Sénégal et de la Libye qui, en construisant l'UA comme nous venons de le voir, construisent en même temps leurs enjeux (chapitre I). Comme nous allons également le démontrer, la construction de l'UA au sens sénégalais et libyen du terme connaît temporairement des obstacles susceptibles de nuire à l'émergence d'une communauté régionalement viable. C'est ce que nous étudierons sous le vocable de contraintes entravant les actions du Sénégal et de la Libye (chapitre II).

    CHAPITRE III: LES ENJEUX DU SENEGAL ET DE LA LIBYE

    Selon Frédéric CHARILLON, la politique étrangère régionalisée apparaît d'abord comme l'instrument de « stratégies individuelles », c'est-à-dire comme l'instrument de politiques nationales326(*). Partant du cas de l'UE, il présente des intérêts générés par cette institution, lesquels peuvent également être décelés au sein de l'UA au cours de son processus de construction. Ce sont les intérêts des « petits » pays et des « grands » pays. Dans le cadre de cette étude, le Sénégal a été identifié comme un « petit » pays et la Libye un « grand » pays. Dès lors, les acteurs dont les enjeux sont construits par l'UA sont autant les Etats que les individus. Nous analyserons d'une part les identités et les intérêts de la Libye et du Sénégal, (section I) et d'autre part ceux de leurs porte-paroles (section II).

    SECTION I- LA CONSTRUCTION DES IDENTITES ET DES INTERETS DES ETATS

    Alexander WENDT affirme que « les intérêts des Etats dépendent non pas de la configuration objective des rapports de force matériels, mais des identités des Etats, c'est-à-dire des représentations que les Etats se font d'eux-mêmes et d'autrui du système international, et de leur propre place ainsi que celle des autres au sein de ce système international . Les identités se réfèrent à ce que les acteurs sont [...] Les intérêts se réfèrent à ce que les acteurs veulent [...]. Les intérêts présupposent les identités parce qu'un acteur ne peut savoir ce qu'il veut avant de savoir ce qu'il est »327(*). Ainsi, la Libye et le Sénégal se produisent socialement tant sur le plan africain qu'international. L'UA constitue à cet effet une organisation internationale au sein de laquelle ils construisent leurs identités, (paragraphe I) qui sont le fondement de leurs intérêts (paragraphe II).

    PARAGRAPHE I- LA CONSTRUCTION DES IDENTITES

    Alexander WENDT distingue quatre types d'identités à l'origine de la constitution des intérêts nationaux328(*). Car, « il y a bien dans la régionalisation de la politique étrangère, l'idée d'une redéfinition progressive du Nous et de l'Autre »329(*). Les identités dont parle A. WENDT sont elles-mêmes de nature non pas subjective, mais intersubjective330(*). Non seulement elles sont construites par l'idée qu'un Etat se fait de lui, mais elles dépendent aussi des idées que les autres Etats se font de lui. A cet effet, les identités du Sénégal et de la Libye sont construites au sein de l'UA qu'ils considèrent comme un vecteur de leur vitalité et de leur grandeur au regard des fonctions qu'ils y assument. Si la Libye y est perçue comme une puissance hégémonico-diplomatique (A), le Sénégal y joue le rôle de puissance pédagogique (B).

    A- La constitution d'une puissance hégémonico-diplomatique par la Libye

    Les « puissances moyennes »331(*), ont été les grandes bénéficiaires de la première vague d'intégration régionale. Elles ont en effet pu se transformer en puissances régionales et retrouver à cette échelle une posture hégémonique qu'elles estimaient définitivement perdue332(*). A l'échelle africaine par exemple, les actions menées par la Libye au sein de l'UA ont contribué en retour à la valoriser en lui conférant la double fonction de puissance hégémonique, (1) et diplomatique (2).

    1- La constitution d'une puissance hégémonique

    Plusieurs variables peuvent permettre de conférer à l'Etat libyen le statut d'hégémon au sein de l'UA. En fait, son implication comme pilier dans les activités de l'Union lui a permis d'acquérir la légitimité internationale et de renforcer sa place au sein de cette organisation(a). En jouant un rôle décisif en vue de la bâtir, la Libye a construit son prestige auprès des autres Etats(b). De plus, en y contribuant à construire l'identité collective de certains Etats, elle a davantage renforcé son hégémonie (c).

    a- L'acquisition de la légitimité internationale et le renforcement de sa place au sein de l'UA

    Frédéric CHARILLON affirme que la politique étrangère régionalisée présente plusieurs avantages pour les diplomaties des « grands » pays. Les exemples étudiés dans le cadre de l'UE, sont à bien des égards repérables dans le cas de la Libye, identifiée comme un « grand » pays au sein de l'UA.

    D'abord, CHARILLON démontre que la régionalisation de la politique étrangère joue la double fonction de légitimation/normalisation, après une période relative d'exclusion du concert diplomatique333(*). Le cas de la Libye, explique parfaitement un tel fait. En 1998, Ouedraogo ABLASSE, ministre des Affaires étrangères burkinais révélait à la veille du 34ème sommet de l'OUA qu'à « Ouagadougou, des décisions seront prises pour proposer une démarche permettant de lever un embargo qui n'a que trop duré(...).Il n'y a pas de raison que l'OUA ne le fasse pas»334(*). Après la réinsertion de la Libye par l'OUA dans le concert diplomatique africain, elle s'est impliquée comme chef de file dans la construction de l'UA. Ce qui lui permit de retrouver le circuit du Concert des Nations, duquel elle avait été exclue335(*). C'est ce qu'illustre parfaitement l'une des hypothèses de la théorie constructiviste posée par Nicholas ONUF selon laquelle « les structures et les agents se constituent, dans le sens où les structures, bien que façonnant les intérêts et les identités des acteurs, ne sont pas pour autant des objets réifiés existant indépendamment des acteurs et s'imposant à eux, comme chez WALTZ et WALLERSTEIN, mais peuvent au contraire être changés par ces derniers, étant donné qu'elles sont aussi issues des pratiques et discours des agents » 336(*) . En somme, dans la foulée de la suspension de l'embargo en 1999, puis de la suppression définitive du nom de la Libye comme sponsor du terrorisme international, en 2005, elle a incontestablement réussi sa réinsertion dans le Concert des Nations.

    Ensuite, les « grands » pays peuvent procéder à l'institutionnalisation de leur domination lorsqu'une régionalisation de la politique étrangère et plus largement lorsque les traités d'un processus d'intégration régionale, viennent entériner leur domination de fait337(*). Cette domination a été perçue à plusieurs reprises au sein de l'UA. A maintes occasions, la Libye a pesé sur les débats et s'en est parfois tirée avec des résultats déterminants pour la structure. Lors de la 13ème conférence de l'Union, à Syrte, entre le 28 et le 29 juin 2009, le Guide libyen s'invite au Conseil Exécutif regroupant ordinairement et exclusivement les ministres des Affaires étrangères où il essaie d'imposer à ses hôtes plusieurs abandons de souveraineté dans les domaines de défense et des affaires étrangères, et décide unilatéralement de l'adoption d'un document338(*) portant sur les propositions qu'il a émises.

    Le document que soumettra la délégation libyenne un jour après à la conférence des chefs d'Etat provoquera des débats houleux339(*). Suite aux querelles institutionnelles, les ministres des Affaires étrangères seront réunis d' « urgence » les 02 et 03 juillet dans le but de fusionner les deux propositions libyennes. Des accords seront nuitamment trouvés par les chefs d'Etat, après de longues discussions340(*). Relevons que l'hégémon libyen s'était imposé, d'autant que les questions normalement inscrites à l'ordre du jour et portant sur la résolution des crises ont été reléguées au second rang341(*). En jouant un rôle important pour la construction de l'Union, la Libye a contribué à sa valorisation par les Etats.

    b- La construction de l'identité de rôle : sa valorisation par les autres Etats

    L'identité de rôle (role identity) renvoie aux propriétés qui caractérisent les relations d'un Etat avec les autres. Un Etat peut ainsi, aux yeux d'un autre avoir le rôle d'un Etat ami, rival ou ennemi, de puissance hégémonique ou insatisfaite, etc.342(*). Le rôle joué par la Libye pour la construction de l'Union a participé à sa valorisation par les Etats de cette organisation. Parlant de sa genèse, ces derniers affirment que « c'est Kadhafi qui nous a inspirés ». Dans un article rédigé par le Pésident WADE, il l'a réitéré par ces mots : « le mérite revient en grande partie au Guide libyen Mouammar EL Kadhafi, qui au 4ème sommet extraordinaire de l'OUA en 1999 à Syrte proposa la création de l'Union Africaine ».

    En plus, sa précieuse participation tant par le financement que par la proposition des projets structurants à l'Union, l'a davantage valorisée aux yeux des autres. Pour le Président WADE encore, le leader libyen est « constructeur, bâtisseur, combattant et unificateur ». Sans la Libye, soutient-il, « l'Union Africaine(...) dont on parle n'aurait jamais vu le jour »343(*). Ces actions ont permis à la Libye d'accroître ses « amis » et son hégémonie, surtout lorsqu'elle a procuré les moyens à certains Etats de se valoriser sur la scène internationale africaine.

    c- L'accroissement de son hégémonie à travers la construction de l'identité collective des Etats

    L'identité collective (collective identity) a trait à l'identification qui existe entre deux ou plusieurs Etats, lorsque ego ne considère plus alter comme autrui, mais comme une part de lui-même, et à l'égard de qui il se comporte non plus de façon égoïste mais altruiste344(*). A cet égard, Frédéric CHARILLON poursuit que l'intérêt de la régionalisation repose aussi sur la « dilution » dans l'origine floue d'une politique étrangère commune, de certaines prises de position que l'on partage avec ses voisins, mais que l'on hésite à assumer seul et clairement vis-à-vis d'autres puissances ou d'autres régions du monde345(*). Ainsi, la Libye a participé diversement à la construction de l'identité collective de certains Etats de l'UA. Ses actions ont en même temps accru son hégémonie au sein de cette organisation.

    D'abord, la Libye est l'un des Etats qui a ouvertement critiqué la Cour Pénale Internationale, (CPI) en dénonçant le mandat d'arrêt lancé contre le Président soudanais ; poursuivi pour crime contre l'humanité au Darfour. De peur de se heurter à l'Occident, Tripoli avait trouvé confortable de passer ses critiques via l'UA. A la 13ème conférence de Syrte, KADHAFI soutenait que ce mandat d'arrêt international constituait «un grave précédent contre l'indépendance des petits Etats, leur souveraineté et leurs choix politiques »346(*). Cela a permis le maintien du Soudan et de son chef d'Etat dans l'organisation.

    Ensuite, n'eût été la bonté de la Libye, certains pays n'auraient pas connu de visibilité internationale au moment du lancement de l'UA. En apurant leur passif, elle leur a permis de concourir pour des postes347(*) et d'assister aux débats.

    Enfin, agir dans un cadre commun offre naturellement un levier considérable, si l'on peut garder la même politique étrangère mais lui donner un label collectif qui lui assurera plus de poids, plus de visibilité, de crédibilité et des moyens financiers348(*). La Libye s'est efforcée de rester l'une des inspiratrices principales de la politique de l'Union à destination du continent. La EAC349(*), aux côtés de l'UA, a pu intervenir avec succès à la Grande Comores pour « sauver » la démocratie en évinçant le colonel BAKAR du pouvoir, avec le soutien logistique de la Libye, alors que l'Afrique du Sud s'était opposée à cette intervention350(*). De cette manière, la Libye a construit son hégémonie au sein de l'organisation. Et, comme le précisent les constructivistes, « identité et sens de l'altérité vont de pair »351(*). Aussi, la Libye s'est-elle progressivement affichée, comme un acteur de paix au sein de l'UA.

    2- La constitution d'une puissance diplomatique

    Profitant de la confiance à elle accordée, la Libye va décider de tourner la page de l'époque des révolutions et des luttes de libération sur le continent352(*). Elle a semblé plus se poser en pays de paix et de développement. En témoignent les propos de son Guide qui déclarait qu'« à l'époque des libérations nationales, j'ai lutté aux côtés de l'Angola, du Zimbabwe, de l'Afrique du Sud, de la Namibie, de la Guinée-Bissau, du Cap Vert, de l'Algérie et de la Palestine... Mais aujourd'hui, on peut jeter le fusil pour mettre en oeuvre la paix, le développement. Tel est mon rôle. La guerre, poursuit-il, a fait son temps. Est-ce que l'Afrique du Sud ou la Namibie viennent me demander des armes ? Avant oui. Mais maintenant, ces pays sont en quête de coopération économique, culturelle, technique, agricole, industrielle »353(*). Ce discours sur la paix et le développement a revitalisé la diplomatie libyenne et produit un écho favorable auprès de nombreux Etats africains qui ont participé à tous les sommets organisés par la Libye.

    Aussi, la régionalisation de la politique étrangère repose selon les fonctionnalistes sur des « besoins naturels comme la sécurité et la paix »354(*). La Libye, père fondateur de l'UA, pense les relations entre Etats en termes de paix. Au sommet de syrte de 2009, elle avait insisté et obtenu l'inscription de la résolution du conflit soudano-tchadien à l'ordre du jour. De même, suite à la crise politique qui avait frappé la Mauritanie en 2008, la Libye tenta d'offrir ses « bons offices » pour la résoudre.

    Au total, dans les institutions multilatérales, les « grandes puissances » peuvent construire leurs identités, mais aussi imposer leur « patriarcat »355(*) en établissant un régime multilatéral, notamment par la structuration de l'organisation sur une voie précise. La régionalisation de la politique étrangère permettrait d'adopter des positions convergentes, de construire, selon les mots de Karl DEUTSCH, une « communauté de sécurité »356(*). Ce qui limiterait l'extraversion de la défense du continent. Contrairement à la Libye, le Sénégal assume la fonction de pédagogue à l'UA.

    B- La constitution d'une puissance pédagogique par le Sénégal

    Pédagogue de l'Union, le Sénégal valorise son identité de type(1), d'où la construction de sa grandeur internationale à travers l'UA (2).

    1- La valorisation de l'identité de type

    L'identité de type (type identity) renvoie aux éléments qui, au-delà des éléments corporatifs sont relatifs au régime politique d'un pays, à son système économique, etc.357(*).

    Au sein de l'UA, le Sénégal défend les idéaux du libéralisme tant sur les plans économique que politique. En proposant par exemple les APD aux pays membres, il se positionne comme l'Etat qui leur indique le type de coopération économique dans laquelle ils devraient s'engager. Le Président Wade instruisait à cet effet qu'on ne peut pas « libéraliser au point de détruire nos industries naissantes ». Si on ouvre les frontières, « toutes nos industries vont disparaître parce qu'elles ne sont pas compétitives »358(*). En suggérant la « protection de certains produits »359(*), il fait de son pays une puissance pédagogique au sein de l'UA et en Afrique. De même, on peut analyser son discours sur la « renaissance » comme un discours visant à proposer les choix politiques et culturels au continent tout entier. S'étant révélé théorique et pratique, ce discours est devenu le noyau dur de la politique étrangère du Sénégal qui en a fait un adjuvant de son intervention tant en Afrique que sur la scène internationale. Il se situe donc comme l'Etat lumière au sein de cette organisation.

    Enfin, ce pays a profité d'une image positive, de son modèle démocratique360(*) reconnu pour diffuser ses idées sur le développement économique de l'UA. Ses multiples interventions dans les grandes institutions multilatérales qui décident de l'avenir du monde ont participé à la construction de sa grandeur sur la scène internationale.

    2- La construction de sa grandeur internationale

    Revenant sur le paradigme de CHARILLON, la régionalisation d'une politique étrangère entraîne des avantages pour les « petits» pays. Elle leur donne une visibilité qu'ils n'obtiendraient pas seuls361(*). La concertation, lorsqu'elle est institutionnalisée, donne la parole à des Etats que l'on écouterait peu autrement362(*). Par le biais de l'UA, le Sénégal assure son rayonnement sur la scène internationale. A plusieurs reprises, il s'est rendu aux sommets des huit pays les plus industrialisés du monde (G8), et à ceux du G20, dans l'optique de défendre les politiques économiques et infrastructurelles de l'UA. C'est ce qu'exprime ces mots de son leader qui écrit : « chaque fois que l'occasion m'a été donnée de me retrouver en présence d'un dirigeant du G8, je n'ai pas manqué de parler d'aide, de réclamer la justice, en dénonçant la violation permanente des règles du jeu commercial par les pays développés eux-mêmes à notre grand détriment »363(*). Ainsi, le Sénégal s'est ouvert au système international à travers une « diplomatie de marketing appliquée par les promoteurs du NEPAD doublée au soft-lobbying »364(*).

    Une politique régionalisée permet également aux « petits» pays  d'éviter la domination des hégémons locaux ou de sortir d'un tête-à-tête que l'histoire avait rendu difficile365(*). Dans l'UA, le Sénégal n'est plus seul face à l'Afrique du sud ou la Libye; ni l'Ouganda et la Tanzanie seuls face au Nigeria. Récemment, le Sénégal a courageusement défié la Libye en intimant l'ordre à son leader de respecter les droits de l'Homme. Mieux, d' «arrêter les dégâts, les massacres et  les tueries »366(*). Les identités ainsi construites sont au fondement d'un intérêt bien précis, la valorisation collective de soi que A. WENDT considère comme le quatrième type d'intérêt national367(*).

    PARAGRAPHE II : LA CONSTRUCTION DES INTERETS

    Les enjeux latents des acteurs sont leurs objectifs réels368(*). Alexander WENDT démontre à cet effet que le comportement d'un Etat sur la scène internationale est guidé par les intérêts nationaux369(*). L'UA est alors une organisation qui permet à Tripoli de réaliser ses intérêts en Afrique(A), alors qu'en y agissant, le Sénégal vise non seulement à construire ses intérêts en Afrique, mais aussi sur la scène internationale à travers son discours de la renaissance africaine (B).

    A- La construction des intérêts de la Libye

    Le constructivisme s'interroge à la fois sur la nature de l'Etat et sur l'une des clefs de voûte de l'analyse traditionnelle de celle-ci : le concept d'intérêt national, qui selon Alexander WENDT, doit être compris comme une construction sociale370(*). Il distingue quatre types d'intérêts poursuivis par les Etats sur la scène internationale. Ce sont la survie physique, l'autonomie, le bien être économique, la valorisation collective de soi371(*). L'orientation de la politique libyenne vers la construction d'une organisation continentale en Afrique peut s'analyser comme une quête de son autonomie alimentaire et économique(1), puis de sa survie physique(2).

    1- La quête de l'autonomie alimentaire et économique

    Le discours libyen pour l'UA rime aussi avec Libye d'abord. Faut-il le préciser, c'est l'instinct de survie qui, en partie, conditionne l'orientation de la politique libyenne sous les tropiques. Car, en dépit de sa très grande superficie, la Libye est un territoire aride. Sur sa bande littorale, longue d'environ 2000 km, vivent 94% des Libyens. Incontestablement, cette configuration bio-climatique et topographique austère et étouffante pousse Tripoli à se tourner vers le sud du continent, espérant y retrouver des palliatifs terriens372(*)dans l'objectif d'assurer son autonomie alimentaire et économique.

    Sur le plan alimentaire, l'Afrique sub-saharienne est d'un intérêt vital pour la Libye. En 2009 par exemple, KADHAFI s'était rendu dans quatre pays373(*) sub-sahariens en vue de mobiliser ses pairs et les peuples de ces pays pour le « gouvernement panafricain ». Au cours de son arrêt à Freetown (sierra Léone), où il a offert du matériel agricole, et des vivres (tracteurs, autocars, sacs de riz...) aux populations, les chefs traditionnels lui ont offert un « terrain agricole »374(*) en retour.

    Le choix de ce don regorge de significations insondables. En réalité, rien ne motiverait le Guide libyen à le recevoir si ce n'est d'y faire développer l'agriculture afin d'assurer la subsistance du peuple libyen. Car, outre l'espace terrien agricole qui manque dans ce pays, l'eau et les pluies sont crucialement rares375(*). On peut donc saisir les enjeux de KADHAFI qui voulait faire de « l'autonomie alimentaire » l'une de ses priorités au sein de la Cen-Sad. Surtout que l'intérêt porté par le gouvernement libyen à investir sur l'agriculture en Afrique part du postulat qu'«  il n'y a pas de liberté pour un pays qui se nourrit hors de ses frontières »376(*). Or, dans l'imaginaire libyen, les Etats d'Afrique ne peuvent être détachés de son « espace » parce qu'ils sont d'un « intérêt vital »377(*).

    Economiquement parlant, il convient de considérer les importants placements des fonds libyens en Afrique sub-saharienne comme une détermination visant à occuper économiquement et stratégiquement le continent dont la population ne cesse de grandir, dans la perspective de réaliser des gains fructueux378(*). En effet, l'économie libyenne dépend trop de l'extraction des produits pétroliers et gaziers. C'est pourquoi elle essaie de la diversifier. Ainsi, comme tous les fonds d'investissement, dignes de ce nom, « le LAP est obligé d'assurer un retour sur investissement » 379(*)Son « seul critère, c'est la ``rentabilité''. Et depuis 2006, si la Libye intervient pour aider les pays à se développer, elle le fait dans les secteurs les plus rentables et pour contrecarrer les actions des pays comme la Chine »380(*). Il paraît donc improbable que le nouveau gouvernement libyen prenne le risque de rompre tous ces liens vitaux tissés avec les Etats de l'UA. Car, autant ils sont avantageux pour ses populations, autant ils le sont aussi pour la reconstruction d'une Libye qui a subi une intervention militaire improvisée, et dont elle paiera seule le prix. Pourtant, la « Grande Jamahiriya » du colonel KADHAFI entendait surtout assurer sa survie militairement parlant.

    1- La survie physique

    En oeuvrant pour un « conseil de défense » en Afrique, l'enjeu pour la Libye était avant tout de dissuader toute nouvelle excursion militaire externe sur son territoire. A vraie dire, le colonel KADHAFI avait très mal digéré les bombardements de l'aviation militaire américaine qui avaient rasé son palais et tué sa fille adoptive en 1986. Il était donc à la recherche constante d'un contrepoids militaire face aux menaces ennemies perçues à l'extérieur (l'Occident) et autour de ses frontières(Israël). Lors du FESMAN de Dakar, le 14 décembre 2010, le colonel KADHAFI avait exprimé cette anxiété lors de son discours au pied du monument de la renaissance africaine. Il lança ceci : « à bas l'impérialisme! Il faut que l'Afrique ait une seule armée (...) qui se composerait d'un million de soldats (...). La Libye n'est même pas capable de protéger ses eaux territoriales toute seule »381(*). A l'instar de la Libye, le Sénégal poursuit aussi ses intérêts à l'UA.

    B- La construction des intérêts du Sénégal

    Les intérêts du Sénégal sont construits tant au sein de l'UA, (1) que par l'usage du discours de la renaissance africaine sur la scène internationale(2).

    1- La construction de ses intérêts au sein de l'UA

    Dans le débat concernant la relation entre structure et agent et entre système et acteur, les holistes pensent qu'« un agent n'existe pas indépendamment de la structure dans laquelle il agit, car celle-ci a à la fois un effet causal et constitutif sur lui : non  seulement son comportement est affecté par cette structure, mais aussi et surtout ses intérêts et son identité sont construits par cette structure »382(*). L'UA apparaît ainsi comme une structure internationale au sein de laquelle le « petit pays » qu'est le Sénégal poursuit ses intérêts nationaux. Car, une politique étrangère régionalisée lui permettrait de sortir de son étroitesse économique.

    En effet, comparé à nombre de pays du continent africain, le Sénégal est assez pauvre en ressources naturelles383(*). Ses principales recettes d'exploitation proviennent de la pêche et du tourisme384(*). Il espère que la construction d'une entité comme l'UA l'amènerait à retrouver sa position d'antan en Afrique occidentale385(*). Comme dans l'UE où il existe un mécanisme de solidarité économique pour ses membres les plus démunis386(*), le Sénégal réduirait sa dépendance économique vis-à-vis de l'extérieur à travers le parrainage des « plus grands ». Car, il « est l'un des pays les plus aidés au monde, grâce aux donateurs étrangers »387(*). Surtout, le président Wade entend, à travers cette construction, sortir de la spirale de l'endettement qui fait vivoter l'économie de son pays. Il s'explique : « j'aurais  pu me passer de la dette s'il y avait les Etats-Unis d'Afrique »388(*) car, « les mieux lotis devraient servir les plus économiquement faibles »389(*).

    De par sa participation à la naissance du NEPAD, le Sénégal avait, seul, reçu quatre priorités des dix que compte ce projet de développement390(*). Selon la feuille de route tracée par l'UA, il devait construire le chemin de fer reliant Dakar à Djibouti, puis Djibouti à Libreville. A la lumière des réalités, cela s'est rendu impossible. Néanmoins, comme l'a déclaré le Président WADE en 2010, «  je ne pourrai pas tout réaliser, mais je commencerai par le Dakar-Bamako avant de quitter le pouvoir... »391(*). Son discours de la renaissance africaine lui permet de constituer ses intérêts sur la scène internationale.

    2- La construction de ses intérêts sur la scène internationale à travers le discours de la renaissance africaine

    En parlant au nom de l'UA, notamment par l'usage du discours de la renaissance africaine, le Sénégal entend occuper une position de leadership en Afrique afin de réclamer ses intérêts sur la scène internationale. Pour y parvenir, il mobilise diverses références de ce discours.

    D'abord, ce discours renferme un des principes chers à la charte de l'ONU tel la paix. En oeuvrant pour celle-ci en Afrique, le Sénégal adopte une posture morale découlant de la vision kantienne, dont l'objectif est de « sauvegarder la paix »392(*) perpétuelle. C'est pourquoi, voulant valoriser ses fonctions internationales en 2005, le Sénégal avait déclaré sa candidature pour l'obtention d'un siège au conseil de sécurité de l'ONU afin de « porter la voix de l'Afrique »393(*). Dakar motivait sa candidature par la stabilité politique du pays, son modèle démocratique, son armée républicaine, sa longue expérience dans le domaine du maintien de la paix : plus de trois généraux sénégalais ont commandé les forces onusiennes, sa diplomatie et son engagement en faveur des causes africaines394(*).

    De même, en introduisant dans le processus de construction de l'UA les « représentations culturelles » qui ont pris une « importance considérable dans l'analyse des relations internationales » 395(*), les autorités sénégalaises annonçaient que « l'enjeu était de positionner Dakar comme le carrefour du monde »396(*). C'est ce qu'explique la mobilisation de la diaspora lors des différentes manifestations panafricanistes. En 2010 par exemple, avant la tenue du FESMAN, le Président sénégalais s'était rendu aux Etats-Unis d'Amérique. Au cours de sa visite, il a rencontré des hommes d'affaires, des leaders politiques, les milieux économiques, artistiques et universitaires. Comme l'a expliqué Iba DER THIAM, l'objectif était de les inviter au FESMAN, mais aussi, de négocier pour le pays « une coopération prochaine, extrêmement prometteuse, dans le domaine de l'habitat social, des industries et du commerce »397(*).

    A travers l'UA, le Sénégal et la Libye construisent leurs grandeurs. A partir de la perception qu'ils ont d'eux-mêmes et que les autres Etats ont construite d'eux, ils recherchent leurs intérêts tant sur les plans régional qu'international. Par ailleurs, les porte-paroles qui sont des acteurs agissant pour le compte de leurs Etats construisent également leurs identités et leurs intérêts.

    SECTION II - LA CONSTRUCTION DES IDENTITES ET DES INTERETS DES PORTE-PAROLES

    Jacques ROJOT soutient que « le comportement humain dans une organisation est stratégique. Chacun est actif dans une direction qu'il suit vers ses propres objectifs »398(*). Autant les porte-paroles utilisent l'UA pour construire leurs identités, (paragraphe I) autant elle construit aussi leurs intérêts (paragraphe II).

    PARAGRAPHE I - LA CONSTRUCTION DES IDENTITES

    Malgré la chute du régime du colonel KADHAFI399(*), son implication en faveur de l'UA lui a permis de reconstruire son image sur le plan international (A). De même, en défendant les principes à la base de cette organisation et par l'usage du discours de la renaissance africaine, le Président WADE s'est construit une identité multidimensionnelle(B).

    A - La construction de l'image de Kadhafi sur la scène internationale

    En paraphrasant ROJOT, on peut convenir que la face est la possession la plus personnelle et valorisée de l'individu400(*). En un mot, c'est le centre de sa sécurité et de son plaisir401(*). « Sauver la face »  est à cet effet le processus par lequel l'individu tentera de donner l'impression aux autres, dans des circonstances qui pourraient conduire à une situation de face perdue, honteuse ou mauvaise, que cela n'est pas le cas402(*). Pendant longtemps, le colonel KADHAFI, forcé de rester en retrait d'un système international dont il était accusé de combattre les valeurs était en posture de « mauvaise face »403(*). Ses actions pour la construction de l'UA ont participé à la construction de sa grandeur(1). A travers l'Union où il a construit l'image d'un ``roi'' généreux (2), il a pu reconstituer son image jadis perdue en Occident (3).

    1- La construction de sa grandeur

    Au-delà du rôle croissant du colonel KADHAFI dans la construction de l'UA, qui a magnifié son image, (a) il a fait ériger de nombreux symboles à sa hauteur dans plusieurs pays membres(b).

    a- La célébration de son image lors des rencontres de l'UA

    Au moment où les chefs d'Etat se donnent rendez-vous à Lomé pour parapher l'Acte constitutif de l'UA, personne ne s'attend certainement à l'honneur dont l'image du colonel KADHAFI devait se parer. Comme en terrain conquis, son ombre dominera partout sur le 36ème sommet de l'OUA. Le jour de son ouverture, des femmes massées dans les rues brandissaient les photos de KADHAFI. Dans la capitale togolaise, deux grandes pancartes plantées et sur lesquelles étaient affichées les photos de KADHAFI avaient pris d'assaut les principales artères de Lomé. Au milieu de ces pancartes, on pouvait apercevoir une minuscule photo du feu Président GNASSIMBE E. EYADEMA. De part et d'autre sur celles-ci,

    pouvait-on lire en arabe et en français cette épitaphe : « le Guide du commandement populaire Islamique mondial »404(*).

    Le décor planté valorisait le colonel KADHAFI par la grabataire OUA et ses pairs pour son engagement à se pencher désormais à son chevet. Pour preuve, le Président Eyadema était accueillir à la frontière Togo-Ghana le panafricaniste KADHAFI qui avait fait le déplacement de Lomé par voie terrestre. Un acte magnifiant le chantre de l'UA. Comme récompense symbolique, le Président sud-africain lui avait proposé, en 2004, de prendre la présidence de l'UA pour son rôle « central et déterminant  dans la création de l'UA »405(*). Ces divers actes posés par les populations africaines et les chefs d'Etat, explique Erving GOFFMAN, témoignent du fait que la « face » n'est que « prêtée par la société » 406(*) à l'individu. Autant elle peut lui être « retirée s'il ne se conduit pas de la façon qui est digne »407(*), autant elle lui est retournée lorsqu'il « s'ajuste »408(*).

    On notera en rappel que le colonel KADHAFI a dépensé beaucoup d'argent et d'énergie pour la cause de l'Union. Sans doute une stratégie pour entretenir son image et se faire connaître. Car, à travers ses diverses entreprises sur le continent, « il a su faire beaucoup parler de lui »409(*).

    b- La personnification de l'Afrique

    Sa tendance à personnifier l'Afrique et parler en son nom et pour son compte s'est aussi illustrée par de nombreux symboles qu'il a fait ériger en son image dans plusieurs pays du continent, notamment dans les Etats de la Cen-sad. On peut citer entre autres le « complexe commercial El-Fateh » du Burkina-Faso410(*), et la tour KADHAFI à Khartoum au Soudan. Avant la déstabilisation dont il a été victime, KADHAFI envisageait construire d'ici à 2012 la « Kadhafi African Tower » de 60 étages à la pointe du cap Manuel à Dakar au Sénégal411(*).

    Evidemment, grâce à ses multiples réalisations, son image s'est davantage améliorée. Elles lui ont construit un prestige comparable à la renommée du premier président noir d'Afrique du Sud. C'est l'observation de François Soudan pour qui, avec son « approche africaine », « Kadhafi se rachète une conduite [...], endosse les habits d'un Mandela arabe, sage et médiateur »412(*). D'où la construction de l'image du « roi » généreux.

    2- La construction du « roi » généreux

    On ne s'étonnera pas qu'en se faisant introniser comme « roi des rois traditionnels d'Afrique », KADHAFI s'est construit l'image d'un grand « chef traditionnel » respecté par les Africains et craint au sein de l'UA qui a accepté ses « copains ». Cette attitude témoignerait du narcissisme et de la mégalomanie d'un colonel dont l'objectif était de se sentir valeureux et utile.

    Indubitablement, il s'est comporté comme un véritable chef traditionnel africain, soucieux de son peuple. Car, il a toujours généreusement et profusément partagé les biens dont il disposait avec les Africains. Au Cameroun par exemple, il a notoirement devancé l'Organisation Mondiale de la Santé en faisant des dons en médicaments pour tenter d'en finir avec les misères du choléra.

    Afin de réduire le phénomène de la fuite des cerveaux et la traversée de la Méditerranée par de nombreux africains, trépassant sur les barrières électrifiées de Meili lia et de Lampedusa à cause du chômage ambiant sur le continent, le « roi » KADHAFI a réalisé des investissements salutaires dans plusieurs pays de l'UA. Depuis 2008, en effet, il avait consacré 1,5% du produit national brut libyen à l'aide au développement413(*), soit au total 35 milliards de dollars en 2011. Ce qui le place étonnamment au-dessus des Européens414(*). Dans un pays comme le Mali, outre les nombreux chantiers qu'il a financés, il payait via la Libyan African Investment Compagny (Laico) les salaires des enseignants qui touchaient 350.000 FCFA par mois415(*). Des contributions riches pour la lutte contre l'analphabétisme et la misère en Afrique, au regard des aspirations du Conseil Economique, Social et Culturel de l'UA. Il est donc évident que son décès pourrait faire des  fragilisés  sur le continent. C'est le cas dans les pays de l'UA où il était un grand bailleur de fonds et surtout de l'UA même où il était un précieux donateur. Pour cette raison, certains membres ont en vain essayé de sauver sa peau en prêchant la négociation et la médiation comme solutions pour rapprocher l'homme fort de Tripoli des rebelles. Mais, comme l'a expliqué le Président sud-africain, Jacob ZUMA, « les efforts de paix de l'Union Africaine ont été sapés par l'OTAN qui a préféré le recours aux armes pour résoudre le conflit ».

    Au plus fort de son importance, l'UA est une structure qui a permis à KADHAFI d'être aimé sur le continent et même au-delà comme au Venezuela416(*). Il a pu faire naître chez de nombreux Africains le rêve de voir une Afrique « dé-vassalisée » aux couleurs yankee. Son engagement dans ce projet d'Union l'a davantage rapproché des Occidentaux qui, professionnels dans « l'art incertain de la politique » et se « prenant pour Dieu le Père » 417(*), l'avaient envoyé en enfer.

    3- La reconquête de son image en Occident par l'abandon des projets nucléaires et la stigmatisation du terrorisme

    Longtemps jeté aux orties, le colonel KADHAFI s'est lancé comme mû par une nouvelle jeunesse dans son entreprise pharaonique d'unir l'Afrique. En agissant de la sorte, il a pu retrouver le Concert des Nations grâce aux diverses concessions faites à l'Occident. En arborant la camisole de panafricaniste, « le super terroriste » que les Américains ont tenté d'éliminer physiquement en 1986, avant d'atteindre cet objectif sous la conduite de la France le 20 octobre 2011 avait su jouer la carte de séduction sur la scène internationale au point d'apparaître comme « un bon élève »418(*).

    En déclarant qu'il a « changé », il a ouvert ses portes aux firmes américaines qui ont détruit419(*) son arsenal « non conventionnel »420(*). En contrepartie, le gouvernement américain lui remettait huit avions de transport militaire C-130 achetés dans les années 1970, mais jamais livrés.

    Toujours, dans sa campagne de charme en direction de Washington, KADHAFI, panafricaniste invétéré coupe les subventions aux groupes jugés « terroristes ». Il affirmait que « ces terroristes ne savent pas distinguer le blanc du noir » et se disent « agir au nom de l'islam ».

    Aussi, à travers son adoubement comme Président en exercice de l'UA en 2009, le Guide libyen a pu retourner le cours de l'histoire en côtoyant les plus hautes instances du directoire international. Il a représenté l'UA au sommet du G8 de juillet 2009 à L'Aquila(Italie). La même année, il avait « défendu avec enthousiasme l'Afrique »421(*) au sommet du G20 à Londres et à la tribune des Nations Unies à New-York où il qualifia le Conseil de sécurité de l'ONU de « conseil de terreur » contre les faibles. Ce n'était pas d'ailleurs la première fois qu'il renouait avec les « grands » qui l'avaient honni pendant près d'un quart de siècle. En 2000, De la GORCE Paul-Marie tournait en dérision l'Occident suite à la réintégration du colonel KADHAFI dans le Concert des Nations par les mots ci-après : « dans les relations internationales, généralement assez sinistres, s'annonce enfin un évènement amusant : l'amorce d'un flirt, mais de plus en plus notoire entre les pays occidentaux et le colonel Mouammar KADHAFI. Fini le temps où celui-ci était stigmatisé comme le diable en personne, le voici consacré comme un sage, digne du respect dû au vice-doyen de tous les chefs d'Etat... »422(*).

    « Le chien enragé », disait le Président REAGAN, était devenu en quelques années seulement, depuis son retour dans le Concert des Nations africaines, la coqueluche des chancelleries occidentales423(*). Et parfois même un passage obligatoire pour négocier avec certains pays africains424(*).

    Tout comme lui, le Président WADE s'est fait une image à travers l'UA et son discours de la renaissance africaine.

    C- La construction multidimensionnelle de l'image de Wade

    Le Président WADE a pu se donner une visibilité par ses actions de paix et de défense de la démocratie sur le continent(1). En tenant le discours de la renaissance africaine, il a contribué à se faire valoriser sur le plan international. Ainsi, tente-t-il de plus en plus de l'utiliser pour des fins politiques sur le plan national(2).

    1- La construction de son image par ses actions pour la paix et la démocratie selon les principes de l'UA

    Au sein de l'UA, Me WADE essaie de jouer la carte de l'atomisation du pôle de grandeur. Lors du Symposium de Dakar sur les « Etats-Unis d'Afrique », il s'était autoproclamé comme l'un des chefs d'Etat les « plus actifs » oeuvrant pour la construction de cette organisation. Cela s'expliquerait par son implication dans plusieurs actions, ayant pour finalité de défendre énergiquement les principes insérés dans l'Acte constitutif. Dans l'organisation, tout comme à l'extérieur de celle-ci, il a souvent adopté des positions courageuses qui lui ont permis de se positionner comme un artisan de la paix(a) qui veut aussi être l'apôtre de la démocratie sur le continent(b).

    a- Wade, l'artisan de la paix

    Tel un sapeur pompier, le Président WADE s'est investi dans l'extinction de plusieurs conflits en Afrique. Ce, conformément à l'Acte constitutif de l'UA dont l'un des principes fait expressément allusion au « règlement pacifique des conflits entre les Etats membres de l'Union... ». En 2000, il avait recommandé la mise sur pied des « assises de la paix »425(*) au Libéria et en côte d'Ivoire. Il demandait alors au Président Charles TAYLOR de démissionner pour sauver son peuple.

    A Syrte, en 2009, il sera désigné par l'UA comme médiateur pour trouver une solution de sortie de crise, suite au coup de force militaire qui avait entraîné l'exclusion de la Mauritanie de l'UA en 2008426(*). La médiation aboutira sous l'égide de sa diplomatie et d'autres acteurs à une normalisation de la situation dans ce pays en 2010. Ce que Iba DER THIAM, un proche du Président WADE, a perçu comme : « un succès éclatant pour notre diplomatie de paix ...»427(*). Il semble qu'il s'investisse également pour la démocratie dans l'UA.

    b- Wade, l'apôtre de la démocratie ?

    Suite à la crise électorale qui avait enflammé le Zimbabwe en 2008, alors que certains pays membres réunis à la 11ème conférence de l'UA, à Charm El-Cheikh(Egypte), tergiversaient au sujet de la nature de la sanction à infliger au Président Mugabe, le Président WADE concluait à une réorganisation pure et simple du scrutin présidentiel. Il lançait au Président zimbabwéen ceci : « vous ne pouvez pas ignorer une force politique qui est arrivée en tête au premier tour »428(*). Quelques mois avant, il avait appelé l'opposant Morgan TSVANGIRAI à ne pas se présenter au second tour de l'élection afin d' « éviter un dérapage »429(*). Une ligne de fracture était ainsi apparue entre les tenants de la realpolitik : ceux qui reconnaissant Mugabe comme Président, réclamaient son maintien au pouvoir (Omar Bongo). D'un autre côté, on avait des intraitables comme la Libérienne Ellen JOHNSON-SIRLEAF et le Sierra-léonais Ernest KOROMA qui réclamaient l'exclusion du Zimbabwe, et enfin ceux de la démocratie d'abord comme le Sénégal de WADE430(*).

    Récemment encore, le Président sénégalais s'est révolté contre son homologue libyen dont il a traité le régime de « dictature sur le continent »431(*). Tel un policier à l'UA, il a tiré à boulets rouges sur le panafricaniste KADHAFI dont il ne tarissait pas d'éloges autrefois432(*). Il lui a largué ceci : «tu arrives au pouvoir par un coup d'Etat il y a plus de quarante ans, tu n'as jamais fait d'élection [...]. Je te regarde maintenant dans les yeux [...] Plutôt tu partiras, mieux ça vaudra»433(*).

    Pour amener le Guide libyen à lâcher du lest, il envisageait même aller convaincre certains chefs d'Etat à Malabo afin qu'ils reconnaissent le CNT qu'il a qualifié d' « opposition historique et légitime ». Mais, comme nous l'avons déjà expliqué434(*), il sera confronté aux émeutes délirantes des populations sénégalaises qui l'accusaient de vouloir « tailler la constitution à sa mesure ».

    Par ces divers actes, il veut apparaître comme le chef de l'Etat qui rappelle les autres à l'ordre lorsqu'ils sont en contradiction flagrante avec les principes démocratiques à la base de cette organisation. Grâce à son discours de la renaissance africaine, il essaie d'entretenir ce prestige.

    2- Le discours de la renaissance africaine, une autre stratégie de construction de l'image de Wade

    Le discours de la renaissance développé par le Président WADE apparaît comme une stratégie ayant participé à la construction de son prestige sur la scène internationale(a). C'est ce qui justifie sa tendance à le mobiliser sur le champ interne dans l'objectif de façonner une légitimité à son régime(b).

    a- Une stratégie pour sa politique d'image sur le plan international

    L'organisation des événements à coloration symbolique tels le FESMAN, puis l'inauguration du monument de la renaissance africaine ont construit la visibilité du président sénégalais sur le plan international. D'importantes délégations de la diaspora africaine parmi lesquelles on pouvait identifier outre des Brésiliens, les descendants des pères du panafricanisme et certains initiateurs de ce mouvement, étaient présentes à Dakar. Etait spécialement invitée, la communauté africaine-américaine. Une représentation dans laquelle figuraient des hôtes de marque tels Jessie JACKSON435(*), le fils de Marcus GARVEY et l'un des derniers survivants de la conférence de Manchester de 1945. Se réclamant « héritier de Nkrumah »436(*), le Président WADE avait aussi fait inviter la fille de ce dernier et le fils de l'éminent égyptologue et africaniste sénégalais Cheikh ANTA DIOP. Comme l'a remarqué Iba DER THIAM,  c'était «un hommage merveilleux à son président»437(*).

    Ces actions en faveur d'un panafricanisme extraverti ne sont pas restées sans effet sur l'image du Président WADE à l'extérieur du continent. Comme il l'a très fièrement exprimé lui-même, « la communauté noire du Brésil, représentant plus de 80 millions d'âmes, m'a envoyé un témoignage de reconnaissance, pour avoir érigé le monument de la renaissance africaine et pour avoir accueilli les fils d'Haïti dans notre pays »438(*). Partant de ce discours, il entend façonner la légitimité de son régime sur le plan interne.

    b- Une stratégie de légitimation de son régime sur le plan national

    Au regard de son importance en Afrique, l'organisation panafricaine peut être considérée comme une structure que les politiciens récupèrent aux fins d'enjeux politiques dans leurs pays. S'agissant particulièrement du cas du Président WADE, il est élu comme président de la République du Sénégal le 19 mars 2000, lors du second tour. L'alternance se passe comme nulle part en Afrique, c'est-à-dire, dans une ambiance presque euphorique dans tout le pays. En 2007, il est réélu au premier tour, mais on note un fort boycott de l'opposition lors des élections législatives. Déjà, en 2005, l'homme du « Sopi » avait fait incarcérer Idrissa SECK439(*), l'ancien premier ministre et maire de Thiès. C'est alors que Wade commence à souffrir « d'une image brouillée »,440(*) d'autant qu'au-delà de la rupture avec Moustapha NIASSE, l'omniprésence de sa famille alimente malaise et suspicions. Pour beaucoup de Sénégalais, « contrairement à Wade, Léopold SEDAR SENGHOR et Abdou DIOUF n'ont jamais mélangé famille et politique. C'était impensable ». Autant la classe politique sénégalaise que certains citoyens sénégalais lui imputent ses ambitions officiellement cachées de vouloir se faire succéder au pouvoir par son fils Karim WADE441(*).

    En septembre 2009, le Président WADE avait annoncé sa candidature pour la présidence de 2012 à travers les ondes de la radio Washington « La voix d'Amérique ». Mais, comme tout bon politicien, il mène une campagne afin de redorer son blason. C'est ainsi que le 3 Avril 2010, il avait suggéré à 22 présidents africains réunis à Dakar, et en présence du Président en exercice de l'UA, d'accepter cette date comme celle de la « journée de la renaissance africaine ». Or, dans l'histoire politique sénégalaise, le 3 Avril(2000) correspond curieusement au jour de son investiture comme président de la République du Sénégal442(*). A priori, cet acte est une oeuvre pour la cause panafricaine. Mais, en réalité, non dénué de calculs politiques. Il procèderait d'une  manoeuvre de récupération de la cause panafricaine au service de ses ambitions politiques dans son pays.  D'ailleurs, selon les officiels sénégalais, le monument de la renaissance africaine est la « matérialisation la plus parfaite des grands projets de l'alternance ».

    Ainsi, les objectifs des acteurs ne sont toujours ni explicites ni clairs443(*). Au sein d'une structure, les individus construisent leurs intérêts quoiqu'ils semblent ne pas exister et encore moins identifiables au départ. Tel est le cas des Présidents Mouammar KADHAFI et Abdoulaye WADE dont les intérêts se sont découverts au cours de leurs actions menées au sein de l'UA.

    PARAGRAPHE II - LA CONSTRUCTION DES INTERETS

    Comme l'explique Alexander WENDT, « les acteurs n'ont pas un ``portefeuille'' d'intérêts qu'ils construiraient indépendamment d'un contexte social »444(*). Il précise même que les acteurs individuels qui avancent dans une organisation « définissent leurs intérêts au cours du processus et des situations diverses » 445(*). Alors, si on a pu percevoir dans le comportement du Guide libyen la recherche d'intérêts hégémoniques au cours du processus de construction de l'UA, (A) le Président WADE, quant à lui, y rechercherait des rétributions économico-symboliques(B).

    A - Les tentatives « kadhafienne » d'emprise sur l'Union

    Comme l'a remarqué René OTAYEK, la politique d'aide de la Jamahiriya n'est pas facile à déchiffrer quant aux objectifs poursuivis fussent-ils apparents ou latents446(*). En effet, par son assistance, l'acteur donneur entretient ou renforce son influence sur le récipiendaire447(*). Transposée au sein de l'UA, cette analyse d'OTAYEK permet d'observer l'influence, ou du moins la tentative hégémonique exercée par KADHAFI. Leader d'opinion incontesté, économiquement puissant, KADHAFI se conjugue en « milliards de dollars »448(*). Persuadé sans doute que celui qui initie une idée ou qui paie commande, il a à plusieurs reprises réclamé et défendu ses intérêts dans l'Union en essayant d'y imposer son leadership. En clair, il était question pour lui d'une part d'ériger sa ville natale449(*) en capitale de l'UA (1), et d'autre part d'en assurer continuellement la présidence (1).

    1- Les manoeuvres de transformation de Syrte en capitale de l'UA

    Depuis la transformation de l'OUA en UA sous ses auspices, KADHAFI n'avait cessé de faire du lobbying auprès de ses pairs afin qu'ils transfèrent le siège de l'UA à Syrte. Dans ses prévisions, le contenu de la déclaration de Syrte devait constituer la colonne vertébrale de l'Union et son siège devait être installé à Syrte450(*). Cette obstination à vouloir faire de sa ville natale la capitale de l'Union est palpable quand on dénombre les rencontres panafricaines les plus prestigieuses qu'il y a organisées451(*).

    En 2004, le colonel KADHAFI avait fait ressusciter le débat du transfert du siège de l'UA chez lui. Suite à une opposition frontale de ses pairs, il n'enverra qu' « un simple ministre de l'information » le représenter au sommet de l'Union. Surtout, KADHAFI se voyait-il comme le « président de l'Afrique ».

    2- Kadhafi comme « Président de l'Afrique »

    A travers ses nombreuses actions pour la construction de l'UA, le colonel KADHAFI caressait le rêve de devenir le « président de ses Etats-Unis »452(*) d'Afrique. Mais, comme l'a expliqué Yves EKOUE AMAÏZO, « la perspective d'un continent tout entier risquant de devenir à terme un seul Etat doté d'un président non élu, flanqué de 52 gouverneurs de provinces fit peur »453(*) .

    Aujourd'hui, il a sans doute la certitude d'être devenu le « roi de l'Afrique », mieux le « Président de l'Afrique ». Après avoir longtemps refusé la présidence de l'Union parce qu'il la disait « seulement symbolique », le Guide libyen finit par l'accepter en vertu du mécanisme de la présidence tournante454(*). Dès son adoubement, il demanda aux autorités éthiopiennes d'ajouter « roi d'Afrique » au titre de « roi des rois traditionnels d'Afrique » déjà acquis. Le nouveau statut lui donnera le « droit » de se comporter tel le « président de l'Afrique », à l'image de cette description prenante de YERIM SECK Cheikh : « arrivé au centre de conférences d'Addis-Abeba escorté de sept rois aux costumes traditionnels chamarrés, couverts d'or et de bronze, Kadhafi a cédé la place indiquée par l'écriteau « Libye » à son Monsieur Afrique, Ali Triki, pour aller s'installer au pied du podium devant ses pairs, seul entouré de sa suite royale »455(*).

    Avec des rois qui montent sa garde, cette attitude créant la distance avec ses pairs et toute l'assistance, tend à sacraliser une présidence de l'UA pourtant iconique. Tout de même, conscient de la visibilité qu'elle offre aux dirigeants africains, il refusera, à la fin de son mandat, d'ouvrir la session donnant lieu à la transition un an après456(*). Mais, cette tentative de putsch dans l'organisation sera énergiquement empêchée457(*).

    Il est donc clair que le colonel KADHAFI considérait l'UA comme un espace intégré à sa Libye. Toute chose qui n'est pas du goût des chefs d'Etat qui n'entendent pas voir un président derrière le téléphone, et donnant des ordres comme à Washington. Le « roi d'Afrique » avait été contraint de gérer l'Union mais, sans gouverner. A la virgule près, le Président WADE, jouissant de certains privilèges au nom de l'Union, n'hésite pas de frapper du poing sur la table, lorsqu'il estime être lésé de ce qu'il y perçoit comme sa chasse gardée.

    B - Wade à la quête des rétributions financières et symboliques

    Le leader sénégalais a pu en partie tirer son épingle du jeu en s'impliquant dans la construction de l'UA. S'il paraît comblé des ressources financières que lui procurerait l'exploitation lucrative du monument de la renaissance africaine, (1) il peine toujours à imposer ses règnes sur le NEPAD auquel il a singulièrement participé à l'élaboration en tant que francophone(2).

    1- L'exploitation lucrative du monument de la renaissance africaine

    Objet du rêve du Président sénégalais et « discuté avec ses pairs »458(*), le monument de la renaissance est une idée rentable qui attirera des « centaines de milliers de visiteurs et rapportera des centaines de milliards de dollars »459(*). Tel que relevé dans le deuxième chapitre de cette étude, outre sa part contributive pour la réalisation de ce monument évaluée à 10 milliards de FCFA, le Président WADE en est à 100% le propriétaire intellectuel. Pour assurer son droit de préemption, la sculpture a été déposée sous le numéro 02800 le 12 décembre 2007 à l'Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) et enregistrée sous le numéro 08/0023 du 31 mars 2008460(*). La même démarche a été entreprise au niveau du Bureau sénégalais des droits d'auteur (Bsda), pour protéger l'oeuvre.

    Pourtant, au moment où les retombées du monument, qui a fait des gorges chaudes au Sénégal pour son coût excessif commencent à aiguiser les appétits de certains Sénégalais, le Président WADE place sa gestion sous la direction de la « Fondation de la Renaissance  » chapeautée par sa fille Sindyély WADE. Répondant d'ailleurs à certains Sénégalais qui polémiquaient sur son accaparement du site auquel l'Etat sénégalais avait aussi contribué à la réalisation, à hauteur de 65%, le Président WADE a déclaré ceci dans les colonnes de Libération:« si Senghor a écrit quatre oeuvres durant sa présidence et que personne ne lui a réclamé les droits d'auteur, pourquoi alors les Sénégalais m'en réclament ? »461(*). Dans une interview du 1er août 2009, c'est-à-dire avant même l'achèvement de cette statue, il avait déjà révélé que  35% des recettes issues de l'exploitation du site lui reviendront, car c'est lui qui a imaginé l'oeuvre462(*). Comme c'est patent, en érigeant un monument qui magnifie l'Afrique tout entière, l'enjeu pour WADE se situe avant tout aussi au niveau des rétributions pécuniaires qui sont loin d'être les seules récompenses recherchées.

    2- La bataille pour les règnes du NEPAD

    Au regard des idées qu'il avait émises pour que naisse le NEPAD, le Président WADE espérerait sans doute que sa présidence lui reviendrait. C'est ainsi que depuis 2007, il a essayé à plusieurs reprises de ravir, mais sans succès, cette place à son homologue éthiopien Mélès ZENAWI. Lors du sommet de Kampala, il l'avait accusé  de vouloir créer « une présidence à vie au sein du NEPAD »463(*).

    Dans le même esprit, en 2004, il avait dénoncé la mainmise des « anglophones »464(*) sur la gestion du NEPAD. Il soulignait en s'irritant qu'il y a quatre experts francophones sur 30 ou 40 experts. « C'est mauvais ». « Ne prendre en compte que des anglophones c'est contraire à l'esprit de l'Union Africaine et moi je ne souhaite plus cela »465(*). En agissant de la sorte, il n'est pas exclu qu'il construise indirectement ses intérêts dans ce projet panafricain de développement.

    Nous avons donc deux Etats qui s'engagent pour construire l'UA, mais avec des enjeux divergents. Tandis que l'un la Libye fait la diplomatie pour se faire accepter sur la scène internationale et sécuriser ses frontières, l'autre le Sénégal s'y met surtout pour se faire connaître afin d'attirer des investissements sur son territoire. S'il est clair que l'UA assure la visibilité de leurs porte-paroles en leur permettant d'entrer dans l'histoire, on précisera que le Libyen l'utilise pour ses ambitions hégémoniques et mégalomaniaques, alors que le Sénégalais tend surtout à en faire usage pour des fins économiques et politiques.

    Dès lors, le constructivisme permet d'expliquer comment les organisations internationales peuvent enseigner aux acteurs la manière la plus appropriée de valoriser leurs objectifs. A ce niveau justement, il suggère d'élargir le concept de structure. Comme le déclare Martha FINNEMORE, « des structures de connaissance partagée et de compréhension intersubjectives peuvent aussi former et motiver des acteurs... Ces structures sociales peuvent fournir aux Etats (et aux individus) à la fois des préférences et des stratégies pour poursuivre ces préférences »466(*).

    En somme, « le multilatéralisme est, en quelque sorte fonctionnel par vocation : le servir c'est aussi attendre qu'il puisse servir »467(*). C'est ce que démontre pertinemment la construction en cours de l'UA. Car, comme on le constate, les identités et les intérêts des acteurs sont générés en partie par leurs interactions internationales.

    Or, le projet sénégalo-libyen de construction d'une UA forte ne fait pas toujours que des adeptes. Multiformes sont les contraintes qui entravent leur marche vers une régionalisation de poids en Afrique.

    CHAPITRE IV: LES CONTRAINTES ENTRAVANT LES ACTIONS DE LA LIBYE ET DU SENEGAL

    Dans le processus de construction de l'UA, certains facteurs défavorables empêchent parfois la progression de la Libye et du Sénégal vers leur objectif ultime à savoir, réaliser une Union supranationale. Il s'agit des contraintes dont parle Jacques ROJOT468(*). Ces contraintes sont non seulement inhérentes à eux-mêmes (section I), mais aussi et surtout extérieures à ces deux acteurs (section II).

    SECTION I : LES CONTRAINTES INHERENTES AUX DEUX ETATS

    Les contraintes intrinsèques aux acteurs proviennent de leurs caractéristiques individuelles, leurs capacités psychologiques, intellectuelles, culturelles ou encore de leurs capacités sociales de mobilisation469(*). Il s'agit dans notre cadre d'étude soit du comportement qu'un Etat affiche envers l'autre ou au sein de la structure, lequel peut créer des dissensions ou une dissonance dans le discours qu'il défend. C'est également la situation instable d'un pays qui peut constituer un frein à ses ambitions régionales. Dans cette perspective, si l'Etat libyen semble tenir un discours d'intégration qui a du mal à trouver un terrain d'entente sur le continent (paragraphe I), le Sénégal quant à lui souffre d'une fragilité qui lui est congénitale (paragraphe II).

    PARAGRAPHE I- LE DISCOURS CONSTRUCTIF LIBYEN EN PERTE DE VITESSE ?

    La politique étrangère libyenne en matière d'intégration a du mal à prendre racine en Afrique d'une part à cause des incohérences dont souffre son discours rassembleur(A), et d'autre part du fait du doute qui plane sur la crédibilité des ressources diplomatiques que mobilise ce pays(B).

    A- Les incohérences d'un discours intégrateur

    La Libye, chantre de la construction de l'UA semble n'avoir pas encore assez intériorisé les normes unitaires qu'elle diffuse à travers le continent(1), d'autant qu'on peut déceler quelques faiblesses dans son système de socialisation sur le savoir-vivre ensemble avec les populations sub-sahariennes(2).

    1- L'internalisation en demi-teinte des normes unitaires diffusées

    Le constructivisme permet de mettre en exergue plusieurs problèmes470(*) restés négligés dans le cadre de la construction d'un espace d'interdépendance comme l'UA. De fait, dans le processus de constitution des grands ensembles, les constructivistes considèrent la socialisation comme l'élément qui permet aux acteurs d'intérioriser les normes qui influencent en retour la manière dont ils se comportent et ce qu'ils perçoivent comme étant leurs intérêts471(*). Ainsi, l'appréhension portant sur l'assimilation des « standards de comportement approprié »472(*) peut laisser percevoir des faiblesses dans le discours que délivrent les acteurs immergés dans un processus d'intégration. La Libye nous paraît mieux servir un tel exemple en ceci que son discours vis-à-vis de certains événements a souvent été écorné à cause des prises de positions de son leader jugées incongrues par d'autres Etats membres de l'Union. Du coup, cette carence dans la maîtrise des principes qui gouvernent les relations entre acteurs dans un processus d'intégration a créé un climat de tension et de méfiance envers Tripoli.

    Sur le continent en effet, nombreux sont les Etats qui suspectent la Jamahiriya libyenne de tenir un discours dont la finalité est de déstabiliser leurs situations internes aux desseins inavoués. Toute prise de position qui cause généralement des entorses au discours constructif dont elle souhaite être la pierre angulaire en Afrique. En mars 2010 par exemple, le Nigeria est frappé par de violents affrontements qui opposent les communautés chrétiennes et musulmanes. Comme solution de sortie de crise, le Guide libyen propose la partition du pays : « c'est la seule chose qui pourrait faire cesser les violences entre chrétiens et musulmans »473(*) a-t-il argumenté. En signe de mécontentement, le président du Sénat nigérian l'a traité de « fou » et la République fédérale du Nigeria a rappelé son ambassadeur à Tripoli.

    Pour le Guide libyen, la cohabitation entre musulmans et chrétiens est source de conflits. C'est alors que pour retrouver la paix, il faudrait procéder à la scission des pays où les conflits de ce genre sévissent. C'est en substance cette même solution qu'il proposa le 10 octobre 2010 à l'ouverture du sommet de coopération afro-arabe à Dakar à propos du Soudan qui, selon lui, devait être coupé en deux afin que la paix y soit rétablie474(*). Or, « au regard des actions entreprises pour la construction de l'UA,  il y a une contradiction avec lui-même », soutient Yves EKOUE AMAÏZO.

    Dès lors, il devient surtout captivant de s'interroger sur les motivations de Tripoli au regard des solutions à l'emporte pièce ainsi proposées. La question qu'il convient d'adresser est de savoir si l'enjeu pour le Guide libyen résidait tellement dans la recherche de la paix, dans la mesure où les problèmes qui opposent les différentes communautés religieuses de ces pays sont d'ordre politique, économique et foncier. En méconnaissance des situations internes de ces Etats, la Libye proposait des solutions qui ne cadrent pas forcément avec les vrais problèmes qui font partie du quotidien de leurs populations. Selon Yves EKOUE AMAÏZO, ces conclusions maladroites visant à ramener « la paix » recèlent plutôt d'autres enjeux que Tripoli n'ose pas dévoiler. Il écrit à cet effet que « si la solution du guide libyen est réduite à couper un pays en deux, c'est que cette solution n'a pas été réfléchie ou repose sur d'autres considérations stratégiques d'unité du monde arabe ». On a donc l'impression que le colonel KADHAFI promouvait la construction d'une UA totale mais conseillait en même temps la partition des pays devant faire partie de ce processus au profit des religions dites « importées ».

    Parlant justement de l`islam lié au monde arabe auquel les ambitions de configuration d'un espace lui sont à tort ou à raison prêtées, la Libye de KADHAFI l'utilisait comme un vecteur de sa politique extérieure d'influence. Le colonel KADHAFI fervent défenseur de cette religion, avait fait ériger une société pour l'appel à l'islam, la « Jama-at ad da-wa al islami », dont le siège est la cathédrale de Tripoli. Avec plus de 500 000 membres, elle constitue un puissant centre de diffusion de l'islam à travers le continent475(*). Sa finalité étant de combattre énergiquement le christianisme que le Guide libyen assimile au colonialisme en Afrique476(*).

    En 1999, l'un des motifs avancés par les chefs d'Etat pour rejeter le projet libyen résidait dans le fait qu'il était fondé sur le thème de l'islam477(*). Au regard de ceci, pourrait-on penser comme Y. E. AMAÏZO que « réclamer la partition d'un pays relèverait d'une stratégie non avouée du Guide consistant à faire avancer non pas l'UA dans sa tentative d'imposer les Etats-Unis d'Afrique à des chefs d'Etat africains qui n'en veulent pas dans la grande majorité, mais bien de faire favoriser la création d'un espace régional où les pays africains de confession majoritairement musulmane seraient intégrés dans un espace arabe »? Si une réponse positive ne s'impose pas forcément dans cette hypothèse, le moins que l'on puisse dire c'est que cet argument trouve un terrain quelque peu fécond dans certaines circonstances spécifiques. Car, la Libye dirige généralement ses aides dans les pays ou les régions dans lesquelles les populations sont d'obédience islamique, si l'on s'en tient au cas spécifique du Cameroun ces derniers temps. Depuis mai 2010, les populations de ce pays d'Afrique centrale (du Nord au Sud comme de l'Est à l'Ouest) sont frappées par la maladie du choléra. Mais, seule la région septentrionale majoritairement musulmane a pu bénéficier d'un important don de médicaments et de consommables affrétés dans un avion cargo par le Guide, lequel a atterri directement à l'aéroport international de Garoua (Nord Cameroun). Le diplomate chargé d'affaires au Cameroun, Lutfi Alamin M. MUGHRABI, porteur du message du Guide a déclaré  que : « mon président exprime au peuple frère et ami du Cameroun toute sa solidarité suite à l'épidémie du choléra qui sévit dans la partie septentrionale du pays »478(*). Initiative certes louable, mais qui marque une nette préférence envers les populations « frères » musulmanes du septentrion au détriment de celles qui ne le sont pas. Tout compte fait, un pays comme le Cameroun avec le Nord musulman, et le Sud chrétien, tout comme bon nombre de pays africains sont tenus d'anticiper ces commentaires tendancieux susceptibles de les confronter afin de mieux renforcer la cohabitation pacifique de leurs peuples, condition préalable pour bâtir une UA sur du béton. Il va enfin sans dire que le Guide libyen s'est offusqué lorsque les puissances occidentales ont commencé par couper la Libye en deux en faisant de Benghazi, ville où se trouve l'essentiel des richesses du pays la « capitale » de la rébellion.

    Le discours libyen sur l'Afrique regagnerait à jouer la carte de l'apaisement en ce qui concerne la résolution des litiges au lieu d'être un boutefeu. Car, porter un projet aussi sérieux que celui de l'UA requiert beaucoup de responsabilité. N'est-ce pas là aussi l'occasion pour ce pays, de repenser les pistes de restructuration de son système social de cohabitation avec les populations subsahariennes, lequel n'a cessé de péricliter ?

    2- La quasi-défaillance du système d'apprentissage sur le savoir vivre-ensemble

    Une fois de plus, l'un des aspects sur lequel le constructivisme insiste concerne le processus de « socialisation et d'apprentissage social » dans une communauté dans la mesure où il est important pour l'extension et la codification des normes et leur usage à long terme 479(*). Comme le souligne Maciej WILGA, ce processus est selon les tenants de ce courant un élément sans lequel l'intégration ne saurait avancer480(*). Au regard de ceci, il faut constater que le système d'apprentissage libyen semble en déphasage ou du moins fébrile quand on regarde son discours panafricain qui prône l'ouverture des frontières et la cohabitation pacifique des peuples du continent nonobstant leurs diversités culturelles.

    Ainsi, depuis 2000, les autorités libyennes ont procédé à de nombreuses expulsions des populations négro-africaines sans avoir eu au préalable la courtoisie d'en informer les pays concernés. Au comble, entre 1995 et 1996 puis en fin septembre 2000 suite aux pogroms provenant des actes racistes des populations libyennes, le sang des Subsahariens, principalement des Nigérians, avait été versé. Ce qui n'a cependant pas empêché Tripoli de procéder une fois de plus deux ans après à l'expulsion de 250 Burkinabés qui avaient été « parqués dans de gros avions cargos  comme des moutons avant d'être acheminés à Ouagadougou »; chose que le Président KADHAFI qualifia en ce moment-là d'une manière très provocatrice de « retour volontaire » 481(*). Comme si cela allait de soi, en 2007, le pays de Mouammar KADHAFI, chantre de l'intégration africaine et fervent défenseur des Etats-Unis d'Afrique avait renvoyé 156 Maliens après des accès cruels sur ces derniers482(*). Toutes ces atteintes aux droits de l'Homme ont sonné comme un mépris royal pour les négro-africains que la Libye dit pourtant vouloir « unir ». De tels agissements n'ont fait qu'exacerber la colère et la méfiance de nombreux dirigeants au Sud du Sahara, d'autant qu'en tant que « panafricaniste affiché », le Guide libyen avait enfin décidé, en 2008, de limiter la présence subsaharienne en Libye483(*). Car, la « chasse au faciès » s'est davantage accrue avec le soutien financier de l'UE et les méthodes sont devenues encore plus brutales. Ce paradoxe libyen a pris de l'ampleur avec les insurrections de mars 2011 et l'ostracisme envers les Noirs a atteint son paroxysme. Comme l'a constaté Jean MICHEL-MEYER, de plus en plus,  « de nombreux subsahariens venus travailler, sont assimilés aux mercenaires noirs payés par le régime » 484(*). Et quand la foule s'en prend à eux jusqu'à ce que mort s'en suive, le vrai responsable c'est Kadhafi 485(*).  

    Ces faits récurrents montrent clairement que la Libye manque certainement de la manière dans la gestion du flux de migrants africains qui arrivent en Libye soit pour y chercher fortune soit pour trouver des brèches afin de traverser la Méditerranée pour l'Occident.

    Ainsi, au-delà des privations de passeports et des expulsions qui ont parfois été orchestrées par Tripoli sans tenir compte de la situation régulière ou pas de certains migrants africains, la vérité c'est que les autorités libyennes qui sont pourtant porteuses d'un message d'intégration important auraient pris à la légère l'élément portant sur l'apprentissage social. Pourtant cet apprentissage est le socle sur lequel peut se construire une acceptation mutuelle des populations, fussent-elles des origines ou des aires culturelles différentes. L'exemple que produit Maciej WILGA dans le cadre de l'UE peut à cet effet être édifiant. Ici par exemple, beaucoup de jeunes fonctionnaires français dont le pays est l'un des moteurs de la construction européenne font leur carrière tout d'abord dans les institutions européennes pour les continuer plus tard dans les institutions nationales486(*). D'où la transposition des comportements européens sur le plan national. Les normes qui émergent au niveau européen se trouvent au niveau national puisque les mêmes fonctionnaires travaillent deux jours, trois jours à Bruxelles et le reste de la semaine dans leurs capitales nationales. Un processus qui peut se dérouler à l' « envers » 487(*)selon James CHRISTOPH

    En appliquant cet exemple au cas libyen voire à l'Afrique488(*) qui semble avoir emprunté le modèle européen, on pourrait penser à la reproduction d'un tel scénario. De la sorte, les fonctionnaires de divers pays qui travaillent ensemble dans les institutions panafricaines à Addis-Abeba ou ailleurs avec leurs collègues venus d'autres pays du continent surmonteraient leurs différences et pourraient même constituer des puissants agents de socialisation sur le plan national. Les normes vont certes circuler avec un niveau d'intensité différent selon le pays auquel l'on a affaire mais, permettront tout de même une certaine adaptation de la base nolens volens aux valeurs préétablies ou même d'en créer. C'est dans ce sens que les constructivistes portent un intérêt particulier sur l'importance des acteurs individuels. Car, « faisant partie intégrale du système qu'ils construisent, ils sont également conditionnés par les valeurs qu'ils créent eux-mêmes »489(*). Il est donc évident que si une expérience comme celle-là est vécue au sein de l'UA en construction, cela permettrait de changer la perception que les populations africaines de diverses sphères culturelles, religieuses, animistes, etc. ont envers elles-mêmes, d'où la construction intersubjective d'une nationalité africaine acceptée sinon par tous du moins par la majorité. Nous restons à cet effet convaincu qu'une plus grande compréhension entre les peuples du continent et leurs diversités peuvent être source de richesse et non de confrontation. Quid du poids des ressources diplomatiques mobilisées par la Libye pour la construction de cette Union ?

    B- La remise en cause des ressources diplomatiques mobilisées?

    Aujourd'hui, il est important de s'interroger sur le crédit qu'on peut accorder tant à la Cen-Sad(1) qu'à l'assemblée des rois, sultans, princes, cheikhs et chefs coutumiers africains, toutes constituées par Tripoli pour peser de leur poids dans le processus de construction de l'UA (2).

    1- La crédibilité de la Cen-Sad en jeu

    S'agissant de la Cen-Sad, deux questions fondamentales suscitent notre attention. D'abord, les Etats qui la composent partageaient-ils forcément les véritables motivations de la Libye et de son leader ? Ensuite, l'intégraient-ils librement ?

    Sur le premier point, il convient de souligner rapidement que certains pays qui ont intégré la Cen-Sad que le Guide libyen appelle de ses voeux la « base de l'Union Africaine » sont majoritairement des pays pauvres en ressources dont la Libye dispose à profusion. Aussi, certains sont farouchement menacés par le péril désertique qui ne cesse de prendre de l'ampleur dans la zone sahélo-saharienne. Sur le coup, ils trouvaient en ce pays un bailleur d'aide débonnaire au développement, ce qui leur permettait de financer leurs économies afin de baisser les tensions sociales dans leurs pays. Comme l'a expliqué Emmanuel GREGOIRE, « la Cen-Sad procède d'une logique rentière : en entrant dans ce club, la plupart des Etats africains, globalement pauvres, saisissent l'opportunité économique et financière proposée par l'auteur du Livre Vert » 490(*). L'instinct de survie qui poussait certains de ces Etats à intégrer cette communauté paraît répondre à la logique qu'ils le faisaient pour plus de nécessité que de conviction. Le projet des « Etats-Unis d'Afrique » du Guide libyen semblait relayé au second plan. Aussi, s'il est vrai que KADHAFI affirme que la Cen-Sad représente « l'écrasante majorité au sein de l'Union Africaine »491(*), il faut tout de même mettre un bémol. Car, le Nigeria et l'Egypte qui sont deux poids lourds dans l'UA et par ailleurs membres de ce club n'ont pas toujours défendu, comme nous le verrons avec le cas spécifique du Nigeria, la position libyenne à l'UA. La majorité dont s'est prévalue la Libye n'est en réalité que de façade.

    Sur le second point portant sur l'adhésion à la Cen-Sad, si celle-ci était volontaire pour des pays qui disposent d'une certaine capacité de se départir des positions couramment défendues par KADHAFI, il n'en était pas toujours de même pour les Etats « faibles » parfois contraints au regard de la grande « capacité de nuisance » du Guide libyen. Selon l'hebdomadaire Jeune Afrique, le colonel KADHAFI est le « parrain » des rebelles touaregs qui déstabilisent le Mali. « Un coup Kadhafi les soutient un coup, il finance leur réinsertion dans le civil : 40 millions de dollars pour ceux de Kidal, 10 millions de dollars pour ceux de Tombouctou »492(*). Comme l'a par ailleurs confessé un diplomate ouest-africain, « si ATT493(*) a déroulé le tapis rouge à Kadhafi, c'est parce que la Libye finance les rebelles touaregs »494(*). En ce qui concerne le Président EL-BECHIR du Soudan, il a formellement exprimé son voeu de voir KADHAFI renversé. Car, il est persuadé que sans l'aide de Tripoli, le Mouvement pour le Justice et l'Egalité (JEM) n'aurait pas atteint les faubourgs de Khartoum en 2008495(*). L' « antikadhafisme » soudanais a grandi d'autant que le ministre des Affaires étrangères du Président El-BECHIR, AIL AL Karti, a clairement révélé son soutien militaire au CNT en arguant que : « Kadhafi nous a fait trop de mal. Sans lui, le Soudan ne serait pas divisé »496(*).

    Alors, par l'argent et les menaces de déstabilisation, la Libye a pu recruter des Etats qui devaient porter ses projets à l'Union via la Cen-Sad. Ce qui jette un doute sur la coordination des stratégies d'ensemble au sein de cette communauté. Lorsqu'on sait par ailleurs que la Cen-Sad est en grande partie tributaire des financements du Guide libyen, déchu, il y a des risques que le 10ème sommet de cette CER de l'UA - qui eut lieu à Cotonou en 2008 - en soit le dernier. Si elle lui survit même, il n'est pas certain qu'elle poursuive encore l'objectif d'une UA forte. C'est ce qu'on peut regretter, lorsqu'une organisation dépend non pas des institutions fortes mais d'un individu. Aussi, que devient l'association des chefs traditionnels admise à l'UA ?

    2- A propos du sort de l'assemblée des chefs traditionnels à l'UA

    On peut également s'interroger sur le poids à concéder aux chefs traditionnels, mieux à la chefferie traditionnelle dans le processus de construction de l'UA. Une nouveauté dont le Guide libyen aurait seul maîtrisé les enjeux réels. Si pour Georges BALANDIER, « la tradition n'est pas incapable d'énoncer, l'hégémonie politique tel que formulé par la modernité étatique »497(*), on peut par ailleurs se demander si cette hégémonie peut avoir des effets prolifiques dans une organisation internationale comme l'UA. Depuis leur admission à l'UA, les chefs traditionnels appuyés par KADHAFI demandaient à y renforcer leur visibilité par l'acquisition d'un statut « d'observateurs ». Les chefs d'Etat sont restés sourds à cette revendication qui leur a paru plutôt comme une instrumentalisation de la part du colonel KADHAFI. Pour certains comme le Président MUSEVENI, sa tendance à vouloir faire légitimer les chefs traditionnels tranche nettement avec sa stratégie de domination dans l'Union.

    Lors du 12ème sommet de l'UA par exemple, le colonel Kadhafi a offert un spectacle des plus inhabituels à ses pairs. Au cours de leur assemblée, il a donné la parole à sa majesté TCHIFFI ZIE Jean Gervais, représentant des chefs qui a introduit ses collègues afin que chacun dise au « président de l'Afrique » (KADHAFI) ce que les peuples du continent attendent de lui. Irrités par cette parade des « rois », le Président Y. K.MUSEVENI, est sorti de ses gongs : « s'il y a un seul Ougandais parmi ces escrocs, je le flanquerais en prison dès son retour au pays »498(*).

    Au regard de ces menaces qui visent plutôt à intimider les rois à cause de l'attitude du Guide libyen, quelques inquiétudes sont à partager. D'abord, celle de savoir si ces derniers pouvaient ostensiblement jouer leur rôle au sein de l'UA face à certains chefs d'Etat intransigeants qui n'étaient pas prêts à les admettre dans ce qu'ils considéreraient comme leur propriété. Ensuite et cela nous semble fondamental, que peuvent devenir les « copains » du Guide libyen et leur statut d'« observateurs » avec, quand on sait qu'il a quitté le pouvoir par la petite porte?

    Vraisemblablement, le statut réclamé aurait pu leur donner une certaine crédibilité. Ce qui leur permettrait de survivre même après le Guide libyen. S'il est vrai qu'il semble un peu tôt de trancher sur leur situation au sein de l'UA, on peut se demander si, même maintenus au sein de cette organisation, ils bénéficieront des largesses des chefs d'Etat comme c'était le cas avec KADHAFI. Au demeurant, le multilatéralisme société civile/acteurs politiques devant être la chose la mieux partagée à l'UA, leur maintien constituerait une décision courageuse marquant la spécificité africaine. Car, ils pourraient jouer un rôle socialisateur majeur au niveau de « la base populaire ». Ceci est soutenable dans ce sens que les peuples africains les moins instruits ou coupés des moyens de s'informer ne savent pas grand-chose de cette UA qui est supposée les unir. Nous soulignerons enfin que l'important est non pas de regarder la personne de celui qui a initié leur acceptation au sein de l'UA, mais de mesurer surtout l'ampleur du rôle qu'ils sont susceptibles de jouer dans sa construction. Car, l'UA ne mourra pas avec l'assassinat du Guide libyen qui l'a initiée. Au-delà des incertitudes portant sur les ressources diplomatiques libyennes, le Sénégal connaît aussi, de temps en temps, des obstacles qui lui sont propres.

    PARAGRAPHE II : LA FRAGILITE ATAVIQUE DU SENEGAL

    Le Sénégal est comme nous l'avons vu, très impliqué dans le processus de construction de l'UA. Cependant, la tâche ne paraît pas aisée eu égard aux facteurs défavorables souvent rencontrés. Ces écueils sont de deux ordres à savoir la création d'une dépendance financière accrue vis-à-vis de l'extérieur d'une part et la fragilité dont il souffre depuis son accession à la souveraineté internationale d'autre part.

    Le problème du financement ayant été évoqué dans le cadre du troisième chapitre de cette étude, nous n'y reviendrons plus profondément au risque de nous répéter. Toutefois, Il convient au moins de retenir que cette dépendance financière constitue un obstacle majeur dans la mesure où rien de concret ne peut être réalisable comme cela a été démontré sans ressources financières considérables. C'est le cas en ce qui concerne surtout la construction d'une organisation continentale comme celle dont nous faisons la sociologie. Lorsque le Président WADE prend par exemple position pour le départ de KADHAFI manu militari pour la raison qu'il n'a « rien fait pour l'Afrique »499(*) parce qu'il a « n'a pas  financé le NEPAD »500(*), il paraît incompris. Car, iI est douteux que son approche largement discursive puisse efficacement impulser la construction de l'UA. Ainsi, nous nous appesantirons sur la situation interne de ce « petit » pays d'Afrique de l'ouest en proie au spectre de la division.

    En effet, malgré une stabilité politique interne acceptable501(*), le Sénégal n'a pas toujours été un havre de paix. Dès 1960, année de son indépendance, une partie de la population de la Casamance502(*) souhaite l'autonomie pour leur région au nom de son identité spécifique503(*). En effet, les Diolas qui habitent la Casamance n'apprécient pas d'y voir arriver des Wolofs souhaitant pouvoir venir y cultiver de l'arachide. Dans ce contexte, le 26 décembre 1982, des manifestants séparatistes504(*) avec à leur tête l'abbé Diamacoune SENGHOR, armés de coupe-coupe et autres armes blanches, pénètrent à Ziguinchor, la capitale régionale de la Casamance, pour réclamer l'indépendance. Le Sénégal découvre alors l'existence d'un homme d'église qui prend la tête d'un mouvement séparatiste dénommé MFDC (Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance) ou « Atika », (qui signifie la flèche ou encore combattant en langue locale diola) qui est la branche armée du MFDC. Conflit dit de « faible intensité »505(*), le mouvement irrédentiste casamançais a déjà occasionné de nombreuses victimes en 29 années de crise506(*) ayant même parfois des effets nuisibles dans des pays voisins comme la Guinée-Bissau et la Gambie507(*). A ceci, il faut ajouter les pertes financières enregistrées depuis la naissance de ce conflit.

    Les séparatistes casamançais ont une conception très large de ce qu'est la Casamance (puisqu'ils l'étendent jusqu'à la Falémé) et ne manquent pas d'évoquer périodiquement la perspective d'une future union avec la Gambie et la Guinée-Bissau. Parmi les points de discordes avec les autorités de Dakar, outre l'impérialisme culturel des Wolofs dénoncé, se trouvent les accusations faites à l'encontre du pouvoir central qui aurait à la base délaissé le développement de la Casamance. Contrairement au « miroir aux alouettes »508(*) que constitue la région de Dakar, AMADY Aly DIENG relève que « le type de mise en valeur du Sénégal sur la base de l'arachide a contribué à créer des régions périphériques comme le Fleuve Sénégal, la Casamance, le Sénégal Oriental. Cet inégal développement des régions à la suite de la mise en valeur du bassin arachidier a sa part de responsabilité dans la crise casamançaise ».

    Pendant longtemps, en effet, Dakar n'avait souhaité accorder d'envergure politique509(*) et encore moins internationale à ce mouvement séparatiste. Mais de 1996 à 2009, des pourparlers de paix se sont périodiquement déroulés entre le MFDC et une commission nationale. En septembre 1997 par exemple, l'abbé Diamacoune SENGHOR avait envoyé une lettre à ses ouailles pour les appeler à cesser les violences mais, sans toutefois mettre fin a sa lutte pour l'indépendance de la Casamance. Dans sa lettre-déclaration, le rebelle en soutane précisait qu'il « désavoue, réprouve et condamne toute forme de violence et d'agression contre les personnes et leurs biens »510(*). Ces déclarations seront suivies d'effets car, Dakar va octroyer une enveloppe de 114 milliards de FCFA pour le développement économique de la région. Après différents nouveaux combats, l'abbé Diamacoune SENGHOR qui avait été relâché sera de nouveau arrêté le 26 décembre 1999. Puis, la maladie du dirigeant charismatique du MFDC va créer des luttes de pouvoir au sein du mouvement. Toutefois, un accord de paix est signé le 20 décembre 2004. A la fin de l'année 2006, l'abbé Diamacoune SENGHOR, rongé par la maladie, est évacué à Paris par les autorités sénégalaises afin d'y subir des soins où il meurt en janvier 2007.

    Aujourd'hui, ses successeurs déchirés par les joutes du pouvoir réclament un référendum pour faire « cesser les conflits en Casamance ». C'est dans cette perspective qu'en 2010, Ansoumana BADJI (qui dispute le poste de secrétaire du MFDC à Jean-Marie François BIAGUI) a adressé une lettre au Président de la commission de l'UA Jean PING, à Ban KI MOON de l'Organisation des Nations Unies et à l'UE en vue d'attirer leur attention sur l'opportunité d'un référendum devant rendre la région autonome. Selon lui, « les gens veulent la fin du conflit en Casamance et le seul moyen d'y parvenir c'est d'organiser un référendum »511(*). Soutenant son option, il renchérit que « la question relative à la Nation ne s'impose pas. Elle ne se décrète pas, non plus, mais se construit. Or, dans notre cas, entre le Sénégal et la Casamance, tout nous oppose. La culture, l'organisation sociale, les pratiques religieuses, la géographie, l'histoire, tout nous oppose »512(*).

    Enfin, cette crise est extrêmement ruineuse pour l'Etat sénégalais. Selon Mamadou Lamine DIALLO de TEKKI, le Sénégal a injecté plus de 2500 milliards de F CFA dans cette crise depuis son éclosion.

    Même si les armes ont temporairement cessé de crépiter dans cette partie méridionale du Sénégal, la paix y demeure encore très fragile pour le moment, au regard des velléités sécessionnistes qui rejaillissent et dont la finalité est de morceler le « petit » pays qu'est le Sénégal. De plus, les anciennes zones d'affrontement sont parsemées de mines anti-personnel et le conflit a poussé une partie des populations à migrer vers l'intérieur. Ce conflit mal connu en Afrique est à vraie dire un « caillou dans la chaussure » du Sénégal qui aspire se projeter sur la scène continentale. Car, il devra non seulement se démener pour le résoudre, mais aussi, le risque de perdre son contrôle sur cette région considérée comme le « grenier du Sénégal »513(*) le rendrait davantage dépendant de l'extérieur. Toute chose qui n'est pas de bon augure pour ses ambitions panafricaines. Pour le moment néanmoins, il est contraint de construire l'UA avec un « ennemi » interne.

    Au-delà des obstacles socio-économiques, politiques et culturelles propres entre autres au Sénégal et à la Libye, sont apparues de façon reconnaissable d'autres entraves. Celles-ci proviennent de leur environnement externe et pèsent d'un poids vraisemblable sur le processus de construction d'un « espace pertinent pour l'action »514(*) en Afrique.

    SECTION II: LES CONTRAINTES EXTERIEURES AU DEUX ETATS

    Les constructivistes envisagent la régionalisation comme un processus devant aboutir à l'intégration accrue des sociétés515(*).Selon eux, la cohésion identitaire régionale est la base de cette régionalisation en ce sens que la construction d'une conscience régionale forte peut aboutir à un passage obligé vers l'érection des ensembles économiques ou politiques. Pourtant, le Sénégal et la Libye, partisans d'un régionalisme poussé sont confrontés à un véto plus ou moins voilé des antagonistes de la « recomposition de la géopolitique africaine »516(*). A l'observation des faits qui ont cours sur la scène politique continentale, une UA forte susceptible de conférer au continent le statut d'acteur majeur sur la scène mondiale, voire de peser sur la marche du monde s'oppose ouvertement à la rivalité de certains Etats au sein de l'Union (paragraphe I).Outre cette concurrence interne qui engendre quasiment un statut quo, se profilent de plus en plus des manoeuvres de déstabilisation provenant des puissances externes (paragraphe II).

    PARAGRAPHE I: LA RIVALITE ENTRE CERTAINS ETATS MEMBRES AU SEIN DE L'UNION

    La Libye et le Sénégal qui partagent la même vision de l'Union ont du fil à retordre. Certains Etats membres n'ont pas toujours été du même avis sur leur rythme et les modalités de cette construction. En se mobilisant contre la précipitation libyo-sénégalaise(A), les Etats rivaux ont choisi la voie du panafricanisme dit minimaliste517(*) par un maintien du jeu sub-régional(B).

    A- La fronde anti-libyenne et sénégalaise

    L'UA globale tel que la Libye et le Sénégal l'appellent de leurs voeux n'a pas reçu l'approbation des poids lourds sur le continent à l'instar de l'Afrique du Sud. Contre le projet maximaliste qui donne lieu sans attendre aux Etats-Unis d'Afrique, ce pays a développé sa propre conception à partir du discours de la renaissance africaine (1). Pour faire prévaloir sa vision d'une région en Afrique, il s'est par la suite lancé à la conquête du continent en vue de constituer une majorité contre la domination de l'Union par les vues exclusives de la Libye et du Sénégal (2).

    1- La construction d'un imaginaire régional par le discours sud-africain de la renaissance africaine

    Dans la période heureuse qui a suivi les élections démocratiques de 1994 après 300 ans de colonialisme et des décennies d'apartheid, les gourous politiques de l'African National Congress (ANC) dont le premier président noir d'Afrique du Sud Nelson Mandela et son successeur Thabo MBEKI, évoquaient avec enthousiasme l'aube de la « renaissance africaine ». La fin de l'apartheid devait apporter un renouveau politique, social, économique et culturel pour le continent africain et l'Afrique du Sud devait en être le fer de lance.

    L'idée de la renaissance avait germé bien avant 1994518(*). Partant d'une notion d'obligation historique, comment une Afrique du Sud démocratique pourrait aussi démocratiser l'Afrique qui avait joué un rôle majeur et consenti de grands sacrifices pour la lutte contre l'apartheid ? Investi président de l'Afrique du Sud le 16 juin 1999, le Président MBEKI proclamait que le « XXIe siècle sera africain »519(*).

    D'abord systématisé en 1997 par Vusi MAVIMBELA, un des proches conseillers de MBEKI dans un document intitulé « The African Renaissance : a workable dream », le Président MBEKI va par la suite préciser sa conception de la renaissance africaine. Dans une définition « mbekinienne », celle-ci doit être interprétée comme «  un renouveau de l'Afrique en termes de démocratisation ainsi que de développement économique et culturel »520(*). S'il est quelque peu proche du discours de la renaissance africaine développé par son homologue sénégalais et notamment sur le plan culturel521(*), il est spécifique dans la mesure où il stigmatise « la complicité de l'Afrique dans les mauvais résultats actuels du continent et l'héritage du colonialisme et de l'interventionnisme de l'extérieur »522(*). Au regard de cette différenciation, la conception « mbekinienne » de la renaissance africaine est une tentative plurielle qui repose sur quatre dimensions fondamentales à savoir le politique, l'économique, le social et le culturel ; l'objectif étant de promouvoir la position géopolitique de l'Afrique dans le monde.

    Politiquement parlant, l'avènement de la démocratie en Afrique du Sud est le commencement d'une « renaissance » de valeurs qui rayonneraient ensuite sur l'Afrique. L'ancien conseiller politique et confident de MBEKI, Vusi MAVIMBELA décrivait la renaissance comme un « troisième moment » de l'histoire post coloniale de l'Afrique523(*). Le pilier sur lequel se repose cette renaissance serait le miracle d'une transition sud-africaine, non violente de la brutalité de l'apartheid à la démocratie. Il est donc question que la nation arc-en-ciel524(*) exporte ce miracle politique et son système de valeurs démocratiques « indigènes » vers le reste du continent. Pour le Président MBEKI, cette renaissance politique est un véritable manifesto ; un appel à la rébellion. Il écrit : « l'Afrique n'a nul besoin de gangsters qui usurpent le pouvoir par des élections frauduleuses ou l'achètent par la corruption »525(*). En un mot, par ce discours, il appelle à la rébellion « contre les tyrans et les dictateurs ». Sur un autre volet, il défend l'idée que les Africains doivent tenter de résoudre leurs propres problèmes. Tel est le sens du slogan « African solutions to African problems » ; l'Occident et les autres n'étant que des partenaires et non des donneurs d'ordres526(*).

    Sur le plan économique, il s'inspirait de la stratégie économique de l'ANC prévue pour l'Afrique du Sud en 1996 et connue sous le nom de Stratégie pour la Croissance, l'Emploi et la Redistribution (GEAR)527(*). A partir de ce projet, il proposera son MARP qui fusionnera comme nous l'avons vu pour donner naissance au NEPAD. D'après lui, le NEPAD devrait reposer sur des propositions de politique économique orthodoxe ou néolibérale et des critères de bonne gouvernance afin d'avoir du crédit auprès des bailleurs de fonds internationaux. Il invitait ainsi les pays africains à faire recours aux privatisations et aux partenariats public-privé. Dans cette interprétation, il définit l'Afrique comme un marché prospère en pleine expansion, à côté de l'Asie, de l'Europe et de l'Amérique. Un marché dans lequel le capital sud-africain est appelé à jouer un rôle particulier à travers le développement du commerce, de partenariats stratégiques, etc.

    Pour son action en faveur de la globalisation, le continent offrira à l'Afrique du Sud une option préférentielle sur ce que sont ses largesses traditionnelles : le pétrole, les minéraux et les mines. Déjà, en1940, le premier ministre sud-africain Jan Smuts déclarait  ceci : « pour occuper une place de leader de développement panafricain dans ce vaste continent, nous devons faire preuve de pragmatisme et saisir les opportunités qui nous sont offertes. Ainsi, toute l'Afrique deviendrait notre propre marché si nous le voulons,... »528(*).

    D'un point de vue social, pour les dirigeants sud-africains comme le ministre des finances Trevor MANUEL, l'Afrique a un problème d'image. Il constate qu'une certaine vision négative de l'Afrique est issue de l'afro-pessimisme dominant en occident, lui-même en droite ligne de l'image coloniale de l'Afrique comme un « continent mystérieux à exploiter ». Il est donc nécessaire de redorer le tissu social africain. A cet effet, il contribue à une version modernisée de la conscience noire rendue populaire par Steve BIKO et selon laquelle les Africains doivent être fiers d'eux-mêmes et de leurs identités. Ainsi, le gouvernement sud-africain s'insurge-t-il contre la représentation des Africains comme des « objets sexuels ». Dans cette perspective, il faut, dit MBEKI, chasser le fantasme d'une conspiration des pays occidentaux qui voudraient « faire croire que le Sida est né en Afrique »529(*). La renaissance africaine a aussi pour ambition de changer les structures anciennes des sociétés africaines. Et pour cela, le Président MBEKI souhaite que les leaders traditionnels démocratisent leur pouvoir afin d'être plus en phase avec le nouveau siècle. Ce qui provoquera la colère de nombreux d'entre eux en Afrique du Sud. Par ailleurs, il souhaite moderniser les relations sociales archaïques qui subsistent en Afrique, en soutenant notamment la candidature d'une femme à sa succession530(*).

    En somme, selon une vision sud-africaine d'une région en Afrique, il faut au préalable moderniser les institutions et procéder à l'« africanisation » des domaines tels l'économie, la justice, la santé, le système scolaire ou encore les sciences sociales. Ces idées ne se confineront pas dans les frontières sud-africaines. Le Président MBEKI va se constituer en messager en allant à la recherche des alliés politiques sur le continent pour faire valoir sa perception du panafricanisme sur le plan continental. L'enjeu étant de combattre l'idée des Etats-Unis d'Afrique qu'il dit « précipitée ».

    2- Le recrutement des clients politiques sur le continent

    Le combat idéologique et stratégique autour de la construction de l'UA a laissé entrevoir des logiques de positionnement sur le continent. La croisade sud-africaine en vue de « vendre sa vision d'un renouveau africain »531(*) en Afrique vise avant tout à le placer comme le « symbole » 532(*) du panafricanisme que devront suivre d'autres Etats. Le Président MBEKI a fait le tour du continent pour convaincre les uns et les autres de partager la vision sud-africaine ainsi développée.

    Avant de traverser le Limpopo pour sa campagne contre le panafricanisme maximaliste, il a d'abord commencé par persuader les plus sceptiques de son camp. Par la suite, il s'est lancé à la conquête d'une Afrique encore plus suspicieuse. Les Présidents Robert MUGABE du Zimbabwe, Mouammar KADHAFI de Libye, le leader Kenyan Daniel ARAP MOI et l'Angolais J.E. Dos SANTOS dénoncèrent cette vision qu'ils assimilèrent à un stratagème malhabile de l'Afrique du Sud pour dominer le continent533(*).

    A l'inverse, d'autres comme le Président ougandais Yoweri K. MUSEVENI, le Bostwanéen Festus MOGAE et le Mozambicain Joachim Alberto CHISSANO, etc. furent immédiatement convertis. Nul doute que cette mobilisation sur le continent revêtait un enjeu stratégique pour la République sud-africaine d'autant que la Libye avait proposé dans la première mouture du projet des Etats-Unis d'Afrique une « nouvelle relation fondée sur la dépendance financière »534(*) à son égard. Autrement dit, elle se donnait pour mission de financer sans compter les grands projets de l'Union. Une proposition qui fit naturellement peur. La guerre quasiment ouverte contre le projet maximaliste amené par Libyens et Sénégalais a connu beaucoup de succès auprès d'une certaine opinion dite dominante au sein de l'Union aujourd'hui. Car, en procédant ainsi, l'Afrique du Sud porteuse d'une vision de la renaissance africaine à tendance minimaliste à laquelle il faut d'ailleurs ajouter le Nigeria535(*) a pu bénéficier de l'alliance d'autres Etats pour imposer une sub-régionalisation de la construction de l'UA.

    B- Le maintien du jeu sub-régional

    Distinct du fédéralisme dont l'objectif est de transférer à une entité supérieure les pouvoirs des différentes communautés souveraines, le fonctionnalisme et le néo fonctionnalisme s'entendent comme la simple coopération intergouvernementale observable dans le cadre classique des organisations internationales536(*). Ces deux théories se présentent comme des méthodes de découverte et d'apprentissage et d'un vouloir-vivre en commun des Etats537(*). Ceci épouse nettement la vision de certains Etats sur le continent, en ce qui concerne la construction de l'UA : une organisation jeune qui se construit en coordination pour ne pas dire en concurrence avec les organisations sous régionales existantes . Et ce contrairement à certaines organisations régionales comme l'UE qui a peut-être vocation à devenir à terme une entité regroupant tous les pays d'Europe sous des Unions économiques et politiques. On le voit. Des joutes idéologiques empreintes de souverainisme ont pour le moment ramené l'UA au rôle de coordinateur des communautés économiques régionales (CER) (1). Pour compléter cette étude du moins à ce niveau de réflexion, il nous paraît judicieux de faire une exégèse du souverainisme avancé de certains Etats africains à l'ère des constitutions des grands blocs supranationaux(2).

    1- Le ravalement de l'UA à la coordination des CER

    En Afrique, il existe une structuration sui generis organisée sous un angle polymorphe admettant à la fois un jeu entre les communautés économiques régionales et l'UA considérée comme l'organisation coordinatrice des activités des premières. En effet, une vision étriquée d'une organisation régionale en Afrique ne date pas de la naissance de l'UA. Elle a partie liée avec l'avènement du mouvement panafricaniste sur le continent. Alors qu'à la seconde conférence des Etats indépendants à Addis-Abeba en juin 1960, NKRUMAH s'efforçait à convaincre les Etats nouvellement indépendants qu'il fallait unir l'Afrique, la délégation nigériane représentée par Y. M. SULE tout en reconnaissant que « le panafricanisme est la seule solution à nos problèmes en Afrique quels qu'ils soient, relevait par la même occasion, que l'idée de former une union des Etats africains est prématurée, trop radicale et peut être ambitieuse...»538(*). Ce que le Dr. NKRUMAH qualifia sans tarder de vision à dominance « néocolonialistes »539(*). Cette myopie politique qui a caractérisé la vision des premiers bâtisseurs de l'OUA s'est aujourd'hui généralisée au sein d'une certaine élite politique africaine au point de devenir une référence incontournable de leur politique étrangère régionalisée.

    Les décennies dernières, on a vécu un développement sans précédent des organisations sous-régionales qui se chevauchent et entravent le progrès de l'UA. « Nombreuses comme des bornes au coin des rues » 540(*) pour utiliser l'expression de Gonidec, les organisations sous-régionales africaines  évoluent, clament les modérés pour le même but : la réalisation d'une UA forte. Cette thèse fièrement défendue par les chefs d'Etat des « grands pays anglophones » à l'instar du Nigeria, de l'Afrique du Sud, du Kenya et bien d'autres suggère une démarche par étapes en procédant préalablement au renforcement des regroupements régionaux que sont la communauté de l'Afrique de l'Est (EAC), la communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la (Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC), la Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale (CEEAC) et l'Union du Maghreb Arabe(UMA). Pour le Président Mwai KIBAKI du Kenya par exemple, ces communautés sous régionales constitueraient les composantes du gouvernement continental541(*). Or à l'observation, les différents joueurs de ce camp n'entendent pas céder un seul atome de leur souveraineté. Voici ce qu'en dit le premier ministre du Lesotho Pakalitha MOSISILI : « l'intégration politique complète présuppose la renonciation totale à la souveraineté. Pour certains d'entre nous, ça peut être en réalité beaucoup demander » 542(*). Le Président MUSEVENI quant à lui enfonce le clou par le jeu de l'abandon de la conscience collective du « référent africain » au profit des « sirènes identitaires » lorsqu'il déclare qu'« insister sur l'intégration politique au niveau continental impliquerait un amalgame de choses incompatibles qui peuvent créer de la tension plutôt que de la cohésion. Il sera particulièrement le cas, affirme-t-il, si vous mettez ensemble des groupes qui veulent imposer leur identité aux autres. Je ne peux pas renoncer à mon identité pour rien au monde »543(*). Défenseur obstiné de la souveraineté de son pays, il s'opposa farouchement à KADHAFI qui voulait commencer son mandat de président en exercice de l'UA par la mise sur pied d'un gouvernement de l'Union. Il lui rappela ceci: « la souveraineté de mon pays est à Kampala et non à Addis-Abeba »544(*).

    Il va sans dire que la plupart des Etats ne veulent bouger d'un iota. La fracture entre partisans d'une UA globale et une UA minimale étant nette. Comme l'avait déjà perçu Ide OUMAROU l'ex-sécrétaire général de l'OUA, le « risque contrariant sera, en effet, de faire jouer négativement dans l'organisation naissante les contradictions et les inerties, les enthousiasmes et les apathies, les lenteurs excessives et les précipitations »545(*). Aujourd'hui, l'on a d'un côté ceux qui partagent une vision dite « modérée » constituée par  les «attendez-moi d'abord » et une vision dite « radicale » incarnée par les « Nous n'avons pas le temps », ainsi qu'en témoignent ces propos de la ministre des Affaires étrangères mozambicaine Alcinda ABREU : « il y a un groupe d' ``immédiatistes'' qui pensent que le gouvernement (d'Afrique) doit être formé dès maintenant, mais la majorité ne pense pas que les conditions sont réunies. Pourquoi se presser ? Regardez l'Union Européenne, ils ne l'ont pas créée en un clin d'oeil »546(*).

    Le constat est sans équivoque. Une analyse des discours de ces leaders africains laisse cerner qu'une UA forte resterait avant tout une affaire de quelques chefs d'Etat minoritaires sur le continent. Alors que d'autres partagent des visions panafricaines qui ne sont plus aujourd'hui portées avec autant d'ambitions que celles des pères fondateurs à l'instar de NKRUMAH. C'est ainsi qu'il convient d'interpréter l'observation que fait Damien HELLY à propos de la défection de certains leader et du polymorphisme institutionnel dont souffre l'UA. Pour reprendre cette image footballistique, l'UA est encore « à la recherche d'un coach désintéressé, d'un capitaine stable et respecté, d'attaquants convaincus, de défenseurs fidèles et de gestionnaires de clubs performants ». Quant aux clubs sous-régionaux, aux capitaux politiques croisés, « ils jouent dans des divisions de niveaux différents et leurs tutelles souhaitent rarement transférer leurs meilleurs éléments à la sélection continentale »547(*). De facto plus anciennes que l'UA pour certaines, les organisations sous-régionales dont l'efficacité est inégale sur le terrain fonctionnent selon des logiques mouvantes et hétérogènes influencées par quelques facteurs clés tels puissances régionales motrices, quête de légitimation de leaders contestés, blocages internes liés à des conflits interétatiques, maturation inégale selon la sous-région, solidarités entre régimes autoritaires, etc. Si l'on peut même admettre avec Bertrand Badie que « l'Union Africaine se porte aujourd'hui mieux qu'hier, parce qu'elle est davantage institutionnalisée et davantage intervenante du fait de l'alliance avec les organisations sub-régionales »548(*), on peut cependant constater que cette « polygamie institutionnelle » affecte gravement la cohérence des stratégies au sein de l'organisation coordinatrice qu'est l'UA. Car, des conflits armés paralysent davantage certaines sous-régions telles les grands lacs (Centrafrique, Congo-Kinshasa...) et la EAC ; avec le cas du conflit entre Sud-Soudanais et Soudanais qui est provisoirement éteint ? On n'oubliera pas la Somalie où les Sheebab dictent leur loi sur le terrain voire sur le continent. Ironie de l'histoire, c'est exactement le 11 juillet 2010, c'est-à-dire dix ans après l'adoption de l'Acte constitutif de l'UA le 11 juillet 2000 que ces Sheebab s'attaquèrent au drapeau de l'UA en commettant, en Ouganda, un double attentat qui causa la mort de 76 Africains à la veille du sommet de Kampala prévu pour le 25 juillet 2010.

    Comme on peut le constater, la Mission de l'UA pour la Somalie (AMISSOM) peine à s'imposer dans la Corne de l'Afrique. Ceci au regard de la logique selon laquelle chaque sous-région devrait résoudre ses problèmes549(*). Sur ce point, le fantôme de l'UMA mis à part, on peut affirmer que l'EAC et la CEEAC constituent les maillons faibles de cette structuration à partir des CER. Ces deux blocs régionaux sont hors-jeu au regard peut être des moyens financiers et humains qui y font cruellement défaut. Dans la même lancée, on peut percevoir la dispersion d'énergies que constitue l'engagement, même financier, des Etats à la fois dans l'UA et dans les CER dans des domaines curieusement identiques comme un obstacle majeur pour penser une approche cohérente fondée sur des stratégies communes pour mieux aborder les maux du continent. A ce propos, Cheikh ANTA DIOP soulignait qu'on ne pouvait pas continuer à ménager « la chèvre et le chou » et que les dirigeants devaient « cesser de tromper les masses par des rafistolages mineurs et accomplir l'acte qui consomme la rupture avec les faux ensembles (communauté, Commonwealth) sans lendemain historique »550(*) .

    Au total, l'UA demande à être réalisée avec un but, une vision, une mission et une rare volonté politique des dirigeants du continent. Or, les dissensions entre Etats suscitent dès lors la question de savoir quel peut être l'enjeu que recèle le maintien du jeu souverainiste au détriment d'un jeu communautaire.

    2- Une exégèse du souverainisme de ces Etats

    La question souvent rebondissante et qui mérite une attention particulière est celle de savoir ce qui motive certains Etats africains, grands comme petits à privilégier des positions souverainistes. Cette interrogation se justifie par le fait qu'à une période où les Etats les plus riches et même les plus puissants de la planète (France, Allemagne, etc.) ressentent davantage la nécessité de renforcer leur union par la recherche constante d'une signature unique sur la scène internationale, c'est plutôt le mouvement inverse que l'on vit sur le berceau de l'humanité. Plus que jamais, des crispations nationalistes voire particularistes prennent le dessus sur toute volonté régionalement coordonnée et cohérente sur les domaines politiques et socio-économiques. Ce souverainisme paroxysmique conduisant immanquablement à l'«irresponsabilité vis-à-vis de l'autre »551(*) est à la fois l'apanage des « grands » et des « petits » Etats africains.

    En ce qui concerne les « grands Etats », il faut relever qu'ils réfléchissent généralement en termes d' « intérêt national ». Dans une perspective réaliste, l'intérêt national est nécessairement égoïste et par rapport aux intérêts extranationaux552(*). Ici, les Etats se trouvent dans un système du chacun pour soi (self-help system) synonyme de jeu à somme nulle, la satisfaction de l'intérêt national d'un Etat ne saurait tenir compte ni des intérêts nationaux des autres Etats, ni à fortiori d'on ne sait quel intérêt commun de l'humanité.

    Au sein de l'UA, les politiques « bilatéralistes » et « transrégionales » des deux poids lourds à savoir l'Afrique du Sud et le Nigeria nous permettent de bien comprendre cette politique qui vise à « promouvoir la demande nationale au détriment de l'humanité tout entière »553(*). D'abord, les solidarités « bilatéralistes ». Champion de la renaissance africaine, concurrencé par d'autres leaders du continent, « l'Afrique du Sud demeure un partenaire stratégique majeur pour l'Union Européenne avec laquelle elle traite d'égal à égal. Un cas unique en Afrique subsaharienne »554(*), écrit Damien HELLY. Le partenariat stratégique UE-Afrique du Sud prévoyant une coopération sur une base égalitaire place ainsi la « Nation Arc-en -ciel » de jure dans une position privilégiée par rapport à d'autres Etats du continent. Si l'on s'en tient à cet exemple singulier, on voit mal ce pays en train de coordonner ses politiques sur certains domaines avec les autres membres de l'UA. Il en est ainsi parce que dans les négociations internationales, les positions communes certes plus efficaces pour l'ensemble engendrent des lenteurs. Car, chaque partie cherchant à tirer son épingle du jeu tel que nous l'avons vu dans le cadre des négociations UE-Afrique pour les APE.

    Quant au Nigeria, même s'il ne se situe pas à la pointe de l'Afrique du Sud, les grands partenaires internationaux comme l'UE, une fois de plus, développent avec lui « une relation spéciale visant une coopération plus riche et plus diversifiée qu'avec d'autres pays africains »555(*). Comme on le constate dans ces deux cas, il y aurait une crainte d'avoir à partager des dividendes avec les autres.

    Outre ces avantages dont ils bénéficient sur le plan international, « le chacun pour soi » peut également permettre de comprendre l'attitude de ces Etats sur le plan continental. La construction d'une Union régionale comme nous l'avons vu avec Ben TONRA permet aux démunis d'éviter ou de minimiser « les affres » de toutes natures en bénéficiant du soutien des grands. En se désengageant de l'initiative d'un gouvernement continental dont l'objectif final est de mettre en commun les souverainetés ces Etats évitent ainsi de payer pour les Etats nécessiteux le cas échéant. Sans doute n'aimeraient-ils pas se confronter aux situations inconfortables où ils régleraient leurs dettes ou leurs déficits budgétaires. Tel est exactement le cas de l'Allemagne, moteur dans le cadre de l'UE qui a longtemps développé des phraséologies telles « c'est le problème de la Grèce si elle est en faillite » alors que ce pays se trouve dans une situation de déficit grave depuis 2010.

    S'agissant enfin du « transrégionalisme » de ces Etats, tout va de l'hypothèse qu'ils bénéficient tous aujourd'hui d'une certaine aura gagnée auprès de la communauté internationale. Notamment, avec leurs interventions pour rétablir la paix dans leurs sous-régions respectives, et où ils essayent d'imposer un leadership qui leur serait sans doute contesté sur le plan continental. Bertrand BADIE voit en cela une raison du délaissement d'une construction poussée sur le plan régional; les Etats préférant se livrer à la « diplomatie des clubs ». Ainsi, depuis 2005 où la perspective d'accorder un siège permanent à un pays africain au Conseil de Sécurité des Nations Unies a été évoquée, chacun de ces deux « grands » pays africains développe sa stratégie essayant d'apparaître « clair » aux yeux des grandes puissances espérant le briguer556(*). Ceci rejoint les ambitions du « sous-impérialisme » sud-africain, et dans une moindre mesure « l'hégémonisme sous-régional » nigérian. Ces deux Etats sont, même s'ils n'en ont pas encore les forces suffisantes, les nouveaux `gendarmes' du continent qui, comme tout bon gendarme, doivent dicter leur loi dans un espace bien déterminé. Alors, réfléchir en termes d'intérêts égoïstes s'avère périlleux pour l'émergence de l'UA.

    En ce qui concerne les « petits » pays, une motivation au moins fondamentale peut permettre de comprendre leur méfiance sur l'opportunité de la construction d'une UA totale : la peur de la recolonisation ou de la dépendance.

    En effet, avec la fin de la bipolarité, les logiques de puissances régionales ont été malmenées : dans un ordre apolaire, chacun prétend à l'autonomie, et « les petits Etats ont de plus en plus de mal à accepter cette nouvelle tutelle qui les place de facto en position de dépendance à l'égard de voisins plus gros qui ont acquis le statut de puissances régionales »557(*). Ainsi, beaucoup de « petits » pays africains ont, depuis le mouvement de la décolonisation, mené de longues luttes pour leur indépendance. Certains parmi eux auraient certainement le ressentiment du spectre de la domination ou de la recolonisation par les « grands » s'ils se mettaient avec eux. Au moment de l'adoption de l'Acte constitutif par exemple, la plus grande inquiétude était venue du feu président Omar BONGO du Gabon qui trouvait que la précipitation qui a caractérisé les initiatives libyennes en faveur de l'adoption et de la gestion du projet de l'UA a fait craindre de voir l'Afrique contrôlée par la Libye558(*).

    Par ailleurs, le cas de certains pays ayant plus ou moins tardivement acquis leur indépendance peut également expliquer cette méfiance. Nous citerons entre autres la Namibie559(*), le Mozambique560(*) et le Zimbabwe561(*). La peur des hégémons les pousse ainsi à s'enfermer dans un « nationalisme en pacotille ».

    Or, cette peur ne serait pas justifiée dans l'absolu, si comme dans le cadre de l'UE, les institutions de l'UA offraient « la possibilité d'exercer une certaine influence sur la conduite des Etats plus importants, en vérifiant notamment que ces derniers se plient aux règles et aux décisions communautaires... »562(*). Penser l'UA recommanderait que de mécanismes de la sorte puissent y être institués pour réduire ces sentiments des « petits » pays qui auraient l'impression de n'apparaître que comme des dindons de la farce.

    Comme on peut le saisir, la Libye et le Sénégal font face à la rivalité de certains Etats dans ce processus de construction pour les raisons que nous avons évoquées. Des obstacles pouvant être surmontés par l'élaboration des instruments susceptibles de faire avancer la marche vers l'érection d'une communauté digne de l'Afrique. Toutefois, les choses ne semblent pas aussi faciles comme on l'aurait pensé. Car, les vraies adversités leur viennent des puissances extra-africaines.

    PARAGRAPHE II: LES MANOEUVRES DESTABILISATRICES DE L'UNION PAR DES PUISSANCES EXTRA-AFRICAINES

    Aujourd'hui, l'UA est victime de la rémanence des manoeuvres déstabilisatrices qu'a connues son ancêtre l'OUA. Sans verser dans la thèse du « complot », nous nous proposons de démontrer à partir de l'analyse des faits concrets tirés de l'observation de l'actualité internationale que l'UA souffre autant de la fragilisation de son pilote qu'est la Libye (A) que du vampirisme du projet UPM qui essaierait de se reconstituer (B).

    A- Les manoeuvres de fragilisation de la Libye

    Bertrand BADIE soutient que « sur le plan global, les puissances les plus grandes se méfient des constructions régionales qui les contraignent beaucoup plus qu'elles ne les confortent. Les Etats-Unis, poursuit-il, n'ont jamais été très favorables à cette invention [...] pour les autres »563(*). Cette remarque somme toute pertinente amène à souligner que le poids des grandes puissances dans l'échec des organisations régionales, a souvent été imprudemment regardé. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le Président NKRUMAH et ses partenaires du groupe de Casablanca espéraient naïvement que le soutien attendu du camp progressiste (l'Union Soviétique et la Chine) d'un côté et des Etats-Unis, chantre de la liberté individuelle fondatrice de toute société politique et du droit de l'autodétermination de l'autre, créera les conditions de remise en cause de l'ordre colonial564(*). Cependant, tandis que le soutien des progressistes se limitait aux simples mots, celui des Américains est allé aux puissances coloniales alliées au nom du principe du « containment » destiné à stopper l'expansion communiste dans le monde . Aujourd'hui, plus que par le passé, ces entraves extra-africaines apparaissent de façon plus menaçante à travers l'affaiblissement de l'Etat libyen, initiateur du projet UA et par ailleurs le dispensateur privilégié d'aide pour sa construction.

    Déclenchée le 19 mars 2011 par les puissances occidentales avec en tête de file la France et les Etats-Unis, champions de la préservation des « droits de l'homme » et de la « démocratie » dans le monde, la guerre contre la Libye a sonné comme une stratégie de déstabilisation de l'acteur principal de la construction de l'UA, au mieux une guerre économique. Cela est d'autant évident qu'au-delà de la raison avancée par ces derniers pour justifier une intervention militaire habillée sous le label « humanitaire », des « vrais raisons »565(*) ont été identifiées.

    En réalité, par son projet de constitution d'un gouvernement d'Union et des Etats-Unis d'Afrique, la Jamahiriya libyenne de KADHAFI est apparue en Afrique comme un obstacle face à l'Occident qui considère l'Afrique comme l'affirme ce proverbe américain, « un continent que Dieu a laissé en réserve de l'humanité »566(*). Parmi les stratégies et les raisons de fragilisation de cet Etat, figure en bonne place le gel des avoirs de la Libye à l'étranger, notamment ceux destinés au financement du FMA. Comme l'a relevé Jean POUGALA, le Président des Etats-Unis d'Amérique, Barack OBAMA a saisi les 30 millions de dollars que l'Etat libyen avait prévu comme sa quote-part pour le lancement du FMA567(*). En effet, après la troisième conférence extraordinaire des ministres africains en charge de l'Economie et des Finances le 17 décembre 2010 à Yaoundé, ces derniers avaient invité tous les Etats membres de l'UA à faire parvenir au plus tard le 15 février 2011 à la Commission de l'UA leur actionnariat sur le protocole relatif à la création du FMA568(*). Les actions et avis des Etats membres devaient permettre d' « établir le FMA » et « savoir comment il faut calculer la quote-part » de chaque Etat, tel que l'a expliqué le ministre camerounais des finances Essimi MENYE569(*). Alors, l'adoption du projet de statuts et annexes du FMA devait se faire lors de la conférence des ministres en charge des Finances prévue en mars 2011. Mais, curieusement, c'est le 15 février 2011 que la rébellion sera constituée en Libye. Il est clair que les pays occidentaux ont perçu l'actionnariat libyen de 30 millions de dollars comme une volonté de nuire au Fonds Monétaire International et à la Banque Mondiale, d'autant que les Africains avaient rejeté leur demande qui visait à faire d'eux aussi des actionnaires au FMA. Par ailleurs, en faisant l'apport le plus important pour la construction du premier satellite panafricain RASCOM, la Libye avait mis fin au supplice du loyer que les Etats africains payaient à l'Europe sur les transmissions communicationnelles à partir d'un satellite européen. Une raison de plus pour que l'Occident ne décolère pas.

    Suite à l'intervention armée en Libye d'une certaine « communauté internationale » dont le multilatéralisme reste à bâtir570(*), la Cour Pénale Internationale (CPI) a lancé un mandat d'arrêt international contre le colonel KADHAFI pour « crime contre l'humanité ». Un stratagème qui l'a poussé à se terrer.

    Mais, au regard du parachutage des armes que la France a opéré au profit des rebelles à Benghazi en vue de  protéger les « populations civiles »571(*), on serait bien tenté de se demander comment réagirait le Quai d'Orsay si un pays plus puissant fournissait des armes aux Corses pour se défendre contre un gouvernement français avec lequel ils vivent souvent en mésintelligence. Aussi, pourquoi hier la « communauté internationale » n'a pas donné des armes aux Noirs sud-africains qui vivaient quotidiennement les affres de la politique d'apartheid afin qu'ils puissent déterminer eux-mêmes «  leur propre destin » comme le Président SARKOZY l'a voulu pour les Libyens ? Au demeurant, ce que l'on doit retenir c'est que « la mondialisation de la sécurité » aujourd'hui ne repose pas comme on aurait pu le rêver sur la définition d'un bien commun transcendant la dimension étatique, mais plutôt sur « la convergence et l'agrégation des intérêts étatiques autour des intérêts »572(*). C'est dans ce sens qu'on peut comprendre ces mots de Hubert COUDURIER qui soutient brillamment à la télévision que « La Libye, l'Afrique du Nord, c'est vital pour la France » 573(*).

    B- Les tentatives d'éveil de l'UPM

    Grand visionnaire politique, le Président WADE avait prévu dans son livre ces manoeuvres qui viseront à provoquer la scission de l'Afrique. Parlant des Etats d'Afrique du Nord, il écrivait que « ces pays étant arabes et méditerranéens, sont autant sollicités par le monde arabe que par l'Europe »574(*) . Cette parole prophétique n'a pas tardé à se réaliser.

    Depuis juin 2008, le Président français Nicolas SARKOZY à travers son projet d'union des pays de la Méditerranée essaie d'associer certains pays d'Afrique du Nord au giron économique et politique européen. La perspective est comme l'a remarqué François TAGLIONI double. D'une part elle consiste à rééquilibrer le poids de la France par rapport à l'Allemagne qui s'est renforcée avec l'entrée des Pays d'Europe Centrale et Orientale (PECO) dans les priorités des 15(27 aujourd'hui), et d'autre part à essayer de stabiliser et de sécuriser par le développement économique ce sud de l'Europe qui se présente comme une zone des plus instables (guerres du Golfe, crise algérienne, montée des fondamentalismes religieux et son corollaire antioccidental).

    Au-delà des aspects sécuritaires, l'élargissement de la zone d'influence de l'UE vers le Sud s'avère indispensable pour essayer à terme de rivaliser avec la zone libre-échangiste des Amériques (ZLEA). En un mot, ce partenariat est une initiative davantage à visées politiques qu'économiques575(*). Comme nous l'avons relevé antérieurement, ce projet est encore en train de se frayer un chemin, l'un des piliers du Maghreb à savoir la Libye de KADHAFI l'ayant rejeté. C'est pourquoi le Quai d'Orsay tentera de le ressusciter tout en misant sur la chute de KADHAFI, soutient Jean POUGALA.

    En fait, à Dakar, le Président SARKOZY avait dit désirer l'unité de l'Afrique afin qu'elle revienne définitivement aux Africains: « vous voulez l'unité de l'Afrique ? La France le souhaite aussi. Parce que la France souhaite l'unité de l'Afrique. Car l'unité de l'Afrique rendra l'Afrique aux Africains ». Mais comme nous l'observons, les bonnes intentions à aider « `' aussi'' à l'unité de l'Afrique», n'ont duré que le temps d'une rose. Car quelques années après, le Président SARKOZY et l'UPM, l'anagramme du parti UMP (Union pour un Mouvement Populaire) qui l'a porté au pouvoir, décideront de « couper la tête du continent africain »576(*).

    Vis-à-vis de l'Afrique, le projet méditerranéen soulève une équation que les dirigeants du continent et principalement ceux du Maghreb devront résoudre. Elle est un constat. On unirait autour de la Méditerranée pour désunir davantage autour du Sahara577(*), en consacrant plus officiellement qu'auparavant l'existence de deux Afriques : une Afrique « utile » à l'Europe, qui aurait vocation à devenir sa périphérie ; et une Afrique « inutile » parce que « problématique », abritant, selon les mots du Président SARKOZY, « trop de famine et trop de misère », caractérisée par son « manque de route » et par « une démographie trop forte pour une croissance économique trop faible».

    Au non cinglant de M. KADHAFI d'adhérer à ce projet, une autre réaction est à plusieurs reprises venue du Sud du Sahara. Celle de l'avocat de l'UA, Me. A. WADE. Contre cette union restreinte, le Président WADE n'a pas emprunté les courtoisies diplomatiques lorsqu'il la dénonçait de manière véhémente à la tribune de l'UA. Rappelant les tentatives similaires engagées dans le passé, notamment par l'ancien président américain George W. BUSH, il a plaidé auprès de ses homologues pour qu'ils n'aient d'yeux que pour l'UA : « Bush avait essayé de détacher l'Afrique du Nord pour faire le Grand Moyen-Orient. Ça n'a pas marché. Maintenant, il y a une autre stratégie qui consiste à créer une sorte de communauté méditerranéenne qui va intégrer les pays de l'Afrique du Nord à l'Europe. Alors, il faut qu'on se pose la question où on veut aller. L'idée d'une union méditerranéenne, si elle se fait, va permettre à l'Afrique du Nord d'être arrimée à l'Europe. C'est une barrière qui isole l'Afrique au sud du Sahara et il faut que les Africains en soient très conscients »578(*). Cette idée dont l'objectif est de jouxter à long terme l'Afrique du Nord à l'Europe a été perçue par J.V. NTUDA EBODE comme une volonté non avouée « d'empêcher la constitution de l'Union Africaine »579(*), d'autant que la ligne Maginot tracée entre l'« Afrique noire » et l'« Afrique blanche » vise à isoler la première.

    Or, lorsqu'on sait que se mettre ensemble c'est avant tout définir les priorités communes pour faire face aux grands enjeux communs, les questions qui taraudent tout observateur de la scène internationale africaine sont celles de savoir ce que deviendrait véritablement l'UA sans sa « tête » et par ailleurs, quelle opportunité pour le Maghreb à s'arrimer à ce projet ?

    En premier lieu, au regard du niveau de développement des pays de cette région, tout de même assez avancée par rapport aux autres régions du continent, et de leur contribution statutaire au budget de l'UA580(*), l'aboutissement de ce projet provoquerait une asphyxie de l'organisation panafricaine. Car ces « grands » pays jouent significativement le rôle de leaders en tirant le processus. Ce serait donc un coup fatal pour l'Union qui, orpheline de sa boussole, le Nord, se verrait encore plus dominée de l'extérieur voire sclérosée.

    En second lieu, et cela nous paraît évident, les pays du Maghreb qui ne sont pas pour le moment prêts à égaler, les grands pays d'Europe en termes de développement (économique, militaire, social et même politique) se perdraient dans la périphérie sud du vieux continent. Ils se borneraient au rôle de fournisseurs des matières premières qui serviraient aux grands Etats de l'UE de combler les dépenses effectuées pour le développement des pays de l'Est et du centre qui intègrent en vrac l'UE. Le Maghreb ne peut donc manifestement tirer son épingle du jeu. Sur ce point d'ailleurs, Philippe HUGON va même plus loin en affirmant que « les différentes simulations macroéconomiques montrent que ces accords aggraveront le déficit des balances commerciales des pays du sud de la Méditerranée. Il y aura baisse des prix, aggravation du déficit commercial, faible risque de détournement de trafic et augmentation de la concurrence »581(*). Il ajoute que « les différents travaux existants sur les simulations des accords de libre-échange entre l'Europe et la Méditerranée montrent que les avantages sont très limités, voire négatifs, en termes de flux commerciaux »582(*). Samir AMIN s'est montré plus sceptique en déclarant : « je pense que le processus dit de partenariat euro-méditerranéen amorcé à Barcelone en 1995, n'est pas seulement en panne mais qu'il est en faillite »583(*).

    Au regard de tout ce qui précède, on peut affirmer sans risque de se tromper que l'avenir de ces pays se trouve non pas dans le partenariat euro-méditerranéen, mais dans l'organisation panafricaine. Car, l'UA entend se faire de la Méditerranée au croisement de l'Océan Indien et de l'Océan Atlantique au Cap de Bonne Espérance584(*). Elle a donc vocation à être entière dans la mesure où « l'Afrique n'est entière que lorsqu'on y inclut l'Afrique du Nord »585(*).

    CONCLUSION GENERALE

    En remettant à l'ordre du jour l'idée d'une UA forte aux pouvoirs supranationaux, la Libye et le Sénégal tranchent avec la conception bismarckienne de l'Afrique. Ils rejoignent les aspirations des pères fondateurs de l'OUA, à l'instar de Kwame NKRUMAH et de Sékou TOURE dont l'objectif premier était de construire une structure continentale capable d'aider l'Afrique à se développer et défendre efficacement les intérêts du continent sur la scène internationale. Tel que nous l'avons démontré tout au long de cette étude, chacun de ces deux Etats s'efforce d'apporter sa touche particulière pour constituer le puzzle africain qu'est l'UA afin qu'elle réponde un jour aux espoirs du peuple le plus famélique du globe. A l'évidence, tel que l'avait prévenu Ali SALEM TRIKI, « les problèmes de famine, de pauvreté, de sécurité et d'analphabétisme ne pourront pas être résolus par un seul Etat africain »586(*).

    La Libye est l'Etat par lequel cette « métavision » a été lancée sur le continent. En cette qualité, elle a abrité plusieurs sommets extraordinaires afin que le projet d'Union voit le jour. Aussi, elle a exceptionnellement mis à la disposition de la nouvelle Union d'importants moyens financiers pour que ses organes et ses différentes institutions soient constitués. L'enjeu majeur étant d'éviter que l'UA ne soit comme à l'image de l'OUA un conte de fée. Afin que cette Union se bâtisse sur des bases solides, c'est-à-dire sur un plan supranational, elle s'est dotée d'importants réseaux sur le continent. La Libye a pu ainsi réunir autour d'elle autant des Etats-alliés regroupés au sein de la Cen-Sad que des autorités traditionnelles africaines détentrices des pouvoirs mystico-religieux et politiques pour certains dans leurs pays respectifs. Ceci dans l'objectif de constituer une majorité pour faire passer aisément ses projets dont les plus importants sont celui du gouvernement de l'Union et celui des Etats-Unis d'Afrique.

    De son côté, le Sénégal, avocat de cette Union a développé le concept de la « renaissance africaine » qu'il a fait matérialiser par un monument symbolisant l'éclairage et la libération de tout un continent des chaînes de l'esclavage, du colonialisme et de l'immobilisme. Un symbole fort qui constitue pour le peuple noir une référence à partir de laquelle pourra émerger une UA à la hauteur du continent. Pour ce pays, l'UA doit endogénéiser les savoirs de l'intelligentsia, tant du continent africain que de sa diaspora, afin d'intégrer ses expertises dans sa stratégie constructive. Ce que justifient l'organisation des colloques et des festivals ayant un volet culturel. Ces festivals constituent par ailleurs les lieux de production des normes et d'affirmation par excellence de l' « africanité ». Car, en s'enfonçant dans son histoire et sa culture, l'Afrique peut se donner les moyens de repenser ses relations avec le monde extérieur, notamment en érigeant une communauté qui la renforce et lui octroie la place qui est la sienne dans l'évolution actuelle du monde. Manifestant sa haine vis-à-vis du sous-développement, le Sénégal a proposé des projets structurants qui devraient à terme aider le continent africain à rattraper le retard qu'il accuse largement dans le mouvement de la mondialisation en cours. Ceci pour la juste raison que, malgré les montagnes d'or et de diamant dont la nature l'a exceptionnellement dotée, « l'Afrique est une somme de paradoxes, l'Afrique noire sans doute plus encore »587(*).

    Ces actions libyennes et sénégalaises s'inscrivent dans la perspective constructiviste qui, selon l'un de ses précurseurs Alexander WENDT, « est désireux de démontrer que des changements dans la politique internationale sont susceptibles de se produire lorsque des acteurs, par leurs pratiques, changent les règles et les normes constitutives de l'interaction internationale »588(*). Le constructivisme reconnaît à cet effet que les acteurs ont une certaine autonomie et leurs pratiques et interactions contribuent à construire, à reproduire et transformer les structures589(*). En agissant pour la structuration de la structure qu'est l'UA, ces Etats tout comme leurs porte-paroles construisent leurs « identités qui sont la base de leurs intérêts »590(*) tant sur les plans national, continental, qu'international.

    Le Sénégal et la Libye sont donc deux acteurs étatiques dont l'objectif est de faire de chaque Etat africain un rayon du grand soleil qu'est l'UA. Cependant, ce projet ambitieux connaît de temps à autre quelques écueils. Les entraves relevées sont d'ordre intrinsèque et extrinsèque. Les premières sont directement relatives à ces deux Etats. Dès lors, si le discours libyen sur la question de l'Union est très respecté de par l'enjeu qu'il recèle pour le continent tout entier, il ne trouve pas toujours d'écho favorable auprès de certains Etats qui accusent le gouvernement de Tripoli de son irresponsabilité lorsqu'il prône par exemple la division d'un pays ou soutient une rébellion déstabilisatrice. En ce qui concerne le Sénégal, le terreau recherché reste la paix à l'intérieur de ses frontières. Ainsi, ses ambitions continentales seront portées avec toute l'audace qui lui est reconnue.

    Pour ce qui est des obstacles externes, nous en avons identifiés deux. D'abord, l'hostilité de certains Etats au sein de l'Union qui n'approuvent pas le timing et les méthodes de cette construction. Nous remarquons à cet effet que la part belle est davantage faite au retour aux formules nationalistes, au repli sur soi, même si certains chefs d'Etat disent vouloir commencer par les CER. Ce constat découle du fait qu'à la lecture des discours tenus par les adeptes du camp dit des « gradualistes », il est clair que la sacralisation de la souveraineté est le maître-mot, chaque Etat ayant pris la résolution de cultiver son propre jardin.

    Cet enfermement dans une vision étriquée est en contradiction flagrante avec cet espoir d'Union. Pourtant, la cession des souverainetés dans certains domaines clés aurait permis de mettre sur pied des structures communes pour faire face ensemble aux grands défis que constituent ceux du monde actuel. L'Afrique construirait non seulement un marché commun mais érigerait également une communauté de sécurité qui devrait tout en éteignant les feux du continent, le défendre face aux expéditions punitives étrangères davantage fréquentes.

    Ensuite, les derniers obstacles majeurs demeurent à la fois la disparition du maître à penser de cette Union et la découpe du continent africain qui est toujours à l'ordre du jour. Car, le Sahara a été comme nous l'avons vu avec le projet UPM érigé en frontière. C'est pourquoi lors du symposium de Dakar, le Président Abdoulaye WADE a appelé les intellectuels africains à penser les stratégies pour pousser ce projet dévoyé dans ses derniers retranchements. Cette lutte héritée de NKRUMAH reste à jamais la seule arme de survie du peuple d'Afrique591(*). D'ailleurs, un proverbe africain ne dit-il pas que « la solidarité dans le troupeau oblige le lion à dormir affamé » ?

    Tout compte fait, malgré ces entraves, l'UA demeure une vision de portée prométhéenne. On peut donc affirmer que sa construction ne relève pas de la gageure. Elle a juste besoin d'une véritable volonté politique de la part des Etats qui devront prendre leurs responsabilités pour les engagements contractés ensemble. Car, de plus en plus, on a l'impression que certains chefs d'Etat africains jouent aux abonnés absents tout en se réunissant pour l'Union non voulue592(*). Peut-être que la personne de KADHAFI faisait-elle défaut eu égard à ses positions « calculatrices » qui inspiraient la crainte chez plusieurs chefs d'Etat africains. A présent que le pouvoir a changé de main en Libye, deux questions au moins restent pendantes.

    D'abord, les chefs d'Etat changeront-ils d'attitude envers l'UA ? Ensuite, le nouveau gouvernement libyen portera-t-il l'UA tel que le faisait le Guide libyen ou aura-t-il, à l'instar du Maroc, les pieds sur le continent et l'esprit outre-Atlantique? A la vérité, il n'est pas exclu que l'allégeance qu'il doit à la France le pousse à s'investir dans l'UPM. De plus, le robinet financier libyen risque de ne plus couler. Car, si l'UA a tardé à reconnaître le CNT, c'est en partie parce que KADHAFI était son principal mécène. D'ailleurs, parmi les conditions ayant présidé à la reconnaissance du CNT, outre l'exigence relative au respect des droits des travailleurs immigrés subsahariens, figurait le souhait des Etats membres de voir la Libye s'occuper davantage de l'UA. Sur ce point, une fois de plus, comme dans le cadre de la Cen-Sad, on peut déplorer que l'UA veuille dépendre non pas des Etats africains, mais majoritairement d'un individu ou d'un hégémon sous-régional.

    Tout de même, KADHAFI a frayé un chemin qui reste juste à peaufiner. Ainsi, les Etats africains devront non seulement cesser de garder leurs sous mais aussi adopter une politique étrangère régionale constante et coordonnée dans la perspective de poursuivre des intérêts supérieurs si, comme le soutient Norbert ELIAS, les organisations créées par les hommes ont pour but de « défendre ensemble leur existence ou l'existence de leur propre groupe contre les attaques antagonistes ...»593(*).

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    Ø KPATINDE Francis, «Une si longue et si difficile transition », dans Jeune Afrique l'Intelligent, N° 2215 du 22 au 28 juin 2003, pp. 76-78.

    Ø Le quotidien Walfadjri du 20 décembre 2009.

    Ø Le quotidien Le Soleil du 28 Juillet 2009

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    Ø MBOUMBA Jean-Marie, « Armées africaines : la mauvaise réputation », dans Jeune Afrique Economie N° 380, pp. 94-98.

    Ø MEYER Jean-Michel et LEJEAL Frédéric, «A coups de pétrodinars », dans Jeune Afrique N° 2474 du 8 au 14 juin, pp. 25-28.

    Ø MEYER Jean-Michel, « Quand le robinet libyen ne coulera plus », dans Jeune Afrique, N° 2617du 6 au 12 mars 2011, p. 27.

    Ø MEYER Jean-Michel, «Cen-sad, mode d'emploi », dans Jeune Afrique N° 2474 du 8 au 14 juin, p. 24.

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    Ø MVOGO Raphaël « Union pour la Méditerranée : intentions et motivations », dans Cameroon Tribune N° 9119/5318, du 16 juin 2008, pp. 29-30.

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    Ø OUAZANI Cherif, « Kaddafi éconduit la France », dans Jeune Afrique N°2478, du 6 au 12 juillet 2008 p. 62.

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    Ø OUSMANE Amadou, « Foire d'empoigne à Lomé », dans Jeune Afrique Economie N° 313, 2000, pp. 8-11.

    Ø SARAH Jenkins, « Les quatre chefs d'Etat qui ont compté », dans Jeune Afrique Economie, N°379 Mars- Avril 2010, pp. 59-60.

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    Ø SOUDAN François, « Au secours ! Les Américains débarquent... », dans Jeune Afrique N° 2438, du 30 au septembre au 6 octobre 2007, pp. 22-24.

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    Ø SOW Cécile « Un président, un monument et une polémique », dans Jeune Afrique N° 2535 du 9 au 15 août 2009, p. 31.

    Ø SOW GUEYE Cécile : « Renaissance africaine à Dakar », dans Jeune Afrique N°2419 du 20 au 26 mai 2007 p. 85.

    Ø TALLA Blaise-Pascal, « Un prophète nommé Kadhafi », dans Jeune Afrique Economie, 372, mars, avril 2008, pp. 82-86.

    Ø TRIAY-KONE Philippe, «Les hommes de Thabo Mbeki », dans Jeune Afrique Economie N° 291 du 12 juillet au 1er août 1999, pp. 94-95.

    Ø TUNDE FATUNDE, « Kadhafi en ballotage », dans Jeune Afrique Economie N° 313, 2000, p.12.

    Ø TUNDE FATUNDE, « Quand l'OUA fait la police », dans Jeune Afrique Economie N° 313, 2000, p.10.

    Ø YAHMED BECHIR Ben, « Ironie (positive) de l'histoire... », dans Jeune Afrique N° 2166- du 15 au 21 juillet 2002, pp. 6-7.

    Ø YAHMED Ben Béchir, « Kaddafi, visage de l'Afrique », dans Jeune Afrique, N°2509 du 8 au 14 février 2009, pp. 3-4.

    Ø YAHMED Ben Béchir, « pour un vrai départ », dans Jeune Afrique/L'Intelligent N° 2215 du 22 au 28 juin 2003, p. 4.

    Ø YERIM SECK Cheikh, « Au Secours, Kaddafi arrive! », dans Jeune Afrique, N°2509 du 8 au 14 février, pp. 34-38.

    Ø YERIM SECK Cheikh, « Bataille au sommet », dans Jeune Afrique N° 2530 du 5 au 11 juillet 2009, pp.14-17.

    Ø YERIM SECK Cheikh, « Sommet des crises », dans Jeune Afrique N° 2529 du 28 juin au juillet 2009, p. 13.

    IV- THESE ET MEMOIRES

    Ø ANDREDOU KATIE Jean Baptiste, Le panafricanisme : quelle contribution à la construction des Etats-Unis d'Afrique ? Mémoire de Maîtrise en science politique, Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest d'Abidjan (UCAO/UUA), disponible sur http:// www.memoireonline.com,

    Ø DJUIDJE KOUAM Reine, « Les dynamiques de l'ordre international africain : Un espace d'interdépendance en mutation. Une analyse sociologique de la succession de l'organisation de l'Unité Africaine par l'Union africaine : Thèse de doctorat de 3ème cycle en Relations Internationales option diplomatie, Yaoundé, IRIC, mars 2003.

    Ø ESSONO Etiennette Ghislaine, La commission de l'Union africaine : entre ambition et réalité, Mémoire de DESS en Relations Internationales, option diplomatie, Yaoundé, IRIC, février 2007.

    Ø FALA MAYU MULEEL Popaul, l'Union Africaine : Bilan et Perspectives (2001-2008), Mémoire de Licence en Relations Internationales, Université de Lubumbashi, 2007-2008, disponible sur http:// www.memoireonline.com.

    Ø FOFANA Djibril, l'Union Africaine et le projet des Etats-Unis d'Afrique : identification et analyse des facteurs entravant la concrétisation de cet idéal panafricain, Mémoire de Maîtrise en science politique, Université Gaston Berger de Saint-Louis, disponible sur http:// www.memoireonline.com,

    Ø ISKANDAR BOCTOR Christine A., La coopération multilatérale et la question de l'eau au bassin du Nil, Institut d'Etudes Politiques de Paris (IEP), Master en Relations internationales, disponible sur http:// www.memoireonline.com, consulté le 2 décembre 2010.

    V- DOCUMENTS OFFICIELS ET RAPPORT

    Ø 37 années de travail et de donation, Yaoundé, Edité par l'Ambassade de la Grande Jamahiriya Arabe libyenne Populaire Socialiste, 2006, 56 p.

    Ø The World Almanach and book of facts, Ed. Famighetti Robert, 1995, 975 p.

    Ø Rapport de la première conférence des intellectuels africains et de la diaspora africaine (RAPT/RPT/CAID) (I),

    VI- QUELQUES SITES INTERNET

    Ø afrology.com

    Ø http://falak39.org/fr/?p=290.

    Ø http://ocpa.irmo.hr/resources/docs/Intellectuals_Dakar_Report-fr.pdf

    Ø http://www.diplomatie-presse.com/?p=1113.

    Ø http://www.gouv.sn

    Ø http://www.gouv.sn/spip.php?article218

    Ø http://www.lemonde.fr/,

    Ø http://www.memoireonline.com

    Ø http://www.mouvement-ngambo-na ngambo.org/

    Ø http://www.africapresse.com/economi

    ANNEXES

    ANNEXE 1

    Acte constitutif de l'Union Africaine, adopté le 11 juillet 2000 à Lomé, (Togo).

    ANNEXE 2

    Document de base du Mécanisme Africain d'Evaluation entre Pairs (MAEP), 8 juillet 2002, Durban (Afrique du Sud).

    ANNEXE 3

    Discours du président Nicolas Sarkozy à l'Université Cheikh ANTA DIOP de Dakar, le 26 juillet 2007.

    ANNEXE 4

    Africom threatens the sovereignty, independence and stability of the African continent. A position paper of the National Conference of Black Lawyers.

    TABLE DES MATIERES

    AVERTISSEMENT i

    DEDICACE ii

    REMERCIEMENTS iii

    SIGLES ET ABREVIATIONS v

    SOMMAIRE vii

    INTRODUCTION GENERALE 1

    I -DEFINITION DES TERMES DU SUJET ET JUSTIFICATION DU CHOIX DES ACTEURS 4

    A- Définition des termes du sujet 4

    1- L'Etat 4

    2- L'Union Africaine 5

    B - Justification et présentation des acteurs 5

    1- Justification du choix des acteurs 5

    2- Présentation des acteurs 7

    II- INTERET DE L'ETUDE 11

    III- PROBLEMATIQUE 14

    IV- DEMARCHE ADOPTEE 15

    A - Techniques de collecte des données 15

    1- La recherche documentaire 15

    2- L'enquête sur le terrain 16

    3- L'analyse des objets 17

    B- L'usage des théories 17

    1-Le constructivisme 18

    2- Le multilatéralisme 20

    3- L'interaction stratégique 22

    V- HYPOTHESE DE TRAVAIL 24

    PREMIERE PARTIE: LA LIBYE ET LE SENEGAL: DEUX ACTEURS DETERMINANTS DANS LE PROCESSUS DE CONSTRUCTION DE L'UNION AFRICAINE 25

    CHAPITRE I: LA LIBYE, TETE DE PROUE DANS LA CONSTRUCTION DE L'UNION AFRICAINE 28

    SECTION I: L'INITIATEUR DU PROJET D'UNION 29

    PARAGRAPHE I - L'ORGANISATION DES SOMMETS FONDATEURS 30

    A- La convocation du 4ème sommet extraordinaire de l'OUA lors de sa 35ème session 30

    1- L'invitation des chefs d'Etat et de gouvernement lors du 35ème sommet d'Alger 30

    2- Le plaidoyer pour la création d'une UA 31

    B- La convocation d'un conseil extraordinaire des ministres et du 5ème sommet extraordinaire de l'OUA 33

    1- L'invitation des ministres des Affaires étrangères à Tripoli, éviter la reproduction de l'OUA 33

    2- L'invitation des chefs d'Etat et de gouvernement au 5ème sommet extraordinaire de l'OUA et la naissance de l'UA 34

    PARAGRAPHE II - LA PROPOSITION D'UNE FORME, DES STRUCTURES ET DES POLITIQUES PUBLIQUES REGIONALISEES A L'UNION 37

    A- La proposition d'une forme : le réveil du projet fédéraliste de Nkrumah 37

    1- La proposition d'un Etat fédéral africain 38

    2- La reconsidération du projet fédéraliste libyen 40

    B- La mise sur agenda des structures et des politiques publiques régionalisées 42

    1 - La proposition des structures supranationales 43

    2 - Les politiques publiques régionalisées 44

    SECTION II- LA MOBILISATION DES RESSOURCES FINANCIERES ET DIPLOMATIQUES 45

    PARAGRAPHE I- LA MOBILISATION DES RESSOURCES FINANCIERES IMPORTANTES 46

    A- Le règlement des arriérés de contribution des pays insolvables 46

    B- Le principal bailleur de fonds des projets panafricains 48

    PARAGRAPHE II- LA MOBILISATION DES RESSOURCES DIPLOMATIQUES DIVERSES POUR LE PASSAGE DE SES PROJETS ET LE REJET D'UNE INITIATIVE EXTRA-AFRICAINE DEVOYEE 50

    A- Le soft power, une stratégie libyenne d'obtention du soutien 50

    1 - Les suites du financement des économies de certains Etats de la Cen-Sad ................................................................................................ 51

    2- La quête du renfort auprès des autorités traditionnelles africaines 53

    B- La mobilisation des Etats Maghrébins pour le rejet du contre-projet UPM 56

    CHAPITRE II: LE SENEGAL, DEFENSEUR ACHARNE DE L'UNION AFRICAINE 59

    SECTION I- L'OFFRE DES ACTIONS SUPRANATIONALES 61

    PARAGRAPHE I- LA PROPOSITION DES ORGANES SUPRANATIONAUX ET L'ABOLITION DES SOUVERAINETES 61

    A- L'offre des structures supranationales pour le gouvernement d'Union 61

    B- Le transfert et/ou l'érosion des souverainetés au profit de l'Union 65

    PARAGRAPHE II- La co-conception des projets de développement et la proposition des APD 66

    A- La co-conception des projets de développement 67

    1- La participation à l'élaboration du NEPAD par la proposition du POA 67

    2- La proposition d'un projet de gouvernance régionale : le MAEP 70

    B- La proposition des APD : contre la départementalisation économique de l'Union 73

    SECTION II- LA CONSTRUCTION DISCURSIVE, SYMBOLIQUE ET PRATIQUE DE L'UA 76

    PARAGRAPHE I- LA CONSTRUCTION DISCURSIVE 76

    A- La constitution de l'UA autour du discours de la renaissance africaine : la construction de la paix .................................80

    B- La construction des normes et des valeurs communes à travers les conférences 80

    1- Le recours à la communauté épistémique : l'expertise des intellectuels africains 80

    2- L'implication de la diaspora africaine dans le processus 85

    C - La construction de l'Union médiane: contourner « le statu quo » minimaliste 87

    PARAGRAPHE II : LA CONSTRUCTION SYMBOLICO-PRATIQUE 89

    A- La concrétisation du discours de la renaissance africaine 89

    B- Le rôle des festivals : le retour aux sources culturelles 91

    C- La construction de la muraille verte : relever le défi environnemental 93

    SECONDE PARTIE: LA LIBYE ET LE SENEGAL: DEUX ACTEURS AUX ACTIONS MOTIVEES PAR DE MULTIPLES ENJEUX MAIS SOUVENT ENTRAVEES PAR DIVERSES CONTRAINTES 96

    CHAPITRE III: LES ENJEUX DU SENEGAL ET DE LA LIBYE 98

    SECTION I- LA CONSTRUCTION DES IDENTITES ET DES INTERETS DES ETATS 99

    PARAGRAPHE I- LA CONSTRUCTION DES IDENTITES 99

    A- La constitution d'une puissance hégémonico-diplomatique par la Libye 100

    1- La constitution d'une puissance hégémonique 100

    a- L'acquisition de la légitimité internationale et le renforcement de sa place au sein de l'UA 101

    b- La construction de l'identité de rôle : sa valorisation par les autres Etats .............................................................................................. 103

    c- L'accroissement de son hégémonie à travers la construction de l'identité collective des Etats 104

    2- La constitution d'une puissance diplomatique 105

    B- La constitution d'une puissance pédagogique par le Sénégal 106

    1- La valorisation de l'identité de type 106

    2- La construction de sa grandeur internationale 107

    PARAGRAPHE II : LA CONSTRUCTION DES INTERETS 108

    A- La construction des intérêts de la Libye 109

    1- La quête de l'autonomie alimentaire et économique 109

    1- La survie physique 111

    B- La construction des intérêts du Sénégal 111

    1- La construction de ses intérêts au sein de l'UA 111

    2- La construction de ses intérêts sur la scène internationale à travers le discours de la renaissance africaine 113

    SECTION II - LA CONSTRUCTION DES IDENTITES ET DES INTERETS DES PORTE-PAROLES 114

    PARAGRAPHE I - LA CONSTRUCTION DES IDENTITES 114

    A - La construction de l'image de Kadhafi sur la scène internationale 115

    1- La construction de sa grandeur 115

    a- La célébration de son image lors des rencontres de l'UA 115

    b- La personnification de l'Afrique 116

    2- La construction du « roi » généreux 117

    3- La reconquête de son image en Occident par l'abandon des projets nucléaires et la stigmatisation du terrorisme 118

    C- La construction multidimensionnelle de l'image de Wade 120

    1- La construction de son image par ses actions pour la paix et la démocratie selon les principes de l'UA 120

    a- Wade, l'artisan de la paix 120

    b- Wade, l'apôtre de la démocratie ? 121

    2- Le discours de la renaissance africaine, une autre stratégie de construction de l'image de Wade 122

    a- Une stratégie pour sa politique d'image sur le plan international 122

    b- Une stratégie de légitimation de son régime sur le plan national 123

    PARAGRAPHE II - LA CONSTRUCTION DES INTERETS 125

    A - Les tentatives « kadhafienne » d'emprise sur l'Union 125

    1- Les manoeuvres de transformation de Syrte en capitale de l'UA 125

    2- Kadhafi comme « président de l'Afrique » 126

    B - Wade à la quête des rétributions financières et symboliques 127

    1- L'exploitation lucrative du monument de la renaissance africaine 128

    2- La bataille pour les règnes du NEPAD 129

    CHAPITRE IV: LES CONTRAINTES ENTRAVANT LES ACTIONS DE LA LIBYE ET DU SENEGAL 131

    SECTION I : LES CONTRAINTES INHERENTES AUX DEUX ETATS 132

    PARAGRAPHE I- LE DISCOURS CONSTRUCTIF LIBYEN EN PERTE DE VITESSE ? 132

    A- Les incohérences d'un discours intégrateur 132

    1- L'internalisation en demi-teinte des normes unitaires diffusées 133

    2- La quasi-défaillance du système d'apprentissage sur le savoir vivre-ensemble 136

    B- La remise en cause des ressources diplomatiques mobilisées? 139

    1- La crédibilité de la Cen-Sad en jeu 139

    2- A propos du sort de l'assemblée des chefs traditionnels à l'UA 141

    PARAGRAPHE II : LA FRAGILITE ATAVIQUE DU SENEGAL 142

    SECTION II: LES CONTRAINTES EXTERIEURES AU DEUX ETATS 146

    PARAGRAPHE I: LA RIVALITE ENTRE CERTAINS ETATS MEMBRES AU SEIN DE L'UNION 147

    A- La fronde anti-libyenne et sénégalaise 147

    1- La construction d'un imaginaire régional par le discours sud-africain de la renaissance africaine 147

    2- Le recrutement des clients politiques sur le continent 151

    B- Le maintien du jeu sub-régional 152

    1- Le ravalement de l'UA à la coordination des CER 153

    2- Une exégèse du souverainisme de ces Etats 156

    PARAGRAPHE II: LES MANOEUVRES DESTABILISATRICES DE L'UNION PAR DES PUISSANCES EXTRA-AFRICAINES 160

    A- Les manoeuvres de fragilisation de la Libye 160

    B- Les tentatives d'éveil de l'UPM 163

    CONCLUSION GENERALE 167

    BIBLIOGRAPHIE ...............................................................................................173

    ANNEXES 185

    TABLE DES MATIERES 227

    UE 14

    * 1 BADIE Bertrand, Un monde sans souveraineté. Les Etats entre ruse et responsabilité, Paris, Fayard, 1999, p. 11.

    * 2 Cf. Acte constitutif de l'Union Africaine adopté le 11juillet 2000 à Lomé. Voir en annexe.

    * 3 SMOUTS Marie-Claude, cité par MVELLE Guy, L'Union Africaine. Fondements, organes, programmes et actions, L'Harmattan, 2007, p. 35.

    * 4 Ce discours prononcé à l'occasion de la clôture de la 36ème conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'OUA, le 12 juillet 2000, a été repris par DOTCHEVI Pascal, « Le sang de l'Union », dans Jeune Afrique Economie N° 313 du 17 juillet au 6 août 2000, p. 17.

    * 5 Objectif 4 de l'article II de la Charte de l'OUA adoptée à Addis-Abeba le 23 mai 1963.

    * 6 Lire CHAIGNEAU Pascal : « L'Afrique face à des crises protéiformes », dans Les cahiers de la défense nationale : structurations stratégiques en Afrique, janvier 2010, p. 8.

    * 6 DURKHEIM Emile, cité par GRAWITZ Madeleine, Méthodes des sciences sociales, 11e édit., Paris, Dalloz, 2001, p. 381.

    * 7 BACHELARD Gaston, La formation de l'esprit scientifique, Paris, Librairie Philosophique J. VRIN, 1986, p. 14.

    * 8 Cité par GRAWITZ (M.) op. cit., p. 381.

    * 9 Cf. MERLE Marcel, Sociologie des relations internationales, Paris Dalloz, 4e éd., 1988, pp. 320-321.

    * 10 Le Maroc s'est officiellement retiré de l'OUA en novembre 1984 suite à l'admission de la République Arabe Sahraouie Démocratique(RASD), un territoire sur lequel il réclame toujours sa souveraineté. Mais, il fait curieusement partie de l'Union du Maghreb Arabe(UMA), une CER à partir de laquelle l'UA se structure.

    * 11 Il a été admis à l'Union africaine comme 53ème Etat membre le 27 juillet 2011.

    * 12 ROJOT Jacques, Théorie des organisations, Ed, Eska, 2003, p. 216.

    * 13 BACHELARD (G.), op. cit., p. 55.

    * 14 Ibid.

    * 15 37 années de travail et de donation, Yaoundé, Edité par l'Ambassade de la Grande Jamahiriya Arabe libyenne Populaire Socialiste, 2006, p. 6.

    * 16 The World Almanac and book of facts, Ed. Famighetti Robert, 1995, p. 795.

    * 17 Le 24 décembre 1951, le roi Idris Ier proclama l'indépendance du royaume de Libye qui rejoignit la ligue arabe en 1953 et les Nations unies en 1955.

    * 18 VAÏSSE Maurice (dir.), Dictionnaire des relations internationales au 20e siècle 2e éd., Paris, Armand Colin, 2007, p. 202.

    * 19 Ghana, Egypte, Maroc, Libye, Ethiopie, Tunisie, Soudan, Guinée Conakry, Mali, gouvernement provisoire de la République algérienne.

    * 20 Côte d'Ivoire, Sénégal, Nigeria

    * 21 La « Jamahiriya » est un mot arabe pouvant se traduire par «République des masses».

    * 22 EL KADHAFI Moammar, Le livre vert : La solution du problème de la démocratie. « Le pouvoir du peuple », première partie, 1976, p. 9.

    * 23BRITTO García Luis, « Quand la Libye brûlera », disponible sur http://www.larevolucionvive.org. , consulté le 1er septembre 2011.

    * 24 La dette publique libyenne est allée décroissante. Selon les chiffres les plus récents, en 2006, elle représentait 5,40% de son PIB et en 2009 3,90%. Voir « la Liste des pays par dette publique » sur http://fr.wikipedia.org/wiki/., consulté le 1er septembre 2011.

    * 25 BRITTO (G. L.), « Quand la Libye brûlera », http://www.larevolucionvive.org., consulté le 1er septembre 2011.

    * 26 Ils viennent principalement d'Egypte, du Soudan et du Sahel (Niger, Tchad, Nigeria, etc.).

    * 27Ces chiffres sont de l'Agence Nationale de Statistique et de la Démographie Sénégalaise http://www.ansd.sn/, consulté le 1er septembre 2011.

    * 28 Voir  la Liste des pays par dette publique sur http://fr.wikipedia.org/wiki/. , op. cit.

    * 29 Selon une source de la télévision camerounaise Canal 2 International le 14 avril 2011.

    * 30 Agence Nationale de Statistique et de la Démographie, http://www.ansd.sn/ op. cit.

    * 31 http://www.au-senegal.com/Population.html., consulté le 2 septembre 2011.

    * 32 Cf. OTAYEK René, La politique africaine de la Libye, éd., Karthala, Paris, 1986, p. 166.

    * 33 Cité par TONRA Ben, « Les petits pays ont aussi une politique étrangère », dans CHARILLON Frédéric (dir.), Politique étrangère : Nouveaux regards, Presse de science po, 2002, p. 335

    * 34 PONDI Jean Emmanuel, Reine Afrique ou racines de l'Union Africaine, théâtre, édition clé, Yaoundé 2007, 30 p.

    * 35 FOFANA Djibril, l'Union Africaine et le projet des Etats-Unis d'Afrique: identification et analyse des facteurs entravant la concrétisation de cet idéal panafricain, Mémoire de Maîtrise en science politique, Université Gaston Berger de Saint- Louis, disponible sur http : // www.memoireonline.com, consulté le 3 janvier 2010.

    * 36 DJUIDJE KOUAM Reine, « Les dynamiques de l'ordre international africain: UN espace d'interdépendance en mutation. Une analyse sociologique de la succession de l'organisation de l'Unité Africaine par l'Union africaine: Thèse de doctorat de 3ème cycle en Relations Internationales, option diplomatie, Yaoundé, IRIC, mars 2003.

    * 37 ESSONO Etiennette Ghislaine, La commission de l'Union africaine: entre ambition et réalité, Mémoire de DESS en Relations Internationales, option diplomatie, Yaoundé, IRIC, février 2007.

    * 38 L'Union Africaine. Fondements, organes, programmes et actions, L'Harmattan, 2007.

    * 39 Cité par GRAWITZ Madeleine, Méthodes des sciences sociales, 10e édit., Editions Dalloz, 1996, Paris, p.317.

    * 40 BEAUD  Michel, L'art de la thèse. Comment préparer et rédiger un mémoire de master, une thèse de doctorat ou tout autre travail universitaire à l'ère du Net, éd. La Découverte, Paris, 2006, p. 11.

    * 41 Ibid, p. 11.

    * 42 Question fondamentale en relations internationales déjà posée par le courant constructiviste pour lequel le monde « n'est pas », mais « se construit socialement ».Voir à cet effet BARNETT Michael, cité par POKAM Hilaire de Prince, « L'Afrique et les jeux olympiques : une analyse constructiviste », dans Annales de la FSJP de l'Université de Dschang, 2008, p. 303.

    * 43 GRAWITZ, op.cit., p. 134.

    * 44 Cf. BATTISTELLA Dario, Théories des relations internationales, Paris, PFNSP, 2003, p. 3.

    * 45 GRAWITZ (M.), op. cit., p. 443.

    * 46 DUVERGER Maurice, Méthodes de la Science Politique, Paris, PUF, 1959, p. 61.

    * 47 Se référer à EL KADHAFI (M.), Le livre vert : La solution du problème de la démocratie. « Le pouvoir du peuple », op. cit. ; Wade Abdoulaye, Un destin pour l'Afrique, Paris, Karthala, 1989, 190 p.

    * 48 SEKOU TOURE Ahmed, Des Etats- Unis d'Afrique, Tome XXV, édité par le Bureau de Presse de la Présidence de la République, Imprimerie Nationale « Patrice Lumumba », février 1980, 254 p.

    * 49 On se reportera respectivement aux revues camerounaise et françaises telles Terroirs, revue africaine de sciences sociales et de philosophie, EBOUSSI BOULAGA Fabien (dir.), Academia Africana, 3-4/2007. ; Les Cahiers de la Revue Défense Nationale : structurations stratégiques en Afrique, janvier 2010 ; l'Annuaire Français des Relations Internationales ; la revue Politiques étrangère, etc.

    * 50 Rapport de la première conférence des intellectuels africains et de la diaspora africaine (RAPT/RPT/CAID) (I), disponible sur http://ocpa.irmo.hr/resources/docs/Intellectuals_Dakar_Report-fr.pdf, consulté le 20 décembre 2010.

    * 51 37 années de travail et de donation, Yaoundé, Edité par l'Ambassade de la Grande Jamahiriya Arabe libyenne Populaire Socialiste, 2006, 56 p.

    * 52 www. Africa-union.org ; http://www.diplomatie.gouv;http://www.afrimap.org, etc.

    * 53 Voir TCHOUPIE André, cours de techniques de recherche en Science Politique, Master II 2009/2010, p. 34.

    * 54 TCHOUPIE (A.), op. cit., p. 34.

    * 55 WEINBERG Steven cité par WILGA Maciej, « Le constructivisme dans le domaine de l'intégration européenne », dans l'Europe en formation, N°322, automne 2001, p. 88.

    * 56ONUF Nicholas, World of our Making, «Rules and Rule in Social Theory and International Relations», Columbia, University of South Carolina Press, 1989.

    * 57 KRACHTOWIL Friedrich, «The Force of Prescription», International Organization, Vol. 38, n°4, 1984, pp. 685-708; KRACHTOWIL Friedrich, Rules, Norms and Decisions. On the Conditions of Practical and Legal Reasoning in International Relations and Domestic Affairs, Cambridge, Cambridge University Press, 1989.

    * 58 RUGGIE John Gerard «Introduction: What makes the world hang together? Neo-utilitarism and the social constructivist challenge,» dans RUGGIE John Gerard, Constructing the world polity: Essays of international institutionalization (London: Routledge, 1998)

    * 59WENDT Alexander, «The agent-structure problem in international relations theory», International Organization, Vol. 41, n°3, 1987, pp. 335-370.

    * 60CHECKEL T. Jeffrey, «The Constructivist Turn in International Relations Theory», World Politics, Vol. 50, No 2, Janvier 1998.

    * 61LAMBORN Alan C. et LEPGOLD Joseph, World politics into the twenty-first century: unique contexts enduring patterns, 1er éd, Von Hoffman Press, 2003, p. 45.

    * 62RUGGIE (J. G.); CHEKEL (T. J.), cités par LAMBORN (A. C.) et LEPGOLD (J.), p. 46.

    * 63 ONUF Nicholas, cité par BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 270.

    * 64 Ibid, p. 71.

    * 65 SMOUTS Marie-Claude, BATTISTELLA Dario, VENESSON Pascal Dictionnaire des relations internationales. Approches, concepts, doctrines, 2006, p. 356.

    * 66 Voir SEMINATORE Irnerio, « Multilatéralisme et multipolarité. Distinctions éthiques, conceptuelles et stratégiques », Institut européen des relations internationales, Bruxelles, février 2009, disponible sur http://www.ieri.be/en, consulté le 28 août 2011.

    * 67Ibid.

    * 68 KNIGHT W. Andrew, « Multilatéralisme ascendant ou descendant : deux voies dans la quête d'une gouverne globale », Etudes internationales, vol.26, N°4, 1995, p. 686.

    * 69RUGGIE Gérard, cité par NOVOSSELOFF Alexandra, « L'essor du multilatéralisme : principes, institutions et actions communes », Annuaires français des relations internationales, vol.3, 2003, p. 305.

    * 70 SMOUTS Marie-Claude, cité par ISKANDAR BOCTOR Christine A., La coopération multilatérale et la question de l'eau au bassin du Nil, Institut d'Etudes Politiques de Paris (IEP), Master en Relations internationales, disponible sur http:// www.memoireonline.com, consulté le 2 décembre 2010.

    * 71 MOREAU DEFARGES Philippe, « Le multilatéralisme et la fin de l'histoire », dans Politique étrangère,  Vol. 69,   N°3, 2004, p. 579.

    * 72 LAMBORN (C.A.) /LEPGOLD (J.), op. cit., p. 485.

    * 73 CROZIER Michel et FRIEDBERG Erhard, L'acteur et le système, les contraintes de l'action collective, Paris, 1977, Editions du Seuil, p. 45.

    * 74 KENDALL Diana, Sociology in our times, 3e éd, 2001, p. 25.

    * 75Voir ROJOT (J.), op.cit., pp.215 à 219.

    * 76 BLUMER Herbert, Symbolic interactionionism: perspective and method, prentice-hall, Englehood Cliffs, 1969, pp. 18-19.

    * 77 ROJOT (J.), op. cit., p. 216.

    * 78 Cf. KENDALL (D.), op. cit., p. 25.

    * 79 Ibid.

    * 80 ROJOT (J.), op. cit., p. 327.

    * 81 Ibid.

    * 82 Cette idée est développée par Cooley lorsqu'il aborde la notion de « lookingglass self » [...], par Mead « generalized other » ou « autrui généralisé », qui désigne l'ensemble du groupe en interaction. Voir KENDAL (D.), op. cit., p. 25.

    * 83 GRAWITZ (M.), op. cit. p. 360.

    * 84 C'est le cas de LAÏDI Zaki pour qui l'existence d'un système bipolaire a renforcé la dérégionalisation des enjeux en raison du rôle décisif des grandes puissances dans la garantie de la sécurité de leurs alliés. Lire son article, « La lente émergence d'un espace de sens dans le monde », dans LAÏDI Zaki (dir.), Géopolitique du sens, Paris, Désclées de Brouwer, 1998, p. 44.

    * 85 ALBARET Mélanie, « Les formes régionales du multilatéralisme : entre incertitudes conceptuelles et pratiques ambiguës », dans BADIE Bertrand, DEVIN Guillaume, (dir.), Le multilatéralisme. Nouvelles formes de l'action internationales, Paris, La Découverte, 2007, pp. 41-56.

    * 86TSHIYEMBE Mwahila, « L'Union Africaine et la nouvelle gouvernance régionale », dans BANGOURA Dominique (dir.), L'Union Africaine face aux enjeux de paix, de sécurité et de défense, Paris, L'Harmattan, 2002, p. 51.

    * 87 TSHIYEMBE Mwahila nourrissait l'espoir que l'avènement de l'UA devait tourner rapidement le dos à la première page du panafricanisme, qui a donné naissance au triptyque panafricanisme messianique, panafricanisme maximaliste, et panafricanisme minimaliste. Selon lui, la seconde page, encore «vierge », relève de la capacité de cette Union à intégrer le mouvement actuel que constitue la mondialisation, Ibid.

    * 88 KNIGHT (W. A.), op. cit., p. 705.

    * 89 ZANG Laurent, «  La dynamique de l'intégration et de la construction de l'unité africaine face aux défis de la mondialisation »,  dans 21e conférence des chefs d'Etat et de gouvernement d'Afrique et de France, Actes du colloque, volume II Yaoundé, sept. 2000, p. 358.

    * 90 Le continent africain apparaît dans une large mesure marginalisé dans les domaines tels le commerce mondial où il a du mal à avoir accès aux marchés internationaux, et sa mise à l'écart dans les flux d'investissements directs étrangers(IDE) qui représentent à peine 1%. Cette marginalisation s'étend cruellement dans les domaines de l'écologie, de la technologie et de l'éducation où l'Afrique représente péniblement 1% de la production scientifique mondiale ; l'Afrique du Sud comptant à elle seule les 2/3 de cette production. Lire TSAFACK NANFOSSO Roger et TCHOUASSI Gérard, « De la marginalisation économique de l'Afrique », dans KAMTO Maurice, (dir.), L'Afrique dans un monde en mutation. Dynamiques internes ; marginalisation internationale ? Afrédit, janvier 2010, pp. 226-236.

    * 91BATTISTELLA  Dario, « L'apport de Karl Deutsch à la théorie des relations internationales », Revue internationale de politique comparée, vol.10, No 4, 2003, p. 580.

    * 92 WILGA Maciej, Le constructivisme dans le domaine de l'intégration européenne », op.cit., pp 73-74.

    * 93 Ibid, p. 74.

    * 94 MARTINEZ Luis, « La Libye est de retour », dans Géopolitique africaine N1, Hiver 2000/2001, éd. OR. IMA, International (collectif SOUSSAN André), p. 120.

    * 95 PONDI (J.E.), op.cit., p. 22.

    * 96 Selon le correspondant de Jeune Afrique, la France ne vit pas d'un bon oeil cette initiative libyenne qui amena beaucoup de présidents à manquer le sommet biennal de la Francophonie, A.R.L « Diplomatie : d'un sommet à l'autre », dans Jeune Afrique N° 2016 du 31 août au 6 septembre 1999 p. 17.

    * 97 Il s'agissait du Burkina Faso, du Bénin, du Mali, du Niger, du Tchad et de la Centrafrique.

    * 98 A.R.L « Diplomatie : d'un sommet à l'autre », op. cit., p. 17.

    * 99MARTINEZ (L.), op. cit., p. 110.

    * 100 ZORGBIBE Charles, «  De l'OUA à L'UA ?», dans Géopolitique africaine No1, Hiver 2000/2001, éd. OR. IMA, op. cit., p. 106.

    * 101 DJUIDJE KOUAM (R.), op. cit., p. 108.

    * 102 ZANG (L.), op. cit., p. 363.

    * 103 Ibid.

    * 104FALL Elimane et FAYE Djibril, « Nouveau mort-né », dans Jeune Afrique Economie N° 313 du 17 juillet au 6 août 2000, p. 6.

    * 105 ZANG (L.), op. cit., p. 363.

    * 106 Ibid.

    * 107 Voir ZANG (L.), op.cit., p. 363.

    * 108 DJUIDJE KOUAM (R.), op.cit., p. 2.

    * 109 PONDI (J.E.) op.cit., p.26.

    * 110 Voir l'article d'OUSMANE Amadou, « Foire d'empoigne à Lomé », dans Jeune Afrique Economie, N° 313, op. cit., pp. 8-9.

    * 111 Elle fut adoptée du 8 au 10 juillet 1999 lors de la 70ème session ordinaire du Conseil des ministres sur les changements anticonstitutionnels dans les Etats membres sous la dénomination Décision CM/Draft/D2C.483 (lxx). Les 12 et 14 juillet 1999, les chefs d'Etat vont à l'unanimité l'approuver. Voir entre autres TUNDE FATUNDE, « Quand l'OUA fait la police », dans Jeune Afrique Economie précité, p. 8 ; DJUIDJE KOUAM (R.), op. cit., p. 99.

    * 112 En dehors des deux voisins de la Libye, le Tunisien Ben Ali et l'Egyptien Hosni Moubarak absents à Syrte II, certains chefs d'Etat absents à Lomé étaient présents. Il s'agissait de Joseph Kabila, Gnassingbé Etienne Eyadema, Laurent Gbagbo dont le pays avait été réhabilité, Daniel Arap Moi, Omar El-Bechir.

    * 113 37 Années de travail et de donation, op. cit., p. 5.

    * 114 HOUNGNIKPO (C.M.), op. cit., p. 154.

    * 115 EL KADHAFI Mouammar, cité par PONDI (J.E.) op. cit., p. 27.

    * 116 Selon le `'président intérimaire'' de la commission de l'UA, les chefs d'Etat l'avaient mandaté pour lancer en priorité les organes tels la Conférence, le Conseil exécutif, la Commission de l'UA et le Comité des représentants permanents. Propos recueillis par FIELDS Jonathan, dans Les Cahiers de Mutations op. cit., p. 9.

    * 117 DJUIDJE KOUAM (R.), op. cit., p. 2

    * 118 KABA Lansiné, N'krumah et le rêve de l'unité africaine, Paris, éditions Chaka, vol.11, p. 172.

    * 119 D'après ROPIVIA Marc-Louis, le panafricanisme africain commence à partir du moment où les Africains en l'occurrence Nkrumah se réapproprient le mouvement. Pour approfondissement, lire, Géopolitique de l'intégration en Afrique noire, Paris, L'Harmattan, 1994, 246 p.

    * 120 En 1970 lors de la mise sur pied de l'URA (Union de Républiques Arabes) qui devait donner lieu à une fédération entre L'Egypte, le Soudan et la Libye, alors que les autres plaidaient pour une intégration progressive de l'URA, le colonel Kadhafi, fidèle à ses idées et son tempérament proposait une union totale dans un délai de 3 ans et la création immédiate d'institutions politiques communes. Pour approfondissement, lire OTAYEK ( R.), op. cit., p. 33.

    * 121 NUMELIN Ragnar, cité par KNIGHT (W. A.), op. cit., pp. 691-692.

    * 122 Ibid.

    * 123 INIS Claude cité par KNIGHT (W.A.), op. cit., p. 699.

    * 124 Interview de Kadhafi accordée à l'Autre Afrique, 18-24 mars 1998, reprise par MARTINEZ (L.), article précité, p. 117.

    * 125 KAFUKA RUJAMIZI (J.), « Unité Africaine, Slogan ou Nécessité ? », dans  Jeune Afrique Economie N° 372, 2008, p.147.

    * 126 Propos rapportés par CALLIES De Salies Bruno, cité par DJUIDJE KOUAM (R.), op. cit., p. 107.

    * 127 QADDHAFI Si Ahmed, Un proche parent du Guide libyen déclarait à cet effet dans le Monde du 22 janvier 1981 ceci : « ...Nous comprenions que la France a des intérêts en Afrique. Mais elle devrait se rendre compte que nous sommes un pays africain et que nous ne pouvons être indifférents au sort de l'Afrique », cité par OTAYEK (R.), op. cit., p. 203.

    * 128 Voir MARTINEZ (L.), op. cit., p.118.

    * 129 COLETTE Elise, « Bye-bye Kadhafi », dans Jeune Afrique, No 2561 du 7 au 13 février 2010, p. 15.

    * 130 Voir l'article 4 de l'Acte constitutif de l'UA.

    * 131 Interview d'Abdelaziz Bouteflika accordée à OUSMANE Ahmadou, « Foire d'empoigne à Lomé », dans Jeune Afrique, N° 313, op. cit., p. 10.

    * 132 Voir OUSMANE (A.), op. cit., p.15.

    * 133EDEM KODJO cité par OUSMANE Ahmadou, op. cit., p. 15.

    * 134 C'est suite au désengagement de Dakar à abriter cette force africaine en attente que les Etats membres ont porté leur dévolu sur la capitale économique du Cameroun, qualifiée par les stratèges de ``stratégique'' du fait de sa situation « au coeur de l'Afrique ».Car, à partir de ce lieu, des interventions peuvent être lancées dans les quatre points cardinaux du continent.

    * 135BOURGI Albert, « L'Union Africaine entre les textes et la réalité », article disponible sur http://www.diplomatie. gouv.fr /IMG/pdf/Bourgi.pdf, p. 338, consulté le 5 mai 2011.

    * 136 WADE Abdoulaye, « L'Afrique et le monde », dans Géopolitique Africaine N° 26, avril-juin 2007, p. 81.

    * 137 Ibid.

    * 138 Cité par SEKOU TOURE Ahmed, Des Etats-Unis d'Afrique, Tome XXV, édité par le Bureau de presse de la Présidence de la République, Imprimerie Nationale «Patrice Lumumba», fév. 1980, p. 60.

    * 139 Pendant la période coloniale, l'Afrique représentait au moins 5% de l'économie mondiale. Mais, actuellement elle représente à peine les 3% des échanges mondiaux. Cf. Africa's first half Century : a retrospective assesment inédit, 218 p.

    * 140 CHARILLON Frédéric, « Vers la régionalisation des politiques étrangères ? », dans CHARILLON Frédéric (dir), politique étrangère. Nouveaux regards, Paris, PFNSP, 2002, p.391.

    * 141 Ibid, p.394.

    * 142 La notion d'espace de sens se définit comme celle d'un ensemble de valeurs et d'identités communes, produites et partagées par les sociétés politiques qui ne sont ni égales ni homogènes mais qui aspirent à se projeter collectivement dans le champ international à des fins d'affirmation identitaire ou stratégique. Voir HERMET Guy, « Quel espace de sens pour l'Europe ? », dans LAÏDI (Z.) (dir.), Géopolitique du sens, op. cit., p. 47.

    * 143 ZAKI (L.), op. cit., p. 4.

    * 144 CHARILLON (F.), op. cit., p. 394.

    * 145 Ibid, p. 400.

    * 146 Ibid.

    * 147 ROJOT (J.), op. cit., p. 220.

    * 148 GHARGI Samir, « Bisbilles financières », dans Jeune Afrique /l'intelligent N° 2215, du 22 au 28 juin 2003, p.79.

    * 149 GHARGI Samir, « Bisbilles financières » op. cit. p. 79.

    * 150 Il s'agissait entre autres de la Sierra Leone, de la Somalie, du Soudan, du Burundi, de la Guinée Conakry, de la République Démocratique du Congo, de la Centrafrique, des Comores, des Seychelles, du Libéria et de Sao Tomé et Principe.

    * 151 GHARBI (S.), « Bisbilles financières », op. cit., p. 79.

    * 152 Voir DJUIDJE KOUAM (R.) op. cit., p. 109.

    * 153Interview de Yves Ekoué Amaïzo, accordée à la  Cameroon Radio Television (CRTV) le 19-12-2010 lors de l'émission « Cameroon Calling » au lendemain de la rencontre panafricaine portant sur l'établissement des statuts du Fonds Monétaire Africain.

    * 154 ESSONO (E.G.), La commission de l'Union africaine : entre ambition et réalité, Mémoire de DESS en Relations Internationales, option diplomatie, Yaoundé, IRIC, février 2007, p. 108.

    * 155 Interview accordée à la CRTV le 19-12-2010 lors de l'émission « Cameroon Calling » au lendemain de la rencontre panafricaine portant sur l'établissement des statuts du Fonds Monétaire Africain.

    * 156 ESSONO (E.G.), op. cit., p. 106.

    * 157 Ibid, p. 108.

    * 158 DJUIDJE KOUAM (R.), op. cit., p. 108.

    * 159 POKAM Hilaire De Prince, « Construction de l'Union Africaine et souveraineté étatique », communication faite à l'occasion du Symposium de Dakar sur les Etats-Unis d'Afrique du 27 au 30 juillet 2009, p. 25. (En cours de publication).

    * 160 Selon une interview de Mouammar Kadhafi accordée à Der Spiegel (journal suisse) du 1er mai 2010 et reprise par Jeune Afrique N° 2574 du 9 au 15 mai 2010, p. 52, le pétrole libyen rapporte chaque année environ 50 milliards de dollars.

    * 161 Voir le site Internet, http://www.mouvement-ngambo-na ngambo.org. visité le 26 mars 2011.

    * 162 Lire l'article de YERIM SECK Cheikh, au titre alarmant « Au secours, Kaddafi arrive!», dans Jeune Afrique No 2509 du 8 au 14 février 2009, p. 37.

    * 163 KOUAM (R.), op. cit., p. 91.

    * 164 Cité par DEUTCHOUA (X.), « De l'OUA à l'UA », dans Les Cahiers de Mutations N° 013, juin 2003, p. 3.

    * 165 POUGALA Jean, «Les vrais raisons d'une guerre », http://blogs.mediapart.fr/blog/fxavier/150411/, consulté le 19 avril 2011.

    * 166 Mot d'origine anglaise qui signifie «  puissance douce », le concept de « soft power » fut inventé par Joseph S. NYE Jr. qui l'utilisa pour la première fois dans son livre Bound to Lead, publié en 1990 puis dans plusieurs autres publications à l'exemple de The Paradox of American Power, en 2001.

    * 167D'abord connue sous le nom de COMESSA, la Cen-Sad, a été créée par le colonel Kadhafi le 4 février 1998 à Tripoli. Sa naissance émane de la nécessité de construire un dialogue entre les pays qui ont en commun le désert du Sahara qui constitue non seulement une menace pour les pays riverains, mais aussi une barrière quasi-infranchissable. Lors de la 36ème conférence des chefs d'Etat à Lomé, elle s'est vue attribuée la qualité de communauté économique régionale.

    * 168 NYE Joseph S. Jr., Soft power. The means to success in world politics, publicaffairs, Sandwich, New Hampshire, 2004, p. x.

    * 169 Conflits avec le Tchad en vue d'étendre son territoire sur la bande pétrolifère d'Aouzou à partir de 1986, mésintelligence en 1979 avec l'Egypte dont le président qualifia Kadhafi de «voisin fou »...Pour approfondir, voir OTAYEK (R.), op. cit., pp. 32 et 203 et MARTINEZ (L.), op. cit., pp. 118-119.

    * 170 37 Années de travail et de donation, op. cit., p. 5.

    * 171 MEYER Jean-Michel « Cen-sad, mode d'emploi », dans Jeune Afrique N° 2474 du 8 au 14 juin 2008, p. 24. 

    * 172 En 2008, elle comptait 25 pays s'étendant sur 14 millions de Km2 et 419 millions d'habitants. Ibid.

    * 173 Ce fonds d'investissement dont le capital a grimpé à 8 milliards de dollars à la fin, de janvier 2008 est présent dans plus de 40 pays africains et place les revenus pétroliers libyens, supérieurs dans l'hôtellerie, la banque, le raffinage et la distribution d'essence, l'agriculture, l'immobilier, le transport aérien, les mines et les télécommunications. Il a financé : une « ferme» de 100 000 hectares au Mali, la construction de 69 villas présidentielles de très grand standing au Benin, d'une usine de caoutchouc au Libéria, du canal de Tombouctou, de 250 kilomètres du projet d'oléoduc Rwanda-Burundi. Il a aussi procédé au rachat des actions de Mobil Oil Cameroon qui est devenu Oil Libya. Lire Jean-Michel/LEJEAL Frédéric, «A coup de pétrodinars », dans Jeune Afrique N° 2474..., op. cit.,  pp. 27-28.

    * 174 NYE (J.S. Jr.), op. cit., p. 5.

    * 175 Ibid.

    * 176 Ibid, p. 11.

    * 177 Voir le discours du Guide libyen, prononcé dans la capitale tchadienne, N'Djamena, à l'ouverture de la douzième session de la présidence de la Cen-Sad sur le site http://falak39.org/fr/?p=290, consulté le 30 janvier 2011.

    * 178 Voir Colette Elise, « Le Kadhafi show n'a pas eu lieu », dans Jeune Afrique N° 2586 du 1er au 7 août 2010, p. 18.

    * 179 MVELLE (G.), op. cit., p. 280.

    * 180 Nous tenons cette expression de Nkrumah qui qualifiait ainsi la démarche de ceux de ses pairs qui estimaient qu'il fallait construire l'unité africaine sans empressement. Lire KABA (L.), op. cit., p. 174.

    * 181 YERIM SECK (C.), « Au secours, Kaddafi arrive !», op. cit., p. 36.

    * 182 YERIM SECK (C.), « Au secours, Kaddafi arrive !», op. cit., p. 36.

    * 183 Lire cette interview dans Jeune Afrique N° 2509, op. cit., p. 37.

    * 184 Entretien avec un diplomate camerounais en service à l'Ambassade du Cameroun à Addis-Abeba le 27 avril 2011.

    * 185 Voir Jeune Afrique Economie, N° 313 du 6 août 2000, op. cit., p. 17.

    * 186 Voir KOUNOU Michel, « Gouvernement de l'Union Africaine. Accra : un rendez-vous manqué », dans Terroirs, revue africaine de sciences sociales et de philosophie, EBOUSSI BOULAGA Fabien (dir.), Academia Africana, 3-4/2007, p. 91.

    * 187 ROCHE Jean Jacques, Théorie des relations internationales, Paris, 7e édition, Montchrestien, p. 96

    * 188 Tel est le cas de DUFOURCQ Jean, « Intégration africaine : réflexion sur deux continents conjugués et sur leur interface », dans Les cahiers de la défense nationale : structurations stratégiques en Afrique, janvier 2010, p. 205.

    * 189 Lors de son discours de Dakar du 26 juillet 2007, le président Sarkozy a d'abord enseigné aux Africains ce que voulait l'Afrique, « ce que veut l'Afrique, ce n'est pas que l'on prenne son avenir en main, ce n'est pas que l'on pense à sa place, ce n'est pas que l'on prenne son avenir en main, ce n'est pas que l'on décide à sa place ! ». Ensuite il a expliqué que la France envisageait « préparer l'avènement de l'Eurafrique, ce grand destin commun qui attend l'Europe et l'Afrique ». Comme mise en garde, il rappelle à « ceux qui, comme en Afrique, regardent avec méfiance ce grand projet de l'Union Méditerranéenne que la France a proposé à tous les pays riverains de la Méditerranée : « je veux dire que dans l'esprit de la France, il ne s'agit nullement de mettre à l'écart l'Afrique, qui s'étend au Sud du Sahara, mais au contraire, il s'agit de faire de cette union le pivot de l'Eurafrique, la première étape du plus grand rêve de paix et de prospérité qu'Européens et Africains sont capables de concevoir ensemble ». Voir l'intégralité de ce discours en annexe.

    * 190 OUAZANI Cherif, « La Libye éconduit la France », dans Jeune Afrique N°2478 du 6 au 12 juillet 2008.

    * 191 Outre les pays du Maghreb, la Jordanie, le Liban et la Syrie étaient également conviés au sommet de Tripoli.

    * 192 Voir MONDA BAKOA, « réticences autour d'un projet », dans Cameroon Tribune N° 9119/5318 du 16 juin 2008, p. 29

    * 193 Ibid.

    * 194 Il est à préciser que le Maroc qui a manifesté un désintérêt pour le mini-sommet de Tripoli, a déposé sa candidature pour intégrer éventuellement l'UE depuis son retrait officiel de l'OUA. Pour Joseph Vincent NTUDA Ebodé, l'UPM serait un lot de consolation à ce pays, qui caresse le rêve d'intégrer l'UE. Voir son interview accordée à MVOGO Raphaël dans Cameroon Tribune, N° 9119/5318 du 16 juin 2008, p. 30.

    * 195 voir http://www.ugb.sn/, consulté le 28 août 2011.

    * 196 DJUIDJE KOUAM (R.), op. cit., p. 95.

    * 197 WADE Abdoulaye, Un destin pour l'Afrique, Paris, Karthala, 1989, pp. 21-22.

    * 198WADE (A.), « L'Afrique et le monde », op. cit., p. 81.

    * 199Propos du président Wade rapportés par ZORGBIBE Charles et BELMESOUS Hacène pour le compte de Géopolitique africaine N°1 Hiver 2000/2001, éd. OR. IMA, op. cit., p. 15.

    * 200 Ces propos ont été repris par OUSMANE (A.), « Foire d'empoigne à Lomé », dans Jeune Afrique Economie, op. cit., p. 11.

    * 201WADE (A.), op. cit., p. 82.

    * 202 Ibid.

    * 203 Selon le président Wade, la proposition sénégalaise est fondée sur le fait qu'à l'exception de l'énergie où la distinction peut exister entre pays producteurs de pétrole, tous les autres domaines de compétence couverts par ces portefeuilles ministériels se définissent presque dans les mêmes termes partout en Afrique.

    * 204 A Kampala, le comité des 7 chefs d'Etat délégué par leurs pairs avait fusionné les propositions libyennes et sénégalaises avant de conclure que les 9 ministères communs qui devaient enfin voir le jour étaient : défense, sécurité, finances, éducation, transport et infrastructures, énergie, culture, santé et recherche scientifique. Cf. AYODELE ADERINWALE, Africa and the challenges of a union government, éd Ayodele Aderinwale, ALF, Ogun State, Nigeria, 2005, p. 19.

    * 205 Algérie, Gabon, Kenya, Lesotho, Nigeria, Ouganda et Sénégal

    * 206 AYODELE (A.), op. cit., p. 7.

    * 207 Ibid, p. 19.

    * 208 A Abuja, Ali S. Triki, le monsieur Afrique de Kadhafi proposa un calendrier selon lequel la phase préparatoire du gouvernement de l'Union devait débuter en janvier 2006 avant de culminer à sa formation finale en 2009.

    * 209 Le sommet s'était juste contenté de prendre note du rapport des sept et de renvoyer son examen quant au fond à une session du conseil exécutif de sorte que le sommet de janvier 2007 prenne une décision.

    * 210 Voir KOUNOU (M.), op. cit., p. 71.

    * 211 GAZANO Antoine, Les relations internationales, les idées, les acteurs, les enjeux et les défis, Paris, Gualino, 2001, p. 74.

    * 212 Ibid.

    * 213 POKAM (H.D.P), « Construction de l'Union Africaine et souveraineté étatique », op. cit., p. 10.

    * 214 Entretien avec un diplomate sénégalais le 26 avril 2011.

    * 215 http://www.au-senegal.com/IMG/pdf/Constitution-senegal-2008.pdf. Site consulté le 15/05/2011.

    * 216 Voir FALA MAYU MULEEL Popaul, l'Union Africaine : Bilan et Perspectives (2001-2008), Mémoire de Licence en Relations Internationales, 2007-2008, Université de Lubumbashi, Faculté des Sciences Sociales Politiques et Administratives, disponible sur http://www.memoireonline.com., visité le 20 décembre 2010.

    * 217 POKAM (H.D.P.), op. cit., p.10.

    * 218 Ibid.

    * 219 Afrique Caraïbes Pacifique.

    * 220 Le mot SOPI signifie « changement » en Wolof. Ce changement est le socle sur lequel repose les principes de la « démocratie sénégalaise ». A l'accession de Me Wade à la magistrature suprême au Sénégal en 2000, on est passé du « changement dans la continuité » incarné par Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf en 1982 au «  changement dans la rupture », c'est-à-dire l'arrivée du libéral Wade au pouvoir. Entretien avec un diplomate sénégalais, le 26 avril 2011.

    * 221 Voir THIAM IBA DER, « 2010 année de l'affirmation du leadership du Sénégal et de son chef d'Etat », disponible sur le site http://www.ladepechediplomatique.com/_a1438.html.,

    consulté le 16 avril 2011.

    * 222WADE (A.), Un destin pour l'Afrique..., op. cit., p. 72.

    * 223 A. WADE cite par DJUIDJE KOUAM (R.), op. cit., p. 140.

    * 224 WADE (A.), Un destin pour l'Afrique, op. cit., p.145.

    * 225 DEFO FOTUE FO, «Wade. Un intellectuel multidimensionnel», dans Jeune Afrique Economie N° 373-Eté 2008, pp. 82 85.

    * 226 HOUNGNIKPO (C.M.), op. cit., p. 146. 

    * 227 Ce projet ne sera pas soutenu dès son lancement par Kadhafi qui le considère comme une invention du président américain Georges W. Bush pour s'immiscer dans les affaires africaines.

    * 228 HOUNGNIKPO (C.M.), op. cit., p.141.

    * 229 Lors de la 17ème conférence des chefs d'Etat et de gouvernement tenue à Malabo(Guinée Equatoriale) du 28 juin au 2 juillet 2011, le projet NEPAD a été relancé par les chefs d'Etat.

    * 230MELBER Hennig, cité par HOUNGNIKPO (C.M.), op. cit., p. 142.

    * 231 Ibid, p.143

    * 232Voir son discours sur http://www.un.org/ecosocdev/geninfo/afrec/french/vol19no3/193afrique-parle.html., consulté le 16 avril 2011.

    * 233 Propos du président sénégalais A. Wade recueillis par Epoté Denise Durand sur TV5 Monde Afrique lors du 12èm e sommet de l'UA à Addis-Abeba en février 2009.

    * 234 Cf. DEME Ousmane, « Entre espoir et scepticisme. La société civile et le mécanisme africain d'évaluation par les pairs », dans TAYLOR Bernard (dir.), Perspectives, Ontario, partenariat Afrique Canada, 2005, p. 10.

    * 235HUSSON Bernard cité par DEME (O.), op. cit., p. 11. 

    * 236 Ibid, p.13.

    * 237 DIOP Djibril, « 50 ans d'indépendance : quelle Renaissance pour les Etats africains ? » p. 3. Disponible sur http://www.cerium.ca/IMG/pdf/50_ans_d.pdf.,consulté le 12 mai 2011.

    * 238 Les pays membres du MAEP son actuellement au nombre de 31. Afrique du Sud, Algérie, Angola, Benin, Burkina Faso, Cameroun, Djibouti, Egypte, Éthiopie, Gabon, Ghana, Guinée Equatoriale, République du Congo, Kenya, Lesotho, Libéria, Malawi, Mali, Mauritanie, Maurice, Mozambique, Nigeria, Ouganda, Rwanda, Sao Tome & Principe, Sénégal, Sierra Leone, Soudan, Tanzanie, Togo et Zambie.

    * 239L'évaluation a pour objectif final d'aider les pays concernés à mieux élaborer leurs politiques, à adopter les meilleures pratiques ainsi qu'à respecter les normes, les principes, les codes établis et d'autres engagements contractés. Elle est menée sans heurts et compte beaucoup sur la coopération, le dialogue, la confiance et la compréhension mutuelle entre les pays concernés et les évaluateurs, la possibilité de créer et de renforcer le dialogue politique. Voir le document cadre du MAEP en annexe.

    * 240 La dernière a porté sur l'état de la démocratie en Zambie.

    * 241 Voir le document cadre du MAEP en annexe.

    * 242Tel est l'exemple de CART Henri-Philippe, « Le NEPAD : vision ou illusion ? », Communication faite à l'occasion du colloque : «  politique et stratégies du NEPAD ».Genève, 14 et 15 mai 2003, p.3.

    * 243 Le président sénégalais qui est l'un des promoteurs du NEPAD tarde pourtant à subir une évaluation du MAEP. Voir DIOP (D.), op. cit., p. 3.

    * 244Aller par exemple sur le site http://www.nepad.org/node/2126, consulté le 20 mars 2011.

    * 245 Cf. DAMIEN Helly, L'Union Européenne et l'Afrique : les défis de la cohérence, Paris, Les Cahiers de Chaillot, Institut d'Etudes de Sécurité de l'Union Européenne, Novembre 2010, p. 46.

    * 246 DIOP (D.), op. cit., p. 9.

    * 247HELLY (D.), op. cit., p. 50,

    * 248 Propos du président Wade tirés de l'interview réalisée par ROUAMBA Alexandre « A coeur ouvert avec Abdoulaye Wade », disponible sur http://www.rewmi.com/, consulté le 17 avril 2011.

    * 249 Propos du président Wade tirés de l'interview réalisée par ROUAMBA (A.), disponible sur http://www.rewmi.com/, consulté le 17 avril 2011.

    * 250Propos du président Wade tirés de l'interview réalisée par ROUAMBA (A.), précité.

    * 251 Voir HELLY (D.), op. cit., p. 40.

    * 252 Ibid, pp. 47-48.

    * 253 Angola, Benin, Burkina Faso, Burundi, RD Congo, République Centrafricaine, Cap Vert, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Gambie, Guinée, Guinée Equatoriale, Guinée Bissau, Comores, Liberia, Lesotho, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Ouganda, Rwanda, Sierra Leone, Sénégal, Somalie, Soudan, Tanzanie, Tchad, Togo, Zambie.

    * 254 MOREAU DEFARGES (P.), op. cit, p. 579.

    * 255 MOREAU DEFARGES (P.), op. cit, p. 582.

    * 256 Le concept de « Renaissance » a fait son entrée dans les sciences sociales avec la « civilisation de la Renaissance » de Jacob Burckhardt en Italie dans les années 1800. Voir le site www.africulture.com., consulté le 2 décembre 2010.

    * 257GUILHAUDIS Jean-François, Relations internationales contemporaines, paris, éd. du Juris-classeur, 2002, p. 654.

    * 258 Entretien conduit par ZORGBIBE Charles/BELMESOUS Hacène, op. cit., p. 15.

    * 259 Ibid.

    * 260 Ces propos ont été repris par MBOUMBA Jean-Marie, « Armées africaines : la mauvaise réputation », dans Jeune Afrique Economie N° 380 op. cit., p. 95.

    * 261 A partir du 2 août 1998, la RDC est plongée dans un conflit où s'affrontent les armées de la Namibie, de l'Angola et du Zimbabwe, alliées du régime de Kinshasa d'une part et celles du Rwanda Burundi et de l'Ouganda d'autre part qui lui sont opposés. PRUNIER Gérard« Congo-Kinshasa: La première guerre inter-africaine », dans Géopolitique africaine, N° 1 op. cit., p. 109.

    * 262 Voir GARENNES Jean, « Wade érige la renaissance africaine », dans Jeune Afrique Economie N° 380, p. 85.

    * 263 AMAÏZO EKOUE Yves, « De l'économie de l'insécurité à l'économie durable », dans Afrique Education N°114 du 16 au 31 août 2002, p. 21.

    * 264 Ibid, p. 20.

    * 265 Suite au soulèvement des Sénégalais, le 23 juin 2011 pour manifester contre ce qu'ils ont qualifié de « tentative monarchique de dévolution du pouvoir», le président Wade ayant essayé de faire modifier la constitution pour « favoriser son fils », son héritier putatif, il n'effectuera plus le déplacement de Malabo.

    * 266 Suite à la catastrophe japonaise, l'Allemagne, moteur de la zone euro a décidé de remplacer progressivement ses stations nucléaires par les énergies renouvelables comme le charbon, l'énergie éolienne ou encore l'énergie solaire.

    * 267 Il relève à cet effet que les Africains n'entretiennent pas régulièrement les ouvrages. Or, si cette mentalité ne peut produire que des accidents de faible intensité dans des ouvrages tels que les centrales thermiques, les véhicules, ou les avions, c'est à une catastrophe qu'il faudrait s'attendre dans l'hypothèse d'une centrale nucléaire .Car, la Russie qui investit en Afrique dans ce domaine ne maîtrise pas elle même la chaîne technologique dans la mesure où ce sont les Etats-Unis qui entretiennent encore leurs centrales. Voir NTUDA EBODE Joseph Vincent, «  Russie-Afrique : retour gagnant par le nucléaire ? », dans Diplomatie Magazine, Paris, N°26, 2007. 

    * 268 La toxicité des déchets nucléaires dure des milliers d'années dans la mesure où si l'iode 131 ne met que huit jours pour prendre la moitié de sa radioactivité, il faut 24000 ans pour le plutonium, 245 000 ans pour l'uranium 234 et 740 millions d'années pour l'uranium 235. NTUDA EBODE (J. V.), op. cit., dans Diplomatie Magazine, Paris, N°26, 2007. 

    * 269 A. Wade cité par GARENNES (J.), op.cit., p. 85.

    * 270Selon Haas et Adler, la communauté épistémique renvoie aux groupes d`individus travaillant sur des sujets partagés dans un but commun de construction de connaissances essentielles au succès de leurs activités cognitives. Cf. http://.docs.google.com, consulté le 27 septembre 2011.

    * 271 Cf. YAMED BECHIR Ben, Jeune Afrique livres. Les années d'espoir (1960-1979), Paris, Japress, 1989, p.159.

    * 272 AYODELE (A.), op. cit., p. 18.

    * 273 Voir le site http://www.gouv.sn, consulté le 05 mai 2011.

    * 274 DOTCHEVI Pascal, « Ces maux qui rongent l'Afrique », Jeune Afrique Economie N°313... op.cit., p. 13.

    * 275 Propos du président Abdoulaye Wade repris par DOTCHEVI (P.), op. cit., p. 13.

    * 276 A Lomé, le président Wade promis qu'à cette occasion, le Sénégal proposera une technique de gestion de la dette sous la forme d'un Fonds Africain de Management de la dette extérieure qui se substituera aux Etats qui maintiendront les garanties des dettes qu'ils ont contractées.

    * 277 Aller sur http://www.gouv.sn/spip.php?article218. Site consulté le 16 avril 2011.

    * 278 Voir le rapport de la conférence des intellectuels africains et de la diaspora africaine sur http://ocpa.irmo.hr/ressources/docs/intellectuals_Dakar_Report-fr.pdf (RAPT/RPT/CAID(I)), consulté le 07 janvier 2011 p. 4.

    * 279 A Dakar, beaucoup d'intellectuels ont déploré la crise de leadership, et surtout la mauvaise gouvernance qui caractérise de nombreux pays et appelé à une plus grande rigueur dans la gestion de la chose publique, la maîtrise des ressources africaines afin d'en faire un meilleur usage. Ce qui implique la redéfinition du rôle de l'Etat et des différentes politiques à adopter.

    * 280 BATTISTELLA (D.), Théorie des relations internationales, Paris, PFNSP, 2003, pp. 144-145.

    * 281 Cité par BATTISTELLA (D.), op.cit. p. 145.

    * 282 Voir le site http://www.gouv.sn, consulté le 05 mai 2011

    * 283 Voir le quotidien Le Soleil du 28 Juillet 2009.

    * 284 POKAM (H.D.P.), « Construction de l'Union Africaine et souveraineté étatique », ...op. cit, p. 1

    * 285 Ibid, p. 29.

    * 286KNIGHT (W. A.), op. cit., p. 706.

    * 287COX Robert, cité par SMOUTS Marie-Claude, BATTISTELLA Dario, VENESSON Pascal, Dictionnaire des relations internationales, op. cit., p. 356.

    * 288 Cf. KNIGHT (W. A.), op. cit., p. 709.

    * 289 C'est ce qu'a proposé Guy Mvelle, dans sa communication sur le sous-thème: « Fédéralisme et autorité de l'Union : De la nécessaire émergence d'un espace de gouvernance panafricain ». Il a par ailleurs relevé que ce gouvernement devra « favoriser la convergence des intérêts et veiller à l'équilibre entre le niveau continental et les territoires ». Lire son article disponible sur http://www.pambazuka.org/fr/category/features/58736, site consulté le 17 mars 2011.

    * 290 Voir le RAPT/RPT/CAID (I), op. cit., p. 21.

    * 291 Le concept de « double diaspora  africaine » désigne à la fois les peuples noirs qui vivent hors du continent africain depuis des siècles du fait de la traite négrière, et les Africains qui ont volontairement quitté le continent pour des raisons d'ordre socio-économiques et politique.

    * 292 WADE (A.), Un destin pour l'Afrique...op. cit., p. 75.

    * 293 KWAME Nkrumah, Revolutionary path, Ed. Panaf, 1973, p. 421.

    * 294La question de la reconnaissance de la diaspora comme étant la 6ème région de l'UA fit l'objet des débats pour la première fois lors de la première conférence des intellectuels africains et de la diaspora africaine à Dakar où le principe de sa consécration fut acquis, avant d'être confirmé par la suite par l'UA. A l'issue de la Réunion d'experts sur la définition de la diaspora africaine qui s'est tenue les 11 et 12 avril 2005 à Addis-Abeba, l'Union africaine définit la Diaspora Africaine comme suit :"La Diaspora Africaine se compose des peuples d'origine africaine vivant en dehors du continent, indépendamment de leur nationalité et de leur citoyenneté et qui sont disposés à contribuer au développement du continent et à la construction de l'Union africaine."

    * 295 Voir aussi SOUDAN François, « Au secours ! Les Américains débarquent... », dans Jeune Afrique N° 2438, du 30 septembre au 6 octobre 2007.

    * 296 Voir la clause en annexe: Africom threatens the sovereignty, independence and stability of the African continent. A position paper of the National Conference of Black Lawyers.

    * 297 Ibid.

    * 298 BARNES Andrew, «Africans and African Americans : Some historical connections», dans southern interdisciplinary roundtable on African studies (SIRAS) and conference proceedings, Kentucky state university , division of Behavioral and social sciences, Frankfort, April A2-14- 2007, p. 35.

    * 299 Voir GUZZINI Stefano et RYNNING Sten, « Réalisme et analyse de la politique étrangère », dans CHARILLON Frédéric...op. cit., p. 42.

    * 300 Le Sénégal n'a jamais considéré le Maroc comme étant un Etat externe à l'Union malgré le fait qu'il l'a quittée depuis novembre 1984 pour la raison que sous avons déjà évoquée.

    * 301 Voir WADE (A.) « L'Afrique dans le monde »...op. cit., p. 83.

    * 302 Ibid, pp. 83-84.

    * 303Nous tenons cette information du journal télévisé de la chaîne panafricaine Africa24 le 31 décembre 2010.

    * 304 Au cours de notre entretien avec le diplomate sénégalais sus-mentionné, nous avions souhaité savoir nommément les Etats impliqués dans cette nouvelle voie. Mais il nous a révélé que c'est nous qui lui apprenions l'information. Toutefois, au plus profond du secret entretenu sur cette question, quelques révélations ont été faites par l'ex-monsieur Afrique du président Wade qui a présenté une carte sur laquelle outre la Libye et curieusement le Maroc, figuraient également pour la majorité plusieurs Etats d'Afrique de l'ouest. Sur cette question, se référer à Jeune Afrique N°2509 du 8 au 14 février 2009, op. cit. , p. 36.

    * 305ROJOT (J.), op. cit., p. 328.

    * 306 WADE (A.), Un destin pour l'Afrique, op. cit., p. 169.

    * 307SOW Cécile, « Un président, un monument et une polémique », dans Jeune Afrique, N° 2535 du 9 au 15 août 2009, p. 31.

    * 308 DEFO FOTUE FO, op. cit., p. 84.

    * 309 DEFO FOTUE FO, op. cit., p. 85.

    * 310Ibid, p. 84.

    * 311 SOW (C.), op. cit., p. 31.

    * 312 JERVIS Robert, cité par JUNG Dietrich, « Le retour de la culture : l'analyse des politiques étrangères périphériques ? », dans CHARILLON Frédéric,..., op. cit., p. 96.

    * 313 Dans une perspective constructiviste, les systèmes culturels ouvrent la voie à une appréhension nouvelle de la politique étrangère, articulée autours du constat que les intérêts se construisent par des processus d'interactions sociales, et que les décideurs agissent sur la base de représentations soumises à des influences culturelles et symboliques communes, JUNG (D.), ibid.

    * 314 DUMONT René, cité par DEUTCHOUA Xavier, « De l'OUA à l'UA », dans Les Cahiers de Mutations N° 013, juin 2003, p. 3.

    * 315 Voir SOW Cécile, « Renaissance africaine à Dakar », dans Jeune Afrique N° 2419 du 20 au 26 mai 2007, p. 85.

    * 316 SENGHOR Léopold Sédar, cité par GONIDEC (P.- .F.), op. cit., p. 128.

    * 317 Selon cet auteur, « L'espace énonciatif » renvoie à la production de préférences, c'est-à-dire la capacité de produire un « Nous » opposable au reste du monde. On dira ainsi «  Nous les Africains » par exemple. Voir ZAKI (L.), La lente émergence d'un espace de sens dans le monde »...op. cit., p. 39.

    * 318 Il affirmait à cet effet qu'il n'existe aucune différence philosophique entre le président Mbeki et lui. Entretien conduit par ZORGBIBE Charles/BELMESOUS Hacène, op. cit., p. 15.

    * 319 KLOTZ Audie et LYNCH Cecelia, « Le constructivisme dans la théorie des relations internationales », dans Critique internationale N° 2- hiver 1999, p. 53.

    * 320 Ibid.

    * 321 WENDT Alexander, cité par KLOTZ (A.) et LYNCH(C.), op. cit., p. 53.

    * 322 KLOTZ (A.) et LYNCH(C.), op. cit., p. 61.

    * 323 Cf. http://www.chaire-unesco-bordeaux.fr/, consulté le 13 septembre 2011.

    * 324 Voir son discours prononcé lors de la Session Ministérielle de la Conférence sur la Grande Muraille Verte le 13 février 2008 sur http://www.grandemurailleverte.org/, consulté le 13 septembre 2011.

    * 325 Entretien avec un diplomate sénégalais, le 26 avril 2011.

    * 326 CHARILLON (F.), op. cit., p. 401.

    * 327 Alexander Wendt cité par BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 282.

    * 328 Il s'agit de l'identité corporative (corporate identity), de l'identité de rôle (role identity), de l'identité collective (collective identity) et de l'identité et de l'identité de type (type identity), cité par BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 283.

    * 329 CHARILLON (F.), op. cit., p. 395.

    * 330 BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 283.

    * 331 Badie Bertrand, « La crise des organisations internationales ». Voir http://www.lemonde.fr/, consulté le 20 décembre 2010.

    * 332 Tel est actuellement l'exemple du couple franco-allemand dans l'Europe des 27 ou encore du Brésil au sein du Mercosur (Merco Del Sur).

    * 333 CHARILLON (F.), op. cit., p. 403.

    * 334 Propos recueillis par SATOU Yessoufou, voir Jeune Afrique Economie N° 265 du 1er au 14 juin 1998, p. 97.

    * 335 En décembre 1988, la responsabilité de Tripoli est établie dans l'explosion d'un DC-10 d'UTA dans le désert du Niger, qui avait fait 170 morts (88 Africains, 71 Européens et 11 Nord-Américains), ainsi que du crash d'un Boeing 747 de la Pan Am, au dessus du village écossais de Lockerbie où 270 personnes périrent. Le 11 mars 1999, la Libye versera la somme de 2,7 milliards de dollars à titre de dédommagement aux familles des victimes de l'attentat de Lockerbie. Convaincu par Mandela, le Guide livrera deux de ses compatriotes suspectés d'avoir perpétré ces attentats. Soumise à des sévères sanctions internationales, le retour de Tripoli sur la scène diplomatique s'est s'amorcé grâce aux Etats membres de l'OUA qui décidaient de sa normalisation par la levée de l'embargo. Cette légitimation internationale connaîtra un succès éclatant avec la foire internationale de Tripoli, organisée en avril 2000, avant d'atteindre son apogée en mars 2009, date à laquelle Tripoli eut l'honneur d'assurer pour un mois la présidence tournante du Conseil de Sécurité de l'ONU.

    * 336 Selon Onuf, «  les relations sociales font les gens tels qu'ils sont, les construisent tels les êtres qu'ils sont. Réciproquement, nous faisons le monde tel qu'il est, à partir des matériaux brutes fournis par la nature, en faisant ce que nous faisons les uns avec les autres et en disant ce que nous disons les uns aux autres », cité par BATTISTELLA (D.), Théories des relations internationales, op.cit., p. 273.

    * 337 CHARILLON (F.), op.cit., p. 404.

    * 338 Malgré le rejet par la majorité des délégués du document proposé, il s'était emparé du marteau du président de séance et à frappé la table en déclarant : « le document est adopté ». En fait, à la veille de la réunion, le colonel Kadhafi avait stratégiquement et gratuitement servi, à jet continu, aux centaines de délégués du thé, des dattes et des petits gâteaux. Aussi, avait-il assuré à ces derniers des navettes gratuites par avion entre Tripoli et Syrte. Ce qui avait naturellement un prix.

    * 339 Le 30 juin, la Libye avait soumis le document imposé par son chef de l'Etat à la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement, tout en leur faisant croire qu'il émanait des délégués.

    * 340 Aux attributions du conseil de paix et de sécurité proposés par la Libye, ont été ajoutées « la coordination des positions des Etats membres de l'Union lors des négociations internationales »  et  « la mise en oeuvre de la politique africaine commune de défense et de sécurité, ainsi que les stratégies de mobilisation des ressources nécessaires pour la défense du continent ». Deux autres postes ont vu leurs compétences s'élargir pour devenir « secrétaires paix, sécurité, défense commune, et médiation », puis « secrétaires affaires politiques et coordination des positions communes dans les domaines des relations extérieures ».

    * 341 On se reportera aux dossiers brûlants, liés entre autres à la recrudescence des coups d'Etat armés et institutionnels comme à Madagascar, en Mauritanie, en Guinée et au Niger, aux conflits frontaliers soudano-tchadiens et érythréo-éthiopiens et enfin aux conflits postélectoraux qui perduraient comme en Côte d'Ivoire. Voir Jeune Afrique N°2529 du 28 juin au 4 juillet 2009, pp. 12-13 / Jeune Afrique N° 2530 du 05 au 11 juillet 2009, pp. 14-15.

    * 342 BATTISTELLA (D.), « L'intérêt national. Une notion, trois discours », dans CHARILLON (F.), op. cit., p. 155.

    * 343 Wade Abdoulaye, cité par DIAGNE Assane, « Me Wade salue le rôle de Mouammar Kadhafi dans la construction de l'Union Africaine », Agence de Presse Sénégalaise, jeudi 6 avril 2006. S'adressant à son hôte, invité d'honneur de la 46ème fête de l'indépendance du Sénégal, Me Wade avait par ailleurs souligné qu'il est « l'homme de la tradition africaine » et « l'homme des idées qui mènent l'Afrique en avant ».

    * 344 Wendt A., cité par BATTISTELA (D.), Théories des relations internationales, op. cit., p. 279.

    * 345 CHARILLON (F.), op. cit., p. 403.

    * 346 Voir BOISBOUVIER Christophe,  « Le cas El-BECHIR », dans Jeune Afrique, N° 2529 du 28 juin au 4 juillet 2009.p.

    * 347 Miguel A. Dacunta Trovoada, ex-président de São Tomé et Principe avait été déclaré hors compétition pour l'élection du président de la commission de l'UA à Maputo(Mozambique) pour la raison que son pays n'avait pas encore payé ses cotisations à l'Union, lesquelles représentaient en 2003, huit années de cotisation soit plus de 1,7 million de FCFA. Lire YAHMED Ben Béchir : « pour un vrai départ », dans Jeune Afrique/L'Intelligent N° 2215 du 22 au 28 juin 2003, p. 4.

    * 348 CHARILLON (F.), op. cit., p. 404.

    * 349 East African Community

    * 350 Entretien avec un diplomate camerounais le 27 avril 2011.

    * 351 MCLEOD Alex, « L'approche constructiviste de la politique étrangère », dans CHARILLON (F.), La politique étrangère, op. cit., p. 72.

    * 352 A la fin de la décennie soixante-dix, l'emprise libyenne sur les enjeux politiques africains étaient devenue considérable. Elle avait réussi à obtenir d'un grand nombre d'Etats africain comme le Burkina Faso, qu'ils cessent leurs relations avec Israël, n'hésitant pas à faire pression sur d'autres en soutenant leurs oppositions armées à l'exemple du Frolimat d'Abba Siddick au Tchad, afin de contraindre Ngarta Tombalbaye à rompre avec les Juifs. En quelques années seulement, Tripoli était devenue la capitale des « rebelles africains » (Jerry John Rawlings, Museveni, Kabila...) et la Libye a servi de camp d'entraînement d'oppositions armées à certains rebelles à l'instar de l'Union Démocratique républicaine du Mali forte d'environ 7000 combattants susceptibles de déstabiliser le régime malien.

    * 353 Cité par MARTINEZ (L.), op. cit., p. 117.

    * 354 WILGA (M.), op. cit., p. 81.

    * 355 KNIGHT (W. A.), op. cit., p. 709.

    * 356DEUTSCH Karl cité par BATTISTELLA (D.), Théories des relations internationales, op. cit., p. 443.

    * 357 WENDT Alexander cité par BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 284.

    * 358 Voir son entretien précité avec ROUAMBA (A.), sur http://www.rewmi.com/.

    * 359 WADE (A.), «L'Afrique et le monde », op.cit., p. 78.

    * 360 Avant l'annonce des résultats du deuxième tour des élections présidentielles du 19 avril 2000, le président Abdou Diouf pris une position courageuse en reconnaissant sa défaite en disant aux Sénégalais ceci : "Moi, Abdou Diouf, candidat, je sais que j'ai perdu». Puis au futur président Wade « Je te félicite parce que tu as gagné».

    * 361 CHARILLON (F.), op. cit., p. 401.

    * 362 Dans l'UA tout comme dans l'UE, il y a une certaine égalité qui est créée par le Mécanisme de la présidence tournante. A cet effet, le pays qui assure la direction de l'UA pour la période d'un an la représente dans les grandes institutions clubistes telles le G8 ou le G20. Si l'on s'en tient à cette règle, la Guinée Equatoriale qui assure actuellement cette présidence ira défendre les politiques de l'Union autant au G8 qu'au G20.

    * 363 WADE (A.), «L'Afrique et le monde», op. cit., p. 78.

    * 364 DJUIDJE KOUAM (R.), op. cit., p. 166.

    * 365 CHARILLON (F.), op. cit, p. 402.

    * 366 Abdoulaye Wade cité par DEDET Joséphine et FOURNIER Vincent, « Sénégal-Libye. Une journée à Benghazi », dans Jeune Afrique N° 2631 du 12 au 18 juin 2011, p. 13.

    * 367 WENDT Alexander cité par BATTISTELLA (D.), op.cit., p. 75.

    * 368 ROJOT (J.), op. cit., p. 219.

    * 369 Cité par BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 282.

    * 370 BATTISTELLA (D.), « l'intérêt national. Une notion, trois discours », op. cit., pp. 151-152.

    * 371 WENDT Alexander, cité par BATTISTELLA (D.), Théories des relations internationales, op. cit., p. 75.

    * 372 A titre de rappel, les terres arables libyennes sont d'ordre de 2% seulement.

    * 373 Il s'agissait de la Sierra Léone, du Libéria, de la Guinée Conakry et du Mali

    * 374 Lire « Kadhafi   roi des rois d'Afrique », dans Jeune Afrique N°2505 du 11 au 17 janvier 2009, p. 53.

    * 375 S'il est vrai que le projet pharaonique de « Grande rivière souterraine » ou « artificielle » estimé à 25 milliards de dollars, et dont l'objectif était de récupérer l'eau potable du sud aride(bassins de Murzuq, de Kufra, de Sarir...) pour la côte, a permis la distribution de l'eau dans les grandes villes du littoral (Tripoli et Benghazi ou Syrte), il faut tout de même relever que les nappes phréatiques de la Libye s'épuisent assez rapidement. Au Nord du pays par exemple, l'accroissement exponentiel de la population, puis de l'activité industrielle et agricole ont augmenté les besoins des populations en eau. Ce qui a par conséquent détérioré la qualité de cette eau. Aussi, l'eau potable est souvent polluée à cause des rencontres souterraines avec les eaux salées de la méditerranée, qui produisent un impact négatif sur l'agriculture et les sols, d'où la mauvaise productivité agraire. Cf. 37 années de travail et de donation, op. cit., p. 37.

    * 376 « No Independence to a Nation that eats from beyond its borders », 37 années de travail et de donation...op. cit., p.17.

    * 377 OTAYEK René, « La Libye et l'Afrique : assistance financière et stratégie de puissance », dans Politique africaine, I (2), mai 1981, p. 77.

    * 378 Des 6,1millions des Libyens, 6 % seulement vivent dans d'autres régions du pays en dehors du Nord où sont concentrées les grandes villes. Les industries ne peuvent donc réellement prospérer dans les régions peu peuplées.

    * 379 Voir MEYER (J.-M.) / LEJEAL (F.), « A coups de pétrodinars », op. cit., p. 26.

    * 380 Ibid.

    * 381 Voir le site Internet http://www.europe1.fr, consulté le 31 décembre 2010.

    * 382 BATTISTELLA (D.), op. cit, p. 276.

    * 383 DUMONT Gérard-François et KANTE Seydou, « Le Sénégal. Une géopolitique exceptionnelle en Afrique », dans Géostratégiques N° 25, 10/09, p. 128.

    * 384 Ibid.

    * 385 Pendant la période coloniale, le Sénégal jouissait du privilège d'abriter la capitale de l'Afrique Occidentale Française(AOF). Cela lui a permis de bénéficier des faveurs du colon français qui y a implanté d'importantes multinationales, faisant de lui l'un des pays les plus industrialisés de l'AOF. Entretien avec un diplomate camerounais, op.cit.

    * 386 TONRA (B.), op. cit., p. 347.

    * 387 Voir GHORBAL samy, « Pourquoi Wade ne fait plus rêver ? », dans Jeune Afrique l'Intelligent du N° 2337 du 23 au 29 octobre 2005, p. 66.

    * 388 ROUAMBA (A), « A coeur ouvert avec le président Wade », entretien précité.

    * 389 WADE (A.), « L'Afrique et le monde », op. cit., p. 80.

    * 390 Il s'agit du transport, des Nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), de l'environnement et des télécommunications

    * 391 Xinhuanet, « Construction du chemin de fer Dakar-Bamako : le président Wade annonce des négociations avec la Chine », http:// www. malijet.com, consulté le 14 avril 2011.

    * 392 Cf. BATTISTELLA (D.), Théories de relations internationales, op. cit., p. 474.

    * 393 Voir DURMONT (G.-.F) et KANTE (S.), op. cit., p. 120.

    * 394 Ibid.

    * 395 JUNG (D.), op. cit., p. 96.

    * 396 SOW Cécile, « renaissance africaine à Dakar », dans Jeune Afrique, du 20 au 26 mai 2007, N°2419, p. 85.

    * 397 THIAM IBA DER, http://www.ladepechediplomatique.com, op. cit.

    * 398 ROJOT (J.), op. cit., p. 217.

    * 399 Les mobilisations socio-politiques dites du « printemps arabe », qui ont embrasé un bon nombre de pays du Maghreb se sont soldées par une intervention armée des puissances étrangères en Libye, provoquant la capitulation de Kadhafi le 22 août 2011. Ceci en vertu de «  L'opération Harmattan » qui y a été lancée le 19 Mars 2011, suite à la résolution 1973 votée par l'Assemblée générale des Nations-Unies.

    * 400 ROJOT (J.), op. cit., p. 335.

    * 401 Ibid.

    * 402 Ibid.

    * 403 Selon ROJOT, «  Un individu peut être dit « en mauvaise face » quand une information regardant sa valeur sociale est portée de quelque manière que ce soit qui ne peut être intégrable, même au prix d'un effort dans la ligne de conduite soutenue par lui et pour lui (par les autres) ».

    * 404 Voir la photo interprétée par nous, dans Jeune Afrique Economie, N°313, op. cit., p.13.

    * 405 Le président Kadhafi l'avait refusée pour la raison qu'il pensait qu'il devait « laisser la place aux autres » et « aider l'Afrique à réaliser son unité continentale indépendamment de toute position officielle ».

    * 406 GOFFMAN Erving, cité par ROJOT (J.), op. cit, p. 335.

    * 407 Ibid.

    * 408 GOFFMAN Erving, cité par ROJOT (J.), op. cit, p. 336.

    * 409 YAHMED Ben Béchir, « Kadhafi, visage de l'Afrique », dans Jeune Afrique N°2509 du 8 au 14 février 2009, p. 3.

    * 410 Ce complexe, situé à Ouagadougou 2000 est doté d'une cinquantaine de boutiques, de bureaux, et restaurants. Il est le plus vaste et sans équivalent au Burkina Faso. Voir Jeune Afrique N°2474 du 8 au 14 Juin 2008 p. 27.

    * 411Lire MEYER Jean-Michel, « Quand le robinet libyen ne coulera plus... », dans Jeune Afrique N°2617 du 6 au 12 Mars 2011, p. 27.

    * 412 SOUDAN (F.), « Kaddafi et l'Afrique. Le retour du parrain », op. cit., p. 24.

    * 413Ibid.

    * 414 Ibid.

    * 415 Voir Jeune Afrique N° 2616 du 27 février au 5 mars 2011, p. 28.

    * 416 Dans ce pays par exemple, outre le président Hugo Chavez qui a à plusieurs reprises dénoncé les exactions des forces de la coalition en Libye, les populations ont parfois manifesté leur sympathie au colonel libyen en faisant des marches de soutien.

    * 417 DE LA GORCE Paul-Marie, « Kadhafi et les leçons de l'histoire », dans Jeune Afrique N°2037 du 25 au 31 janvier 2000, p. 31.

    * 418 ABDALLAH Ben Ali, « Kadhafi, le bon élève arabe », dans Jeune Afrique, N°2337 du 23 au 29 octobre 2005, p. 40.

    * 419 Le sénateur américain Richard, déclarait à cet effet que « Kadhafi nous a fourni en deux jours plus que ce que nous demandions en vain depuis deux ans à l'Iran », Lire Jeune Afrique N°2474 du 8 au 14 Juin 2008, op. cit., p. 41.

    * 420 Le courant constructiviste permet d'expliquer cette attitude des puissances occidentales comme les Etats-Unis par exemple, qui ne cautionnent  « la distribution des armes hors de leurs frontières qu'en fonction des Etats destinataires. Ils en acclameront la détention par les Anglais mais en auront peur lorsqu'elles se retrouveront entre les mains des Nord Coréens et des Iraniens », Cf. LAMBORN (C.A.) et LEPGOLD (J.), op. cit, p. 46.

    * 421 Propos d'Ali Triki, rapportés par Jeune Afrique N° 2509 du 8 au le 14 février 2009, p. 37.

    * 422 DE LA GORCE Paul-Marie, op. cit., p. 31.

    * 423 Pratiquement, tous les grands leaders politiques du monde occidental ont rendu visite au leader libyen. Il s'agit de Tony Blair, ex-premier ministre britannique, de l'intransigeante et ex-secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice du président du conseil italien, Silvio Berlusconi... Il était également reçu en grande pompe en France (2007) et en Italie (2010).

    * 424 TALLA Blaise-Pascal, « Un prophète nommé Kadhafi », dans Jeune Afrique Economie, NO 372, mars- avril 2008, pp. 82-86.

    * 425 Voir le site Internet http://www.ugb.sn/, consulté le 28 août 2011.

    * 426 YERIM SECK C., « Sommet des crises », dans Jeune Afrique N°2529 du 28 juin au 4 juillet 2009, p.13.

    * 427 THIAM IBA DER, http://www.ladepechediplomatique.com/_a1438.html.,

    consulté le 16 avril 2011.

    * 428 Cité par BOISBOUVIER Christophe, « Parfum de guerre froide », dans Jeune Afrique, N°2478 du 6 au 12 juillet 2008, p.48.

    Discours du président Wade diffusé sur les antennes de Radio France Internationale le 11 juin 2011.

    * 429 Voir OUAZANI Chérif, « Mugabe-show à Charm el- Cheikh », dans Jeune Afrique, op. cit., pp. 47- 48.

    * 430 Evidemment, le président Wade se fondait sans doute stricto sensu sur les dispositions de l'Acte constitutif qui n'a pas inscrit les cas de « fraudes » électorales dans ses principes, comme motif d'exclusion d'un Etat de l'organisation tel qu'on l'observe pour des gouvernements issus d'un coup d'Etat. Voir L'article 4(p) de l'Acte Constitutif en annexe.

    * 431Extrait du discours du président Wade diffusé sur les antennes de RFI le 9 juin 2011.

    * 432 Voir la page 103 de cette thèse.

    * 433Wade Abdoulaye cité par DEDET (J.) et FOURNIER (V.), dans Jeune Afrique, op. cit., p. 13.

    * 434 Voir ladite explication en note de page no 266 à la page 79.

    * 435 JESSIE Jackson fut le compagnon de lutte de Martin Luther King pour les droits civiques et l'égalité raciale et par ailleurs premier noir candidat à une élection présidentielle aux Etats-Unis d'Amérique.

    * 436 Il l'a déclaré lors d'une interview accordée à Africa24 le 11 septembre 2011.

    * 437 THIAM IBA DER, http://www.ladepechediplomatique.com/_a1438.html.,

    consulté le 16 avril 2011

    * 438 Entretien avec ROUAMBA (A.), voir http://www.rewmi.com/ op.cit.

    * 439 Ce dernier était accusé d'atteinte à la sécurité de l'Etat et de détournements de fonds. Se référer à GHORBAL (S.), op. cit., p. 64.

    * 440 Ibid.

    * 441 Suite à sa sortie médiatique subséquente aux vagues de contestation qui ont émaillé le climat socio-politique sénégalais, le 23 juin 2011, le président Wade avait qualifié son projet soumis à l'Assemblée Nationale, visant à faire élire un vice-président, objet de la pomme de discorde, d' « idée généreuse » et de « véritable démocratie ». Idée que ne partagent les jeunes regroupés au sein du Mouvement « Y'EN A MARE ». Discours au peuple sénégalais le 14 juillet 2011 sur la RTS.

    * 442 Entretien avec un diplomate camerounais, le 27 avril 2011.

    * 443 ROJOT (J.), op. cit., p. 217.

    * 444 WENDT Alexander, cité par LAMBORN (C.A.) /LEPGOLD (J.), op. cit, p. 46.

    * 445 WENDT Alexander, cité par LAMBORN (C.A.) /LEPGOLD (J.), op. cit, p. 46.

    * 446 OTAYEK René, « Libye et Afrique. Assistance financière et stratégie de puissance. », op. cit., p. 77.

    * 447 Ibid.

    * 448 Selon un classement rendu public par l'hebdomadaire Jeune Afrique, le leader libyen était parmi ses pairs le numéro1 tant sur les domaines de notoriété, de rôle diplomatique joué, de puissance économique que de production des idées. Voir « les 50 personnalités les plus influentes en Afrique », dans Jeune Afrique N°2607-2608 du 26 décembre 2010 au 8 janvier 2011, p. 40.

    * 449 Le président Nkrumah, par exemple, ignorait son village natal N'Krofoul; Houphouët mettait le sien, Yamoussoukro, sur la carte du monde. Voir KABA (L.), op. cit., p. 105.

    * 450 TUNDE Fatundé, « Kadhafi en ballottage », dans Jeune Afrique Economie No 313, op. cit., p. 12.

    * 451 Outre les deux premiers sommets fondateurs de l'Union (Syrte I et Syrte II organisés en 1999 et 2001 respectivement), la Libye a également organisé cinq sommets panafricains à savoir les sommets de Tripoli de 2000 et 2003, le sommet extraordinaire de Syrte en 2004, la rencontre de Syrte en juillet 2005 et, enfin, la 13ème conférence de l'Union en 2009, une fois de plus à Syrte. En ce qui concerne cette dernière, elle était initialement prévue pour être organisée à Antananarivo (Madagascar). Mais, le coup d'Etat perpétré le 17 mars 2009 par Andry Rajoelina l'en privera. Président de l'Union depuis le 2 février 2009, le colonel Kadhafi fera du « forcing » auprès de l'île Maurice, candidate elle aussi pour cette organisation afin qu'elle retire sa candidature. Il y a lieu de rappeler que les trois pays en lice pour l'organisation de ce sommet étaient entre autres l'Ethiopie, la Libye et l'île Maurice. Le premier ayant organisé le 12ème sommet, trois mois seulement avant, logiquement, les Mauriciens devaient être un véritable concurrent pour la Libye. Cf. http://www.lesoleil du 30 juin 2011, consulté le 2 juillet 2011 et Anonyme, « Kadhafi veut le prochain sommet », dans Jeune Afrique N°2519 du 19 au 25 avril 2009, p. 9.

    * 452 DEUTCHOUA (X.), op. cit., p. 3.

    * 453 AMAÏZO EKOUE (Y.), cité par DJUIDJE kOUAM (R.), op. cit., p. 120.

    * 454 Au 12ème sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, elle revenait normalement à l'Afrique du Nord. Comme c'est la coutume, les dirigeants de ladite sous-région devaient choisir parmi eux un président pour l'assurer. Au grand désarroi de quelques pays d'Afrique australe (Lesotho, Malawi, Botswana, Ouganda...) qui se sont énergiquement opposés à l'élection de Kadhafi, ses pairs vont lui concéder ce rôle pour un an.

    * 455 YERIM SECK (C.), «Au secours Kaddafi arrive !», op. cit., p. 34.

    * 456 A Maputo, comme lors de la première session extraordinaire de la conférence de l'UA tenue à Tripoli en février 2003, et appelée à se prononcer sur des amendements à l'Acte constitutif proposé par le pays hôte, les débats ont clairement ressorti les réticences des Etats membres, petits comme grands, à renforcer et singulièrement, le statut du président en exercice de l'UA. Ils avaient refusé d'accéder à la demande du colonel Kadhafi d'allonger le mandat du président de l'Union, à quatre ans, et s'en tenant à une formule de compromis prévoyant que l'élection pour un an était susceptible d'être reconduite. Voir BOURGI (A.), op. cit., p. 333.

    * 457 Malgré le déploiement de ses équipes dans plusieurs pays membres afin de convaincre ses pairs de lui permettre de continuer sa royauté sur l'Afrique, Kadhafi fit face à leur opposition. Lors du 14ème sommet d'Addis-Abeba, suite à la pression des pays d'Afrique australe qui voulaient « sauver l'honneur » de l'Union, il pliera l'échine.

    * 458 Entretien avec un diplomate sénégalais, le 26 avril 2011.

    * 459 Propos du président Wade rapportés par SOW (C.), op. cit., p. 31.

    * 460 Cf. http://www.afriscoop.net/journal/, consulté le 27 août 2011.

    * 461 Propos du président Abdoulaye, repris par le quotidien Walfadjri, du 20 décembre 2009.

    * 462 Propos du président sénégalais rapportés par SOW (C.), op. cit., p. 31.

    * 463 COLETTE Elise, « Le Kadhafi show n'a pas eu lieu », dans Jeune Afrique N° 2586 du 1er au 7 août 2010, p. 18.

    * 464 En référence aux présidents Thabo Mbeki et Olusegun Obassanjo dont les compatriotes semblent dominants dans le projet.

    * 465 Cité par DEME (O.), «Entre espoir et scepticisme. La société civile et le Mécanisme africain d'évaluation par les pairs », dans TAYLOR Bernard (dir.), Perspectives, Ontario, partenariat Afrique Canada, 2005, p. 8.

    * 466 FINNEMORE Martha, cité MCLEOD (A.), op. cit., p. 70.

    * 467DEVIN Guillaume, cité par POKAM (H. D.P.), « Construction de l'Union Africaine... », op. cit., p. 18.

    * 468 Voir ROJOT (J.), op. cit., p. 220.

    * 469 Ibid.

    * 470 Il s'agit dans une large mesure du changement d'identités nationales des Etats membres, de l'impact des normes sur les processus de prise de décision au niveau communautaire et national, du processus d'internalisation des buts de l'intégration, de la socialisation des Etats membres par la participation directe au processus de l'intégration. Voir WILGA (M.), op. cit., p. 83.

    * 471 Ibid, p. 71.

    * 472 Telle est la définition de la norme selon KATZENSTEIN Peter, cité par BENDJABALLAH Selma et al, Vers un « constructivisme tempéré ». Le constructivisme et les études européennes. Centre d'Etudes Européennes, Avril 2008, p. 6.

    * 473EL KADHAFI, cité par AMAÏZO EKOUE Yves, «Faut-il couper le Nigeria en deux ? », disponible sur afrology.com, consulté le 20 décembre 2011.

    * 474Pour séduisante qu'elle soit, s'il est vrai que la partition du Soudan, comme elle s'est finalement réalisée, apparaît comme une « chance » pour les populations négro-africaines du nouveau Sud-soudan, il n'en demeure pas moins vrai que cela porte un coup de massue à la construction de l'UA en cours surtout quand on sait que la rébellion de John Garang qui a lutté dès les débuts pour cette scission a bénéficié du soutien des grandes puissances pour des raisons stratégiques. Ce que semble oublier le Guide libyen. Sur cet élément, voir également OUAZANI Chérif et GESLIN Jean-Dominique, « Zones sous haute surveillance », dans Jeune Afrique N°2438 op. cit., p. 29.

    * 475 Voir MARTINEZ (L.), op. cit., p. 121.

    * 476 OTAYEK (R.), La politique africaine de la Libye,... op. cit., p. 29.

    * 477 DEUTCHOUA (X.), op. cit., p. 3.

    * 478Cité par DIKWE FODAMBELE, « Choléra : la Libye offre des médicaments », dans Cameroun Tribune, 9 septembre 2010, p. 17.

    * 479 WILGA (M.), op. cit., p. 75.

    * 480 Ibid.

    * 481 Cf. Afrique Education, N°114 du 16 au 31août, « L'Union Africaine tourne au vinaigre pour 250 Burkinabés », 2002, p. 12.

    * 482 MAROT Jean- Baptiste « La Libye refoule encore des Maliens. Etats-Unis d'Afrique version Kaddafi », dans Jeune Afrique N° 2438 du 30 septembre au 6 octobre 2007 p. 81.

    * 483 BOUILLON Sophie, « Rêves et déboires des immigrés de l'intérieur », dans Jeune Afrique N° 248 du 14 au 20 septembre 2008, p. 24

    * 484 MEYER Jean-Michel, « La révolution jusqu'au bout », dans Jeune Afrique N° 2617 du 6 au 12 mars 2011, p. 28.

    * 485 SOUDAN François, « Kaddafi l'Afrique entre peur et soulagement », dans Jeune Afrique N° 2617 du 6 au 12 mars 2011, p. 24.

    * 486 WILGA (M.), op. cit., p. 84.

    * 487 CHRISTOPH James, cité par WILGA (M.), op. cit., p. 85.

    * 488 Nous tenons à relever que les expulsions des immigrés à l'intérieur du continent ne sont pas uniquement une caractéristique libyenne et que cette expérience peut également être observée afin que l'Afrique construise son Union sur des bases communes.

    * 489 WILGA (M.), op. cit., p. 84.

    * 490Il est en ce moment-là directeur de recherche à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), cité par MEYER (J.-M.), « Cen-Sad, mode d'emploi », op.cit., p. 24.

    * 491 Voir le discours du Guide libyen, op.cit.

    * 492 BOISBOUVIER Christophe et PERDRIX Philippe « Fini le temps de l'allégeance », dans Jeune Afrique N° 2617 du 6 au 12 mars 2011. p. 25.

    * 493 Amadou Toumani Touré est le président de la République du Mali.

    * 494 BOISBOUVIER (C.) et (P.) op. cit., p. 25.

    * 495 Ibid, p. 26.

    * 496 Propos tenus par AIL AL Karti lors du journal télévisé sur les antennes d'Africa 24 le 28 août 2011.

    * 497BALANDIER Georges, cité par SINDJOUN Luc, L'Etat ailleurs. Entre noyau dur et case vide, Paris, Economica, 2002, p. 78.

    * 498Voir YERIM SECK (C.), « Au secours, Kadhafi arrive ! », op. cit., pp. 34-36.

    * 499Propos tenus par le président Wade lors de l'interview accordée à Africa24 le 11 septembre 2011.

    * 500 Ibid.

    * 501 Le Sénégal est l'un des rares pays ouest-africain n'ayant jamais connu de coup d'Etat en 51 ans d'indépendance.

    * 502Découverte et occupée successivement par les Portugais, les Anglais et les Français, la région de la Casamance, séparée d'une grande partie du reste du territoire du Sénégal par un État étranger, la Gambie, occupe la partie méridionale du Sénégal. Initialement constituée d'une seule entité depuis l'indépendance du Sénégal en 1960, elle a été divisée à partir de 1984, en deux régions : la région de Kolda d'une superficie de 21 011 km2 estimée à 932 014 habitants et celle de Ziguinchor d'une superficie de 7 300 km2 avec une population de 517 141 habitants. Pour beaucoup de Casamançais, il s'agit d'une stratégie du « gouvernement sénégalais » qui vise à les diviser afin de les rendre plus faibles.

    * 503DUMONT (G.-F.) et KANTE (S.), op. cit., p. 124.

    * 504Parmi les événements qui ont contribué au pourrissement de la crise casamançaise, on peut citer entre autres la sévère répression par les forces de l'ordre sénégalaises de la marche indépendantiste de 1982 à Ziguinchor sur la gouvernance, la grève des lycéens ayant abouti à la mort de l'élève Idrissa Sagna, tué par la balle d'un policier, l'arrestation de l'abbé Diamacoune Senghor condamné à cinq ans de prison ferme, etc. Pour approfondir, Lire BOUCOUNTA Diallo, La crise casamançaise : Problématique et voies de solutions, L'Harmattan, 2009,154 p. ; MARUT Jean-Claude,« Le problème casamançais est-il soluble dans l'Etat- nation ?», http://www.cean.pdf , consulté le 18 juillet 2011.

    * 505 AMAÏZO EKOUE (Y.), De l'économie de l'insécurité à l'économie durable », dans Afrique Education, op. cit., p. 20.

    * 506 En 1990, d'importants affrontements, causant environ 150 morts, opposent l'armée sénégalaise et les séparatistes. Puis, le 31 mai 1991, d'autres heurts ont encore lieu. En 2011, le nombre de morts suite aux affrontements est estimé à près de 800 personnes. Lire respectivement MARUT (J.-C.), op. cit., p. 125, et CARAYOL Rémy, « Casamance. De guerre lasse », dans Jeune Afrique, N° 2642 du 28 août au 3 septembre 2011, p. 37.

    * 507La Gambie par exemple n'a pas toujours été tranquille avec une Casamance instable. En 1994, 1996, et 1999, elle a été confrontée à des menées subversives venues de cette région du Sénégal. Voir FALL Elimane, « Quand la Casamance se prend à réfléchir », dans Jeune Afrique Economie N° 291 du 12 juillet au 1er août 1999, p. 89.

    * 508 FAYE Mamadou M., « Mes vérités sur la crise casamançaise », http://www.walf.sn/, consulté le 18 juillet 2011.

    * 509 MARUT (J.-C.), op. cit., p. 3.

    * 510 FALL (E.), « Quand la Casamance se prend à réfléchir », op. cit., p. 88

    * 511 Propos recueillis par SANE Idrissa Benjamin, voir le site http://www.popxibaar.com /, consulté le 18 Juillet 2011.

    * 512 Il convient de signaler aussi que le soulèvement dans cette région a eu, au début, l'air d'une croisade. C'est après la démission de Léopold Sédar Senghor en 1982, président catholique, auquel succéda Abdou Diouf, musulman, que l'abbé Diamacoune Senghor se portera à la tête d'un mouvement armé. Les premières victimes de cette insurrection meurtrière furent d'ailleurs des imams de mosquées.

    * 513 Outre la crise qui décourage les investisseurs dans cette région, il faut noter qu'en plus des usines de pêche qui ont fermé les portes, la Casamance qui produisait 200.000 tonnes de riz en 1982 en fait deux fois moins aujourd'hui. Cf. CARAYOL (R.), op. cit. p. 37.

    * 514 SMOUTS (M-C.), cité par TAGLIONI François, La régionalisation : un processus mondial, p.3. Disponible sur http://www.scribd.com/doc/54687495/2/, consulté le 18 juillet 2011.

    * 515 TAGLIONI (F.), op. cit., p. 3.

    * 516 TSHIYEMBE (M.) parle ainsi de la reconstitution de l'Afrique en référence à sa balkanisation qui a été instituée depuis la conférence de Berlin entre1884-1885, op. cit., p. 53.

    * 517 Le panafricanisme minimaliste est une stratégie de statu quo ante, fondée sur le droit inaliénable de chaque Etat à une existence indépendante. Son mot d'ordre est l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation et son principe est le respect de la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats. Voir TSHIYEMBE (M.) précité, p. 55.

    * 518 Cette idée avait été lancée dès 1906 par Pixley Ka Isaka Seme, l'un des pères fondateurs de l'ANC, suivi par beaucoup d'autres intellectuels et leaders noirs à savoir Kwame Nkrumah, W E.B Dubois, Cheikh Anta Diop, Julius Nyerere, Sékou Toure et Kenneth Kaunda .

    * 519 CROUZEL Ivan, « la renaissance africaine » un discours sud-africain ? dans politique africaine, N° 77, mars 2000, p. 171.

    * 520 Ibid., p. 172.

    * 521 La renaissance africaine de Mbeki revendique le retour à la culture africaine. Lors de sa présidence de l'Union, il fit de la réhabilitation du patrimoine culturel africain l'une de ses priorités majeures. « L'opération Tombouctou » initiée par la présidence sud africaine constituera le premier projet officiel culturel du NEPAD dans les efforts de conservation des manuscrits de Tombouctou qui remettent en question la vision historique conventionnelle d'une histoire africaine reposant uniquement sur des sources orales. GUMEDE William, Thabo Mbeki et la Renaissance africaine, disponible sur www.africulture.com, visité le 2 décembre 2010.

    * 522 GUMEDE (W.), www.africulture.com, visité le 2 décembre 2010.

    * 523 Selon cette analyse, la période de décolonisation serait le  premier moment  et la transition démocratique, le second.

    * 524 Ce concept fut développé par le cardinal Desmond Tutu, architecte de la commission nationale vérité et réconciliation dont l'objectif était de panser les plaies de l'apartheid, pour magnifier le caractère multiracial et paisible de l'Afrique du Sud.

    * 525 THABO MBEKI, « La renaissance panafricaine », juillet 2006 disponible sur www.africamaat.com, Visité le 2 décembre 2010.

    * 526 Sur cet aspect par exemple, l'Afrique du Sud s'est beaucoup investie dans les efforts de médiation et de maintien de la paix sur le continent. Ainsi, quand le président Mbeki tentait de résoudre le conflit ivoirien, il estimait que le président français Jacques Chirac, ne devait intervenir qu'en soutien et seulement à la demande des Ivoiriens. Il en est de même pour la crise politique malgache où le président de la commission de l'UA Jean Ping entra en désaccord avec Mbeki qui le soupçonnait de vouloir introduire la France dans les affaires internes de Madagascar. De même, on a pu percevoir le mécontentement du président Jacob Zuma qui s'est volé la vedette dans la crise libyenne. Alors qu'il essayait de prôner la médiation, l'Occident ne ménageait pas sa force armée.

    * 527 Cette nouvelle politique macro-économique est dévoilée en 1996 : le Growth Employment and Redistribution (GEAR) se fixe comme objectifs une croissance annuelle de 10% des exportations de produits manufacturés et une augmentation de 36% des échanges commerciaux avec l'Afrique. Elle vise par ailleurs à rétablir l'équilibre rompu depuis la colonisation et l'apartheid institué par la minorité blanche notamment en privilégiant les Noirs dans le monde du travail.

    * 528 JAN Smuts, cité par CROUZEL (I.), op. cit., pp. 175-176.

    * 529Son obsession sur la question du Sida l'a en partie aveuglé, le conduisant dans une impasse à concevoir une conspiration occidentale derrière la propagation de la pandémie et à délaisser le traitement de la maladie. Les conséquences en ont été désastreuses pour de nombreux Sud-Africains malades et pour lui-même en tant que homme politique. C'est suite à de nombreuses critiques qu'il finira par décider de ne plus aborder la question en public, et un programme de distribution d'antirétroviraux gratuits verra le jour en 2004.Voir GUMEDE (W.), op.cit. ; SAVARIAUD Stéphanie, « Espoirs et déceptions de la renaissance africaine », disponible sur le site www.RFI.fr/Afrique, 16/04/2004, visité le 2 décembre 2010.

    * 530Il a nommé de nombreuses femmes à des positions élevées, y compris Nkozona Dlaminizuma en tant que ministre des affaires étrangères dans un domaine qui est traditionnellement perçu par les moeurs politiques machistes de l'Afrique comme une chasse gardée des hommes. Voir TRAIY-KONE Philippe, « Les hommes de Thabo Mbeki », Jeune Afrique Economie N°291 du 12 juillet au 1er août 1999, pp. 94-95.

    * 531 GUMEDE (W.), www.africulture.com, visité le 2 décembre 2010.

    * 532 POKAM (H.D.P.), op. cit, p. 114.

    * 533 Dans son objectif d'exporter son slogan d'« African solutions to African problems » et d'en finir avec les mouvements de libération en Afrique, le président Mbeki s'est démené à convaincre l'irascible Robert Mugabe et la frange radicale du Zanu. PF de s'allier au principal parti d'opposition, le mouvement pour le changement démocratique, au sein du gouvernement d'unité nationale. De même, en Angola, les pressions sud-africaines pour que le parti au pouvoir s'associe à l'UNITA de feu Jonas Savimbi n'ont fait que nourrir le ressentiment des élites dirigeantes de ce pays. D'où une hostilité presque ouverte entre les deux pays. Cf. GUMEDE (W.), www.africulture.com, visité le 2 décembre 2010.

    * 534 DJUIDJE KOUAM (R.), op.cit., p. 22.

    * 535 Un des facteurs majeurs qui a permis au président Mbéki de surmonter les réticences de ses pairs a été son alliance avec le Nigeria d'Obassanjo. Etant donné la taille et l'importance de ce pays sur le continent, qui fait figure de seconde puissance continentale justement après l'Afrique du Sud.

    * 536 Roche (J-J.), op. cit, p. 96.

    * 537 Ibid.

    * 538SULE Y. M., cité par KABA (L.), op. cit., p. 130.

    * 539 Ibid.

    * 540 GONIDEC Pierre François, Relations Internationales africaines, éd, EJA, LGDJ, 1996, Paris, p. 106.

    * 541Voir KAFUKA RUJAMIZI (J.), « Unité africaine. Slogan ou nécessité ?», op. cit., p. 147

    * 542Pakalitha Mosisili, cité par KAFUKA RUJAMIZI (J.), op. cit., p. 147.

    * 543 MUSEVENI Yoweri, cité par KAFAKU RUJAMIZI (J.), op. cit., p. 147.

    * 544 Voir YERIM SECK (C.), « Au secours, Kadhafi arrive!», op. cit, p. 36.

    * 545 Voir son interview accordée à OUSMANE (A.), dans Jeune Afrique Economie, N° 313, op.cit., p. 14.

    * 546 ALCINDA ABREU, cité par POKAM (H.D.P.), op. cit., p. 26.

    * 547Cf. HELLY (D), op. cit., pp. 44-45.

    * 548 Il constate que, alliées aux organisations sous-régionales comme la SADC ou la CEDEAO, elle est intervenue avec succès dans l'endiguement de certaines crises en Afrique. Voir BADIE Bertrand., http://www.lemonde.fr/, consulté le 20 décembre 2010.

    * 549 Le président Obanssanjo déclarait sur cette question que « la CEDEAO représente le cadre privilégié pour l'élaboration des solutions ». Interview accordée à Géopolitique africaine N°1..., op.cit, p. 44.

    * 550 Voir DIOP ANTA Cheikh, Les fondements culturels techniques et industriels d'un futur Etat fédéral d'Afrique noire, Paris, Présence Africaine, 1960, p. 29.

    * 551 BADIE (B.), Un monde sans souveraineté, op. cit., p. 8.

    * 552 BATTISTELLA (D.), « L'intérêt national. Une notion, trois discours », op. cit., p. 144.

    * 553 WOLFERS Arnold, cité par BATTISTELLA (D.), ibid, p. 145.

    * 554 HELLY (D.), op. cit., p. 59.

    * 555 HELLY (D.), op. cit., p. 61.

    * 556 Pour en écarter l'Afrique du sud, le Nigeria est allé jusqu'à révéler qu'il  n'est pas un « vrai pays africain » Voir NTUDA EBODE Joseph -Vincent, « Structuration de la puissance continentale : l'Afrique occidentale hors-jeux ? », dans magazine Diplomatie. Un autre regard sur le monde, N°12, juin-juillet 2010 sur http://www.diplomatie-presse.com/?p=1113, consulté le 01 juillet 2011.

    * 557 BADIE (B.), http://www.lemonde.fr/, consulté le 20 décembre 2010.

    * 558 Omar Bongo, cité par DJUIDJE KOUAM, (R.), op. cit., p. 123.

    * 559 Indépendant le 9 février 1990 après plusieurs années de guérilla contre l'administration sud-africaine, cf. The World Almanach and book of facts, op. cit., p. 803.

    * 560 Indépendant le 25 juin 1975 après 10 années de guerres acerbes contre le colon portugais, ibid, p. 802.

    * 561 Indépendant le 18 avril 1980, ibid, p. 839.

    * 562 TONRA (B.), op. cit., p. 348.

    * 563 BADIE (B.), « La crise des organisations régionales », sur http://www.lemonde.fr/, visité le 20 décembre 2010.

    * 564 TSHIYEMBE (M.), op. cit, p. 54.

    * 565 POUGALA (J.), http: //blogs.mediapart.fr/blog/fxavier/, précité.

    * 566 Wade (A), Un destin pour l'Afrique..., op. cit, p.17.

    * 567 Au terme de la rencontre des ministres africains des finances à Yaoundé, avait été adopté le projet de protocole relatif à la création du Fonds Monétaire Africain (FMA). Ils ont également fixé son capital à 42,68 milliards de dollars, soit environ 22244 milliards de francs Cfa. Voir DJOYUM Beaugas-Orain, « Fonds monétaire africain : les premières fondations à Yaoundé », Le Jour du 20 décembre 2010 disponible sur http://www.africapresse.com/economie/, consulté le 8 janvier 2010

    * 568 Cf. DJOYUM Beaugas-Orain, « Fonds monétaire africain : les premières fondations à Yaoundé », Le Jour du 20 décembre 2010 disponible sur http://www.africapresse.com/economie/, consulté le 8 janvier 2010.

    * 569 ESSIMI MENYE, cité par DJOYUM (B.-O.), op. cit.

    * 570 On a pu observer des désaccords entre les différents Etats membres de l'OTAN engagés dans cette guerre. La Norvège ayant plié 4 mois après, l'Italie menaçant d'abandonner l'opération « Protecteur unifié », d'autres menaçant même de déposer les armes si les « grands » ne la financent pas. La France n'étant pas matériellement capable de se donner les moyens de sa politique expansionniste, c'est finalement l'Allemagne au départ réticente face à cette intervention qui a déboursé la somme de 100 millions d'euros pour épauler les rebelles libyens déterminés à en découdre avec le régime de Tripoli.

    * 571 En réalité, tout Etat souverain ne dispose que d'une seule armée légitime et une fois que des populations civiles s'attaquent à ce dernier manu militari, il devient impensable pour cet Etat de les considérer davantage comme telles.

    * 572 DAVID Charles-Philippe, « La mondialisation de la sécurité : espoir ou leurre ? », dans Annuaire Français des Relations Internationales, vol. III 2002, p. 108.

    * 573 COUDURIER Hubert, Rédacteur en chef de l'info. Le Télégramme, sur les antennes de France24 le 15 juillet 2011.

    * 574 Wade (A.) Un destin pour l'Afrique...op. cit., p. 120.

    * 575 TAGLIONI (F.), op. cit., p. 46.

    * 576 Propos de NTUDA EBODE (J-V.), interviewé par MVOGO (R.), op. cit., p. 30.

    * 577 NDAYWEL E Nziem (I), op. cit., p. 275.

    * 578WADE Abdoulaye, cité par JENKINS Sarah, « Les quatre chefs d'Etat qui ont compté », dans Jeune Afrique Economie, N°379, mars-avril 2010, p. 58.

    * 579NTUDA EBODE (J-V), interviewé par MVOGO (R.), op. cit., p. 30.

    * 580Hormis l'Afrique du Sud 8,25%, et le Nigeria 8,25% qui sont parmi les plus grand contributeurs, les pays du Maghreb contribuent au budget de l'UA à hauteur de 7,25% pour l'Algérie, 8,75% pour l'Egypte, 6,89% pour la Tunisie, 8,25% pour la Libye et enfin 0,75% pour le Maroc. Cf. BIA Barthelemy, cité par Essono (E.-G.), op. cit., pp. 102-103.

    * 581 TAGLIONI (F.), op. cit., p. 161.

    * 582 Ibid.

    * 583 Cité par TAGLIONI (F.), op. cit., p. 161.

    * 584 EDEM KODJO, cité par NZIEM E NDAYWEL (I.), op. cit., p. 276.

    * 585SIDHOUM-RACHAL Djohar « Le Sahara n'est pas une frontière : identité africaine, racialisation et hiérarchisation », dans BA KONARE (A.) (dir.), Petit précis de remise à niveau sur l'histoire africaine à l'usage du président Sarkozy, op. cit., p. 292.

    * 586 Ali Salem Triki cité par AYODELE (A.), op.cit., p.15.

    * 587 KAMTO Maurice (dir.), L'Afrique dans un monde en mutation. Dynamiques internes ; marginalisation internationale ?, op. cit., p. 253.

    * 588 BATTISTELLA (D.), cité par POKAM (H.D.P.), « L'Afrique et les jeux olympiques.. », op. cit., p. 306.

    * 589 BARNET(M.), cité par POKAM (H.D.P.), ibid. 

    * 590 WENDT (A.), cité par LAMBORN C. (A.) /LEPGOLD (J.), op. cit., p. 46.

    * 591 Il affirmait en substance que les colons  pour être sûrs que leurs hégémonie sur le continent ne cessera pas, ils feront tout pour combattre chez les masses africaines la volonté croissante d'unité. Cf. NKRUMAH Kwame,  L'Afrique doit s'unir, Paris, Présence Africaine, 1994, p.15.

    * 592 Au moment où il fallut par exemple mettre sur pied l'Autorité de l'Union au sein de laquelle les commissaires devaient se muer non plus en Ministres comme le réclamait la Cen-Sad, mais en Secrétaires, les présidents Museveni, Zenawi et le président intérimaire sud-africain Kgalema Montelanthé exigèrent que cela passe préalablement par de nouvelles ratifications au niveau des parlements nationaux. Ceci contrairement aux conclusions du Conseil exécutif d'Addis-Abeba de 2006 qui excluait cette hypothèse.

    * 593 ELIAS Norbert, Qu'est-ce que la sociologie?, Paris, Ed. de l'Aube, 1991, p.169.






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