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Le rôle disciplinaire des opa durant la vague de rachats des années 80 aux USA

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par Antoine Suzzoni
Université Nice Sophia Antipolis - DEA 2004
  

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Section 1 : Les principaux modèles

La vague de rachats a conduit les auteurs à étudier les liens entre le marché du contrôle des entreprises et la structure du capital des firmes.

Ces modèles exploitent le fait que les actions procurent un droit de vote alors que les obligations n'en procurent pas. En 1991  Harris et Raviv confrontent les trois modèles principaux : le leur, publié en 1988, celui de Stulz publié en 1988 et celui d'israel publié en 1991. Dans les deux premiers modèles, la structure du capital affecte les gains issus du rachat à travers son effet sur la répartition des votes et plus précisément sur la fraction du capital possédée par le management. Dans le modèle d'Israel (1991) la structure du capital affecte la répartition du cash-flow entre les actionnaires et les créanciers. Les modèles de Harris et Raviv (1988) et Stulz (1988) étudient la relation entre la part du capital détenue par le management et la valeur des actions détenues par les petits porteurs. La structure du capital va influer sur la part du capital détenue par les managers, sur la valeur de la firme, sur la probabilité de rachat et sur le montant de la prime versée par l'offreur. Dans ce qui suit les modèles seront exposés de manière synthétique et nous comparerons leurs implications.

§1 Le modèle de Harris et Raviv (1988)

Harris et Raviv (1988) se focalisent sur la capacité du management en place à agir sur les conditions et la probabilité de succès de l'OPA en augmentant la part des actions qu'il détient. Si l'entreprise s'endette pour racheter ses propres actions, le manager ne vend pas les siennes, ainsi il augmente sa participation. Si l'entreprise s'endette pour verser un dividende spécial, les managers convertissent généralement le dividende qui leur revient en actions ; c'est ainsi qu'ils peuvent accroître la part du capital qu'ils détiennent.

Dans ce modèle, le management en place et l'offreur ont des compétences différentes pour gérer la firme. La valeur de l'entreprise dépend de l'issue de l'OPA.

La part du capital détenue par le management détermine l'une des trois issues possibles :

- Le rival rachète l'entreprise

- Le management en place garde le contrôle

- L'issue est déterminée par le vote des investisseurs passifs (bataille de procurations) et cela conduit à la victoire du meilleur candidat (management en place ou offreur)

Ce qui suit est une version simplifiée du modèle  :

Un manager en place ( I ) possède initialement une fraction 0 du capital d'une entreprise financée exclusivement par des capitaux propres. Les actions restantes sont détenues par des investisseurs passifs.

Le management en place retire des profits ( B ) issus du contrôle de la firme. Ces profits peuvent être vus comme des profits privés liés au contrôle ou comme la partie du cash-flow que le management parvient à détourner.

La valeur du cash-flow généré par la firme (B exclu) dépend de la compétence du manager. Il y a deux niveaux de compétence possibles : le niveau 1 et le niveau 2 . Les cash-flow correspondants sont notés Y1 et Y2 avec Y1Y2 .

En plus du management en place et des investisseurs passifs, il y a aussi un rival ( R ) pour le contrôle de la firme ; si le rival rachète il obtient aussi les profits liés au contrôle. Les compétences du rival et du management en place ne sont pas observables par toutes les parties, mais tout le monde sait que l'un est plus compétent que l'autre. Plus exactement, tout le monde sait qu'il y a une probabilité P pour que le management en place ait une compétence de niveau 1 et une probabilité 1P pour que le rival ait une compétence de niveau 1. L'autre a une compétence de niveau 2 .

Si le manager en place a le contrôle, le cash-flow de la firme correspond à un montant Yi . Si le rival a le contrôle, le cash-flow vaut Yr où :

Yi = P Y1 + ( 1 P)Y2 et

Yr = (1P) Y1 + P Y2

Quand le rival apparaît, le management en place choisit une nouvelle fraction des actions de la firme. Cela est possible grâce à un changement dans la structure du capital (par exemple, recapitalisation financée par la dette).

Le rival achète des actions aux investisseurs passifs ; l'issue de la tentative de rachat dépend d'un vote à majorité simple où les deux concurrents votent chacun pour eux. Une fraction des investisseurs passifs vote pour le management en place, le reste vote pour le rival.

L'OPA peut avoir l'une des trois issues possibles :

- la part détenue par le management en place peut être si petite que même si le rival est moins compétent il réussira à racheter. Harris et Raviv (1988) parlent d'une OPA réussie. La valeur du cash-flow dans ce cas est Yr

- la part du capital détenue par le management en place peut être si grande que même si il est moins compétent il gardera quand même le contrôle. On parlera d'OPA manquée et la valeur du cash-flow dans ce cas est Yi

- finalement, pour une valeur intermédiaire de le management en place gagnera si et seulement si, il est plus compétent que le rival. Ce cas est appelé bataille de procuration ; dans ce cas le meilleur candidat (le plus compétent) gagne et la valeur du cash-flow est Y1

La valeur du cash-flow Y() de la firme  est déterminée par la part du capital détenue par le management en place, en fonction de son importance l'un des trois cas ci dessus prévaudra.

Y 1 est supérieur à Yi et à Yr , si l'objectif est de maximiser la valeur du cash-flow pour les investisseurs externes, la valeur de qui provoquera une bataille de procuration sera optimale.

L'objectif du management en place, en choisissant la participation , est de maximiser ses gains anticipés. Ces gains correspondent à la valeur des actions qu'il détient additionnée des profits privés liés au contrôle, s'il garde le contrôle.

La valeur des actions détenues par le management en place est 0 Y ( ) où 0 est la part des actions qu'il détenait initialement, puisque les transactions qu'il a réalisé pour changer sa part du capital ont une valeur actualisée nette nulle.

Par conséquent :

- les gains V( ) du management en place sont 0 Yr ; si l'OPA réussit (le management en place perd les profits liés au contrôle de l'entreprise)

- les gains du management en place sont 0 Yi + B ; si l'OPA est manquée (le management garde les profits liés au contrôle)

- Les gains du management en place sont 0 Y1+ PB si il y a une bataille de procurations (les gains liés au contrôle sont conservés avec une probabilité P)

La part optimale du capital détenue par le management en place est celle qui maximise V(). En particulier, si augmente, la probabilité pour que le management en place garde le contrôle augmente, mais si augmente trop, la valeur de la firme et par là même la richesse du management sont réduites.

Chez Harris et Raviv , est déterminé indirectement à travers la structure du capital de la firme. En particulier, le management en place est supposé avoir un montant fixe de richesse représenté par sa participation initiale 0. Il peut augmenter sa part en organisant des rachats d'actions auprès des investisseurs passifs ; ces rachats sont financés par la dette. La dette réduit la valeur des actions, ce qui permet au management en place d'acheter une plus grande quantité d'actions avec l'argent dont il dispose.

Pour maximiser les gains des managers, il faut choisir le taux d'endettement pour lequel est optimal . Dans ce modèle, les profits B liés au contrôle diminuent quand le niveau de la dette augmente (il est plus difficile de détourner du cash-flow car les créanciers contrôlent les managers). Ainsi dans les trois cas décrits plus haut, il est optimal de choisir le taux d'endettement le plus faible, adapté au cas .

Il découle des arguments précédents que si le cas d'une OPA réussie est optimal, la firme n'aura pas à s'endetter.

On a aussi montré que généralement les batailles de procurations nécessitent le recours à l'emprunt et s'assurer que l'OPA sera manquée nécessite un taux d'endettement encore plus fort.

Ainsi, les cibles d'OPA doivent augmenter leur taux d'endettement ; les cibles qui parviennent à repousser l'offreur s'endettent en moyenne plus que celles qui sont rachetées ou connaissent une bataille de procurations.

Ainsi, les firmes qui augmentent leur endettement subissent soit une OPA manquée, soit une bataille de procurations. Dans ce dernier cas la valeur de la firme reste au niveau Yi en moyenne, tandis que sur la fin elle augmente au niveau Y1. Ainsi, en moyenne l'augmentation du taux d'endettement s'accompagne d'une hausse du cours des actions .

Finalement, notons que la fraction des investisseurs passifs qui votent pour le management en place est déterminée par les informations reçues par les investisseurs passifs à propos des compétences des deux candidats. Une plus grande proportion votera pour le management en place si la probabilité P pour qu'il soit plus compétent que le rival augmente. Par conséquent le taux d'endettement nécessaire pour provoquer une bataille de procuration est moins élevé lorsque le management en place a plus de chances d'être plus compétent. Ainsi la probabilité pour que la bataille de procuration soit gagnée par le management en place est positivement reliée à la probabilité pour que le management en place soit plus compétent. Puisque c'est le plus compétent qui remporte la bataille de procurations, la victoire du management en place est aussi associée à un taux d'endettement moins élevé. Par conséquent dans un échantillon de firmes dans lesquelles s'est déroulée une bataille de procurations, on devrait observer un taux d'endettement moins fort parmi les firmes où les managers en place ont réussi à garder le contrôle.

§2 Le modèle de Stulz (1988)

Stulz (1988) se focalise aussi sur la capacité des actionnaires à affecter l'issue d'une tentative d'OPA en changeant la part du capital détenue par le management en place .

En particulier, si la part détenue par le management en place augmente, la prime offerte en cas d'OPA augmente mais la probabilité pour qu'une OPA survienne et que les actionnaires reçoivent effectivement la prime diminue. Stulz étudie comment la part du capital détenue par le management en place est affectée par la structure du capital.

Le modèle de Stulz peut être présenté simplement comme suit : comme dans Harris et Raviv (1988) il y a un management en place, un rival potentiel et un grand nombre d'investisseurs passifs. Le management en place possède une fraction des actions et obtient des profits privés issus du contrôle de l'entreprise. On suppose que le management en place n'offrira pas ses actions en cas d'OPA .

Le rival peut obtenir un profit aléatoire B lié au contrôle après le rachat.

Initialement B est inconnu de toutes les parties, le montant du profit devient connu du rival avant qu'il décide le montant de la prime qu'il va proposer aux actionnaires.

Pour prendre le contrôle le rival doit réussir à acheter 50% des actions ; ces actions sont achetées aux investisseurs passifs.  Les investisseurs passifs sont supposés avoir des prix de réservation hétérogènes lorsqu'il s'agit de vendre leurs actions.

Plus précisément, s(P) est la fraction des investisseurs passifs qui vendent si la prime totale payée par le rival est P. La fonction d'offre ( s ) est supposée être une fonction croissante de P . Dès lors, le prix minimal que le rival doit offrir pour acheter 50% des actions P*() satisfait la condition :

s( P*()) (1 ) = 1/2

Ainsi s est une fonction croissante de P , cette condition implique que la prime offerte P* augmente avec la part du capital détenue par le management en place . Plus la part détenue par le management est grande, plus l'offreur devra acquérir une fraction importante des actions détenues par les investisseurs passifs, et donc plus il devra verser une prime importante.

Le rival offrira P* si et seulement si son profit potentiel B est supérieur à P*.

Dès lors, la probabilité pour que les investisseurs passifs obtiennent la prime P* est :

Pr ( B P*()) = [ P*() ]

Ainsi P* augmente avec et est une fonction décroissante, la probabilité d'un rachat décline quand augmente.

Les gains attendus par les investisseurs passifs sont :

Y() = P*() [ P*() ]

La part détenue par le management en place est choisie pour maximiser Y.

Comme nous l'avons déjà mentionné, plus la part du capital détenue par le management en place est importante, plus la prime perçue par les actionnaires de la cible sera importante en cas d'OPA réussie mais plus la probabilité d'un rachat diminue.

Comme dans le modèle de Harris et Raviv , peut être augmenté en accroissant le taux d'endettement de la firme. Cependant, Stulz obtient que les cibles d'OPA vont être amenées à augmenter leur taux d'endettement jusqu'au niveau qui maximise la valeur pour les investisseurs externes. Les cibles d'OPA hostiles seront plus endettées que les firmes qui ne sont pas visées. Ainsi devenir une cible d'OPA est une bonne nouvelle, on peut s'attendre à ce que des capitaux propres soient remplacés par des capitaux empruntés ce qui est associé à une augmentation des cours. Notons enfin que la probabilité de rachat est négativement reliée au ratio dette/capitaux propres de la cible et que la prime de rachat est positivement reliée à ce ratio.

§3 Le modèle d'Israel (1991)

L'approche d'Israel (1991) cité par Harris et Raviv (1991) est similaire à celle de Stulz (1988) . L'augmentation du taux d'endettement accroît les gains potentiels pour les actionnaires de la cible, mais réduit la probabilité d'OPA . La raison qui fait que l'augmentation du taux d'endettement accroît les gains anticipés pour les actionnaires de la cible est différente de celle évoquée par Stulz . Israel observe qu'il y a une part des gains issus du rachat (fixée contractuellement ) qui revient aux créanciers. Le management de la cible et l'acquéreur négocient seulement la fraction des gains qui ne revient pas aux créanciers. La plus grosse partie des gains revient aux créanciers, les actionnaires de la cible et de l'acheteur se partagent le reste. Ceux qui récupèrent la plus petite partie des gains issus du rachat sont les actionnaires de l'acheteur.

Cependant, les actionnaires de la cible ont la possibilité de s'approprier les gains revenant aux créanciers de la cible lorsque l'emprunt est contracté. Ainsi, ils s'approprient tous les gains qui ne vont pas aux actionnaires de l'acheteur. Puisque la dette réduit les gains des actionnaires de l'offreur, les gains des actionnaires de la cible augmentent avec le taux d'endettement (si le rachat a lieu). Le taux d'endettement optimal est déterminé par l'équilibre entre cet effet et la réduction de la probabilité d'OPA résultant du fait que plus la cible est endettée plus la part des gains qui revient aux actionnaires de l'acheteur est faible.

Le modèle d'Israel peut être résumé comme suit : on suppose qu'un rachat peut générer un gain total G (augmentation de la valeur de la firme) mais qu'il correspond à un coût T . Supposons que la firme a contracté un emprunt d'un montant D ; dans l'hypothèse d'un rachat la valeur de cette dette augmente de (D ,G). Si le rachat a lieu, l'acquéreur et les actionnaires de la cible peuvent se partager le gain net restant GT . Supposons que les actionnaires de la cible obtiennent une part 1 de ce gain net et que les actionnaires de l'acheteur obtiennent le reste ( peut être perçu comme une mesure du pouvoir de négociation de l'acheteur). Ainsi un rachat aura lieu si et seulement si :

(G T) 0 ou G (D ,G) T

La probabilité d'un rachat correspond à la probabilité de réalisation des conditions ci dessus, elle est notée ( D,T ). En plus, quand les obligations sont émises les actionnaires de la cible capturent aussi les gains attendus par les détenteurs d'obligations .

Par conséquent, les gains totaux attendus par les actionnaires de la cible sont :

Y (D) = E [{(1 [G(D,G)T] + (D,G)} G (D,G) T] (D,T)

=E[{(1) [GT] + (D,G)} G( D,G) T] (D,T)

Comme on peut le voir grâce à cette dernière expression, les actionnaires de la cible s'approprient une fraction 1 du total des gains nets issus du rachat plus une fraction des gains des créanciers de la cible. Le niveau d'endettement optimal est obtenu en maximisant Y(D). Cela implique que les gains supplémentaires faits aux dépens des actionnaires de l'acheteur compensent la diminution de la probabilité pour que le rachat ait lieu.

Israel obtient plusieurs résultats de statique comparative intéressants :

Premièrement : Si le coût d'organisation d'une OPA augmente, cela se traduit par une diminution du taux d'endettement de la cible et par une augmentation de la valeur des actions de la cible si un rachat a lieu .

Deuxièmement : Si la répartition des gains potentiels change, le taux d'endettement de la cible augmente. Un tel changement peut résulter d'une diminution de la compétence du management en place.

Troisièmement : Plus le pouvoir de négociation du rival augmente plus le taux d'endettement optimal augmente. La probabilité de rachat et les gains pour les actionnaires de la cible (en cas de rachat) diminuent avec le pouvoir de négociation du rival .

En définitive, on constate que les trois modèles concluent que les cibles augmenteront leur taux d'endettement en moyenne et que cela sera accueilli favorablement par les marchés financiers.

Les trois papiers trouvent qu'en moyenne, plus le taux d'endettement est élevé plus la probabilité de succès de l'OPA diminue .

Concernant la relation entre la prime versée aux actionnaires de la cible et le taux d'endettement, Stulz et Israel obtiennent des résultats opposés.

Chez Stulz, la prime payée aux actionnaires de la cible augmente avec le taux d'endettement de la cible . Chez Israel, lorsque le pouvoir de négociation des actionnaires de la cible diminue, le taux d'endettement optimal de la cible augmente et la fraction des gains issus du rachat qui revient aux actionnaires de la cible diminue.

Israel montre que les cibles qui sont les plus coûteuses à racheter sont moins endettées mais que leurs actionnaires s'approprient une plus grande partie des gains si le rachat a lieu . Israel prédit aussi que les firmes dont le rachat est susceptible de procurer des gains importants seront plus endettées .

Les théories que nous venons d'étudier dans cette section doivent être vues comme des théories traitant de changements à court terme dans la structure du capital de l'entreprise, initiés en réponse à une menace de rachat imminente .

Ainsi la structure du capital optimale préconisée dans ces modèles doit être considérée comme une réponse à la menace d'OPA . Ces théories n'ont rien à voir avec la structure à long terme du capital des firmes.

Venons en maintenant aux différents paiements défensifs et à leurs conséquences .

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille