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Le rôle disciplinaire des opa durant la vague de rachats des années 80 aux USA

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par Antoine Suzzoni
Université Nice Sophia Antipolis - DEA 2004
  

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Chapitre 3

Les sources des gains issus des rachats

La question est de savoir ce qui a permis aux offreurs de verser des primes d'un montant variant entre 30% et 50% de la valeur des actions, tout en continuant à faire des profits grâce aux rachats .

Les raiders ne font ils qu'organiser des transferts de richesse à leur profit ou créent ils véritablement de la richesse ?

Sur ce sujet les débats furent passionnés. Dans le développement qui va suivre nous tenterons d'apporter une réponse claire à cette question.

Dans la première section nous verrons que les études empiriques visant à vérifier l'ensemble des théories redistributives se sont avérées peu concluantes.

Etant donné que la vague d'OPA qui nous occupe se caractérise par un fort recours à l'emprunt, dans une deuxième partie nous verrons comment et pourquoi les LBO (leveraged buy out) qui ont été si nombreux dans les années 80 constituent un véritable modèle de gouvernance d'entreprise . Nous montrerons qu'un taux d'endettement élevé peut permettre de réduire considérablement les coûts d'agence en exerçant une pression disciplinaire sur les managers. Nous évoquerons notamment les restructurations entreprises au début des LBO, la réduction du pouvoir discrétionnaire des managers,  le mode spécifique de rémunération des managers dans les LBO et le rôle joué par les investisseurs. Enfin nous étudierons les principales difficultés rencontrées par les LBO .

Section 1 : L'invalidation des théories redistributives

Durant la vague d'OPA les opposants aux offreurs, aux premiers rangs desquels les managers, ont cherché à montrer que les raiders ne faisaient qu'organiser des transferts de richesse à leur profit. Ainsi, ils ont proposé un ensemble de théories visant à démontrer leurs affirmations.

§1  La myopie des marchés et l'inéfficience des rachats 

Cette théorie est basée sur l'idée selon laquelle les investisseurs et en particulier les investisseurs institutionnels ne s'intéressent qu'à la performance à court terme et donc sous évaluent les entreprises engagées dans des stratégies de création de valeur à long terme. Ainsi ces firmes seraient sous évaluées par le marché ce qui ferait d'elles des cibles pour les offreurs .

Les critiques de cette théorie montrent qu'elle est en désaccord avec un marché des capitaux efficient. Si le marché sous évaluait systématiquement les investissements à long terme, ça impliquerait des conséquences économiques néfastes qui iraient au delà des coûts générés par des rachats inopportuns .

De nombreuses études empiriques ont montré que les marchés réagissaient positivement à l'annonce de l'augmentation des dépenses en R&D. Par exemple McConnell et Muscarella (1985 ) cités par Jarrell, Brickley et Netter (1988) trouvent qu'en moyenne le marché réagit positivement à l'annonce d'augmentations des dépenses d'investissement sauf pour l'exploration dans l'industrie pétrolière .

§2 La théorie des cibles sous évaluées

Les managers des cibles et autres opposants aux rachats affirment que les cibles sont sous évaluées par le marché . Ainsi un offreur peut verser une prime importante aux actionnaires tout en payant un prix bien inférieur à la valeur véritable de l'entreprise. Cette théorie a pour but de justifier les stratégies de défense mises en oeuvre par les managers des cibles, même lorsque les primes sont élevées. Selon cette théorie les actionnaires des cibles seront récompensés sur le long terme (si ils ne vendent pas) au delà de la prime proposée par l'offreur qui recherche les gains à court terme.

Cependant les travaux empiriques montrent que lorsqu'une cible échappe à une offre hostile son cours revient au niveau qui prévalait avant l'offre (Bradley, Desai et Kim 1983 ;  Eastbrook et Jarell 1984 ;  Jarell 1985 ;  Ruback 1986 ; cités par Jarell, Brickley, Netter 1988). Cette théorie a donc été invalidée empiriquement.

§3 Les économies d'impôts sont elles à l'origine des rachats ?

Les économies d'impôts ont longtemps été considérées comme un élément d'explication important des fusions acquisitions. En effet la réforme fiscale de 1986 aux Etats Unis avait pour but de réduire les économies d'impôts permises par les fusions. Cependant, la plupart des études plus récentes trouvent que les économies d'impôts jouent un rôle mineur dans l'explication des fusions acquisitions.

Auerbach et Reishus (1987) cités par Jarrell, Brickley et Netter (1988) ont étudié les économies d'impôts permises par 318 fusions et acquisitions entre 1968 et 1983. Ils trouvent qu'elles étaient suffisamment importantes pour affecter la décision de fusionner dans seulement 20% des cas .

Lehn et Poulsen (1987) cités par Jarrell, Brickley et Netter (1988) trouvent, dans leur étude réalisée sur les LBO entre 1980 et 1984, que le montant des primes payées aux actionnaires sortants dépendait directement des économies d'impôts associées à ces transactions. Ce qui suggère qu'en partie ces LBO furent motivés par des considérations fiscales.

Ce qu'on peut dire c'est que les économies d'impôts semblent avoir eu un impact sur les fusions. Cependant, les études suggèrent que la plupart des rachats ayant eu lieu ces vingt dernières années n'étaient pas motivés par des économies d'impôts (Jarrell, Brickley ,Netter 1988) .

§4 Est ce que les rachats sont préjudiciables aux détenteurs d'obligations ?

Certains critiques suggèrent que les primes payées par les offreurs ne sont pas financées par une création de richesse mais par une redistribution . Par exemple, les obligations émises par la firme acheteuse peuvent perdre de la valeur si elle achète une firme cible risquée . Etant donné que la valeur combinée des deux firmes reste inchangée , les gains des actionnaires de la cible seraient compensés par les pertes subies par les détenteurs des obligations émises par la firme acheteuse .

Cette théorie a été invalidée par les études empiriques ( Jarrell , Brickley et Netter 1988)

§5 Les pertes subies par les salariés ont elles servi à financer les rachats ?

Les rachats dans le secteur du transport aérien ont entraîné des conflits entre le management des firmes acheteuses et les syndicats des firmes rachetées. Ces conflits ont contribué à diffuser l'idée que les primes des OPA étaient financées par des destructions d'emplois et des baisses de salaires .

Shleifer et Summers (1987) cités par Jarrell, Brickley et Netter (1988) ont étudié cette question. Ils ont trouvé que lors du rachat de la TWA , la prime offerte aux actionnaires correspondait à la moitié des pertes de salaires subies par les salariés de la compagnie. En se focalisant sur les contrats implicites de long terme passés entre les salariés et le management en place des cibles, Shleifer et Summers trouvent que les raiders peuvent quelquefois rompre ces contrats, une fois qu'ils ont pris le contrôle de la firme, en utilisant des stratégies pour imposer d'importantes réductions de salaire. En théorie ces pratiques peuvent être néfastes socialement car elles ruinent le marché de ces contrats implicites de long terme et forcent les travailleurs et le management à utiliser des mécanismes contractuels moins efficaces .

Cette théorie de la redistribution entre travailleurs et actionnaires n'a pas été largement testée, néanmoins une étude du NBER réalisée par Brown et Médoff (1987) portant sur l'emploi et les salaires dans le Michigan invalide cette théorie.

Bien que cette étude réalisée dans le Michigan puisse ne pas être représentative de ce qui s'est passé sur l'ensemble du territoire des Etats Unis, elle conclue que les salaires et le nombre d'employés ont augmenté, en moyenne, dans les firmes impliquées dans des rachats .

Les théories redistributives ont fait l'objet de nombreuses études empiriques, les plus convaincantes sont celles qui rejettent la théorie de la sous évaluation et la théorie de la vision à court terme. Les études attribuent aux économies d'impôts peu d'importance dans l'explication des fusions acquisitions et invalident les théories selon lesquelles les gains des actionnaires des cibles correspondent aux pertes subies par les détenteurs d'obligations et les salariés.

Bien que les managers des cibles soient manifestement perdants (au moins dans certains rachats), selon Jarrell, Brickley et Netter (1988) la littérature offre peu ou pas de support à l'idée selon laquelle les théories redistributives expliquent une part importante des gains issus des rachats .

Il a été impossible de trouver systématiquement des pertes qui pouvaient compenser les gains des actionnaires des cibles et des offreurs lors de fusions, de rachats et autres activités de prise de contrôle des entreprises. Donc les gains sont issus du remaniement des actifs des entreprises (Jarrell, Brickley et Netter 1988). Les résultats ont conduit beaucoup d'économistes financiers comme Jensen (1986) à qualifier les rachats, les LBO et les restructurations, d' « activités entrepreneuriales productives qui améliorent le contrôle et la gestion des actifs et aident à déplacer les actifs vers des usages plus productifs. »

Plus précisément, quelles sont les réformes mises en oeuvre dans une entreprise dont le rachat a été financé par l'emprunt. L'augmentation du nombre et de la taille des LBO a été rendue possible par l'utilisation massive des junk bonds dans le financement des rachats. En 1986, le montant total des LBO représentait 44.3 milliards de dollars soit 39% du montant total des rachats d'entreprises cotées. Dans ces LBO il n'était pas rare d'avoir une dette d'un montant dix fois supérieur à celui des capitaux propres ; en moyenne la dette représentait 5.25 fois le montant des capitaux propres. Comment expliquer les très bonnes performances obtenues grâce à ces montages financiers ? Jensen considère que les LBO permettent de réduire considérablement les coûts d'agence.

Un fort taux d'endettement est un très bon vecteur de changements, le LBO  correspond à la meilleure illustration des réformes au sein de la cible qui sont à l'origine des gains issus des rachats. Après avoir présenté et défini le LBO, nous tenterons d'identifier les origines de leurs très bonnes performances, enfin nous évoquerons les difficultés qu'ils doivent contourner.

Section 2 : Le LBO (leveraged buy out) : un modèle d'efficience

§1 Définition et principe

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery